L'histoire d'amour de Kakashi Hatake
Nous rattrapons notre retard, la piste est de plus en plus fraiche, je suis comme un loup sur la piste de gibier, chaque cellule de mon corps s’excite et vibre sous la traque.
Nous le talonnons à présent et je l’entends courir un peu en avant, ses pas se répercutant contre les flancs rocheux autour de nous.
Nous déboulons dans un plateau, une zone dégagée et immense et je le vois. J’arrache ma main de celles d’Hanako pour lui prendre des kunaï et courir à pleine vitesse et je l’entends couiner derrière moi tandis que je la sème.
- Laisse-le moi ! hurle-je.
Kabuto lance un regard par-dessus son épaule et se rend compte que la fuite est vaine. Il pivote pour se retrouver face à moi et notre combat commence enfin.
Depuis le temps que j’attends ce moment. Bon sang ça fait des mois que j’attends de me retrouver face à lui comme ça. Je charge immédiatement mes armes de raiton, rendant mes coups bien plus létaux et les sourcils de Kabuto se froncent sous la concentration tandis qu’il pare mes attaques efficacement.
Hanako arrive en courant pour m’aider mais elle s’arrête soudain et moi aussi je la sens arriver sur nous.
La foutue armée que Kabuto attendait, les troupes de la coalition qui reviennent du front de Konoha.
L’armée arrive en courant, envahissant le plateau derrière Kabuto qui se met à sourire comme un démon, me submergeant de petit coups rapides et chirurgicaux que j’arrête malgré mon attention un peu détournée. On dirait un tsunami, une immense vague mortelle qui finira par s’abattre sur nous.
Hanako nous dépasse alors à toute vitesse, sans s’arrêter :
- Je m’occupe d’eux, me lance-t-elle en passant.
Mon cœur s’arrête de battre une seconde mais elle s’illumine de chakra toute entière, me rappelant sa nouvelle puissance comme une claque. Elle possède une cape de chakra, comme Naruto, c’est tellement impressionnant bien qu’elle soit beaucoup plus petite et je suis encore abasourdi par tout ce qu’il se passe depuis une petite heure.
Je me reconcentre sur mon combat contre Kabuto avant de me faire blesser bêtement.
Nous nous battons comme des dingues, il est rapide à mourir et excellent, c’est un adversaire redoutable, je ne pensais pas qu’il avait un aussi bon niveau. Je suis à pleine puissance et il ne se laisse pas dépasser. Aucun n’a le dessus sur l’autre, nous esquivons les coups mortels de l’autre tour à tour, sans faiblir.
En arrière-plan, je vois Hanako qui tourbillonne et bondit dans tous les sens, mais les ninjas ne font qu’arriver en masse et il la pousse doucement vers nous. Elle est absolument redoutable au corps à corps et ils le comprennent vite en lançant leurs armes et des techniques pour l’avoir à distance.
Elle se replie vers nous en hurlant de colère.
- Kakashi ! Je ne peux rien faire ! Ils sont trop nombreux ! Je peux qu’essayer de les tuer tous d’un coup mais je n’ai aucune idée de la puissance qu’il me reste ! vocifère-t-elle.
- Garde ton chakra et sauve-toi ! crie-je entre mes dents serrées.
- Jamais ! hurle-t-elle.
Son ton est sans appel et je sais qu’elle ne partira pas. Je sais qu’elle ne partira sans doute pas de mon périmètre avant un bon moment après m’avoir cru mort pendant trois semaines.
Je recule un peu mais Kabuto n’est pas fou et il ne me suit pas. Il n’a qu’à attendre que la masse de la coalition nous rejoigne et il pourra encore filer en douce.
Je jette un coup d’œil à Hanako et nos yeux s’accrochent une seconde. Nous sommes vraiment mal barrés et nous le savons. Je sais que je devrais bondir, prendre sa main et fuir. L’emmener en sécurité. Mais je ne peux pas m’y résoudre alors que je me bats contre Kabuto, je n’y arrive juste pas.
- Kakashi ! Il faut que nous partions ! me presse-t-elle.
- Je ne partirai pas, je tuerai Kabuto de ma main, rage-je.
Je redouble mes attaques et j’arrive à entailler la joue de Kabuto, m’électrisant et confirmant ma décision de rester ici.
- Je t’en prie Hanako ! Sauve-toi ! Je le tue et je te rejoins !
- Je ne partirai jamais ! hurle-t-elle en réponse.
- Et tu ne me tueras pas, grogne Kabuto.
- Bien sûr que si, gronde-je.
Je relance un de mes kunaï contre lui, lui entaillant le bras cette fois.
- Mon armée est là Kakashi. Tu ne peux rien faire… ricane-t-il.
- Kakashi ! Il a raison ! Il faut que nous partions ! Et tout de suite !
- Il nous faut un putain de miracle mais je ne partirai pas ! hurle-je.
Les rangs de la coalition sont de plus en plus proches et je suis désormais moi aussi la cible de leur shuriken que je dois éviter en plus de Kabuto.
La situation devient catastrophique, nous allons finir par mourir tous les deux à cause de moi !
J’évite encore des shuriken, manquant de me faire planter par Kabuto, apercevant la coalition qui n’est plus qu’à quelques dizaines de mètres. Ils sont des centaines, il faut que je réagisse, il faut que nous nous sauvions.
Je vois alors du coin de l’œil Hanako qui fonce vers la coalition en sortant un parchemin de sa poche et je ne comprends pas, je m’affole immédiatement, me prenant un vilain coup de kunaï dans l’avant-bras à cause de ma panique. Je suis à deux doigts d’hurler après Hanako pour essayer de lui redonner la raison.
Et c’est alors que le miracle se produit.
Je vois Hanako qui croque son pouce et l’abat sur le sol avec violence :
- Invocation ! hurle-t-elle.
Mes yeux s’agrandissent de joie et de surprise tandis qu’Orochimaru apparait.
Bon sang ! J’avais complétement oublié qu’il lui avait donné un parchemin pour l’invoquer ! Je remercie Orochimaru du fond de mon cœur tandis qu’un sourire s’épanouit sur mes lèvres.
- J’ai besoin de vous Maitre ! s’écrie-t-elle.
- Et je suis là, répond la voix sifflante d’Orochimaru.
Sa voix a le mérite de tellement secouer Kabuto qu’il en tourne la tête par reflexe et j’enfonce mon kunaï dans son thorax avec force. Il hurle de douleur, bondissant en arrière, collant une main contre sa plaie pour se soigner en se sauvant tandis que je lui fonce dessus, criant de frustration.
J’avais oublié que ce tordu pouvait se soigner, il va falloir que je l’aie en un seul coup net et létal. Tandis que je cours, je vois Orochimaru à pleine puissance et c’est foutrement impressionnant.
Il détruit nos ennemis, littéralement, les tuants comme s’ils n’étaient que des aspirants ninjas, il lance un nombre incalculable de techniques, coup sur coup, des serpents jaillissent de tout part, je vois des choses que je n’ai jamais vu sous mes yeux ahuris.
Il est plus puissant que l’armée à lui tout seul, les submergeant complétement sous ses techniques qui les déciment, tout en gardant un œil attentif sur sa petite Hanako qu’il protège comme une mère poule, la regardant rouler sur nos ennemis elle aussi. Je n’ai plus à m’en faire pour elle.
J’atteins enfin Kabuto et nous reprenons notre duel acharné. Je le touche plus qu’il ne me touche, mais il fait toujours très attention aux zones de son corps que je blesse avec mon raiton, sacrifiant parfois son bras pour ne pas que j’atteigne son cœur ou sa main pour m’empêcher d’accéder à sa tête.
Globalement, j’ai le dessus. Et c’est drôlement satisfaisant, parce que ça veut dire que je finirai sans doute par le tuer.
La coalition diminue de minute en minute, le plateau devient plus clair et ça fait paniquer Kabuto qui se rend compte qu’il va bientôt mourir s’il n’arrive pas à m’avoir et à se sauver.
Sa peur déclenche chez lui une amélioration de ses capacités, et il devient bien plus redoutable dans l’urgence. Plus rapide, plus vicieux, trouvant de l’énergie dans l’adrénaline qui doit le secouer.
- Je les finis, va aider joli-cœur ! s’exclame Orochimaru.
Hanako nous fonce dessus depuis l’autre bout du plateau.
Je vois sur les traits de Kabuto qu’il cherche une échappatoire, il cherche à se sauver.
Mon sharingan fonctionne à cent à l’heure depuis le début, m’indiquant toutes les possibilités, tout ce qu’il peut se passer.
Et alors que je suis dans un mouvement, j’ai l’horreur de constater que oui. Kabuto a une porte de sortie. Tout est au ralenti tandis que j’analyse ce qu’il se passe, je suis en train d’esquiver en préparant une roulade sur la droite pour empêcher son kunaï de me transpercer le cœur, et en faisant ainsi, je donne la possibilité à Kabuto de partir en courant, ce qu’il va faire vu la tension dans ses muscles qui change.
Mon cerveau refuse tout net cette possibilité. Je peux le tuer, maintenant. J’ai l’opportunité de le faire, je risque simplement de mourir une seconde après lui. Combien de fois ai-je pris cette mauvaise décision ? Combien de fois ai-je serré les dents en prenant un coup qui risquait de me tuer pour abattre mon adversaire ?
Des dizaines.
Sauf que cette fois, il s’agit de Kabuto, du prophète, de l’homme qui menace la vie de mon grand amour.
Alors j’ai le mouvement le plus irréfléchi et le plus stupide que je n’ai jamais eu. J’arrête mon esquive et je balance de toutes mes forces mon kunaï sous son menton, transperçant sa tête de part en part, ayant enfin l’immense satisfaction de voir la vie s’éteindre dans ses yeux pour de bon, de savourer la fin du cauchemar.
Malheureusement pour moi, son kunaï s’enfonce dans mon cœur l’instant d’après et je m’écroule à mon tour, dans les bras d’Hanako qui vient de me rejoindre.
J’ai la chance d’apercevoir une dernière fois son regard magnifique et de sourire avant de mourir dans ses bras.
Point de vue d’Hanako
Je cours à toute vitesse vers Kakashi tandis qu’Orochimaru finit les ninjas de la coalition restants.
Il se bat comme un lion contre Kabuto, dos à moi, et je redouble mes pas pour vite pouvoir l’aider.
Mais alors que j’arrive, que je suis littéralement à quelques mètres derrière lui, je vois la lame de son kunaï qui traverse la tête de Kabuto, le tuant sur le coup, tandis que je vois avec horreur celle de Kabuto qui transperce le thorax de Kakashi au niveau de son cœur.
Je le vois qui tombe en arrière, comme au ralenti, et j’ouvre les bras pour le réceptionner, tombant à genoux sous le choc. Ses yeux croisent les miens et il sourit un instant tandis que je jette mes mains en direction de sa plaie.
Mais son chakra s’éteint avant même que je ne le touche.
Je mets quelques secondes à comprendre ce qu’il vient de se passer lorsque j’essaie de le soigner mais qu’il ne se passe rien. Pour la deuxième fois en trois semaines, le ciel me tombe sur la tête tandis que je regarde le visage sans vie de Kakashi, un sourire aux lèvres dans mes bras.
Pourquoi n’ai-je pas tué Kabuto ? Pourquoi ne l’ai-je pas tué à l’instant même où je l’ai eu dans mon champ de vision ? Peu importe que Kakashi m’ait dit de lui laisser, il m’en aurait peut-être voulu cinq minutes mais tout serait fini.
Kakashi vient de mourir parce que je n’ai pas eu les idées assez claires pour tuer Kabuto d’entrée de jeu. C’est de ma faute et je réalise vraiment ce qu’il vient de se passer à cause de ma stupidité, mon être se fissurant en deux.
Je hurle comme jamais je n’ai hurlé de toute ma vie à cet instant tandis que je constate, pour de vrai cette fois, qu’il est mort. Mes mains cherchent le moindre signe de vie en lui alors que je sais très bien que c’est fini.
Je hurle une deuxième fois et mon cri est si fort que ma gorge me brûle tandis que je le serre contre moi dans mes bras en hurlant, attendant bêtement que les siens se referment sur mon dos alors que je sais que ça n’arrivera pas.
C’est un tel traumatisme d’être face à son cadavre que je regrette à mourir les trois semaines que je viens de passer, où je pensais être au fond du trou alors que j’avais encore de l’espoir. Où je n’étais pas entièrement responsable de sa mort.
Ça n’a rien à voir avec ce que je vis là. Rien.
Il est là, dans mes bras, mort. Je ne peux pas le nier, je ne peux rien faire.
J’enfouis mon visage dans son cou en pleurant, hurlant une troisième fois, respirant sa peau pour la dernière fois, savourant sa chaleur réconfortante pour la dernière fois.
Il ne me tiendra plus jamais dans ses bras, il ne réagira plus jamais, il est mort.