L'histoire d'amour de Kakashi Hatake

Chapitre 119 : Le deuil d'Hanako

5749 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a environ 2 mois


Point de vue d’Hanako


Les trois jours qui suivent le départ de Kakashi du repaire d’Orochimaru sont longs à mourir. Je n’ai aucune nouvelle de lui, ni de la guerre.

Maitre Orochimaru essaie de m’occuper, je le vois, il accepte de jouer à des jeux de stratégies avec moi au lieu de m’embêter pour que j’étudie. Il m’autorise même quelques heures au soleil dehors pour prendre l’air, les passant avec moi, assis dans l’herbe, à m’écouter parler de Kakashi sans le dénigrer ni changer de sujet.

Il est vraiment de plus en plus gentil et doux avec moi, plus normal. Depuis que je le connais, chaque heure que je passe avec lui le rapproche d’un homme normal. Mais là, il est vraiment particulièrement compréhensif et réconfortant. C’est louche.

-         Vous pensez qu’il va mourir ? demande-je alors.

-         Ton ninja copieur ? demande-t-il.

-         Oui, souffle-je.

-         Pas au combat non, la guerre en elle-même ne le tuerait jamais, répond-il avec aplomb.

J’hoche la tête, un peu rassurée, pour m’allonger dans l’herbe chauffée par le soleil.

-         Je sais que vous ne vous entendez pas, mais peut-être que ce sera le cas un jour, dis-je en regardant le ciel sans nuage.

-         Tu sais ma chère petite, j’aime beaucoup ton ninja copieur finalement.

Je tourne la tête vers lui, choquée et suspicieuse. Il a l’air sérieux et mon regard le fait ricaner.

-         Je t’assure… Je m’en suis rendu-compte lorsqu’il était là il y a trois jours. Lorsque nous avons parlé de toi tous les deux. Je ne pensais pas le porter dans mon cœur, mais c’est le cas. Je ne sais pas s’il est vraiment assez bien pour toi, mais ce qui est sûr, c’est que tous les autres sont moins bien.

Je glousse comme une dingue, une main devant la bouche en regardant mon maitre, avec sa tête de serpent, me sortir des choses pareilles. Ça me touche beaucoup.

-         J’aurais tellement aimé que vous puissiez venir à notre mariage, dis-je gentiment.

Il affiche un air peiné, je vois vraiment de la douleur sur son visage.

-         Moi aussi ma petite… moi aussi… murmure-t-il.

-         Peut-être que si vous veniez discrètement… commence-je.

-         Non. N’y pense pas mon enfant, je ne pourrai pas assister à ton mariage. Ça me peine mais c’est comme ça.

Nous sommes interrompus par les sons d’un ninja qui arrive en courant, seul et pas en mode furtif, ce qui ne nous affole pas.

-         C’est Sasuke, dit Orochimaru du bout des lèvres.

-         Sasuke ?

Il arrive quelques minutes plus tard et m’annonce que Minato lui a ordonné de venir me chercher.

-         Minato ?! m’exclame-je, heureuse comme tout en sautant sur mes pieds.

-         Oui, il est rentré hier en piteux état.

-         Mais comment ?

-         Kakashi l’a libéré.

-         Et pourquoi ce n’est pas lui qui est venu me chercher ? demande-je, m’inquiétant.

-         Je n’ai pas vraiment demandé de précision, Minato m’a dit que Kakashi était resté sur place pour espionner après l’avoir libéré.  

J’acquiesce, mais l’inquiétude me ronge. Je n’aime pas savoir Kakashi si proche de Kabuto…

Je prends mes affaires et après des salutations chaleureuses avec mon Maitre, nous reprenons la route de Konoha tandis que Sasuke me détaille les nouvelles de la guerre.  

*

Nous arrivons à Konoha en début de soirée, le soleil se couche, baignant le village d’une belle lumière orangée. La voix est dégagée puisque les affrontements ont lieu loin dans les bois à présent et nous nous élançons dans les rues.

Les ninjas qui s’y reposent ont l’air plutôt en forme et d’avoir le moral, c’est bien.

Nous sautons jusqu’à chez moi et trouvons Minato sur ma terrasse.

-         Senseï ?! Vous avez besoin de soins ? m’inquiète-je tout de suite.

-         Laisse-nous Sasuke, et envoie Rinko ici, le plus vite possible, dit Minato d’une voix tendue.

-         Bien.

Sasuke s’en va et Minato se retourne lentement pour me faire face. Lorsque je vois son visage mon cœur arrête de battre et un engourdissement total m’envahit.

-         Hanako…

Sa voix se brise en même temps que mon cœur. Je le regarde fondre en larme et tomber à genoux sur ma terrasse. J’ai l’impression que tout est au ralenti, mon esprit refuse d’y croire tandis que mon corps est déjà en train de s’effondrer.

-         Kakashi … reprend-il en pleurant.

Je tombe par terre à mon tour et tous mes poils se dressent sur mon corps tandis qu’un trou béant s’ouvre dans mon ventre. Mon cœur est déjà mort, il est mort dès que j’ai vu la tête de Minato.

-         Senseï… souffle-je d’une voix tremblante, priant pour qu’il ne m’annonce pas ce que j’imagine.

-         Kakashi est mort, articule-t-il avant de pleurer à chaudes larmes.

-         Non… Non… Non !

Mon corps est tendu comme un arc, chacune de mes cellules est au garde à vous. Ce n’est pas possible, c’est un cauchemar.

-         Je suis désolé Hanako, reprend-il.

-         Non ! hurle-je.

Mon cri résonne dans les rues alentour, brisant un peu plus Minato. Mon esprit est complétement vide, c’est encore mon corps qui réagit tout seul et je me mets à pleurer sans encore réaliser.

C’est l’arrivée de Rinko qui m’assomme. Il saute sur la terrasse, le visage maculé de larmes et me prend immédiatement dans ses bras pour me serrer de toutes ses forces et là je réalise.

Et je deviens dingue.

Je tente de me relever, de me débattre, je mets des coups à Rinko tandis que la folie m’emporte et que tout mon être se fracasse en milliers de morceaux. Minato vient aider Rinko à me garder en place. Je ne sais même pas pourquoi je me débats, je ne sais même pas ce que je cherche à faire.

Je hurle, je hurle comme une démente en me débattant.

-         Ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas possible ! hurle-je encore.

Les larmes de Rinko redoublent. J’étouffe tout en étant déjà morte, je suffoque, je n’arrive plus à respirer et ça n’a rien à voir avec les bras de Rinko autour de moi.

-         Où est-il ! hurle-je en me débattant toujours.

-         Hanako, ça ne sert à rien. Il est mort sous mes yeux, insiste Minato avec douleur.

-         OU-EST-IL ?!! hurle-je de plus belle.

-         En territoire ennemi, tu ne peux pas y aller Hanako, tu mourras toi aussi ! s’écrie Minato.

Je passe un deuxième stade dans la folie et j’explose. Une onde de choc mental éclate autour de moi et Rinko se retrouve par terre, dans les vapes tandis que je saute sur Minato, une main sur sa gorge, l’autre flamboyante de mon chakra rose à deux centimètres de son visage :

-         Dites-moi où il est !! hurle-je en le menaçant.

-         Je ne te le dirai pas Hanako, tu peux me tuer tout de suite si c’est ce que tu comptes faire ! Mais si ce n’est pas le cas, alors dépêche-toi de soigner Rinko !

Il allume un éclair de lucidité en moi et je tourne doucement la tête vers Rinko. Il saigne du nez et des oreilles, étalé au sol, mais le cœur battant encore faiblement.

Je me jette sur lui en pleurant, m’excusant en hurlant, évacuant toutes les émotions qui me traversent tandis que je le soigne. Je ne sais plus où j’en suis, je n’arrive plus à réfléchir, je viens de manquer de tuer Rinko bordel !

 Lorsque je le tire d’affaire, je saute sur mes pieds et mon esprit se remet en marche, sautant sans doute dans le déni.

 Je suis dans un état catastrophique, mais je ne peux pas croire à la mort de Kakashi. C’est impossible.

-         Dites-moi où il est ? supplie-je Minato plus calmement.

-         Il est mort Hanako, tu ne peux rien faire.

-         Il n’est pas mort. Il ne peut pas être mort. Je le saurais, je le sentirais, dis-je.

-         Il l’est, je suis aussi peiné que toi.

-         Non. Non, il me revient toujours, vous ne pouvez pas comprendre, c’est impossible, il n’est pas mort, dis-je avec lenteur.

-         Hanako ! Kakashi est mort !

Il affiche un air inquiet en me voyant comme ça, je dois passer pour une folle. Mais non, non. Kakashi n’est pas mort. C’est impossible, sinon je serais morte dans l’instant.

-         Il n’est pas mort ! hurle-je en rallumant mes deux mains.

-         Il l’est Hanako ! Bon sang ! Réalise-le ! Il a pris ma place auprès de Kabuto pour me faire libérer et il l’a tué ! Sous mes yeux !

-         Non !!

Je lève les poings, encore à deux doigts d’agresser Minato.

-         Il est mort Hanako, sanglote la voix de Rinko derrière moi.

Il me brise le cœur une deuxième fois et je pivote lentement, laissant retomber mes mains le longs de mon corps.

-         Ce n’est pas possible, souffle-je encore.

-         Il ne reviendra pas Hanako, il ne nous reviendra pas cette fois.

Il pose les deux mains à plats sur ma terrasse, toujours à genoux et hurle comme un animal blessé. Son cri me fait sursauter et me heurte avec violence tandis que la peine de Rinko s’infiltre par chacun de mes pores.

Le voir dans cet état, vibrant de douleur et de peine commence doucement à me faire réaliser que je suis dans le déni. Mais je ne veux pas en sortir. Alors je fonce chez moi avec désespoir, bien décidée à aller récupérer mon sabre pour aller chercher moi-même Kakashi.

Un mot sur la table attire mon attention et lorsque je vois le bandeau de Kakashi posé à côté, je me mets à trembler comme une feuille.

Je fais trois pas en direction de la table en ayant l’impression d’être dans une autre dimension. Les hurlements de Rinko, les pleurs de Minato… le bandeau sur ma table. Mon cœur bat si fort et si vite que j’ai du mal à respirer.

J’ouvre le mot, écrit de la main de Kakashi.

« Mon amour, mon ange…

Je serai sans doute déjà mort lorsque tu liras ces mots. Je m’excuse du plus profond de mon cœur de te laisser là sans moi. Je sais que tu dois m’en vouloir à mourir, me haïr du plus profond de ton cœur, mais c’est un acte d’amour qui me pousse à faire ce que je vais faire. Je mourrai sans doute, mais tu vivras et je vivrai à travers toi, n’en doute jamais.

Tu as rallumé mon cœur mort il y a un an déjà et c’est plus que tout ce que je n’aurais jamais imaginé obtenir. Je pars l’esprit tranquille, serein, heureux.

Mon seul regret sera toujours de ne pas avoir pu t’épouser, mais dans mon cœur, sache que c’est fait depuis le jour où j’ai croisé ton regard.

Tu es toute ma vie, tu le seras toujours, je ne suis rien sans toi alors que tu es la plus belle personne de cette terre, à mes côtés ou non.

N’oublie pas que je veille sur toi, où que je sois.

Je t’aime plus que tout, plus que la vie. »

 

Je tombe encore à genoux. Cette fois je ne suis plus dans le déni. C’est Kakashi lui-même qui m’annonce sa mort et je réalise qu’il l’avait même fait lorsqu’il était venu me voir chez Orochimaru.

La douleur qui me transperce est telle que mon corps ne la supporte pas et que je m’évanouis.

*

 Je me réveille des heures plus tard, et je passe les jours qui suivent à me laisser mourir de tristesse. Je suis dans mon lit, je ne bois plus, je ne mange plus, je ne parle plus. Je fixe résolument le mur en face de moi quand je n’ai pas des crises de larmes incontrôlables à hurler jusqu’à ce que je sois épuisée et que je m’endorme d’un sommeil sans rêve.

J’entends du passage, j’entends des voix autour de moi mais je ne les comprends pas. Je me fiche de ces voix, il n’y a que celle de Kakashi qui pourrait me sortir de ma torpeur et je ne l’entendrai plus jamais. 

Je crois que c’est Rinko qui passe beaucoup de temps avec moi, en tout cas quelqu’un dort ici, avec moi, en me serrant dans ses bras presque toutes les nuits. Cette personne ne parle pas, alors je suppose que c’est lui, et que sa douleur ressemble à la mienne.

Je crois que Sakura et Minato passent tous les jours. Sakura a fini par me mettre sous perfusion visiblement puisque j’ai un tube dans le bras.

Le cinquième jour, lorsque j’entends la voix triste qui me parle, je réagis contre toute attente. Je tourne lentement la tête vers Naruto, qui pleure à chaudes larmes en me regardant.

-         Hanako… pleure-t-il.

Je lui ouvre les bras et il vient se terrer contre moi, sous les murmures étonnés des autres personnes présentes. Je le serre dans mes bras comme s’il était mon fils, me raccrochant de toutes mes forces à lui tandis que nous pleurons tous les deux.

Je le serre comme s’il était son fils. Parce qu’il l’était quelque part. Et s’il y a bien un cœur fondamentalement pur en ce monde, c’est Naruto. Et je ne veux pas ignorer cet être doux et de lumière s’il vient chercher mon aide.

Il reste avec moi des heures et des heures tandis que nous pleurons et lorsque Rinko nous rejoint le soir, il se glisse dans mon dos, comme d’habitude, et nous pleurons tous les trois.

*

Au bout d’une semaine, je pleure moins, il ne reste de moi qu’une coquille vide. Ça fait une semaine que je vire avec application toutes mes émotions de mon corps, que je ferme mon cœur, que j’enterre dans un coin bien caché tout ce qui fait ma vie et qui je suis.

La guerre fait toujours rage, bien que tout soit sous contrôle. Mais je m’en moque.

Je me lève ce jour-là alors que je suis seule, et j’arrache ma perfusion. Je prends une douche, comme un robot, et lorsque je me retrouve devant notre commode, je sens que mon cœur menace de se rouvrir mais je tiens bon. Je m’habille et j’enfile un de ses sweat noir beaucoup trop grand dont je remonte les manches pour sortir mes mains.

Il y a un tas de courrier sur ma table, comme si j’en avais quelque chose à faire…

Lorsque Minato passe me voir, il doit croire que je vais mieux, parce qu’il sourit. Je l’ignore, comme d’habitude et je mange rapidement un peu de riz.

Je réagis lorsqu’il me parle des funérailles de Kakashi et je le regarde comme s’il était cinglé.

-         Je ne veux pas de funérailles, dis-je.

-         Hanako… il en faut, réplique-t-il avec douceur.

Je saute sur mes pieds, à deux doigts de lui coller mon couteau dans le cœur.

-         Des funérailles ?! Mais pourquoi ?! crie-je.

-         Pour l’honorer… murmure Minato.

Mes poils se dressent les uns après les autres, jusqu’à mes cheveux sur mon crâne.

-         L’honorer ?! Je… il n’est pas… Il n’y a même pas son corps et vous voulez l’enterrer ! gronde-je.

-         Hanako, c’est comme ça que ça se passe.

-         Foutez-le camp de chez moi, grogne-je.

-         Hanako…

-         Dégagez de chez moi ! hurle-je comme une folle. Il est hors de question que j’assiste à ses funérailles ! Il va revenir ! Il n’est pas mort ! Il n’a pas pu me laisser !

Minato se lève doucement, en me regardant avec peine. Il comprend sans doute que non, je ne vais pas mieux. Je survis simplement en attendant que Kakashi me revienne, je viens de l’apprendre en même temps que lui pour être honnête.

Rinko passe la porte à ce moment-là et je l’agresse :

-         Tu vas aller aux funérailles de Kakashi ?! crache-je.  

-         Je… je ne sais pas, bafouille-t-il.

-         Il est hors de question que j’y aille ! Il est hors de question qu’elles aient lieues ! feule-je en reculant de trois pas.

-         Mais Hanako, tout le village a besoin … insiste encore Minato. 

-         Le village ?! Le village !! Tous ces gens à qui Kakashi n’adresse jamais la parole ! Je suis sa fiancée et je décide qu’il n’y aura pas de fiançailles !

Lorsque je me trompe sur le dernier mot, mon corps se morcelle encore et je pleure à m’en étrangler. Rinko me prend dans ses bras pour me bercer tandis que j’essaie de parler à travers mes larmes :

-         On ne va pas l’enterrer…. Alors que… qu’il n’est pas… Nous n’avons même pas son corps Rinko… je refuse d’y croire.

-         Alors nous n’irons pas, me dit-il en me berçant.

-         Je pourrais … commence Minato.

Sa simple voix allume ma rage avec une intensité folle et mes yeux se mettent à chatoyer tandis que je le fixe, prête à le tuer sur place pour avoir osé parlé d’enterrer l’amour de ma vie.

Il se sauve et Rinko tente de me calmer en m’assurant que nous n’irons pas encore et encore avant de me porter dans mon lit où il s’installe sur la couette, comme d’habitude pour dormir avec moi.

-         Saori…

-         Elle comprend. Et elle t’envoie tout son amour, murmure-t-il.

Je hoche doucement la tête et je le dévisage longuement.

-         Merci d’être là, dis-je alors.

-         Je le fais pour moi aussi, répond-il tristement.

Je m’allonge dans mes oreillers, fixant le plafond.

-         Tu penses que je suis dingue Rinko ? demande-je tandis que des larmes roulent de mes yeux.

-         De ?

-         De croire qu’il va revenir… dis-je.

-         Je ne sais pas, souffle-t-il.

Je tourne le visage vers lui.

-         C’est la seule chose qui me tienne encore sur cette terre Rinko. Je ne peux envisager qu’il soit mort, il m’a promis qu’il me reviendrait toujours… articule-je.

-         Je… Je ne sais pas…

-         Je ne l’ai pas vu mort. Je ne peux pas y croire.

-         Je comprends, dit-il.

Rinko est mon meilleur ami. Non, il est même bien plus que ça. J’ai besoin de sa franchise, je me raccroche à l’espoir qu’il soit en vie, mais je suis peut-être vraiment devenue folle. Peut-être qu’il n’y a que moi qui pense qu’il y a encore une chance…

-         Qu’est-ce que tu en penses Rinko ? J’ai besoin que tu sois honnête avec moi. Dis-moi si je suis en train de devenir cinglée et qu’il n’y a aucune chance qu’il revienne. J’en ai besoin, il faut que je sache la vérité et que je prenne mes décisions en fonction de cette vérité. Je ne peux plus l’attendre comme ça. Soit je le cherche, soit je me libère de toute cette douleur, chuchote-je.

Il me regarde un long moment, comme s’il pesait le pour et le contre, complétement affolé par ce que je viens de lui dire. Mais je préfère être honnête avec lui.

-         Je pense… qu’il y a effectivement une infime possibilité qu’il soit en vie. Infime.

Lorsqu’il me dit ça, j’en ferme les yeux de soulagement et je m’apaise suffisamment pour m’endormir.

« Je regarde les nuages autour de moi qui avancent paresseusement… Je suis tout en haut d’une montagne, assise sur le bord du précipice, c’est magnifique. Lorsque je tourne la tête, je vois Kakashi qui me sourit et mon cœur s’arrête de battre tandis que je lui saute dans les bras en pleurant.

J’inspire son odeur à pleins poumons tandis que ses bras se referment dans mon dos. Je m’accroche à lui comme à une bouée de sauvetage, je pleure si fort que les échos rebondissent sur les roches de la montagne. Il rit doucement et j’écoute son rire comme si je l’entendais pour la première fois, me donnant l’impulsion de relever la tête pour le regarder rire, émerveillée par sa beauté surréelle, sans son masque ni son bandeau.

-         Est-ce que tu es mort ? demande-je d’une petite voix.

-         J’ai l’air mort ? demande-t-il en riant un peu plus.

Je fronce les sourcils. Je suis dans un rêve… Je ne suis pas véritablement en train de parler à Kakashi…

J’attrape son visage pour l’embrasser, par peur de me réveiller avant mais j’ai le bonheur de continuer mon rêve assez longtemps pour profiter de ses baisers au moins un petit moment. »

Lorsque je me réveille, c’est le onzième jour et c’est la première fois que je me réveille avec une idée. Une vraie idée. Tout mon corps est électrisé, je suis heureuse pour la première fois depuis onze jours.

Je saute sur mes pieds et je vais verrouiller ma porte d’entrée. J’ai besoin de calme, j’ai besoin de me concentrer comme jamais.

Je me force à boire et à manger des choses sucrées, pour être au maximum de mon énergie avant de me placer en tailleur au milieu de mon salon.

J’ai déjà réussi à insérer des images dans la tête de Kakashi grâce à mes capacités alors que j’étais très loin. Je peux capter les esprits des gens qui m’entourent facilement. Tout ça n’est qu’une question de distance. Je peux le faire. Je peux. Le faire.

Je respire plusieurs fois profondément, me calant sur un rythme lent, laissant mes souvenirs avec Kakashi envahir mon esprit tout entier comme je me l’interdis depuis onze jours. Je ne suis pas triste, je suis pleine d’espoir.

Je laisse ses beaux yeux bicolores m’envahir des pieds à la tête, la douceur de son regard, son rire magnifique, ses sourires taquins, la chaleur de son corps, la fermeté de ses mains.

Je me plonge entièrement en lui et j’allume mes yeux pour le capter, comme s’il était là, comme si j’’étais certaine qu’il était dans le coin de la pièce.

Je ne bouge pas d’un millimètre, pendant quelques heures. Essayant d’autres façons de faire, je ne lâche rien, je brûle mon chakra mais je m’en moque. Je tiens bon et je n’abandonne pas. Je me plonge au plus profond de moi, trouvant des ressources encore et encore.

Lorsque je commence à être à bout de chakra, je suis triste à mourir. Je réessaierai demain et tous les jours qui suivront mais j’étais tellement heureuse tellement impatiente… que je me mets à supplier mon chakra, je le supplie littéralement, je me visualise me prosternant devant lui et je commence à pleurer à chaudes larmes dans la réalité tandis que mon corps tangue, à bout de fatigue.

C’est alors que la brèche s’ouvre et tout mon corps frissonne. Je l’entends ? Je crois ? Je ne sais pas ? Tout est très, très flou, vague au possible. Comme si j’avais du tissu devant les yeux mais il me semble percevoir des lignes d’esprits qui ressemblent à Kakashi, à son aura. C’est tellement vague, et je ne suis rentrée dans sa tête que très rarement, mais mon cœur chante et bondit alors je suis sûre de moi.

Je donne tout ce que j’ai pour éclaircir la chose mais tout devient noir, je sens du sang qui coule par mon nez et je suis ramenée à moi simplement pour me sentir m’évanouir.

*

Lorsque j’ouvre les yeux, je suis à l’hôpital, Rinko est endormi à côté de moi et j’attrape son bras, le réveillant en sursaut.

-         Hanako !

-         Que s’est-il passé ? demande-je tandis qu’un grand sourire nait sur mes lèvres.

-         Tu es à l’hôpital. On t’a retrouvé à moitié morte Hanako. Tu as épuisé tout ton chakra.

-         Ça fait combien de temps ?

-         Cinq jours.

-         Quoi ! m’exclame-je en me redressant.

-         Tu étais complétement à sec, repose-toi ! m’ordonne-t-il.

Je le regarde. Si je lui dis, il va me retenir ici. Et je lui donnerai peut-être de l’espoir pour rien. Je me lève péniblement pour prendre mes affaires tandis qu’il tente par tous les moyens de me recoucher.

-         Je vais très bien ! Il faut que je m’en aille ! Je veux rentrer chez moi ! m’exclame-je en l’ignorant.

Plusieurs médecins accourent mais je les ignore. Je suis majeure, je fais ce que je veux et elles le savent très bien.  Je me bats avec elles toutes avec hargne et détermination jusqu’à ce que je sorte en courant en direction de chez moi, Rinko sur mes talons, complétement perdu.

Il ne sait plus quoi faire, il ne sait plus comment s’occuper de moi, je le vois bien. Mais ce n’est pas grave, car je sais désormais que Kakashi est en vie. Je l’ai senti, j’en suis sûre et certaine et je n’abandonnerai pas.

A peine arrivée chez moi, je dois trancher. Vais-je vraiment essayer de le joindre encore ? Non. Si je recommence et tombe dans le coma une deuxième fois, je perdrai un temps précieux. Il me faut plus de chakra, je dois être plus puissante si je veux réussir à le joindre et je sais exactement où toquer pour avoir plus de puissance.

-         Rinko, j’ai besoin d’être seule, dis-je avec tension.

-         Hors de question ! s’exclame-t-il.

Je fonce dans ses bras et je le câline. Je ne dis rien mais je le remercie silencieusement pour tout. Il a été là pour moi comme personne d’autre, il l’est toujours et je ne pourrai jamais assez remercier cet homme pour ça.

Il est encore plus paumé maintenant que je suis dans ses bras et me regarde sans comprendre quand je le relâche.

-         S’il te plait, j’ai juste besoin d’un peu de temps… pour réfléchir… Tu n’as qu’à aller me chercher des ramen, supplie-je.

-         Des ramen ? Tu veux des ramen ?

-         Oui ! J’en crève d’envie, je t’en prie. Et puis le temps que tu fasses l’aller-retour, j’aurai suffisamment de temps pour m’isoler. Une vingtaine de minutes, c’est tout ce dont j’ai besoin. S’il te plait…

-         D’accord… Je vais te chercher des ramen. Tu ne vas pas faire une connerie ? demande-t-il quand même.

-         Non, je te le jure. Je vais mieux, je t’assure.

Il me regarde encore quelques minutes mais je suppose qu’il voit que je vais véritablement mieux, parce qu’il s’en va.

Je fonce préparer un sac, je décroche mon sabre du mur à la hâte et j’enfile mon masque de chat avant de rédiger un petit mot pour Rinko, m’excusant, le remerciant et lui disant que je ramènerai Kakashi.

Je fonce en quatrième vitesse jusqu’à l’extérieur du village, chez Orochimaru.

 

 

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