L'histoire d'amour de Kakashi Hatake
Quelques jours passent avant que Kabuto ne m’adresse la parole. Il se plante devant mes barreaux, une nouvelle lettre à la main.
- Où est le livre de l’ermite ? demande-t-il.
Je le regarde comme s’il était cinglé. Il sait très bien que je ne lui dirai pas.
- J’ai des hommes infiltrés qui fouillent Konoha et ses alentours de fond en comble depuis plus de deux semaines, ils n’ont aucune piste. Je suis sincèrement impressionné. Je sais que tu ne me diras pas où tu l’as mis, mais je suis tellement curieux…
- Bonne chance à eux, je l’ai détruit, réponds-je.
- Je ne te crois pas une seconde.
- Alors continue de le chercher, que veux-tu que je te dise.
Il plisse les yeux une seconde. Il doute. Tant mieux, je reste impassible en le regardant et je vois la colère et la cruauté qui monte en lui :
- Hanako a disparu pour ton information, dit-il alors.
Mon cœur accélère tout seul, réjouissant les traits de Kabuto.
- Disparu ?
- Oui. Aucune idée de ce qu’il est advenu d’elle. J’ai d’abord espéré qu’elle serait en route pour ici, mais elle aurait dû arriver il y a des jours et des jours alors…
Mon corps s’apaise. Elle doit être chez Orochimaru, ça me parait tout à fait probable… Je n’aurais jamais pu rester dans notre maison, avec tous nos souvenirs… Elle sera très bien vers lui, il lui changera les idées avec la science, il la protégera mieux que personne, elle est même désormais mieux cachée qu’à Konoha.
Kabuto me regarde me détendre et devient furieux.
- J’en étais sûr, siffle-t-il en faisant les cents pas.
- De ? demande-je innocemment.
- Elle est avec lui n’est-ce pas ? s’énerve-t-il.
- Bonne chance, dis-je tranquillement.
Il pète alors littéralement les plombs sous mon nez, il renverse ses affaires, retourne son bureau, je ne l’ai jamais vu comme ça et ça me questionne. Je ne comprends pas pourquoi il réagit aussi mal, c’était presque évident…
Quoi que…Non… Kabuto n’a pas connaissance de la force du lien qui unit Hanako et Orochimaru… Il a déserté le repaire trop tôt. Il ne sait rien des liens qu’ils ont gardés… C’est pour ça qu’il est venu me parler. Il a dû formuler cette hypothèse et ne pas la croire à en juger par sa réaction démesurée.
- Pourquoi ça te met dans cet état ? demande-je.
Il me lance un coup d’œil furieux, comme s’il hésitait à venir s’en prendre à moi sous sa colère.
- Viens, je n’attends que ça, chuchote-je tandis que l’adrénaline s’écoule dans mes veines.
- Je ne céderai pas à ma rage ! me crache-t-il.
- Pourquoi te mets-tu dans cet état ?
Il frappe plusieurs fois le mur de toutes ses forces avant de commencer sa phrase en murmurant :
- Si elle est avec lui… c’est foutu, bon sang, c’est foutu … tous ces mois… de TRAVAIL ACHARNE !!
Il la finit en hurlant comme un diable, continuant de tout détruire sur son passage. Il commence à parler tout seul en marchant entre les dégâts qu’il a commis, chuchotant d’une voix terrifiante, presque folle. Il est vraiment complétement cinglé.
- Non… non… elle ne peut pas rester avec lui toute sa vie… elle finira bien par revenir à Konoha… elle ne peut pas être avec lui constamment… je n’ai quand même pas réussi à attraper le ninja copieur pour qu’elle… pour qu’elle finisse avec Orochimaru !
Il prend sa tête dans ses mains sous mon regard satisfait de le voir sombrer dans la folie et surtout, voir ses plans tomber à l’eau.
C’est vrai… Kabuto n’aura jamais aucun moyen de pression sur Orochimaru. Il n’aime qu’Hanako… et c’est un ninja légendaire, le plus puissant des trois. Kabuto n’a aucune chance si c’est là-bas que se terre Hanako, il n’a même pas la moindre idée d’où la chercher, c’est trop bon bordel.
Elle est sous terre, quelque part. Voilà toutes ses informations et je jubile pour la première fois depuis que je suis enfermé ici.
Kabuto sort un kunaï de sa poche lentement en me regardant.
Je m’accroupis, encore plus excité.
- Ne me rate pas Kabuto, parce que tu seras mort dans la seconde si j’arrive à mettre ce kunaï dans ma main, gronde-je doucement.
Il est tellement en colère, il est à deux doigts de commettre son erreur, celle qui lui coûtera la vie.
- Hanako vient de filer sous ton nez Kabuto, c’est fini, tu ne pourras plus jamais mettre la main sur elle, tu n’es qu’une pâle copie mais Orochimaru est l’original, tu ne le vaincras jamais, pas même avec ton armée … ton armée que tu laisses réduire de jours en jours contre Konoha, tout ce que tu as construit depuis des mois est en train de s’effondrer.
Il bande ses muscles, à deux doigts de me le lancer dessus. Son geste est précis, je risque d’y passer si je ne suis pas assez rapide, mais je souris sous l’excitation. S’il lance ce kunaï, il y aura un mort. Ou bien ce sera moi et je serai débarrassé de tout tracas, ou bien ce sera lui et tout s’arrêtera.
- Tu ne peux pas imaginer comme je suis heureux d’être encore en vie pour assister à ce moment, dis-je en souriant méchamment.
Il esquisse son mouvement pour le lancer à la vitesse d’un cobra et mon corps se tend en entier mais il change d’avis à la dernière seconde et l’envoie hors de ma cellule, me frustrant.
- Tu n’as même pas le courage de m’affronter ! vocifère-je.
- Je ne serai pas stupide à ce point, réplique-t-il avant de partir.
*
Aujourd’hui nous sommes la veille de mon exécution selon ce que Kabuto m’avait dit. Hanako n’est toujours pas venue.
Kabuto a commencé à rappeler ses troupes, il est complétement perdu et c’est un régal de le voir comme ça. Il ne sait plus comment agir, il ne sait pas par quel bout prendre le problème, il change d’avis toutes les quelques heures. Ma remarque à propos de ses troupes qui s’amenuisent contre Konoha l’a poussé à les rappeler et j’ai appris que le front contre le village avait cessé. Mais en rappelant ainsi ses troupes, il libère une petite partie des ninjas de Suna et de Minna qui ont pu rejoindre le front principal tandis que les autre gardent le village.
Alors l’alliance est en train de gagner du terrain sur le champ de bataille de la ville du seigneur du feu.
Un grain de sable dans l’engrenage est en train d’effondrer tout son système et ça le rend dingue, il n’arrive plus à se concentrer efficacement, il ne sait plus s’il doit arrêter la guerre et lancer ses troupes à la recherche d’Hanako et Orochimaru ou bien continuer et attendre qu’elle rentre d’elle-même.
Mais ses troupes ne pourront jamais se promener tranquillement sur nos terres. Le repaire d’Orochimaru n’est qu’à deux heures de Konoha… Il est presque à la limite de nos patrouilles les plus poussées, alors ils ne les trouveront jamais.
Vers midi, Kabuto lance un fumigène dans ma cellule dont les fumées m’endorment.
Lorsque je me réveille, je suis attaché par des chaines sur une chaise, les bras immobilisés et en sous-vêtement.
- Alors ça y est ? Tu vas me tuer ? demande-je.
- Demain, mais aujourd’hui… je vais te torturer, dit-il en saisissant plusieurs lames dans une trousse en cuir.
- Me torturer ? demande-je presque en riant.
- Tu vas me dire où se trouve le repaire d’Orochimaru, dit-il tranquillement.
Cette fois, je ris franchement et il hausse un sourcil.
- Je ne te le dirai jamais Kabuto. Tu peux me faire ce que tu voudras, je sais que je ne te le dirai pas.
- On verra ça.
Les heures suivantes sont les plus douloureuses de ma vie. Et de loin. Kabuto a des connaissances très précises en anatomie, trop précises. Je vis un enfer qui me fait regretter l’opération sauvage d’Hinari.
Je m’évanouis beaucoup, je transpire, je vomis, je pleure, je hurle mais je ne lâche rien si ce n’est des insultes. Je ne sais même pas comment il peut imaginer que je lui dirai.
Il me torture pendant tellement longtemps que je sens que lui-même n’en peut plus. Il n’en peut plus de mes cris et il n’en peut surtout plus de ne pas avoir d’information.
Je suis épuisé, mon corps s’est tellement tendu ces dernières heures que je n’arrive même plus à relever la tête, j’observe la flaque de sang à mes pieds qui ne cesse de croitre puisque je saigne d’absolument partout. Mon corps est méconnaissable, tranché, piqué, arraché et j’en passe.
- Tu me donnes du fil à retordre ninja copieur, mais j’ai une dernière idée.
Je relève péniblement la tête tandis que du sang coule entre mes lèvres, me donnant un goût atroce qui me fait cracher sur Kabuto.
- Que dirais-tu de ne plus être le ninja copieur ? Tentant non ?
Je n’ai même plus la force de réagir alors que je comprends qu’il va m’enlever mon sharingan. Que veut-il que je fasse ? Je ne vais pas lui donner la vie d’Hanako contre mon œil rouge.
- Fais-bien ce que tu veux, murmure-je, à bout de force.
Il s’approche et redresse ma tête de force, ouvrant mon œil tandis que je vois la lame qui s’approche. Je hurle comme un diable tandis qu’il enfonce la pointe entre mon œil et ma peau mais il me relâche. Le sang se déverse dans mon œil gauche, m’empêchant de voir.
- Bon sang, je pensais que tu tenais plus que ça à cet œil, commente-t-il.
- Rien ne compte plus qu’elle à mes yeux, articule-je.
- Je vois ça. Mais je ne risque pas de gâcher un sharingan, c’est mal me connaitre. Il y a un très bon médecin qui revient ici parmi les troupes qui attaquaient Konoha, je préfère attendre qu’il arrive et qu’il me transfert ton œil, je ne peux le faire sur moi-même.
J’ai encore envie de vomir à l’idée que l’œil d’Obito ne se retrouve fiché dans la tête de ce salop.
- Quand arrive-t-il ? demande-je.
- Tu es impatient de me donner ton œil ? dit-il avec humour.
- Je suis impatient de mourir, rétorque-je.
- Il arrivera dans la matinée de demain, je prendrai ton œil demain après-midi puis te tuerai. Tu n’as plus à souffrir très longtemps, répond-il tranquillement.
- Bien.
Je laisse retomber ma tête en avant sous le soulagement de cette information. Je m’arracherai l’œil moi-même cette nuit pour le détruire.
Je m’évanouis encore.
*
Lorsque j’ouvre les yeux, je grelotte de froid contre le sol de pierre de ma cellule et je mets péniblement mes habits qui arrachent mes plaies, me faisant encore crier de douleur et des larmes roulent sur mes joues.
Je n’en peux plus. Je m’adosse au mur en regardant ma main que j’allume de raiton. Dois-je m’ôter la vie tout de suite…
Je ne sais pas si j’en ai la force, je préfère que Kabuto me tue lui-même. Mais une chose est sûre, je dois détruire mon sharingan.
J’ai les mains qui tremblent tandis que je les pose sur mon œil gauche. Je serre les dents comme jamais tandis que j’essaie d’enfoncer mes doigts dans ma peau, mais mon corps ne supporte plus la douleur et me plonge dans les vapes immédiatement à mon plus grand désespoir.
*
Lorsque je reviens à moi, le soleil brille, nous sommes sans doute en fin de matinée. Kabuto est à son bureau, patientant tranquillement en attendant sa seconde armée.
J’ai beaucoup dormi, à part mes blessures, je suis en bonne forme. Je me redresse discrètement, prêt à réitérer mes gestes de la veille mais Kabuto m’interrompt :
- Alors, dernier jour de vie sur cette terre ? Comment te sens-tu ?
Je grogne pour toute réponse, me cachant au fond de ma cellule. Je repose mes doigts sur mon œil gauche, respirant plusieurs coups rapidement, complétement stressé et tendu.
Courage Kakashi ! Allez ! Je ne peux pas lui laisser mon sharingan !
Je serre les dents et me lance.