L'histoire d'amour de Kakashi Hatake
Je fais les cents pas sous la tente stratégique, plongé dans mes pensées en attendant le retour d’Asa qui ne tarde pas, dieu merci.
- Ils sont quelques centaines… dit-il d’une petite voix.
- Quelques centaines ?! m’exclame-je.
Shikamaru baisse le nez. Il pense comme moi, nos nouveaux alliés ont beau être plutôt bons maintenant, ils pourront tenir un certain temps, mais nous sommes coincés ici. Nous ne pourrons pas aller les aider, et là… c’est compliqué. Très compliqué.
Asa reste dans un coin de la tente silencieusement, attendant des directives et je reprends mes cent pas.
- Il va falloir que j’y aille, marmonne-je en marchant.
- Nous avons besoin d’un commandant ici, rétorque Shikamaru.
- C’est bien pour ça que tu es là. As-tu une meilleure idée ? Nous ne pouvons pas diminuer notre nombre ici, et il faut pourtant du soutien à Konoha, alors je ne dis pas que je vais fondamentalement renverser le cours de l’attaque sur Konoha, mais ce qui est sûr, c’est que je gagnerai du temps en me battant efficacement sur place, peut-être assez de temps pour les renforts de Suna…
- Et si la coalition amenait des renforts à Konoha ? Le village serait pris.
- Oui, mais nous sommes au service du seigneur du feu à l’origine, c’est la capitale du pays, notre devoir est de veiller sur elle. Soit j’y vais seul, soit j’emmène Naruto avec moi. Il faut qu’on décide vite.
- Si toi et Naruto rejoignez Konoha, nous avons de meilleures chances, même si ça rendra le combat ici plus tendu.
Nous nous dévisageons, déchirés l’un comme l’autre. Il est tentant de favoriser Konoha, mais ce n’est pas notre rôle. Konoha est un village militaire, c’est le pays du feu que nous servons. Je donnerais tout pour que Minato soit là et prenne les bonnes décisions à ma place.
- Bon, je vais partir pour Konoha, si je vois qu’il y a besoin de Naruto, je vous préviendrai. Asa, contacte désormais Rinko toutes les quinze minutes. Préviens-le que j’arrive dans quelques heures.
Shikamaru hoche la tête et je repars.
*
Les heures de course sont longues et frustrantes, j’ai l’impression de ne servir à rien à courir à travers bois comme ça.
Lorsque j’arrive aux abords de Konoha, j’ai presque un soupir de soulagement lorsque je constate qu’ils n’ont pas réussi à entrer dans le village même s’ils n’en sont pas loin. Mes braves ninjas de Minna ont vraiment pris du niveau et c’est parfait.
Je les prends par derrière, et ils ne s’y attendent pas. J’allume mon raiton sur mes kunaï et je me jette au milieu de la coalition avec toute ma concentration.
Ils mettent du temps à réaliser que je me trouve parmi eux, je les découpe avec aisance tandis qu’ils sont tous focalisés sur les murs d’enceintes du village où jaillissent techniques et shuriken.
Je me démène pour en tuer un maximum, chaque seconde compte avant qu’un mouvement de foule ne me fonde dessus pour m’abattre, ce que je ne compte pas laisser arriver.
Je cours, je bondis, j’attaque, je me replie dans les bois avant de sauter encore dans la mêlée. J’attire finalement l’attention de beaucoup de monde et je me fais prendre en chasse par des dizaines de ninjas.
Lorsqu’il me voit, Sasuke saute à mes côtés sans hésitation et nous nous battons ensemble, comme à l’époque, réduisant nos adversaires en miette.
Plus ils se concentrent sur nous, plus ils tournent le dos au village et plus des ninjas de l’intérieur sautent nous rejoindre.
C’est parfait, si nous continuons comme ça, nous ne tarderons pas à déplacer la ligne de front dans les bois, ralentissant la prise de Konoha de plusieurs précieuses heures.
- Elle est avec lui ? demande-je à Sasuke tandis que j’abats d’une boule de feu un ennemi.
- Oui, et il vous salue, répond Sasuke, les dents serrées par la concentration.
- Autre chose ? demande-je en roulant pour esquiver un kunaï.
- Il a ajouté que si vous mourriez, il l’aurait pour lui tout seul alors qu’il ne vous souhaitait pas bonne chance, rétorque Sasuke avec un sourire.
J’ai un petit rire, vite interrompu par l’attaque simultanée de deux ninjas sur chacun de mes flancs que je pare à la dernière seconde avant de les assassiner à mon tour.
- Elle l’a enguirlandée comme jamais, ajoute Sasuke en sautant par-dessus moi pour foncer sur un autre groupe.
Je souris encore une seconde avant de mettre tout ça dans un coin de ma tête pour gérer mes combats.
Nous luttons un long moment, mais la quantité d’alliés hors du village ne cesse de croitre tandis que les cadavres de la coalition s’entassent peu à peu.
Ils sont vraiment nombreux, même si nous donnons l’impression d’avoir une chance de gagner, ce n’est qu’illusion, c’est mon arrivée surprise par la forêt qui a renversé la donne mais nous allons finir par nous faire dépasser et devoir nous réfugier dans l’enceinte du village.
Je devrais peut-être trouver Rinko pour lui dire immédiatement de faire venir Naruto, mais vu ma situation, il serait compliqué pour moi de battre en retraite maintenant.
C’est vraiment le bordel.
J’érige des murs de boue ici et là pour permettre à mes alliés de s’abriter derrière à chaque fois que j’ai quelques secondes de battement, mais globalement j’en ai très peu. Et bien que le niveau des ninjas de Minna soit très correct, ils fatiguent plus vite que nous.
La nuit commence à tomber, si nous étions plus nombreux, nous n’aurions qu’à alterner les combattants pour permettre aux autres de manger et de se reposer, mais là… la situation m’apparait plus compliquée de minutes en minutes.
Je lance des shuriken par poignées, je vais bientôt être à court, c’est un autre problème. Je ne pourrai pas me ravitailler facilement ni rapidement.
Je commence à lancer quelques kunaï pour économiser, mais le problème de fond reste le même.
Alors que je transperce un énième ennemi, je sens une grosse vague de chakra en approche, une vague qui ne peut signifier qu’une seule chose : une armée.
Je hurle de colère, complétement dépassé par les évènements. Nous ne pouvons juste pas encaisser une seconde vague, c’est littéralement impossible. Il faut que nous quittions le village, je dois absolument rentrer dans le village et l’évacuer discrètement.
Je cours comme un dingue, bondissant comme un lapin pour essayer de me frayer un passage vers l’intérieur mais je suis sans cesse arrêté par des ennemis. La vague se rapproche encore et je serre les dents d’appréhension lorsqu’elle arrive à la lisière des bois, nous fonçant dessus.
Je manque de tomber à la renverse, littéralement, lorsque je vois les premiers ninjas qui jaillissent des bois et se jettent sur la coalition avec détermination.
Nos alliés de Suna ! Bon sang !!
En quelques secondes, les cartes se redistribuent, les affrontements s’éclaircissent, la ligne de front recule déjà dans la forêt et nos adversaires paniquent sous le flot de Suna.
J’ai envie d’hurler de joie cette fois, de remercier le ciel d’une façon ou d’une autre alors que tout se calme autour de moi et que des ninjas de Minna pleuvent à côté de moi, trouvant enfin assez de champ libre pour sauter du mur d’enceinte dans les combats.
Alors que j’étais constamment en train de me battre depuis mon arrivée, je me retrouve soudain à ne rien faire à part observer le front reculer encore et encore.
Gaara arrive en volant sur son sable et s’arrête à côté de moi :
- Il était temps que nous arrivions visiblement, dit-il avec calme.
- Tu n’imagines pas à quel point Gaara. Comment avez-vous pu arriver aussi vite ? demande-je.
- Aussi vite ?
- Nous vous avons envoyé le message aujourd’hui même, dis-je sans comprendre.
- Je n’ai pas eu ce message. Nous sommes venus de nous-même, après l’enlèvement de Minato, je me suis douté que Konoha serait en position de faiblesse, alors nous voilà.
Je ferme les yeux une seconde de soulagement.
- Merci, merci du fond du cœur de la part de chaque habitant de Konoha, dis-je.
- C’est normal voyons. Maintenant, je vais aller m’amuser un peu, dit-il calmement en s’éloignant dans la bataille.
Je saute sur le mur pour avoir une meilleure vision d’ensemble.
Le front est carrément dans les bois désormais et le plus gros de nos troupes avec, épaulé par Suna. Nous avons enfin le temps de respirer.
Je saute dans le village à la recherche de Rinko, que je trouve rapidement puisqu’il est isolé dans un coin, les yeux fermés.
- Tu as pu prévenir le front que nous avions eu du renfort ? demande-je.
- Kakashi ! s’exclame-t-il en ouvrant les yeux.
Il me fait une petite accolade, heureux de me voir.
- Oui, je viens d’en informer Asa. Il nous faut du repos Kakashi, les soldats de Minna sont épuisés, ça fait de longues heures que nous combattons.
- Va donc ordonner à nos rangs de faire trois groupes, l’un se repose tandis que les deux autres combattent.
Il hoche la tête et file en courant tandis que je lève le nez vers le bâtiment du kage au loin. Il est temps d’aller vérifier si je n’ai pas un mot qui m’attend sur le bureau de Minato.
*
Lorsque j’entre dans le bureau de Minato, il y a déjà une petite pile de papier à mon adresse et je m’assois dans son siège, en caressant les accoudoirs une seconde, pensant à mon senseï, espérant qu’il aille bien.
Je les ouvre rapidement. Nous avons reçu les réponses de nos pays alliés, Suna nous annonce que des renforts sont déjà en route. Le message de Kumo est écrit de la main du Raikage, m’annonçant qu’il arrive prendre lui-même la situation en main puisque je ne suis pas capable de le faire.
Ça me fait sourire un peu, il accourt pour aider Hanako, pas Konoha. Mais bon, toute aide est la bienvenue et nous avons vraiment, vraiment besoin d’eux pour le front principal.
Iwa nous dit de les prévenir si nous avons besoin de soutien et Kiri n’a même pas répondu pour l’instant. Mais c’est le pays le plus instable, notre alliance avec eux est la plus faible, ils n’aiment pas se mêler des affaires des autres et n’aiment pas qu’on se mêle des leurs, ça ne m’étonne pas.
Je m’appuie dans le dossier. Il n’y a pas encore de message de Kabuto, il arrivera sans doute demain, je le vois mal faire trainer les choses.
Considérant le caractère impulsif et féroce de A, je suppose qu’il a dû emmener ses troupes dans la foulée de l’envoi de son message, il a dû le recevoir vers midi…
Très bien, les troupes du pays de la foudre devraient arriver sur place dans l’heure qui arrive. Ça me remet du baume au cœur, la situation de crise va s’apaiser.
Alors certes, nous sommes en guerre, et sans doute pour un moment, mais au moins nous pouvons souffler, nos soldats pourront manger et dormir à tour de rôle. Avec les renforts, nous n’aurons pas de mal à tenir la coalition en respect jusqu’à ce que j’assassine Kabuto, je l’espère.
Je retourne vers les combats pour rejoindre Rinko qui m’écoute attentivement :
- J’aimerais que tu ailles dormir maintenant, je dormirai après toi et tu prendras ma place, annonce à Asa que Kumo devrait arriver sous peu au front, lui dis-je.
Il acquiesce et file tandis que je retourne me battre.
Les combats sont aisés pour moi de nuit, je suis vraiment efficace comparé aux autres et je fais un véritable massacre lorsque Gaara me rejoint :
- Ils ont du renfort à intervalles réguliers, pas en très grand nombre, mais de quoi remplacer une partie de leurs morts.
- Ça ne m’étonne pas.
- Où trouvent-ils tous ces ninjas ?
- On suppose qu’ils ont été formés ces huit derniers mois à peu de choses près. D’anciens pêcheurs… Mais nous n’avons aucune certitude.
- Je vois… La guerre risque d’être longue si l’ennemi possède de la chair fraiche à profusion.
- C’est ce que nous craignons. Je vais tenter de tuer le chef de la coalition dans les prochains jours ou semaines.
- Le plus tôt sera le mieux, dit-il simplement.
*
Quelques heures plus tard, en fin de soirée, je réveille Rinko qui se redresse en baillant.
- Debout. Asa a pris contact avec moi pendant ton sommeil, je lui ai dis de te contacter dans quinze minutes, vous reprenez ce rythme dès maintenant. Je vais partir dormir, il va falloir que tu gères à ma place en attendant, je ne serai pas… disponible pendant les dix prochaines heures je pense.
- Tu vas dormir autant ? s’étonne-t-il.
- Pas exactement. Je vais aller voir Hanako et dormir là-bas.
- Quoi ? Tu es sûr que c’est raisonnable ? Kakashi nous sommes en guerre, me réprimande-t-il doucement.
- Je sais. C’est plus compliqué que ça. Je … Je crois que c’est la dernière fois que je la vois cette nuit, dis-je.
- Mais qu’est-ce que tu racontes ? demande-t-il en sortant complétement du sommeil.
- Je t’expliquerai tout demain, je vais avoir besoin de toi Rinko. Vraiment besoin de toi… écoute c’est compliqué. Tu comprendras tout demain. Fais-moi confiance.
- Pourquoi tu ne la verrais plus ? s’inquiète-t-il.
- Rinko, je t’expliquerai tout demain, le presse-je.
- D’accord… dit-il en fronçant les sourcils, complétement paumé.
- Veille sur Konoha pour moi d’ici là, dis-je en tapotant son épaule.
Je me retourne pour partir et il me lance :
- Fais un coucou à Bichette de ma part.
Je file en riant.