L'histoire d'amour de Kakashi Hatake
Nous arrivons sur place en début d’après-midi et nous nous enfilons rapidement jusqu’à la salle du conseil où une odeur affreuse emplit mes narines à la seconde même malgré mon masque et je comprends immédiatement que notre venue était complétement vaine.
Bordel, Kabuto pense vraiment à tout. Je retire mon masque quand même et j’inspecte olfactivement toute la salle, mais je n’ai pas l’ombre d’une piste.
J’invoque immédiatement mes ninken, sous les yeux désespérés de Naruto qui comprend que c’est mal parti.
Nous avons beau chercher dans tout le bâtiment et les bois autour, rien. L’odeur pestilentielle a tout couvert, nous n’avons pas la moindre piste, ni moi ni les chiens et ça me rend fou de rage.
Je demande à mes ninken de rester sur place et de chercher, d’attendre que l’odeur disparaisse s’il le faut, mais au fond de moi je sais que c’est inutile.
Nous repartons rapidement de là, en direction de la guerre.
- Senseï ? demande Naruto avec tristesse.
- Kabuto a tout prévu. Dans les moindres détails… Lorsque la salle s’est obscurcie, je suppose que c’est grâce à une arme chimique de son invention, il s’est visiblement arrangé pour qu’elle couvre ses traces, lui explique-je.
- Je vois…
- Je le retrouverai Naruto, je te jure que je le retrouverai d’un moyen ou d’un autre, ce ne sera simplement pas aujourd’hui et j’en suis profondément désolé, dis-je avec tension.
- Je vous crois Kakashi senseï, j’ai confiance en vous. Nous le retrouverons.
Je tourne la tête vers lui, pour croiser son regard plein de confiance malgré la tristesse et je lui offre un pauvre sourire.
- Il va falloir nous battre maintenant Naruto, alors prépare-toi, je pense que ton père ne risque rien du tout alors tache de ne pas trop y penser…
Il hoche la tête puis s’isole dans ses pensées pour se concentrer.
Je sais que je retrouverai Minato, si je ne me trompe pas, c’est Kabuto lui-même qui m’indiquera où venir le chercher, tout ça est très logique et tombe sous le sens.
Il cherchait à attraper Hanako, n’y parvenant pas, il en est arrivé à la solution de me capturer moi pour la faire venir à lui. Après quelques tentatives, il s’est rendu compte qu’il n’arrivait pas à m’avoir assez vite à son goût et s’est naturellement tourné vers la suite logique. Avoir quelqu’un d’autre qui me pousserait moi, à aller le sauver.
C’était mon équipe ou Minato, je serais allé les chercher les uns comme les autres en me sacrifiant à leurs places, il s’avère juste qu’un conseil était prévu, avec une date et un lieu… Bon sang, un jeu d’enfant pour lui, il n’avait qu’à préparer son coup et le tour était joué. Je n’en reviens pas de ne pas y avoir pensé avant.
Je n’ai plus qu’à attendre qu’il me propose l’échange et je n’aurai qu’à me rendre pour qu’il libère Minato. Ma seule crainte, c’est qu’une fois que je serai moi-même pris, Hanako voudra venir me chercher, je ne pourrai pas empêcher Kabuto de la joindre, il trouvera forcément un moyen, par un espion, un pigeon, une invocation…
Il y a sûrement un moment où Hanako apprendra qu’elle peut prendre ma place et elle le fera bon sang, je le sais. Il faut que je trouve une solution pour éviter ça, mais je crois que j’ai l’ai déjà trouvé … Son cœur sera brisé, j’espère qu’elle s’en remettra de toute mon âme.
Et me voilà, parti à la guerre sans même l’avoir embrassé une dernière fois. Peut-être même que le message de Kabuto me parviendra avant que je ne la revoie. Je ne peux pas l’envisager. Il faudra que je fasse un détour par Konoha pour la voir une dernière fois, pour lui dire à quel point je l’aime, à quel point elle a changé ma vie.
Je n’aurai donc jamais la chance de me marier avec elle finalement, c’était trop gros de toute façon, je ne vois pas comment j’aurais pu avoir cette chance. Mais pour une fois, ce n’est pas la personne à laquelle je tiens qu’on m’enlèvera, c’est moi qui disparaitrai et c’est tout ce que je demande. Ne pas avoir à la perdre.
Mon amour... Mon ange…
Je souffre à en mourir de savoir que je vais être séparé d’elle. J’ai eu trop peu de temps et en même temps déjà un an, c’est plus de bonheur que je ne pense en mériter alors finalement, ça va.
*
Nous rejoignons le champ de bataille en fin d’après-midi. Les combats ont lieu dans les grandes plaines autour de la ville du seigneur du feu et je distingue d’ici avec facilité les deux camps.
Je suis ravi de constater que nous tenons la ligne ennemie hors de la ville. Mais il y a plusieurs fronts, le plus important est celui juste derrière la ville, où nos forces sont réparties en long pour empêcher l’ennemi d’avancer. Il y a également un front à la lisière de la forêt sur la gauche, la coalition a dû tenter de percer par là en nous contournant, et je vois au loin un dernier front, sur la droite cette fois, sur les deux rives opposées de la rivière.
J’ai du mal à croire ce que je vois, les ennemis sont vraiment des centaines, nous sommes noyés sous leur nombre, mais heureusement, nous sommes plus forts. Comment Kabuto a-t-il pu rallier autant de gens à sa cause ?
Nous nous élançons en direction des grandes tentes stratégiques à l’écart des combats.
Forcément qu’il a rallié du monde, il raconte à qui veut l’entendre que la fin du monde approche et que Konoha possède de quoi lutter contre cette fin du monde.
Lorsque je vois le nombre de ninjas qu’il a réussi à convaincre, j’en ai froid dans le dos de l’imaginer mettre la main sur le livre de l’ermite. Si ses dires sont appuyés par un livre écrit par l’illustre ermite Rikudô, les grands pays nous accuseront de les avoir trompés, alors même que nous n’avions pas connaissance de ce foutu livre il y a quelques mois encore, ni même du mode sentinelle d’Hanako.
Je devrais peut-être arrêter de me promener sans cesse avec ce livre au fond d’une poche, je devrais peut-être lui trouver une place, un endroit où il ne sera jamais découvert. C’est un vrai dilemme, en l’ayant dans la poche, je suis sûr et certain que personne ne l’a découvert mais je prends le risque qu’on me le vole en me blessant gravement ou en me tuant. Enterré dans la forêt, il ne dépendrait plus de ma santé mais je ne saurais pas qui peut mettre la main dessus en temps réel…
Je n’ai pas pris le temps de discuter avec Hanako de le détruire, parce que je redoute sa réaction. Elle serait capable d’accepter pour la paix et d’ainsi détruire le seul lien qu’elle possède avec sa lignée, sa famille… elle le regretterait peut-être toute sa vie.
Non, je ne lui imposerai pas ce choix, je tuerai Kabuto, point final. Cet homme mourra de ma main, je regarderai la vie s’envoler de ses yeux, c’est une promesse que je me fais. Et lorsque ce sera le cas, je saurai qu’elle est enfin en sécurité. Que personne n’entendra plus jamais parler de ce foutu livre et encore moins de ce foutu mode sentinelle.
Nous gagnons les tentes et je m’enfile dessous tandis que Naruto part rejoindre les combats à toute vitesse, déployant son immense chakra jaune.
- Shikamaru ? demande-je simplement.
- Trois fronts. Un au nord, un à l’est et un à l’ouest. Pour le moment, nous estimons leur nombre à environ un millier et craignons une attaque par le sud à tout instant puisqu’ils ont l’air de vouloir nous entourer. Nous avons des éclaireurs qui veillent au sud, nous serons avertis immédiatement s’ils viennent.
- Ça se présente comment ?
- Mal. Tout ça est très bien étudié, non seulement ils sont nombreux, mais en nous divisant sur trois flancs ils nous séparent. Un de nos ninjas peut facilement en prendre cinq des leurs, mais en nous attaquant sur trois fronts, nous avons dû nous diviser et de fait, nous sommes moins efficaces. S’ils attaquent par le sud, ce sera la catastrophe, car il faudra encore diviser nos forces et ça voudrait dire qu’ils sont encore plus nombreux que ça.
Je m’assieds à la table et pose mon visage dans mes mains. Je n’en peux plus des mauvaises nouvelles depuis ce matin.
- Naruto est en train de rejoindre le front, il va déjà faire une sacrée différence avec sa puissance, marmonne-je.
- Oui, c’est bien, mais nous manquons de soldats. Qui sait combien il en possède encore ?
- C’est toute la foutue question, je ne savais même pas qu’il y avait assez de ninjas dans les nouveaux pays pour en arriver à ça, m’énerve-je froidement.
- Nous luttons contre la coalition depuis de longs mois, il a pu les former depuis.
J’écarte mes doigts pour le regarder et il reprend :
- C’est ce que j’aurais fait. Pour l’instant, tout ce que Kabuto a mis en place était réfléchi sur le long terme, la culture des bactéries, le ralliement des petits pays ninjas… Il n’est pas impossible qu’il ait rallié des pays non-ninja… il y a des dizaines et des dizaines d’îles de pêcheurs et d’agriculteurs. Ce sont peut-être même les premiers qu’il a rallié à sa cause, facile à convaincre, ils n’ont pas moyen de se défendre alors qu’on leur annonce une fin du monde, et on leur fournit en plus l’entrainement militaire qui va avec.
- C’est foutrement possible, grogne-je.
- Il les aura simplement gardé en réserve jusqu’à la grande guerre histoire de parfaire leur entrainement jusqu’au bout, et de se servir d’eux lorsqu’il en a vraiment besoin.
Je referme les yeux, complétement déconfit.
- As-tu une idée de ce que ça pourrait donner ? S’il avait rallié des non combattants il y a des mois…
- Si c’est le cas, nous sommes perdus Kakashi. Ça pourrait donner des milliers de combattants s’il a visé gros dès le début.
- Nous affrontons peut-être qu’une partie de ses troupes en ce moment…C’est surréaliste bon sang !
- Les troupes qui sont venues par les bois et la rivière sont arrivées après. Ce ne sont pas des combattants de la ligne de front principale.
Je pose les mains à plat sur la table et m’appuie dans mon dossier en réfléchissant.
- Si nous n’avons pas de renfort, tout ça me parait compliqué, murmure-je.
- Nous en aurons. Je n’en doute pas. Le problème c’est plutôt le timing. Suna nous enverra des troupes, mais il faut qu’ils reçoivent le message, qu’ils s’organisent, puis la route… Ils n’arriveraient pas avant plusieurs jours, et si d’autres milliers de combattants de la coalition arrivent, nous ne tiendrons pas plusieurs jours.
- Alors il n’y a plus qu’à espérer, nous en sommes réduits à ça. Tu te rends compte, un homme mauvais, intelligent et avec du charisme suffit à déclencher une guerre de cette ampleur dans un monde pourtant sur la route de la paix… Et Minato qui est retenu prisonnier on ne sait où, c’est une catastrophe, murmure-je en reposant mes mains sur mes yeux.
- Tu t’en sors bien. C’est une situation de crise comme je n’en ai jamais vu et tu t’es retrouvé à tout gérer d’une seconde à l’autre.
- Minato est toujours porté disparu et la guerre fait rage autour de nous, dis-je en riant nerveusement.
- Tu n’as pas paniqué, tu as donné des ordres clairs et intelligents, c’est tout ce qu’on attendait de toi, tu ne peux pas encore contrôler le cours des évènements, me dit-il avec force.
Je repose mes mains pour le regarder.
- Merci Shikamaru. Heureusement que je t’avais pour gérer ici.
Il me sourit un peu avant de poser le regard sur la carte devant lui, m’expliquant ses stratégies de combats, comment il a associé nos groupes selon leurs techniques et leurs spécialités et je suis impressionné.
*
Une heure après mon arrivée dans la tente, je me prépare à rejoindre le champ de bataille lorsque le dernier coup de massue s’abat sur ma tête quand Asa fait irruption dans la tente.
J’ai l’impression de sortir de mon corps, parce que je sais déjà ce qu’il va me dire, et je me demande franchement quand le cauchemar va cesser.
- Konoha est attaqué ! s’exclame-t-il.
Shikamaru a la mâchoire qui se décroche tandis que je me mets à réfléchir à toute vitesse, tâchant de calmer les énormes montées d’angoisses qui menacent dans mon ventre.
Hanako sait se battre, et avec une foutue puissance. En plus, elle est avec Sasuke, tout va bien se passer Kakashi. Il ne laissera jamais rien lui arriver, il sait son importance dans la guerre et il sait son importance pour moi, je dois me calmer et lui faire confiance.
Et il faut surtout que je trouve très, très vite une solution. Où puis-je mettre Hanako, un lieu où elle sera en totale sécurité… Je me creuse la tête lorsque la solution me saute au nez et je me rassois presque de soulagement. Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt bon sang ! Et en plus c’est Sasuke que j’ai laissé avec Hanako, c’est parfait bon sang.
- Tu communiques souvent avec Rinko ? demande-je.
- Je le contactais toutes les demi-heures pour vérifier que tout allait bien.
- Contacte-le tout de suite, dit-lui de dire à Sasuke de sortir … bichette du village, de l’emmener chez … son maitre le reptile. Il peut la laisser là-bas et retourner au village après.
Asa ouvre des yeux ronds, ne me prenant pas au sérieux, et ça me met littéralement hors de moi, je lui hurle dessus :
- Je ne te demande pas de comprendre Asa ! Je te demande de passer le message et que ça saute ! Il comprendra ! Et tache de savoir combien d’ennemis sont au village !
Asa part à toute vitesse, blanc comme un linge et Shikamaru hausse un sourcil interrogateur.
- Il comprendra, grogne-je.
Il ricane :
- Tu es carrément à la hauteur, mais bon sang, tu es moins doué que Minato pour trouver un langage secret acceptable, c’était ridicule, digne d’un enfant de cinq ans.
Je le regarde une seconde avant d’éclater de rire malgré moi en me rendant compte de ce que je viens de dire de transmettre à Asa. Rire me fait relâcher ma tension, c’est libérateur, et je m’apaise à l’idée qu’Hanako soit bientôt en parfaite sécurité, bien cachée sous terre, et sous très bonne protection. Ça m’enlèvera énormément de tracas et je pourrai me concentrer sur le reste.