L'histoire d'amour de Kakashi Hatake
Le retour à Konoha s’est bien passé malgré la peine de laisser un village vide comme ça.
Je suis installé dans notre lit et j’ai une rage dévorante qui brûle au fond du ventre.
Ça me souligne une fois de plus ma haine profonde pour la guerre lorsque je pense aux civils qui ont dû fuir leurs maisons pour aller se mettre à l’abri.
Je revois toute l’agitation pour répartir les troupes de Minna dans le bâtiment de Minato ainsi que chez des particuliers à cause de leur grand nombre. Beaucoup d’entre eux ont même emmené leur animaux, ne sachant pas combien de temps ils resteront ici.
C’est un vrai foutoir, les rues sont bondées, mais au moins, notre entente se resserre encore un peu et l’humeur reste plutôt joyeuse malgré les circonstances.
Je ne sais pas trop comment faire, mais il va falloir que je trouve où se cache Kabuto. Après le massacre de leurs kage, la coalition avait déjà pris un coup énorme, avec beaucoup de désertions, sans leur « prophète », ce serait fini, je le sais. Ils n’auraient plus de stratégie, plus d’entrainements, plus personne à croire aveuglément.
Il est la clé de la guerre et c’est bien pour ça qu’on ne le voit jamais sur un champ de bataille, il sait que tout ne tient qu’à sa vie et c’est rageant de ne pas avoir la moindre idée de sa cachette.
J’ai envie de dire à Minato que je pars. Je ne sers pas à grand-chose ici, je m’apaiserai en allant chercher où il se cache. Je n’aurais qu’à arpenter tout le sud du pays du feu s’il le faut, puis les îles… jusqu’à ce que je le trouve.
Pour l’instant en tout cas, je ne peux rien faire puisque Minato est parti ce soir pour le conseil des kage qui se tient au nord du pays du feu.
Ils voyagent de nuit, pour plus de discrétion et le conseil débutera demain matin. Une seule journée est prévue, ils seront rentrés dans la nuit de demain. Après ça, je demanderai à Minato de partir, je ne peux plus supporter d’être ici à attendre, sans même savoir quand aura lieu la prochaine guerre, ni combien de combattants il reste à Kabuto. Nous ne savons même pas s’il n’a pas rallié d’autres îles entre-temps. C’est un vrai merdier, il n’y a pas d’autre mot.
- Qu’est-ce que tu fais ? demande Hanako en passant la tête par la porte de notre chambre.
- Rien, je réfléchis… dis-je sans quitter le plafond des yeux.
Elle glousse alors et je l’interroge du regard :
- Tu me fais penser à Minato senseï, dit-elle en souriant.
Je soupire bruyamment :
- Arrête. C’est affolant. Je passe plus de temps à réfléchir et à un bureau que sur le terrain. Même moi je trouve que je commence à lui ressembler…
- Ce n’est pas un mal, dit-elle du bout des lèvres, déçue par ma réaction.
- Je ne sais pas trop…
- Tu deviens un peu vieux pour le terrain, me taquine-t-elle.
Je lui lance un sale regard en levant ma main, la chargeant de raiton, ce qui la fait évidemment éclater de rire et elle vient me rejoindre en me sautant dans les bras, se lovant contre mon torse en gloussant encore.
- Hanako… j’aimerais être honnête avec toi… mais ça ne va pas te plaire.
Elle relève la tête, le regard triste :
- Tu vas aller le chercher ? murmure-t-elle simplement.
Je me plonge dans ses grands yeux tristes et inquiets. Elle me connait si bien, je l’oublie trop souvent.
- Oui, dis-je doucement.
Elle repose sa tête sur mon torse sans me répondre. Je m’attendais à plus de protestations que ça, ça m’étonne un peu. Décidemment ces derniers temps, elle est drôlement compréhensive et docile.
- Nous pourrions nous marier au mois de mai… dit-elle alors sans relever la tête.
J’hausse les sourcils, un peu surpris.
- C’est très bien le mois de mai … dis-je avec hésitation.
- J’imagine bien la fin mai… Peut-être début juin…
Je reste silencieux une seconde.
- Je pensais partir après le conseil des kage, dis-je doucement.
- Fin mai, ce sera fin mai, répond-elle toujours de sa petite voix éteinte comme si je n’avais pas parlé.
Je la serre dans mes bras. Tout ça est trop dur pour elle, et je peux le comprendre. Elle préfère se focaliser sur l’avenir, sur notre mariage, sur notre vie à deux plutôt que de penser à la guerre.
- Alors fin mai… tu sais déjà qui tu veux inviter, dis-je distraitement en caressant ses cheveux.
- Tout le monde Kakashi, tu es le commandant, ça fait de ton mariage un évènement public du village. Ceux qui voudront et pourront venir viendront.
Je lève les yeux au ciel, me retenant de soupirer.
- Ne lève pas les yeux au ciel ! râle-t-elle.
Elle n’a pourtant pas relevé la tête, toujours appuyée au creux de mon épaule et ça me fait rire.
- Je ne lève pas les yeux au ciel, je suis ravi. J’adore quand tout le village a les yeux rivé sur moi, particulièrement pour un jour aussi important et émouvant, dis-je, la faisant un peu rire.
- On se prépare à dormir ? demande-t-elle.
- Oui... même si je suis bien parti pour réfléchir toute la nuit, soupire-je.
- Pas si je te distrais toute la nuit, minaude-t-elle.
Elle se redresse avec son air de gros chat, celui qui chasse la souris, et j’adore quand elle me regarde comme ça.
Je souris comme un idiot et je l’embrasse passionnément.
*
Le lendemain matin, je me réveille tendu, tendu à mourir malgré ma nuit fort agréable et relaxante, ce qui n’est pas courant. Je suis tellement agité et mal dès le réveil, que j’en secoue doucement Hanako.
Je crois n’avoir jamais eu à faire ça et ça la met sur le qui-vive immédiatement.
- Tout va bien Kakashi ? s’inquiète-t-elle en se redressant pour regarder l’heure.
- Non… Je ne sais pas ce que j’ai…
Je me redresse à mon tour et Hanako regarde le matelas trempé derrière moi.
- Je crois que j’ai cauchemardé toute la nuit… je n’arrive pas à me souvenir de quoi, ce n’est qu’une impression, bafouille-je.
Elle pose une main douce sur mon dos et j’ai carrément un sursaut.
- Hé … Kakashi, calme-toi…
Elle me regarde, vraiment inquiète cette fois.
- Saï … il faut que je trouve Saï… Il faut que je sache si tout va bien, dis-je en bondissant sur mes pieds.
Mes poils sont dressés comme rarement, mon cœur bat vite et je m’emmêle à moitié les jambes dans un pantalon en essayant de l’enfiler.
- Kakashi, stop, calme-toi, m’ordonne Hanako.
J’obéis tout de suite, finalement soulagé par son ordre. Je ne suis pas bien réveillé… ce n’est pas possible, il faut que je sorte de mes cauchemars avant d’affoler tout le village.
- Va prendre une douche, m’ordonne-t-elle encore.
Je lui obéis mécaniquement en tentant de me calmer sous l’eau chaude, l’observant mettre à laver nos draps de la nuit.
- Ça va un peu mieux ? me demande-t-elle.
- Pas du tout.
- Qu’est-ce que tu ressens ?
- Je panique, j’ai l’impression que… je ne sais pas … C’est comme si j’avais envie de partir en courant, je ne sais même pas où ni quoi faire… dis-je d’une voix chevrotante.
Elle fronce les sourcils en s’appuyant contre le mur.
- C’est Minato ? demande-t-elle.
- Je n’en sais rien, j’ai déjà eu de sales intuitions, mais c’était plus précis que ça, là c’est comme si tout partait en cacahuète. Comme si Minato était mort et la coalition à nos portes pour te donner une idée de mon état…
Elle prend une serviette et l’ouvre devant moi, m’incitant à sortir, ce que je fais tandis qu’elle m’enroule dedans en embrassant distraitement mon bras.
- Si la coalition était à nos portes, nous le saurions, dit-elle avec douceur en frottant mon dos pour le sécher.
- Je sais bien, c’est pour ça que je veux vérifier que Minato va bien, réplique-je.
- S’il y avait eu un problème, nous le saurions… dit-elle.
- Sans doute…
Nous partons dans la chambre et elle me tend un caleçon et un pantalon que j’enfile avant de m’assoir sur le lit. Je ne suis vraiment pas bien, c’est vraiment trop étrange, mais elle a raison, je le saurais déjà s’il y avait eu un problème. Non ?
D’accord je ne suis pas dans le bureau de Minato, mais tout le monde sait où me trouver désormais.
Hanako me prend par la main et m’entraine à table pour que je mange quelque chose. Je regarde mon assiette sans y toucher, j’ai la gorge trop nouée et l’estomac en vrac.
- Mange Kakashi, insiste-t-elle un peu.
- Je ne peux pas.
- Ce n’était peut-être que des cauchemars, tu ne sais même pas de quoi tu as rêvé…
Elle vient sur mes cuisses et m’entoure de ses bras pour caresser mon dos nu, essayant de me calmer, et ça marche peu à peu.
Je ferme les yeux et glisse mon visage dans son cou, absorbant son calme et sa sérénité.
Mais tout à coup, je le sens.
Je sens la tension dans l’air, la panique même, une seconde avant de détecter le chakra qui entre dans ma zone de détection.
- Oh bordel, souffle-je d’une voix blanche.
Hanako saute sur ses pieds en m’entendant et j’ai à peine le temps de me tourner pour voir la porte de chez nous s’ouvrir en grand sur Naruto, les yeux pleins de larmes :
- Kakashi senseï ! C’est mon père ! Il…
Sa voix se brise aussi violemment que mon corps se tend tandis qu’Hanako plaque ses mains sur sa bouche sous la peur.
- Il a été enlevé ! vocifère Sasuke en entrant à son tour.
Sakura les suit de près, le visage maculé de larmes :
- Nous n’avons rien pu faire ! Il a été enlevé pendant le conseil ! Nous l’avons cherché partout sans aucune piste ! pleure-t-elle.
Elle se réfugie dans les bras d’Hanako tandis que Naruto tombe à genoux devant moi :
- Kakashi senseï ! Il faut que vous le retrouviez ! geint-il.
- Il y a sans doute une piste à suivre, quelque chose ! s’énerve encore Sasuke.
J’accuse le choc avec difficulté.
- Racontez-moi tout ! Vite ! aboie-je.
Hanako part à toute vitesse chercher le reste d’une tenue pour moi tandis que Sasuke m’explique :
- Tout allait bien, aucune encombre, rien de louche. Ils sont partis le matin au conseil, dans la grande salle, il n’y avait que les kage. Les accompagnants de chaque pays gardaient une porte autour de la salle, c’est incompréhensible, d’une seconde à l’autre, la panique dans la salle, tous les kage se sont activés et des techniques ont fusées. Nous sommes entrés une foutue secondes après, Minato n’était plus là.
- Mais qu’ont-ils vu bon sang ?! Tous les kage n’ont pas été enlevés ?! tonne-je.
- Non, seulement Minato. Les kage sont incapables de nous dire ce qu’il s’est passé. Ils discutaient et d’une seconde à l’autre, la salle est devenue noire d’encre, ils ont tous senti la présence d’un intru et ont tenté de riposter mais lorsque tout s’est dissipé, Minato n’était plus là et personne n’avait subi d’attaque, rien. Le mystère absolu.
- Bordel ! hurle-je tellement fort que les filles en sursautent.
- Il faut qu’on y aille Kakashi senseï ! me presse Naruto.
- Je…je…
Je dois garder le village, je le sais, mais je ne peux pas ne rien faire.
- Hanako ! crie-je.
- Quoi ? couine-t-elle.
- Tu prends la direction du village !
- Quoi ! crie-t-elle complétement affolée.
- On n’a pas le choix bon sang il faut bien que j’aille le chercher !
- D’accord, mais je … je n’y connais rien … accepte-t-elle en couinant toujours.
Je ne prends pas la peine de répondre et je m’élance déjà vers la porte lorsque mes yeux s’arrêtent sur Gaï qui atterrit sur la terrasse à son tour, l’air affolé et le ciel me tombe une seconde fois sur la tête.
- Kakashi !! La grande guerre est déclarée ! Nous venons de recevoir un message de la ville du seigneur du feu ! Les troupes de la coalition sont bientôt à leurs portes ! Ils sont des centaines et des centaines ! Le seigneur nous ordonne de venir immédiatement la défendre !
Mes yeux s’agrandissent encore et je manque de tomber à la renverse.
- Dépêche-toi Kakashi ! Un conseil de crise t’attend déjà au bâtiment du kage ! crie Gaï.
- Je…je …
Mon cerveau est en freeze total, je suis déchiré en deux.
Sasuke revient à lui en premier, priorisant les choses, il m’attrape par la veste et me tire en avant en direction du bâtiment du kage tandis que tout le monde nous suit à toute vitesse.
Alors que je cours comme un lapin, je tente de mettre de l’ordre dans mon esprit.
J’ai la charge du village, je dois avant tout m’occuper de cette histoire de guerre, aussi dur cela soit-il pour moi.
Si Minato a été enlevé, ce n’était pas pour un assassinat, il serait déjà mort… Bordel mais comment Minato a-t-il pu être enlevé ?! A un conseil de KAGE ?!
Je ferme mon esprit à tout ça rapidement. Je dois me concentrer sur la guerre. Evidemment que ce salop de Kabuto a tout planifié en même temps, chaos absolu assuré.
J’entre comme un diable dans la salle du conseil, ils me regardent tous avec tension tandis que l’équipe sept, Hanako et Gaï me talonnent.
- Qu’est-ce qu’on fait ?! me presse Asuma.
- Va me chercher Shikamaru ! Le plus vite possible ! Et Rinko !
Il part à toute vitesse avec efficacité.
- Hanako, Sakura, foncez à l’hôpital ! Ordonnez à tous les ninjas médecins qui s’y trouvent de se tenir devant les portes de Konoha dans 15 minutes ! Que l’une de vous aille toquer chez ceux qui sont chez eux ! Je veux TOUS les médecins qui savent se battre devant les portes dans quinze minutes ! Hanako, tu restes à Konoha et tu gères l’hôpital avec les médecins classiques. Sakura tu coordonneras les médecins sur le champ de bataille.
Elles filent à la vitesse de l’éclair à leur tour et je m’assois dans un silence de mort. Il ne faut pas que je laisse le village sans protection, c’est impossible. Je ne sais pas comment diviser nos troupes.
Tout ce que je sais c’est que je serai dans l’heure parti pour le lieu de l’enlèvement de Minato avec Naruto.
- L’Hokage a été enlevé, annonce-je à mon assemblée.
Le choc les secoue mais ils ne posent pas de question, ce n’est pas le moment pour un débat. Je n’ai pas le temps.
Je commence à avoir des idées, les lignes s’affinent dans ma tête, les idées jaillissent.
Pour la guerre, il me faut tout le monde, ils sont des centaines et des centaines et je sais que la vraie grande guerre débute aujourd’hui, celle qui durera peut-être des semaines.
- Saï, préviens immédiatement les autres pays de ce qu’il se passe, ne leur demande rien, ils choisiront s’ils interviennent ou pas, c’est ce qu’aurait voulu Minato.
Il acquiesce et commence déjà à rédiger des mots.
Pour Konoha, il me faut une bonne quantité de bons soldats, un bon commandant et une grosse force de frappe au village.
Rinko entre dans la pièce avec un air sérieux suivi de Shikamaru.
C’est bon. J’ai toutes les clés en main. Action maintenant.
- Rinko, tu vas prendre la tête du village en mon absence, nous allons laisser la totalité des ninjas de Minna à Konoha pour protéger les civils. Ils te connaissent et tu les connais c’est parfait, Sasuke, tu restes aussi. Tu seras la seule grosse puissance en cas de problème alors prépare-toi, ils sont meilleurs qu’avant mais n’atteignent pas le niveau de nos jonin.
- C’est compris, répond Rinko tandis que Sasuke acquiesce.
- Shikamaru, tu prends le commandement des combats, tu te débrouilles comme tu veux mais tu me tiens en respect ces enfoirés ! Pars, va déjà t’isoler, prépare tes stratégies, Gaï tu supervises les autres Jonin ici présents pour réunir tous les combattants de Konoha devant les portes dans quinze minutes ! Je pars avec Naruto à la recherche de notre Hokage, nous vous rejoindrons sur le champ de bataille le plus vite possible. Saï tu me tiens au courant de tout en temps réel s’il y a besoin. Sasuke, tu restes, Naruto tu m’attends à la porte nord, les autres au boulot, dispersion !
Tout le monde s’évapore sauf Sasuke qui me regarde avec un air interrogateur.
- Sasuke, Hanako est la clé de cette guerre, c’est elle à l’origine de tout, c’est elle que Kabuto veut. Ne pose pas de question ! C’est l’une des ressources les plus précieuses de Konoha alors tu la protèges coûte que coûte car si Kabuto l’obtient, il changera notre monde pour en faire sa suprématie en se servant d’Hanako pour faire plier tous les pays ninjas à son bon vouloir.
Je ne sais pas si j’ai déjà vu Sasuke être aussi décontenancé par une information mais il ne pose pas de question et s’envole par la fenêtre en direction de l’hôpital et je respire mieux en imaginant Hanako protégée par son susanoo. Elle ne risquera pas grand-chose.
Je m’élance ensuite rapidement en direction de la porte nord où Naruto m’attend avec détermination et nous fonçons à travers les bois comme deux boulets de canons.