L'histoire d'amour de Kakashi Hatake
Lorsque je rejoins Hanako dehors elle a l’air pensive. J’ai envie de la rassurer, de la prendre dans mes bras, mais je n’y arrive pas. Cet endroit… la libération d’Orochimaru… Tout ça fait ressortir mes anciens démons et je me sens déjà plus froid et distant de mes émotions, sans cesse sur mes gardes et concentré. Même ma façon de me tenir me rappelle ma période sombre dans les forces spéciales.
Je reste silencieux et elle se tourne pour me regarder avec peine.
- Viens avec moi, dit-elle en partant à toute allure.
Je la suis sans poser de question et elle m’emmène à notre campement où nous avons laissé nos sacs. Elle tire un petit livre à la couverture en cuir du sien et me le tend.
Je l’ouvre avec curiosité et je découvre sur la première page un mot de sa mère à son intention, lui disant de ne jamais se séparer de ce livre quoi qu’il arrive. Le reste est rempli de symboles incompréhensibles. Tandis que je l’analyse avec mon sharingan, je repère des schémas, les symboles semblent correspondre à une trame comme si c’était codé.
- Il ne peut quand même pas avoir raison… murmure-je.
- Tu connais beaucoup de parents qui lèguent un truc pareil à leur enfant sans explication ? demande-t-elle.
- Non…Il n’y a pas une clé pour le code ? Tu l’as déjà lu en entier j’imagine.
- Oui, je n’ai rien trouvé, j’ai simplement compris quelques symboles mais pas plus que ça. Je n’ai jamais eu envie de le montrer à quelqu’un, ça m’appartenait et je me suis toujours dis qu’en grandissant j’arriverais à le craquer.
Je parcours les pages rapidement :
- Tu vas lui en parler ? demande-je.
- J’aimerais ton avis, dit-elle.
- Je pense que tu le connais déjà, dis-je un peu sèchement.
Elle reste silencieuse et s’approche de moi pour poser ses mains sur mes joues. Je tressaille légèrement à son contact mais je ne me dérobe pas, je la regarde me fixer de ses grands yeux roses lumineux et inquiets :
- Je n’aurais jamais dû te laisser venir avec moi. Ton regard a déjà changé, dit-elle en fronçant les sourcils.
Je ne réponds pas, mais je la vois me regarder avec tous ses sentiments et toute sa gentillesse. Son contact doux redonne de la chaleur à mon âme, je sens sa belle lumière m’envahir et m’envelopper :
- Tant que tu es là, je ne retomberai pas dans les ténèbres, dis-je simplement.
Elle m’embrasse par-dessus mon masque délicatement.
- Et même si tu y retombais Kakashi, je serai toujours là pour te ramener.
Je me détends un peu et elle m’embrasse tendrement, sans mon masque cette fois. Nous décidons d’y retourner sans parler du livre. Hanako me le confie, et me demande d’y jeter un œil pour voir si j’arrive à plus de résultats qu’elle.
L’après-midi, Orochimaru allonge Hanako sur sa table en pierre et lui demande simplement de se détendre pour l’ausculter un peu. Je fulmine de le voir ainsi penché au-dessus d’elle et je le colle tellement que je le gêne dans certains de ses mouvements :
- C’est un drôle de chien de garde que tu as là, un poil collant et pénible, commente-t-il tandis qu’il passe une main flamboyante de chakra au-dessus de sa tête.
Hanako sourit simplement, elle est tellement gentille que je commence à craindre que sa haine pour Orochimaru ne soit déjà en train de faiblir. Je pense à Naruto et la façon qu’ils ont tous les deux de ne voir que le bien en chacun.
Il passe sa main flamboyante plusieurs fois, lentement, au-dessus de son corps. C’est très ennuyeux mais il a l’air de s’amuser comme un fou. Il reste longuement au-dessus de son ventre et y revient plusieurs fois. Il prend alors de sa main blanche le bas du chemisier d’Hanako pour le relever et je saisis immédiatement sa main au vol, menaçant.
- Mon enfant, peux-tu dire à ton molosse de reculer, je suis simplement à la recherche d’un sceau, dit-il.
Elle acquiesce en me regardant et j’écarte sa main d’un mouvement violent. Je saisis moi-même son haut et le remonte délicatement pour découvrir son ventre. Il se penche dessus et l’observe, avec un intérêt scientifique, sans la toucher cette fois.
- Au vu de ton implication auprès d’elle, je pense que je peux sereinement formuler l’hypothèse que tu l’as déjà vu nue, c’est ce que font la plupart des gens si je ne m’abuse.
Je plisse les yeux sans lui répondre et il s’explique :
- Puisque tu possèdes un sharingan je vais partir du principe que tu n’aurais pas raté un sceau sur sa peau, aussi caché et petit soit-il. Il me semble évident qu’elle doit en avoir un quelque part, je suis assez étonné et je ne trouve pas ça logique.
- Elle n’en a pas, dis-je froidement.
- Pense à ouvrir l’œil à l’occasion quand même, le rouge j’entends, c’est vrai qu’avec toi il faut préciser, ricane-t-il.
Je serre les mâchoires mais reste tranquille. Hanako a l’air sereine, allongée tranquillement, attendant que le temps passe. Il continue ainsi ses bizarreries un long moment centimètre par centimètre, parfois assisté par Kabuto, il observe des choses que je ne vois pas, et il a toujours l’air ravi. J’ai fini par baisser un peu ma garde et je surveille maintenant depuis la tête d’Hanako qui a les yeux fermés.
- J’ai bientôt fini mais nous reprendrons demain matin, je te ferai manger des herbes qui facilitent la circulation du chakra dans le corps. Pour l’heure il faut que je m’applique à noter scrupuleusement tout ce que je viens de sentir en toi, ça va me prendre du temps et de la concentration, allez vous occuper et laissez-moi travailler, dit-il.
Il rejoint son bureau et sort une feuille avec un corps humain vide dans lequel il commence à tracer tout un tas de lignes différentes entre les organes et même autour.
- Qu’est-ce que c’était comme auscultation ? demande-t-elle en se redressant.
- Ma chère, je viens en quelque sorte de faire un scan complet de toutes les lignes de chakras de ton corps et leurs façons de réagir au mien, c’est stupéfiant mais j’ai besoin de me concentrer maintenant.
Nous partons rejoindre notre « campement ». Assis dans l’herbe au milieu de nulle part, dans le froid et l’humidité de l’hiver nous discutons :
- Tu ne veux toujours pas que nous nous installions là-bas ? demande-t-elle.
- Non je n’ai pas confiance.
- On ferait peut-être bien de se trouver un meilleur abri que ce maudit buisson alors, dit-elle avec bonne humeur.
- Comment peux-tu être aussi sereine, je n’ai aucune confiance en lui, dis-je.
- Rien dans son esprit n’indique qu’il nous trompe. Il a l’air plutôt excité par ses recherches presque euphorique, il veut comprendre ce qu’il se passe, c’est presque un challenge qu’il se donne.
- On parle d’Orochimaru, il pourrait se lever du mauvais pied et décider de nous tuer, grogne-je.
- Tu te trompes, je t’assure qu’il n’est pas si mauvais que ça. Il a un esprit très particulier, il s’est fermé aux sentiments mais je perçois qu’il sait ce que c’est, il a eu des sentiments autrefois. Tout ce qu’il a fait, toutes les atrocités qu’il a commises n’était que dans un but scientifique, principalement pour obtenir la vie éternelle, il n’est pas purement cruel ou sadique.
- Hanako…
- Je ne le défends pas, je t’explique simplement que nous ne risquons rien à mon sens.
Nous passons notre deuxième nuit dans notre abri de fortune.
*
Après lui avoir fait manger tout un tas de plantes, il recommence son manège. Je me balade dans la salle pour jeter un coup d’œil sur son bureau. Le grand parchemin quasi vierge d’hier est désormais recouvert de gribouillages compliqués avec tout un tas d’annotations que je ne comprends pas. Il y a des centaines de lignes dans tous les sens et des codes couleurs, et je me demande comment il a pu tirer tout ça de son examen. C’est sans aucun doute un génie dans son domaine.
*
Le troisième jour, alors qu’elle s’installe par habitude sur la table, il se tourne vers moi :
- Je vais la toucher aujourd’hui, à moins que tu ne préfères t’en charger ? Je préfèrerais qu’on se mette d’accord tout de suite pour éviter que tu n’agrippes ma main toutes les cinq minutes, ricane-t-il.
Je m’approche et il me demande de la toucher à certains endroits au moment où il me le dit, je n’ai qu’à appuyer avec mon doigt et il jubile de plus en plus.
- Plus fort ! s’exclame-t-il.
J’appuie plus fort sans comprendre les raisons de son euphorie. Il me demande ensuite d’appuyer à deux endroits en même temps etc… La journée passe lentement quand il lui demande :
- Ma chère, y vois-tu un inconvénient si demain Kabuto te pique avec une aiguille de la même façon que le ninja copieur te touche aujourd’hui ? Ce ne sera pas agréable mais c’est capital.
Je vois la surprise sur les trais d’Hanako et je m’interpose :
- Qu’est-ce que c’est que ces histoires ? Explique-toi au moins, ça fait trois jours que tu ne fais rien à part ricaner et passer tes mains au-dessus d’elle, tu ne nous as encore rien dit et il faudrait qu’on te laisse faire toute tes petites expériences sordides sans broncher ?
Il s’applique à m’ignorer et se penche au-dessus d’elle pour lui expliquer :
- Ça fait deux jours que j’étudie le déplacement du chakra dans ton corps, et pour l’instant j’ai l’immense joie de t’annoncer que j’en ai bel et bien trouvé deux distincts. L’un d’eux semble être ton chakra classique et il réagit normalement, le second en revanche semble être presque doté d’une conscience propre, il se déplace dans ton corps à une vitesse phénoménale notamment pour se concentrer dans les zones que nous touchons, j’aimerais savoir s’il se concentre plus vite et en plus grande quantité lorsque le stimuli est douloureux et constitue donc une menace pour ton organisme. Mon hypothèse est que ce chakra cherche à te protéger.
Elle ouvre des yeux ronds et très franchement, moi aussi.
- Faites-le ! s’écrit-elle par curiosité.
- C’est hors de question ! tonne-je.
- Kakashi je peux survivre à quelques piqures d’aiguilles ! dit-elle en se redressant.
- Mais tu ne vas pas le laisser te faire du mal alors que tu ne sais même pas si ce qu’il te dit est vrai !
- Je le crois ! Je suis enfin en train d’en apprendre plus, c’est exactement pour ça que je suis venue et je ne risque pas de reculer devant une malheureuse aiguille !
- Je confirme les propos de maitre Orochimaru, c’est fascinant, commente doucement Kabuto dans son coin.
- Mais vous êtes cinglés tous autant que vous êtes ! m’écrie-je en partant en courant.
Je fonce à la surface respirer l’air frais en entendant ses pas me suivre. Elle reste dans mon dos tandis que je me calme.
- Je ne te demande pas d’assister à ça si c’est trop dur pour toi, dit-elle.
- Depuis quand es-tu devenue une savante folle toi aussi ? dis-je tristement.
- Kakashi, tu ne supportes pas l’idée qu’on me fasse du mal, mais ce ne sont que des piqures d’aiguilles, c’est désagréable mais je suis une grande fille, je vais m’en sortir, ce n’est pas de la torture.
- Il t’a déjà fait du mal, dis-je.
- Il ne recommencera pas, fais-moi confiance.
- Je te fais confiance, sinon on ne serait surement pas ici, dis-je froidement.
Je lis la peine dans ses yeux et elle repart sans un mot. Je finis évidemment par la suivre.
*
Le lendemain matin, je me place à l’extrême coin du laboratoire pour être le plus loin possible de cette scène glauque et ils commencent. Je me rends rapidement compte que ce n’est finalement pas grand-chose. L’aiguille est minuscule et Kabuto pique un petit coup rapide chaque endroit indiqué par Orochimaru, avant de la soigner immédiatement. Hanako fronce à peine les sourcils.
- Vous avez vu ça maitre ? C’est épatant ! s’écrie Kabuto.
- En effet, jubile le serpent.
Je lève les yeux au ciel et sors le petit livre en cuir d’Hanako. Ils ne risquent pas de venir voir ce que je fais dans mon coin, ils sont bien trop excités par leurs expériences douteuses. Je me perche sur un rebord en pierre et parcours les pages.
J’analyse rapidement que la clé du code change pour chaque page, ça va être un véritable enfer, mais je n’ai rien de mieux à faire. Je m’empare d’un crayon sur le bureau d’Orochimaru et m’attèle à la première page.
Au bout de deux bonnes heures je sens que je m’approche de la clé, en ce qui concerne la première page du moins, mais je suis interrompu par mes camarades qui cessent enfin leurs bêtises. Elle a l’air d’aller très bien en tout honnêteté et ils parlent à voix basse.
- N’hésitez surtout pas à utiliser l’une de nos salles de bains, même si vous tenez à dormir dehors, souligne Kabuto avec un petit rire moqueur.
Hanako rit de bon cœur et je lève les yeux au ciel. Nous ne nous sommes pas lavés depuis plusieurs jours, nous n’avons pu que nous toiletter tout au plus dans la rivière glacée au nord de notre campement. Lorsque nous partons, je finis par céder à la demande d’Hanako de nous installer dans le repaire avec eux. Nous revenons donc avec nos sacs et j’impose le choix de la première pièce en entrant dans le souterrain. Je veux rester proche de la sortie en cas de trahison. Elle accepte sans broncher tandis que je pars à la recherche d’un lit que je finis par trouver et par déplacer dans notre pièce.