L'histoire d'amour de Kakashi Hatake
Soudain deux ninjas parmi leurs rangs foncent sur elle à la vitesse de l’éclair, elle a à peine le temps de les terrasser avant qu’ils ne l’atteignent, que deux autres lui sautent dessus, elle me lâche enfin et se bat contre eux, elle est rapide et en vient vite à bout.
Par équipe de deux, ils se lancent sur elle prudemment, et lorsqu’ils se rendent compte qu’elle n’utilise plus sa technique dévastatrice, un petit groupe en profite pour tenter de me foncer dessus. Elle les remarque et se propulse dans ma direction, s’accroupissant devant moi, protectrice.
- Non ! hurle-t-elle rageusement en tendant la main vers nos adversaires.
La plupart d’entre eux s’écroulent au sol tandis que d’autres vacillent sur leur jambes. Certains sont morts mais d’autres pas, ses réserves s’épuisent. Elle se glisse à mon côté pour me réinsuffler du chakra désespérément. Penchée au-dessus de mon visage elle me regarde avec une douceur infinie et je m’aperçois avec horreur que son kigan a disparu. Elle a déjà trop donné, nous sommes perdus, tous les deux.
D’autres hommes arrivent continuellement se joindre aux troupes restantes. Ils resserrent peu à peu leur cercle autour de nous, toujours sur leurs gardes. Hanako ne m’a pas lâché des yeux, je sens qu’elle me dit au revoir, et alors que les ennemis arrivent à moins de dix mètres de nous, une dernière de ses larmes tombe sur ma joue et elle détache ses mains de mon corps. D’un geste rapide, elle saisit l’un de mes kunaï au sol et le place sur son cou :
- Reculez ou je vous jure que je me tranche la gorge, dit-elle menaçante.
Un silence de mort accueille ses paroles, mais ils s’arrêtent tous net, échangeant des regards indécis.
- Reculez ! crie-t-elle en enfonçant la pointe dans sa gorge qui se met à saigner légèrement.
La prenant plus au sérieux, je les entends reculer et je ferme les yeux, je n’arrive plus à les maintenir ouverts. Hanako place immédiatement sa main libre sur moi, mais je ne sens même plus son chakra, mon esprit s’éloigne du champ de bataille peu à peu et je me sens glisser dans les limbes qui m’enveloppent de leurs bras funestes.
Je n’y suis pas mal, j’y suis même plutôt bien, je ne souffre plus de mes blessures, je n’entends plus rien, tout me parait calme et reposant. Je pense à elle comme si elle était déjà un souvenir lointain. J’aperçois à peine les contours de son visage, je n’arrive plus à me concentrer, je ressens un sommeil profond me submerger.
Je sens alors une énorme vague de vie s’insuffler en moi, un chakra puissant se déverse dans mes veines et vient violemment me tirer de mes profondeurs pour me reconnecter à la réalité.
J’entends d’abord des bruits de combat, et je vois des ombres passer sur mes paupières. Le puissant chakra qui me parcourt réveille mes sens peu à peu, mes douleurs s’apaisent légèrement et j’arrive à ouvrir les yeux. J’aperçois deux gigantesques éclats colorés de lumière qui tournoient autour de moi mais mes yeux ne sont pas encore nets.
Tout est flou et confus mais je comprends que la guerre a repris. Je cherche immédiatement par réflexe les précieuses mains sur mon abdomen et je découvre avec stupéfaction que j’ai la force de les saisir. Elle est là, je respire. Je cligne des yeux pour éclaircir mon champ de vision et j’aperçois le visage de Sakura au-dessus de ma tête qui me sourit avec détermination.
- Votre heure n’a pas encore sonné Kakashi senseï, me dit-elle avec assurance.
Un espoir m’envahit lorsque je découvre mon ancienne élève et je distingue mieux les choses maintenant, les lumières de tout à l’heure. Deux formes que je connais bien, l’une violette et l’autre jaune. Sasuke et Naruto. Je serre les poignets d’Hanako qui affiche maintenant un air concentré tandis qu’elle me soigne avec Sakura. Je peux me laisser aller, elle est entre de bonne main, je m’évanouis enfin.
*
Lorsque j’ouvre de nouveau les yeux, je suis faible mais en vie. Il n’y a plus de bruit de bataille. Je tente de me redresser mais Hanako me cloue immédiatement au sol.
- Kakashi, s’exclame-t-elle en prenant mon visage entre ses mains.
Elle pleure à nouveau, de soulagement cette fois :
- Reste tranquille, on va bientôt vous ramener au village, Sakura est en train de soigner les autres blessés graves.
Elle sourit à travers ses larmes en caressant mes joues.
- Mais qu’est-ce que tu fais là, parviens-je enfin à lui souffler.
Elle rit doucement, le visage maculé de larmes heureuses :
- Kakashi, quand votre plan tout entier se base sur le fait de me mentir à moi, c’est à se demander pourquoi c’est vous qui faites des plans.
Je souris légèrement et elle se penche pour m’embrasser tendrement la joue. Je m’évanouis à nouveau.
*
Je me réveille en bien meilleure forme cette fois, dans un lit d’hôpital de Konoha. J’aperçois rapidement Hanako roulée en boule dans un fauteuil sur ma droite et je réalise qu’elle est bien vivante et que nous avons gagné. Elle est si menue qu’elle n’a pas l’air mal installée dans ce grand fauteuil pour dormir. Il doit être très tôt vu la luminosité extérieure, aurais-je dormi depuis hier matin ? Je tente d’attraper le verre d’eau sur ma table de chevet le plus discrètement possible, mais elle ouvre les yeux et bondit sur ses pieds lorsqu’elle me voit réveillé.
- Comment tu te sens ? demande-t-elle en me tendant le verre d’eau et en s’asseyant au bout de mon lit.
- Ça va curieusement bien, j’ai dormi combien de temps ?
- Plusieurs jours.
J’accuse le coup. C’est donc pour ça que je suis en forme.
- Pourquoi n’étais-tu pas avec Minato ? Comment va-t-il ? Et les autres ? demande-je en me redressant de plus en plus dans mon lit.
- Déjà calme toi et après je t’expliquerai, dit-elle en se levant.
Elle réhausse mon oreiller puis me recouche de force d’un coup sec avant de vérifier mes constantes avec attention, qu’elle note machinalement sur un grand bloc note. Je soupire :
- C’est vrai que tu travailles ici.
J’avais espoir qu’elle soit venue exclusivement attendre mon réveil.
- Une médecin rien que pour toi, beaucoup en seraient ravis, dit-elle.
- Je suis ravi. Je soupire parce que tu ne t’occupes pas que de moi.
Elle me tire la langue et remet de l’eau dans mes fleurs.
- Qui donc a bien pu m’emmener des fleurs ? râle-je pour changer de sujet.
- C’est moi, dit-elle cassante.
Elle sort de la pièce vexée et je regarde le bouquet de rose rouge. Maintenant que je sais qu’elles viennent d’Hanako je les trouve jolies. Elle revient avec son petit air hautain quelques minutes plus tard sans un mot et s’affaire avec des herbes médicinales qu’elle mélange dans un petit bol. Je la regarde amusé, j’aime bien son petit caractère. Ma carafe d’eau étant maintenant vide, j’ai bien envie de l’embêter un peu.
- Puis-je avoir de l’eau s’il te plait ? demande-je.
Elle me lance un petit regard et sort de la pièce. Quelques minutes après, je me retiens de rire lorsqu’une ninja que je ne connais pas me dépose une carafe.
L’attente me paraît longue avant son retour, il n’y a pas grand-chose à faire dans un hôpital et je n’ai pas de livre avec moi. Elle finit par revenir, objectivement peu de temps après malgré mon impression, et continue sa petite mixture. Lorsqu’elle vient déposer le petit bol sur ma table de chevet, je m’enhardis et lui pince gentiment la hanche. Elle a un petit rire en se trémoussant pour m’échapper puis elle s’assoit au bout de mon lit en pointant du doigt le bol.
- Ça ne va pas te plaire.
- Qu’est-ce que c’est ?
- Il va falloir que tu l’ingères, certaines de leurs lames étaient trempées dans du poison, je te préviens le goût est ignoble.
Je grimace et m’empare du bol, l’allure de la mixture n’est déjà pas très rassurante mais je l’avale rapidement sans broncher.
- Mais quel grand garçon, se moque-t-elle gentiment.
J’adore quand elle est d’humeur taquine, mais pour l’heure j’ai besoin de savoir ce qui s’est passé :
- Pourquoi n’es-tu pas allée à Suna ?
Elle baisse la tête sur ses doigts qu’elle emmêle nerveusement les uns avec les autres.
- Quand nous nous sommes…Enfin quand tu m’as dit au revoir, rougit-elle, j’ai tout de suite eu des doutes, ça ne te ressemble tellement pas de me sauter dessus comme ça… Et tu avais l’air tellement…
Je baisse le regard en rougissant moi aussi, je n’ai pas vraiment eu le temps de réfléchir à notre baiser avec les évènements récents. J’étais à ce moment persuadé d’être bientôt mort et j’ai donc agi impulsivement sans me préoccuper des conséquences mes actes. Maintenant qu’elle le souligne, je n’en reviens pas de lui avoir sauté dessus sans crier gare pour l’embrasser, quel irrespect, ce n’est pas comme ça qu’on traite les femmes.
- Je… je suis désolé, j’étais perturbé, je pensais que j’allais mourir, je n’ai pas réfléchi... je n’aurais pas dû…
- Oh… Je comprends.
Son regard se voile de tristesse et je n’arrive pas à comprendre pourquoi, je viens pourtant de m’excuser pour mon comportement, je suis sans doute trop habitué à ce qu’elle me pardonne toujours si facilement. Il faut que j’assume. Elle se râcle la gorge en se levant de mon lit et retourne s’assoir dans le fauteuil l’air distante :
- En tout cas, j’ai senti que quelque chose clochait et que Minato senseï avait l’air beaucoup trop inquiet et préoccupé, mais il s’obstinait à me dire que tout allait bien. J’ai donc décidé de vérifier par moi-même et lorsque j’ai capté son esprit, je n’y ai vu que ton visage et une angoisse profonde et lancinante, une inquiétude au-delà de tout… J’ai compris tout de suite que ta vie était en danger. J’ai voulu faire demi-tour immédiatement mais il ne voulait pas alors… J’ai un peu honte, mais je me suis servie de ma confusion sur Minato senseï et je suis partie à ta recherche. J’ai fini par retrouver ta trace et je l’ai remontée. La suite tu la connais.
Je suis touché d’apprendre la force des sentiments de Minato à mon égard, il est comme un deuxième père pour moi, ou un grand frère protecteur. On toque alors à ma porte et Minato lui-même passe la tête dans l’ouverture.
- Quand on parle du loup…dit-elle.
- Je suis ravi que tu sois réveillé Kakashi, dit-il.
- Moi aussi.
- Hanako est-il possible que je discute en tête à tête avec Kakashi ?
- Oh ! Bien sûr maitre Hokage, dit-elle en se levant rapidement, je vais aller voir si on a besoin de moi quelque part.
Je la regarde filer dans les couloirs sans un regard dans ma direction puis interroge mon instructeur du regard.
- Tu sais Kakashi je ne sais pas comment te dire à quel point je suis soulagé que tu ailles bien. Tu es mon bras droit, vraiment, je ne sais pas comment je m’en serais sorti sans toi. Quand je suis parti et que j’imaginais que je ne te verrais peut-être plus jamais je … J’aurais dû prendre ta place puisque je n’ai même pas été capable de mettre Hanako en sécurité, un peu plus et je te perdais sans même pouvoir la sauver, je suis profondément désolé …
- Ne vous en faites pas senseï, j’étais totalement en accord avec votre décision, c’était la meilleure chose à faire.
- Je ne sais pas comment j’aurais surmonté le fait de te perdre toi aussi.
L’image de Rin et d’Obito s’impose.
- J’étais en paix senseï, j’allais les rejoindre…
- Si tu pouvais juste rester encore un peu avec moi ça m’arrangerait, ajoute-t-il avec un petit rire forcé pour alléger l’ambiance.
Je crois que nous n’avons jamais eu une discussion aussi niaise depuis que nous nous connaissons. C’est très étrange et ça ne nous met à l’aise ni l’un, ni l’autre. Je décide de changer de sujet car un détail me travaille :
- Comment Sakura a-t-elle pu arriver si vite sur le champ de bataille ?
- Hé bien quand je suis revenu à moi après le petit tour d’Hanako, deux options s’offraient à moi, la rattraper ou aller chercher de l’aide. Je savais pertinemment que si je l’avais rattrapé elle n’aurait jamais voulu venir avec moi, c’était complétement stérile, en revanche nous n’étions pas loin d’un avant-poste.
Or j’avais pris soin de doubler les patrouilles dans les avant-postes avant de partir, j’ai donc foncé chercher de l’aide là-bas, où je suis tombé sur l’équipe de Naruto qui patrouillait. Nous étions bien plus près de vous que les renforts de Konoha et nous vous avons donc rejoint rapidement. Quand nous sommes arrivés… On a tous cru que tu étais mort, plus rien n’émanait de ton corps et Hanako qui pleurait sur toi … Ce n’était pas croyable, ils arrivaient sans cesse par dizaine, je n’avais pas compris à quel point ils étaient nombreux.
- Comment avez-vous su ? Qu’ils arrivaient tous sur nous et pas sur Konoha ? demande-je.
- L’intuition Kakashi… Simplement mon intuition. Je ne pouvais pas m’empêcher de trouver tout ça trop facile. Le fait que nous ayons eu le temps d’évacuer tranquillement Konoha et nous préparer sans qu’ils n’attaquent. Comme s’ils attendaient patiemment que nous ayons fini. Déjà à ce moment-là je me doutais fortement de la suite c’est pour cela que je suis venu avec vous, pour pouvoir être là où j’estimais que serait la vraie bataille. Et lorsque l’attaque contre Konoha a débuté, à peine quelques heures après notre arrivée en lieu sûr, j’étais convaincu que ce n’était qu’une diversion. J’étais sûr qu’ils avaient compris que nous la sortirions du village. Ils devaient avoir placé des espions tout autour de notre village il y a un moment déjà. Tout cela était bien plus prémédité que nous ne le pensions et je suis à présent convaincu que c’est Orochimaru qui a organisé tout ça, il est tellement intelligent. Il n’a plus beaucoup d’effectifs à présent, nous les avons exterminés, je pense qu’il risque de se tourner vers des moyens plus détournés pour mettre la main sur elle. Il va falloir se méfier de tout le monde et la laisser sous protection tant que nous n’arriverons pas à tuer Orochimaru.
- Comment pensez-vous qu’il va s’y prendre ?
- Pas par la force, j’imagine qu’il tentera de l’approcher par des moyens subtils, au sein du village en se faisant passer pour un ami, ou lors de l’une de ses cueillettes dans les bois, peut-être même en se faisant passer pour un homme blessé… Je n’en sais rien. Je pense envoyer le plus discrètement possible Hanako quelques temps au pays de la foudre, sous protection, pour éviter toute tentative d’Orochimaru. Le temps qu’il comprenne qu’elle n’est pas dans le village, nous aurons peut-être trouver des pistes pour le débusquer.
Je digère la quantité d’informations qu’il vient de me donner avant de demander :
- Quand doit-elle partir pour le pays de la foudre ?
- Bientôt, sous quelques jours je suppose, il faut que je m’entretienne avec le Raikage à ce sujet.
- Qui l’accompagne ?
Le visage de Minato change alors radicalement, et il se met à marcher nerveusement dans la petite pièce.
- Justement à ce propos… il se pourrait que j’aie commis une erreur. J’étais si heureux que tu t’ouvres enfin un peu, que j’ai plus ou moins laissé entendre la nature de votre relation au conseil… ça ne leur a pas plu. Ils doutent que tu sois le mieux placé pour assumer cette mission car tu y es trop impliqué…
Je sens une colère froide monter en moi. Pourquoi faut-il toujours que les uns se mêlent des affaires des autres.
- La nature de notre relation ? répète-je froidement.
- Oui je …
- Et comment avez-vous pu leur laisser entendre une nature de relation dont je n’ai moi-même, premier impliqué, pas connaissance ? dit-je entre mes dents en tâchant de toutes mes forces de rester respectueux.
Il ne me regarde pas dans les yeux avant de reprendre :
- Puisque tu étais inconscient, j’ai pris Rinko avec moi pendant le conseil. Il a tout de suite émis son désaccord avec moi, il leur a dit qu’il n’avait rien vu de plus entre vous qu’une très bonne cohésion, ce qui pourrait s’avérer précieux pour une telle mission ; ce qui a semé le doute. J’ai pour directive d’éclaircir la situation avec toi en ce moment même.
Une lueur d’espoir m’envahit ainsi qu’une bouffée de gratitude pour Rinko.
- Maitre Hokage, je ne sais pas ce que vous vous imaginez mais ce n’est sans doute pas ce que vous pensez… nous ne sommes pas…
- Ensemble ?
- Non.
Il réfléchit en regardant dehors, comme il le fait souvent :
- Vous êtes-vous déjà rapprochés romantiquement ?
- C’est-à-dire ?
Je garde la tête baissé, jouant à l’imbécile, mais je n’envisage ni de la laisser partir sans moi ni de mentir à mon senseï.
- Vous êtes-vous déjà embrassés Kakashi ?
Je ne peux pas lui mentir. Je ne peux pas non plus lui répondre et me faire évincer de cette mission. Je reste silencieux, avouant ainsi ma culpabilité.
- Parce que je tiens à toi, je vais reformuler ma question Kakashi, quelqu’un vous a-t-il déjà vu vous embrasser ?
- Non, réponds-je rapidement.
Il prend le temps de méditer ma réponse puis se tourne à nouveau vers moi :
- Il ne faudra pas que ça recommence Kakashi, tu me comprends bien ? Si je mets mon honneur en jeu en leur assurant que je me suis trompé, il n’est pas une seconde envisageable que j’apprenne que vous vous amusez à jouer les jolis cœur. Alors prends le temps de réfléchir à ce que tu veux, ou bien tu la laisses partir et tu la retrouves où vous en êtes restés lorsqu’elle revient, ou bien tu enterres ce rapprochement et tu te concentres sur ta mission.
- C’est tout réfléchi. Ça n’arrivera plus.
- Je te fais confiance.
Il part en direction de la porte et j’ajoute avant qu’il ne sorte :
- Merci senseï.
Il me sourit et me lance un regard entendu.