L'histoire d'amour de Kakashi Hatake

Chapitre 15 : Vivre ou mourir

2625 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/10/2024 10:58

 Les bois me paraissent plus hostiles qu’à l’ordinaire alors que je cours vers ma perte, plus beaux aussi. L’aube ne va pas tarder et j’aperçois les premiers oiseaux se réveiller. Je me concentre sur le moment présent, sur mes jambes qui me propulsent en avant et sur les arbres qui défilent à grande vitesse autour de moi. J’essaie de ne pas penser à elle. De toute façon je ne serai bientôt plus là alors à quoi bon se torturer l’esprit.

J’entends du mouvement derrière moi, des pas qui me suivent à grande allure. Je reconnais rapidement mes poursuivants et je ralentis un peu pour tenter de les dissuader. Rinko, Hinari et Asa ne tardent pas à m’encadrer.

-         Qu’est-ce que vous faites là ? Vous avez une mission, vous devez aller chercher des renforts à Konoha.

-         On ne pouvait pas vous laissez y aller tout seul, c’est de la folie, répond Rinko.

-         Nous avons envoyé Hokuto chercher de l’aide, un homme est suffisant pour transmettre un message surtout un force spécial, ajoute Hinari.

-         Vous préférez donc mourir avec moi ? Rentrez tant qu’il en est encore temps.

-         Quel pessimisme, à nous quatre on peut y arriver ! Je le sens ! dis Rinko en affichant un grand sourire.

-         Rentrez immédiatement c’est un ordre, dis-je d’une voix forte.

-         Alors là, nous n’avons surement pas ignoré les ordres de l’Hokage pour écouter les tiens ! réplique Rinko.

Je lui lance un regard, c’est la première fois qu’il me tutoie, nous aurions vraiment pu être amis dans d’autres circonstances.

-         C’est votre choix après tout, dis-je.

Je ne partage pas sa vision positive de notre avenir mais il est clair que les cartes sont tout de même redistribuées. Et nous laisserons immanquablement bien plus de temps à Hanako et Minato. Je n’aurai qu’à les renvoyer avant que les choses ne tournent trop au vinaigre.

Au loin, nous commençons à entendre les murmures d’une armée. Mes trois compagnons se lancent des regards, j’ai l’impression qu’ils se disent au revoir, c’est insupportable :

-         Rentrez !!

Je crie franchement cette fois, je ne peux pas supporter de les voir courir au massacre avec moi.

-         Vous avez encore le temps ! insiste-je.

Les trois m’ignorent, le visage fermé et concentré. Nous débarquons alors dans un grand espace à découvert et apercevons la vague ennemie nous foncer dessus, ils sont nombreux.

-         Allez, ce n’est pas le moment de se dégonfler, lâche Rinko en fonçant en avant.

Nous sautons avec lui en direction de la bataille.

Très peu de temps après le début des hostilités, je suis déjà gravement blessé, n’ayant pas pu m’empêcher de sauter deux ou trois fois in extremis devant des kunaï ou des shuriken en direction de mes camarades.

 J’ai beau être une machine de guerre, ils sont trop nombreux et je ne compte plus le nombre de coups que j’ai déjà reçu. Mais nous nous débrouillons bien pour l’instant, nous maintenons sur place le plus gros de leurs effectifs bien que nous n’ayons pas pu empêcher un certain nombre de ninjas de passer, mais rien dont Minato et Hanako ne sauront se défendre à eux deux.

Alors que j’évite de justesse un dragon aqueux sur ma droite et des shurikens juste au-dessus de ma tête, je me fais transpercer de part en part par un kunaï, et la douleur me déstabilise un instant. Je ne sais pas combien de temps je vais encore pouvoir maintenir ce rythme.

Je me relève d’un bond, évitant ainsi une salve d’ennemis qui se jetaient sur moi pendant mon instant de faiblesse et leur retombe dessus avec les milles oiseaux, les transperçant un par un. J’érige des murs de boue pour ralentir mes adversaires et je jette un coup d’œil au trio qui m’accompagne. Je me débrouille pour qu’ils aient le moins possible d’assaillants et ils se débrouillent bien, Hinari soignant tantôt Rinko tantôt Asa au fur et à mesure de leurs blessures, tandis que l’autre les protège. Ils ont leur rythme, on voit qu’ils se battent ensemble depuis leur plus jeune âge.

*

Mes habits sont déchirés et couverts de sang, je suis transpercé de partout, la douleur est cinglante, elle m’aveugle presque. Je faiblis et ça m’enrage. J’aurais préféré mourir d’un coup brutal que de me voir me vider de mon sang ainsi. C’est un cercle vicieux, plus j’ai de plaies et plus je faiblis ; mais plus je faiblis et plus je me prends des coups.

Quel enfer, je suis convaincu d’être en train de payer pour le bonheur récent que j’ai ressenti et que je ne méritais pas. Cette idée m’aide à encaisser les coups et me donne un élan de courage.

 Alors que l’aube est passée et que le jour se lève, l’équipe à mes côtés commence à être dans un sale état et je me débats comme un diable pour tenter de les épargner, repoussant mes limites.

Enfin, nous commençons à respirer, leur effectif diminue drastiquement ce qui nous laisse plus de temps pour parer et éviter leurs coups, laissant également le temps à Hinari de soigner les garçons. Ils reprennent en force et nous devenons plus efficace. Malgré sa proposition je refuse qu’Hinari me soigne, mes blessures sont hors de ses compétences, je sens qu’elles sont bien trop graves. Il me faudrait au moins les soins de Sakura ou de Tsunade pour m’en sortir.

Je remarque alors que les ennemis ne sont plus qu’une dizaine et au moment où je me réjouis, un kunaï se plante dans l’abdomen d’Asa qui s’écroule au sol.

-         Non ! hurle Hinari en se précipitant sur lui.

L’écho de son hurlement se répand, nous donnant une dernière impulsion. Avec Rinko, nous fonçons ensemble pour éliminer les derniers, nous en prenons chacun la moitié tandis qu’Hinari soigne de toutes ses forces Asa, inconscient. Dans un dernier mouvement, je transperce par derrière le dernier ennemi avec le raiton, qui était à deux doigts d’exécuter Rinko. Je n’ai plus de chakra ni de vitalité.

A bout, je tombe à genoux, je tousse et crache une quantité abominable de sang. J’ai des vertiges violents et je n’arrive plus à bien distinguer mes mains posées au sol tant ma vision se brouille.

Nous entendons alors au loin une deuxième salve d’ennemis qui arrive. Je relève la tête pour croiser le regard désespéré de Rinko. Il doit nous rester quelques minutes avant qu’ils ne débarquent à leur tour et nous achèvent.

-         Ce n’est pas possible, grogne-t-il et se plaçant devant moi pour me protéger.

-         Rinko, emmène ton équipe. Nous avons gagné assez de temps, emmènes les.

-         Pas question, je reste avec toi jusqu’au bout.

-         Rinko regarde-moi… regarde-moi !! crie-je.

Il tourne la tête vers moi, au sol, dans ma marre de sang. Bien que je manque de souffle, je continue de crier comme je le peux :

-         C’est pour ça que tu vas les abandonner eux ?! Je suis déjà mort Rinko ! Sauve-les, c’est ton équipe ! C’est ta responsabilité ! Vous avez la chance d’avoir votre équipe complète alors sauve-la bon sang ! Qu’est-ce que tu attends !

Il leur jette un regard, Asa toujours mourant au sol et Hinari penchée sur lui pour le sauver, pleurant à chaudes larmes, je lis l’hésitation sur ses traits et je saisis l’opportunité :

-         Qu’est-ce que tu attends ! hurle-je avec mes dernières forces.

Après un dernier coup d’œil dévasté, Rinko part à la vitesse de la lumière, je le vois saisir Asa sur son dos et partir. De soulagement, je relâche brusquement le souffle que je ne savais pas que je retenais, la douleur que cela provoque me déchire en deux et je m’écroule par terre. Je roule sur le dos pour regarder le ciel clair du petit matin, c’est magnifique. Je tourne doucement la tête sur le côté pour voir arriver les renforts des ninjas des ronces, ils sont au moins dix pour l’instant et je ne doute pas que d’autres suivront.

 C’est comme dans un rêve, je n’entends pas leurs cris ni le martèlement de leurs pieds, tout est calme, au ralenti. Je cligne des yeux avec une lenteur exaspérante. J’ai l’impression qu’ils ne me regardent même pas, ils doivent penser que je suis déjà mort. J’ai envie de leur demander de m’achever mais je n’ai même plus la force de parler.

Ils approchent comme une vague sombre et mortel, mon corps se secoue d’un spasme tandis que je tousse, crachant une nouvelle giclé de sang. Je sens que mon esprit s’éloigne d’ici.

J’entends alors derrière moi un hurlement, un hurlement presque inhumain, et toute la vague d’ennemis s’arrête. Leurs yeux se révulsent et du sang coule par leurs oreilles, leur nez et leurs yeux. Je n’ai jamais assisté à pareil spectacle et bien que je sois déjà mourant, mon instinct me hurle de me sauver. J’attends en serrant les dents mon tour, mais je ne sens rien venir. Mes yeux passent d’ennemi en ennemi, ils sont au sol, les yeux grands ouverts, morts. 

Soudain, deux genoux tombent à côté de moi. Je tourne la tête avec lenteur et découvre Hanako, le corps secoué de sanglots incontrôlables, les joues maculées de larmes. Ses trois yeux brillent comme si elle était une créature magique. Elle pose ses mains sur mon abdomen et tente de me soigner. Mais que fait-elle ici ?

-         Va-t’en, souffle-je.

Je tousse d’avoir parlé et je lui projette des gouttelettes de mon sang sur la joue, ce qui la panique encore plus. Je sens que ses soins me soulagent, mais je lis dans ses yeux qu’elle sait que ce ne sera pas suffisant. Elle crie de désespoir et je sens son chakra redoubler sur mon ventre. Je tente d’enlever ses mains mais je suis trop faible.

-         Arrête de bouger ! crie-t-elle.

-         Va-t’en je t’en supplie, murmure-je.

-         Je ne bougerai pas.

-         Je ne veux pas mourir en vain.

Je n’ai plus la force de dire autre chose. Ses pleurs redoublent :

-         Tu ne vas pas mourir, tu ne peux pas mourir.

Déterminée, elle se concentre sur mes blessures. Grâce au peu d’énergie qu’elle me redonne, j’arrive à lever péniblement la main pour caresser son visage, j’effleure sa joue puis ses lèvres douces. Une nouvelle larme roulant sur sa joue, elle dépose un baiser sur le bout de mes doigts et je m’aperçois que je laisse dans mon sillage une traînée de sang sur sa belle peau, je repose avec fatalité mon bras par terre. Même dans mes derniers instants je serai donc privé de son contact. De nouveaux ninjas sortent des bois adverses et arrivent dans notre petite plaine dégagée.

-         C’est elle ! Regardez ses yeux ! crie l’un des ninjas.

-         Il nous la faut vivante c’est le plus important ! Le maître a donné ses ordres ! en crie un autre.

Ils s’approchent doucement, menaçants. J’ai envie de lui crier de se sauver, mais elle garde ses mains ancrées, envoyant tout le chakra qu’elle peut en moi. Elle relève la tête, les dents serrées et les yeux furieux, impuissante, tandis que les ennemis commencent à nous encercler discrètement.

-         Je vous déconseille d’approcher, grogne-t-elle entre ses dents à l’encontre de deux ninjas qui avancent vers elle les mains levées en apaisement.

-         On ne va rien te faire du tout ma jolie, tu vas juste venir avec nous sinon on achève ton ami.

-         Ne vous approchez pas, menace-t-elle une dernière fois les dents toujours serrées.

Le plus idiot des deux fait encore un pas et avant même qu’il n’ait pu reposer le pied par terre, les deux ninjas s’écroulent, raides morts. Du sang coule de leurs orifices. Je fronce les sourcils mais elle ne prend pas la peine de s’expliquer. Les ninjas paraissent beaucoup plus prudents autour de nous suite à l’attaque d’Hanako, mais ils élaborent des stratégies, j’entends leur murmures indistincts. Je souffre le martyr.

-         Je ne peux pas tous les tuer avec mon chakra, sinon je n’en aurai plus pour te soigner, chuchote-t-elle l’air désespérée.

J’articule silencieusement les mots « va-t’en » n’ayant toujours pas la force de parler, j’espère qu’elle comprend à l’intensité de mon regard que c’est un ordre.

-         Mais si je me bats au corps à corps je crains que tu ne meures pendant ce temps-là, pleure-t-elle.

Ne comprend-t-elle pas que la situation est sans issue, qu’elle me maintient en vie minute par minute simplement pour passer un peu plus de temps avec moi. Elle use déjà trop de chakra.

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