L'histoire d'amour de Kakashi Hatake

Chapitre 10 : Taquineries

4927 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 23/10/2024 10:00

Sur la route qui mène chez moi, je suis dans une colère noire, après Minato, après Shin, après moi-même. Mais le sentiment qui m’envahit le soir lorsque je me couche est la tristesse, je ne comprends pas comment nous avons pu en arriver là. Elle cache un sacré caractère derrière ses sourires et ses yeux doux. Je me tourne sur le côté et me recroqueville comme un animal blessé.

J’ai sans doute gâché notre amitié, félicitations Kakashi, c’est vrai que tu as une facilité déconcertante pour te faire des amis. Je me flagellerais bien à ce stade.

*

Le lendemain matin, j’attends au point de rendez-vous lorsqu’elle arrive en sautant. Je reconnais son masque maintenant. Elle ne tourne même pas la tête dans ma direction. Minato explique les directives à tout le monde et pendant que mes groupes de trois se constituent, je m’isole avec lui et j’aborde le sujet de la présence d’Hanako.

-         Kakashi je ne peux pas décider pour elle, personne ne le peut, elle est venue me voir en exigeant de participer à la mission, c’est un excellent élément, je ne pouvais pas la refuser, c’est pourquoi je l’ai affilié à ton groupe, elle ne sera pas en pleine lumière au yeux de l’ennemi, elle se déplacera avec vous. Suggère à ton groupe de garder leurs masques constamment si ça t’inquiète.

Un peu rassuré par mon senseï, nous nous mettons en route. L’équipe Minato avance au sol à visage découvert, et nous les suivons à petite distance, dans les branches, avec nos masques. Tandis que nous survolons les arbres, l’ambiance ne pourrait être plus froide.

-         Quelles sont les équipes ? demande-je.

-         Je suis avec Sun et Jin commandant Hatake, m’annonce Nanba.

-         Hinari et Rinko, dit Asa.

-         Je suis avec Hanako… et toi, me glisse Shin.

Je serre la mâchoire mais ne laisse rien paraître lorsque j’entends la petite voix défiante d’Hanako :

-         Il a voulu se mettre avec moi et comme personne ne voulait être dans ton équipe tu t’es retrouvé avec nous.

Un silence de mort tombe sur notre groupe. Les autres doivent être dans tous leurs états qu’elle m’ait dit ça, bien que je me fiche royalement qu’ils n’aient pas voulu être avec moi. Dans les missions sans action je suis souvent choisi en dernier car l’attente peut être longue et je ne suis pas de très bonne compagnie. Les mêmes sont pourtant les premiers à se greffer avec moi quand c’est pour combattre, ce qui me convient.

La chose qui me met en colère c’est qu’elle soit avec Shin, et que ce soit lui qui lui ait proposé de se mettre en équipe en plus. J’aurais dû demander à Minato de le prendre dans son équipe mais j’aurais dû lui expliquer pourquoi ce qui est impossible.

*

Le soir, nous installons notre petit campement en hauteur dans une aspérité de la montagne pour ne pas se faire repérer tandis que l’équipe Minato campe dans les bois.

Les ninjas allument un feu et j’administre les tours de garde de ceux qui devront veiller sur le campement de Minato visible au loin. Je prends le premier tour et m’installe contre le mur tout au bord de l’entrée, une jambe dans le vide et l’autre redressée pour poser mon livre dessus. Je jette des coups d’œil dans la grotte, d’où Hanako m’ignore royalement. Ils sont tous installés au fond autour du feu où ils font cuire les poissons que deux d’entre eux viennent de prélever dans la rivière.

Une part de moi ne peut s’empêcher de se demander si elle serait vers moi en ce moment si nous n’étions pas bêtement en froid. Elle croise mon regard tandis que je l’observe et je fais mine de me replonger dans mon livre.

Un peu plus tard dans la soirée, un vent frais se lève et envahit la grotte et je tourne automatiquement le regard vers elle. Elle discute avec Shin un peu à l’égard du groupe mais je n’entends pas ce qu’ils se disent malgré tout la bonne volonté que j’y mets, ils se parlent trop bas. Je retiens une pulsion meurtrière lorsque je vois Shin proposer sa veste à Hanako. J’ai envie de lui hurler que sa veste ne se trouve qu’à quelques mètres derrière elle, elle refuse poliment mais il insiste, lui posant pratiquement de force sur les épaules.

Je lève les yeux au ciel et me renfonce du mieux que je peux contre cette satanée roche. Je préfère encore fixer le camp de Minato toute la nuit que d’assister à pareilles bêtises. Le mieux que j’ai à faire est sans doute de laisser couler, surtout si l’on considère que Shin est l’origine de notre tension. Je fixe toujours la page de mon livre sans la lire, ça devient une habitude chez moi. Des petits pas approchent ainsi qu’une odeur de poisson. C’est Hinari qui m’emmène de quoi manger, je cache ma déception et la remercie, tandis qu’elle s’installe à côté de moi, rejetant ses longs cheveux noirs sur une épaule.

-         Il faut manger senseï, me dit-elle.

-         Ne m’appelle pas senseï, tu n’as jamais été mon élève et tu es de mon niveau, dis-je gentiment.

-         Pas vraiment, vous êtes commandant, dit-elle en rougissant et détournant le regard.

Je mange mon poisson silencieusement lorsqu’elle reprend :

-         Vous savez, ce n’est pas que je ne voulais pas être dans votre équipe, c’est juste que nous avons l’habitude d’être dans la même équipe Rinko Asa et moi. Nous sommes dans la même depuis que nous sommes devenus genin.

Je tourne la tête vers elle et lui sourit :

-         Alors c’est une chance incroyable que vous avez de pouvoir continuer à être tous les trois.

-         Je voulais être sûr que c’était clair pour vous, j’aurais été honoré d’être avec vous.

-         C’est gentil Hinari, mais tu peux me tutoyer.

Elle reste plantée là avec moi tandis que je finis de manger. Je ne sais pas de quoi lui parler ni pourquoi elle se sent obligée de rester et je constate qu’elle reste vers moi même après mon repas.

Comment me débarrasser d’elle poliment ? Je sors mon livre et lis, histoire de la congédier en douceur. Elle finit sans doute par se lasser de mon mutisme et elle s’éloigne pour rejoindre les autres, se racontant des combats si j’en crois les récits humoristiques du ninja nommé Rinko.

Presque instantanément, Hanako se lève et vient prendre la place d’Hinari. Je n’ose pas bouger un muscle de peur de redéclancher une scène entre nous. Elle pose ses bras sur ses jambes repliées contre elle et y pose son menton, les sourcils froncés et la mine pensive.

-         De quoi avez-vous parlé avec Hinari ?

Je la dévisage.

-         De rien.

-         Tu ne veux pas me le dire ?

-         Non je t’assure nous ne nous sommes presque rien dit.

Elle plisse les yeux :

-         Tu lui as quand même souris ce qui est plutôt rare chez toi, vous deviez bien vous marrer.

Je fronce les sourcils, je ne me souviens même pas avoir souri. Je mets visiblement trop de temps à son goût pour répondre :

-         Bon écoute, si tu veux garder vos petits secrets pour toi je comprends, dit-elle un peu sèche en se relevant.

Elle va s’en aller, je ne veux pas, je préfère encore m’engueuler avec elle plutôt qu’elle me laisse seul.

-         Jolie veste, dis-je.

Elle me lance un regard noir tout en rougissant avant de retourner au fond de la grotte. Je rouvre rageusement mon livre bien décidé à lire pour de bon tandis que je la regarde passer à côté de sa vraie veste sans la ramasser. 

*

La nuit ne fût pas très agréable et je me réveille de mauvaise humeur. Je ne peux plus supporter d’être dans ces conditions avec Hanako. J’ai mis le temps, mais je crois que j’ai trouvé la solution, j’irai tout simplement m’excuser ce soir auprès d’elle pour mon comportement envahissant d’avant-hier soir.

 La seule bonne nouvelle – et la plus importante - c’est que nous n’avons pour l’instant aucun signe des Ninjas des ronces. Nous camperons ce soir aux abords du village pour ne pas avoir à les déranger plus que nécessaire.

 Nous arrivons finalement dès la fin d’après-midi au lieu de campement, et je décide d’organiser un petit entraînement pour occuper l’équipe sous mes ordres.

L’entraînement, sous forme de petits combats que je supervise en passant entre les équipes de deux, se passe bien et dans la bonne humeur. Je suis ravi de constater qu’Hanako est en binôme avec Sun.

-         Ça doit vous rappeler vos entraînements avec vos genin commandant Hatake, lance Rinko le blagueur de la bande.

-         Pas tout à fait, mes genin avaient un niveau bien plus avancé que le vôtre, dis-je.

Ma blague entraine immédiatement un grand éclat de rire chez Rinko :

-         J’ai toujours rêvé de tenter de vous dérober vos foutues clochettes, rit-il.

-         Il n’est jamais trop tard, lance Asa pour jeter de l’huile sur le feu.

-         Navré de vous décevoir mais je ne me promène pas constamment avec mes clochettes.

-         Allez commandant, notre équipe de genin est au complet avec Hinari et Asa, laissez-nous tenter notre chance, on ne vous ridiculisera pas trop, lance Rinko.

Asa sort alors une amulette de sa poche :

-         Ça devrait faire l’affaire non ?

Je soupire bruyamment en levant les yeux au ciel :

-         Si vous insistez. Ça ne me fera pas de mal de m’échauffer un peu moi aussi.

Je saisis l’amulette dans la main d’Asa sous les yeux brillants d’excitations des trois « genin » du jour. Ils passent l’heure qui suit à tenter de me dérober l’amulette sans succès tandis que les autres applaudissent et commentent les actions comme des enfants, riants de bon cœur. Je ne peux m’empêcher de lancer des regards vers Hanako, tout sourire, qui m’encourage bruyamment, toute rancune oubliée par cette fin d’après-midi joyeuse.

-         D’accord, je déclare officiellement forfait commandant, annonce Rinko en riant. Pas si facile cette épreuve !

-         Allez donc vous occuper du campement maintenant pour assumer votre défaite, dis-je pour les narguer.

Les ninjas se dispersent autour de moi. Il ne reste qu’Hanako souriante qui me demande :

-         Il faut simplement s’emparer de l’amulette, et ce par n’importe quel moyen ? C’est ça ton épreuve ?

-         Oui, enfin c’est un peu plus profond que ça quand je le fais avec mes genin, c’est pour encourager l’esprit d’équipe.

-         Ça ne me parait pas si difficile pourtant, claironne-t-elle pour m’embêter.

-         Tu devrais plutôt aller dire ça à Rinko, Asa et Hinari.

-         Je parie que je te les dérobe en moins d’une minute, dit-elle soudain mutine.

Je suis prêt, je plie les jambes et me tapis par terre, prêt à tenter la riposte. Je vide mon esprit, me concentre de toutes mes forces sur le présent et m’ancre du mieux que je peux dans la réalité. Je peux le faire. En une fraction de seconde j’aperçois son kigan et je saute sur le côté, comme si cela pouvait me sauver. Je la vois me sourire en coin, malicieuse et me dire non de la tête avant de me retrouver une fois de plus dans les limbes de sa technique. Je ne peux m’empêcher de sourire directement cette fois, puisque je sais à quoi m’attendre. Je me rends compte que je suis mieux préparé, plus conscient de ce qui m’entoure, je sens le vent sur mon visage et quelques sons, j’ai moins de vertige et je ne perds pas l’équilibre.

Je sens alors un poids s’abattre doucement sur mon dos et mes épaules. Je reconnais son odeur, ses cheveux chatouillent ma joue droite tandis qu’elle chuchote à mon oreille « trop facile ». Je la sens distinctement cette fois m’embrasser sur la joue puis disparaître. Lorsque je récupère mes sens, mon cœur bat la chamade, mon visage est en feu et l’amulette n’est plus dans ma main.

*

 

Je ne rentre pas tout de suite dans notre nouvelle crevasse car je ne me remets toujours pas de mes émotions. J’ai clairement senti un baiser sur ma joue, je ne suis pas en train de l’inventer, mais plus le temps passe plus je doute de moi.

Puis-je vraiment croire les souvenirs que j’ai pendant ce laps de temps ? Mon inconscient l’a peut-être inventé. Pourtant je sentais que j’étais plus ancré, j’entendais le bruit des oiseaux qui gazouillaient et je sentais le vent sur mon visage. Or ils étaient bien réels, et pourquoi aurais-je inventé un truc pareil de toute façon ?

« Parce que tu mourrais d’envie qu’elle t’embrasse ! » me crie ma conscience, moqueuse.

Après tout je ne l’ai pas senti enlever l’amulette de ma main, pourtant je sais qu’elle me l’a prise puisque je ne l’avais plus. J’aurais donc vraiment inventé tout le reste ? Je finis par rentrer au camp à la nuit tombée, un peu blasé par cette vérité.

Ils n’ont pas chômé en mon absence, les duvets sont installés et le feu brûle dans le fond de la grotte. Ils sont même déjà en train de manger du riz.

Prenant le premier tour de garde encore une fois, je m’installe comme hier soir, le long du précipice pour les laisser dans leur joyeuse ambiance.

Je mange une fois de plus en compagnie d’Hinari, rapidement rejointe par Rinko qui clame encore mes exploits de tout à l’heure. Hanako finit par se joindre à eux et reste vers moi lorsqu’ils partent se coucher. Elle se place dans la même position que la veille, la tête dans les bras, regardant au loin, mais ce soir son visage est serein et cordial. Je saisis ma chance :

-         Hanako je suis désolé pour l’autre soir. J’étais juste inquiet pour toi et ça m’a mis en colère et puis Shin…

Je m’interromps.

-         Shin ? dit-elle en me regardant en coin.

Elle a l’air ravie.

-         Rien. J’étais inquiet et je me suis emporté, je n’ai pas à te dire ce que tu dois faire ou non. Et puis il parait que tu es une ninja remarquable.

-         Il parait ? répond-elle faussement vexée.

-         Ce n’est pas ce que je voulais dire, c’est juste que tu étais épuisée sur la dernière mission alors je n’ai pas vu tout ton potentiel.

Je me rattrape du mieux que je peux. Elle sourit puis me regarde en coin par-dessous ces cils.

-         Je t’ai quand même piqué ton amulette, dit-elle mutine.

Je souris bêtement, elle est tellement belle, comment peut-elle avoir cette effet sur moi.

-         Je…

Je tente de commencer une autre phrase d’excuse, mais elle me prend la main et la serre :

-         C’est bon Kakashi, je déteste quand on est en froid. Je ne vais pas t’infliger d’en dire plus alors que je sais que ce n’est pas facile pour toi tout ça.

Elle lâche ma main bien trop vite à mon goût et se remet en place. Je fronce les sourcils, intrigué :

-         Tout ça ?

-         Les relations humaines, répond-elle en riant.

Ça me touche, depuis que je la connais j’ai l’impression qu’elle s’adapte à moi et à mon drôle de caractère, elle est toujours si douce et compréhensive. Je la couve du regard tandis qu’une énorme émotion s’empare de moi, je ne sais pas exactement ce que je ressens pour elle mais c’est d’une puissance stupéfiante.

Lorsqu’elle croise mon regard intense sur elle, elle détourne les yeux en rougissant.

-         Ne me regarde pas comme ça, dit-elle gênée.

-         Pourquoi ?

-         Parce que Kakashi, si tu me couves encore avec ce regard, je vais vraiment m’autoriser à ouvrir une porte que je ne pourrai plus jamais refermer.

Je ne comprends pas. Je la regarde avec un air interrogateur mais elle ne réagit pas, elle continue de regarder au loin en se mordant la lèvre. J’observe la lune se refléter dans ses yeux. Je suis hypnotisé, je ne peux plus détourner mon regard.

-         Je ne comprends pas, chuchote-je.

-         Je m’en doutais, répond-elle en souriant.

Puis elle se lève et me tend la main :

-         Allez, viens te coucher, c’est le tour de Jin de monter la garde.

J’aurais clairement pu rester des heures de plus, mais je ne ferai pas encore une fois l’erreur de ne pas saisir une main qu’elle me tend. Elle m’entraîne vers nos duvets et je savoure chaque pas effectués avec sa main dans la mienne. Elles s’emboitent parfaitement, comme si elles étaient faites l’une pour l’autre, bien que ce soit peut-être le cas de toutes les mains, je n’en sais rien. On ne m’a jamais tenu la main de cette façon. 

Elle m’installe à côté d’elle et ça me remplit de joie, et d’un peu de haine car je constate que Shin s’est placé de l’autre côté.

*

Nous arrivons sans encombre au village de Kumo le matin. Minato et son équipe s’entretiennent toute la journée avec le Raikage et ses hommes, j’en profite donc pour passer voir mes vieilles connaissances du village tandis que le reste de mon équipe se promène. Certains n’étaient encore jamais venu ici.

 Je les rejoins dans l’après-midi et nous flânons de quartier en quartier. J’observe Hanako les yeux pétillants acheter de la nourriture et des babioles dans les échoppes et ça refait mon après-midi, je trouve dingue le temps que je peux passer à la regarder.  

Elle n’hésite pas à soigner en pleine rue un parfait inconnu qui vient de s’ouvrir la main en coupant du bois. J’admire une fois de plus le contact facile qu’elle a avec les gens. Je la suis les mains dans les poches et l’air désintéressé par ce qui m’entoure. Quel contraste.

Lorsque les kage finissent leurs discussions il est déjà tard, et le Raikage insiste pour que nous dormions au village où il juge que nous serons plus en sécurité. Il dévisage avec intérêt Hanako un peu trop souvent à mon goût et je comprends que Minato lui a tout raconté. J’aurais aimé qu’on garde cette information pour nous mais ce n’est pas moi le chef.

*

Lorsque je monte dans ma chambre d’hôtel, je découvre avec mauvaise humeur que nous sommes répartis par petits groupes de trois. Le plancher est en bois clair et les futons blanc ont l’air confortables comme des nuages.

-         Qu’est-ce qu’on va être bien ici ! Ça nous changera des campements dans des grottes ! s’exclame Shin avec bonne humeur.

Hanako rit ce qui allume directement ma récente haine pour Shin. Je passe sans commentaire à côté de lui en levant les yeux au ciel. Tu parles d’un mec endurant. Je m’assois avec mon livre dans un coin et les observe d’un œil mauvais dérouler les futons en discutant. Je remarque qu’Hanako en a déplié deux un peu plus loin de Shin et qu’il ne fait que de rapprocher le sien discrètement.

-         Alors ? Tu t’isoles Kakashi ? me dit-il en souriant.

Je lève un œil et ne lui réponds pas. Hanako sauve la situation – évidemment - en plaisantant avec lui. Il finit par marmonner bravement :

-         Tu aurais mieux fait de te prendre une chambre tout seul à ce compte-là.

Je me redresse, je vois rouge. Comment ose-t-il alors que c’est lui qui gâche ma journée, il commence à me taper sur les nerfs. Je suis en train de chercher rapidement un reproche à lui faire en tant que commandant pour pouvoir le dégager d’ici avec un coup de pied où je pense lorsqu’Hanako me touche l’épaule en passant à côté de moi avec un petit regard appuyé. Je sais qu’elle fait ça pour me calmer et malheureusement ça marche, son contact me sort de ma haine.

Shin, qui n’a pas raté une miette de notre échange se rend enfin compte qu’il ferait mieux de déguerpir le plancher un moment :

-         Je vais aller voir pour nous trouver des serviettes de bain. Il n’y en a pas.

-         Oui, fais donc ça, lui réponds-je le plus froidement possible.

Dès qu’il sort de la pièce je me sens mieux. Hanako rigole doucement dans sa main :

-         Mais quel commandant terrifiant, le pauvre. Il ne t’a rien fait.

-         Pas directement non, avoue-je de mauvaise grâce.

-         Allez, ne réagis pas comme ça, soit un peu plus cool avec lui. Moi je sais que tu peux être très gentil, dit-elle.

Je remarque qu’elle déplace de nouveau le futon de Shin pour l’éloigner des nôtres.

-         Regarde, je vais même le décaler et si tu veux je dormirai entre vous comme ça je pourrai faire rempart si ça te soulage, me dit-elle en riant toute fière d’elle.

J’esquisse un petit sourire et elle s’assoit sur ses talons en face de moi, à même le sol. Je pose mon livre et la regarde avec curiosité. J’aime quand elle s’approche comme ça, c’est annonciateur d’un bon moment en général. Elle prend appui sur ses genoux et retire mon bandeau pour me regarder dans les yeux. Elle le pose sur ses genoux et garde les yeux dessus en rougissant.

-         Qu’y a-t-il ? demande-je.

-         Si je te le dis tu vas peut-être mal le prendre.

-         Dis-moi.

-         C’est un nouveau bandeau. Je le sais parce que c’est moi qui ai gardé ton ancien. Je te l’avais déjà enlevé au pays des ronces et je l’ai gardé.

-         Tu l’as gardé ?

-         Oui, en fait… je le porte.

Elle défait mon bandeau de sa tête et me le tend. Je me sens incroyablement heureux de cette nouvelle, et surtout je veux absolument qu’elle le garde. La simple idée que l’une de mes affaires puisse être à son contact me retourne.

-         Garde-le.

Ma réponse ne sonne pas comme je l’aimerais. On dirait encore une fois que j’en m’en fiche. Je veux qu’elle comprenne au moins un peu ce qu’il se passe dans ma tête bien que je n’y comprenne moi-même pas grand-chose.

-         S’il te plaît garde-le, j’aime que tu le portes.

Je me sens incroyablement stupide de dire une chose pareille, mais je suis tellement fier de mon honnêteté que je fais abstraction. Comme d’habitude, sa réaction ne se fait pas attendre et comme d’habitude elle me surprend lorsqu’elle saute dans mes bras.

-         Merci, moi aussi je suis heureuse de le porter, dit-elle en me serrant contre elle.

Je ne laisse pas une seconde de plus mon hésitation me contrôler et je la serre dans mes bras. J’ai l’impression d’obtenir la plus belle récompense que je pouvais espérer pour mon honnêteté. Si j’avais su, je lui aurais dit plus de choses. Malheureusement pour moi, comme tous les contes de fées ont une fin, il fallait évidemment qu’on entende la démarche de Shin arriver dans le couloir.

Lorsqu’il entre, nous sommes déjà loin l’un de l’autre, semblant vaquer à nos occupations.

-         Ce soir on fait la fête au village de Kumo ! Ordre de l’Hokage ! dit-il.

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