L'histoire d'amour de Kakashi Hatake
- Nous t’écoutons Hanako, dit Minato très sérieusement.
- Ils sont une trentaine. Ils veulent me capturer et tous vous tuer jusqu’au dernier. Pas le temps pour des explications plus longues, Akuma prévient ses troupes en ce moment même, notre meilleure chance c’est de partir maintenant et de leur enlever l’avantage du terrain. Plus nous serons enfoncés dans les bois et moins ils s’en sortiront, c’est l’issu qu’ils redoutent actuellement.
- Pas de temps à perdre alors, reprend Minato.
Il me lance un regard appuyé et j’acquiesce. Je dois ramener Hanako vivante à Konoha.
- Dispersion ! s’écrit-il.
Je ne réfléchis même pas et j’emprisonne la main d’Hanako dans la mienne avant de l’entrainer par la fenêtre avec moi dans les bois noirs. Je fonce à travers la forêt et je vois qu’elle peine à me suivre. Bon sang j’avais oublié qu’elle avait abusé de son chakra toute la journée et qu’elle vient de s’en resservir à l’instant.
- Accroche-toi ! crie-je en la prenant sur mon dos, tandis que j’entends loin derrière moi les sauts des ninjas ennemis qui approchent.
Je perçois au loin sur ma droite le bruit des kunaï qui tintent.
Je récupère de la vitesse depuis que je l’ai prise sur mon dos, mais je suis beaucoup moins rapide que seul et les ninjas des ronces gagnent du terrain. J’entends le sifflement d’un shuriken dans mon dos et me décale en conséquence. Ça devient trop dangereux, elle est dans mon dos et plus les ennemis se rapprochent plus ils nous inondent de shuriken, je suis déjà en train de danser entre les arbres pour les éviter. Il va falloir que je la pose et que je les combatte de front. Je ne suis pas efficace car je ne suis pas dans mon élément en fuyant ainsi, je suis un combattant, et un très bon.
- Tu me fais confiance ? lui demande-je.
- Oui.
Alors je me projette au sol et la coince derrière moi. Je les attends. Je n’ai pas remis mon bandeau depuis qu’elle me l’a enlevé, mon sharingan est prêt. Quatre ninjas apparaissent entre les branches et l’un d’eux fait immédiatement demi-tour. Je me lance dans la bataille en sautant sur les ninjas encore dans les airs.
Grâce à mon sharingan je vois clairement chaque détail de la bataille, comme si le temps était ralenti. Je distingue vite que deux ennemis sautent sur moi pour m’occuper tandis que le dernier fonce discrètement en direction d’Hanako. Je prends appui d’un coup de pied sur l’un des deux adversaires pour me propulser vers celui qui fonce vers Hanako, tranchant la cuisse de son acolyte au passage, ce qui devrait les ralentir le temps que j’élimine le troisième. Je tranche d’un coup sec la gorge de celui au sol, puis d’un grand mouvement, je lance une poignée de shuriken sur les deux autres.
L’un d’eux esquive et nous lance une boule de feu. J’érige rapidement un mur de boue pour nous protéger avant de sauter par-dessus pour tuer le dernier.
- Ils vont revenir avec du renfort, l’un d’eux est parti, il faut y aller.
Je la prends de nouveau sur mon dos et file à travers la forêt avec une pensée pour l’équipe et principalement Minato.
Ils finissent par nous rattraper, encore. Ils sont nombreux, peut-être une quinzaine. Hanako a insisté pour courir toute seule pour tenter d’aller plus vite, avec le petit repos qu’elle avait pris sur mon dos nous avions effectivement gagné du terrain, mais je sens qu’elle faiblit de nouveau.
- Ça suffit, s’écrit-elle soudain, je préfère me vider de mes forces en combattant plutôt qu’en fuyant.
- Hanako c’est trop risqué, courons et lorsque tu n’en pourras plus, je te protègerai.
- Ça n’a aucun sens, si tu dois finir par te battre contre eux alors faisons le pendant que je peux encore t’aider Kakashi. Je t’en prie, je sais me battre.
Je lui lance un regard, et nos yeux s’accrochent pendant un instant. Nous tendons le bras en même temps l’un vers l’autre pour nous toucher mais nous sommes trop éloignés et nos doigts ne s’effleurent même pas. D’un même mouvement, nous faisons volte-face prêt à nous battre.
Quelques secondes plus tard, nous sommes cernés. Je serre les dents. Ils sont dix-sept. Il va falloir que j’en élimine le plus possible et le plus rapidement possible pour lui laisser une chance. Ils nous encerclent, plein de confiance en souriant diaboliquement sans bouger. Erreur. Je n’hésite pas et saisis l’occasion d’en éliminer trois en lançant des kunaï, ce qui ne manque pas de faire réagir les autres.
Le combat commence, je tente de gérer mes propres combats au corps à corps tout en aidant Hanako à distance avec mes shuriken et mes techniques. Elle se bat bien, ce qui me rassure et me permet d’être plus concentré et donc plus efficace. J’aperçois du coin de l’œil qu’elle vient de tuer un adversaire. Et alors que je me bats au corps à corps avec cinq ninjas, je les vois se figer subitement le regard dans le vide et tomber au sol comme des mouches en criant de détresse.
Je me retourne vivement pour voir Hanako les yeux fermés et son kigan grand ouvert.
- Non ! Garde ton énergie pour toi ! hurle-je dans la clairière.
Elle s’écroule par terre, reprenant son souffle, elle n’a plus de force ni de chakra. Je suis vraiment en colère qu’elle en ait utilisé autant pour m’aider mais grâce à elle j’élimine les cinq ninjas d’un coup en une demi-seconde. Ceux qui restent redoublent leurs assauts et je commence moi-même à fatiguer. Il s’est déjà passé des heures depuis que nous sommes partis du bâtiment et que mon sharingan fonctionne à plein régime, courant avec Hanako sur le dos. J’ai également utilisé du chakra pour me propulser d’arbre en arbre dans la forêt lorsque je la portais. Et j’enchaîne les techniques depuis tout à l’heure mais nos adversaires sont plus coriaces qu’ils n’en avaient l’air.
Alors que je me bats contre six ninjas, les maintenant en respect, je l’entends crier. L’un d’eux l’a attrapé et tente de l’entraîner dans les bois. Je saute dans leur direction impulsivement mais je me fais plaquer au sol par deux ninjas. Je la vois disparaître dans les bois, impuissant et reçois un coup de kunaï à l’abdomen.
Je ferme les yeux une seconde pour laisser l’émotion qui m’envahit prendre toute la place. Je suis dans une telle fureur que j’ai l’impression que je pourrais imploser. Je rouvre les yeux et j’ai l’impression de voir littéralement un filtre rouge devant mes yeux. La rage qui me consume est si forte que je trouve en moi des ressources nouvelles, je saute sur mes pieds en projetant les deux ninjas des ronces à quelques mètres tandis que tous les autres me sautent simultanément dessus.
- LES MILLES OISEAUX ! crie-je en laissant mon poing se charger d’éclairs.
Je m’élance dans les airs, et me bats comme un lion, focalisant toute mon attention et toute ma puissance dans mes coups. Je viens à bout de tous les ninjas restants en quelques minutes puis je m’élance avec toute la force restant dans mes jambes dans la direction d’Hanako.
Je cours comme si ma vie en dépendait, après tout, sa vie en dépend. Je suis facilement leurs traces dans les bois et je finis par les entendre lutter au loin devant moi. Elle a fini par trouver suffisamment de force pour se battre. Je pousse encore un peu plus sur mes jambes, c’est douloureux mais je n’y fais pas attention. Alors que j’arrive à une petite centaine de mètres, je l’entends crier « confusion ». Je saute en avant et je l’aperçois planter un kunaï dans le torse de son adversaire étourdi. Il s’écroule sur le sol, mort.
J’arrête de courir tant le soulagement m’inonde comme un raz-de-marée. Elle se tourne lentement vers moi, les yeux pleins de larmes, couverte de sang et de terre puis elle se précipite sur moi. J’ai à peine le temps d’ouvrir mes bras qu’elle se jette dedans avec une violence désespérée. Mes bras se referment autour d’elle comme deux tiges d’acier et je la serre contre moi tandis qu’elle pleure. Je cale ma tête au-dessus de la sienne et respire son odeur à plein poumon. Ses petits bras serrent fort mon cou, elle s’accroche à moi comme si sa vie en dépendait alors que le combat est fini.
J’ai l’impression de respirer depuis qu’elle est dans mes bras, de respirer vraiment pour la première fois de ma vie. J’ai l’impression que mes bras ont été faits pour la serrer, ma nuque pour la soutenir, mon torse pour l’accueillir. J’ai eu peur de ne plus jamais la revoir et ça m’était tout simplement insupportable. Avide de la mettre en sécurité pour de bon, je mets finalement fin à notre étreinte.
- Kakashi je ne sais pas si je vais pouvoir rentrer sans me reposer avant, dit-elle à bout d’énergie.
- Repose toi Hanako.
Je la prends dans mes bras contre mon torse et l’emporte en direction de Konoha.
*
Le surlendemain matin, toute l’équipe de la mission ne se trouvant pas en soins se retrouve dans le bureau de Minato pour un débrief. Je suis passé voir Hanako chaque jours mais elle n’était pas réveillée. Nous avons malheureusement perdu l’un des nôtres pendant cette mission. Minato nous annonce la suite des évènements :
- Nous allons nous rendre au village de Kumo, il semblerait qu’ils aient également des soucis avec ces ninjas du pays des ronces et j’aimerais m’entretenir avec le Raikage à propos des informations obtenues lors de notre mission. Il semblerait qu’ils en aient à nous transmettre également. Je ne force personne à retourner aussitôt en mission, le village regorge de ninjas qualifiés, je vous donne juste l’opportunité de poursuivre cette mission alors faites-moi parvenir votre réponse avant demain midi. Nous partirons dans quelques jours le temps que les blessés se soignent.
Le bureau se vide et j’attends de me retrouver seul avec Minato.
- Comptez-moi dedans, annonce-je sans préambule.
- Très bien, comment va-t-elle ? me demande-t-il l’air soucieux.
- Bien, elle se repose simplement, nous nous sommes fait attaquer par de nombreux ninjas, elle a complétement épuisé ses réserves de chakra.
- Bien. Pour la mission à venir Kakashi je formerai deux groupes, j’aimerais que tu prennes la tête du second.
- Je vous écoute.
- Le premier groupe, que je mènerai, se rendra effectivement au village de Kumo d’une façon plutôt officielle ; le deuxième groupe sera formé de trois équipes de trois, chargées de nous surveiller à distance. J’aimerais avoir des renforts en cas d’embuscade.
- Pourquoi ne pas voyager ensemble, ce serait plus sûr.
- Parce que je cherche à savoir s’ils nous traquent, et si nous formons un trop grand groupe, cela pourrait les dissuader d’attaquer.
- Bien.
*
Je me rends ensuite à l’hôpital. Je suis debout à côté de son lit pour mieux l’observer, elle dort toujours mais sa mine a repris des couleurs, elle a l’air plus en forme.
- Kakashi senseï ? s’étonne Sakura en entrant dans la chambre.
- Bonjour, c’est moi qui l’ai emmené ici. Comment va-t-elle ?
- Mieux, je pense qu’elle ne va pas tarder à se réveiller en pleine forme. Le Hokage nous a quand même ordonné de ne pas la laisser venir travailler pendant quelques jours.
- Bien.
- Comment s’est passée votre mission ? Vous étiez ensemble ? demande Sakura avec un petit sourire diabolique.
- Oui. C’était compliqué, je ne peux guère t’en dire plus pour l’instant. Je repars dans quelques jours.
Un petit blanc s’installe.
- Je sais que vous ne le ferez pas de vous-même alors je vous le propose : vous pouvez attendre ici qu’elle se réveille vous savez. Elle n’a pas de visite à part vous. Toutes ses amies travaillent ici et je crois qu’elle a perdu ses deux parents.
Sakura s’assoit sur un siège dans un coin de la petite chambre et me désigne le second, où je la rejoins. Nous restons silencieux un long moment et soudain les yeux d’Hanako se mettent à papillonner. Je saute immédiatement à son chevet.
- Kakashi, dit-elle d’une petite voix ensommeillée.
- Oui je suis là.
Je la vois tendre sa main vers moi mais je ne réagis pas à temps. Elle la repose le long de son corps et me sourit. J’aurais dû lui prendre la main, je parais encore la rejeter, mais je n’ai pas l’habitude, ce n’est pas naturel pour moi et la présence de Sakura rend la situation encore plus gênante que lorsque nous sommes seuls. En repensant à la présence de Sakura je m’éloigne d’ailleurs légèrement d’Hanako, me rendant compte que je suis un peu plus près que ne le permettent les bonnes manières.
Je finis par tirer ma chaise juste à côté de son lit et je vois Sakura nous observer, pensive. Elle pose les questions de routines à Hanako puis nous laisse.
- Les autres… ils sont rentrés ? demande-t-elle.
- Oui, nous avons perdu un homme mais les autres sont sains et saufs.
Elle affiche un air triste :
- Leur plan était impeccable. Je ne comprends pas comment il y a pu avoir un revirement de situation pareil, pendant les deux jours leur esprit était si peu clair, remplit d’hésitation et sans idée majeure. Et soudain, le soir de l’attaque, ils étaient complétement décidés, comme si quelqu’un leur avait donné l’ordre. C’était le plan parfait, ils savaient qu’ils n’arriveraient pas à exterminer Konoha tout seul, alors ils voulaient tous nous tuer et faire accuser le village de Kumo. Les tensions auraient alors éclaté entre les deux pays et le pays des ronces aurait proposé son alliance à Kumo. Ainsi avec leurs forces réunies ils nous auraient attaqué et le pays des ronces aurait pu s’étendre sur les terres de Konoha.
Je médite ses paroles.
- Est-il envisageable qu’une troisième personne soit impliqué dans les décisions ? Ce plan n’a pas pu naître en quelques heures, demande-je.
- C’est tout à fait possible, comme je te l’ai expliqué je suis loin d’avoir une vue d’ensemble de ce que pense un individu, j’ai ses grandes idées au moment T et elles restent plutôt vagues. En tout cas dans la salle avec Minato et Nanba, on voyait clairement que nous étions en face d’amateurs. Maintenant que tu soulèves ce point, j’ai même du mal à croire qu’ils soient les réels dirigeants. Pourtant rien dans leurs esprits n’indiquent qu’ils ne le soient pas ; surtout dans l’esprit d’Akuma, il se sent puissant et il adore ça. Si c’est une tierce personne qui prend les décisions, elle les manipule en leur faisant croire que ce sont eux les décisionnaires.
Nous nous lançons un regard grave. Et j’ajoute doucement :
- Il faudra que tu ailles dire tout ça à l’Hokage. La mission continue, nous nous rendons au pays de Kumo pour les avertir et discuter de la situation dans quelques jours.
- Nous ? Ça veut dire que tu repars déjà ? me demande-t-elle l’air soudain triste.
- Oui, je repars dans quelques jours.
- Combien de temps ?
- Je ne sais pas.
Elle fronce les sourcils et fait une petite moue triste que je trouve absolument adorable. J’aimerais lui rendre le sourire mais je ne sais pas comment faire. Nos regards sont ancrés l’un à l’autre comme souvent et encore une fois j’ai l’impression que mon corps est aimanté au sien. Je me rapproche d’elle sans y réfléchir. Ce ne sera pas facile de la laisser au village pour moi non plus.
La porte s’ouvre et deux de ses amies travaillant ici entrent en trombe pleines de joie :
- Sakura nous a dit que tu étais réveillée !
Elles se stoppent net en me voyant, ouvrant des yeux presque inquiets. Je provoque souvent cette réaction chez les gens qui ne me connaissent pas avec mon allure masquée et ma grande taille. Et encore, elles n’ont même pas vu la cicatrice défigurant la moitié de mon visage.
Une fois de plus je me sens pris sur le fait et j’ai horreur de ça, je me recule rapidement dans un coin de la pièce. Je sens que je mets ses amies mal à l’aise alors je me dirige vers la porte.
- A bientôt j’espère, me lance-t-elle avant que je ne passe la porte.
A peine dans le couloir, je les entends déjà jacasser à mon sujet :
- Hanako ! Tu nous caches des choses ? demande la première.
- Oh mon dieu qu’est-ce qu’il est attirant ! s’extasie la deuxième.
- Quand nous sommes entrées j’ai bien cru qu’il était là pour t’achever ! plaisante la première, mais après quand j’ai vu ce regard entre vous…
Je me sens gêné d’écouter leur conversation mais je suis très intéressé par la réponse d’Hanako. Malheureusement pour moi, j’aperçois Sakura qui m’espionne depuis le fond du couloir, et je ne peux pas la laisser me voir écouter aux portes si je veux garder son respect. Je m’éloigne donc à contre cœur de la chambre pour aller dire au revoir à Sakura. Avant de nous quitter, elle me lance :
- Vous savez senseï, je suis amoureuse de Sasuke depuis que je suis petite.
- Je sais Sakura, dis-je sans comprendre pourquoi elle me dit ça.
- Il a toujours été si différent des autres. Si distant. Il m’a beaucoup protégé mais n’a jamais su comment me montrer son affection. Mais ça me suffisait, car au fond de moi je savais que nous serions ensemble un jour et qu’il tenait à moi. Je n’ai jamais voulu qu’il change ou le presser. Il a mis un temps fou à comprendre et décrypter ses sentiments pour moi et maintenant nous sommes très heureux.
Je la regarde avec un œil rond sans comprendre sa fulgurante envie de se confier à moi et j’hausse un sourcil, attendant plus d’explications.
- Ne vous inquiétez pas senseï, un jour je suis sûre que vous repenserez à ce que je viens de vous dire et que ça vous aidera.
- Si tu le dis. A bientôt, dis-je pour ne pas la vexer.
Je la laisse là, avec son sourire bienveillant. Je ne veux pas la blesser mais je ne comprends pas bien pourquoi elle pense m’aider un jour en me racontant son histoire d’amour. Ce sont bien les filles ça tiens. Je soupire en sortant dehors à la recherche de Gaï. Un peu de son énergie positive me fera du bien. C’est toujours lui qui me lance des défis, et je n’avouerai jamais que je le cherche parfois très longtemps simplement pour passer négligemment à côté de lui et qu’il me provoque en duel. C’est notre façon de fonctionner.
*
Je repars en mission demain, je n’ai pas eu l’occasion de voir Hanako et ça m’embête. J’aurais aimé la revoir avant de partir. Elle est remise sur pied et rentrée chez elle depuis deux jours. Je ne peux même plus utiliser le prétexte d’aller la voir à l’hôpital.
Je suis actuellement au restaurant avec quelques jonin.
Je regarde par la fenêtre, pensif. Ces derniers jours, mes souvenirs s’estompent. Je ne sens plus sur ma joue le toucher de ses doigts, je ne sens plus sa main qui effleure la mienne ni les sensations que provoquent la proximité de son visage. Je ne sais déjà plus ce que cela fait de rougir, de simplement arriver à être proche physiquement de quelqu’un sans que ça ne me dérange. Je ne comprends pas pourquoi cela me hante, je ne lis même plus les livres de maitre Jiraya, je n’en ai plus envie. J’ai commencé à la place un livre sur le taijutsu recommandé par Gaï mais je suis si souvent perdu dans mes pensées que je peine à lire plus d’une page par jour.
En rentrant chez moi dans la nuit, je ne résiste pas à l’envie de faire un petit détour chez elle juste pour la voir avant de partir. Pour accéder à sa maison, il faut monter un escalier qui donne sur une petite terrasse en bois privative où se situe sa porte d’entrée. C’est le seul accès pour aller chez elle, qu’elle n’est donc pas ma surprise lorsque je vois un homme monter l’escalier. Je me glisse dans le cerisier sur le bord de sa terrasse.
J’observe le nouveau venu, il s’agit de Shin, il fait partie des bons jonin de Konoha et part en mission avec moi demain. Je l’observe toquer chez elle et je sens un goût amer se répandre dans ma bouche. Elle lui ouvre évidemment : il est plus facile de la voir quand on toque à sa porte plutôt que lorsqu’on attend, planqué dans un arbre.
Je sens de la confusion en elle, visiblement elle ne s’attendait pas à cette visite et vu l’heure tardive, elle peut être étonnée ! Elle lui propose d’entrer et ferme la porte derrière lui. Non ! J’ai déjà sauté sur sa terrasse et je me glisse jusqu’à la fenêtre. Il s’enquiert de son état et elle lui assure qu’elle est totalement remise.
Si j’avais été à l’intérieur avec elle j’aurais déjà soulevé cet imbécile par la peau du cou pour lui demander ce qu’il fiche là à cette heure-ci. Je bouillonne. Je me demande encore une fois ce que je fais là, à l’espionner par sa fenêtre alors que lui a au moins eu l’obligeance de taper à sa porte. Bon sang, si j’avais été à l’intérieur et que j’avais trouvé un ninja en train de l’espionner à sa fenêtre, alors là je lui aurais carrément fait la peau, il faut vraiment que je me remette en question.
Il lui annonce alors sa participation à la mission de demain et qu’il était venu la voir pour lui dire au revoir. Je me laisse glisser le long de son mur me trouvant complétement pathétique. J’étais à deux doigts de sauter sur un mec qui a simplement trouvé le courage de faire ce que j’aurais dû faire. Et si j’avais eu ce courage, il nous aurait trouvé ensemble chez elle et je n’aurais plus eu qu’à lui lancer mon regard le plus noir pour qu’il s’en aille et ne revienne plus.
Je capte alors la réponse d’Hanako lui annonçant qu’elle participe également à la mission de demain. Comment ça… elle n’est pas censée participer, elle n’est même pas censée sortir de Konoha. C’est beaucoup trop dangereux pour elle, comment Minato a-t-il pu la laisser participer à la mission, il s’est bien gardé de me le dire en plus. Je me relève et fais les cents pas sur la terrasse pour réfléchir. Ça n’a pas de sens, si les ninjas des ronces les suivent et aperçoivent Hanako dans le convoi ils attaqueront immédiatement, ça ne peut pas être le plan de Minato, il ne ferait jamais une chose pareille…
La porte s’ouvre et Shin en sort en riant, bienheureux. C’est alors qu’il m’aperçoit, silencieux et presque invisible, dans l’ombre. Il sursaute, fait un énorme écart et je sens qu’il est à deux doigts de sortir une arme au moment où il me reconnait et respire, soulagé. Je le dévisage avec dédain, j’aurais déjà eu le temps de le tuer trois fois. Et ça se prend pour l’élite de Konoha.
- Tu m’as fait peur, dit-il mal à l’aise.
Je ne réponds même pas, attendant simplement qu’il s’éloigne, quand Hanako passe la tête par la porte pour voir la cause de tout ce raffut.
- Kakashi ! s’exclame-t-elle avec un sourire rayonnant quand elle m’aperçoit.
Je m’avance vers elle en lançant un dernier regard noir à Shin qui comprend le message et s’échappe dans la nuit. Elle n’a pas souri de cette façon quand elle était avec lui ce qui gonfle ma poitrine d’une sensation chaleureuse malgré mes envies de meurtre.
- Qu’est-ce que tu fais là ? me demande-t-elle tout sourire.
- Je venais te dire au revoir, mais visiblement je n’étais pas le seul sur la liste des ninjas devant passer te voir ce soir. On en attend encore d’autres peut-être ?
Je fais mine d’observer les alentours. Elle fronce les sourcils et son sourire s’évanouit en entendant le ton froid de ma voix. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris de lui dire ça et en plus sur ce ton accusateur. Elle me rejoint sur la terrasse et croise les bras. Elle est beaucoup plus fermée qu’à l’ordinaire, je n’aurais pas dû lui parler comme ça mais je ne peux pas m’en empêcher, je sens que je ferais mieux de m’en aller tout de suite, mais non seulement je ne pense qu’à Shin bien installé chez elle mais en plus au fait qu’elle participe à la mission.
- Non, nous n’attendons personne, même si je dois dire que tu n’étais pas particulièrement attendu toi non plus, répond-t-elle froidement.
Aïe. Je l’ai mérité et pourtant je ne peux pas m’empêcher de continuer.
- Alors, il vient souvent te voir Shin ?
- Plus souvent que toi en tout cas, répond-t-elle d’un ton accusateur.
Elle a du répondant. Plus que moi. Je ne sais déjà plus quoi lui dire, ce n’est pas dans mes compétences ce genre de conversation. Pourquoi avons-nous cette conversation ridicule de toute façon. Je passe la main dans mes cheveux, de frustration, ce qui ne m’arrive absolument jamais, je ne trahis d’ordinaire jamais rien. Je ne sais pas quoi lui dire je ne sais même pas à propos de quoi on se dispute dans le fond, alors j’en viens au fait :
- Tu ne dois pas participer à la mission de demain, c’est beaucoup trop dangereux pour toi.
Elle affiche un air choqué :
- Parce que tu nous écoutais en plus ?!
- Ce n’est pas la question.
- Bien sûr que si que ça l’est ! s’exclame-t-elle.
Je ne réponds rien et la regarde simplement d’un air agacé. Elle plisse les yeux, bras serrés sur sa poitrine me regardant furieusement. Même comme ça elle est ravissante. Je ne peux pas la perdre, c’est impossible et je prends peur.
- Tu ne peux pas participer à cette mission ! tonne-je plus fort qu’à mon habitude.
- Bien sûr que si ! Je suis une ninja de Konoha tout autant que toi, dans les services secrets de l’Hokage tout autant que toi, et je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas y aller, chuchote-t-elle rageusement pour ne pas se faire entendre aux alentours.
- C’est beaucoup trop dangereux, ils n’attendent que ça, un faux pas de notre part pour te capturer et te servir de toi contre nous. Tu n’iras pas un point c’est tout.
Elle saute en avant un doigt menaçant dans ma direction, me faisant reculer d’un pas plus à cause de sa proximité soudaine que par peur et elle s’exclame :
- Tu sais quoi Kakashi, ça tombe très bien parce que ce n’est pas à toi de prendre cette décision !
Sur ce, elle tourne les talons et me claque violemment la porte au nez.
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Chapitre un peu plus long, j'espère que ça ne vous dérange pas! N'hésitez pas à me dire ce que vous préférez ! J'ai décidé ici de grouper deux chapitres pour faire avancer l'histoire.
N'hésitez pas à me laisser un petit commentaire, ça me comblerait de bonheur !