L'histoire d'amour de Kakashi Hatake
Je rentre par la fenêtre par laquelle je suis sorti et pénètre dans notre aile, je suis revenu à moi mais je bouillonne d’inquiétude et de colère. Je fonce sur notre Hokage dès que je l’aperçois et il me suit docilement dans la deuxième pièce vide, avec Nanba son autre bras droit, le ninja qui prend sa place d’Hokage lors des discussions.
Je leur rapporte avec tension ce que j’ai entendu, passant sous silence ma petite virée pour les tuer et insistant sur la sécurité d’Hanako.
- Nous sommes au courant Kakashi.
- Au courant ? grince-je entres mes dents.
- Oui au courant, répond sa petite voix derrière moi en entrant dans la salle.
Elle vient se planter devant moi, entre Minato et Nanba avec un petit air de défi que je ne lui connaissais pas. Je me rends compte que tout mon corps s’apaise depuis qu’elle est entrée dans la pièce. Son petit air de défi me ferait presque sourire mais l’heure est bien trop grave. Nanba prend la parole :
- Ils ont exigé immédiatement que nous retirions nos masques lorsque nous sommes entrés. Ce sont de vrais amateurs, ils ne connaissaient même pas le visage de l’Hokage, pour l’instant ils sont toujours persuadés que c’est moi et c’est très bien comme ça. Malheureusement, Hanako a dû retirer son masque elle aussi.
- J’ai hésité, à refermer mon œil avant de retirer mon masque, mais votre survie à tous en dépendait, j’avais besoin de savoir ce qu’ils pensaient, dit-elle.
- Ils ont ouvert des yeux lorsqu’ils l’ont vu… commente Nanba.
- Dès que l’un d’eux a vu mon front, il ne pouvait plus penser à rien d’autre, son esprit était si excité et bruyant que je n’arrivais plus à me concentrer sur leur Kage. Il n’a pas saisi exactement la nature de mes capacités mais il a deviné les grandes lignes, ses hypothèses sont extrêmement proches de la réalité. Par la pensée, maitre Minato m’a demandé de refermer mon œil après m’être assuré que nous ne risquions rien. Dès que je l’ai fermé, il s’est calmé. J’ai fini par remettre mon masque pour pouvoir l’utiliser dès que bon me semblait sans attirer l’attention. Ils n’ont pas émis d’objections.
Je fronce les sourcils :
- Akuma…Il s’appelle Akuma. Je crois que c’est lui qui tire les ficelles, je pense qu’il va manipuler son ami. Essaie de capter ce que tu pourras à ce sujet, lui dis-je.
- C’est aujourd’hui que les enjeux vont apparaître, et plus tu utiliseras ton Kigan plus tu seras épuisée Hanako, dit Minato.
- Kigan ? demande-je en haussant un sourcil légèrement moqueur.
- Il fallait bien lui donner un nom … répond-t-elle en souriant.
Je redeviens sérieux tout à coup :
- Epuisée comment ?
- Son œil n’est pas fait pour être utilisé dans la longueur, il demande une quantité astronomique de chakra…
- Je dois venir dans la salle avec vous, dis-je gravement.
- Tu ne peux pas, me reprend Minato, non seulement ta présence serait refusée mais en plus ils penseraient forcément à un coup monté de notre part.
- Mais senseï son kigan est sans doute l’une des armes les plus puissantes de Konoha, vous m’avez emmené sur cette mission pour veiller à la sécurité des ninjas présent et je ne peux pas remplir ma mission.
- Je sais Kakashi, et c’était toi qui devais venir veiller sur notre sécurité dans la salle, mais ça n’a pas pu être le cas et ça ne le peut pas plus maintenant. Je ne peux pas te laisser ma place, tranche Minato.
Je reconnais cette voix, c’est la voix du Hokage, celle qu’on ne discute pas. Je sors de la pièce impuissant et part me planter devant la fenêtre de ma petite pièce isolée. Je déteste ne pas avoir le contrôle sur les situations. Je repense à Obito et à son sacrifice. J’aurais aimé être celui qui le sauvait et non celui qu’il sauvait, Rin serait peut-être encore en vie si c’était moi qui étais mort sous ces roches.
Je l’entends entrer derrière moi et elle caresse si subtilement mon dos que je me demande si j’invente son geste. Je tourne la tête vers elle et aperçois son bras retomber le long de son corps, je n’ai donc pas rêvé.
- Nous partons dans cinq minutes je voulais te prévenir.
Je ne réponds pas. Elle fait volte-face pour sortir et je saisis sa main rapidement pour la retenir avant de la lâcher comme si elle m’avait brûlé. Elle est plus douée que moi pour le contact physique. Mon geste aura tout de même réussi à la retenir, et elle me couve à présent de ses beaux yeux bienveillants, arrêtant mon cœur.
- Oui ? demande-t-elle gentiment.
Comment peut-elle supporter ma bizarrerie, c’est au moins la deuxième fois que je retire brusquement ma main de la sienne. Je donne sans cesse l’impression que son contact m’insupporte alors que c’est tout le contraire. J’ai même déjà insisté devant Sakura qu’Hanako n’était qu’une « mission ». Je ne comprends même pas pourquoi elle m’adresse encore la parole.
- Je crains qu’il ne t’arrive quelque chose, parvins-je quand même à avouer.
- Mais non, tu veilles sur moi si j’ai bien compris, répond-elle.
- Je ne peux pas veiller sur toi dans cette salle. Tu le sais.
- Tu crains qu’on me retienne dans cette salle si j’ai bien compris ?
- Ou pire.
- Donc tu proposes de toi-même de me retenir ici ? demande-t-elle malicieusement.
- Oui, dis-je sans comprendre.
- Je vais te montrer que tu n’as rien à craindre, et qu’en cas de problème tu seras là pour nous bien avant qu’il ne nous arrive quelque chose. N’aie pas peur je ne te ferai pas de mal.
J’ai presque un petit rire à sa dernière phrase mais elle se met soudain à bouger ses mains à toute vitesse en réalisant ses mudra et avant que je n’aie compris quoi que ce soit, elle ferme les yeux et son front laisse apparaitre un œil rose à l’iris vif et brillant littéralement. En une fraction de seconde, elle a ouvert son kigan et chuchoté « confusion ».
C’est la dernière chose dont je me souviens avant que la pire des sensations que je n’aie jamais connue ne m’envahisse, je ne suis plus capable de voir, ni d’entendre, ni de sentir quoi que ce soit. Je suis comme dans un brouillard blanc opaque et je n’arrive même plus à penser correctement, j’ai l’impression que je vais m’écrouler au sol à tout instant tant je suis pris de vertiges.
Je sens simplement un chaste et doux contact sur ma joue, ses lèvres ? Je dois rêver. Puis je tombe à genoux, impuissant. Mon œil cligne et je sens enfin le brouillard me quitter peu à peu, le tout n’a duré qu’une quinzaine de secondes et j’ai pourtant l’impression que cela a duré une heure. Je n’avais jamais perdu le contrôle de mon corps à ce point. Moi, le fameux ninja copieur, je me retrouve à quatre pattes dans la confusion la plus totale et j’arbore le plus grand des sourires. Effectivement, elle m’a rassuré. Cette fille ne cessera donc jamais de me surprendre.
*
J’ai passé ma journée à attendre devant les portes de la salle de négociation. Ça fait des heures qu’ils sont là-dedans, Hanako doit être épuisée. Lorsque les portes s’ouvrent, je sens une tension entre eux qui n’était pas là la veille. Hanako tient à peine sur ses jambes, je le vois bien. Les ninjas des ronces ont l’air contrarié lorsqu’ils referment les portes.
Nanba passe le bras d’Hanako autour de ses épaules et elle s’appuie de tout son poids sur lui. Une violente sensation que je n’apprécie pas du tout me parcourt et je fonce lui prendre l’autre bras, pour être honnête, j’arrache quasiment Hanako des bras de Nanba pour la porter tout seul. Il croise mon regard furibond et se retire sans insister. Je ne sais pas exactement pourquoi j’ai réagi ainsi, mais je suis content du résultat puisque je la porte délicatement en bas.
Toute notre équipe se place au sol, pour écouter attentivement le rapport de Minato sur cette deuxième journée de négociation. Hanako a du mal à rester éveillée, elle est à bout de force et n’ouvre même plus les yeux. Elle a vraiment besoin de dormir et vite.
Je m’appuie sur le mur du fond, une jambe étendue et l’autre relevée, et la place entre mes jambes le long de mon torse. Sa tête s’appuie juste au creux de ma gorge et je suis traversé de courants électriques, je suis heureux comme rarement je l’ai été mais je ne sais pas quoi faire de mes bras. Je n’ose pas les mettre autour d’elle, je remarque déjà les regards curieux de quelques-uns de mes collègues à qui je retourne un œil noir et mauvais, les faisant vite détourner les yeux.
- Kakashi ? murmure-t-elle les yeux toujours fermés.
- Oui c’est moi, dis-je doucement.
Elle se relâche totalement et saisit mes bras qu’elle presse contre elle. Je suis si troublé que je n’arrive pas à écouter correctement ce que raconte Minato, mais j’entends pour l’instant qu’il leur donne les informations que j’ai reçues ce matin alors je m’autorise à prendre le temps de savourer ce moment jusqu’au plus profond de mon être.
Je sens en moi une chaleur douce et lumineuse se répandre, c’est comme si son contact me guérissait au plus profond de mon être. Je regarde mes grands bras serrés dans les siens. Je crois bien qu’elle dort déjà vu son souffle. Je m’autorise à poser ma joue contre elle quelques secondes. Je ne me suis jamais senti aussi bien.
J’inspire une dernière fois l’air du paradis, puis je me reconcentre.
Minato nous apprend que la journée a été radicalement différente de la veille, l’ambiance s’est extrêmement tendue à plusieurs moments et l’affrontement commence à devenir inévitable. Ils ont apparemment passé la journée à changer d’avis à notre sujet, entre l’espoir de nous voir ployer le genoux et la lucidité de réaliser que ça n’arrivera pas. Leur plan initial était effectivement par cette rencontre de sortir tous les ninjas les plus compétents de Konoha ainsi que l’Hokage, et de nous éliminer tous d’un coup si ça se passait mal, avant d’attaquer le village.
Quelle idiotie. Je pense à tous les ninjas extraordinaires à Konoha, dont Naruto, Sasuke et Sakura, je ne doute pas qu’ils gagneraient haut la main.
- L’enjeu est de partir d’ici sans perte. Je ne pense pas qu’ils oseront s’attaquer au village, nous leur avons sous-entendus le nombre de ninjas y restant quand ils ont pensé à nous attaquer. Il semblerait que ça les ait bien refroidis. Ils pensent que je prends la nuit pour discuter avec vous tous de leur céder une grande partie de notre territoire. Nous allons tenter la diplomatie demain matin mais il faudra être prêt à l’affrontement.
Les ninjas de la salle se dispersent en pestant et je reste immobile, laissant Hanako se reposer contre moi. Minato s’approche :
- Kakashi, j’ai un mauvais présentiment la concernant. Apparemment, plus la journée passait et plus le fameux Akuma changeait ses plans. Si leur Kage gardait la ligne directrice du gain de territoire, Hanako m’a confié discrètement lors de l’une de nos concertations qu’Akuma envisageait le coup d’état contre son ami. Il pense qu’Hanako est la clé pour pouvoir conquérir les territoires grâce à ses capacités. Il n’a pas tort quelque part. Je veux que tu veilles à sa sécurité à partir de maintenant. Uniquement la sienne. Dans l’intérêt de Konoha Kakashi, ton unique mission est désormais de la ramener en vie coûte que coûte au village. Même s’il faut nous abandonner au combat.
- Senseï…Vous savez que ça m’est impossible, je ne peux pas abandonner un équipier. Je ne peux pas vous abandonner.
- Je ne te demande pas de m’abandonner moi Kakashi, je te demande de ne pas l’abandonner elle. Et ça je crois que tu le feras.
- Je…
- Et puis franchement Kakashi, tu penses que je ne suis pas meilleur au combat qu’Hanako ? Je suis quand même Hokage ! ajoute-t-il en riant.