La face cachée de la Lune

Chapitre 2 : Ces esprits enfantins (pas si innocents)

6581 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 13/12/2023 20:51




Avertissement: peut paraître « out of character » pour Mélinda Gordon, alors que ce n'est que la conséquence logique et cynique de son prénom.




Arachova, 1er décembre 2000.


Première journée des Bacchanales pour les initiés. Tous se sont rendus, comme convenu, dans la ville souterraine, accessible au moyen d'un passage secret dans l'arrière-boutique de Mélinda Gordon. Ce passage est recouvert de planches de bois. Certains se sont déjà rendus la veille, afin de ne pas éveiller la méfiance des non-initiés.

De sorte que Paul Hermanovitch Eastman, Jim Clancy, Daniel Clancy, Samantha Blair-Clancy et Carl Neely jouent aux cartes. Ils trouvent ennuyant de faire des patrouilles alors qu'il y a presque personne dans la ville. Il n'y a que les Centaures, les personnes âgées et les enfants. « On dirait une ville fantôme », plaisante Paul. « C'est néanmoins bizarre que c'est toujours la même chose qui arrive à chaque quatre mois... Je me demande bien si ce n'est pas un dieu qui les transporte Dieu-sait à quel endroit... » Ses amis de jeu hochent discrètement de la tête pour signifier qu'ils partagent son avis.



Svetlana Pavlovna Eastman-Clancy est au marché de la ville. Elle fait ses commissions, en laissant ses deux fils sous la garde bienveillante d'Hébé. Par ailleurs, la Déesse, depuis l'accouchement de la jeune Russe, a béni le couple pour que Svetlana et Jim conservent la fraîcheur de leur jeunesse pour les prochaines années. Voilà comment ils auront l'impression d'être bien conservés même cinq ans plus tard ! Héraclès, lui, les a béni afin qu'ils conservent leurs forces physique, psychique et sexuelle.


Tout à coup, devant Svetlana, un esprit errant se manifeste : un homme vers la cinquantaine vêtu d'un complet beige avec une chemise blanche et des souliers bruns. Des lunettes rondes en or accentuent avec élégance ses yeux bleus. Il la salue respectueusement en russe et se présente : Hermann Eastman.

Étonnée, la passeuse d'âmes demande dans la même langue : – Grand-père, pourquoi n'es-tu pas parti dans la Lumière ?

L'esprit errant la regarde, les yeux brillants d'une lueur bienveillante : – Je voudrais que tu récupères une montre, qui est un cadeau de Belobog, mon protecteur. Elle pourrait être utile à ton mari...

Et l'esprit disparaît de sa vue. Perplexe, Svetlana fronce des sourcils et continue ses commissions. Elle remarque à sa droite un jeune homme vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon beige. Ses yeux bleus sont tellement doux et rassurants. La passeuse d'âmes pense : « Ça doit être un dieu païen ou un démon... Que Dieu m'éclaire ! » Elle se signe. Le jeune homme sourit. Il dit en russe : – Madame Eastman-Clancy, je suis Belobog. Votre grand-père est sérieux. Je lui avais fait cadeau d'une montre blanche infaillible, meilleure qu'une montre suisse... Cette montre, elle est spéciale, car elle a un bouton spécial pour m'appeler. Je ne voudrais pas qu'elle tombe entre les mains de gens malintentionnés...

Svetlana : – Je comprends votre point de vue, mais où puis-je la trouver ?

– Dans la Sainte Russie !

Et Belobog disparaît de sa vue dans un flot de lumière blanche. La mortelle est encore plus perplexe. Elle revient chez elle, où elle salue Hébé qui joue avec ses fils. La déesse la salue puis elle disparaît de sa vue.


Hermann apparaît dans le cadre de la porte et regarde les bébés s'amuser. Il commente : « Comme ils sont mignons... Des vrais anges ! Que Dieu les protège ! »

Il les regarde pendant quelques minutes puis disparaît de la vue de Svetlana. Cette dernière décide de téléphoner à ses parents pour avoir plus de détails au sujet de son grand-père paternel, mais Belobog apparaît devant elle, encore sous les traits d'un jeune homme vêtu en blanc. Svetlana suspend son geste. Le dieu, par un claquement de doigt, la transporte dans une isba bien entretenue. La passeuse d'âmes regarde autour d'elle. Elle remarque qu'elle se trouve dans le salon, étant donné la table basse ornée d'icônes. Elle s'incline avec respect devant les saintes images et regarde les lieux. Elle trouve une montre blanche sur un meuble, qui trône là, comme si elle attendait que quelqu'un la porte. Svetlana la prend; Hermann Eastman apparaît devant elle, sourire aux lèvres. Il dit en allemand puis en russe : « Merci beaucoup ! » Sa petite-fille lui sourit pour toute réponse. Et les deux commencent à chantonner en russe « O claire et lumineuse terre russe, ornée de tant de rivières et de tant d'espèces d'oiseaux, d'animaux et de toutes sortes de créatures que Dieu créa pour réjouir l'homme, pour charmer et nourrir la nature humaine en ses nombreuses nécessités ; après quoi il lui fit présent de la foi vraie, et du saint baptême, et il la remplit de grandes villes, d'églises et de livres pleins d'amour de Dieu, lui montrant ainsi la voie du salut... » *


Après quelques minutes de silence, le visage de l'esprit errant s'illumine et commente : « Comme le disait notre poète Tioutchev « on ne peut comprendre la Russie avec l'esprit, ni la mesurer au mètre commun, elle a une stature particulière ». Je pense bien qu'il avait raison... mais revenons à la montre de Belobog... »

À ce moment-là, le dieu slave apparaît et transporte Hermann Eastman et Svetlana Pavlovna Eastman-Clancy à Arachova. L'esprit dit simplement : « Sveta, tu sais ce qui te restes à faire... »

La passeuse d'âmes hoche de la tête. Lorsque Jim revient du travail, elle l'embrasse chastement sur les joues. Et elle lui explique que son grand-père paternel, Hermann, veut qu'il porte la montre de Belobog. L'ambulancier accepte avec joie le cadeau. L'esprit errant dit : « Merci Sveta ! Moi, je pars dans la Lumière ! » Le visage illuminé d'une joie surnaturelle par la vision de la Lumière, Hermann marmonne une courte prière et disparaît dans la Lumière. Svetlana, elle, pleure de joie. Elle se colle à son mari en pensant : « Mission accomplie ! Un esprit errant de moins ! » La passeuse d'âmes sèche rapidement ses larmes et le couple récite la prière familiale. Puis les deux jeunes gens s'affairent dans la cuisine pour le souper. Le soir est tranquille pour tout le monde. Personne ne doute des activités souterraines des autres habitants. Seul Carl Neely est alors obligé de dormir seul, en se demandant bien où est sa chère épouse, sa Jade bien-aimée.




2 décembre 2000.


Jim Clancy a congé. La petite famille profite de la journée ensoleillée pour une promenade. Paul Hermanovitch Eastman est a son bureau, où il joue aux cartes avec Samantha Blair-Clancy, Daniel Clancy et Carl Neely. Tout à coup, à sa droite, une âme se manifeste. Une femme vers la fin cinquantaine, vêtue d'une robe bleu clair, avec un fichu un peu plus foncé sur la tête. Le policier passeur d'âmes s'exclame : « Mère ! Pourquoi restes-tu encore parmi les vivants ? Je pensais que tu étais depuis longtemps partie dans la Lumière... »

Katarina Schmökel-Eastman sourit à son fils et réplique d'une voix douce : – Paul, ne t'inquiètes pas pour moi... Je partirai dans la Lumière dès que tu trouveras ma bague...

Paul complète sa phrase : – Tu veux dire celle dont père t'a fait cadeau pour commémorer votre trentième année de mariage ?

Émue, Katarina dit : – Exactement...

Paul marmonne à lui-même : « Autrement dit, un voyage ! À moins qu'un dieu ou un ange aura la gentillesse de m'aider... »

À ce moment-là, une déesse apparaît sous les traits d'une femme d'âge mûr aux cheveux châtains tressés, vêtue d'une longue robe blanche jusqu'aux chevilles et dont la tête est ornée d'une couronne de roses. D'une voix chantante, elle se présente : Lada, la déesse slave du mariage, de la famille, des naissances et de la terre. Mère et fils s'inclinent avec respect; les autres mortels présents dans la pièce sont un peu gênés de cette présence, mais ils demeurent silencieux. Lada ajoute aussitôt : « Madame Katarina Schmökel-Eastman, ne vous inquiétez pas au sujet de votre bague... » Elle dépose devant le policier étonné une bague en or sertie d'un diamant. « La voilà ! » L'esprit errant la remercie et Lada disparaît de leur vue sous l'aspect d'une colombe. Il n'y a pas que Paul Hermanovitch Eastman qui est étonné, mais aussi les autres vivants réunis autour de la table. Ceux-ci comprennent qu'il est peut-être question de la requête d'un esprit et de l'intervention d'une déesse bienveillante à l'égard de leur collègue et ami... Sauf qu'ils ne questionnent point le policier; ce ne sont pas de leurs affaires. Ils attendent seulement avec impatience quand Paul continuera avec eux le jeu de cartes. Daniel Clancy regarde sa montre et serre de sa main droite la main gauche de sa femme ; Samantha Blair-Clancy câline la main droite de son époux et regarde ses ongles ; Carl Neely s'est levé pour aller à son bureau boire un petit verre d'ouzo (car il garde une bouteille dans l'un des tiroirs de son bureau) puis il rejoint ses amis.


Katarina Schmökel-Eastman, contente, embrasse maternellement son fils, puis elle dit en allemand : « Paul, tu n'oublieras pas de la porter! »

L'interpellé répond dans la même langue : « Ne t'inquiète pas... » Le policier prend la bague et la met aussitôt sur son majeur gauche. Il ajoute : Maintenant que tu sais que ta bague est sur mon doigt, auras-tu la gentillesse de partir dans la Lumière ? » Katarina Schmökel-Eastman hoche de la tête. Elle s'éloigne un peu de Paul, comme si elle regarde une lumière qu'elle seule voit. Le passeur d'âmes suit du regard ses mouvements. Puis l'âme part dans la Lumière. Paul s'excuse auprès de ses collègues. Carl Neely le taquine gentiment : « Alors, le fils de sa mère, on continue notre partie ? » Paul se renfrogne et marmonne un «  Oui ! ». Et ils continuent leur jeu de cartes. Après leur quart de travail, chacun revient chez soi, Samantha Blair-Clancy et Daniel Clancy main dans la main. Paul embrasse chastement sa Lidia et ils font leur prière commune. Carl Neely, lui, salue Hébé et Héraclès, qui surveillaient ses deux enfants, Denis (quatre ans) et Danielle (trois ans), pendant qu'il était au travail.





Station de police d'Arachova, 30 décembre 2000, 13h.


Samantha Blair-Clancy se rend à son bureau. Chemin faisant, elle salue des collègues qu'elle rencontre. La policière est très féminine, malgré qu'elle satisfait toutes les conditions à son métier, c'est pourquoi son collègue Carl Neely essaie depuis quelques mois de lui faire la cour. Sauf qu'elle le refuse. Elle lui a fait comprendre qu'il est mieux pour lui de se tenir loin d'elle, s'il ne veut pas savoir à quel point elle maîtrise les techniques policières. Le prétendant, depuis, se tient tranquille, surtout quand elle le maîtrise, les mains derrière le dos et qu'elle le menace de sa matraque... Sans oublier qu'elle dit qu'à la prochaine tentative, il aura le droit à une visite de son mari... Carl Neely prend très au sérieux la menace.

Dans son bureau, Samantha Blair-Clancy s'affaire à régler des plaintes locales de certains habitants. Un classique dans sa routine de policière. Tout à coup, des feuilles se déplacent sur son bureau. Étonnée, Samantha les remet en ordre. L'entité invisible les déplace à nouveau. Intriguée, elle lit attentivement le message formé avec certains mots qui lui sautent aux yeux, comme s'ils sont en gras : « Samantha... Peux-tu retrouver le Livre de Rosmerta ? » Notre policière pense, perplexe : « Le Livre de Rosmerta... Je ne pensais pas qu'il existe vraiment... Ça doit être une légende familiale... Sans doute un livre de recettes de ma grand-mère paternelle, Ève... »

Samantha sort de son bureau pour se rendre devant le bureau de son collègue Paul Hermanovitch Eastman. Celui-ci lui ouvre la porte. Intrigué de sa visite, il l'écoute avec sérieux. Et tous les deux se rendent dans le bureau de la policière, où le passeur d'âmes remarque aussitôt un esprit errant près de la table. L'esprit est d'une femme vers la soixantaine, vêtue d'une jupe bleu marine et d'une chemise blanche, ses cheveux sont cachés par un fichu bleu clair. Paul dit à sa collègue: « Samantha, je peux confirmer tes doutes: un esprit est présent dans ton bureau près de la table... »

En s'adressant à l'âme errante : – Madame, qui êtes-vous et que voulez-vous dire à Samantha ?

L'esprit errant répond : – Je suis Ève Sauvé-Blair, sa grand-mère. Et je veux qu'elle retrouve le Livre de Rosmerta, ma protectrice.

Paul Hermanovitch Eastman à sa collègue : – Samantha, il semblerait que ta grand-mère, Ève Sauvé-Blair, veut que tu retrouves le Livre de Rosmerta, sa protectrice.

L'interpellée, d'un ton étonnée, marmonne : – J'ai en effet entendu parler de ce livre...

Continuant son monologue d'une voix neutre, Samantha dit : – Pour information, ma grand-mère paternelle était la protégée de Rosmerta, la déesse gauloise de la fertilité, de l'abondance et de la prévoyance. J'ai entendu de mon père que la déesse a fait cadeau à ma grand-mère Ève d'un livre de recettes lorsqu'elle s'est mariée à mon grand-père, Jack Blair, en 1943...

L'esprit errant confirme les propos de sa petite-fille d'un mouvement de sa tête. Il ajoute d'un air inquiet : « Je ne sais pas lequel de mes enfants a hérité de ce livre... Je voudrais simplement m'assurer qu'il ne soit pas vendu dans une librairie quelconque... »

Paul Hermanovitch Eastman commente à Samantha : – Ta grand-mère s'inquiète que son livre soit vendu... Mais, Madame, ne vous inquiétez pas, il y a toujours un moyen...

Le policier passeur d'âmes est interrompu par l'arrivée d'une déesse. Rosmerta apparaît devant eux, près de la porte, sous l'apparence d'une jeune femme au regard pétillant, vêtue d'une robe verte. Ses cheveux bruns clairs tombent avec élégance sur ses épaules. La déesse se présente aux mortels; l'esprit errant la salue avec respect. Puis Rosmerta ajoute aussitôt : « Ma protégée, je vous trouve comique avec votre inquiétude... Pourquoi s'inquiéter pour un rien, alors que c'était moi qui gardais pendant tout ce temps votre livre... » Elle fait apparaître entre ses mains un livre avec une couverture en cuir usée, qui redevient neuf en l'espace de quelques secondes. Les deux policiers sont étonnés du spectacle qui s'offre à leurs yeux.

Ève Sauvé-Blair, les yeux écarquillés d'étonnement, s'exclame : – Quoi !?

La déesse sourit avec bienveillance. Elle dit d'une voix douce : – Et bien, ce livre, dont j'en ai fait cadeau à Madame Ève Sauvé-Blair, appartiendra à Madame Samantha Blair-Clancy.

Et Rosmerta bénit le livre et le remet à la policière, qui s'est vite assurée de la réalité du livre. Elle le tient entre ses mains. L'esprit errant, content, dit : – Je vois une lumière... C'est tellement joyeux... D'ailleurs, mon Jack m'attend... J'arrive !

Et Ève Sauvé-Blair part dans la Lumière. Paul en informe sa collègue.

La déesse dit à sa nouvelle protégée : « Que ce livre vous permettra d'être une meilleure épouse ! » Et Rosmerta sort du bureau.

Paul Eastman sourit paternellement à sa collègue et sort à son tour du bureau. Samantha Blair, contente d'avoir un livre de recettes de plus, le range dans son sac. Elle ramène le livre chez elle après la fin de son quart de travail. Samantha rapporte l'événement de la journée à son époux, qui l'enlace pour toute réponse. D'ailleurs, la policière décide de suivre une recette de ce livre de cuisine. Ainsi, avec le temps, elle augmente ses connaissances culinaires.





Arachova, maison de Jim Clancy et de Svetlana Pavlovna Eastman-Clancy, 8 janvier 2001.


C'est le lendemain de Noël. Radoslav et Branimir Clancy, âgés presque d'un an, jouent au salon, sous la supervision de leur mère. Tout à coup, un esprit errant se manifeste devant Svetlana. Un homme âgé vers la soixantaine, vêtu sobrement d'un complet marron et d'une chemise blanche. Ses cheveux gris argentés sont coupés courts. Sur son nez, des lunettes marron rehaussent ses yeux bleus. L'esprit la salue en russe; la jeune passeuse d'âmes le salue à son tour. Il se présente: Илья Сергеевич Кленси (Ilia Sergueïevitch Klensi), le grand-père de Jim. Il voudrait simplement qu'il retrouve la bague qui porte le sceau de la famille, car elle est prophylactique. À peine l'esprit errant à terminer d'exposer sa requête à Svetlana Pavlovna Eastman-Clancy qu'un jeune homme apparaît à la droite d'Ilia. Ce jeune homme descend du cygne qu'il chevauche. Par l'éclat de ses yeux bleus et la lumière qui entoure sa tête, la passeuse d'âmes devine immédiatement qu'elle se trouve en présence d'un dieu. Ce jeune homme se présente : Barma, le dieu slave des prières. Il ajoute que cette bague avait été un cadeau de sa part à un lointain ancêtre de cette noble famille, dont le patriotisme était vraiment touchant. Cet objet magique a protégé maints hommes de la famille Klensi lors des Guerres contre Napoléon puis lors des Guerres Mondiales du siècle passé. Ilia a deux fils, Pierre et Mikhaïl, sauf qu'aucun ne s'est montré assez courageux pour la porter. « Par contre, » ajoute Barma, « j'ai trouvé un digne porteur en Jim Clancy, bien qu'il soit le petit-fils benjamin de Mikhaïl (qui est aussi le benjamin de la fratrie)... » Le dieu fait aussitôt apparaître une bague en or, ornée de diamants qui forment l'aigle bicéphale russe tenant dans ses serres une épée et une feuille d'érable. Il la dépose sur la table basse du salon. Puis Barma fait un clin d'œil complice à Ilia Sergueïevitch Klensi et disparaît de leur vue sur son cygne. L'esprit errant avoue à la passeuse d'âmes qu'il a agi ainsi sur le conseil de son dieu protecteur. Svetlana Pavlovna Eastman-Clancy le remercie de son honnêteté et l'esprit, heureux, part dans la Lumière.


Lorsque Jim Clancy revient du travail, Svetlana lui explique la rencontre qu'elle a eu au cours de la journée. L'ambulancier accepte de bon cœur de porter la bague prophylactique de ses ancêtres, tout comme il porte la montre d'Hermann Eastman. Il embrasse sa femme; elle l'embrasse en retour et tous deux s'endorment enlacés.




15 janvier 2001, maison de Carl Neely et de Jade Rochon-Neely, 9h.

Jade regarde leurs enfants jouer au salon. Carl se repose sur un canapé, car il travaille en après-midi. Par ailleurs, il doit encore se reposer de sa consommation d'alcool d'hier, car il s'est permis de prendre un verre de trop, puisqu'il s'est laissé tenter par un verre offert par Joseph Polychronopoúlou – qu'il avait rencontré au cours d'une promenade familiale. Tout à coup, les rideaux du salon s'agitent, comme si une force invisible les agite. Les enfants arrêtent leurs jeux et regardent le mouvement des rideaux. Carl Neely se lève à moitié sur le canapé. Il soupçonne une entité invisible, peut-être un esprit. Il appelle son collègue Paul, qui accourt aussitôt.

Le passeur d'âmes repère immédiatement un esprit errant, celui d'un homme âgé vers la soixantaine, vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon de complet beige. Paul lui demande de décliner son identité et d'expliquer sa raison à rester encore parmi les vivants. L'esprit répond à ses questions: il s'appelle Devin Neely et il veut que Carl détruit la bague maudite de la famille, car elle porte malheur, puisqu'ensorcelée par une méchante fée. Lorsque Paul Hermanovitch Eastman transmet les paroles de l'esprit errant à Carl Neely, ce dernier est complètement dégrisé. Il s'est même levé du canapé sur lequel il est assis. Il précise à son collègue que Devin est son grand-père paternel. Quant à cette histoire de bague ensorcelée, il l'a entendu de son propre père. La légende familiale dit que c'est une bague en or blanc qui rend fou celui qui la porte. C'est par ailleurs pour cette raison de son grand-père n'a pas vécu longtemps. De même pour son arrière-grand-père paternel.

À ce moment-là, un dieu apparaît sous l'apparence d'un jeune homme vêtu d'un chandail jaune et d'un pantalon de même couleur. Ses cheveux brun cendré flottent sur ses épaules. Il se présente: Bélénos, le dieu celte du soleil et de la santé. Et il précise que la bague en question se trouve chez un bijoutier en Angleterre.

« Pour vous épargner un voyage long, la voici ! » Et une bague apparaît entre les mains de Carl Neely, qui la regarde d'un air ahuri. Et le dieu le fixe; le policier se lève du canapé et se rend dans la cuisine, où il saisit son briquet. Ce briquet est un cadeau de Goibniu, le dieu irlandais du feu, depuis ses dix-huit ans. Il peut régler la température du feu, grâce à un thermomètre intégré. Le policier sort dans le jardin et il brûle la bague, qui devient un petit tas d'or fondu. Puis Carl Neely revient au salon. Il s'est décidé de vendre cet or fondu le lendemain chez un bijoutier. Le dieu disparaît de la vue des mortels, en laissant une simple bague en or sur la table au salon avant de partir. L'esprit errant, content de la rapidité avec laquelle la bague maudite a été brûlée, part dans la Lumière. Paul Hermanovitch Eastman en informe son collègue, qui le remercie d'être venu. Carl met sur son majeur gauche la bague laissée par le dieu celte. Et le policier passeur d'âmes revient chez lui, content qu'un esprit errant en moins hante les vivants. Son collègue, lui, enlace tendrement sa femme, assise sur ses genoux.




17 janvier 2001

Gabriel Lawrence travaille comme barman dans un restaurent d'Arachova. Alors qu'il prépare un cocktail pour un client, il remarque à sa droite un peu en retrait, un esprit errant : une femme vers la soixantaine, avec des lunettes ovales sur le nez, un fichu blanc sur la tête et une longue robe verte pomme. Le passeur d'âmes lui demande de décliner son identité. Il apprend qu'elle s'appelle May Gruenwald-Lawrence. « Elle est ma grand-mère paternelle », pense-t-il. Il lui demande alors ce qu'elle veut. L'âme errante veut seulement qu'il récupère la faux de son père, qui se trouve à quelque part au sud de l'Écosse. Gabriel comprend le jeu de mot avec le nom de famille: Gruenwald signifie « vallée verte », pouvant faire référence à des agriculteurs vivant dans une vallée fertile.

Gabriel décide alors le lendemain de prendre le prochain avion pour l'Écosse. L'esprit errant de May Gruenwald-Lawrence le guide jusqu'à la maison où elle vivait de son vivant. Le passeur d'âmes retrouve la faux que l'esprit voulait qu'il prenne. « Elle est inutilisable... Fais quelque chose pour qu'elle puisse être utile... Merci ! ». Gabriel, lui, décide de vendre la faux pour du vieux métal afin qu'elle ne puisse plus être utilisée, étant donné la rouille qui la dévore. Quelques jours plus tard, ce métal fondu sera utilisé pour autre chose. Hermès apparaît alors à côté de Gabriel, le faisant sursauter. Le dieu propose de le ramener rapidement à Arachova; le mortel refuse, car il comprend le sous-entendu... « Merci, mais il n'y a rien qui presse... » Et le dieu, déçu, disparaît comme il est venu. Content, Gabriel Lawrence embarque dans le prochain avion pour Arachova.

Lorsqu'il revient dans sa maison, Gabriel Lawrence salue l'âme errante qui joue le rôle de portier. Une fois à l'intérieur, May Gruenwald-Lawrence apparaît devant lui et lui dit qu'elle partira dans la Lumière, où son mari l'attend.

D'autres âmes proches d'elle s'exclament à l'unisson : « De quelle lumière s'agit-il ? »

Gabriel intervient : – Partez vous aussi si vous le voulez ! Je me trouverais des amis plus fidèles !

Voilà comment sa grand-mère et deux autres âmes de sa demeure sont parties dans la Lumière.

Gabriel salue les autres âmes qui lui tiennent compagnie et il se promène à Arachova dans l'espoir de se trouver d'autres amis immatériels.





Arachova, boutique Antiquités grecques, 30 janvier 2001, 10h.

Mélinda Gordon-Tooch fait l'inventaire dans l'arrière-boutique, en attendant qu'un client entre dans la boutique. Tout à coup, au milieu de son inventaire, un esprit errant se manifeste devant elle. Une femme vers la soixantaine, vêtue d'un sarafane rouge avec un kokochnik en or sur la tête, laissant voir quelques mèches rebelles. La passeuse d'âmes, étonnée : – Grand-mère Krystyna ?

L'esprit hoche de la tête. Elle ajoute : – Mélinda, veux-tu récupérer ma chaise en hêtre dans ma maison à Jastrowie ?

– Qu'a de spécial cette chaise ?

– Tu le sauras bientôt !

Une déesse apparaît, sous l'aspect d'une jeune femme vêtue de noir. Elle se présente : Morena, la déesse slave de l'hiver et du mal. Mélinda sursaute à sa vue. Krystyna recule, effrayée.

Morena lance à l'esprit errant : « Ma chère Krystyna Bukowski-Jastrow, tu oublies que c'est moi qui t'avais offert cette chaise magique... »

L'esprit errant tremble comme une feuille et demeure silencieuse.

La déesse s'adresse à la passeuse d'âmes : « Vous devez savoir que la chaise d'hêtre de votre grand-mère maternelle est une chaise magique qui permet de voler la nuit, au lieu du balai... Vous pouvez l'accepter, si ça vous intéresse... »

La passeuse d'âmes comprend que sa grand-mère était une sorcière de son vivant...

Elle s'éclaircit la voix et dit : – Laissez-moi le temps de réfléchir... »

Et l'esprit errant et la déesse disparaissent comme elles sont venues. Mélinda, elle, est perplexe. Elle hésite : va-t-elle accepter ce cadeau et s'initier à la magie, ou le refuser et encourir la colère de la redoutable Morena ?

La passeuse d'âmes saute d'une pensée à l'autre pendant deux jours. Au bout de deux jours d'hésitation, elle s'est décidée : elle acceptera le cadeau. C'est une évidence, puisque son prénom, Mélinda, dérive du grec melanos, qui signifie sombre ou noir. D'ailleurs, des formes similaires sont les épithètes d'Aphrodite (Mélainis), de Déméter (Melainè) et d'Hécate (Melaina). Une fois le choix annoncé de vive voix devant la déesse et l'âme errante, Morena transporte en un claquement de doigt sa nouvelle protégée jusqu'à la maison de Krystyna Bukowski-Jastrow à Jastrowie, en Pologne. Guidée par sa grand-mère maternelle, la passeuse d'âmes trouve rapidement la chaise en question. Elle s'y assied aussitôt pour pouvoir revenir à Arachova. Une fois revenue dans sa boutique d'antiquités, Mélinda essaie de convaincre l'esprit errant de passer dans la Lumière, sauf qu'il refuse ; la vivante et l'âme savent pourquoi : étant versée dans l'occulte, Krystyna pourra guider sa petite-fille dans cet art... Évidemment, Mélinda n'en souffle pas un mot à son époux, car elle craint néanmoins un divorce s'il venait à apprendre qu'elle s'initie à la magie noire...





5 février 2001, maison de Robert Tooch et de Mélinda Gordon-Tooch, 13h.

L'ambulancier a congé. Le jeune couple a terminé depuis quelques minutes la vaisselle. Chacun d'entre eux est assis sur un canapé au salon, face l'un à l'autre. Robert regarde Mélinda, qui s'occupe à un projet de tricot. Tout à coup, un esprit errant se manifeste à la droite de la passeuse d'âmes, qui lève les yeux de son tricot. Elle détaille l'esprit : un septuagénaire vêtu d'un complet bleu marine avec une chemise blanche. Étant donné ses yeux bleus, les mêmes que ceux de son père, elle comprend immédiatement qu'elle se trouve en la présence de son grand-père paternel, Peter Gordon. Mélinda fait un signe à son époux, qui comprend qu'elle vient de voir une âme errante. Elle dit: – Grand-père Peter, que veux-tu de moi ?

L'esprit, un sourire triste aux lèvres, ce qui contraste bizarrement avec ses yeux froids, dit d'un ton résigné : – Je veux que Thomas vend la forteresse familiale en Écosse.

– Pourquoi ?

– Parce qu'elle est hantée, car de mauvaises choses se sont passées... Des meurtres et des viols... Et je t'épargne les détails...

Mélinda fait une moue. Elle dit : – J'en informerai mon père, puis tu pars dans la Lumière...

Le regard de l'esprit se durcit, et courroucé, il dit : – Chienne ! Tu dis une belle formalité, alors que tu penses bien faire de moi un informateur de plus !

La passeuse est très étonnée que son grand-père ait lu ses pensées. Elle fait une grimace pour cacher son étonnement et sa peur, surtout à l'idée que ses plans tombent à l'eau...

Et l'esprit disparaît de sa vue.

Mélinda s'adresse à l'ambulancier, qui lui jette un regard interrogateur : – Bobby, ce n'est que l'esprit de mon grand-père paternel, Peter, qui veut que mon père vend la forteresse de la famille Gordon en Écosse. Il semblerait, selon ses propos, qu'elle est hantée, car il y avait eu par le passé des meurtres et autres choses terribles. J'en avertirai mon père, puis je verrai ce que je vais faire en conséquence.

Son époux hoche de la tête pour lui faire comprendre qu'il est d'accord avec son plan. La jeune femme téléphone à Thomas Gordon, qui arrive cinq minutes plus tard, intrigué par la raison « d'histoires de famille ». L'ambulancier accueille son beau-père à la porte et l'invite à s'asseoir au salon. Une fois que sa fille lui a expliqué la situation, il lui assure qu'il s'occupera de vendre le domaine en question. À ce moment-là, un dieu apparaît: Hermès, sous les traits d'un jeune homme vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon bleu marine. Il tient dans sa main droite son caducée. Il dit : – Je peux vous proposer de vous transporter en un clin d'œil devant le château des Gordon, mais en échange d'une petite faveur...

Il fait à la passeuse d'âmes un clin d'œil remplit de sous-entendus; elle a compris qu'il s'agit d'une faveur sexuelle en échange du transport rapide...

Thomas marmonne : « C'est correct, Mélinda, je pense qu'on serait mieux de prendre l'avion... Je couvrirai tous les frais du voyage... »

Le dieu, déçu, lance au juge : « Mais pour le retour, vous ne m'échapperez pas... Arrêtez de jouer les saints, alors que je sais que vous participez aux Bacchanales ! » Et Hermès disparaît. Thomas Gordon, sa fille et son gendre comprennent que le dieu ne plaisante pas... Robert Tooch préfère alors laisser sa femme régler seule cette histoire d'esprit; il préfère ignorer l'infidélité plutôt que d'en être le témoin. Le juge procède à l'achat des billets d'avion pour l'Écosse. Père et fille s'y rendent deux jours plus tard.


Une fois rendus en Écosse, Peter Gordon les guide jusqu'au château familial, car même Thomas ignore son existence. Lorsqu'ils arrivent devant le château, Peter se signe et dit, ou plutôt, crie d'un ton sévère : « Vendez immédiatement cette satanée demeure ! Et qu'elle soit rasée jusqu'à ses fondations ! Et n'oubliez pas de la purifier au préalable ! »

La passeuse d'âmes dit à son père : – Peter veut simplement que nous vendons ce château... Mais avant, je propose quand même de visiter les lieux, afin... d'en donner une description détaillée, ce qui facilitera la vente...

Thomas hoche de la tête. Tous les deux se signent et le juge ouvre la porte d'entrée, qui grince avec un bruit terrible. Mélinda remarque en effet que des âmes errantes se promènent dans la demeure, la plupart ayant visiblement connu une mort violente, étant donné les traces de cordes autour du cou ou une tache de sang à la hauteur de la poitrine. Tout à coup, Peter Gordon apparaît devant elle, la faisant sursauter. Thomas, qui suit sa fille, arrête brusquement sa marche et lui demande quel esprit elle a vue. Elle lui dit que c'est Peter. Ce dernier dit : – Je sais, Mélinda, que tu es tentée à garder cette demeure pour de sombres pratiques... Mais tu oublies que les dieux et Dieu ont le dernier mot... Agis avant qu'il soit trop tard !

L'esprit errant se trouve a quelques millimètres du visage de la jeune femme, qui commence à loucher en raison de sa proximité. Elle retient son souffle pendant quelques secondes, le temps de se ressaisir. Elle regarde à nouveau autour d'elle; Peter se tourne vers les autres âmes errantes, qui s'approchent des deux vivants, visiblement en colère. Le père de Thomas leur dit : « Mesdames, Messieurs ! Soyez indulgents envers mon fils et ma petite-fille ! Ce sont nos ancêtres, dont mon propre père, le trou de cul d'Andrew Gordon, qui sont responsables de votre mort si cruelle ! J'ai sincèrement honte de leur conduite, mais je ne voudrais pas payer pour leurs fautes ! Cependant, je peux vous assurer qu'ils grillent bien en Enfer depuis plusieurs années, certains depuis des siècles ! S'il vous plaît, compatriotes, partez dans la Lumière l'âme en paix, où toutes vos fautes vous seront pardonnées et où vos proches décédés avant vous vous attendent ! S'il vous plaît ! Écoutez-moi, maintenant que je suis l'un des vôtres! » L'esprit regarde les autres réunis autour de lui. Il remarque que leur visage s'illumine, comme s'ils ont réalisé l'évidence de son propos.

Mélinda, ébahie, écoute simplement ce monologue. Elle pense: « Bizarre de savoir que son grand-père paternel était aussi un passeur d'âmes... Papa ne m'a rien dit à ce sujet ». Elle tourne son regard vers Thomas. Son père attend qu'elle dise quelque chose; il regarde sa montre, nerveux. Peter, comme s'il a lu la pensée de sa petite-fille, la lui confirme d'un mouvement discret de sa tête. Mélinda murmure à Thomas : « Savais-tu que Peter était passeur d'âmes ? » Étonné, son père tourne la tête en un signe négatif.

Certaines âmes, convaincues de la sincérité du grand-père de Mélinda, l'embrassent fraternellement puis disparaissent dans la Lumière. D'autres, plus revanchardes, harcèlent Thomas et Mélinda, mais Peter les supplie de les laisser en paix. Elles disparaissent alors de leur vue. Peter se tourne vers son fils et sa petite-fille et dit : « Sortez immédiatement ! Vous comprenez pourquoi il faut se débarrasser de cet endroit maudit ! » Mélinda hoche de la tête et fait un signe à son père de sortir. Les deux vivants sortent aussitôt. La passeuse d'âmes remarque Peter un peu plus loin, près d'un chêne. L'esprit a compris que sa petite-fille n'abandonne pas son idée de faire de ce château familial un lieu de rencontre pour des pratiques occultes... Il invoque alors son dieu protecteur, Luchta, le dieu celto-irlandais des charpentiers, qui apparaît devant son protégé. Et le dieu, sous l'apparence d'un jeune homme vêtu d'un pantalon de charpentier et d'une veste de travail, lance des marteaux et des ciseaux contre la façade du château des Gordon, ce qui le détruit en quelques secondes. Puis Luchta disparaît de leur vue. Peter, sourire aux lèvres, dit à Mélinda : « J'aurai pu y penser plus tôt... Mais je voulais voir ta réaction... Maintenant que ce détail est réglé, il ne m'en reste plus qu'un... Mais fais attention pour ne pas sombrer encore plus dans ta noirceur... Le réveil sera alors plus brutal ! »

Et l'esprit errant disparaît de sa vue, pour réapparaître devant le petit groupe d'âmes devant le château, qui sont désorientées par la destruction du dernier lieu qu'elles ont connu de leur vivant. Peter Gordon tente de les rassurer afin qu'elles sortent enfin de ce cercle infernal et voient la Lumière dont il leurs avait tant parlé de son vivant et maintenant. Il trouve ça tellement bizarre d'être lui-même une âme errante, alors que de son vivant, il aidait de telles âmes à passer dans la Lumière.


Mélinda et Thomas Gordon, perplexes, réfléchissent au moyen pour retourner à Arachova... Tout à coup, Hermès apparaît devant eux et les transporte immédiatement chez eux. Heureusement, Robert Tooch travaille cette journée-là, de sorte qu'il n'a pas vu le retour de sa femme. Une fois revenue chez elle, Hermès apparaît devant elle; Mélinda comprend aussitôt qu'elle doit le satisfaire... Censurons la scène entre le dieu et la passeuse d'âmes...


Peter Gordon, lui, une fois qu'il a enfin parvenu à convaincre les âmes errantes qui hantaient le château familial de partir dans la Lumière, revient à Arachova. Il se promène dans la ville, dans l'espoir de se faire remarquer par un autre passeur d'âmes qui est meilleur que sa petite-fille... Quelques jours plus tard, alors qu'il déambule dans le marché public de la ville, Svetlana Pavlovna Eastman-Clancy le remarque et lui demande son nom et sa raison d'être encore parmi les vivants. Un dieu apparaît à la droite de la passeuse d'âmes : Luchta, toujours sous l'aspect d'un jeune charpentier. Le dieu hoche simplement de la tête; l'esprit errant comprend aussitôt qu'il peut se confier à la jeune Russe. C'est ainsi qu'il l'avertit du danger que peut potentiellement représenter Mélinda Gordon, surtout depuis qu'elle manifeste une tendance à l'occultisme... Svetlana le remercie de son avertissement et Peter Gordon disparaît de sa vue.







À suivre.










* Nous avons ôté l'italique du texte original. Hymne à la terre russe. Cité dans Tomas Spidlik, Les grands mystiques russes, traduction de l'italien par Odette Wallet, Aline Pochet et Thomas Soriano, Paris, Nouvelle cité, 1979, p. 369.


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