Disturbia

Chapitre 6

Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:10

- Moi, inspecteur ? S'étonna l'agent Crabtree.
- Absolument Georges.
Le jeune policier rougit jusqu'au bout des ongles, il commençait à étouffer dans son uniforme. Il passa un doigt dans son col, faisant mine de l'élargir pour chercher de l'air.
- Cette pauvre jeune femme est totalement perdue, poursuivit Murdoch. Et je suis sûr que l'homme qu'elle a aperçut va tenter de la retrouver. Croyez-moi, Georges, elle ne pourrait trouver meilleur garde du corps.
- Mais M-M-Monsieur, c'est-à-dire que...
- Hu-hum...
L'inspecteur Murdoch et l'agent Crabtree se retournèrent en même temps, découvrant Robin habillée avec une robe bleue, ses cheveux noirs étaient noués en chignon et un chapeau blanc trônait sur le haut de sa tête, contrastant avec l'ébène de ses cheveux.
- Miss Duncan, commença Murdoch, je vois que Julia a fait du beau travail. Cette robe vous sied à ravir ! Vous ne trouvez pas, George ?
- Oui Monsieur, tout à fait !
Ces remarques firent rougir Robin, elle ne savait plus où se mettre.
- Vous... Enfin... On ne devait pas aller sur... les lieux de l'agression d'hier soir ?
Certainement, allons-y.

Crabtree, Murdoch et Robin marchaient dans les rues de Toronto. La jeune femme se demandait de plus en plus pourquoi elle avait accepté l'offre du Docteur Ogden... En y repensant, ce n'était pas comme si elle avait eu le choix... Elle revoyait l'étincelle diabolique au fond des yeux de Julia après le départ de l'inspecteur... Robin avait eu soudain un mauvais pressentiment, mais le résultat n'était pas si catastrophique. Alors qu'elle marchait dans la rue, entourée par les deux policiers, elle remarqua que les passants ne la regardaient plus comme une extra-terrestre. Seul petit problème : ses bottines lui faisait très mal aux pieds. Elle revoyait sa paire de baskets passait devant ses yeux avec envie, finalement, le futur avait enlevé beaucoup de tortures vestimentaires aux femmes, comme ce corset qui la coinçait à chaque inspiration.
- Miss Duncan, continua Murdoch, où avez-vous percuté l'agent Higgins ?
La voix de l'inspecteur la tira de ses pensées.
- C'était dans la rue suivante, si je me souviens bien.
- Et cet homme, lui demanda l'agent Crabtree, il vous suivait toujours ?
- Je ne sais pas. J'avais tellement peur, j'ai couru aussi vite que j'ai pu. C'est quand j'ai voulu me retourner que j'ai heurté votre collègue. Voilà, c'est ici, exactement ici.
Elle s'arrêta avec les deux policiers et ils se tournèrent vers une petite rue, assez sombre même en plein jour. Robin eut un frisson qui parcourut sa colonne vertébrale, elle revit les événements de la veille en une fraction de seconde.
- Quel coupe-gorge, murmura Murdoch. Nous devrions aller voir... Miss Duncan, tout va bien ?
Non justement... Robin était tétanisée à l'idée de retourner dans cet endroit. Et si cet homme était toujours là ? S'il l'attendait pour finir le travail, et ainsi ne pas laisser de témoin ? Son corset la serrait trop, elle sentit une brusque chaleur l'envahir, ses mains devinrent moites, elle perdit l'équilibre sans s'évanouir. L'agent Crabtree la rattrapa par le bras, elle s'y accrocha de toutes ses forces, autrement dit, elle lui broya le bras en une seconde.
- Miss Duncan, si c'est trop éprouvant, je peux comprendre. Nous reviendrons ce soir avec l'agent Crabtree pendant que vous serez en sécurité au commissariat.
- Non, ça va aller, dit-elle la voix tremblante. Ça s'est passé là-bas, j'en suis sûre, il faut y aller.
- Comme vous voudrez. N'oubliez pas que l'agent Crabtree et moi-même vous protégeons quoiqu'il arrive.
George Crabtree lui fit un signe de la tête, il l'aida à se relever sans la lâcher. Ils entrèrent tous les trois dans la ruelle inquiétante, Murdoch et Robin devant, suivit de près par le jeune agent. Robin essayait de se rappeler où elle avait surpris la conversion, où elle avait été « téléporté » dans cette époque. Soudain, elle s'arrêta, ses yeux fixés sur un coin de rue. Elle ne se sentait pas seule, en dehors des deux policiers, il y avait quelqu'un d'autre, une présence malveillante. Cette même présence que la veille. Son instinct lui disait de fuir, mais ses jambes ne voulait pas obéir. Elle ne pouvait ni avancer, ni reculer.
- Miss Duncan ? Questionna l'inspecteur.
- C'était là, murmura-t-elle, la voix chevrotante. C'est là que j'ai vu cet homme hier soir. Il était avec une femme, ils se disputaient.
- Que disaient-ils ?
- L'homme a dit « ne mens pas, je sais que c'est toi qui l'a fait », ce à quoi la femme a répondu « Tu ne sais plus ce que tu dis, ne me touche pas ». La discussion s'est envenimée, je n'ai pas compris ce qu'ils se sont dis, puis j'ai entendu crier et je me suis enfuis.
Les deux policiers se regardèrent, perplexes. Murdoch jeta un coup d'oeil à la rue voisine, qui n'était pas plus accueillante que celle où ils se trouvaient. Il y avait une rangée d'immeuble, et un petit passage qui menait sans doute à une cour.
- Allons-y, dit-il d'un air décidé, s'il y a eut agression, nous trouverons sans doute des traces.
Robin et Crabtree le suivirent, ils n'étaient pas plus rassurés mais après tout, si c'était le seul moyen d'y voir plus clair... Murdoch cherchait des traces comme un limier, sur le sol ou bien les façades des immeubles.
- Miss Duncan...
« Non mais il va arrêter de m'appeler comme ça... »
- ...avez-vous entendu un coup de feu ?
- Non. Juste un cri.
Murdoch fronça les sourcils et se remit à chercher. Robin lança un regard à l'agent Crabtree, qui observait lui aussi son supérieur à l'oeuvre.
- Il fait toujours cela, murmura-t-il. Il cherche des indices.
- Un peu comme Adrien Monk, lui répondit Robin sans réfléchir.
- Qui ça ?
- Oubliez ce que je viens de vous dire...
Elle eut un sourire au coin de sa bouche, George ne savait pas pourquoi mais après tout, si cela la faisait sourire... Il revint vers son patron, toujours à la recherche du moindre petit indice.
- Vous trouvez quelque chose Monsieur ? Demanda Crabtree.
- Pas la moindre trace de sang, George.
Alors qu'il continuait de parler, Crabtree entendit un bruit. En levant les yeux, il vit une scène au ralenti : un énorme pot de fleur dégringola juste au dessus de la tête de Robin. Sans hésiter une seconde, il hurla et se jeta sur elle :
- Attention !
Ils tombèrent tous les deux dans la poussière, Murdoch fit un bond en arrière, ils évitèrent tous de justesse l'énorme objet qui se fracassa sur le sol. George se releva vivement, il aida Robin à se remettre debout :
- Vous n'avez pas de mal, Miss Duncan ?
- Non, je n'ai rien. Merci George...
- George ! Brailla Murdoch, toujours à terre. Il s'enfuit !
Tournant la tête, Crabtree put apercevoir une silhouette qui courait vers le fond d'un passage entre deux immeubles. Il partit immédiatement à ses trousses, tandis que Robin alla aider l'inspecteur en lui prenant le bras.
- Merci Miss Duncan. Vous êtes blessée ?
- C'est pas passé loin, sans l'agent Crabtree je serai probablement morte. Et vous ?
- Je n'ai rien.
Il alla ramasser son chapeau, et enleva la poussière de son costume. Il remit son chapeau sur sa tête et s'agenouilla pour examiner les morceaux du pot de fleur. Robin fut étonnée de sa conduite, George s'était lancé à la poursuite de leur agresseur, et lui, il regardait un ridicule pot de fleur écrasé...
Vu la vitesse à laquelle il est arrivé au sol, il a dû tomber du quatrième étage...
Il leva la tête vers le haut de l'immeuble mais la voix essoufflée de George l'appela du fond de la cour :
- Monsieur... Je ne sais pas comment c'est possible... il m'a échappé...

Laisser un commentaire ?