Disturbia

Chapitre 2

Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 20:23

Robin n'avait jamais senti sa tête aussi lourde. Les joues contre le sol, le souffle court, une odeur très désagréable lui montait au cerveau. Elle essayait de se rappeler ce qu'il s'était passée, elle n'avait que des souvenirs flous, la fac, son vélo... Elle était pourtant sûre d'être tombée sur une voiture, alors pourquoi était-elle à présent sur de la terre ? Un éclair traversa son esprit : elle avait sûrement du être enlevée, son kidnappeur l'avait emmenée ici ! Non pourtant, elle n'était pas attachée... Robin tenta de se redresser mais ses jambes ne la portaient pas, elle trébucha et se rattrapa sur le mur d'une maison en pierre. En pierre ? Une maison en pierre à Toronto ?... Soit... Elle était enfin debout et c'était le principal. Regardant autour d'elle,  Robin se rendit compte qu'elle était dans une ruelle très sombre, éclairée très faiblement dans le fond. La jeune femme avança un pied mais se prit les pieds dans une chose restée au sol, et s'écroula dans un gargouillement grotesque. Elle se retourna brusquement, constatant qu'elle venait de tomber sur sac de cours. Elle l'empoigna et l'ouvrit : ses affaires étaient encore là, intactes. Robin sortit son téléphone de sa poche, pas de réseau, plus beaucoup de batterie... Elle marmonna un juron, entendant un son lointain venant de son cou, elle attrapa ses écouteurs et en mit un dans son oreille. Falling Inside The Black de Skillet. « Très drôle... » pensa-t-elle. Mais un autre bruit alerta ses sens. Robin coupa son appareil, remit son sac sur ses épaules et se rapprocha de la source du bruit. Il venait de la partie éclairée de la ruelle. Son instinct et ses jambes lui disaient de partir, mais la situation paraissait trop étrange pour reculer maintenant. Et puis, où aller ? Elle ne savait même pas où elle était. Robin marcha lentement jusqu'au bout du mur de pierre, elle ne rêvait pas, elle entendait bel et bien des voix, un homme et une femme, sur le ton de la dispute :
- Ne me mens pas, disait l'homme. Je sais que c'est toi qui l'a fait.
- Tu ne sais plus ce que tu dis, mon pauvre ami. Ne me touche pas.   
Ces quatre mots suffirent pour éveiller la curiosité de la jeune femme, lentement, elle jeta un œil de l'autre côté du mur. La femme portait une très belle robe, du dix-neuvième siècle, Robin n'en avait jamais vu à part dans ses livres d'Histoire. L'homme était plus âgé, il portait une moustache très bien entretenue, un chapeau haut-de-forme et un très beau costume. « J'ai dû tomber chez ces Américains qui se croient encore pendant la Guerre de Sécession...» se dit Robin. La dispute entre les deux personnes s'envenimait, Robin n'arrivait pas à comprendre ce qu'ils se disaient, mais le ton était monté, l'homme avait empoigné la femme, cette fois-ci plus de doute, il fallait fuir. Robin se mit dos au mur de pierre, après tout, s'ils ne l'avaient pas vu, elle pouvait très bien se cacher là et attendre que la situation se calme... Il y eut un hurlement de douleur, Robin n'avait jamais sauté aussi haut de toute sa vie. Ignorant totalement qui avait crié, et surtout pourquoi, elle prit ses jambes à son cou, courant droit devant elle.
- Hé là ! Lança l'homme derrière elle.
Robin l'entendit la poursuivre, il fallait absolument qu'elle sorte de là. Arrivée au bout de la ruelle, elle se retrouva dans ce qui semblait être une avenue, mais la nuit était déjà tombée. Ce qui l'étonna le plus, c'était que toutes les personnes qu'elle croisait  étaient vêtues de la même façon que les deux personnes qu'elle avait entrevu. Les femmes la regardait d'un air outragé alors que les hommes marmonnaient dans leurs moustaches. Peu importe, ce n'était pas le moment de réfléchir à ça. Elle tourna la tête pour vérifier si l'homme la poursuivait toujours mais elle se heurta violemment à quelqu'un et fut projetée en arrière.
- Je suis vraiment désolée..., dit-elle en se grattant la tête.
- Tout va bien jeune homme ? Lui demanda une voix masculine.
« Jeune homme » ? Robin tourna la tête vers la droite et se retrouva nez à nez avec un homme en uniforme noir, un casque allongé vers le haut avec une insigne en argent sur la tête. Robin enleva sa frange noire de devant ses yeux, le policier eut une expression de stupeur en découvrant son visage, et ne put retenir un « Tudieu ! » en mettant sa main devant sa bouche ouverte.
- Il faut que je vois la police, lui avoua Robin. Je ne sais pas du tout où je suis...

Le policier et Robin marchèrent jusqu'au commissariat de la ville. Même s'il n'y avait pas foule, la jeune femme ne passait pas inaperçue auprès des gens qu'ils rencontraient. Le policier amena Robin jusqu'à un bâtiment immense, il portait une inscription au dessus de ses portes « Toronto Police Station 1889 ». 1889 ? Robin n'était à Toronto que depuis huit ans mais elle avait eu le temps de faire le tour de la ville, et elle avait beau chercher dans sa mémoire, elle n'avait jamais vu ce bâtiment auparavant.
- Excusez-moi, hésita-t-elle. C'est quoi cet endroit ?
- C'est le commissariat, lui répondit le policier, étonné.      
- Curieux..., murmura-t-elle.
Le policier lui lança un regard en coin, comme s'il la suspectait d'être une criminelle en puissance. Pour Robin, le commissariat de Toronto avait toujours été un grand building en verre, un peu comme les immeubles du FBI dans les séries télévisées ou les films. Ils entrèrent dans un grand hall, au fond duquel se trouvait un bureau en hauteur où était assis un vieil homme à la barbe fournie, Robin trouva qu'il ressemblait à s'y méprendre au Père Noël. « Le Père Noël dans un commissariat..., pensa-t-elle. C'est sûr, je nage en plein délire... ». Ils s'avancèrent jusqu'à lui :
- Est-ce que l'inspecteur Murdoch est là ? Demanda le policier.
« Murdoch ? C'est qui celui-là ? »
- Vous l'avez raté de peu, lui répondit l'autre policier derrière le bureau. Pourquoi ça ?
- Eh bien, je pense que j'ai quelque chose qui aurait pu l'intéresser...
Le policier se releva et regarda par dessus son bureau. Il dévisagea Robin de la tête au pied, alors qu'elle tentait de lui faire son meilleur sourire innocent. Un scanner aurait été beaucoup plus agréable que la situation qu'elle était en train de vivre, elle ne s'était jamais senti aussi oppressée.
- Mais qu'est-ce que c'est que ça ? S'inquiéta le policier barbu.
«'Ça' ? Non mais il s'est pas regardé ! »
- Me permettez-vous de voir vos papiers ?
Robin enleva son sac de ses épaules, elle ouvrit la fermeture éclair sous les yeux incrédules des deux hommes, et attrapa son portefeuille rouge d'où elle sortit sa carte d'identité. Elle la donna au policier qui l'observa avec attention avant de manquer tomber de sa chaise en découvrant sa date de naissance.
-  Que se passe-t-il ? S'enquérit son collègue.
-  Vous avez raison, cela intéressera sûrement l'inspecteur...
 

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