Godzilla III : La Terreur Venue d'Ailleurs
Dans l'avant-poste temporaire de Monarch à Miami, désormais sous la juridiction de l'armée américaine, Mark Russell s'inquiétait de plus en plus pour sa fille. Il avait tenté de la contacter à plusieurs reprises mais sans succès et avait même tenté de localiser son téléphone, mais pour une raison inconnue, il n'émettait plus aucun signal.
_"Madie... où est-ce que tu es bon sang ?" soupira Mark, rongé par l'anxiété.
Cependant, un autre problème majeur le retenait ici. Les satellites de Monarch avaient finalement réussi à localiser Godzilla dans le cercle polaire arctique et le titan n'avait pas bougé de sa position depuis de nombreuses heures. Sous les ordres du conseiller Galloway, des forces armées furent envoyées vers Godzilla dans le but fou mais évident de le vaincre. Mark, ainsi que les autres agents de Monarch, avaient assisté à cette folie sans pouvoir l'empêcher, et craignant véritablement le pire à venir.
_"Cible G à cinq minutes." dit l'un des opérateurs radio de l'armée devant son écran radar. "Présence de deux titans confirmée."
_"Deux ?" demanda alors Galloway, venant voir l'écran, ainsi que Mark, intrigué.
En effet, la signature de Godzilla apparaissait sur le radar, ainsi que celle qui était identifiée comme... Mothra ? Mark crut d'abord mal voir, mais dut se rendre compte qu'il s'agissait bel et bien de la reine des monstres. Bien que croyant qu'elle avait été pulvérisée par Ghidorah lors de la bataille de Boston et ignorant par quelle magie elle avait pu revenir à la vie, Mark blanchit, sentant son cœur bondir de peur dans sa poitrine à la pensée de l'horreur qui était sur le point d'être commise, car se rappelant de quelque chose de très important entre Godzilla et Mothra.
_"Conseiller Galloway, je vous en supplie, n'attaquez pas !"
_"Il est trop tard, Russell, les ordres ont été donnés !" rétorqua Galloway. "Je ne sais pas ce qu'est cette Mothra mais si cette chose représente une menace, nous l'éliminerons aussi."
_"Vous n'avez aucune idée de ce que vous vous apprêtez à faire !" Mark s'emporta en saisissant le conseiller par le col. « Ces deux titans vivent en parfaite symbiose. Si vous attaquez Mothra, Godzilla deviendra complètement taré et fera des ravages !"
D'un seul regard, Galloway ordonna à deux soldats d'attraper les épaules de Mark et de le forcer à reculer.
_"Ce sont des animaux, rien de plus !" dit Galloway en réajustant son col. "Ils ne partagent aucune grande connexion mystique ni aucune connerie de ce genre ! Ce sont des bêtes enragées et quand un animal devient trop dangereux, on l'abat !"
_"Vous allez tous nous faire tuer !" cria Mark en se débattant, mais retenu par les soldats.
_"Emmenez le docteur Russell et gardez le sous surveillance, pour qu'il ne gêne pas l'opération." ordonna Galloway, agacé.
Les autres agents de Monarch avaient assisté à la scène, complètement abasourdis de voir leur chef être emmené hors de la tente comme un prisonnier. Mais sous la pression de l'armée et de Galloway, ils furent contraints de retourner à leur travail. Cependant, une jeune femme travaillant pour l’organisation refusa de s’asseoir devant son ordinateur et commença même à sortir de la tente.
_"Où allez-vous ? Je ne vous ai pas donné la permission de sortir." remarqua Galloway.
_"Je travaille pour Monarch, pas pour vous, monsieur." dit la femme, décidée. "Si je les ai rejoint, ce n’est pas pour détruire des merveilles de la nature comme ces titans."
Après ces mots acides envers le conseiller, elle quitta la tente mais Galloway la laissa partir en se disant qu’elle ne servait à rien et envoya un de ses hommes la remplacer. Pendant ce temps, à l’extérieur de la tente, la femme qui venait d’abandonner volontairement son poste observait du coin de l’œil son supérieur, Mark Russell, être escorté contre son gré et affecté à sa propre tente jusqu’à nouvel ordre. La jeune opératrice de Monarch, sachant le désastre qui allait se produire, s’isola dans un coin. S’assurant qu’elle n’était plus en vue, elle composa précipitamment un numéro de téléphone.
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La tempête s'était calmée dans les étendues de l'Arctique. Après avoir réussi à dormir et à reprendre quelques forces, Godzilla se réveilla dans un lourd grognement, bailla et se releva sur ses lourdes pattes. Mothra était déjà réveillée, debout au sommet du grand monticule rocheux et ayant déployé ses ailes pour y capter les rayons du soleil. Godzilla la regarda en grognant doucement vers elle comme pour la saluer. Voyant son roi debout, la reine des monstres émit un petit son affectueux et s'approcha de lui. Les deux titans symbiotiques restèrent un moment à se regarder, partageant ce moment comme s'ils étaient les seuls êtres de ce monde.
Mais malgré ce moment de calme, Mothra n'était pas stupide et remarqua qu'une part de Godzilla restait concentrée sur la menace qui pesait actuellement sur le monde. Elle voulait l'aider, comme elle le faisait toujours. Godzilla pouvait parfois être très têtu et vouloir mener ses combats seul, ce qui faisait partie de son caractère, mais il savait aussi reconnaître la valeur d'une aide précieuse. En faisant de petits bruits doux à son roi, Mothra demanda à Godzilla de la laisser l'aider, qu'il n'avait pas à mener ce combat seul.
Godzilla grogna, hésitant, dubitatif, non pas des capacités de Mothra, mais de ce que lui-même pourrait lui faire s'il perdait à nouveau le contrôle. Il l'avait déjà perdue une fois et il refusait de revivre ça.
Mais la tranquillité entre les deux titans fut brutalement rompue par un missile télécommandé filant à pleine vitesse et explosa juste à côté de Mothra. La reine des monstres poussa un cri strident de douleur alors qu'une de ses ailes et son flanc furent gravement brûlés par l'explosion et qu'elle tomba de la formation rocheuse, sous le regard surpris et même choqué de Godzilla qui la vit tomber à ses pieds. D'autres missiles touchèrent le dos de Godzilla dans une série d'explosions massives, mais le titan ne subit aucun dégât, tournant son attention vers les responsables.
Depuis les airs, plusieurs escadrons d'avions de l'armée lourdement équipés arrivaient et se dispersaient en plusieurs formations afin d'encercler la zone très rapidement.
_"Thanator 1, première salve de tir effectuée ! Cibles acquises, une à terre !" indiqua l'un des pilotes.
_"Reçu !" répondit le central. "Autorisation de tirer à volonté."
Comme prévu, d'autres salves de missiles guidés furent tirées à l'unisson. Voyant cela, Godzilla, par réflexe, se positionna devant Mothra, prenant tous les tirs dans le dos pour la protéger, sachant bien qu'il pourrait résister à ces explosions. La Reine des Monstres gémissait de douleur, étant dans un état très critique et ne pouvait même pas se lever. À genoux à côté d'elle, le dos intact mais fumant encore des impacts reçus, Godzilla la regarda en grognant et en montrant une réelle inquiétude envers Mothra.
Mais bientôt, l'inquiétude laissa place à l'étincelle de colère quand, regardant derrière lui, Godzilla put voir les machines volantes humaines effectuer des manœuvres aériennes pour revenir vers lui et tirer à nouveau. Grognant de toutes ses dents, ses yeux et ses plaques dorsales se colorant d'une énergie radioactive d'une densité colossale, Godzilla commença à se lever. Ils avaient osé attaquer et blesser gravement Mothra, ils allaient en payer les conséquences... de leurs vies.
Depuis l'avant-poste de Miami, Galloway observait l'opération se dérouler via des retransmissions satellite en direct. Derrière lui, les agents de Monarch regardaient en silence, tous horrifiés de voir les deux titans attaqués ainsi.
Au même moment, quelque part hors de vue, bien au-dessus des nuages et juste au-dessus de la position du roi des monstres, dans son immense vaisseau en forme de sphère métallique, l'envahisseur en armure noire, observant la situation à travers un écran, venait d'activer son bracelet, ouvrant l'accès à une série de boutons holographiques dans un alphabet inconnu. En tapant un code, l'alien blindé activa une sorte d'émetteur intégré tirant une série d'ondes puissantes et invisibles dans l'air.
_"Tu ne peux pas résister, roi de la terre..." dit-il. "Laisse toi aller... Que ta fureur fasse notre volonté."
Une fois de plus, les ondes émises par l'arme extraterrestre assaillirent l'esprit déjà obscurci et furieux de Godzilla, s'insinuant dans tous les recoins de son cerveau, suffisamment pour le rendre complètement fou. Les yeux brillants, dans un rugissement d'une bestialité hors du commun, Godzilla riposta contre les escadrilles. Sans aucune retenue, il cracha une explosion atomique dévastatrice qui pulvérisa d'un coup deux des avions de chasse, sous les observations médusées du reste de l'escadron.
_"La cible G contre-attaque !" dit le chef d'escadrille. "Manœuvre d'évitement !"
Les avions de chasse restants obéirent et séparèrent leurs forces dans une manœuvre aérienne synchronisée.
Godzilla continua de s'efforcer de les abattre, crachant constamment ses rayons d'énergie atomique sans parvenir à les toucher. Cependant, l'un des pilotes fut un peu trop téméraire et risqua de s'approcher et de tirer deux autres missiles, mais le roi des monstres fut plus rapide et pulvérisa l'appareil et son occupant entre ses mâchoires.
Depuis son vaisseau, l'envahisseur à l'armure noire observait, à travers des écrans holographiques, le carnage en cours, mais cela semblait bien trop lent à son goût. D'une simple manipulation du dispositif de contrôle intégré à son poignet, il augmenta l'intensité du contrôle cérébral qu'il imposait déjà au titan.
De plus en plus enragé par les ondes émises par l'appareil extraterrestre attaquant son cerveau, Godzilla concentra et libéra de son corps une puissante explosion d'énergie sur un large périmètre, agissant comme une impulsion électromagnétique qui frappa d'un seul coup le reste de l'escadron militaire. Entouré d'avions qui tombaient comme des mouches et s'écrasaient dans des geysers de flammes, Godzilla se releva, à peine ébranlé par cette dépense d'énergie radioactive qu'il avait utilisée et exprima un rugissement de rage.
_"Parfait. Les insectes ont été éradiqués." dit l'envahisseur en armure noire, s'adressant au titan à travers son appareil de contrôle mental. "Maintenant, tu sais ce qu'il te reste à faire. Dirige-toi vers le Japon et détruis tout ce qui se dresse sur ton chemin."
Totalement endoctriné, Godzilla obéit à l'ordre sans sourciller et brisa la couche de glace sous ses pieds, replongeant dans les profondeurs glacées de l'océan tout en laissant derrière lui un nouveau champ de mort et de destruction. Pendant ce temps, Mothra avait réussi à se libérer des débris rocheux, constatant avec inquiétude le départ de son roi. Ses ailes étant abîmées et affaiblies par ses blessures, la reine des monstres n'avait pas la force de pouvoir le suivre et tenter de le raisonner. N'ayant pas le choix, elle devait régénérer progressivement ses forces, tout en espérant parvenir à stopper à temps la folie meurtrière de Godzilla et le libérer de cette manipulation.
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Tokyo, Japon
Le jour J était arrivé. En cette agréable soirée claire qui venait de se lever sur la capitale, Nami Kunigami fêtait ses 26 ans. Pour l’occasion, une réception avait été donnée dans la propriété familiale mais étant la dernière membre vivante de sa famille, elle n’avait pu inviter aucun proche. Les seuls invités présents se révélèrent être les conseillers de l’entreprise qui avaient autrefois travaillé sous les ordres de son grand-père, ainsi que les plus proches partenaires commerciaux. Pas vraiment les invités idéaux pour une fête d’anniversaire. De plus, Nami n’avait vraiment pas le cœur à célébrer quoi que ce soit, mais avait décidé de maintenir la réception en place afin de garder bonne figure et de ne pas faire honte à la mémoire de son grand-père. Il n’aurait pas voulu la voir broyer du noir comme ça. Mais comment réussir à sourire et à se réjouir avec tout ce qui lui était arrivé récemment ?
Les cheveux en chignon parfait et vêtue d’une robe de soirée rouge traditionnelle japonaise à motifs dorés et du collier de perles de Midori, Nami, un verre à la main, restait pensive mais se montrait le plus amicale possible envers les invités qui s’approchaient d’elle. Tous ces hommes d'affaires venus lui rendre leurs pompeux hommages et s'incliner devant elle lui donnèrent envie de se cacher. Elle était la dernière membre vivante de la famille Kunigami, une jeune femme seule à la tête d'une des plus riches entreprises du pays. Il ne serait pas étonnant que certains de ces requins tentent de la séduire dans l'espoir d'en tirer quelque intérêt personnel. Bien qu'elle ne soit à la tête de l'entreprise que depuis peu de temps, Nami savait déjà comment cela fonctionnait et elle était déterminée à ne pas se laisser manipuler aussi facilement.
Alors qu'elle prenait une petite gorgée de sa boisson en faisant semblant d'écouter les compliments d'un énième prétendant, son majordome Shiratori, tenant un plateau de cocktails à la main, vint la voir.
_"Mademoiselle Kunigami, un appel urgent du directeur Sato."
_"Merci, Shiratori. Je vais le prendre dans mon bureau." répondit Nami.
Il est vrai que Shinichi Sato, récemment promu au poste de nouveau directeur de la tour Kunigami par Nami elle-même, n'avait pas pu venir à la réception en raison de ses nouvelles responsabilités. S'excusant auprès de son interlocuteur, mais en revanche ravie de pouvoir enfin se retirer de cette conversation gênante, Nami quitta le grand salon, accompagnée de son majordome, pour se diriger au bout du couloir, vers la pièce qui lui servait de bureau privé.
Une fois dans son bureau et ayant pris soin d'avoir fermé la porte, Nami attrapa le téléphone posé à côté d'une pile de dossiers sur le bureau.
_"Sato ? Ici Nami Kunigami. Qu'y a t-il de si urgent ?" demanda la jeune femme sans détour.
Aucune réponse ne vint à l'autre bout du fil, ce qui fit lever un sourcil à la jeune femme.
_"Sato ? Vous m'entendez ? Allo ?" insista Nami.
Toujours rien, pourtant il ne semblait pas y avoir d'interférence, aucun bruit de fond. Et ce n'était pas le genre de Sato de faire une farce aussi stupide qu'un canular téléphonique. Soudain, un étrange halètement de son majordome attira son attention et la fit se retourner. Ce qu'elle vit alors la pétrifia d'horreur. Shiratori venait de s'écrouler face contre terre, poignardé par derrière par le jeune directeur Shinichi Sato, qui, affichant un air parfaitement impassible malgré l'acte infâme qu'il venait de commettre, fixait Nami avec une intensité malsaine.
_"Oh mon dieu..." souffla Nami, sous le choc.
_"Bonsoir, Mademoiselle Kunigami." dit simplement Sato, le ton de sa voix aussi sinistre et dénué d'humanité que son expression faciale.
Plus troublant encore, le jeune homme tenait sous l'un de ses bras la boîte contenant le fragment de la tablette de jade qu'elle avait hérité de son grand-père. Mais c'était impossible... Comment pouvait-il savoir où elle le gardait et elle seule connaissait la combinaison du coffre-fort. Nami voulut appeler à l'aide mais Sato fit preuve d'une vivacité et d'une rapidité hors du commun, son autre bras déployant une extension techno-organique des plus étranges et sophistiquées dont la main vint soudain se plaquer sur la bouche de Nami pour la faire taire et la bloquer dos au mur. La jeune femme, surprise et terrifiée, tenta de se libérer mais en vain, l'emprise de l'homme se révélant surhumaine. Sato, ou plutôt cette chose qui avait pris son apparence et sa voix, avança lentement et avec assurance vers elle, enjambant le cadavre de Shiratori sans lui accorder la moindre importance. Les larmes aux yeux, Nami hurla, tentant d'appeler à l'aide, mais sa voix était complètement étouffée par la main artificielle de l'individu.
_"Merci, Mademoiselle Kunigami." dit alors Sato, sa voix devenant de moins en moins humaine et plus cybernétique. "Grâce à vous, la renaissance de notre grand empire est assurée."
Avec cette dernière phrase, il exhiba la boîte ancestrale de la famille sous les yeux de Nami, cette dernière ne comprenant pas du tout de quoi il voulait parler, et se rappelant alors de ce que Midori avait dit. Les puissants ennemis étaient déjà là. Mais elle n'eut pas le temps de se poser plus de questions que des aiguilles intégrés sortirent du bout des doigts de la main artificielle, se plantant dans son cou et lui injectant un produit qui brouilla ses sens et la fit sombrer dans un profond sommeil si rapidement qu'elle n'eut même pas la sensation de toucher le sol.