Atlanteus - Livre I : Le Chasseur Venu de la Mer

Chapitre 9 : La Légende Oubliée

1949 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 21:23

CHAPITRE VIII : La légende oubliée 

 

Les révélations du petit chat avaient fait comme un coup de tonnerre au sein des villageois. Un dragon marin aussi grand que l’île elle-même, cela semblait si inconcevable, et pourtant, le chef s’écroula. Retenu par son fils, Junior, le vieil homme transpirait à grosse goutte, comme si cette révélation l’avait violemment frappé, ou plutôt, le concernait directement. Abattue, abasourdit, et tétanisé, le vieil homme s’allongea un moment le temps de se remettre de ses émotions. Tout le monde présent dans la grotte ne prononçait aucun mot, les yeux rivés sur le chef mal en point. Il essayait de prononcer quelques mots, mais tout était encore trop flou. Xzelkur s’approcha du vieil homme et le rassura, lui faisant comprendre qu’il prenait tout le temps qu’il faudrait pour qu’il puisse parler. « C’était vrai… Elle était vrai… » Murmurait le chef. Mais Junior lui demanda de ne plus prononcer un seul mot afin qu’il puisse essayer de se détendre et calmer son état. Mais cela ne changeait rien en la situation qui était bien plus critique qu’elle ne paraissait. Si ce dragon était aussi grand que l’île, alors comment l’éliminer, le faire fuir ? D’où venait-il ? Qu’était-il ? Il fallait bien évidement se renseigner sur cette créature mais comment y parvenir ? Xzelkur s’éloigna du groupe et se posa contre la paroi de la grotte, juste à l’entrée de celle-ci, contemplant la demi-lune. Il songeait à ce mystère, et s’attendait à ce que les prochains jours soient remplit de découvertes et de surprises…

Ce n’est que le lendemain matin que les révélations furent faites. Le vieil homme s’étant remis de son choc de la veille convoqua Xzelkur en privé, dans un coin reculé mais sûr de l’île. Ils n’étaient que tous les deux, assis sous une grande pierre, à l’ombre et entouré d’un grand silence. Le vieil homme avait un visage inexpressif, comme s’il n’avait jamais eu de sentiments, d’émotions. Quant à Xzelkur, il ne perdit pas de temps et posa directement sa question :

-Que signifie tout cela ? Demanda-t-il.

-Oh ! Voyez-vous, chasseur, depuis ma tendre enfance, mon père qui était lui aussi chef de ce village, à son époque, m’a toujours raconté des histoires de dragons des mers et de grands héros mettant un terme à leurs désolations. Comme tout père contant des histoires à son enfant, me diriez-vous ! Oui, bien sûr, c’est bien normal pour un père d’enchanter son enfant. Mais une fois que celui-ci grandit, il voit le monde, apprend de lui-même, et sourie comme rassuré de savoir que ces grands monstres n’étaient que des légendes créés dans le seul but d’enrichir l’imaginaire des plus jeunes. Le vieil homme marqua une pose, puis il se mit à soupirer et reprit son discours. Mon père avait un grand livre qu’il avait lui-même hérité de nos ancêtres. Ce livre réunissait tout le folklore de notre tribu, que des histoires de démons, d’esprits frappeurs, de grands dragons marins et de héros. C’était une sorte d’encyclopédie de notre tribu, de notre histoire. Mais ce livre réunit des sortilèges que l’on pratique encore de nos jours, ou plutôt, il nous permet de transmettre un enseignement à nos plus jeunes par le biais de ces croyances. Et, parmi ces histoires, il y en a une qui m’a véritablement terrifié dans ma jeunesse. Elle était écrite sous forme de poème, et aujourd’hui, son titre demeure encore comme adage principal au sein des pirates. Oui, cher ami, il s’agit de ce sinistre et inquiétant poème intitulé « Lorsque Terre Tremble, Mer Meurt ».

-Oui, répondit Xzelkur, ce poème est trop connu à travers les mers.

Sous le silence de l’azur tranquille,

Il dort,

Sur le ventre du rubis bouillonnant,

Il attend,

Au nom du plus grand des Dieux,

Je ne veux plus entendre parler de lui,

Sa corne éventre Terre, et soulève Mer,

Sous la loi du soleil,

Nous chantons son retour,

Car sa venue renversera le monde,

 

Lorsque Terre Tremble, Mer Meurt,

Nous entendons les échos des abysses,

Son réveil est notre révélation,

Le jugement d’un monde,

Il l’a oublié, il est seul,

Aussi grand que les montagnes,

Il fend les océans en deux,

 

Navaldeus,

Seigneur des Abysses, Oh, Oh, Oh ! Mon Grand Seigneur !

Amène-moi dans les profondeurs,

Là où tu sommeilles, tu attends le jugement,

Là où pleurent les fantômes d’un passé oublié,

Dévore mon esprit humain, que je sois ton serviteur,

Noyons le monde de la discorde et de la mélancolie,

Punition divine !

Lorsque Terre Tremble, Mer Meurt,

De la caverne marine la plus profonde,

Tu surgiras, tu rugiras, tu puniras,

Ta grande corne déchire le monde,

Tu es la plaie de la terre,

Tu es la plaie de la terre,

Mais le gardien de la mer,

Mais le gardien de la mer,

« Ce chant a évolué par-delà les âges. En vérité, ce sont deux légendes qui ont fusionné à cause de certaines mauvaises transmissions de pirates ivres donnant ainsi naissance à ce chant unique !

-Ah, tiens ! Dit le vieil homme. Cela est-il vrai ? D’où tirez-vous cela ?

-Je l’ai appris, il y a fort longtemps ! Et bon nombre de pirates vous le diront. Ce chant est une confusion entre deux légendes. Après, nous ignorons tout des deux dragons concernés, car oui, il y a bien deux créatures. L’une, vous la connaissez, de nos jours, on l’a nomme Navaldeus. Et je ne serais pas étonné de savoir qu’il y en a un dormant sous l’île. Ce dragon marin est gigantesque. Sa grande corne peut, comme le dit le chant, déchirer la terre et soulever la mer. Répondit Xzelkur.

-Et si un Navaldeus dort sous l’île, pouvons-nous le chasser ?

-Non ! Cela est bien impossible. Néanmoins, je connais un pirate qui a réussi à maîtriser un tel animal, mais je ne préfère pas savoir comment il s’y est pris… 

-Je… Il nous faut donc quitter l’île, n’est-ce pas ? Demanda le vieil homme, accablé.

-Je crains que nous n’ayons point le choix ! Ce dragon est en effet aussi grand que l’île, ou du moins, assez grand pour briser un galion en deux…

-Et… Qu’elle est la deuxième créature évoquée dans ce chant ?

-Là, je l’ignore. Mais je pense qu’il s’agit d’un léviathan lié à l’origine du monde. J’ai déjà entendu d’autres variantes de ce chant, et elles me faisaient curieusement penser à notre divinité des océans Tyranika. Après, est-ce que ce chant personnifie le Navaldeus en Tyranika. Cela est fort possible. Mais comme je viens de le dire, beaucoup de pirates disent que deux géants sont évoqués dans ce chant. Et chacun a sa propre idée concernant l’identité de la deuxième créature. Dit Xzelkur.

-Je ne pensais pas qu’un jour, une telle chose serait possible…

-Navré, Honorable, mais seul contre un tel dragon, je ne peux rien faire. Il nous faudrait un fort pour au moins espérer faire fuir cette créature ! Expliqua Xzelkur.

-Un fort ? Dites-vous ? Tout à coup, une curieuse expression se lisait sur le visage pâle du vieil homme, il semblait troublé, comme si quelque chose lui revenait soudainement à l’esprit. Nous avons peut-être un espoir…

-C’est-à-dire ? De quel espoir parlez-vous ?

-Je me souviens, dans ma plus tendre enfance, que mon père effectuait des recherches sur les origines de notre tribu. Il plongeait plusieurs fois par semaines de l’autre côté de l’île, sous la grande colline. Il aurait découvert de curieux vestiges d’une grande ville. D’ailleurs, vous aviez peut-être remarqué que des ruines sommeillent la plage Sud, là où le lagiacrus blanc a été chassé. Dit le vieil homme.

-Oui, je confirme. J’ai trouvé cela d’ailleurs étrange. Quelles sont ces ruines imposantes ?

-Ces ruines appartiennent à l’histoire de notre tribu. Nous savons que nous sommes les héritiers d’un peuple paisible, et ayant de grandes connaissances. Selon mon père et les découvertes qui ont été faites, nous n’avons pas toujours vécu dans des huttes en bois. Oh, non bien sûr ! Une ville sommeillerait sous l’île. Et nous en sommes les survivants, les derniers héritiers un cataclysme qui aurait, jadis, anéantit notre civilisation. Et selon mon père, il n’y aurait pas qu’une ville sous l’île…

-Que voulez-vous dire par là ?

-L’île aurait, il y a des décennies, été une presqu’île lié au continent. Mais cela n’est qu’une hypothèse tenue par mon père. Et nous ignorons comment un désastre aurait pu noyer les trois quarts de ces vieilles terres… Mais la découverte d’une baliste géante nous laisse de nombreux soupçons concernant l’existence d’un fort sous l’île. Après, il ne suffit que de vérifier…

-Alors, c’est avec cette once d’espoir que je plongerai à nouveau dans la mer. Il nous faut élucider ce mystère, il se pourrait en effet que nous ayons une chance de rejeter ce dragon…

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