Atlanteus - Livre I : Le Chasseur Venu de la Mer

Chapitre 8 : Le Réveil des Abysses

1950 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 14:54

Chapitre VII :Le réveil des abysses 

Le petit matin, Xzelkur était seul assit sur le quai en bois du port Moga. Sur ses jambes dormait le petit chaton, Joke, qui semblait faire un merveilleux rêve. Scrutant l’horizon marin, le Héros de Moga semblait lui aussi plongé dans ses rêveries, on pourrait presque croire qu’il était en méditation avec la mer qui répondait à ses prières. Sans armure ni arme, il laissait ses cheveux mi long danser avec la folie des vents, ne clignant pas des yeux, son esprit était tout à fait vide, entièrement ailleurs… Néanmoins, il entendit les pas de quelqu’un qui s’approchait derrière lui. A l’écoute des pas, il savait que c’était une jeune femme. En effet, il s’agissait de Tynia, la jeune et unique réceptrice du hall de la Guilde du petit village. Celle-ci s’avança plutôt timidement du chasseur qui ne s’était absolument pas du tout retourné pour la voir. Elle s’arrêta un moment et constata que le chasseur ne semblait pas vouloir prêter attention à sa présence, mais elle se permit tout de même de s’asseoir à ses côtés. Or, Xzelkur l’ignora toujours, seule la mer aux horizons infinies semblait le charmer, l’enchanter. Tynia inspira grandement et ouvrit la discussion :

-Je voulais vous remercier pour avoir sauvé le village de ce dragon des mers, et aussi d’avoir, à l’occasion, sauvé ce petit felyne en proie de l’incendie de la veille. J’ignore si vous vous rendez compte à quel point votre intervention ici a été bénéfique pour nous. Ce n’est pas qu’un village que vous avez sauvé, mais des familles entières qui risquaient la famine à cause de cette créature qui nous empêchait de commercer avec le continent, et de pêcher nos propres poissons. Et pour vous remercier de votre acte brave et héroïque, le chef du village m’a chargé de vous annoncer que nous vous offrons le chalet dans lequel vous avez séjourné. Tous les villageois désirent vraiment que vous soyez des nôtres, ils se sentiront mieux en sécurité avec un si grand chasseur comme vous au village. 

-Navré ! C’est impossible ! Je ne peux pas vivre ainsi ! Je dois découvrir le monde, marcher, marcher, et encore marcher. Je suis un chasseur. J’ai envoyé ce matin même un message au Palais de la Guilde, à Loc Lac, dans lequel j’ai exprimé ma décision de me convertir en Chasseur Vagabond. Ainsi, je ne dépends plus du tout de la Guilde et mon nom a été effacé de la liste des Chasseurs Impériaux. Je refuse l’autorité, et mon choix est fait. J’aurais pu rester Chasseur Impérial mais mon expérience ici, avec le lagiacrus, m’a prouvé que j’ai attend le but que je me fixais depuis toujours. Ainsi, je ne dépends que de moi-même. Et je dois partir le plus tôt possible, ce soir, je ne serais plus ici.

-Pardon ? C’est-à-dire que… Que la gloire, la célébrité et la richesse… Vous les niez ? Mais je ne comprends point, cela n’est pas ce que cherchent tous les chasseurs ? 

-Je ne recherche pas ce que les autres recherchent ! Je n’ai besoin que de moi-même, pas de l’estime des autres. Je ne demande qu’à découvrir le monde. L’argent, la célébrité et la gloire ne sont rien à mes yeux. Le monde est devant, la maison est derrière !

-Vous êtes vraiment un personnage incroyable… Je ne vous cache pas que de vous savoir partir m’attriste beaucoup… Tenez, prenez cette lettre, et s’il vous plait, promettez-moi de ne la lire que lorsque vous serez sur le continent…

-Très bien…

Sur ces mots, Tynia se leva et fit timidement ses adieux au chasseur. Celui-ci ne lui répondit qu’en levant sa main droite, sans aucun mot. Elle se retira vers le village, tête baissée, tandis que l’homme scrutait l’horizon marin en caressant son chat. Une histoire se termina ainsi ici, ou du moins, ne commencera pas. 

Bien plus tard, Xzelkur fit son sac de voyage dans sa hutte. Derrière lui, Joke dansait avec un balai faisant ainsi voler la poussière dans toute la pièce, mais cela ne semblait pas vraiment préoccuper le chasseur. Le sac fait, il alluma sa pipe et fuma en fixant de nouveau la mer. Puis, on frappa à la porte. Mais le héros ne répondit pas, ce n’est qu’après avoir fumé toute sa pipe qu’il ouvrit la porte. Dehors, tout le village l’attendait. Devant lui, le vieux chef avec une petite épée dans sa main. Il y eu un long silence, jusqu’à ce que le chef se mit à sourire et ouvrit le discours :

-Xzelkur, Héros de Moga, alors ainsi vous nous quittez pour de bon ? Croyez-moi, nous en sommes bien triste… Nous aurons vraiment préféré que vous restiez ici, ne serais-ce que pour la protection du village, mais vous empêcher de partir serait bien trop criminel. Vous êtes un chasseur, et il est normal que vous ayez l’envie d’explorer le monde au-delà de ses limites. Nous ne pourrons jamais vous remercier assez pour avoir vaincu ce dragon, les séismes ne sont plus, la pêche et le commerce vont pouvoir reprendre, assurant ainsi la survie de tous sur cette petite île un peu trop oublié du continent. A présent, en gage de notre gratitude, je vous prie, s’il vous plait, chasseur, d’accepter cette arme. Cette épée venant de mon père que notre forgeron avait réaffuté pour vaincre le lagiacrus. Ne l’oubliez pas, vous serez…

Tout à coup, ce fut le choc ! La terre se mit à trembler d’une telle violence que la plupart des villageois tombèrent au sol, certaines huttes tombèrent même sous la puissance du séisme, les barques de pêche tanguèrent dangereusement et les vagues se soulevèrent. Au sein des villageois, se fut l’horreur absolue. Xzelkur, lui, était perdu dans l’incompréhension la plus totale. Une fois la terre calmée, les cris cessèrent mais la peur se lisait dans les visages des hommes, femmes et enfants. Tout à coup, un second séisme bien plus violent frappa la terre. Cette fois-ci, quelques barques coulèrent sous la zizanie des vagues, une partie du quai se retrouva anéantie mais pire encore. Au loin, Xzelkur vit une imposante vague s’approcher dangereusement du village. La terre cessa de nouveau de trembler mais le danger était de plus en plus grand car au fur et à mesure qu’elle s’approchait de la côte, la vague grandissait monstrueusement. « La terre ne tremble pas qu’ici, le raz-de-marée en est la preuve. Vite ! Suivez-moi, réfugions-nous sur la colline, nous y serons en sécurité ! Mais courrez !! » Hurla Xzelkur. Puis, très vite, ce fut une centaine de villageois qui accourut vers la colline. Par chance, la vague était encore loin mais elle grandissait de plus en plus. Quelques instants plus tard, tous les villageois, sans exceptions, arrivèrent non loin du sommet de la colline, mais assez haut pour ne pas être emporté par la force de l’eau. Le vieux chef fondit en larmes avec son fils en voyant son petit village se faire engloutir sous la puissance de la Grande Mère. En seulement quelques minutes, toutes les huttes furent engloutie, le quai avait disparu, il ne restait que la place du marché qui persistait encore. Au sein de tous, le choc fut grand. Le lagiacrus n’était donc pas responsable des séismes. Mais alors, d’où venaient-ils ? 

Le soir, les villageois étaient réfugiés dans une grotte sûre non loin des restes du village. Il y avait un grand feu permettant de les réchauffer. Le silence était lourd, tout le monde avait tout perdu ici. La tristesse était à son comble. Puis Xzelkur se leva:

-Chers amis, nous sommes en vie, c’est tout ce qui compte. J’ignore quelles sont les origines de ses séismes. Mais je peux vous confirmer qu’ils ne proviennent pas que d’ici. Le raz-de-marée prouve en effet que la terre a tremblé bien plus loin, dans la mer. 

-C’est l’œuvre de Tyranika. Le Dieu des Océans est en colère… Nous ne pouvons rien faire contre un dieu, c’en est fini de nous… Fit un villageois désemparé.

-Chasseur… Vous avez vaincu le lagiacrus, vous avez remplit votre part du marché… Je vous conseille de partir maintenant au risque de perdre la vie. Les mers ne sont plus sûres ici, rester sur l’ile est trop dangereux… Dit Tynia

-Je regrette, il y a là un mystère qui me dépasse et il en est de mon devoir personnelle de découvrir ce qui se cache derrière ses séismes ! Répliqua Xzelkur.

-Vous allez défier un dieu ?

-Non, je veux en avoir le cœur net, s’il s’agit en effet d’un dieu, alors nous devrions quitter l’île le plus rapidement possible. 

Soudainement, Joke et un autre petit chat masqué firent irruption au sein des hommes accablés par la confusion et la tristesse:

-Maître ! Maître ! Je viens de retrouver mon vieil ami Chacha ! Et, et, et, et, il sait !!

-Voyons, du calme mon ami ! Explique-toi, qu’y a-t-il ?

-Chacha a nagé dans la mer ce matin pour pêcher du poisson. Et il a vue au loin, bouger dans les noires profondes abysses, un dragon marin aussi grand que l’île elle-même…

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