Lettres de Kamura

Chapitre 21 : Chapitre XXI — Vingt-et-unième lettre

669 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/03/2023 21:50

Chapitre XXI

Vingt-et-unième lettre

 

 

Chère Nozomi,

Je suis soulagée de vous savoir tous sains et saufs. Je n’ai cessé de prier tes ancêtres jour et nuit pour qu’ils te gardent en vie et en bonne santé. Llyr ne comprenait pas pourquoi je me mettais dans de tels états, et je ne savais pas comment le lui expliquer, c’était encore plus douloureux. Je nous imaginais déjà recevoir une missive de la Guilde nous informant que tu avais trouvé la mort dans cet affrontement, et j’en cauchemardais la nuit.

Je te remercie pour tes amulettes. Nous en prendrons le plus grand soin. N’en veux pas à Llyr, mais il préfère garder son pendentif habituel. J’ai donc changé le collier que tu lui as fait faire en bracelet, et il l’aime particulièrement. Je le retrouve quelquefois à jouer avec l’écaille, il la fait se balancer de droite à gauche en secouant le poignet, et la regarde aller et venir. Plus les jours passent et plus il s’éveille à ce monde immense. Il te cherche moins, comme s’il commençait à comprendre que tu finirais par revenir tôt ou tard, bien qu’on ignore encore quand. Mais maintenant, c’est moi qui surveille le portail de l’entrée du village en espérant te voir le franchir fièrement, comme à chacun de tes retours d’expéditions.

C’est curieux comme les choses changent inexorablement alors que nous n’y prêtons pas attention. Hier, c’était lui qui trépignait d’impatience à l’idée de te revoir. Maintenant, c’est mon tour. Plutôt que de m’impatienter, j’angoisse, à vrai dire. L’idée de te perdre me hante. Tant que tu ne seras pas de retour à Kamura, près des tiens, je ne pourrai me la sortir de la tête, et elle continuera de m’obséder comme aucune autre.

Je me suis tellement renfermée sur moi-même et mes peurs que je n’ai que très peu entendu les derniers ragots du village. Il n’y a rien d’alarmant à signaler, ni de nouvelles dont tu dois être informée de suite. Tout le monde va bien, et Utsushi perfectionne l’entraînement de Taishi jour après jour. Il grandit vite, lui aussi, et d’ici quelques années à peine, il pourra être envoyé sur le terrain pour des petites traques sans danger. D’autres enfants finiront par suivre sa route, sûrement eux aussi formés par ton maître. Il passe me voir de temps à autre, et me commande quelques remèdes. C’est un homme très intéressant, bien qu’un peu excentrique. Mais à l’écouter me parler de toi, je réalise combien il tient à ses disciples, et combien il est fier du chemin que tu as parcouru.

Je te souhaite de célébrer tes victoires comme il se doit, en compagnie de tes compagnons d’armes. Avec eux à tes côtés, il ne fait aucun doute que tu triompheras toujours. Et lorsque ton travail là-bas sera terminé, j’aimerais beaucoup que tu me les présentes. Tu me parles d’eux à travers tes lettres, mais je ne peux m’empêcher de me demander à quoi ils ressemblent, quels sont leurs caractères. Pour que tu t’entendes aussi bien avec eux, ils doivent tous être formidables.

Je t’en prie, fais attention à toi sur le terrain. Si tu te blesses, je te passerai l’envie de retourner au combat. Mais je suis convaincue qu’avec Misen et Senki à tes côtés, ainsi que les Chevaliers de l’Ordre, tu n’auras pas la moindre égratignure.

En attendant ton retour, je garde ton futon au chaud. Je suis sûre que tu seras heureuse de le retrouver. Il a encore un peu ton parfum, Llyr l’adore.

Bon courage pour tes expéditions, Nozomi. Je t’embrasse.

Dylis.

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