Lettres de Kamura

Chapitre XII

Douzième lettre

Très chère Dylis,

Pardonne-moi d’avoir voulu te cacher ce détail. Je savais d’avance combien tu t’inquiéterais pour moi si tu l’apprenais. Et ose me dire que j’ai eu tort. Sache que mes égratignures ont pleinement guéri, et c’est comme si rien ne m’était arrivé.

J’espère que Sumire et Manami vont mieux, grâce à tes soins attentifs. Quant à Hanenaga, il est incorrigible, mais j’espère pour lui qu’il apprendra de ses erreurs.

La situation à l’avant-poste a évolué. Bahari a analysé les échantillons qu’il a prélevés sur le garangolm que nous avons dû abattre, Dame Fiorayne et moi, et son constat est sans appel. Quelque chose rend les monstres du Royaume agressifs, et les pousse à quitter leur territoire, bien que nous ignorions encore la raison et l’objectif.

Les garangolms ne sont pas des monstres offensifs, bien au contraire. Ce qui a poussé notre individu à s’en prendre violemment à ses congénères doit être lié aux multitudes de petites blessures que Bahari a observées sur son corps. D’après lui, il s’agirait de morsures de créatures bien plus petites, bien qu’il n’arrive pas à les identifier. Leurs traces ne correspondent à rien de recensé dans les documents du Royaume, alors tu imagines bien qu’à Kamura non plus nous n’avons jamais eu connaissance de créatures semblables.

L’hypothèse la plus probable est qu’il s’agisse des mêmes créatures que celles que nous avons observées récemment. Bahari affirme que d’autres ont été repérées près d’un somnacanth aurore, une sous-espèce plutôt rare que nous n’avons observée sur les terres de Kamura qu’à de très rares occasions. Il m’a donc chargée de détourner l’attention du somnacanth le temps de capturer quelques-unes de ces petites créatures dans le but de les observer.

Avec un peu de chance, j’aurai de bien meilleures nouvelles à t’apporter dans mes prochaines lettres. Mis à part la progression de cette enquête, mon quotidien est plutôt dénué d’intérêt.

Misen était ravie de savoir que vous avez aimé son cadeau. Elle s’obstine à refuser de me dire ce dont il s’agit, alors je resterai éternellement dans l’ignorance. Tant pis pour moi !

Il me tarde de vous revoir. Vous me manquez terriblement.

Porte-toi bien, et pense aussi à prendre soin de toi lorsque tu n’aides pas les autres. Ta santé est toute aussi importante.

Nozomi