Lettres de Kamura

Chapitre XI

Onzième lettre

Chère Nozomi,

Merci pour ces lettres. Je suis heureuse d’apprendre que tu es saine et sauve.

J’ai cependant appris par le biais de Rondine, qui a elle-même reçu une lettre de sa sœur, que tu avais manqué d’être emportée par un arbre déraciné par une tempête. J’aurais apprécié que tu m’en parles, plutôt que de me cacher ce détail… Tu sais combien je m’inquiète pour toi…

S’il te plaît, prends tes précautions lorsque tu pars en chasse sur le terrain. Que deviendrons-nous si nous te perdions ? Le village a besoin de toi et de ta présence, tout autant que Llyr.

Sumire est récemment tombée malade. Fiévreuse, elle refusait de téter le sein de Manami, qui désespérait. Mes remèdes ont fini par la guérir, mais elle est encore fragile. De son côté, Manami est épuisée, et ne parvient pas à se reposer. Elle a beau dormir, assommée par les tisanes que je lui prépare, elle se plaint constamment de migraines. Je vais sûrement devoir garder Sumire près de moi afin de la délester. Llyr aime beaucoup l’observer dans son berceau, je crois qu’il s’inquiète lui aussi pour elle.

Hanenaga s’est lancé dans une nouvelle entreprise, et cherche à domestiquer les filoptères dorés et rubis que nous trouvons maintenant un peu partout dans les environs de Kamura. Il est convaincu qu’il existe une façon de les garder constamment auprès de nous. Pour l’heure, tout ce qu’il y gagne est de nombreuses coupures en voulant manier leurs liens de soie sans prendre plus de précautions.

La vie suit son cours à Kamura, comme tu peux le constater. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai pensé à toi en me demandant combien de temps je devais encore attendre avant de te revoir. Les journées sont longues sans toi.

Porte-toi bien, Nozomi.

Dylis.

PS. Transmets, s’il te plaît, nos remerciements à Misen. Son cadeau nous a ravis, et c’est un véritable travail d’artiste.