Lettres de Kamura
Chapitre II
Deuxième lettre
Chère Dylis,
J’ignore si tu as répondu à ma lettre – peut-être Takamaru est-il en chemin pour me l’apporter par-delà l’océan. Nous avons accosté à l’avant-poste d’Elgado hier, et j’ai tant eu à faire que je n’ai pu trouver le temps de t’écrire. Voilà que j’y remédie, blottie dans un recoin de la chambre que l’on m’a apprêtée pour la nuit, et éclairée à la faible lueur d’une bougie, dans l’espoir que personne ne vienne m’y trouver pour une requête urgente.
Le voyage aura été plus long et épuisant que ce que j’aurais cru. Je pensais que ce serait comme lorsque nous naviguons avec notre petite embarcation pour nous rendre sur les territoires de chasse, mais il faut croire que la grande mer et ses vagues m’ont rendue bien plus malade que tous ces petits trajets jusqu’à la forêt inondée ou aux cavernes de lave. Misen et Senki n’en menaient pas large non plus, malgré les médicaments que Zenchi nous a confectionnés. Je suis convaincue que les tiens auraient été de meilleur effet – certainement parce que je n’ai jamais douté de tes compétences. Ne répète surtout pas ça à Zenchi, ou bien il me le fera payer à mon retour !
À ce propos, j’ai enfin pu faire la rencontre de l’amiral Galleus, qui est un homme fort sympathique et charismatique, tout comme notre Fugen. Cela ne m’étonne pas que ces deux-là s’entendent bien, ils ont beaucoup en commun, du peu que je connais de l’Amiral pour l’instant. Il m’a aussi fait savoir qu’il se pourrait que j’aie à rentrer de temps à autre à Kamura, si le besoin s’en fait ressentir là-bas. Peut-être faudra-t-il aussi que certains autres chasseurs viennent nous rejoindre afin de nous épauler. J’ignore à quel point le malzeno dont tous parlent est redoutable, mais il reste un dragon ancien. Plus nous serons nombreux et nombreuses pour l’affronter et mieux ce sera. J’aurais aimé que tu m’accompagnes. Personne n’est aussi attentionné que tu ne l’es lorsque tu t’occupes de tes patients, et j’aurais très certainement grandement besoin de ton aide dans les semaines et mois à venir.
Je reprends la plume après quelques jours mouvementés. Dame Fiorayne m’a fait visiter le prochain lieu d’investigations, une immense île recouverte d’une jungle très variée, où il me faudra sûrement me rendre à plusieurs occasions au cours de notre enquête et notre traque du malzeno. Nous n’avons pas une minute à perdre, et pourtant les jours me paraissent bien longs sans votre compagnie.
Ici, tous s’expriment avec le même accent que toi et un dialecte similaire, à quelques exceptions près. Peut-être certaines de tes connaissances du Nouveau Monde ont-elles migré à l’avant-poste elles aussi ? Je suis convaincue que si j’interroge chaque chevalier de l’Ordre Royal, certains répondront par l’affirmative lorsque j’évoquerai ton nom ou celui de Seliana. Même si je me doute bien que tu ne veuilles pas en parler, ou même y repenser…
Il m’a été transmis ce jour la mission de venir à bout d’un tetranadon. Dame Fiorayne assure qu’une fois ce monstre éradiqué nous pourrons ouvrir une voie de commerce stable entre Kamura et l’avant-poste. Je songerai à toi à chaque instant sur le champ de bataille. Je t’écrirai de nouveau lorsque cette affaire sera réglée.
Je vous embrasse. Prenez soin de vous.
Nozomi