Lettres de Kamura
Chapitre I
Première lettre
Chère Dylis,
C’est le cœur gros que je t’écris cette lettre. J’espère seulement que tu la liras, et ne la jetteras pas au feu comme je t’ai déjà vue le faire avec bien d’autres.
J’avais anticipé ton absence le jour du départ, voilà pourquoi je te l’ai écrite en amont, et pourquoi Takamaru te l’a apportée. S’il te plaît, félicite-le pour moi. Ce brave oiseau se fait toujours une joie d’aider comme il peut, et raffole de tes douces caresses.
Je sais combien tu détestes les aurevoirs et les départs, et comprends ton absence de ce jour. Sache que je ne t’en veux aucunement, j’aurais seulement aimé pouvoir échanger quelques mots avec toi avant que Dame Fiorayne n’ordonne de larguer les amarres. Tu as dû l’apercevoir de loin, terrée dans ta demeure, sûrement par peur de rencontrer de nouvelles personnes et de raviver de douloureux souvenirs. Son arrivée a fait un sacré bruit à Kamura, tu sais. Elle ressemble beaucoup à Rondine, elles ont le même visage, la même prestance. Elle doit certainement être son aînée.
Sache que j’ai mûri mon choix, et que je ne vois pas ce départ comme une occasion d’abandonner Kamura, mais plutôt comme un devoir qu’il me faut accomplir pour le bien de tous en tant que chasseuse. Fugen, Utsushi et Hojo ont appuyé ma candidature auprès de l’amiral Galleus – avoir fait partie de ceux qui ont vaincu la Mère de Tous a dû grandement jouer en ma faveur, même si tu n’aimes pas ça. Mais sache je n’y serais jamais parvenue sans toi à mes côtés. Si tu n’avais pas pansé mes plaies à chaque retour victorieux, certes, mais pas indemnes, jamais je n’aurais pu la terrasser avec les autres…
Le voyage sera long, mais je penserai à toi lorsque je verrai ton étoile briller plus que les autres. J’espère qu’il ne vous arrivera rien d’ici mon retour. La Calamité a peut-être été apaisée, elle ne s’est pas complètement arrêtée pour autant. Ses vestiges risquent de perturber la tranquillité que nous avons tenté de retrouver. Pourvu qu’aucune autre horde ne vienne s’en prendre aux portes du village. Et si par malheur cela venait à se produire, je prierai mes ancêtres pour qu’ils vous gardent.
N’hésite pas à demander de l’aide à mes parents et au reste du village. Kamura est ta demeure, tous te prêteront main forte avec joie.
J’espère que tu ne seras pas débordée à soigner les blessures des autres. Au mieux, je te souhaite de n’avoir qu’à soigner les coupures que se fait Hanenaga lorsqu’il cherche à amadouer des filoptères sauvages.
Embrasse Llyr de ma part. Ses rires vont me manquer.
Amicalement,
Nozomi