Mass effect : un nouveau foyer
01Juillet 2286, 20H05(heure local de l’Arche). Andromède, secteur inconnue, l’Arche, salle d’opération
Un épais voile de fumée m’entoure. Je vois des formes étranges, terrifiantes. Et puis d’un coup, tout s’embrouille encore plus que précédemment et enfin, le noir complet. Puis juste après, une vie douleur m’arrache un cri et je me réveille.
« - Vite de la morphine, hurle un voix lointaine. VITE ! »
Je respire avec difficulté, mes yeux sont embués. Je me tourne de droite à gauche, et vois que je suis allongé sur un lit, le bras couvert de bandage. Mais au bout, là où devrait être mon avant-bras, un moignon horrible se trouve et ensanglante le sol. La panique commence à me gagner.
« - Dépêchez-vous docteur, urge une autre voix. S’il meurt, je vous tue !
-N-Ne vous inquiétez pas d-dame Salia, il va s’en sortir. »
Ma panique s’apaise peu à peu et le voile de fumée revient. Je perds à nouveau connaissance.
06 Juillet 2286, 09H00(heure local de l’Arche). Andromède, secteur Nova, Astia, village Jirania.
Je me trouve au centre du village Jirania, assis contre le bâtiment du chef. Je suis en vêtement militaire, pantalon noir et t-shirt gris avec le logo de l’Arche, une main de chaque espèce jointes les unes sur les autres. Une médaille est épinglée sur ma poitrine à droite : la purple Heart. Brave récompense pour la perte de mon bras.
A la place de mon avant-bras droit jusqu’au coude se trouve maintenant des bouts de métal. On dirait que je n’ai plus que des os, en fer, et pas de peau. Les médecins ont bien des housses rembourrées pour camoufler, mais je préfère ne rien faire, mon bras me rappelle bien les risques d’Andromède. Mon armure a été réajustée et mon brassard droit enlevé. Mon membre mécanique sera donc visible même en tenue de combat, de quoi faire peur pour ainsi dire.
« - A peine arrivé et déjà estropié, dis-je malgré moi à voix haute.
-Ah, t’as fait fort, répond Tania qui vient vers moi. Mmh, ça te fait un côté gangster de l’espace. »
Pendant ma convalescence, mon escouade et des scientifiques ont noué des liens avec les locaux. Une cartographie de la planète a été faite, des moyens de communications ont été installés et surtout, des traducteurs ont été transmis aux dirigeants. On en a plus appris sur nos voisins. Il y a plusieurs villages répartis sur tout Astia et différents « biome », avec un chef pour chaque communauté qui agissent de concert. Les villages évoluent donc en étroite collaboration et les conflits militaires ou politiques semblent absents de leurs cultures. Ils ont à cœur le développement de leur progéniture, qui est un cadeau pour eux, et veulent donc éviter au plus les guerres. Mais quand ils y sont obligés, la rage de vaincre est bien au rendez-vous comme c’est le cas face aux « créatures du ciel ».
Autre fait de ma convalescence, les premiers colons humains, turiens et quariens se sont installés.
« - Assez parlé soldats, dit le capitaine Kira qui sort du bâtiment avec Julien. Bon, on a une mission. Les jiranias nous ont transmis la liste des ressources de la planète, et à priori il n’y a pas ce qu’il nous faut. Il manque notamment de l’ézo. Le commandement va donc nous envoyer sur une lune, de l’autre côté du système, où il devrait en avoir. On a aussi pour deuxième objectif d’enquêter sur d’éventuelles présences d’alien. D’après une analyse spectrale, il y a des émissions d’onde depuis cette planète, signe d’une présence. On va donc nettoyer cette zone, pirater leurs données pour en savoir plus et s’approprier l’ézo. En avant ! »
06 Juillet 2286, 10H30 (heure local de l’Arche). Andromède, secteur Nova, en approche de la lune d’extraction d’ézo.
La navette flotte doucement dans le vide spatial.
« - T’en a loupé des choses mec, me dit Brad et me donnant un coup de coude. Les jiranias sont extras ! Depuis qu’on les a aidés on est comme des dieux pour eux !
-C’est un peu excessif je trouve, dit Tania. Mais au moins, il nous aide.
- Et l’Arche ? demandé-je. Où en sont les réparations,
- Ça devient critique, répond Julien. Le moteur a chauffé suite au saut spatial. J’ai entendu dire qu’ils ont dû détacher le relai et le laisser dans l’espace, pour éviter d’endommager encore la structure et pour qu’il refroidisse.
- Merde. Et on peut le réutiliser ? Car à l’heure actuelle nous n’avons que ça pour aller dans des zones plus lointaines.
- Je ne sais pas, mais de toute façon on ne pourrait pas, dit Julien en haussant les épaules. Il faut un relais de départ et un d’arrivée, sans ça il n’y a aucun voyage possible. Donc, à moins dans découvrir un ici …
- C’est peine perdu, renchérit le capitaine. Mais on a déjà bien à faire avec les systèmes atteignables. »
Pour la mission, nous sommes toute l’escouade avec en plus trois autres navettes. D’après des relevés, la résistance devrait être forte mais non insurmontable. On a donc avec nous une équipe de krogans près à en découdre et deux escouades de turiens parées au combat.
« - Dites capitaine, dis-je alors qu’une pensée me traverse l’esprit. Comment se fait-il qu’un turien soit notre chef d’escouade ? Je crois que nous sommes la seule équipe mixte.
-Bonne remarque, mais encore une fois les choses ont évoluées durant ta convalescence. Ils y a quelques groupes mixes pour renforcer les liens et la productivité. Mais nous avons été la première, et on peut dire que c’est grâce à nous que les équipes sont de plus en plus mixtes. Par ailleurs, il est de notoriété que les turiens sont la meilleure armée – ne t’en déplaise Tania, ajoute-t-il en la voyant prête à réagir- et donc voilà pourquoi je suis votre chef. C’est tout ?
- Non, et on peut dire que ça va de pair avec ma précédente question, comment se passe l’entente dans notre colonie ?
- Oh tu sais, je ne suis pas en grand contact avec les colons. Mais de ce que je vois, l’entente se fait bien. Sauf pour les humains et turiens, les séquelles de la guerre du premier contact sont encore dans vos esprits. Et les quariens, eux, dit-il avec dédain, dès qu’ils ont quelque chose à parasité ils sont joyeux.
- Capitaine ! S’emporte Tania. Ce n’est pas avec des stéréotypes et ce genre de parole que l’on se soude et que l’on s’apprécie.
- Pour ma part je suis d’accord, réplique Julien. Les quariens ont un lourd passé de charognard, quoi qu’on dise, et c’est un fait. Ils ont très bien travaillé sur l’Arche, mais ils ont bel et bien leurs vieilles habitudes. Quant à notre relation humano-turien, je vous rappelle cher capitaine que votre peuple à faillit entrée en guerre totale avec une espèce inconnue, sans rien dire sur les interdictions du conseil envers l’ouverture des relais et donc sans aucune sommation. Un acte tout a fait intelligent et sans possibles répercussions néfastes de notre part.
- Surveille ton language soldat ! Je pourrais être d'accord, mais croit moi, si tu connaissais toutes les histoires de la guerre rachni, tu aurais fait de même, contre-attaque Kira.
- En tout cas, dit Brad avec un air pensif, c’est bien dommage que les asaris ne puissent habiter de manière permanente sur Astia. Ouais, c’est bien dommage.
- Tient donc, rigolé-je, serais tu amoureux de leur espèce entière. »
La discussion devient alors plus légère comme je l’espérais.
La conclusion de cette conversation est que la cohabitation est difficile. Les personnes semblent bien vouloir collaborer, mais les stéréotypes et les aprioris sont bien ancrés dans les mentalités. Il va falloir du temps pour bien s’unifier, mais les équipes militaires mixtes sont de bons moyens pour resserrer les liens et briser la glace, ou créer un accident diplomatique.
Espérons que nous nous en sortirons.