Le secret
Garrus et Seven se réveillèrent au son de coups de feu de l’autre côté de la porte. Des bruits de cavalcade, des hurlements. De nombreux tirs.
- Vous pensez que le Cyclone est là ? demanda Seven.
- ça m’étonnerait, on n’a pas dû passer plus d’une journée en cellule, votre chef mécano avait évalué un temps bien plus long pour les réparations. Alenko peut-être ?
Seven haussa les épaules en signe d’ignorance. Au bout de quelques minutes, le silence revint dans le complexe. Tendus, les deux compagnons attendirent, jusqu’à ce le verrouillage de la porte s’annule subitement. La serrure holographique passa au vert sans un bruit. D’un geste, Vakarian intima le silence à Seven. La jeune femme recula légèrement dans la cellule, et ferma le poing, qui se nimba d’énergie noire, prête à frapper. Garrus toucha la serrure et recula à couvert tandis que la porte coulissait. Voyant que personne ne se tenait derrière, la biotique édifia une barrière, et sortit précautionneusement dans le couloir désert. Le turien sortit à sa suite. D’un mouvement du menton, Seven lui désigna deux mercenaires criblés de balles un peu plus loin. Un méca de sécurité était tombé à côté d’eux.
- On dirait qu’ils ont été abattus par leur propre méca, analysa le Spectre en ramassant leurs armes. Bizarre… c’est pas Alenko qui a piraté ce truc, c’est certain.
Seven prit le fusil d’assaut que lui tendait le turien, fit les vérifications d’usage et rechargea, avant de porter deux doigts à son oreille et d’essayer de joindre le Cyclone, sans succès.
Tout en progressant dans le complexe, Garrus et elle trouvèrent de nombreux cadavres de mercenaires et de mécas désossés. Une véritable bataille rangée s’était livrée derrière la porte verrouillée de leur cellule.
- Mais qu’est-ce qui s’est passé ici… grommela Vakarian tandis qu’il s’efforçait d’envoyer un message au Cyclone depuis un terminal de communication. Tout est bloqué, on est en circuit fermé.
Seven attira son attention en tapotant sur son armure. Devant eux, un balisage d’urgence s’était allumé, formant un chemin dans le dédale des couloirs.
- J’aime pas ça.
- Je crois qu’on n’a pas vraiment le choix, répondit la jeune femme. Peu importe qui a tué ces mercenaires, on dirait que ça veut nous garder en vie, sans quoi on aurait déjà des mécas sur le dos. Autant suivre le balisage, on verra bien où ça mène.
Aux aguets, ils suivirent les leds à travers le dédale des couloirs. A plusieurs reprises, Garrus consulta le plan téléchargé dans son monitech : on les emmenait au cœur du complexe, vers l’endroit où la bombe était stockée, selon leurs renseignements.
Ils débouchèrent bientôt dans un vaste labo. Là encore, les cadavres jonchaient le sol, abattus alors qu’ils étudiaient plusieurs artefacts.
- La bombe. Elle est désarmée, annonça Cooper en s’approchant de la masse clignotante, détachée de ses amorces.
Rassurés là-dessus, ils entreprirent de faire le tour de la pièce. Garrus reconnu des artefacts prothéens et asaris, ainsi que du matériel geth. Visiblement, les mercenaires avaient volé de nombreux objets de toutes sortes dans le but de les revendre.
- Qu’est-ce que c’est que ce truc ? s’exclama Seven.
Haut de plus de deux mètres, le truc en question ressemblait vaguement à un module de repos ou de stase, avec une paroi vitrée incurvée. Un faisceau de câbles le reliait au système du complexe. Les diodes de balisage y menaient tout droit.
- C’est un virtualiseur geth, répondit Garrus. J’en avais pas vu depuis la guerre. Ça servait aux geths à connecter leurs plateformes mobiles au consensus, pour échanger des données. Shepard en avait utilisé un.
- On dirait que la personne qui nous a libérés veut qu’on y entre, déclara Seven en faisant un pas vers le module.
Avant même que Garrus ait levé la main pour l’empêcher de s’approcher, les diodes virèrent du vert au rouge, et clignotèrent furieusement. Surprise, la jeune femme recula. En réponse, les diodes reprirent leur couleur d’origine.
- Vous êtes cinglée, Cooper ? Laissez tomber, se reprit-il. Ne vous approchez pas de ce truc.
- De toute façon, on dirait que ça veut pas de moi Vakarian. Essayez, vous.
Devant la véhémente dénégation du Spectre, Cooper leva les yeux au ciel… et s’étrangla. Sur l’écran à côté du module, une phrase était écrite : « Entrez dans le module, Garrus ». Quelques instants plus tard, la phrase s’effaça, remplacée par les mots « s’il vous plait ».
- C’est complètement dingue…
- C’est demandé gentiment après tout, persifla Seven. Essayez, on en a pour des heures à fouiller ce complexe pour retrouver le major, peut-être que le truc qui se balade dans le système peut nous filer un coup de main supplémentaire.
Avec appréhension, Garrus grimpa dans le module, qui se referma sur lui. Un vrombissement se fit entendre, des scans lumineux l’éblouirent et il perdit conscience.