Sauver la Terre
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Les Moissonneurs _des machines plus grandes que les plus hauts buildings_ quand ils débarquèrent sur Terre tombant du ciel comme la pluie lors d'un orage, les premières villes ciblées furent les importants centres de population. Ainsi les capitales : Londres, Washington, Paris, Tokyo, sombrèrent dès le premier jour.
Trente et une semaines plus tard il n'en restait que des brasiers invincibles et des montagnes de cendres infranchissables. La Terre entrait alors dans une nouvelle ère : celle de l'extinction.
Aaron, dans son grand désarroi, était l'un des premiers spectateurs du funeste dessein prévu pour l'humanité. Alors qu'il servait en tant qu'opérateur radio pour la résistance de Glasgow, il interceptait les rapports de pertes, les demandes de renforts, ou de simples appels à l'aide venant des quatre coins du monde. Au fil des jours et des massacres, une sombre pensée murissait en lui :"Personne ne pouvait les sauver !"
Affalé sur ses genoux, la tête tombante entre ses rangers de marines, les messages auxquels il n'avait pu répondre bourdonnaient dans sa tête. Des millions de voix criaient en même temps comme le souffle glaciale de l'hiver polaire, toutes avaient plongé dans le silence mais l'écho de leur agonie survivait dans sa mémoire, comme les séquelles d'un traumatisme qui ne pouvait s'effacer qu'avec le temps.
Une main puissante posée sur son épaule l'extirpa de son calme habituel. Prit par surprise, il leva les yeux. Jaws, le plus impressionnant de ses compagnons, portait un sceau d'eau chaude en dessous de son énorme bras, et deux éponges calées entre ses doigts. Il l'invita poliment à le suivre à l'extérieur du wagon. Là-bas, garé en chien de garde vers le fond du tunnel se trouvait un char de classe Mako.
Celui-ci était un membre à part entière de l'escouade Phénix, il était surnommé "Carnage". Un bélier en forme de gueule de dragon renforçait le pare-chocs avant, et une tête de Zombie encore fraîche décorait la pointe. Sur le flanc de son canon principale était tagué en vives couleurs l'emblème de l'escouade : "Le sigle N7 trônait sur les cendres de ses ennemis, et un phénix venait l'attraper de ses serres." Par delà, parcourait d'un bout à l'autre de la carrosserie une constellation d'impacts qui perforaient le blindage latérale. Certains étaient à peine plus gros qu'un pouce, mais le plus massif d'entre eux était aussi large qu'une boule de bowling.
Tout en longeant le Mako, Jaws caressa lentement la carrosserie, et fit voyager son doigt sur chacune de ses blessures. Il arrêta sa course aux portes arrières. Les yeux dans le vide et la tête basse, il prit un instant pour se recueillir. Il croisa ses doigts autour du médaillon pendant à son cou, et murmura des mots avec sa voix de baryton. Il conclua d'un signe de croix : "Au nom du père, du fils, et du saint esprit. Amen." Il se retourna vers Aaron, et lui tendit une éponge.
_ On doit le faire...se navra t-il d'une voix plus discrète
Aaron jeta un œil hésitant a l'intérieur du Mako, puis se glaça d'effroi. Il trébucha sur les rails, avec une main sur le visage qui retint sa nausée. Jaws reprit alors d'un ton nostalgique.
_ Il s'appelait Carter, c'était un bon copain...
Le courage aussi chancelant que sa vue lorsqu'il se redressa sur ses pieds, Aaron attrapa l'éponge du bout des doigts. Jaws lança un jet d'eau sur les sièges noircis de sang pourrie puis ramassa, l'échine courbée, des pièces d'os et de chaires de cet ami qu'il regrettait. Sans exprimer son écœur, Aaron frotta la banquette voisine. A chaque coup de brosse une mousse rougeâtre emergeait entre ses doigts. C'est alors qu'un relent sanguin s'inflitra par ses narines jusqu'à retourner ses propres tripes. Il vomit sur ses mains le peu de matière qu'il avait dans l'estomac, et continua à nettoyer silencieusement. La guerre contre les Moissonneurs apportait son quota d'horreurs. Celle-ci, en était une parmi tant d'autres.
Il épongea des litres de sang, concentré sur son geste devenu mécanique. Durant son effort il ne remarqua point que sa tête s'alignait avec le plus gros impact de balle dans le blindage. L'une de ses tentatives pour ravaler un dégueulis soudain le poussa à zyeuter sur le côté, et c'est là qu'il s'en rendit compte. Au premier coup d'œil il n'y prêta pas attention, mais un second le pétrifia comme s'il apercevait un revenant. Si cela avait été lui derrière la parois lors de l'impact, il n'en resterait plus rien. C'est alors qu'au travers du trou béant, il aperçut BB.
Ce dernier, auréolé d'un voile bleue, supportait une épaisse plaque d'acier par la seule force de ses pouvoirs biotiques. Il vint la souder sur la carrosserie pour en combler les manques. De sa voix rugueuses, irritable avec son infâme accent polonais, il râlait dans sa barbe mais suffisamment fort pour que ses compagnons l'entendent.
_ Pourquoi je me fais chier à te maintenir sur pieds si t'es pas foutu d'encaisser un obus !?
D'une paire de coups de poings il testa la solidité de sa réparation de fortunes, l'énième qu'il avait à faire. Il se glissa ensuite à l'arrière tout en s'allumant une cigarette. Il adressa un regard en coin pour Jaws, qui se tenait la tête tourmenté par sa blessure au visage. Même s'il connaissait déjà la réponse il lui tendit son paquet pour soulager ses maux, puis il mitrailla Aaron de ses petits yeux gris.
Ce dernier s'asseyait timidement sur le siège encore chaud et détrempé qu'il venait de récurer, et renvoya un sourire affectueux. Mais on lui grogna alors.
_ Ma gueule te revient pas !?
Il baissa aussitôt la tête sur ses rangers en signe de coopération. C'est alors qu'une voix aussi froide qu'agressive résonna dans le tunnel.
_ Si on pouvait on s'creverait les yeux ! s'exclama Athena. L'Carnage est "OK" ?
La vigoureuse chef en second de l'escouade s'immisça entre les deux montagnes de muscles sans pâlir. A l'un, elle jeta un regard dédaigneux qui fit volte-face pour montrer son mécontentement. A l'autre, elle rapporta une micro-seringue de morphine.
Jaws s'en contenta volontiers, et lui dévoila son cou pour l'injection. La douleur s'atténua sur le champ, temporairement certes, mais son crâne ne menaçait plus d'exploser. Puis Athena demanda simplement : "Il peut rouler ?" BB répondit d'un hochement d'épaules car jusqu'à présent il pouvait maintenir le Carnage en état avec peu de ressources. Mais après des mois sans le moindre approvisionnement, souder des morceaux de ferrailles sur la carrosserie restait le mieux qu'il pouvait faire.
Alors qu'il écoutait silencieusement, ces mots firent mouches dans l'esprit d'Aaron. Il se rappela de ces messages cryptés qu'il recevait à intervalle réguliers. Chaque semaines il devait en décoder un, alors que la clé de cryptage changeait constamment. Heureusement c'étaient des vieux codes datant de la deuxième guerre mondiale, qui était elle-même au programme de formation des ingénieurs de combat. Une fois le message intercepté et la clé de décryptage désignée, il trouvait les coordonnées de largage d'un approvisionnement extra-planetaire, venant d'alliés qui ne les oubliaient pas. Mais le dernier largage datait d'y il a plus de trois mois, et depuis : silence radio.
La voix tyrannique d'Athena brisa sa bulle de rêve qui l'emportait l'espace d'un instant. Lorsqu'il revint à la réalité, l'escouade se rassemblait autour du Carnage, et le Capitaine Terrens établissait clairement l'objectif suivant. Un bref mais intense voyage les attendaient en surface, car ils devaient rallier la Base Liberty, le centre de commandement de la résistance d'Angleterre.
☆☆
"La griffe titanesque du monstre de fer, saignait à blanc la chaire du monde sous son poids. De sa gueule endiablée il soufflait les buildings les plus hauts d'un déluge écarlate. La foule aux aboies en contre-bas, hurlait à s'en rompre la voix sous l'ombre de cette machine, dont l'amplitude démesurée éclipsait le soleil. Même dans ses songes les plus sombres, l'humanité n'imaginait pas faire face un jour, aux démons surgis de l'abîme du cosmos.
Là-dessous, une main salvatrice extirpa Aaron d'une carcasse désintégrée sous la tête géante d'un météore de verres et d'aciers.
_ Qu'est-ce tu fous là petit ?!
_ Papa...
_ COURS !
Le ciel flambait et tombait en lambeaux ardents. Aaron fuyait, sous une étreinte protectrice, le chaos qui s'abattait sur Terre..."
Alors que la coque du Mako hurlait sous la torture d'une route massacrée, les suspensions se fracassèrent dans un cratère de mortier, et par la même occasion, privèrent Aaron d'un sommeil qui fut long à venir.
_ Quelle horrible sensation que de se réveiller encore plus fatigué que la veille. pensa-t-il
Sa tête reposait sur la parois frémissemente et balafrée du Carnage. Dans son ventre blindé, le moteur grognait tel un monstre, et pourtant cela avait un pouvoir hypnotique. Ici, il s'y sentait en sécurité, protégé derrière une simple cloison de titane. Combien de temps avait-il dormi cette fois-ci ? Impossible de le savoir, mais au moins il s'était réveillé.
Un silence serein régnait autour de lui. Athena s'affaissait légèrement sur son épaule. Elle portait une sombre combinaison "Fantôme" des commandos N7, qui moulait parfaitement son corps affûté et taillé comme un bloc de pierre. Une alliance suspendu au bout d'une chaîne tombait dans l'ouverture de son décolleté. Bras et jambes croisés, les turbulences de la route ne l'empêchait pas de dormir comme un loire.
Au fond de la remorque, Jaws et Yankee se faisaient face sans pour autant se parler ni même s'échanger un regard. Peut-être souffraient ils chacun de leurs blessures au point de rester dans le silence. Jaws embrassait tendrement une petite gourde en aluminium, recouverte de quelques noms gravés : Elsa + Eliot + Luther Junior, pouvait on y lire. Il la posait contre son front et susurrait quelques mots _ sans doute une prière_ puis l'embrassait de nouveau. Yankee quand à elle fixait le bas de la porte. La moitié de son visage cybernétique ne pouvait dissimuler son air blasée et exténuée, mais elle n'en parlait jamais. Le canon de son fusil de précision prestement collé sur son épaule représentait bien le dernier intérêt à préserver.
De l'autre côté du Carnage, dans le poste de pilotage, c'était BB qui conduisait. Il roulait plein gaz et se fichait éperdument des conditions de voyages de ses frères d'armes. Cependant c'était un chauffeur expérimenté qui connaissait les moindres secrets des M-35 Mako. Juste avant la guerre il sortait de dix ans de mercenariat, dans un groupuscule appelé Soleil Bleu. Là-bas il y réparait désossait, remontait et améliorait des véhicules de guerre comme civil. Au total plus de dix milles des ces engins étaient passé sur sa table d'opération. C'est ainsi, avec une telle expertise, qu'il maintenait le Carnage opérationnel depuis le début de l'invasion. "Sur tout type de terrain et contre n'importe quel ennemi, le Carnage avançait." C'était sa devise. Jusqu'à présent elle apparaîssait comme véridique, mais un jour une avarie en viendra à bout et cela sonnera la fin de l'escouade Phénix. C'était également une autre de ses devises.
Le Capitaine Terrens prenait la place du mort à ses côtés. Il traçait l'itinéraire en temps réel, puisqu'il était l'un des cinq officiers à connaître l'emplacement de Base Liberty, leur destination. Il gardait précieusement ce secret enfouit, à la demande d'un chef et ami qu'il respectait.
Aaron s'estimait chanceux de l'avoir comme commandant. Il ne le connaissait pas, excepté de réputation, mais il percevait cette aura de sérénité intensément dégagé, comme un point de repaire dans le chaos de la guerre. Toute l'escouade le suivait aveuglement car il ne cédait jamais, et Aaron se sentait prêt à faire de même.
A l'entrée du cockpit, une parois entière était destinée à agrafer des plaques d'identités. "A nos frères retournés aux cendres, y était-il gravé au couteau." Quatre-vingt seize plaques défilaient en une interminable liste qui n'en avaient pas fini de s'agrandir. Certaines gardaient encore les tâches de sang de leur ancien propriétaire. D'autres n'étaient que le fragment de ce qui en restait. Encore quelques candidats de plus et la parois serait remplit, mais pour l'instant le tout dernier nom était : Carter.
Aaron détourna le regard reprit d'une nausée soudaine. Il essuya son visage par deux fois sans pour autant effacer ses souvenirs infectes.
Devant lui, il y avait Pyro, le porte-étendard biotique. Il portait un simple gilet tactique comme protection pour son buste. Ses gantelets ainsi que ses bottes se hérissaient de pointes de fer. Et il aimait se peindre un masque de tête de mort avec un pâteux mélange de cendres et de sang séché. Son aspect, selon ses dires, terrifiaient les Moissonneurs et le rendait immortel. Il profitait du voyage pour se rouler des cigarettes.
Il lui en proposa une, qu'il refusa poliment tout en cherchant une position plus confortable. Pyro enchaîna de sa voix surexcitée.
_ Ça t'éviteras de péter les plombs !
Il craqua une allumette sur son gilet, et s'en grilla une. A la première bouffée, un nuage de biotique se forma autour de lui et il sourit d'un air satisfait.
_ Une taffe, et t'es assez chargé pour faire mouiller une Asari ! ricana t-il en aspirant plusieurs fois.
Il tendit a nouveau sa cigarette. Aaron maintena son refus. Alors il proposa un coup à Athena qui dormait d'un œil. Mais elle rejeta sa proposition de son regard de lynx assassin.
_ J'sucerai un Volus avant d'toucher à c'truc. Vire ça d'mon paysage !
Pyro ricana étrangement, comme une hyène machiavélique. Il tira une grosse bouffée, puis souffla au visage d'Aaron. Ce dernier n'osa pas protester ni même réagir, alors Athena s'interposa.
_ Fous lui la paix, éteint ça !
Pyro échangeait un profond regard avec Aaron, ce n'était pas méchant, simplement sa façon de faire connaissance. Il avait cet air hébété, comme fasciné devant un animal sauvage qu'il voyait pour la première fois. A cette idée saugrenue, son sourire se découvrait, il avait les dents tout aussi noires que ses gencives. Athena qui détestait l'insubordination répéta son ordre d'un ton plus agressif. Il se colla alors au fond de son siège sans protester. Il éteignit sa cigarette d'une paire de coup évasifs sur sa langue, puis la rangea dans son gilet. Il ferma les yeux, et profita de l'effet relaxant du sable rouge qui s'insinuait dans son corps survolté d'énergie biotique.
Le trajet jusqu'à Base Liberty s'annonçait houleux et hostile. Si les immenses silhouettes des plus gros Moissonneurs se devinaient facilement dans le paysage sans reliefs et dénué de couleurs, leurs créatures moissonnées elles, pullulaient comme des bactéries dans la plaie béante laissée sur Terre. Malgré leur taille démesurée, les vaisseaux de lignes Moissonneurs étaient assez rares. Au début de l'invasion ils représentaient la première force d'extermination, mais ils se concentraient sur les principaux foyers de populations, et de ce fait les zones rurales bénéficiaient d'un temps d'avance, pour fuir ou agir. Après sept, peut-être huit mois de guerre, les forces d'occupation ennemis étaient bien là mais demeuraient invisible. L'escouade Phénix devait donc parcourir les quarante kilomètres qui la séparait de sa destination en traversant champs et campagnes, à toute allure et avec l'espoir absurde de passer inaperçu.
☆☆☆
Huit heures sans aucun arrêt furent nécessaires pour rallier Base Liberty depuis l'avant-poste de Cambridge. Le voyage se déroula miraculeusement sans encombre, en provoquant l'étonnement de l'ensemble de l'escouade. Mais la route se termina devant la gueule accidentée d'un tunnel qui plongeait sous la mer. Un vieux panneau survivait d'un fil accroché sur le mur. Il chancelait avec une légère brise putride, et malgré la suie qui l'en recouvrait deux mots se distinguaient : Euro Tunnel.
Le Carnage s'immobilisa devant la façade comblée d'un muret de carcasse d'où un contingent de soldats se tenaient prêts à tirer. Le plus gradé d'entre eux descendit de la barricade.
C'était un cinquantenaire à la peau mat dont l'uniforme classique des marines de l'Alliance était aussi crasseux et fatigué que n'importe quel autre de ses hommes.
Le Capitaine Terrens annonça a son escouade de rester à bord jusqu'à son signal. Il rejoint son homologue d'une allure décidée et le saluat avec tout le respect qu'il devait à un supérieur. Il dissimulait son enthousiasme, mais après des mois de lutte contre un ennemi tout puissant, il revoyait son plus vieil ami, le chef de la résistance mondiale, l'amiral David Anderson.
Malgré la fatigue qui imprégnait son visage, l'amiral Anderson apprécia les retrouvailles avec le Capitaine d'une solide poignée de main.
_ Bon dieu Terrens, heureux de vous revoir !
Face à lui, le Capitaine garda son air stoïque habituel. Il répondit sobrement.
_ Anderson.
A son signal, l'escouade débarqua du Carnage _ un élan d'étonnement s'éprit alors du petit groupe de résistant perché sur la barricade_ Ils s'alignèrent par ordre de taille, Jaws était le plus grand donc le premier à droite. S'en suivit de Pyro, BB puis Yankee et Aaron. Seule Athena était plus petite mais en temps qu'adjudant elle se plaça sur la droite. Elle ordonna alors d'une voix autoritaire.
_ Escouade, fixe !
L'amiral Anderson s'approcha et se donna le temps de saluer personnellement chacun des membres de l'escouade. Car la dernière fois qu'il les avaient vu, ils étaient soixante. A son grand regret, le seul visage qu'il reconnut était celui d'Athena. C'était la seule qui restait. La seule survivante de cette unité d'élite qu'il avait formé pour lutter contre les Moissonneurs. Son pas stoppa devant le visage si jeune et innocent d'Aaron. Il n'avait pas les mots, mais il comprenait que peu importe son âge, il avait forcément mérité sa place. Il l'empoigna fermement puis reprit.
_ Terrens, ne restons pas plus longtemps à découvert.
Le Capitaine ordonna a son escouade d'entrer dans le tunnel et d'y attendre ses instructions. Quand à lui, il suivit calmement l'amiral Anderson dans l'escalier donnant sur la butte en surplomb.
Ils marchaient d'un même pas comme dans leur jeunesse, jusqu'au quai du port Winston Churchill, à une centaine de mètre du tunnel sous la Manche. Comme la majorité des autres installations militaires, le port avaient été lourdement bombardé dès les premiers jours d'invasion. L'ancien chantier navale, et fierté du Royaume-Uni n'était plus qu'un assemblement de hagard à bateaux désertique et sourd de tout signe de vie. Seule l'écho des bottes des deux officiers de l'Alliance se perdaient dans le silence.
La marée avançait de plusieurs mètres, et menaçait d'inonder le quai. Elle devenait plus visqueuse que aqueuse, teintée d'un rouge sanguinaire empestant la mort comme un cimetière à découvert. Le Capitaine Terrens jeta un coup d'œil par dessus la rambarde du quai. Des milliers de formes en décompositions flottaient à la surface, l'écœure abominable qui s'en rejetait révulsait même les mouches.
Tout au bout du quai, un zodiaque gardé par quelques soldats attendait Anderson. Il leur fit signe de patienter puis épaula amicalement le Capitaine Terrens.
_ A en cauchemarder n'est-ce pas ?
_ J'ai vu pire, Anderson, bien pire. Mais on ne s'y fait jamais !
_ Oui, oui...à chaque fois qu'on croit avoir tout vue, les Moissonneurs nous prouvent le contraire.
Il glissa sa main sous sa casquette pour soulager son mal de tête. Il poussa ensuite un soupire si rude, qu'il prit un instant pour se remettre les idées en place.
Le Capitaine portait son casque sous le coude, et tenait la rambarde de l'autre main. Ainsi il jeta son regard au plus loin, là où le ciel de son pays natale étouffait jusqu'à plonger dans un océan de sang. Sans grimacer ni montrer quelconque émotion il dit alors.
_ J'étais à Anchorage, Stockholm, et maintenant Londres. C'est partout la même chose. On continue à se battre mais a ce rythme là on aura plus personne à sauver !
Anderson réajusta sa casquette et reprit d'une voix plus assurée.
_ Vous avez raison, Terrens. La situation est critique...mais pas encore désespérée !
_ Qu'est-ce que vous voulez dire ?
_ Vous saurez tout au conseil de guerre.
A ces mots, une colonne d'eau emergea au large du port. Une immense ombre fit surface. Une tour s'élevait à dix metre au-dessus du niveau de la mer et arborait un drapeau américain, ainsi que son nom : USS Obama. Un sous-marin nucléaire, utilisé comme centre de commandement. C'était la Base Liberty.
______________ A suivre_________________
Voilà, j'ai enfin fini de corriger ce deuxième chapitre. Je pense avoir trouvé un style qui me correspond, avec peu de dialogues et plus de narration. Néanmoins c'est une expérience fascinante que d'inventer et mettre en scène ma première fiction.
Bon voilà c'est tout ce que j'ai à dire à ce sujet, à bientôt pour la suite.