Gemini War, Tome 1, First Avengers

Ce fut avec le plus grand déplaisir du monde que je m'extirpais de mes draps le lendemain matin. Qu'est-ce que je n'aurais pas donné pour rester au lit, ne serait-ce qu'une heure de plus ? Et pourtant, j'avais fait le tour du cadran, à peu de chose près, au vu de l'aurore que j'apercevais par la fenêtre. Je soupirais et allais chercher de quoi constituer un repas correct.

Ceci fait, je décidais de laisser Dan s'occuper de toute cette histoire, après tout, c'était son idée à la base. Et surtout, se balader avec une blessure par balle, même suturée, alors qu'on allait «peut être » subir quelques tests ne me semblais pas une bonne idée. Mais après tout, qui suis-je pour décider de ça, hein ? 

Sur cette pensée, je m'effaçais et laissais mon frère prendre le contrôle de notre corps.

D.H

Une fois de retour, je retirais immédiatement les bandages qui m'entouraient le torse. Sasha n'avait pas eut une mauvaise idée, il ne restait qu'une cicatrice circulaire encore légèrement violacée et, bien entendu, quelques fils. J'enfilais une chemise propre, et pas trop froissée, j'hésitais un instant mais finis par prendre un coutelas. C'était devenue une habitude pour moi de porter une arme par tous temps.

Alors que je mettais enfin la main sur mes chaussures, j'entendis un klaxon dans la rue. Un coup d'œil rapide par la fenêtre m'indiqua que notre chauffeur attitré était là. Je laçais mes bottes à la vas-vite et attrapais ma veste en chemin avant de verrouiller l'appartement. 

Quelques secondes plus tard, je fermais la portière de la Chrysler derrière moi. Visiblement, Ackerman ne sembla pas surpris de me voir. Il me lança un sourire poli :

"-Bonjour Agent Hale, votre sœur m'a informé que nous devions prendre deux autres passagers avant de nous rendre dans les locaux de Stark Industries, puis-je connaître leurs identités s'il vous plaît ?" Me demanda t-il en démarrant le véhicule.

"-Bien sûr, il s'agit du Professeur Gareth O'Donell et du Sergent Barnes, ils doivent se trouver aux..." commençai-je avant que le chauffeur m'interrompe.

"-Aux baraquement près de l'aéroport. Nous y serons dans dix minutes monsieur."

J'acquiesçais lentement, légèrement surpris par son professionnalisme. Ben se concentra ensuite sur le trajet, me laissant seul avec mes pensées.

Ackerman ne mentait pas, nous arrivâmes à l'aéroport en dix minutes, montre en main. Visiblement prévenu que nous arrivions par Dieu sait quel miracle, Buck' et O'Donell attendaient devant le grillage qui entourait les bâtiments, habillés en civils.

"-La classe, tu as même ton propre chauffeur maintenant ?" Lança le premier en s'installant derrière mon siège.

"-Gamble nous l'a « assigné »." répondis-je simplement.

"-Ben Ackerman, ravi de vous conduire." Ajouta l'intéressé en regardant les deux autres passagers dans le rétroviseur.

"-Nous de même." Fit Gareth en pestant contre l'absence de ceinture.

"-Je suppose que vous savez où sont les bureaux de Stark Industries ?" Repris-je en me reconcentrant sur le chauffeur.

"-Bien entendu monsieur, nous serons dans les locaux de Monsieur Stark à l'heure de votre rendez-vous."

Bucky me lança un regard entre l'amusement et la sidération la plus totale. Tu m'étonnes, en tant que gamin de Brooklyn et Sergent de l'armée américaine, il ne devait pas avoir l'habitude des chauffeurs privés.

Je n'avais personnellement jamais rencontré Howard Stark. Je connaissais vaguement ses exploits scientifiques grâce à la presse, Steve et les autres, mais c'était quasiment tout si l'on excluait les rapports que j'avais pût lire à droite à gauche à l'agence. Ce que je savais, c'était qu'il s'agissait d'un génie scientifique, richissime et visiblement dragueur. Pas grand-chose en somme, mais bon, Steve et Buck' n'en n'ayant jamais dit du mal, je supposais que c'était quelqu'un de bien.

En tous cas, le bâtiment qui se tenait devant nous démontrait parfaitement la richesse de la société qui le possédait. C'était une tour haute d'au moins quatre-vingt sept mètres et large comme deux maisons. Les parois d'une couleur beige tirant sur le blanc, étaient percées d'ouvertures bleutées. Au rez de chaussé se trouvait un large portique doré sur lequel étaient frappés les mots : Stark Industries. En dessous tournait une porte tambour, constamment poussée par les personnes qui entraient et sortaient du bâtiment, et ce malgré l'heure.

"-Quand dois-je venir vous récupérer Monsieur ?" Demanda Ben en garant la voiture près du bâtiment.

Je jetais un regard interrogatif à Gareth :

"-Ça va dépendre des tests que nous sommes en mesure de faire, de l'intérêt de Mr Stark..." commença celui-ci, visiblement incertain.

"-Et bah, heureusement que ce n'est pas Sasha qui est venu, sinon on en aurait eu pour trois heures." Railla Bucky en levant les yeux au ciel.

"-Je pense que nous serons de retour vers dix heures et demi, à peu de chose près." Conclut finalement O'Donell en sortant de la voiture.

"-Bien, je viendrais vous chercher à cette heure là Agent Hale."

Je hochais la tête et rejoignis mes deux comparses sur le trottoir. 

Quelques instants plus tard, Ackerman avait disparût dans le trafic et nous, nous poussions les portes de Stark Industries. L'intérieur du bâtiment était tout aussi impressionnant que l'extérieur mais... Pas dans le même genre. Le hall était serré et sobre, comme si on avait voulut se concentrer sur le reste et pas sur la salle d'entré. Celle-ci n'était visiblement réduite qu'à un simple rôle de transition, comme le prouvait les gens qui passaient ici sans jamais s'arrêter.

Au plafond étaient attachés des lustres transparents d'une étrange forme ovale, avec un triangle à l'intérieur. Ces derniers diffusaient une lueur orangée alors que le jour finissait d'apparaître. Aux murs étaient affichés de multiples photos et plans d'inventions brevetés par Stark Industries.

Appuyés contre un bureau de réceptionniste, je reconnu Howard Stark actuellement en train de s'entretenir avec l'une des secrétaires. Habillé d'une simple chemise blanche avec une cravate noire sur un pantalon sombre, il changeait de l'image de playboy à laquelle nous étions habitués.

Finissant par nous apercevoir, le génie nous fit signe de le rejoindre :

"-Gareth ! Content de vous revoir parmi nous !" s'exclama t-il en serrant vivement la main du scientifique. "Sergent Barnes, et vous devez être l'Agent Hale, c'est bien ça ?" Supposa t-il en me saluant à mon tour.

"-Exact." Confirmai-je en serrant la main qu'il me tendait.

"-Aurais-je le plaisir de faire la connaissance de votre sœur ?" Demanda t-il, un léger sourire étirant ses lèvres.

Je l'observais rapidement sous le regard mi-amusé, mi-blasé de Buck.

"-Vous m'en voyez désolé, mais je ne pense pas que vous soyez son genre." Répliquai-je avec ton ironique.

"Ça va, j'ai vu pire.

La ferme Sasha."

Ma phrase fit sourire James et ne sembla pas déranger plus que ça Stark qui poursuivit :

"-Nous verrons ça ! Passons au labo voulez-vous ?"

Nous prîmes un ascenseur dans la pièce attenante et descendîmes au premier sous-sol. Les portes se rouvrirent sur un long couloir carrelé de gris donnant sur plusieurs salles que je supposais être des laboratoires. 

Howard nous mena à la seconde porte qu'il ouvrit.

Cette pièce était divisée en deux parties. La première, large, était carrelée de blanc et surtout insonorisée. Tout était bien entendu sécurisé, autant pour les scientifiques que pour les éventuels sujet test. L'équipement était sobre et moderne, tout était bien entendu made in Stark Industries. 

La seconde partie était séparée de la plus grande par d'épaisses parois de verre trempé possédant une porte pour seule ouverture. A l'intérieur, j'apercevais une table ainsi que plusieurs chaises. Le seul moyen de communication avec le reste de la salle était un micro relié à un haut parleur.

"-Par quoi voulez vous commencez ?" Demandai-je en me tournant vers Stark.

"-Ça vous dérange si je vous laisse le temps d'aller récupérer mon fusil ?" Fit Buck en montrant la porte du pouce.

"-Non, non, je vous en prie, aller parler à Villanelle, devant l'ascenseur." Répondit Howard.

"-Ok, ne le laisser pas s'approcher des trucs explosifs surtout !" Dit-il en me désignant. "Il aime beaucoup trop les explosions."

Je lui lançais un regard blasé auquel il répondit par un sourire narquois avant de sortir de la pièce.

"-Je pensais que vous pourriez commencer par nous montrer la mutation." Proposa Gareth en enfilant gants et blouse.

Je mis un instant à comprendre de quoi il parlait.

"-Bonne idée ! Comme ça, nous ferons la rencontre de notre deuxième sujet !" Confirma Howard, un large sourire dévoilant sa dentition parfaite. "D'ailleurs, est-ce que doit s'écarter ou quelque chose ?

-Pas la peine, je ne vais pas exploser ou contaminer l'un de vous." Raillai-je avec un air amusé.

Les deux scientifiques prirent toutefois quelques pas de recul. Je secouais la tête et échangeais ma place avec ma sœur.

S.A

Un sifflement impressionné accueillit mon apparition. Je repoussais les boucles de mon champ de vision et saluais les deux personnes qui me faisait face :

"-Ravie de faire la connaissance de deux des plus brillants esprits des Etats-Unis !

-Moi de même agent Allen." Me répondit Stark.

Gareth se contenta de rougir et d'un vague murmure gêné.

"-Qu'est-ce que vous voulez tester maintenant ?" Demandai-je en m'asseyant sur la table qui se trouvait dans mon dos.

"-Et si nous commencions par de simples questions ?" Fit Gareth en reprenant contenance.

-A vous de voir, ce n'est pas moi la scientifique. Répliquai-je en haussant les épaules.

Le biophysicien partit chercher de quoi s'assoit et revint avec deux chaises.

"-Bien, dans ce cas, si vous nous expliquiez les circonstances de votre fusion ?" Demanda Stark en m'observant.

"-Notre père a essayé de nous tuer, j'étais proche de mon frère et il y a une explosion. C'est tout ce dont nous nous souvenons." Expliquai-je simplement.

"-Je vois, stress intense. On va devoir bosser sur l'adrénaline j'ai l'impression. Est-ce qu'une haute dose provoque autre chose ?" s'enquit le scientifique en attrapant un carnet.

"-Changement de corps involontaire, paralysie temporaire, parfois une onde de choc, mais ça n'est pas arrivé assez souvent pour qu'on sache vraiment de quoi il retourne." Listai-je en me balançant mes jambes dans le vide.

"-Mais ça ne vous a jamais reséparé ?" Supposa Gareth.

Je secouais négativement la tête. Nous n'avions probablement jamais eu aussi peur que lors de notre fusion en même temps. 

Stark finit de noter ses impressions sur un bloc-note avant de tourner de nouveau son regard vers moi :

"-Nous pouvons peut être commencer quelques tests ?

-Tant que je ne suis pas trop abîmée pour le front, ça me va." Répondis-je en haussant les épaules.

Howard se mit à rire, un sourire étirant le coin droit de ses lèvres :

"-Soit, je ferais en sorte d'y aller doucement."

Le sous entendu fit prendre plusieurs teintes dans les rouges à O'Donell. Alors que j'allais répliquer, une quinte de toux m'interrompit. Dans l'embrasure de la porte se tenait James, son nouveau fusil sur les épaules :

"-Ai-je interrompue quelque chose ?" s'enquit-il d'un air faussement désolé.

"-Sergent Barnes, votre nouveau jouet vous plaît ?" Dit Stark sans se démonter.

"-Oui, plutôt. Vous avez utilisé la même technologie qu'Hydra ?" Supposa Buck.

Howard acquiesça en passant les doigts sur la cicatrice qu'il avait toujours au-dessus de l'arcade sourcilière :

"-Oui, et ça n'a pas été facile.

-Je veux bien croire." Admit James en s'approchant de nous. "Mademoiselle Allen." Me salua t-il avec un signe de tête.

"-Barnes, si tu m'appelle mademoiselle encore une fois, je te jure que je te frappe." Le coupai-je en haussant un sourcil.

"-Moi aussi je suis ravi de te revoir." Ajouta t-il avec un sourire amusé.

Gareth et Howard échangèrent un regard avant de reprendre :

"-Et si nous faisions une prise de sang ?" Proposa le premier, se débarrassant enfin de la tension qui régnait dans la pièce.

J'acquiesçais et retirais ma chemise, ne restant qu'en débardeur noir. Ce dernier laissait totalement apparent mes bras, et surtout les cicatrices dont ils étaient couverts.

"-Je vous en pris, servez-vous." Ironisai-je

O'Donell se leva et revint quelques instants plus tard avec du désinfectant (du vrai, pas ma bouteille de vodka habituelle), deux seringues et du coton.

"-Bon courage pour trouver une veine sous les cicatrices." Raillai-je en tendant mon avant-bras au biophysicien.

Cependant, ce dernier devait avoir l'habitude car je n'attendis pas longtemps avant de sentir l'aiguille s'enfoncer dans ma peau. Les deux seringues furent rapidement emplies de sang et je finis avec un coton désinfecté plaqué sur mon bras.

"-On va devoir y aller, ton chauffeur va nous attendre." Avertit James après avoir regardé sa montre.

J'acquiesçais et renfilais ma chemise tandis que Gareth partait avec les échantillons.

"-Bien, j'ai déjà quelques idées, je vous ferais savoir lorsque nous aurons d'autres tests à faire." Dit Howard en se levant.

Il serra la main que le sergent lui tendait, quant à moi, je me retrouvais avec un baise-main.

"-Au plaisir de vous revoir agent Allen. Me salua t-il en s'écartant."

Je me contentais d'un sourire amusé avant de suivre mon coéquipier dehors. Lorsque nous sortîmes, le soleil de novembre avait envahi le ciel, cependant, l'air restait d'un froid désagréable. Il n'était pas encore la demi mais déjà, la voiture d'Ackerman nous attendait de l'autre côté de la rue.

"-C'est amusant, je n'aurais pas crut que Howard serait ton type." Remarqua Buck en retenant la porte pour un (sans doute) futur client de Stark.

Je le regardais d'un air circonspect :

"-Si tu dis ça à cause de ce qu'a dit Dan..." commençai-je avant de me faire interrompre.

"-Non, non. C'est juste que tu n'as pas l'air du genre à aimer les types arrogants ou sûr d'eux, et c'est exactement le genre de Stark.

-Peut être, mais lui contrairement à d'autres, il m'appelle agent et pas mademoiselle." Répondis-je en haussant les épaules.

"-J'arrêterais de dire mademoiselle quand tu arrêtera de dire sergent." Répliqua Barnes en traversant.

Je secouais la tête en levant les yeux au ciel :

"-Ça me va. On te redépose ?" Proposai-je en le suivant.

"-Si c'est sur ton chemin, je ne dis pas non.

-Je vais sûrement rentrer, donc oui." Répondis-je en haussant les épaules.

"-Toi et Dan n'allez pas rendre votre rapport?" Fit James avec un ton railleur.

"-Non, c'est déjà fait." Soupirai-je, une main sur la poignée de la Chrysler. "Écoute, je sais que toi et Steve n'appréciez pas que Dan et moi rendions des comptes à un tiers, et ça ne me plaît pas des masses non plus. Mais Gamble ne se sert de nos rapports que pour rassurer l'opinion publique et politique. Et pour faire des comics aussi." Ajoutai-je en entrant dans le véhicule.

"-J'aurais l'air malin dans un comics moi..." l'entendis-je grommeler alors qu'il refermait sa portière.

"-Votre rendez-vous s'est-il bien passé agent Allen ?" s'enquit Ackerman en démarrant le moteur.

"-Plutôt en effet." Confirmai-je sans m'étaler sur les détails.

Je préférais éviter de trop parler devant notre chauffeur. J'étais une espionne, je savais très bien qu'il finirait tôt ou tard par répéter mes paroles à Gamble. Et je n'aimais pas ça.

"-Monsieur Gamble étant de retour en ville, il apprécierait vous voir au plus vite." Ajouta Ben sans détourner le regard de la route.

"-Et bien il patientera le temps que l'on dépose James." Répliquai-je.

"-Je peux attendre, ce n'est pas un problème." m'interrompit le sergent.

Je lui lançais un regard faussement excédé auquel il répondit par un haussement d'épaules et un sourire narquois.

"-A vrai dire, monsieur Gamble espérait aussi rencontrer l'un de vos coéquipiers, si possible." Nous informa Ackerman en jetant un regard dans le rétroviseur.

Je haussais un sourcil interrogateur :

"-Il a dit pourquoi ?

-Je crains que non."

Je me tournais vers Buck pour voir ce qu'il en pensait :

"-Ça ne me dérange pas, ce n'est pas comme si ma journée était chargée de toutes façons." Répondit ce dernier.

J'avais un mauvais pressentiment sur cette entrevue. Mais si tout le monde était d'accord, j'allais avoir du mal à l'esquiver. 

Ackerman nous conduisit donc au bâtiment de W&G devant lequel il s'arrêta. Nous sortîmes sous un ciel d'un bleu éclatant, et pourtant, il me paraissait gris de menaces...