Gemini War, Tome 1, First Avengers
Une jeep verte s'arrêta près de nous et une jeune femme aux cheveux bruns un peu bouclés et aux yeux noisette, habillée en uniforme militaire en descendit. Mon voisin de bus sursauta, il n'avait visiblement pas entendu la voiture arriver.
"Garde à vous messieurs !" s'exclama le général alors que la jeune femme se mettait face à nous.
“Bonjour à tous, je suis l'agent Carter et je supervise les actions de la S.S.R dans ce complexe." se présenta-t-elle.
Elle allait sûrement continuer, mais un sifflement racoleur l'interrompit. Je levais les yeux au ciel. Quel crétin ! Dan dût avoir la même réflexion que moi, car il esquissa un sourire agacé.
"Votre nom ?" demanda calmement l'agent Carter en se mettant face à la recrue qui vient de la siffler.
"Jared Colle, Mam'zelle." répondit le siffleur avec un sourire en coin, se voulant sans doute séducteur.
"Sortez du rang, Colle." ordonna la brune.
L'homme, une armoire à glace aux cheveux sombres en brosse, sortit du rang. Il devait faire trois têtes de plus que moi, soit deux de plus que l'agent Carter.
"Si vous vouliez vous décoincez, fallait le dire tout de suite." Railla-t-il.
À ce moment-là, je crois que j'ai pris une teinte dans les rouges. Sans se départir de son sourire calme, l'agent attrapa l'un des bras de Jared, le lui tordit et le plaqua au sol ! Ceci ne lui prit que quelques secondes et une seule main.
"Bien, je crois que tout le monde a compris la leçon ! Maintenant, allez déposer vos affaires, et au pas de course !" s'écria le général.
Journal
Ah... Les jours d'entraînements... Pas toujours des plus agréables, j'en conviens, mais tellement mieux que ce qui nous attendait de l'autre côté de l'océan. Nous alternions entre de la course, généralement en forêt, des combats, des entraînements au maniement des armes et autres situations... Boueuses. Chaque jour commençait plus ou moins pareil, on nous réveillait aux aurores, (gare à celui qui se rendormait), suivait une course puis des entraînements divers et variés. Sans calendrier ou agenda, il était dur de ne serait-ce que savoir quel jour il était tant ces derniers se ressemblaient.
Ma dernière semaine au camp fut la plus... Particulière. La première journée avait commencée plutôt "normalement" : réveil, course, entraînements aux tirs puis... Mise en situation.
Après que nous avoir fait traverser un terrain boueux sous des barbelés, notre entraîneur nous accorda une pause. Je discutais avec Steve lorsque quelqu'un cria.
"Grenade !”
Comme la plupart des volontaires, j'eus un mouvement de recul. Mouvement de recul rapidement interrompu par la vision de Steven Rogers, se jetant sur la grenade en nous disant de partir. Dans un héroïsme le plus total, soit. Il resta un moment comme ça, avant que l'on se rende compte que la grenade n'était pas dégoupillée. Le général et l'agent Carter échangèrent un regard. C'était sûrement eux qui étaient à l'origine de ce cirque. Steve se releva rapidement et alla droit vers le dortoir, le teint rouge vif. J'hésitais un instant à aller parler aux deux gradés, mais je me décidais finalement à le suivre. Je le trouvais assis sur son lit, me tournant le dos.
"C'était stupide, hein ?" dit-il sans se retourner.
"C'était très stupide, très courageux certes, mais très stupide." répliquai-je en m'asseyant en face de lui.
"Peut-être que Bucky avait raison, j’aurais mieux fait de ne pas m’engager, peut être que je ne suis pas fait pour l’armée..." soupira-t-il en secouant la tête.
À cette époque, Steve m'avait déjà raconté une partie de sa vie, dont son amitié avec James Buchanan Barnes, son meilleur ami depuis le primaire, et actuellement en poste en Europe pour leur très chère patrie.
"Ah ? Pour qui penses que l’armée est faîtes alors ? Parce que je suis presque sûr et certain que personne n’est fait pour l’armée ou la guerre. Ou alors, c’est des connards comme Colle et je suis pas sûr de bien le prendre si c’est le cas.” plaisantais-je avant de reprendre un ton plus sérieux, “Stevie, les gens comme moi ou Jared pour ce que ça vaut, on est les soldats basiques. Des jouets en plomb, bon pour écouter les ordres mais c’est tout. Toi ? Tu es meilleur que nous. Tu ne penses pas aux ordres, tu ne penses pas à toi-même, tu fais ce qui est juste par pur instinct. C’est avec des gens comme toi qu’on gagnera la guerre.”
Steve laissa échapper un léger rire :
"Tu veux dire avec des cinglés qui se jettent sur des grenades ?
-Tu es vraiment un idiot, tu sais ? Je viens de faire un discours brillant et tu viens de tout ruiner.” répondis-je, faussement irrité, “Mais oui, on gagne grâce à des cinglés qui se jettent sur des grenades, parce qu'ils pensent au bien de tous avant le leur." conclus-je en ébouriffant ses cheveux.
Un grand sourire commença à se former sur ses lèvres. Il allait répliquer lorsqu'un homme en complet marron, lunettes et cheveux grisonnant qui m'était inconnu entra.
"Excusez-moi messieurs, mais j'aimerais parler à monsieur Rogers, seul à seul." dit-il avec un fort accent germanique.
Je lançais un regard étonné à Steve mais, celui-ci hochant la tète, je décidais donc de les laisser seuls.
Le lendemain, lors des premières heures d'entraînements, je ne vis pas Steve. Je le cherchais pendant près d'une demi-heure, puis je finis par aller demander au colonel s’il lui était arrivé quelque chose. Je trouvais ce dernier dans l'un des bâtiments administratifs du complexe.
"Excusez-moi de vous déranger colonel, je cherche Steve Rogers. Il n'était pas à l'entrainement ce matin.
-C’est pas vos oignons Hale, mais je peux vous dire qu’il a été recruté par la S.S.R., directement sous les ordres de l’agent Carter.” répondit Philips en ajustant son uniforme.
Tellement d’informations m’étais données que j’eus l’impression de m’y noyer. À quoi est-ce que je m’étais attendu ? Je n’étais même pas considéré comme un soldat, bien sûr qu’il n’allait pas me répondre de manière précise. Après un bref salut, je quittais les lieux, rejoignant les autres dehors.
Ce jour-là, c'était combat à main nue. Remarquez, heureusement que Steve n'était pas là. L'entraîneur nous mit en un contre un, et le hasard (ou mon karma désastreux) fit en sorte que je me sois contre Jared Colle. Je ne l'appréciais pas du tout, et lui me le rendait bien. À chaque fois qu'on se croisait, il ne pouvait pas s'empêcher de se vanter et moi, j'avais la manie de répliquer de manière ironique, de préférence en lui rappelant sa mésaventure avec l'agent Carter. Je n’ai jamais dit avoir un bon instinct de survie.
Pour être honnête, je ne voulais pas commencer les hostilités. Je n’étais pas vraiment d’humeur. Mais, juste avant que l'entraîneur nous dise de commencer, Colle m'envoya une droite en plein visage, me forçant à reculer.
"Alors, t'as perdu ta repartie ?" se moqua le brun.
Je passais ma main sur mes lèvres sans répondre. Ma lèvre s’était ouverte sous le coup.
"T'as vraiment pas choisi ton jour, j'ai envie de me défouler aujourd'hui." Continua-t-il.
Je levais les yeux au ciel. Je n’étais pas connu pour être bon en combat main-nue. J’étais le meilleur coureur, l’un des meilleurs tireurs, mais j’étais juste assez bon combattant pour survivre. Enfin, j’étais supposé l’être. Personne ne regardait, Steve n’était plus de la partie, les autres étaient occupés et je m’ennuyais tellement.
Je ne gâchais pas mon temps à parler et frappais. Fort. Sous son menton. Lui faisant ferme sa gueule pour le moment. Colle cracha un peu de sang. Il me jeta un regard furieux. Il se rua sur moi, bien décidé à me mettre à terre. Je ne bougeais pas, attendant qu’il se rapproche. Quand il arriva, je l’esquivais et écrasais sa jambe, l'envoyant manger la boue.
Il se releva en trébuchant. Je feintais un nouveau crochet au visage. Comme je m'y attendais, il para avec ses deux bras devant le visage. Je saisissais ma chance et frappait le point vital de son bras droit. Il tomba à genoux, criant sa douleur à quiconque voulait l’entendre.
"J’ai changé d’avis. La répartie, c’est bien lorsqu’on a la flemme de frapper."
Notre entraîneur (je crois qu’il s’appelait Harper ?), attiré par le bruit, se rapprocha pour voir ce qu’il se passait. L’exercice avait commencé dix minutes plus tôt.
"Qu'est-ce que vous avez fichu Hale ?!" S'exclama-t-il en jetant un regard furieux à Jared puis à moi.
"Il semblerait que j'ai terminé l'exercice en avance monsieur." dis-je simplement en haussant les épaules.
Il me jeta un regard incompréhensif et emmena Colle à l'infirmerie.
Le reste de la journée se passa plutôt normalement avec de la course et du parcours. Une fois la nuit tombée, j'avais pris l'habitude de sortir du dortoir juste avant le couvre-feu pour pouvoir fumer tranquillement. Sauf que ce soir-là, quelqu'un avait décidé de ruiner ma pause :
"Hale !"
Je me retournais, immédiatement sur mes gardes. En face de moi se tenait le colonel Philips avec un dossier dans les mains et son air des plus aimables.
"Colonel ?" répondis-je, surpris.
"Vous pouvez m'expliquer ça !?" s'écria-t-il en me montrant une photo du bras de Colle, celui-ci portait une large marque sombre peu attrayante là où je l'avais frappé.
"On dirait que j'ai touché un point vital.
-Où est ce que vous avez appris à faire ça !?" Continua-t-il.
"J'ai dû voir ça quelque part." Mentis-je. "Dans un livre ou un film."
Je n’essayais même pas de cacher le mensonge. Philips me regarda étrangement, peu sûr de ce qu'il devait penser.
"J'ai regardé vos résultats d'entraînements soldat, il semblerait que vous n'ayez plus besoin de rester ici." dit-il, "D'ici à trois jours, vous serez envoyé dans un régiment en Europe."