Jededhia, ou le journal d'une survivante
Jour 20
J'ai enfin pu me reposer comme il se doit. Cependant, depuis la mort de Anny, je sens un poids dans mon ventre, comme une boule qui se ressert. Un mélange de tristesse, de colère et d'angoisse profonde qui m'empêche de réfléchir correctement. J'appelle ça des émotions fantômes, qui ressortent après un événement perturbant. C'est pas la première fois que ça m'arrive, mais je déteste ça, ça me bloque dans une passé douloureux et stérile qui me fait souffrir terriblement... Bref, réveil douloureux.
Les négociations ont débuté vers midi. Pour tout te dire, c'est pas franchement gagné... Ici ce que le chef, The Bullet Farmer, veut, c'est de la main-d’œuvre pour ses mines. Il n'est intéressé ni par l'eau ni par l'essence, ni même par la nourriture, toutes ces denrées lui étant apporté par La Citadelle et Gastown.
J'ai toujours pensé que le refus de mes parents pour faire du commerce d'esclaves était une grave erreur, et cette pensée se confirme. Ils n'ont toujours pas compris qu'à présent, une vie humaine n'est plus si importante face à l'eau ou au pétrole. Le deal que nous fait le maître des lieux est clair : on a nos munitions si ont lui vend au moins cinq esclaves. Évidemment, c'est une proposition en or qui ne se refuserait pour rien au monde. Mais mon père n'est pas de cet avis, loin de là. Sous couvert de sa soi-disante morale, il refuse de voir la réalité en face. On a besoin de ces balles, on a besoin de se défendre ! En refusant ce contrat, il met toute notre communauté en danger de mort. Je me suis disputé avec lui à ce sujet. Pour lui chaque vie humaine à la même valeur, alors il ne serait as juste d'en vendre une plutôt que la sienne. C'est complètement stupide... Sa morale s'est effondrée avec le reste du monde et n'a plus de sens depuis que commercer des vies est devenue une question de survie élémentaire. Je crois qu'il est déconnecté de la réalité sur ce point.