La première Eve
Chapitre 8 : Jeux de vilains
MARCUS
Dans sa propre maison, également située à l'extérieur de la ville et pas très loin de celle de Lucifer, Marcus Pierce réfléchissait très sérieusement, lui aussi. Et pratiquement sur le même sujet.
Seul devant sa large baie vitrée, il était assis à la petite table de bois où il prenait habituellement son dîner. Une assiette blanche au contenu froid posée devant lui, il jouait avec sa nourriture du bout de la fourchette, intensément concentré sur le portrait-robot représentant l'un des nombreux visages que pouvait revêtir Lilith.
Pour le coup, Chloé Decker avait eu une sacrée bonne intuition l'autre jour, quand elle avait parlé d'un « super espion avec une tenue de camouflage très cool ». Il se permit un léger sourire à ce souvenir toujours vivace et il reprit une gorgée de bière déjà tiède. Il l'aimait bien. Ou du moins, il aimait son instinct. Parce que oui, Decker avait complètement raison, dans la mesure où Lilith disposait d'un camouflage unique et très spécial. Un don vertigineux que Dieu n'aurait jamais dû lui accorder aussi légèrement : elle pouvait altérer son apparence pour se montrer très exactement comme son interlocuteur voulait la voir. C'était aussi simple que ça. En somme, l'incarnation parfaite du moindre fantasme masculin sur la femme.
Il soupira et se leva pour remettre son assiette intacte dans le frigo.
A la base, il se doutait que Dieu avait probablement voulu s'assurer qu'Adam l'apprécierait. Pouvait-Il prendre le risque que la première femme du monde ne soit trouvée moche au moment des présentations ?
Caïn avait eu connaissance de ce don particulier de la pire façon qui soit.
En passant devant sa collection de superbes roches minérales, il laissa échapper un demi-sourire sinistre. Qui savait encore, à l'exception de quelques bigotes, qu'il avait tué son connard de frère Abel avec un rocher de bonne taille ? Sa gratitude envers le règne minéral était intacte, de là venaient les magnifiques exemplaires de galets et de pierres qu'il avait collectionnés en voyageant tout autour du monde depuis des temps immémoriaux.
Il haussa les épaules pour repousser ces souvenirs qui restaient encore gravés dans la chair de son biceps. En grand fan de la « métaphore » pastorale, Dieu l'avait marqué au fer comme du bétail !… Mais qui se souciait encore des détails ? Du comment et du pourquoi de l'affaire ? Il avait tout repassé des milliards de fois dans sa tête. Pas besoin qu'on lui rappelle le rôle que Lilith y avait joué. Jamais il ne pourrait « comprendre » ou « pardonner »…
A priori, qui le pourrait ? Car qu'auriez-vous fait si vous étiez tombé un jour sur votre frère, gigotant les fesses à l'air au son de couinements ridicules, et enfoncé jusqu'à la garde dans une femme qui avait exactement la même tête que votre mère bien-aimée ? Qu'est-ce que vous auriez fait en comprenant que cette maudite vipère [1] vous avait trompés tous les deux, en faisant croire à chacun qu'elle serait votre épouse ? Oui, la métamorphe leur avait menti. Elle avait usé de ses charmes capiteux et de leur lancinant besoin de prendre femme quand il n'y en avait pas pour eux… Et tout ceci, avait été exécuté délibérément ! Car pour Lilith, quoi de mieux de que détruire la première famille chérie de Dieu, pour Lui faire payer le bannissement de Lucifer, son unique amour, en Enfer ?… Abel et Caïn n'avaient été qu'un dommage collatéral dans une guerre qui ne les concernait pas.
Pourtant, le Premier Meurtrier n'avait aucun regret d'avoir commis ce fratricide. Car si Lilith prenait instinctivement un visage susceptible de séduire sa proie, chacun d'eux avait alors une signification profonde pour l'intéressé... Abel nourrissait donc des fantasmes écœurants sur leur mère. Pour lui-même, elle revêtait l'allure altière d'une beauté noire mâtinée de discrètes touches asiatiques, similaire à l'ange qui avait apposé la marque de sa malédiction. [2] Depuis longtemps, les traits de ce dernier s'étaient effacés de sa mémoire et Marcus savait qu'il aurait été incapable de le reconnaître s'il le recroisait un jour… Pour l'éternel narcissique qu'était Lucifer, elle ressemblait à une version féminine de Samael. Étrangement, Espinoza semblait immunisé… Mais comment ce flic ripou pathétique aurait-il pu être touché par le Divin ? Mystère… Il y réfléchit une minute avant de secouer la tête.
Tout ceci était parfaitement sans objet. Tout ce qu'il avait à penser pour l'instant, c'était à une façon de boucler promptement cette enquête. Il était évident que Lilith ne tomberait jamais sous le coup de la justice humaine pour le meurtre du bébé ou des deux pauvres gars du club de Morningstar. On ne pouvait retenir en prison un être capable de s'évanouir dans les airs à volonté...
Ses souvenirs d'elle, anciens et nouveaux, lui revinrent en force : sa fausse vulnérabilité, ses yeux en amande, ses séduisantes menaces de mort… Tout n'était que mensonges. Oh bien sûr, il aurait aimé pouvoir croire qu'elle était capable de le tuer par « absorption », parce qu'alors tout ce merdier n'aurait plus été son problème… Mais il pouvait dire d'expérience qu'il ne trouverait pas l'oubli au creux de ses cuisses, aussi douces et fatales qu'elles puissent être… Il avait survécu à la lave du Krakatoa. Il avait survécu à Nagasaki. Il savait tout du point de fusion de ses propres os quand ils brûlent et fondent… Quelquefois, il doutait même d'être capable de disparaître s'il se jetait dans une supernova…
Non, la seule solution était de laisser Lucifer trouver seul un moyen de se débarrasser d'elle, peu importe comment, pendant que lui s'occuperait de la curiosité des gens et de leur fournir un autre coupable plus logique et plus compréhensible. Autrement dit, il lui fallait coffrer quelqu'un d'autre… au moins pour l'infanticide qui mettait son commissariat sur le grill de toutes les attentions politiques.
.
Quittant la salle à manger, il prit place lourdement sur son canapé pour parcourir avec attention les copies des fichiers de déposition qu'il avait prises avec lui en quittant le bureau.
M. et Mme Solano, les parents, n'étaient probablement pas le meilleur choix. Inventer toute une histoire sur leur couple serait plus difficile. Second choix déjà plus praticable, Miguel Solano, le cousin, parce que l'homme avait un passé un peu nébuleux au sein des gangs de rue. De ce fait, ce serait bien plus simple de fabriquer des preuves contre lui. Toutefois, en tant que membre d'une grande famille, il n'était pas exclus qu'il reçoive du soutien de leur part, parce que les groupes catholiques étaient en général étroitement liés. Si Miguel était le modèle du fils prodigue, essayant de s'en sortir après une adolescence difficile, tout dépendrait de la façon dont il était accepté et perçu dans sa communauté religieuse.
Donc sa dernière option et probablement la meilleure, était de faire plonger… l'infirmière. Bien sûr, c'était dur. Il l'avait rencontrée, elle était gentille... Mais ce monde cruel n'était pas fait pour la survie des gens trop gentils. Il ne pouvait pas se permettre de faire du sentiment. Pour elle, il faudrait expliquer de façon logique la boucherie de l'égorgement et être malin parce que les armes blanches n'étaient pas le moyen préféré des femmes pour tuer. Tout le monde savait ça aujourd'hui. Le bon point, c'était que Miss Naaji avait l'air d'être une solitaire. Vérifier si quelqu'un serait susceptible de prendre parti pour elle. En plus, elle avait un autre trait remarquable en commun avec le portrait-robot : sa beauté. Mieux encore : avec un examen attentif, on pouvait reconnaître des marqueurs raciaux identiques entre les deux femmes. Pour une fois, le tour d'illusionniste de Lilith allait être excessivement utile. Trouver un psychiatre à corrompre pour lui faire dire que cette femme sur le dessin était le produit de l'esprit troublé d'une schizophrène… Une projection de son côté sombre ou une connerie du même genre… Ce serait alors la parfaite histoire tragique et horrible que les gens aimeraient entendre. Tragique mais compréhensible. Qu'avait donc dit Lucifer ? Que l'infirmière aurait très bien pu tuer le bébé par frustration, parce qu'elle était incapable d'en avoir elle-même ? C'était servi sur un plateau !
La sonnerie du téléphone de sa poche gauche – celui qu'il utilisait pour ses activités criminelles – se mit à retentir en interrompant ses réflexions. Il alla le récupérer dans son blouson, resté sur le dos d'une chaise voisine.
— Patron ? fit la voix de son bras droit. Est-ce que vous pouvez parler ?
— Oui. Du nouveau ? Vous avez suivi Morningstar comme je vous l'ai demandé ?
— Affirmatif ! Je suis devant chez lui et il y a eu un vrai massacre ici. De ce que je peux voir à travers la fenêtre, il y a du sang partout et les corps s'empilent.
— Vraiment ? Qui a fait ça ?
— Bah… votre gars !
Marcus ne put retenir un large sourire réjoui. S'il pouvait rassembler des preuves contre Lucifer, sa journée prendrait une tournure bien meilleure. Surtout si ce dernier décidait d'être toujours aussi serviable.
— Euh, désolé patron, faut que je coupe : il y a un imprévu…
— Non ! Repliez-vous sur une position plus sûre et rappelez-moi, c'est un ordre !
Son homme de main ne s'embarrassa pas de couper la communication, gardant le téléphone dans son point fermé. Marcus entendit les sons étouffés de pas légers, puis la respiration plus forte de son interlocuteur quand il le reporta à son oreille.
— Qu'est-ce qui se passe ? Qui est en train d'attaquer Morningstar ? J'ai pourtant dit clairement aux gangs qu'il était à moi.
— Non, pas qui, mais quoi ! chuchota l'autre au bout du fil. Je ne sais même pas ce que sont ces machins. Des chiens bizarres tout droits sortis de Tchernobyl, ou un truc dans le genre… Ils peuvent avoir plusieurs têtes… Sans déconner, vu ce que j'ai sous les yeux, on dirait bien que cette baraque est construite au-dessus d'une bouche de l'Enfer…
Marcus grinça des dents. Génial ! Encore plus de surnaturel ! Il fallait qu'il se décide rapidement, même sans trop savoir de quoi il retournait. Bien sûr, il était assez déçu de ne pouvoir utiliser des corps plus réguliers et plus humains contre le Diable mais…
— Vous êtes toujours là ?
— Ouais. Ça s'est calmé on dirait. Plus de cris ni de grognements. Et… il y a quelqu'un qui sonne à la porte. Caucasien, cheveux bruns, environ un mètre quatre-vingt… Un look de comptable.
— Okay. Profitez-en pour entrer sans vous faire repérer. Je veux que vous preniez un de ces chiens, un qui tienne dans le coffre de votre voiture. Je vous envoie de suite une adresse où vous allez le déposer.
L'homme accepta après une brève hésitation et Marcus se détendit. Il n'aurait pas aimé avoir à tuer cet employé parce qu'il commençait à poser plus de problèmes qu'il ne pouvait en résoudre pour lui. Le gars avait dû le pressentir et n'avait pas pipé.
Pierce marcha jusqu'au tiroir d'un meuble pour y prendre un petit calepin où il notait ses contacts « utiles ». Certains laboratoires pharmaceutiques seraient plus que ravis de payer une belle somme pour un animal d'espèce inconnue qu'ils pourraient disséquer à loisir. Plus tard, il pourrait même envoyer son propre « service de nettoyage » à la villa pour en récupérer d'autres, histoire de se faire plus de cash.
.°.
CHLOÉ
Chloé n'avait pas la moindre idée de ce qui avait pu arriver. Une minute elle était plongée dans ses dossiers de l'affaire et la suivante, elle commençait à voir danser les lignes de texte devant ses yeux et les mots perdre toute signification. Il y avait quelque chose d'incompréhensible dans cette enquête : l'absence totale d'indices. Bien sûr, on pouvait s'attendre à ce qu'un hôpital soit un lieu super propre, mais Ella avait vérifié trois fois. Et il n'y avait rien. Pas une seule goutte de sang, pas un cheveu, pas une empreinte qui n'aurait dû se trouver là. Rien d'autre qu'un flou mystérieux sur les vidéos de sécurité, et totalement inutile pour identifier qui que ce soit !
Elle avait hâte de voir si le portrait-robot permettrait de trouver quelqu'un dans la base de données du fichier national. Et puis avec l'aide de Dan, elle aurait aimé aussi creuser un peu plus le passé de la famille Solano, ou celui des employés de l'hôpital… Mais c'était vendredi soir et elle était fatiguée. Elle aurait bien eu besoin d'un peu de distraction pour ne pas s'effondrer la tête la première sur son clavier et s'endormir dessus sans même aller jusqu'à son lit… Avec le départ simultané de Trixie et Maze, l'appartement était vraiment tranquille et silencieux. Peut-être même un peu trop.
Si elle devait se l'avouer, le badinage léger et inconséquent de Lucifer aurait été vraiment parfait… Son partenaire lui était un remède souverain pour rester cool sur les scènes de crime. Le sérieux et lui faisant souvent deux, il fallait inévitablement le recadrer. Or elle avait constaté plus d'une fois qu'après une salve de ses commentaires incongrus qui lui permettaient de relâcher sa charge mentale, elle s'avérait capable de faire quelques connexions ou d'avoir d'autres idées.
Et Dieu sait qu'elle manquait cruellement de pistes dans cette affaire !…
Mais à bien y repenser, si elle considérait la façon étrange – ou en tous cas, plus étrange que d'habitude – avec laquelle il agissait envers elle ces derniers temps, elle n'était pas sûre de devoir essayer de lui parler en dehors du strict cadre professionnel... Plus tôt dans la journée, les choses avaient recommencé à prendre une tournure vraiment embarrassante. Certes Lucifer était un flirteur-né, elle l'avait bien compris. Mais après ce qu'ils avaient traversé tous les deux, leur valse-hésitation, après qu'elle eut failli mourir empoisonnée, il avait plus ou moins cessé de la poursuivre de ses assiduités, ou alors seulement pour la forme.
Elle n'était quand même pas si désespérée, non ? Qui pouvait avoir envie de n'être qu'une énième conquête à un tableau de chasse déjà trop garni ? Au fond de son esprit, une petite voix énervante répondit : à peu près la moitié de la ville, au bas mot. La ferme, petite voix. N'importe quel gars aurait compris qu'elle n'était pas prête à faire évoluer les choses entre eux parce qu'il n'offrait aucune des garanties minimum dont elle aurait eu besoin pour sauter le pas... Mais Lucifer n'était décidément pas « n'importe quel gars ».
A sa façon bien à lui, il avait dû essayer d'avoir une conversation plus personnelle en lui parlant de ses hypothétiques enfants avec elle. En tous cas, elle espérait que c'était hypothétique… car son comportement naturel envers les plus jeunes rendait tout cela absurde. Cependant, lorsqu'elle fermait les yeux et laissait son imagination vagabonder juste un peu, elle se demandait comment il aurait été dans le rôle. Elle penchait pour un père flippé, crampon, férocement protecteur et sans doute pire qu'une mère juive… Un sourire étira ses lèvres amusées pendant que des images de lui envahissaient son esprit. Lucifer en train de faire le dégoûté devant des couches à changer, Lucifer paradant au milieu des mamans au jardin d'enfant, avec un adorable « mini-moi » en costume trois pièces dans les bras… Tout ça n'arriverait jamais s'il était stérile.
Elle avait sa petite idée sur son passé mystérieux. Pas forcément aussi exotique qu'il choisissait de le dépeindre tout le temps. Ce qui l'inquiétait beaucoup, c'était son registre de valeurs discutables, sa violence latente, sa force hors du commun, ainsi que certaines fêlures en lui qu'il croyait imperceptibles. Combien de fois avait-elle dû lui demander instamment de s'arrêter face à un meurtrier qui finissait épinglé haut sur un mur, avec une poigne de fer à la gorge ? Combien de fois avait-il eu l'air surpris de la trouver à ses côtés, si concentré sur sa rage qu'il en avait totalement oublié sa présence ? Quand Dan lui avait offert une BD du Punisher, il avait été ravi. « On ne peut plus approprié car je suis quelque part entre les deux Castle !» avait-il plaisanté [3]. Qui aurait cru qu'il regardait cette série policière bourrée d'invraisemblances ? Est-ce qu'il trouvait Stana Katic à son goût ? Ou peut-être… Nathan Fillion !? Quoi qu'elle en pense, Rick Castle lui, avait pourtant deux gros avantages : un, il apportait le café et deux, il mettait son gilet pare-balles sans protester !
Elle soupira impatiemment. Tant de questions bien plus sérieuses étaient restées sans réponse, malgré les promesses sur le message de son répondeur, laissé quelques temps plus tôt. Elle trouvait triste de voir un homme avec tant de facilités, essayer de faire son chemin dans le monde sans avoir la moindre idée de ce qui comptait vraiment : un but, des amis, quelqu'un à aimer… Amusant et excentrique en surface, il était peut-être seulement irrémédiablement abîmé, au fond.
De fait, elle se sentait fière qu'il l'ait choisie comme son guide non-officiel pour une vie moins creuse et cynique. C'était précieux et très particulier pour elle d'incarner une facette positive d'autorité et de justice. Si ces dernières lui avaient manqué dans son enfance, vécue entouré d'adultes abusifs, elle pouvait comprendre et pardonner bien des choses… Bien des choses, mais pas qu'il couche éhontément avec sa propre sœur ! Même une demi-sœur ou une sœur d'adoption comme Amenadiel. En plus, Lucifer aurait dû savoir qu'elle n'était pas du genre "partageuse" non plus !
Impulsivement, elle empoigna son téléphone et fixa l'écran une longue minute, avant de saisir un message taquin dont elle espérait qu'il ne resterait pas sans réponse :
« Comment est votre nuit, votre Altesse Diabolique ? »
Le cœur battant, elle patienta un peu, jusqu'au point où elle se convainquit qu'il était probablement au milieu d'une monumentale orgie et bien trop occupé pour elle. Alors, comme elle reposait l'appareil sur sa table basse, l'objet émit un petit bip pour signaler une réponse qui tenait juste en un mot :
« Tumultueuse »
Elle considéra la chose avec perplexité parce que ce n'était vraiment pas son style. En la matière, il naviguait toujours entre deux extrêmes : soit il communiquait exclusivement par emojis (au grand bonheur de Trixie), soit il tapait des mémos de cinq lignes avec des phrases complètes et toute la ponctuation…
« Je peux vous rappeler plus tard ? Pour l'enquête ? »
« Oui »
Elle fronça les sourcils en voyant qu'il remettait ça. Cette brièveté ne lui ressemblait pas du tout.
« Vous avez l'air très occupé. Peut-être que mes questions ennuyeuses peuvent attendre lundi ? »
.°.
CASTIEL et LUCIFER
Reculant de quelques pas pour éviter d'être touché par un geyser de sang, Castiel leva le nez du téléphone. Il haussa d'un ton pour couvrir les grognements qu'un énorme et très visible chien de l'Enfer était en train de pousser, tandis que ce Lucifer totalement paranormal essayait de le finir. En ce qui le concernait, le nouveau venu avait l'interdiction de bouger. [4]
Juste après son arrivée, avant même d'avoir pu entendre la moindre explication, le voyageur avait eu la mauvaise surprise d'apercevoir, derrière son hôte, un chien de l'Enfer hésitant qui reniflait dans leur direction, comme si la créature ne savait pas lequel attaquer en premier. Lucifer lui avait jeté le lapin et dégainé une étrange lame incurvée. Quinze secondes plus tard, un téléphone avait retenti et le Diable le lui avait lancé aussi, en lui commandant de voir qui c'était. Enfin, ce n'était pas vraiment un ordre. Plutôt une requête pragmatique parce qu'il avait les mains prises à ce moment-là. Castiel s'était exécuté parce qu'il voyait bien que cet homme était un valeureux combattant. Et probablement un ange, parce qu'il était bien trop fort pour un humain.
Quelqu'un appelé « Le Lieutenant » lui envoyait des textos singuliers, comme s'ils étaient en bons termes, l'appelant même votre Altesse Diabolique… Un flatteur ? Sans doute un démon, alors. Mais le prétendu Diable lui demanda de répondre à sa place, sans trop en dire toutefois sur la véritable situation en cours. Il ne pouvait pas mieux tomber car la concision était réellement l'un des talents les plus développés de Castiel.
Juché sur le dos de la créature furieuse, les bras impitoyables passés autour du cou de l'animal, son hôte était en train de l'étrangler jusqu'à complet ramollissement. Hélas, il s'avéra vite que c'était une ruse, le chien très comédien ne tarda pas à sauter pour attaquer de nouveau. Quand ses dents effleurèrent de près le bras de Castiel, sa propre dague lui tomba aussitôt dans la main pour contrer. Il n'avait jamais vu une bête aussi retorse et maligne.
— Ton lieutenant demande s'il doit rappeler lundi. Je lui dis quoi ?
— Non ! rugit l'étrange Lucifer. Je… finis… juste… celui-ci !
— Est-ce que tu veux de l'aide ? Ou que je te remplace ? J'ai ma propre lame avec moi…
— Depuis quand est-ce que je laisse mes invités s'amuser plus que moi ?
Perplexe, l'ange cligna une paupière indécise :
— Parce que tu trouves ça amusant ? Tu n'es peut-être pas le Lucifer que je connais, mais il est bien possible que tu sois encore plus dingue que lui…
.
Avec un public pour ses prouesses, la force de l'intéressé s'était démultipliée. Dieu seul savait pourquoi le Diable avait terriblement envie d'impressionner le nouveau venu ! Ce dernier n'avait eu que le temps de clamer qu'il était un ange, un ange du Seigneur (comme s'ils pouvaient avoir été engendrés par quelqu'un d'autre…). Il restait calme et pas très impressionné, montrant tout juste de l'intérêt. A contrario, Lucifer était mortellement curieux donc il hâta le trépas de l'animal, en plongeant le large couteau de Lilith droit dans le cœur de la bête avant de tourner d'un quart de tour. Puis appuyant de sa chaussure de cuir pour faire levier sur le poitrail, il retira la lame dorée étincelante et l'essuya sur son pantalon.
Cela fait, il se retourna très à l'aise, les bras écartés avec un trop large sourire en demandant à voir l'appareil.
— Désolé, il faut que je passe ce coup de fil, nous parlerons juste après. Appuyez sur le bouton de rappel et mettez sur hautparleur, j'ai vraiment besoin d'entendre la voix de mon inspectrice tout de suite.
.
Inspectrice ? Alors « le lieutenant » était une femme ? Si le Diable se mettait à fricoter avec la police, ça ne présageait rien de bon !
— Est-ce que tu veux que… j'attende dehors ? s'enquit-il assez poliment.
— Non, ça ne sera pas long. Je meurs d'envie de la voir, mais ce serait la pire idée du monde… Je dois la convaincre, autrement elle va deviner que quelque chose ne va pas.
Castiel se demanda pourquoi son frère travaillait avec un flic en qui il n'avait pas confiance. La meilleure chose pour Sam et Dean Winchester était que leurs amies dans la Police, Jody ou Donna, étaient au courant de tout…
Au grand plaisir du Diable, on lui répondit tout de suite. L'ange venu d'ailleurs regarda ce frère bizarre parler d'un ton ouvertement enjôleur qu'il n'avait guère entendu que dans la voix de Dean… et celle du Livreur de Pizza [5].
.
— Lieutenant ! Que me vaut le plaisir ? Est-ce que tout va bien ?
— Oui, oui. Je me disais que j'aurais vraiment besoin d'un autre point de vue sur l'enquête.
— Mhhh, finalement ! Enfin vous admettez que vous avez besoin de moi ?
— Qu'est-ce qu'il y a d'extraordinaire à ce que j'ai besoin de mon partenaire ? Je ne vois pas trop l'intérêt de bosser en équipe si c'est pour tout faire toute seule… Les autres ont décidé de prendre leur après-midi et… votre tour de magie aurait été bien pratique avec certains témoins…
— Je sais qu'il faudra que je me fasse pardonner pour vous avoir laissée en plan, mais pour ma défense, je dois dire que ma sœur est actuellement souffrante. Quelques ennuis et je n'ai pas le cœur de la laisser seule dans cet état, pendant le week-end.
— Je suis navrée d'apprendre cela... Est-ce que je peux faire quelque chose ? Quel genre de souci ?
— D'ordre… médical. Je ne veux pas vous barber avec des détails trop personnels et assez peu ragoutants alors que vous ne la connaissez pas, mais je sais que vous n'allez pas me lâcher si je ne vous dis rien. Elle a fait… une fausse-couche.
Après tout, c'était bien le terme correct quand une naissance trop précoce ne se passait pas bien…
— Oh mon Dieu ! C'était pour ça qu'elle était venue en ville… Est-ce qu'elle va bien ?
.
Le nom de leur père amena une grimace de déplaisir sur le visage de Lucifer. Certaines choses ne changeaient pas.
— Comme vous pouvez vous en douter, pas très fort, non. Mais ma famille est avertie et… certains sont déjà là, quoique pas ceux à qui je m'attendais, mais peu importe… Disons que je vous rappelle plus tard quand elle pourra prendre un peu de repos, d'accord ?
— Évidemment. Je suis navrée de vous avoir dérangé… Je n'imaginais pas du tout cela. Ni que vous pouviez être un frère aussi… hum… attentionné…
— Eh bien, vous le sauriez si vous me laissiez vous dorloter comme il faut de temps en temps !…
Castiel leva les yeux au ciel en entendant celle-ci. Même Dean ne se risquerait pas à une drague aussi lourdingue…
— Arrêtez de faire l'idiot, répliqua la femme d'une voix préoccupée. Et rappelez-moi si vous avez besoin de quoi que ce soit. Je pourrais faire un saut si vous voulez…
— Merci, inspectrice. Peut-être plus tard quand elle sera hors de danger. Il faut que je vous laisse à présent…
Lucifer utilisa une partie propre de sa chemise pour couper la communication rapidement mais eut la surprise de recevoir un inattendu double emoji « bisou » qui lui arracha un sourire irrépressible. L'homme qui lui faisait face restait un peu choqué de tout ce qu'il avait entendu. Cela ressemblait si peu à son frère que c'en était perturbant.
— Je sais que ça ne me regarde pas… est-ce que tu serais… engagé dans une relation romantique avec cet officier de police ?
Le sourire de Lucifer s'effaça aussitôt.
— C'est ma coéquipière, je travaille avec elle. Je l'aime bien, c'est tout, clarifia-t-il maladroitement avec un peu de raideur qui ne convainquit pas Castiel.
— Et bien comme je l'ai dit, ce ne sont pas mes affaires... A moins que tu ne sois en train de comploter des choses pas très angéliques la concernant, auquel cas je ne pourrais pas te laisser faire. Pour autant que je sache, tu es cruel et égoïste. Est-ce que je dois te rappeler que tu m'as torturé pour le fun. Et Sam aussi ?
Le Diable afficha un air choqué pour jouer les amnésiques. Son nouveau vaisseau était décidément un très bon acteur, très doué dans le domaine des émotions.
— Je suis peut-être égoïste mais je n'ai certainement jamais rien fait de la sorte ! Je m'en rappellerais ! Vous semblez savoir qui je suis mais je ne connais aucun Castiel parmi mes frères… ni mes sœurs, pour ce que ça vaut. Je jure que c'est la première fois que je vous vois. Est-ce qu'il est possible que vous soyez un plus jeune, né après ma Chute ?
— Je pense bien que non. Père ne crée plus de nouveaux enfants. Ou peut-être le fait-Il mais comme on ne sait pas où Il est actuellement…
— Une minute. Ce cher vieux Papa a quitté la Cité d'Argent ? Note que ça expliquerait plutôt bien pourquoi Il ne répond jamais… commenta-t-il en passant insensiblement au tutoiement.
— La cité… quoi ?
— Le Paradis, enfin ! Mais tu viens d'où si tu ne connais pas la Cité d'Argent ?
— Et bien j'étais sur le point de te demander la même chose ! Tous les anges, et même toi normalement, savent bien que Père s'est caché pendant des années parmi les humains en se faisant passer pour un prophète !
— Oh, ne me dis pas que tu as cru cette histoire ridicule de God Johnson ! Ce n'était pas vraiment Papa ! Le petit morceau de l'épée d'Azrael a simplement embrouillé le cerveau de ce pauvre homme, c'est tout…
Pinçant le pont de son nez comme pour chasser une migraine naissante, l'ange voyageur soupira profondément.
— Écoute, quelque chose ne tourne pas rond ici. Je ne comprends pas de qui tu parles et je crois que l'inverse est vrai aussi. J'ai pourtant une théorie qui doit être la seule explication possible : j'ai traversé un portail sans m'en rendre compte et atterri dans univers parallèle encore plus éloigné de ma propre réalité. Tu existes ici mais sous une forme différente et moi pas. Je sais que c'est possible : je suis déjà allé dans d'autres dimensions avec mes humains.
.
Fronçant ses grands sourcils noirs, le Diable méditait sur l'improbabilité de tout cela, il mais s'arrêta net pour afficher soudain un lent sourire taquin.
— Tes humains ? releva-t-il en insistant sur le possessif.
Le nouveau sembla alors embarrassé d'avoir laissé échapper cela et ses pommettes rosirent un peu. Il se croisa les bras sur la poitrine en signe d'opposition.
— Je voulais dire… Bien sûr, ce ne sont pas les miens ! Je ne les possède pas… Je ne suis pas ce genre de… Peu importe. Je traîne parfois avec eux. Il y a un bon moment que je suis sur Terre parce que je ne suis pas spécialement populaire, là-haut, parmi les autres anges.
— Et qu'as-tu fait pour mériter ça ? Quel était ton désir ?
— Quelque chose que tu vas trouver probablement méprisable : j'ai choisi de me battre dans le camp des humains et plutôt qu'avec les nôtres... Ne t'imagine rien. Bien sûr que je pense qu'ils sont bizarres mais… avec le temps, je m'y suis habitué. Certains d'entre eux sont… assez valables. Ils me considèrent comme un ami et un membre officiel de leur équipe, la Team Free Will comme ils disent. Ils aiment aussi beaucoup me charrier mais ce n'est pas pour être méchants.
Le Diable écoutait avec attention et souriait en coin parce qu'il aimait le nom de « Team Free Will ». Le libre-arbitre était quelque chose qui valait la peine de se battre à son avis. Son histoire entière en témoignait assez amplement.
— Allons donc, je considère la Terre comme mon seul vrai foyer. Mais dis-moi, pourquoi penses-tu qu'ils osent se moquer de toi, un puissant Ange du Seigneur ?
Castiel afficha un vrai et beau sourire triste qui fit frissonner Lucifer sous la chaleur qu'il trahissait brièvement.
— C'est exactement ça. Tu le dis comme eux… Cela fait longtemps que tu es ici ? Je dois admettre que j'ai toujours du mal à cerner précisément ce qu'ils ont vraiment en tête, avoua-t-il. Ils s'enorgueillissent souvent de pouvoir dire une chose et tout en pensant une autre… Pour tout dire, je pense qu'ils se moquent parce qu'ils sont mal à l'aise pour exprimer leurs sentiments les plus forts. Et j'en suis plus que reconnaissant, parce que je suis encore plus nul qu'eux à ce niveau… C'est vraiment bizarre, sursauta-t-il. Je sais que je ne devrais pas te faire confiance et pourtant, je suis en train de te raconter tout ça.
Flatté, Lucifer sourit avec son arrogance habituelle.
— Allons, tu sais bien, les humains sont des menteurs. C'est inné, chez eux. C'est la raison pour laquelle j'ai reçu mon don : la capacité de leur faire dire la vérité au travers de leurs désirs. Comment pourrais-je les punir de façon appropriée si j'étais abusé par leurs paroles ? D'habitude, mon don ne marche pas sur mes frères et sœurs, mais peut-être est-ce parce que tu viens d'ailleurs ?
— Ou peut-être qu'en perdant ma grâce pendant un petit moment, rien ne me différenciait d'un humain… Ah, zut, comment tu arrêtes ça ?!
.°.
En provenance du rez-de chaussée, le bang distinctif d'une porte qu'on défonçait mit fin au supplice de Castiel puis des pas lourds grimpèrent les escaliers dans une hâte évidente.
— LUCIFER, est-ce que tu es toujours là ?
Bientôt, les yeux fous et les couteaux sortis, Maze fit son entrée, suivie par un Amenadiel suffoquant, les mains sur les genoux, qui essayait de reprendre son souffle.
— Où est-ce qu'il est ? continuait-elle.
Secrètement heureux de les voir enfin, Lucifer se tourna aussi élégamment que possible dans son costume foutu, pour désigner du doigt plusieurs vilaines piles de chairs noires qui pourrissaient déjà tout autour.
— Ici, ici et… là. Plus d'autres dans la salle de bains, deux dans le couloir… compta-t-il en se penchant pour attraper le petit lapin noir qui était resté près du pied d'un guéridon dont il grignotait patiemment le bois. Plus celui-ci, mais je ne sais pas s'il est dangereux parce que… eh bien… il ne fait rien d'autre que trembler et se pelotonner contre ma chaleur naturelle…
— Luci ! Mais qu'est-ce que c'est que ce bazar ! s'exclama Amenadiel qui venait de dessouler d'un coup en voyant le carnage.
— Des chiens de l'Enfer ! répondirent en même temps Maze et l'ange inconnu.
— Plus un lapin de l'Enfer, j'imagine, compléta Lucifer en tenant par la peau du cou. Tous aimablement fournis par ta si prolifique génitrice, ma chère…
Maze haussa les épaules avec un air maussade. En réalisant que Lucifer allait parfaitement bien, elle fonça droit sur Castiel et commença à lui tourner autour tout en inspirant de longues bouffées à hauteur de ses épaules – attitude qui ne manqua de le mettre très mal à l'aise, bien qu'il tâchât de rester stoïque.
— Celui-là sent la même chose qu'un ange, mais en bizarre.
— Un ange ? Impossible ! la coupa le Premier-Né. Je les connais tous et celui-là, je ne le connais pas !
Le maître de maison attrapa gentiment les bras de Maze pour la faire reculer et laisser son invité respirer, car ce dernier lançait des regards furieux en grommelant que c'était un démon et qu'il aurait dû s'en douter. Le Diable frappa dans ses mains pour avoir l'attention de tous et les frotta énergiquement.
— D'accord, tout le monde, je crois que c'est l'heure des présentations. Voici Castiel. C'est un ange d'une Terre parallèle ou d'une autre dimension, ce n'est pas super clair. Apparemment, il est capable de voyager de l'une à l'autre et il a entendu mon appel comme vous. Castiel, le grand tout moche est mon frère Amenadiel. Il traîne actuellement ses guêtres désolées sur Terre parce qu'il est déchu et n'a plus de pouvoirs… Et la féroce petite bombe qui est là est Mazikeen, précédemment ma Tortionnaire en chef en Enfer, et dorénavant ma réticente et très jalouse amie… Celle que tu n'as pas encore vue est Lilith, mère des…
— Lilith ! sursauta vivement l'outsider d'une voix éraillée en devenant soudain très pâle. Le Premier Démon a réussi à te rejoindre dans cet univers ?
Tout à côté d'eux en haut des escaliers, un brusque claquement soyeux trahissant un mouvement d'ailes retentit inopinément. Lilith apparut dans sa robe de chambre blanche et nimbée de ses larges appendices noirs qui laissèrent Castiel complètement hypnotisé et frappé de stupeur. Ses propres ailes ne se matérialisaient pas dans son univers.
Comme à son ordinaire, à chaque fois qu'elle était déstabilisée, Lilith cligna des yeux et se contenta de se tourner impoliment pour ignorer le nouveau venu. En s'adressant à Lucifer, elle demanda :
— Est-ce là l'encas que tu m'avais promis ? Merci ! Je commençais sérieusement à mourir de faim !
Et d'un mouvement preste, elle étendit le bras pour attraper son quatre-heures par la cravate et disparut en l'emportant avec elle avant que quiconque ne puisse l'arrêter.
.
(à suivre)
.
.
Notes
[1] Cf « Infernal Guinea Pig » (S3 E16). Dans l'exégèse biblique, les avis divergent pour savoir si le serpent tentateur d'Eve était Lilith ou Samael/Satan. J'ai opté pour Lilith, car l'occasion était trop belle donner un sens plus précis au croquis de Lucifer, où l'on voit Abel et Caïn « se disputant un serpent », c'est-à-dire... la possession de Lilith.
[2] Amenadiel en fille. J'ai supposé qu'en plus de déceler les illusions qu'elle projette, Caïn voyait le "vrai visage" de Lilith, en tous cas celui que Dieu lui aurait façonné sur le modèle de son tout premier enfant mâle. Ici, pure spéculation de ma part.
[3] Cf la série éponyme mettant en scène Richard Castle, un écrivain de polars qui se pique d'aider la police parce qu'il flashe sur une belle inspectrice devenue officiellement sa muse… Ainsi que le comics Marvel où Franck Castle est un justicier effréné de Hell's Kitchen (New York) qui traque les criminels en leur appliquant une sentence de mort immédiate évitant qu'ils n'échappent au « système ».
[4] Au cas où vous étiez dans une grotte durant les 11 dernières années, Castiel est un ange incontournable de la série TV Supernatural. Et pour info, chez lui, les chiens de l'Enfer sont invisibles.
[5] Non-initiés, sachez que Cass a vu au moins un film porno qu'il a pris comme un docu sociologique, mettant notamment en scène un livreur de pizza dont il a tout appris... Prions pour que notre Luci ne découvre jamais cette ouverture d'esprit ou il ne le laissera plus jamais repartir... :-)