Convalescence

Chapitre 6 : La vente aux enchères

18198 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 31/03/2023 20:54

Je me réveillais, mais pas tout à fait. Durant mon séjours à l’hôpital, et même par la suite, j’avais pris plus de drogue médicale que dans toute ma vie. J’étais familière avec la vague nausée cotonneuse qui me tordait l’estomac et m'embrouillait la tête. Ma langue était épaisse et pâteuse. J’avais dû mal à penser clairement et encore plus à me souvenir de quoi que ce soit qui se trouvait hors du contexte immédiat et tous mes souvenirs semblaient engluer dans une vase épaisse et inaccessible. Même mon nom me faisait défaut, aussi bien dire que j’étais mal parti pour ce premier réveille. 


J’étais couché sur un lit aux draps assez doux, presque agréable sur ma peau froide. Une couverture me recouvrait de manière que je n’aurais pas pu installer toute seule, sans un seul pli et bien bordé par-dessus mes bras. La pièce était sombre et je me demandais brièvement quelle heure il était, avant de rendre compte que la pièce ne comportait aucune fenêtre. Mon regard était trouble lorsque je balaya la pièce du regard. 


Le lit sur lequel j’étais allongé était le seul meuble de la pièce aux murs blanc jaunie par le temps. Au fond de moi, je savais que quelque chose n’allait pas, mais plus je poussais ma tête à réfléchir, que je l'obligeais à se souvenir, et plus c’était douloureux. Outre ma tête, j’avais mal au bras et je leva la main opposée pour toucher le pansement propre avant qu’une nouvelle douleur me fasse grimacer. Un examen rapide m'apprit que la douleur venait de la saignée du coude, là où une ecchymose de la taille d’un œuf obscurcissait la peau. Je ne savais pas d'où me venait cette certitude, mais ma tête semblait comprendre que c’était la trace d’aiguilles qui avait causé ce bleu magistral. Beaucoup de traces de piqûres. 


Il était plus facile de comprendre l’origine de mes blessures et de mon état causé par un cocktail particulier de drogue que de me souvenir de mon nom et de la manière dont j’avais atterri ici. C’était très perturbant de ne pas se souvenir de ce qui me touchait personnellement et je sentis mon coeur se mettre à battre plus fort alors que je comprenais les implications de ce que je découvrais peu à peu. On m'avait drogué assez pour que j’aille du mal à bouger, drogué assez pour que j’oublie ce qui me composait… 


Je força mon corps à bouger et il protesta violemment et, presque aussitôt, la porte s'ouvrit sur un unique rayon de soleil. Un homme bien bâtie au visage assortie d’un étrange sourire entra et referma la porte lentement avant de s’approcher de moi. Tout mon être me hurlait de fuir, de reculer, de ne pas le laisser poser la main sur moi. J’aurais bien cédé à mes envies avec plaisir, mais mon corps ne m'obéit pas vraiment, alors que je ne pus que regarder le grand homme s'agenouiller devant moi pour se mettre à ma hauteur, les yeux écarquillés. 


Avec une délicatesse surprenante, il me saisit la main, la maintenant plus fermement alors que je tentait de la lui retirer. Il ne me faisait pas mal, pourtant ma respiration s’accéléra. Quelque chose me disait que ces grandes mains pouvaient me briser le poignet d’un seul geste et sans le moindre remord. Comme pour me prouver qu’il contrôlait mon sort, il fit basculer ma paume vers le haut, encore une fois, son geste était doux, mais emprunt d’une violence contenu, comme si toucher la peau si fragile de l’intérieur de mon poignet lui donnait encore plus de pouvoir. Un pouvoir de vie ou de mort.


–À ce que je vois, tu es réveillé. Il est trop tôt. Repose toi encore un peu, tu feras ton apparition bien assez vite. 


Il me fixa encore quelque instant, comme s’il essayait de lire en moi. Lentement, pour que je puisse suivre son geste des yeux, ce délectant de la peur qu’il devait lire dans mon regard, il sortit une seringue et il me sourit. Je détesta son horrible sourire qui me fit craindre de ne jamais me réveiller. Lorsqu’il approcha l’Aiguille de mon bras, je chercha à me débattre. Je savais que mon poignet était verrouillé dans sa poigne, mais c’était instinctif. Je me débattais autant que je le pu, mais je n’avais aucune arme, juste un corps engourdi de drogue. La douleur fut aiguë, mais brève. 


Lentement, comme si j’étais un objet précieux et très cher, il m’agrippa les épaules et me plaque contre le lit, éclatant de rire à mes tentatives vaseuses de me débattre. Je réussi à enfoncer mes ongles dans de la peau et je sentis du sang glissé le long de mon bras, mais je ne sut pas si c’était le mien ou le sien avant de perdre connaissance.



*****



Il était 21 :30 lorsque lockwood et les autres se rejoignirent dans une rue obscure, épaulant un sac chacun. La tension électrique qui précédait les actions particulièrement risquées alourdissait l’air. 


–Pourquoi n’a -t-on pas avisé le DERCOP? Tu crois que Barnes laisserait Lucy aux mains des Winkman? 


–Holly, tu connais les méthodes du DERCOP… Ils débarqueraient en grande pompe et on aurait plus de chance de perdre Lucy que de réussir quoi que ce soit. Ce n’est rien qu’on ne peut gérer par nous-même.  


Lockwood était nerveux malgré tout. Il affichait son super sourire éclatant et son assurance arrogante, mais quelque chose dans le fait qu’il faisait l’inventaire de son sac pour la troisième fois en vingt minutes mettait la puce à l’oreille. Kipps replaça son élégant costume trois pièces d’un geste de la main. Il était le plus vieux et le plus grand du groupe, celui qui passerait le plus facilement inaperçu. Un peu plus tôt, Flos avait ramené une invitation pour la vente aux enchères et, bien qu’elle affirma ne pas vouloir en dire davantage, il était évident qu’un jeune aristo allait passer une bien mauvaise nuit, perdue dans Londres, en caleçon. 


Holly avait aidé Kipps avec quelque retouche et il arborait maintenant un air fringant et frais, comme s’il était venu à Londre pour affaires. Ce qui était en quelque sorte vrai. Holly avait troqué ses vêtements impeccables pour une petite robe à manche longue et aux cols bateau qui la faisait paraître étonnamment jeune et un nœud dans ses cheveux les retenait artistiquement loin de son visage. Ces cheveux, long et libre, outre le nœud dans ces cheveux, avaient été précautionneusement bouclés et le tout était vaguement assortie à la tenue de Kipps. 


Le plan était assez simple sur papier. Kipps se ferait passer pour un riche enchérisseur invité à la vente aux enchères.Il était de notoriété qu’une enfant pouvait se joindre à lui pour authentifier les objets psychiques mis en vente. Leurs travail était simple, ce serait eux les plus près de Lucy lorsque la vente commencerait. Holly devrait aider à la diversion et Kipps avait la lourde tâche de protéger Lucy et de la faire sortir au moment fatidique. Ils avaient longuement discuté de qui, de Kipps ou de Holly, devrait faire sortir Lucy lorsque tout éclatera, Kipps faisait brillamment valoir qu’il aurait plus facilement le dessus en cas de combat que Holly, mais ils ne savaient pas dans quelle état serait Lucy. Si elle était incapable de ce déplacé par elle-même, Holly ne pourrais pas la porté. Kipps, oui. 


De leur côté, George et Lockwood avaient fait le plein de fusées et de bombes de sels spécialement constituer par George qui en avait fait une version quatre ou cinq fois plus grosse que celle utilisée au quotidien contre les visiteur. À utiliser avec prudence, mais elles fouteraient un bordel sans précédent, d’où l'importance de s'assurer que Lucy quittait la pièce le plus rapidement possible après le début de leur diversion. À part cela, leur plan était plutôt un vague objectif. Ils se faufileraient par un canal des eaux usées et ressortirait au sous-sol. Deux étages plus haut, ils trouveraient la vente aux enchères qui se trouvait dans un auditorium. Ils trouvaient le lieu très étrange, plus difficile à défendre malgré le nombre de garde engagé par Winkman, mais Lockwood pouvait concevoir que la présentation et la vente de la meilleure ouïe connus puisse nécessité un certain décorum.


Flos, de son côté, allait rôder et couvrir leur retraite au besoin. 


Lockwood les réunit une dernière fois après avoir regardé pour la quatrième fois sa ceinture de matériel. Ils leur démontra un sourire confiant et lumineux, assuré. 


–On garde le rythme. Nous avons connu des situations plus désespérées et complexes. Rester confiant, nous savons ce que nous avons à faire et qui nous avons comme adversaire. Rester prudent et toujours près les uns des autres, on surveille nos arrière, on récupère Lucy et on détale. On fait ensuite appel au DERCOP pour s'occuper à plus long terme des Winkman. Tout le monde sait ce qu’il a à faire? Oui? Parfait. 


C’est donc avec ce plan approximatif que Kipps et Holly ce dirigèrent vers l'entrée privée et que Lockwood et George finirent d'attacher leur ceinture en s’assurant d’emporter autant de choses qu’ils pourraient porter.


À 21:50, la rue était à nouveau déserte et silencieuse. 


Lockwood avançais plier en deux dans l’étroit tuyau des égouts. George le suivait en comptant les échelles des diverses bouches d’égouts. Le silence était total jusqu’à ce que George en ait assez. 


–On va la ramener, Lockwood. 


–Oui, George, je sais. 






Face au peu de conviction de son ami, George replaça ces lunettes sur son nez, résistant visiblement à l’envie de les essuyer sur son chandail couvert de matière peu ragoutante.


--Il ne lui fera pas de mal. Pas t’en que la vente n’est pas conclu. Elle est trop précieuse à ses yeux pour ça.


Lockwood soupira, délaissant un peu sa façade inébranlable et arrogante de chef.


--Je sais, George, mais je suis aussi inquiet que vous tous. Elle se remet tout juste de son dernier travail, sa convalescence n’est même pas terminée. Les lâches, ils l'ont attaqué dans un moment de faiblesse.


-Lucy est l’une des personnes les plus fortes que je connaisse, vous êtes fait du même bois, tous les deux. Tu crois qu’elle voudrait que tu te mettes dans cet état? Allez, c'est ici.


Ils se murèrent dans le silence, jetant de frénétiques coups d'œil à leurs montres respectives. 


22 :05. 


La vente devait avoir commencé, maintenant. 


Avec précaution, les deux ombres se fondirent dans les ténèbres du sous-sol. Grâce au plan de George, ils savaient exactement qu’elle chemin emprunter pour se rendre aux loge des artistes qui se trouvait sous la scène. Ils pouvaient entendre Julius Winkman présenter des objets sur la scène. Au passage, ils regardèrent, mais ne trouvèrent aucune trace de Lucy. Alors, le plan se poursuivit et ils se faufilèrent par un escalier caché qui montait au premier étage. De là, ils évitèrent habilement les rondes régulières des gardes pour traverser l’étage vers un escalier de l’entretien qui menait aux balcons qui surplombait la scène. 


Comme George s'y attendait, il y avait des hommes armés devant la porte des balcons, alors il dirigea lockwood vers un couloir transversal un peu à l’écart. Arrivé devant une porte, il tourna la poignée et se tourna avec un grand sourire, gloussant presque.


--Les imbéciles…


Lockwood souleva un sourcil interrogateur, mais ne commenta pas. Derrière la porte aussi grande qu’un placard, il n’y avait qu’une seule échelle, qu’ils empruntèrent avec prudence.  Avec surprise, Lockwood monta les barreaux jusqu’à plateforme avec une rambarde à peine assez haute pour arriver à la hauteur des hanches. Sur la plateforme d’environ trois mètres de diamètre, il n’y avait qu’une étagère remplie de filtres de lumière.


En regardant vers le vide, Lockwood se rendit compte qu’ils se trouvaient presque à hauteur des spots lumineux accrochés au haut plafond de l’auditorium, dans une sorte de salle de mécanique, sans doute un endroit inutilisé et oublié la plupart du temps. D’épais cable partait du plafond et s’attachait en un nœud marin le long de la barrière, sans doute utilisé pour assurer les éclairagistes au moment des entretiens et des changements de spots et de filtre lumineux. En contre bas, il pouvait voir les balcons suspendu, la régie et, bien plus bas encore, la scène éclairée théatralement. Dans la salle, il y avait très peu de gens assis dans le premier rang. Lockwood pouvait en compter six, chacun accompagné d’un enfant plus ou moins jeune. 


De là où il était, Lockwood ne pouvait distinguer Kipps, mais il pouvait apercevoir le nœud de cheveux de Holly. Et, au centre de la scène, une jeune fille vêtu de blanc, agenouillé au milieux des spots. Il ne pouvait distinguer son visage, d’où il était, mais il fut alarmé par son non-verbale… Par sa posture défensive et presque vaincu. Et il désta ne pas pouvoir lancer de fusées immédiatement. Il était un peu trop tôt.


George le surprit en arrivant derrière lui. Il ne s’était pas rendu compte qu’il s'était atardé en bas de l’échelle.


–Et voilà, si quelqu’un vient, il aura toute une surprise. Promet moi juste que, si on doit fuir rapidement par l’échelle, tu n'ouvriras pas la porte sans couper le fil. 


George gloussa nerveusement en essuyant ses mains moites sur son pantalon. 


–Qu’es qui ce passe, Lockwood? tu es livide… Dans le genre, plus que d’habitude. 


George s'étira vers la balustrade et dû arrivé à la même conclusion que Lockwood puisqu’il retira ses lunettes pour les nettoyer malgré son chandail d’une propreté douteuse. 


–Allez, on se met en position. Déchainons les feux de l’enfer, Lockwood. Pour Lucy.


La dernière phrase n’était qu’un murmure. Une douce supplique. Lockwood regarda Julius reprendre un objet qu’il avait mis dans les mains de Lucy avant de se détourner avec une énergie renouvelée . 


–Oui, pour Lucy. 


Ils préparaient leur munition lorsque George regarda en bas en fronçant les sourcils. 


–Ques qu’il y a, George? Lucy va bien?


–Oui, enfin, j’imagine, ces barbares lui font encore écouter des sources pour démontrer son pouvoir. On doit se dépêcher, sinon elle va être trop épuisée pour fuir. Non, le problème, c'est que nous avions prévu de rejoindre Holly, mais on est bien plus haut que prévu.


Lockwood hésita puis un nouveau sourire à la Lockwood éclaira son visage et la pièce autour de lui. 


–C’est le rôle de Kipps de s’occuper de Lucy, par contre, j’ai peut-être une idée pour l’autre problème…



*********



Lucy (2 heures plus tôt)


Je maudissais ma propre impuissance. Mon corps ne me laissait que très peu de marge de manœuvre et ma tête était toujours embrouillée malgré les heures de sommeil gagnées. Je ne savais toujours pas mon nom ni où je me trouvait. C’était fortement perturbant. Mais je savais que j’étais là pour une raison précise. J’avais visiblement la capacité de lire certain objet et c’était ce qui intéressait l’homme, la femme et le garçon qui me tournait autour. 


Cette fois, je me suis réveillé un peu moins groggy, mon corps était toujours lourd et ma tête perdu dans la brume, mais je réussis à m'asseoir en gémissant dans la noirceur. Un regard à mes mains m’apprit que du sang avait coulé, puis séché, le long de ma main jusqu’à mon bras. Pas beaucoup de sang, mais assez pour que je déduise que j’avais griffé quelqu’un, assez fort pour avoir de la peau sous les ongles. Et l’autre avait dû être très furieux puisque je sentais ma pommette douloureuse. Je n’avais pas besoin de miroir pour savoir que je devais arborer une bien vilaine ecchymose sur la joue. 


C’est la femme qui est entré la première, mais je ne me sentait pas plus en sécurité, loin de là. J’avais peur et une étonnante fureur me broyait l’estomac. Malgré tout, je la laissa venir jusqu’au petit lit sans dire un mot, essayant de mettre dans mon regard flou toute ma fureur. Elle tenais un amas informe de tissus blanc sous le bras qui ne me disait rien qui vaille. De son autre main, elle tenait une sorte de tige, un bâton de fer, sans doute. Visiblement, elle s'attendait à ce que ça me calme les ardeurs. Et ça le fis, en quelque sorte, puisque je la laissa approcher sans protester par peur de représailles. 


J’avais toujours la haine et une profonde envie de lui sauter dessus, mais mon corps maladroit me disait que je devrais attendre un meilleur moment. Un moment où j’aurais plus de coordination qu’un escargot sous la pluie. 


–Tiens. Enfile ça comme une gentille petite fille. On part bientôt. 


Elle dû aviser mon regard interloqué puisqu’elle gloussa de manière ridicule, comme un poulet qui caquetait. 


–Tu semble un peu patraque, ma belle. À ta place, j’écouterais gentillement. Nous devons te livrer ce soir et tu vaut plus en un seul morceau, que morte. Mais si c’était nécessaire, ne te leurre pas, ça nous ferait tout autant plaisir de te descendre à bout portant. Allez, mets-toi nue et enfile ça, crois moi, tu n'as pas envie que je demande à mon fils de s’en charger. 


La menace n’était même pas voiler. Je serrais les dents. Ils disaient vouloir me déplacer? Il me serait sans doute plus facile de m'échapper dans le feu de l'action. Pour aller où? Je n’en avais aucune idée, je ne me souvenais ni de mon nom ni de l’endroit où j’étais. Mais quelque chose en moi me laissait supposé que mon trouble d’amnésie venait du cocktail de drogue dans mon organisme. Il me suffirait peut-être de vagabonder quelques jours pour me souvenir… Où aller voir la police? Non… Ce serait difficile à expliquer… Peut-être que quelqu’un finirais par me chercher? 


Une main tira violemment mon chandail vers le haut et je tressaillis par la violence traduire dans ce geste. À tatillon, avec mes membres engourdit, je me mit nue et j’enfilla la boule de tissus blanche que la femme avait lancé a côter de moi. Je grimaçais en avisant la robe immaculée et corsetée. Pour le peu que je pouvais apercevoir dans cet endroit sans miroir, c’était une robe qui m'arrivait aux chevilles. Le tissu était doux sur ma peau et des manches diaphanes venaient cacher les horribles ecchymoses de mes bras et la coupure sur mon épaule. La femme passa dans mon dos et commença à lacé avec agilité et brusquerie le corset qui refermait la robe. la fermeté du tissus contre mes côte blessé me fit hoqueté de douleur, mais le regard de la femme m’abstint aux silence. Pour une raison quelconque, cela me fit sentir claustrophobe de savoir qu’il m’était maintenant impossible de retirer la robe pour remettre les vêtements qui m'appartenais, la seule chose qui me reliait à ma vie oublié. C’était idiot, ce n’était que des vêtement, mais ils me faisait me sentir encore plus vulnérable. 


De même que la jupe aux multiples couches touchait le sol derrière, mais remontait à l’avant en une artistique chutes de tissus qui dévoilait mes jambes. Le tout était toujours très descend, à l’instar du sage décolleté en forme de cœur et de mes épaules dénudé, Mais j’y étais mal à l’aise. 


La robe me faisait trop penser à une robe de sacrifice. 


Une couche de fond de teint fut appliqué sur mon visage pour camoufler l'ecchymose de mon visage et la femme passa derrière moi à nouveau pour en appliqué une généreuse couche entre mes homoplates. J’avais mal à cet endroit, mais je ne savais pas pourquoi et, à en croire le fond de teint, je devais arborer d’horribles marques. La femme joua rudement avec mes cheveux et recula pour me regardé comme on l’aurait fait avec un animal. Mes yeux me piquaient, mais je refusais de lui donner la satisfaction de pleurer. 


–Voilà qui est mieux. Il ne faut jamais oublier que tout est dans la présentation. Avoir plus de temps, j’aurais trouvé quelqu’un pour faire quelque chose avec ces jolies boucles, mais ils vont se contenter de ça. 


Puis, elle repartit avec une satisfaction palpable. En me laissant tomber sur le lit, j’appris que le corset n’était pas une mauvaise chose en soit, il soutenait mes côtes et me permettait de ne pas souffrir à chaque respiration à cause de ma blessure. Le mauvais côté du corset, par contre, c'était qu'il m'obligeait à me tenir droite comme un piquet, les épaules rejetées vers l’arrière et il brimait douloureusement ma respiration. Je le détesta immédiatement pour cela. 


Je me demanda combien de temps on allait me laisser moisir dans se trou à rat, mais la porte s’ouvrit au bout d’une demi-heure pour faire place à toute la famille Winkman, bien vêtue, comme pour présider une soirée chic. 


–Adélaide, je t’ai déjà dit qu’on ne pouvait pas la droguer pour l'amener à la vente, elle a eu de nombreux réveil aléatoire et on ne peut pas risquer qu’elle ne soit pas lucide pour la démonstration. Ha! ravissante, elle va rapporter gros, celle-là! Elle nous aurait été bien utile, mais je ne peux pas risquer qu’elle soit reconnue dans le coin. Donne tes poignets. 


Il n’attendit même pas que je me décide à les lui tendre, il les prit avec ces grandes mains et son fils approcha avec une sorte de corde satiné qui ressemblait à un ruban. J’étais dégouté. J'avais bien compris que leur objectif était de me vendre, mais d’être attifé comme un paquet cadeaux ne me faisait pas le moindrement plaisir.


Mais c’était lui qui avait l’arme, l’avantage du nombre et des grosses mains prête à me frapper à nouveau. Je n’avais aucune chance contre eux en face à face.Je n’avais plus qu’à serrer les dents et à espérer que l’occasion de fuir se présenterait. 



Je m’astreignit au calme, essayant de garder un lousse à mes poignets histoire de pouvoir me libérer plus tard, mais Julius se montrait impitoyable, je savais que j'aurais des bleus, demain. 


Ces Léopold Winkman qui approcha avec un bandeau de velours rouge assortie à la corde qui me liais les poignets. Encore une fois, l'impression d'être un cadeau joliment emballé me fis grincer des dents.



Instinctivement, j’essaya d'esquiver, mais mes mouvements étaient restreint et Julius tira durement sur mes poignets pour que je reste immobile le temps que le bandeau soit nuer sur mes yeux jusqu’à me rendre aveugle. Je sentais une rage alimentée par l’humiliation noyer mes yeux, mais je garda mes larmes pour plus tard. Lorsque je leur aurais planté quelque chose de pointue dans le corps. 


Quelque part, cette pensée me réconforta. Je ne savais toujours pas qui j'étais, j’avais toujours le corps lourd de drogue et la tête dans la brume, mais je savais que j’adorerais me venger d’eux. 


Le trajet fut long et laborieux. Mains liées et yeux bandés, je devais me fier au bras passé sous le mien pour me guider et m’empêcher de me casser la figure, alors que Julius tenait la corde de mes poignets comme une laisse. Nous montâmes une multitude d’escalier, puis l’air humide et froid de l’extérieur me caressa le visage et me fit frissonner. Quelque chose de chaud fut posé sur mes épaules et un capuchon fut tiré sur ma tête, mais je ne savais pas si c’était pour me protéger du froid ou pour camoufler mon étrange accoutrement aux regards des curieux. 


Rapidement, on me fit monter dans une voiture et nous roulâmes plusieurs minutes sans qu’aucun mot ne soit échangé. Je sentais les larges épaules des deux hommes Winkman alors que je tentais de me faire le plus petit possible pour éviter au maximum les contacts. Une fois où deux, j'essayais de bouger un peu, de tester mes liens ou, même, de voir s’il m’était possible de bouger mon bandeau pour voir quelque chose, mais, lorsque je tentais, je sentis la pointe froide et coupante sur ma gorge. 


–Essaie un peu, pour voir, ça pourrait être marrant. Mes parents veulent te vendre, mais j'adorerais faire joujou avec toi, avant. 


Ce fut la fin de ma tentative de libération dans cette voiture. La voie de Léopold était froide et amusée. Je ne doutais pas un instant qu’il s’amuserait beaucoup si ces parents n'étaient pas là… 


On me fit descendre de la voiture et entrer quelque part d’horriblement silencieux. Seule la voix de Julius et de sa femme brisait le silence pour donner des ordres, me prouvant que nous n’étions pas seul.


–Les autres reliques sont par-là, non, elle, elle reste avec moi, je ne lui fais pas confiance. 


Nous avons ensuite quitté les couloirs silencieux pour entrer dans un endroit beaucoup plus restreint car la résonance de nos pas sur le sol changea. J’avais beau essayer de comprendre où je me trouvais, je n’y arrivait pas. J’étais dans un endroit restreint, mais j’entendais une sorte de rumeur lointaine, comme si nous étions à côté d’un endroit beaucoup plus vaste. Alors que je cherchais à m'orienter, je fus poussé sur une chaise.


–C’est à moi de jouer, ne la quitté pas des yeux, surtout, et attendez mon signal. 


Il s'éloigna et je l’entendit commencer à parler de manière théâtrale, comme s’il présidait effectivement une cérémonie et qu’il s'adressait à un auditoire. Puis, je sentis quelqu’un tirer sur mes bottes que j’avais gardé de mes anciens vêtements et je protestais vivement, jusqu’à ce qu’une gifle vienne cueillir douloureusement ma joue. Je resta ensuite silencieuse, sonné par la violence du geste. 


–Tu n’en aura pas besoin, là où tu vas. 


Les paroles d’Adélaide Winkman étaient moqueuses et cela me fit aussi mal que la gifle. J’étais mal, vraiment mal. Cela pouvait paraître peu, d’avoir des chaussures, mais c’était un handicap de plus à gérer si j’arrivais à fuir… On me retira ensuite la cape et, bien que la robe soit plus que décente, je me sentis nue et vulnérable. Il faisait froid dehors et je n’irais pas bien loin pied nue… C’était sans doute une tactique psychologique pour me rabaisser davantage, pour que je leur obéisse… Tristement, je commençais à me dire qu’ils avaient peut-être gagné… 



–Hé! Ce n’est pas les bon artéfacts! Ceux qui sont à droite sont pour la démonstration, ceux du fond sont pour la fin de la vente! Pas comme ça, bande d'imbéciles!


Madame Winkman s’éloigna et je sentit les mains de Léopold glisser dans mes cheveux et commencer à dénouer le bandeau de mes cheveux avant qu’il ne glisse à mon oreille, me faisant frissonner de peur. 


–Fait ce que l’on te dit où je me ferais un plaisir de m’occuper de toi. Fuit et je te retrouverais. 


Au plus profond de moi, je savais que ce qu’il disait était vrai. J’étais seul et je n’avais nulle part où aller. 


Tout prêt, le silence se fit. Le bandeau était lousse, mais toujours sur mes yeux alors que les mains dégoûtantes de Léopold me tirèrent vers le haut et me guide quelque part de beaucoup plus lumineux, même au travers mon bandeau lâche, je pouvais le voir. 


Lorsque je fis quelque pas dans un vaste espace, j’entendit quelques murmures montés comme une nuée de mouche bourdonnante. Lorsque les mains s'immobilisèrent avant de s'enfoncer cruellement dans la peau de mes épaules, je ne pus que plier les genoux jusqu’à m'agenouiller, un profond malaise me glaçant l’estomac. Le bandeau me fut retiré brusquement, me laissant pantoise et aveugle dans les spots lumineux qui m’arrivait directement dessus. 


–Allons, allons, messieurs, du calme, laissez-moi procéder à la démonstration.


Le silence se fit à nouveau. Je clignais des yeux, essayant de comprendre ce qui m’entourait. Après ces heures dans le noir, j’étais totalement désorienté et la forte lumière soudaine me faisait tourné la tête. Je voyais vaguement quelque banc et quelque silhouette, une sorte de scène… 


Un tilt se fit dans ma tête. J’étais sur la scène d’un amphithéâtre. J’essaya de bouger les mains pour tester à nouveau mes liens, mais mes mains semblaient engourdi par la drogue ou le manque de circulation sanguine. Je bougea mes pieds, qui se trouvaient sous mes fesses. Un peu mieux, mais, sans botte et avec mes côtes blessés, jusqu’où pourrais-je vraiment fuir? Combien de personne se trouvait en bas de l’estrade, prête à m'enlever gratuitement si l’occasion se présentait? Combien de garde entre moi et la sortie? 


Puis je sentis le matériel froid et rugueux d’une sorte de statuette contre mes paumes et l’univers de lumière bascula autour de moi sans que j'aie eu le temps de me préparer mentalement. 


Les sensations aussi fortes que si j’avais quitté la scène pour me retrouvé les pieds dans l’eau glacé, me firent frissonner. De la colère, une pluie de coups sur mon corps tremblant et glacé. De l’eau qui me submergeait pour me faire tousser et suffoquer. La glace s’infiltrant dans ma gorge, dans mes poumons, dans mon nez. Des mains sur ma gorge, bloquant un cri horrible. Des voix… Des voix partout, à la fois à mes oreilles et dans ma tête. Des larmes qui coulaient sur mes joues. Une mains rude qui s’enfonça dans mon épaules avec suffisamment de rudesse pour me blesser et m’encré dans une réalité 

a peine mieux que celle que la statuette me faisait ressentir. Une voix, rude, remplis de violence, à mon oreille…


–Parle, dis nous ce que tu voies. Si tu restes muette, ce que tu as vu pourrait devenir réalité.


Je n’eu pas besoin de plus d’incitatif. Ma joue me brûlait toujours. 


–Il là battus et la noyer en l’emprisonant sous une couche de glace…


Ma voix m’était étrangère. Rauque, à peine plus qu’un murmure même si elle sembla se répercuter avec force dans l’espace conçu à cet effet. On m’arracha la statuette pour y mettre un autre objet. Une montre. Mais, cette fois, je refusais de refermer les doigts dessus, essayant de repousser la vague de sensation qui menaçait de m'engloutir à nouveau.  L’imposant corps de Julius Winkman se plia sur moi, menaçant, ces gestes étaient fermés lorsqu’il obligea mes doigts à se refermer sur l’objet. 


Impossible d’empêcher la douleur immédiate de submerger mon corps. Des rires trop fort m’emplirent les oreilles, des rires feutrés. Trois…Non, quatre jeunes hommes ivres. Je savais qu’ils étaient quatres. L’un deux était ivre d’alcool autant que de colère. Je lui ai déplu. J’avais refusé d'amuser ces amis et il était furieux que je leur refuse ce que je lui avait offert à contre-coeur. Il m’avait prise sans douceur, un soir où il revenait du pub et il s’attendais maintenant à ce que je cède mon coeur à ses amis. Mais j'avais eu l'audace de refuser et ils m'avaient entraîné dans une ruelle sombre. 


Je fermait les yeux. Je savais ce qui allait arriver. Encore une fois, je fut forcé de répéter ce que je ressentait et entendait. J’étais épuisé et j’avais de plus en plus de mal à gérer mes différentes douleurs. Mes doigts engourdis relâchèrent la montre lorsque Julius retira ses mains des miennes visiblement satisfait. Je tremblais de la tête au pied, sous le choc de mon propre corps mêlé aux douleurs que je ressentais encore et qui me venait de la montre. La dizaine de main me mettant à nue, leur rudesse, leur moquerie qui résonnait à mes oreilles. La douleur de parties intimes connues que de moi-même qui se contractaient douloureusement. l’envie de vomir et le dégoût de moi-même de ne pas avoir pu les empêcher de me toucher et de prendre ce qui n'appartient qu’à moi. 


Julius se redressa pour s'adresser à l'auditoire maintenant silencieux, mais ces mots se noyèrent dans mes sanglots. Je ne voulais pas que ça continue. Je ne voulais pas toucher autre chose. Mais winkman ne semblait pas de cet avis. Je le vis, à travers mes larmes, prendre autre chose sur un chariot à ses côtés. J’étais tétanisé. La main de Leopold me retenait et je n’avais pas la force nécessaire pour le repousser malgré mon agonie. 


La panique commençait à monter dans ma poitrine comprimée par le corset de ma robe, lorsque l’enfer se déchaîna soudainement autour de moi. Il y eu des bruits d’explosions, puis un souffle chaud me balaya. Sonné, j’ouvrit les yeux en sentant l’odeur de brûlé, les alarmes incendie me vrillaient les tympans. Respiré m’était douloureux. La fumée emplissait l’espace, rendant dangereux les déplacements paniqués du mélange d’homme, de garde et d’enfant qui se ruait dans tous les sens en hurlant. 


Malgré tout, je restais suffisamment alerte pour ne pas laisser passer ma chance de me redresser et de faire un bref inventaire de mon corps. Mes côte était douloureuse, encore plus qu’avant, mes membres semblait figé dans une sorte de torpeur douloureuse alors que je tentait de les pliés à ma volonté, ma tête semblait prise de rouli et de vertige, comme si j’était sur un bateau qui tanguait et un filet humide coulait le long de ma tempe. Furieusement, je repoussai la sensation de la source qui semblait me coller à la peau comme de la vase et  je réussi à me hisser sur mes pieds avec l’aide de mes mains attachées. 


Avant de choisir une direction où fuir, je tourna la tête pour essayer de voir quelque chose, mes pieds nus parmi les débris me firent grimacées et je décida de quitter la scène par les coulisses les plus près de moi. J’étais presque arrivé au rideau de velour rouge lorsqu’on me tira vers l’arrière à bras le corps et qu’une voix gronda à mon oreille:


–Toi, tu viens avec moi!


J’essaya de me débattre de mon mieux, mais Léopold était plus grand que moi et mes pieds nus battaient frénétiquement le vide sans causer aucune difficulté au jeune homme qui m’entrainait dans une autre direction. 


J’allais perdre espoir lorsque, soudain, un gentleman vêtu d’un chic trois pièce anthracite sortie de la fumée pour faire barrage, une rapière brillant dans la lumière. Léopold se figea un bref instant, mais je pouvais l’entendre rigoler tout bas alors qu’il déplaçait mon poids vers la droite pour se libérer une main. Puis, le froid d’une lame trouva mon cou et je jura tout bas. la brume causée par les drogues m’embrumait le cerveau et anéantissait peu à peu mes efforts pour contrôler ma peur, mais je devais tenter quelque chose… N’importe quoi. 


Et c’est bien ce que je fit: N’importe quoi. 


Léopold Wikman était si concentré sur l’homme armé qui nous barrait le chemin qu’il ne se rendit pas compte que je glissais mes mains lié sous son bras qui me maintenait contre lui, puis, avec un inspiration douloureuse, je glissait la corde qui retenait mes poignet entre mon cou et la lame. Cela eu pour effet de faire bouger la lame contre la peau de mon cou assez douloureusement pour qu’une ligne sanglante apparaisse, mais elle mordit aussi dans mes liens qui cédèrent sous la pression. 


Avec mes mains nouvellement libres, et profitant surtout de la surprise de mon adversaire, j'agrippa son bras et y planta violemment les dents jusqu’à sentir l’horrible goût cuivré m’envahir la bouche. Il jura violemment, échappa la lame tachée de mon sang et son réflexe fut de me projeter le plus loin possible de lui en regardant la trace sanguinolente qui marquait douloureusement sa peau. Surprise, je trébucha sur un tas de débris et me retourna pour me défendre, levant les mains pour protéger mon visage, trop consciente de sa dernière et douloureuse correction qui marquait ma joue. Mais l’homme qui nous avait barré le chemin en avait profité pour se mettre entre moi et mon tortionnaire, le menaçant élégamment de sa lame. 


De là où j’étais, je pouvais voir la fureur déformé les traits hideux de Léopold Winkman, mais il abdiqua et disparut dans la fumée. De mon côté, j’étais resté figé pendant la brève interaction des deux hommes, mais je me rendait maintenant compte que ce bref instant de paix venait de prendre fin. Je repoussa une mèche de cheveux qui me collait au visage, croisa le regard de l’homme qui s'était retourné pour me tendre la main, regardant, interloqué, ces lèvres bouger. 


Je savais qu’il me parlait, mais l’explosion devait avoir endommagé mes oreilles bourdonnantes plus que je ne l'avais cru et le vacarme assourdissant des alarmes, des explosions presque constantes et des cris m’empêchait de capter ces paroles. Lorsqu’il fit un pas dans ma direction pour me presser à prendre sa main tendu, je décidais que je l’avais suffisamment vue. Il était venu pour m’acheter, il ne m’aurait certainement pas si j'avais une chance de fuir. 

Avec une vivacité due à l’adrénaline qui coulait dans mes veines, je sauta sur mes pieds et détala dans le sens inverse, me concentrant sur mon cœur qui battait la chamade. Maintenant que j’étais lancé, j'avais l’impression que plus rien ne pourrait m’arrêter. 


N’écoutant pas la douleur de mes pieds qui dérapait sur la peinture écailler, les débris brûlant de reste d’explosion et les restes de matériaux détruit qui jonchaient le sol, je retourna sur scène où une multitude de combat semblait à en cours, que ce soit des gens qui tentait d’éteindre les feux, les garde qui courait en tous sens pour essayer de savoir d’où venait les explosion où le peu de spectateur qui n’avait pas encore trouvé la sortie, il régnait un chaos digne d’un enfer. 


j'évitais habillement un garde qui essaya de me barrer le chemin et me dirigea vers les escaliers qui reliait la scène aux estrades. Lorsque je posa le pied sur la première marche, je me sentit tiré vers le haut par mon poignet, déchirant la manche délicate de ma robe. Avant que je puisse réagir, l’homme en trois pièces armé de la rapière me surprit en lacérant, sans doute douloureusement, le bras de l’homme qui me lâcha aussitôt. Dans un même mouvement rapide, mon sauveur me stabilisa d’une main sur l’épaule tout en menaçant l’homme qui recula en sortant une arme à feu de sa poche. 


Il allait nous mettre en joue lorsque son pied rencontra le vide et il battit des bras comme un oisillon quittant le nid, essayant de se stabiliser. Me surprenant moi-même je fis un pas en avant et, rassemblant toute la hargne que j’accumulais depuis les dernières heures, je visa son ventre rond avec mon pied. Je n’eu pas besoin d'y mettre beaucoup de force- heureusement, puisque j’en avait plus beaucoup, de toute façon - mais l’entendre tomber en bas de la scène et se perdre dans la fumée environnante me donna un profond sentiment de satisfaction. 


Une main se posa sur mon épaule, me ramenant à la réalité, puis je précipita dans l’escalier que j'avais tenté de descendre un peu plus tôt. L’homme me suivit dans la fuite, mais j’avais d'autres chats à fouetter pour le moment. J’étais loin d’être dehors. Une fois dans la salle, je fus désorienté par la noirceur ambiante. Ici, pas de spot lumineux pour m'aveugler, juste une fine lumière feutrée au bas des sièges de l'allée principale dans laquelle je m’engagea, espérant que les portes doubles du fond seraient ouvertes. 


Une fois passé les premiers sièges, j’entendit un bruit métallique qui me fit lever les yeux vers le plafond. C’était difficile à distinguer à cette distance et avec mes yeux pas encore habituer à la pénombre, mais je cru voir une forme se déplacer, très haut, tout près du plafond, et un spots s'éteignit avant de tomber sur les bancs, à quelque mètre de moi, avec un fracas étourdissant. Puis un autre. Et encore un autre. En quelque sorte, ma tête comprenait ce qui se passait, mais je resta quand même figé sur place, regardant les spots tomber l’un après l’autre, interloqué. 


Un cris près de moi perça le bourdonnement  de mes oreilles et je chercha d’un regard distant l’auteur du hurlement, les sourcils froncés. Je m’attendais à ce que ce soit l’homme qui m’avait sauvé deux fois, mais je le vit se débarrasser d’un autre garde, à quelque mètres de moi. Une main me tira vers l’arrière, plus douce que toute celle qui m’avait toucher au-delà de mes souvenir brumeux, et je regarda une jeune fille vêtu d’une robe à cols bâteau qui me tira avec empressement pour me faire claudiqué sur quelque mètre,m’éloignant de là où le dernier spots de lumière mourut dans une explosion qui projet de douloureux éclat dans notre direction. Si j’en fus secoué, la jeune fille, elle, garda le cap et me lâcha pour lancé un paquet enveloppé en direction de l’homme en trois pièces qui se démenait contre le garde. Le paquet toucha le sol près des combattants et, avant que l’explosion ne me fasse grimacer, l’homme trébucha vers l’arrière et protégea son visage de son bras, la manche de son élégant costume brûlé par l’explosion. 


J’étais confuse, ma tête refusait d'analyser les différents combattants qui criaient et se ruait de tous les côtés et je sentis mes pensées dériver, comme si je regardais tout cela d’un écran lointain au lieu d’être au milieu de la mêler. L’Adrénaline qui me maintienait debout était entrain de refluer et des point noir ont commencé à danser devant ma vue. Je devais sortir d’ici avant de m’évanouir d’épuisement. Maladroitement, je tourna les talons, pour mieux foncer dans une poitrine étroite et musclée. Derrière le nouveau venu ,je vis une corde pendre du plafond et une seconde silhouette glisser trop rapidement jusqu’au sol. Lorsque ces pieds touchèrent terre, il trébucha vers l'arrière et tomba sur les fesses dans un grognement de mécontentement. 


Les deux nouveau venu était entièrement vêtu de noir et celui de derrière se releva maladroitement, ces lèvres qui bougeait à toute vitesse m’apprenant qu’il était très mécontent. Le plus grand des deux, celui dans lequel j’avais foncé en me retournant, me regardait, les sourcils froncés. Sa main libre balaya le côté de ma tête avec une douceur qui me fit hésiter, puis regarda ses doigts couverts de sang. Je porta aussi ma main à mon oreille et regarda, interloqué, le sang qui maculait maintenant mes doigts. Cela prit encore quelques secondes avant que ma tête analyse la situation. Je saignait de l’oreille droite, peut-être aussi de l’autre, voilà donc pourquoi j'avais l’impression de baigner dans un bourdonnement constant…L’homme attira mon attention d’une main sur mon poignet. Il avait parlé, mais je n’avais toujours pas capté ces paroles jusqu'à ce qu’il se penche sur moi malgré mon mouvement de recul.


–Lucy, ça va? Tu peux tenir encore un peu?


Je sursauta à la mention de mon nom, mais il n’attendit pas que je réponde, relevant la tête au-delà de la mienne, vers la scène. Je vis, à ces lèvres, qu’il jurait, puis sa main me balaya rudement pour l'amener derrière lui, la rapière tendue dans une posture défensive, mais sa grande taille m’empêchait de voir se qui se passait. Sans regarder derrière lui, il me fourra le manche d’une autre rapière dans les mains que je contemplais d’un œil vide.  Le jeune homme dû donner des ordres, puisque l’autre homme, celui qui était tombé lourdement sur les fesses, l'entraîna vers l'arrière de la pièce avant de bifurquer vers la gauche en direction d’une autre porte plus discrète, sans doute une porte de service. 


J’avais momentanément abandonné l’idée de faire cavalier seule et me laissa guider au travers le dédale de banc, dans une noirceur quasi complète. Mon ouïe dû commencé à revenir lentement puisque je pouvais maintenant entendre certaines paroles traversé l’alarme incendie. Parfois, j’avais l’impression de voir l’homme vêtu du complet apparaître à mes côtés, puis disparaître à nouveau. D’Autre fois, c’était la jeune fille vêtue de sa robe à col bâteau. Mes perceptions me donnaient de plus en plus l’impression d’évoluer dans un rêve, mes membres semblaient s’emmêler de plus en plus souvent, ma tête me faire plus mal et mes côtes commencèrent à me vriller la poitrine à chaque respiration. 


La porte de l’Auditorium s’ouvrit et celui me guidait lança une bombe  dans l'encadrement de la porte et le garde s’enfuit sans demander son reste dans une odeur entêtante de sel. Une fois sortie du champ de bataille, nous fume tous englobé dans un doux halo de lumière qui m’aveugla.



Une fois la porte refermée derrière nous, nous prîmes quelque secondes pour se réorienter dans la lumière forte. Je porta la main à ma tempe en soufflant très fort et rapidement, cherchant à calmer mon cœur qui battait frénétiquement. J'essayais de convaincre mon corps que nous n’étions pas encore hors de danger, mais les douleurs, noyer par l’adrénaline, menaçait de l'engloutir. Mes mains tremblaient sur la garde de ma rapière qui pendait mollement vers le sol. La seule bonne nouvelle, c’est que mon ouïe commençait à revenir, même si tout semblait encore aussi lointain qu’un bruit de fond.


--Lockwood, je crois que quelque chose cloche avec lucy. Tantôt, elle n'a pas semblé me reconnaître. 


Une main se posa doucement sur mon épaule et je tressai fortement, m’éloignant de son contacte jusqu’à ce que mon dos touche le mur rugueux. Je ne voulais pas qu’on me touche. Pas après les Winkman, pas aussitôt après avoir touché la source de la jeune fille violée.  La main retomba contre de flanc de lockwood et je cru voir un brin d’incertitude dans son regard alors qu’il se penchait vers moi en respectant une certaine distance, s’assurant sans doute que je puisse lire sur ces lèvres au cas où mon ouïe me ferais à nouveau défaut. 


– Es-ce que tu te sens bien, Lucy? Il reste un dernier effort à donner, tu crois que tu peux y arriver?


Holly lui tapota le bras et il suivit son regard vers mon bras. Je baissais la tête avec distance pour voir ce qui les avait glacé de la sorte. Sans afficher la moindre émotion, au-dessus de la douleur, j'observai la saignée de mon coude révélée par ma manche déchirer plus tôt. Le garçon blond siffla entre ses dents.


--Des blessures d’aiguille, lockwood. Sa explique son comportement envers kipps, plus tôt, sa tête ne me revient pas non plus, même dans mon état normal. Ils l'ont drogué.


Lockwood sembla prêt à se battre. Ou prêt à vomi. Dans tous les cas, il faisait une sale tête lorsque la porte de l’Auditorium s’ouvrit brusquement. D’un mouvement emprunt de fureur, Lockwood envoya une bombe de sels dans l’embrasure de la porte qui venait de s’ouvrir. Il y un mouvement vers l’arrière, quelque crie et la porte se referma à nouveau, ramenant le silence dans le corridor. 


– On verra ça plus tard, on doit partir. Toute suite. 


Kipps prend les devants, rapière levé, George suivi immédiatement derrière. Holly hésita, regarda Lockwood qui avait la mâchoire crispée, puis me poussa délicatement vers l’avant pour me remettre en marche, sans me laisser beaucoup d'options. J’ai crus que la douleur était à son comble, mais cette brève pause me laissa lessivé et je dû mobiliser toute mes forces pour obliger mes jambes à se coordonner pour faire quelque pas hésitant que je poussa au pas de course sous l'insistance de la main poser dans mon dos par Holly. Lockwood se mit immédiatement en marche derrière nous en suivant mon rythme chambranlant. 


Devant nous, j’entendit quelque bruit de combat, une explosion de sels, puis George tourna le coin pour nous faire signe de les suivre. Derrière nous, j’entendit le grincement de la porte s’ouvrir à nouveau et Lockwood nous indiqua de presser le pas. Holly passa devant moi et s'agrippa moins délicatement le poignet pour m’obliger à accélérer. Mes pieds obéirent plus ou moins jusqu’à ce que nous tournions le coin avec un peu trop de vitesse, je m’empêtra les pieds et trébucha vers l’avant. Aussitôt, Holly fut devant moi pour m’aider à me redressé à genoux, mais mon souffle semblait avoir abandonné mes poumons, sans doute que la blessure de mes côtes, malgré le support de mon corset, tendait à s'aggraver. 


J’avoue que cela me fit peur.


Depuis mon réveille aux mains des Winkman, amnésique, drogué et blessé, que je rêvais de ma fuite. J’ai même poussé l’audace jusqu’à espérer être recherché et sauvé. Et, maintenant que cela se produisait, j’avais mal, j’avais froid, pied nue et j’étais à bout de force. Pour la première fois depuis que j’avais échappé à Léopold wikman, je perdis espoir et je sentis avec fureur mes yeux me piquer. 


–Aller, Lucy! Tu peux y arriver! Relève toi!


Holly tira plus fort sur mon bras, mais comme je ne réagit pas aussi rapidement qu’elle le désirait, elle me contourna, m’entoura de ses bras et me remit d’une secousse douloureuse sur mes pieds. Je fut la première surprise de pouvoir tenir encore sur mes jambes, puis je vit George revenir en courant et m’agrippé l’autre bras pour me soutenir, ignorant le mouvement de retrait instinctif que je fit.


–Un dernier effort, on a trouvé une sortie et dégagé le chemin, on y va, les filles! Lockwood?


Il dû être satisfait de ce que qu’il vit en regardant derrière nous puisqu’il sourit brièvement avant de m'entraîner, me portant à moitié, au traver les corridors, croissant parfois un garde inconscient ou des traces de brûler sur un mur ou un plancher, prouvant du travail des deux garçons qui avait pris les devants. 


M’étouffant à moitié, bataillant pour que l’air trouve mes poumons, je me mit sur pilote automatique. Faire un pas, puis un autre… Je laissa George me soutenir, me tirant et me poussant à moitié, marmonnant parfois des paroles encourageantes à mon intention, mais son regard, lorsqu’il se pausa sur moi, était tout sauf rassuré. Heureusement, je ne disposais pas de miroir a ma porté pour savoir si j’étais aussi amoché que son regard inquiet le laissait croire. 


Nous passâmes les portes et un vent froid me fouetta le visage alors que nous dévallions une série d'escaliers en béton. Je sentis une douce vague de réconfort. J'étais dehors. J’étais hors des griffes des Winkman. Je sentis à nouveau les yeux me piquer, mais c’était de soulagement, cette fois. Peut-être que je verrais le soleil se lever, finalement… 


–George! Holly!


Les deux jeunes qui m'encadraient et me portaient arrêtèrent leur course et tournèrent la tête vers Lockwood qui nous as rattrapé. Ce dernier se rapprocha et mit la main sur l’épaule de George qui, comme s’il avait compris sans paroles, me relâcha un peu et Holly fit pareille de l’autre côté. Je commença soudain à m'inquiéter. Durant notre fuite, j’avais pris pour acquis, sans vraiment d’autre option, que nous étions dans le même camp, après tout, ils avaient organisé une évasion pour moi, ils m’avaient même appelé «Lucy», je considérait donc sans trop me tromper que ce devait être mon non… Alors, à quoi cela rimait-il? 


Maintenant que j’étais dehors, je ne voulais qu’une chose: me remettre en route. Courir, si cela m’était possible. Trouver refuge quelque part. Pas rester planter sur les marches de bétons glacés dans un froid mordant… 


Lockwood retira son manteau d’un geste rapide, efficace et incroyablement élégant avant de me le draper sur les épaules avec autant de dextérité que s’il déployait une cape sur son assistante lors d’un spectacle de magie. En sentant la chaleur résiduelle du corps de Lockwood qui s’agrippait au manteau, je me rendis compte à quelle point j’avais froid, vêtu d’une robe plus esthétique que pratique, mon corps parcourut de frisson. 


D’un geste aussi rapide que précis, il me souleva dans ses bras sans me laisser le temps de protester. Suivi de George et de Holly, nous ratrappâmes rapidement Kipps qui avait pris de l’avance pour sécuriser notre fuite. Le regard qu’il nous lança me fit monter le rouge au joue, sans doute la seule couleur qui restait sur ma peau transit de froid. 


–Elle est pied nue dans le froid, Kipps, et elle va s'effondrer d'épuisement. Maintenant que la vitesse est de mise, c'est la meilleurs solution. 


Pour une raison quelconque, j’eu envie de le frapper à la poitrine pour ces paroles, lancé sur un ton si arrogant et moqueur, totalement déplacé dans ce contexte de fuite. J’allais lui dire ce que je pensais de son petit air satisfaisant, mais je fus prise d’une quinte de toux qui me broya la poitrine. J’avais autre chose à penser dans les dernières heures, mais je crois bien que mes côtes allaient rapidement requérir mon attention sous peu. Le fameux sourire à cents watt de Lockwood s'éteignit aussi sec.


–Lucy? 


Leur regard si inquiet me fit hésiter, mal à l’aise. Je toussa de nouveau et décida que ça les regardait peut-être un peu, finalement. Si nous devions parcourir encore plusieurs kilomètres, mon état de santé était peut-être à prendre en compte. Je sentais toujours mon corps engourdi et ma tête protester douloureusement lorsque j'essayais de me souvenir, mais leur présence m’était étrangement familière et réconfortante, alors je décida de leur faire confiance, pour l’instant, du moins. 


–Mes côtes… Je crois, enfin, je crois avoir pris un mauvais coup.


 Lockwood jura avec une fureur qui me fit me recroqueviller sur moi-même. Il dû s’en rendre compte puisque son regard changea aussitôt, sa voix s’adoucissant perceptiblement. 


–D’accord, allons rejoindre Flos, ensuite on examinera tes blessures. D’ici là, le DERCOP devrait avoir reçu mon message. 


Holly alla chercher un petit sac, sans doute caché-là avant leur sauvetage, puis en sortit un tas de veste qu’elle distribua rapidement. Ils enfilèrent tous un vêtement chaud et lockwood me passa à Kipps, malgré mes protestation, pour enfillé une veste capuche par dessus son ensemble noir. On m'autorisa finalement à poser les pieds glacé sur le sol pour vêtire, moi aussi, une veste chaude. Me voyant tanguer dangereusement, Kipps et Lockwood m’aidèrent à rester debout pour que j’enfile une veste semblable à celle de Lockwood et de Kipps. Vu la taille excessive, je devinai qu’elle ne m’appartenait pas, mais bien à l’un des garçons. Malgré tout, je ne me plaignais pas, le vêtement était doux et chaud, confortable et réconfortant contre ma peau malmenée. 


–Lucy?


Il dû me nommer deux fois encore avant que je ne lève la tête vers Lockwood. Pendant que George distribuait du chocolat et que tout le monde terminait de manger, je m’étais accroupi sur le sol gelé et mon regard s'était perdu dans les ombres, essayant d’oublier cette soirée de cauchemar. Lockwood s’agenouilla à côté de moi. Un peu plus loin, Kipps avait commencé à s'agiter, ce qui me rappela que nous avions encore du chemin à faire. 


–Lucy, comment te sens-tu? Je veux dire, vraiment? 


Je trouvais étrange qu’il veuille discuter sentiment au milieu de tout ce danger et je resserrera un peu plus étroitement les pans de son manteau qui drapait mon corps frissonnant, mal à l’aise. Essayant de me donner une contenance, je repoussa d’un mouvement ma frange qui me tombait sur le visage. Mon regard dévia vers le vide alors que je cherchais des mots à lui dire. 


–Je suis fatigué.


Et c’était vrai. J’aurais pu élaboré sur mon trouble de ne pas vraiment me souvenir de personne, j’aurais pu m'inquiéter de mon esprit partant à la dérive dès que l’adrénaline retombait. De mes membres qui ne semblaient pas vouloir m’obéir …Mais c' était justement là mon problème. 


Je ne me souvenais pas d’eux. 


George avait raison, les Winkman m'avaient drogué dans ce but, et cela semblait avoir fonctionné au-delà des espérances. Je me sentais tristement vaincu malgré ma liberté retrouvée. Je caressa distraitement les marques laissées par les injections à la saignée de mon coude. J’avais beau savoir que c’était une amnésie artificielle et imposée, cela me semblait écrasant, un peu comme si on avait violé mon esprit. 


La main de Lockwood se referma sur ma main qui grattait les marques.


–Lucy, on est presque rendu. On doit repartir, on a réussi à trouver un coin calme, mais ils ont commencé les recherches, on doit bouger. Maintenant. 


Il sembla être sur le point d’ajouter autre chose, mais Il entreprit de me soulever à nouveau dans ces bras et je soupira de dépit. J’aurais voulu protester, mais je ne serais pas aller bien loin pied nue et blessé par les débris de l’auditorium. Lockwood dû prendre mon soupire pour de l’inconfort puisqu’il batailla brièvement pour remplacer le manteau sur moi et changé de prise alors qu’il suivait les autres d’un bon pas. 


–Es-ce que je te sers trop fort? 

 

Cette fois, George et Holly prirent les devants et Kipps se glissa derrière nous, tout prêt pour suivre le pas alourdis de Lockwood. 


–Non, ça va. 


Ma voix était pâteuse. Je devais combattre mon corps pour rester éveillé, surtout enrouler dans le manteau et bercé dans les bras solide et musclé de mon porteur. Si ma mémoire me faisait toujours défaut, mon corps, lui, semblait connaître par cœur le battement doux et rythmé du cœur de Lockwood. Ces bras enroulés contre mon corps, l’odeur de son manteau… Tout me semblait si familier, mais, surtout, réconfortant et cela poussait mon esprit à vouloir fuir dans les rêves, mais je résistait, pas complètement capable de me détendre malgré tout. J’avais mal, j’avais froid. On m’avait enlevé, frappé, drogué et tenté de me vendre.  


Dur journée. 


Il nous fallut encore plusieurs minutes de silence à bon rythme avant que je ne voie la tamise un peu plus loin. Lockwood sembla satisfait puisque je sentis ses épaules se détendre. Puis, l’enfer se déchaîna à nouveau autour de nous. Trois coups de feu furent tirés et nous nous figeâmes en nous recroquevillant, cherchant du regard un lieu sûr, mais nous étions au milieu d’une ruelle. George et Holly entreprirent de lancer des bombes de sels à celui qui tenait le fusil et il fut touché à la main, envoyant l’arme valdinguer quelque part dans les ordures. 


Lockwood me déposa lentement sur le sol, assurant une prise sur mes hanches pour me soutenir et sorti sa rapière de l’autre main. Kipps, George et Holly l’imitèrent. Lockwood me poussa lentement à reculons pour continuer de nous faire traverser la ruelle vers la Tamise, mais trois autres gardes armés de couteau nous barrèrent le chemin en sens inverse. Je sentis l’adrénaline remonter dans mes veines et réchauffer un peu mes membres. Cinq contre cinq. 


Un nombre honnête, si je n’avais pas si mal au point. 


Un regard vers Kipps m’apprit que je n’aurais peut-être pas le choix de prendre une arme à mon tour. Il avait déjà engagé le combat contre les trois hommes de devant, Lockwood essayant tant bien que mal de me garder entre lui et la bataille tout en aidant de son mieux, mais je voyais bien que je gênait. Derrière moi, George essayait de tenir en respect les deux autres pendant que Holly leur lançait des bombes de sels, mais leur quantité semblait diminuer rapidement. Sans vraiment réfléchir à ce que je faisais, je tira la rapière supplémentaire de la ceinture de Lockwood et hésita en regardant autour de moi pour savoir où je pourrais me déplacer sans déranger personne. 


De son côté, libéré de ma présence, Lockwood avait redoublé de vigueur, lacérant et piquant ces adversaires. Un bruissement me fit me tourner pour voir George frappé un garde à la poitrine avec sa grosse botte, puis quelque chose glissa sur mes épaules pour se refermer sur ma gorge. Avec fureur, je me débattit, échappant presque ma rapière, avant que la pression prise sur mon cou se relâche brusquement. 


Je fit volte face en trébuchant et j’aperçut Lockwood se faire pousser contre le mur de brique. Comme il était venu à mon secours, il s'était fait repousser par ces deux adversaires. Je voyais bien que de m'avoir porté l’avait fatigué, son bras de rapière ralentissait et toute trace d’arrogance avait quitté son visage alors qu’il combattait à deux contre un. 


Je sentis la colère monter en moi et, sans réfléchir, je me précipita vers eux et barra la seconde lame qui aurait transpercé le flanc de Lockwood. Aussitôt, je maudis mes bras tremblants, la drogue dans mon système et le froid qui engourdissait mes mains. J’avais dévié la lame de Lockwood, mais je n’arriva pas à la repousser entièrement. Contre mon flanc, Lockwood se débattait environ avec la même situation que moi, nous étions si étroitement imbriqué l’un dans l’autre que le moindre mouvement se répercutait directement sur la position de l’autre. 


La lame que j’avais déviée, puis bloquée, se rapprochait lentement de mon flanc sans que je puisse y faire quoi que ce soit avec mes bras, lorsqu’un bruit de sirène déchira la nuit. L’homme que je tenais plus ou moins en respect jura rageusement et un ordre fut donné dans les ténèbres de la nuit. Avec impulsivité et fureur, l’homme recula d’un pas, retira sa lame en me déstabilisant par le changement soudain de pression sur ma propre rapière, avant de donner un coup dans l’air dans ma direction. S’il m’avait voulut vivante un instant auparavant, je vis dans ces yeux qu’il en était maintenant autrement. 


Je sentis le tissu de ma robe se déchirer au niveau de mon ventre et je ferma les yeux instinctivement. Mes genoux heurtent le sol graveleux et j’attendit que la douleur de la blessure suive. Mais rien ne vint. J’ouvrit les yeux avec surprise pour voir Lockwood, qui avait réagi avec rapidité et élégance pour bloquer la lame de sa rapière. Son propre adversaire avait détalé sans demander son reste et il s'était immédiatement porté à mon secours. 


Quelque battement de cœur plus tard, Kipps fit front de sa lame pour épauler Lockwood et l’homme détala sans demander son reste. Au loin,  les lumières de voiture placardées au logo du DERCOP avait emplis les rues autour de l'amphithéâtre. Je regardais ces lumières, peu assuré. Pour l’instant, l’activité se maintient au-delà de notre ruelle, mais je me doutais qu’ils débouleraient dans peu de temps et j’avais peu envie de me retrouver sur leur chemin. 


Lockwood dû le lire sur mon visage puisqu’il posa une main sur mon épaule et me tendit la main pour me relever. Holly arriva peu de temps après avec le long manteau de Lockwood que j’avais laissé tomber plus tôt et elle me le drapa sur les épaules, ramenant mes frissons et mes pieds nus à mon souvenir. 


–On peut toujours aller rejoindre Flos au point de rendez-vous, si vous préférez, mais ils auront sans doute des ambulances et des questions à nous poser…


Je sentis plusieurs paires de yeux sur moi et je détesta ça. Un nouveau frisson me parcourut, plus violent que les autres, et je fut prise d’un vertige, ne tenant que par le bras que Lockwood passa autour de ma taille. Fermement, je l’entendit répondre aux autres.


–Barnes est là, allons-y, nous n’aurons pas besoin de tout lui expliquer, il a reçu mon message explicatif, sinon il ne serait pas là. Lucy a besoin de soin.


–Pas d’hôpital… 


Ma voix était distante, à peine plus qu’un murmure à mes oreilles et je détesta ça. Lockwood obligea mon corps à avancer maladroitement et George fit de même en agrippant mon autre bras. Je résistais faiblement. Maintenant que j’étais dehors et plus ou moins libre, le fait de ne pas me souvenir des visages et des noms de ceux qui m'entouraient me perturbait. Je n’avais qu’une envie et c’était de me tapir quelque part en attendant que mes souvenir revienne pour me sentir enfin en sécurité. Je n’avais aucune envie d'entrer dans les lumières clignotantes qui me donnaient la nausée, et aucune envie de faire face au regard de jugement des autres. 


–Luce…


 Lockwood fronça les sourcils et me scruta avec sérieux jusqu’à ce que ces yeux se posent sur les marques de piqûre avant de poursuivre, comme s’il comprenait soudainement ce qui me tournait dans la tête. Comme s’il avait assemblé les pièces du casse-têtes. 


–Dis-moi, Lucy, te souviens-tu de nous?


Sa question emporta un lourd silence qui me déchira le cœur. Il y avait une telle intensité dans son regard, sa mâchoire était serrée et ces jointures blanchies par la force avec laquelle il tenait la garde de sa rapière. J’hésita un bref instant. J’eu envie de lui répondre par l'affirmative simplement pour le voir se détendre, simplement pour que son chaleureux sourire arrogant revienne. Pour ne pas voir la tristesse dans son regard. Je détournai le regard.


Je hocha la tête par la négative et un poid supplémentaire sembla s’abattre sur ces épaules.


--D’accord, ça va allez, luce, ce n’est rien qu’on ne peut pas gérer. 


George arrêta les balbutiements de l’lockwood d’une main.


--Pour l’instant, on va s’en tenir à : nous sommes tes amis et nous somme venu te sauver des Winkman, d’accord?

Tous les deux me regardaient comme si j’allais fuir en courant. Oh, j’y avais pensé, mais j’avais déjà déterminé que de me sauver dans la nuit froide, pied nus et blessé, serait suicidaire, surtout que les hommes des Winkman devaient encore traîner, pour certains du moins, dans les parages.  


Mon regard se perdit brièvement vers les lumière clignotantes des voitures du DERCOP et je dû m'y arraché pour reposer mon regard lasse et fatiguée sur les garçons, cherchant mes mots. Ma tête me faisait mal, à l'instar de tout mon corps et je voulais seulement dormir et me mettre au chaud, oublier les dernières 24 heures comme j’avais oublié tout le reste. Je me dépris de la poigne solide de Lockwood, même si je regretta la chaleur de son corps et la solidité de sa poigne alors que je trébuchais vers l’arrière. 


Alors, je repoussa une mèche de cheveux engluer de sang et hésita une dernière fois avant de lâcher, aussi doucement qu'un courant d’aire, comme si le moindre bruissement pouvait annihiler tout espoir de voir ma supplique devenir réalité :


--Je veux rentrer à la maison…


A vrais dire, j’étais trop lasse pour me soucier du bien fondé des paroles de George trop en profondeur. Ils m'avaient aidé à fuir les Winkman, se disaient mes amis et avaient même alerté le DERCOP. Si je ne pouvais leur faire confiance, alors j’étais mal barrée. Lockwood eut un sourire a cent watt qui sembla illuminer la ruelle crasseuse et me pinça gentiment le bras sans commenter mon retrait.


--Bien sûr, Luce, on doit d’abord s’assurer que tu vas bien, après, on te ramène à la maison.


Je tressai malgré son sourire et tendit le bras vers le mur de brique de la ruelle pour me stabiliser. D’une voix plus ferme que j’aurais voulu, je réplica :


--Pas d'hôpital. Plus de drogue. Je veux juste dormir.


Lockwood tendit une main vers moi pour m’aider, mais je l’esquiva en reculant d’un pas maladroit. J’en avais marre de cette soirée, marre de la douleur et marre de perdre le contrôle. En apercevant la tristesse de son regard en laissant sa main battre à son côté, je me sentis vaguement coupable, mais je voulais que les choses soit claire.  Holly essaya de tempérer la situation avec douceur.


--Lucy, tu es blessé et tu as perdu beaucoup de sang. On doit en savoir plus sur les drogues qui coulent dans ton sang, sans compter tes côtes et tu t’ai cogner la tête assez durement. Il serait irresponsable de te laisser dormir dans cet état sans avoir consulté un professionnel. Laisse nous te trouver un médecin pour écarter tout danger. Le reste, nous nous en occuperons après un bon bain chaud, une fois rentrés à la maison, d’accord? 


Tout le long de sa tirade, je m'apprêta à sortir les griffes malgré mon corps qui basculait à mesure que le temps passait. Mais la mention du bain chaud et du retour à la maison me radoucit considérablement. Un bon bain chaud… Voilà enfin une perspective plus qu’attrayante.

Je hocha la tête, mais j’hésitai toujours en regardant l’effervescence croissante, le bourdonnement constant des voix qui discutait et des ordres hurler ici et là. Les lumières trop vives m’hypnotisaient et me donnaient des vertiges par leur intensité et leur mouvance.


J’allais abdiquer et les laisser m'entraîner vers les lumières lorsque mon corps décida tout bonnement de lâcher. Commotion cérébrale, fatigué, drogue, perte de sang? Sortez les raisons de m'effondrer, j’en avais à en revendre. Cela ne m’empêcha pas de protester lorsque Kipps me souleva de terre.


–D’accord, ça suffit, Lucy. Kipps se défendit du regard mécontent de Holly. Ne me fais pas ce truc bizarre avec tes yeux, Holly, tu sais que si nous attendons que ces trois-là se décident à bouger, Lucy a le temps de mourir au bout de son sang. 


Il désigna du menton Lockwood et George qui semblait tout simplement ne pas savoir quoi faire face à mon refus momentané. Holly soupira et repoussa élégamment une mèche de cheveux bouclée vers l'arrière, mais ne répliqua pas et tourna les talons pour se tourner vers l’effervescence plus loin. Kipps la suivit et je soupira de dépit, partagée entre la partie de moi qui voulait en finir le plus vite possible et la partie qui voulait juste se reposer, même si cela signifiait me rouler en boule dans la ruelle pour dormir une semaine. Une secousse me fit ouvrir les yeux alors que je ne m’étais même pas rendu compte que je les avais fermés. C’était Lockwood qui retenait Kipps qui le regardait en relevant un sourcil interrogateur. Le regard de Lockwood était assuré et son sourire arrogant était de retour sur son visage. Je le regarda tendre les bras dans ma direction tout en s’adressant à Kipps.


–Mon associé, ma responsabilité, Kipps. 


Je cru un instant que Kipps allait refuser, mais il soutint le regard de Lockwood en silence avant d’éclater d’un rire franc qui me fit me demander ce que j’avais raté de drôle. Je fus promptement transféré dans les bras de Lockwood. J’étais à la fois heureuse de m’y pelotonner de nouveau et terriblement gênée. 


-Et moi? Je n'ai pas le droit à mon opinion? 


Un doux rire fit vibrer la poitrine de Lockwood et cela me fit en quelque sorte plaisir. Pour une raison qui m’était inconnue, j’avais du mal à oublier le regard affecter qu’il m’avait lancé lorsqu’il avait compris que j’étais amnésique. Il baissa son regard appuyé vers moi et me fit un de ces sourires remplis d’une arrogance qui me fit monter le rouge aux joues.


–Veux-tu retourner dans les bras de cet enfoiré de Kipps? 


Je détourna le regard, soudain boudeuse et, heureusement, la foule du DERCOP m’empêcha d’avoir à répondre à cette question rhétorique. Soudain mal à l’aise dans cette foule qui bavassaient et se retournait sur notre passage, je frissonna et ramena ma tête vers Lockwood, cachant mon visage dans son cou pour éviter d’être étourdi par les lumières clignotantes. J’entendit contre mon oreille les sons apaisants qu’il me murmurait à l’oreille et sa m’aida un peu à me focaliser sur autre chose que les commentaires que j’entendais à voix basses. 


–Je vais aller chercher Barnes. 


Je ne me retourna pas pour voir Kipps disparaître dans la foule, mais il posa brièvement la main sur mon dos avant de partir. J’entendis la voix de George empêcher quelque agent du DERCOP d’intervenir et Lockwood se déplacer, cherchant visiblement à s’éloigner de la foule, mais sans y parvenir. Je resserrer un peu ma prise sur le cou de Lockwood qui resserrer ses bras autour de moi. Je commençais sérieusement à regretter d’avoir accepté de me laisser entraîner hors de la ruelle. 


–Miss Carlyle? Miss Carlyle? Vous m’entendez? Es-ce qu’elle est consciente? Kipps ma briefer sur la situation, venez, une ambulance l’attend. 


–Oui, elle est consciente, mais mieux vaut qu’un de nous reste avec elle, Kipps à dû vous dire qu’elle avait quelques… Problème de mémoire? 


Il dû acquiescer puisque je n’entendit pas de réponse, juste l’hésitation de Lockwood en parlant. Dans tous les cas, il se mirent tous en marche, cette fois, les agents du DERCOP nous laissèrent passer sans autres commentaires. Je perdit rapidement la notion du temps, peut-être même que je m'endormi, enveloppé dans la chaleur et l’odeur familière de Lockwood, puisque j’entendit une parcelle de conversation, sans doute étions-nous arrivé à l’ambulance. 


– On doit la mettre dans l’ambulance pour l'examiner. Nous allons la prendre en charge. 


Quelqu’un me toucha le poignet, qui avait mollement glissé du cou à Lockwood pour finir par reposé contre mon ventre, et je sursauta violemment, désorienté par ce demi-sommeil interrompu soudainement. Je sentis qu’on essayait de m'agripper le bras et je me débattit furieusement et farouchement au souvenir de la main de Julius sur ce même bras, m'enfonçant, avec un sourire cruelle, une seringue. 


Au travers du chaos soudain, j’entendit brièvement la voix de Lockwood, le crie de George, puis une deuxième paire de bras essayant de m’arraché à la prise de Lockwood. Rapidement, malgré ma molle défense, je me retrouvai maîtrisée, assise sur le sol froid. Le manteau de Lockwood avait glissé de mes épaules pour se perdre sur le sol, hors de ma vue. Je clignais des yeux, essayant de reprendre contact avec la réalité malgré mon esprit qui tendait à dériver. 


–Lucy? Lucy? Tu m'entends? Tu dois te calmer. 


Je tourna la tête vers la voix pour apercevoir George, puis je leva la tête pour me rendre compte que Kipps me maintenait fermement contre sa poitrine, m’empêchant de bouger le haut de mon corps. Ma tête finit par rejoindre mon corps et je compris que j’avais paniqué. Lockwood devait avoir du mal à me retenir et Kipps devait être venu à son secours pour m’éviter une vilaine chute. Je pris encore quelque instant pour stabilisé ma voix avant de répondre d’une voix qui me sembla lointaine et lasse. 


–Tu peux me lâcher, j’ai juste été prise au dépourvue… 


Kipps relâcha son étreinte, mais resta tout près, comme s’il craignait que je me sauve dans la nuit. George ne bougea pas non plus, restant tout près et sur le qui-vive. Plus loin, je vit Barnes essayer de calmer un Lockwood rigide qui semblait furieux, même les ambulanciers semblaient tendu. Barnes se pencha vers Lockwood, qui repoussa une mèche noir de son visage, puis renvint vers nous. Il se pencha pour me parler. Il souriait tranquillement, mais je savais qu’il était tendu, sa mâchoire était crispée. 


–Luce, les ambulanciers veulent absolument t'examiner. Peux- tu les laisser faire?


Je commença par secouer la tête fermement et des points noirs dansèrent devant mes yeux. J’en fut étourdi un bref instant et je me rendis compte que j’avais tenté de retraité vers l’arrière car Kipps avait à nouveau refermé un de ces bras autour de mes épaules et George avait pris mon bras. Le tout était étonnement délicat, plus comme une étreinte que comme une contrainte, mais la tension montait. Je me sentis soudainement claustrophobe. Je n’aurais pas dû les laisser m'emmener dans cette situation. 


De son côté, Lockwood c’était figée face à mon refus catégorique, pris entre deux feux. Il hésita à nouveau et me tendit quand même une main.


–Allez, plus vite il t’examine, plus rapidement nous allons pouvoir te ramener à la maison. S’il te plaît, Luce, il ne nous donne pas beaucoup de marge de manœuvre…


Je soupirai. La maison, le repos, la chaleur et la tranquillité. c’était ce qu’il m’offrait et ce que je désirais par-dessus tout. Derrière Lockwood, je vit un jeune ambulancier vêtu d’un uniforme et de gant, prêt au travail. Il semblait à l’aise et souriait en se rapprochant lentement, comme s’il approchait d’un animal blessé qui ne voulait que lui sauter dessus. 


–Bonjour Miss. Carlyle. Pouvez-vous me laisser jeter un oeil à vos blessures?


Il pris mon absence de réponse pour un assentiment malgré mon regard farouche. Il se pencha à côté de Lockwood, restant à sa hauteur. 


–Es-ce que je peu avoir votre bras pour évaluer votre pouls? 


Mon bras. Les images de Julius passait devant mes yeux, superposé avec les images de la source que j’avais touché, celle du viole de la jeune fille. Mon souffle s’accéléra, sans doute perceptiblement, puisque le jeune homme se rétracta brièvement:


–D’accord, je comprend…


Il se tourna vers Lockwood. 


–C’est vous qui la teniez tout à l’heure, je me trompe? 


Pour une rare fois, Lockwood eu un regard incertain, puis sembla comprendre le sous entendu qui se perdit de mon côté. Il reprit immédiatement l’aire assuré qu’il gardait comme fassade constante. 


–Oui, c'est moi qui la portait. Elle semble avoir perdu une partie de sa mémoire, ils l'ont drogué, cela vient sans doute de là, sinon du choc qu’elle a reçu à la tête, malgré cela, elle semble nous faire confiance instinctivement.  


--D’accord, je vois. Voyons ce que nous pouvons faire, dans ce cas. Lucy, j’ai cru comprendre que tu voulais rentrer à la maison, c'est ça? Faisons tous de notre mieux pour concrétiser cela, dans ce cas. Pouvez vous donner votre bras à mon nouvel assistant? 


Lockwood se prit étonnement vite au jeu et il lui servit son plus grand sourire charmeur et me tendit la main avec plus d’assurance, visiblement plus détendu par l’intervention du jeune homme. Comme un effet miroir, la tension de mes épaules se relâcha un peu. 


--C'est bien, Lucy. Je crois que vous pouvez la relâcher un peu, il n’y a pas lieu pour personne d’avoir peur. 


Kipps me relâcha et George laissa sa main retomber à ses côtés. Aussitôt je sentis une autre corde nerveuse  se relâcher et je relâcha le souffle que j’avais bloqué involontairement dans ma poitrine. Je considera une nouvelle fois l’infirmier et tendit le bras vers lockwood, toujours incertaine, mais moin tendu qu'auparavant. 


--Parfait, on avance bien. Lockwood, pouvez-vous tourner son poignet vers le  haut? Lucy, je vais poser mes doigts sur votre poignet pour compter votre pouls. 


Une nouvelle fois  l’image de julius s’imposa et je me raidis. Lockwood sentit mon hésitation et me questionna du regard. Je pris une seconde pour stabiliser ma respiration et termina moi-même le mouvement. Le jeune homme nous observa et nous sourit, comme si nous étions  des enfants prodiges qui venait de faire d’incroyable progrès. 


--Voilà! C'est ça, vous faites bien ça, tous les deux.


J’aurais pu rire en voyant Lockwood se rengorger, mais j’étais trop fatiguée, alors je décida de garder ce moment quelque part dans ma tête pour en rire plus tard.


Le jeune homme prit mon pouls et nota quelque chose sur un carnet à côté de lui. Il sortit ensuite une petite lampe.


--Lucy? Regarder mon assistant, s’il vous plaît? Vous avez  pris un méchant coup sur la tête, voyons voir ça.


Je n’eu pas vraiment le temps de faire ce qu’il me demandait que, déjà, il me mettait la lumière dans les yeux, puis il nota à nouveau ces observations en laissant tomber brièvement son aire de bonhomie pour ce qu’il était, soit un professionnel de la santé. Il releva la tête, de nouveau tout sourire mielleux.

--Pouvez-vous tendre les mains à mon assistant et les serrer très fort? Nous allons évaluer votre coordination. Lockwood? Tu peux faire ça?


Nous hésitons tous les deux sans vraiment comprendre, puis lockwood tendit les bras et je pris ces mains pour les serrer. 


--Nous allons compter jusqu’à dix, d’accord? Et, pendant ce temps, je vais vérifier ta tête. 


J'étais interloqué, mais lockwood tenait mes mains avec fermeté et je n’eu pas le loisirs de me soustraire aux doigt rapide et agile de l’ambulancier qui m'avait déjà palper  la tête. Son regard me détailla ensuite de la tête au pied.


--Nous allons devoir aller dans l’ambulance pour la suite. Je dois examiner vos côtes. Le rapport indiquait qu’il y a eu fracturation des côtes et perforation du poumons, il y a un mois, c'est bien ça?


Il s’adressa à lockwood, je pu donc donner un peu de repos a mon hypervigilance, écoutant très distraitement le jeune homme. J'étais tout près de m’endormir lorsque George posa sa main sur mon bras. J’ouvrit les yeux pour le voir penché un peu vers moi.


--Lucy, tu dois aller dans l’ambulance pour te faire examiner, peux tu marcher ou nous pouvons te porter, que préfères tu? 


Je cligna des yeux plusieurs fois, essayant de fuir les volutes du sommeil qui m’attirait inexorablement. Pouvais-je marcher? Peut-être que je pourrais forcer mes jambes à bouger. Être porté serait tellement plus facile…


Mais je tendis une main à George qui  ne posa pas de question et me hissa sur mes pieds. Derrière moi, kipps souleva presque tout mon poid pour me mettre debout et ne me lâcha pas alors que je m’étais toute mon attention sur mes pieds pour mettre un pas devant l’autre. J’étais si concentrée sur ma lente progression dirigée par George et kipps que je ne m'aperçus de ma destination qu’au dernier moment. Lorsque je sentis une bouffée d’angoisse monter de ma poitrine, il était déjà trop tard pour reculer. Avec du recul, je devais avouer que cela devait faire partie de la stratégie pour que j’aille où il voulait m’avoir. Et ça avait fonctionné. J’avais été trop concentré à faire un pas après l'autre pour ressentir l'angoisse. 


Jusqu'au dernier moment, bien sûr. 


Kipps me fit asseoir sur la civière avant de sortir, mais George s'attarda.


--Il va examiner tes côtes, donc on doit partir, nous serons juste de l’autre côté de la porte.


Il attendit d'être certain que je l’ai entendu avant de me quitter. Dehors, j’entendis la voix de lockwood rechigner a rester dehors . J’entendis une voix féminine lui assener un :


-Lockwood, tu ne peux pas le suivre, il va devoir retirer sa robe pour l'examiner!


Puis le lourd silence de Lockwood qui réalisait enfin pourquoi il devait rester là où il était.  


Le jeune homme revint dans l’ambulance et Holly le suivit. Cela me rassura un peu, quand même, surtout lorsque l’ambulancier se tourna vers moi avec son sourir beaucoup trop rassurant pour être authentique. À eux deux, ils réussirent à me libérer de la robe avec une paire de ciseaux, laissant le tas de tissus tomber au sol en une flaque plus rouge que blanche. L'examen se déroule avec douceur, mais fermeté. Maintenant qu’il avait réussi à capter mon attention et à établir une certaine forme de confiance fragile, il allait droit au but, aidé par holly qui attirait mon attention avec une étrange facilité. Une fois terminé, Holly me tendit une chemise rose qui m’arriva au genoux.


--Voilà, c'est bien. Les côtes ne sont pas cassées , à mon avis. Seule une radio pourrait nous l'assurer à 100%, mais il n’y a pas d’urgence de ce côté. Par contre, si vous voulez vraiment rentrer chez vous ce soir, je vais devoir nettoyer et bander vos pieds. La coupure à la gorge est superficielle, un pansement après la douche devrait être suffisant. La plaie sur votre bras est plus profonde et va demander des points de suture pour bien cicatriser. 


Il se tourna ensuite vers Holly.


--Elle est avec vous depuis combien de temps, environ? 


Holly regarda sa montre.


--Plus ou moins 30 minutes.


--Et les drogues on été administré avant, ces biens ça? Je suis certain que votre corps va les éliminer d’ici quelque jours sans poser trop de problème. Directement dans les veines, comme utilisé ici, la plupart des drogues agissent très rapidement sur le système, si les effets recherchés avait été plus agressive que l’amnésie artificielle et l’amortissement, je suis certain que votre corps aurait déjà réagit. Néanmoins, je recommande une surveillance constante. Vu le nombre d'injections, je ne peux que spéculer sur le nombre de doses, aussi je crains les symptômes du sevrage. 


--Je veux rentrer à la maison…


Le jeune homme soupira et passa la main dans ses cheveux.


--Pour être bien honnête, je recommanderais une hospitalisation de 48 à 72 heures en observation, néanmoins…


Il leva la main à mon air paniqué.


--Je ne crois pas votre vie en danger. Je n'ai aucune raison d’ordonner une hospitalisation contre votre gré et je respecte votre décision et ne m’y opposerai pas, d'autant plus que vous habitez avec deux autres personnes.


Il se pencha à ma hauteur et repris :


--Donc, si vous me laissez terminer de vous soignez, vous allez rentrer chez vous. Mais je ne peux pas le faire à froid, vous comprenez, Lucy? 


Je sentis une boule montée dans ma gorge et j'agrippai la main de Holly à taton.


--J’avais dit plus de drogue…


Ma voix me parut étrange et déformée, plaintive et lointaine. 


--Lucy, regardez-moi. Je comprends la situation, mais si ne peu pas vous soigner ici, je vais devoir vous emmener à l'hôpital. Je peux faire revenir Lockwood, si vous préférez. 


J'hésita et essaya de cacher les larmes qui me montaient aux yeux. Holly posa son autre main sur mon épaule.


–Ça va aider à la douleur, lucy, ça va faciliter ton retour à la maison…


La maison… Je soupira et fis quelque chose qui me surpris moi-même. J'enfouis mon visage contre son épaule et tendis le bras vers le jeune homme, laissant même holly me lisser les cheveux jusqu’à ce que je sente la piqûre et la sensation de lourdeur envahir mes membres. Si holly et l’ambulancier ne m'avaient pas maintenu, je serais tomber. Je dû laisser couler une larme car holly se mit à faire des son apaisant. On m’allongea, puis je m’enfonça dans le calme artificiel pendant qu’il nettoyait et pansait mes pieds, puis suturait mon bras. 


Je dû m’endormir à un moment puisque je me réveilla sous quelque couverture chaude. 


J’étais vraiment patraque et j’eu un instant peur de me réveiller à nouveau aux mains des Winkman, mais les couvertures étaient trop chaudes et il y avait trop de lumière qui clignotait partout. Et trop de bruit. Beaucoup trop de bruit. Tout me semblait à la fois lointain et trop assourdissant. J'étais à la fois alourdis et hypersensible , fébrile. 


Je me redressa en gémissant. Malgré l'engourdissement, mon bras vibrait de douleur.


--Ah! La belle au bois dormant ces réveillé! Aller, ne bouge pas trop vite, tu vas avoir des nausées et des vertiges à cause du sédatif.  


En effet, kipps eu tout juste le temps de me glisser sur les genoux une bassine mise tout près à cet effet avant  que j’ai un douloureux haut le cœur.Puis un autre et encore un autre. J’eu un mauvais goût de bile dans la bouche, mais je n’avais absolument plus rien a vomir, mon estomac était vide depuis trop longtemps. Kipps me regarda, soucieux.


-Depuis quand tu n'as pas manger?


Je haussais les épaules et ce simple mouvement me donna un nouveau haut le cœur qui finit en quinte de toux répugnante. J'essayais de me souvenir malgré la brume de ma tête. 


--Pas depuis les Winkman. 


Kipps passa la main dans ses cheveux.


--Pas étonnant que tu sois dans cet état, alors. Pour ce que l’on en sait, tu as disparu pendant que nous étions au travail. Donc il y a plus de 26 heures. Ton dernier repas remonte donc à une trentaine d’heure.


Il réfléchit


Il réfléchit encore, puis jura.


--Tu n’a pas touché ton souper, ce soir-là, donc ton dernier repas remonte plutôt à 35 ou 36 heures… 


L’entendre évoquer mon estomac vide le fit se contracter douloureusement.


--Ça va, c'est bon, j’ai compris, pas la peine de paniquer avec cela.En plus, on ma promit un bon bain chaud, on ajoutera  « manger » à la liste, c'est tout.


Irriter, je balançai maladroitement mes jambes par-dessus la civière et kipps me rattrapa de justesse. 

.

-Du calme, tu as subi tout un choc, depuis ton enlèvement. Tu dois te ménager un peu. Ne t’en fait pas, nous attendions ton réveille pour sassuter que tout allait bien et Barnes en profitais pour nous faire la morale sur le danger. 


Il m’aida a me mettre debout en soutenant l’essentiel de mon poid et deapa mes épaule de la couverture chaude.


--Es-ce qu’ils ont mis la main sur les Winkman? 


Il ouvrit la porte de l’ambulance et je fut frappé par le froid nocturne.kipps m’empêcha de sortir et me souleva dans ses bras malgré mes maigre protestation.


--Laisse-moi t'aider, tu vas mouiller et abîmer les bandages de tes pieds. Sa a pris plus d’une heure retirer les éclats de bois, de verre et de gravier de tes blessures, tu as même quelques points de suture au pied gauche. Non, ils ne les ont pas attrapés. Les recherches vont se poursuivre. Barnes va nous ramener à Portland row en voiture et une patrouille va se faire constamment dans le quartier. Il ne s'en prendra pas à nouveau à toi, nous allons veiller au grain. 


J’avais envie de le croire. Envie de me sentir en sécurité, alors je ne contredit pas ces paroles, même si j’aurais toujours peur t’en que les Winkman ne serons pas derrière les barreaux.


Je pensais m’en sortir assez bien avec le sédatif, mais je sentis aussitôt ma tête vagabonder et je fermai brièvement les yeux. Je dû sans doute m’assoupir un bref instant puisqu’une conversation perça mon sommeil. 


-Elle ces assoupie.


--Ramener miss Carlyle à la maison, elle va attraper la mort vêtu comme ça. C'est le mieux que vous puissiez faire, nous allons finir de fouiller l'amphithéâtre, mais je crains que nous n’aurons plus que ces trois-là et ils ne parleront surement pas. Je vais passer dès que miss carlyle sera apte à faire sa déposition, en attendant, surveillez vos arrière, je détesterai gâcher mon petit déjeuner en lisant vos nom dans la chronique nécrologique. Une voiture vous attend près du chemin.


Il du nous congédier puisque je senti un déplacement d’air près de moi. J’ouvrit un œil à moitié endormi.


--Je ne dors pas…


George gloussa.


--Ces tout comme, lucy, c'est tout comme…


Nous avons pris place dans la voiture du DERCOP, Holly et kipps sur la banquette de deuxième rangée et moi en sandwich entre lockwood et George. Le trajet fut heureusement  assez court pour que je reste modérément consciente.


--Je vais entrer avec vous et faire le tour de la maison, m’assurer de la sécurité des lieux, puis je vais assurer la première patrouille, si vous avez la moindre inquiétude, n’hésitez pas.


Il tendit une carte à kipps avec un numéro de téléphone et nous nous faufilâmes à l’extérieur du véhicule. J’ouvrit les yeux lorsque Lockwood me fit passer le pas de la porte, entouré d’une odeur familière et réconfortante de sels et de poussière. C'était chez moi. C'était une assurance forte et martelé à travers les vapes de mon esprit. Lorsque la porte se fut refermée derrière nous et que l’agent de DERCOP eut commencé à faire le tour avec Holly pour le guider, je sentis tout le poid et la peur glissé de moi comme la pluie sur un parapluie. La raideur quitta mes muscles endolories et je me sentis devenir toute molle dans les bras de Lockwood. J’étais en sécurité chez moi. 


J’étouffa un bâillement derrière ma main alors que nous entrâmes dans le salon. Je fus promptement installer sur le divans et enrouler dans un plaid tricoté bien chaud. J’entendit la porte se refermer sur l’agent du DERCOP et une multitude de verrou fut tiré pour barricader la porte. Kipps réaparut avec une tasse d’eau qu’il me mit entre les mains et alla se basculer sur un fauteuil avec un soupir.


–Allez,bois un peu. Il me vit hésité. N’oublie pas que ça fait partie des conditions pour éviter l’hospitalisation.


Il ouvrit un œil pour se rendre compte que tous les regards était posés sur lui, dans l’attente de la suite. 


–À oui, j'oubliais, c’était pendant que tu dormais et que les autres étaient avec Barnes. L’homme qui t'a soigné, il disait que tu souffrais de déshydratation et, que si ce n’était pas que tu était si têtu, il t’aurais installer une perfusion et amené à l'hôpital jusqu'à ce que tu garde de la nourriture solide et les liquides. Et que tu élimines les drogues. Il craint les symptômes de sevrage, aussi. À et il ma demander la permission de prélever un peu de sang pour analyse, nous devrions avoir les résultats demain. Dans tous les cas, si tu n'arrives pas à te réhydrater par toi-même dans les prochaines heures, tu n'auras gagné tout au plus qu’une nuit de sommeil à la maison. Alors, je te le répète, lucy, bois un peu, s’il te plait. 


Il y eu un large silence suite à ces révélations sur mon état de santé, comme si, maintenant que nous étions en sécurité à la maison, ils réalisaient les implications. Je pris une petite gorgée et laissa avec délice la fraîcheur calmé ma gorge sèche, puis je regardai notre joyeuse petite bande avachi dans le salon, tous plus ou moins sale et fatigué. Holly se leva péniblement la première. 


–Je vais me doucher. George, tu devrais prendre la salle de bain de la chambre de Lucy. Après je vais l'aider à nettoyer pendant que kipps et Lockwood se nettoient. Ensuite, on va tous prendre un petit déjeuner rapide avant d’aller au lit. 


Sans attendre l’approbation générale, elle se dirigea vers la salle de bain. George gémit, déjà à moitié endormi, mais finit par se lever et se traîner dans l’escalier, laissant derrière lui des traces de cendre et de sels. Je pris une nouvelle gorgée d’eau, satisfaite en moi-même de ne pas sentir mon estomac se tordre douloureusement. Discrètement, je jetta un regard au deux garçon dramatiquement affalé dans les fauteuils, les yeux clos et sale de cendre, de sels et de poussière. Je sentis une larme couler sur ma joue et je l'essuyai à la va-vite avec ma manche. Presque aussitôt, je vis Lockwood se redressé et venir vers moi pour se laisser glisser à mes côtés, un bras maladroitement lancé sur mon épaule. 


–Shhhh, Luce, tu as été parfaite, c'est terminé, maintenant. 


Je soupira en retenant un sanglot et me tue jusqu’à ce que je soit certaine de ne pas s'effondrer en larme t’en j’étais épuisé et dépourvue, me sentant étrangement coupable de ne pas me souvenir d’eux alors qu’ils avaient visiblement t’en fait pour venir me sauver. 


–Je vais bien, je suis juste fatigué. Merci d’être venu me sauver des Winkman… Je suis désolée…


J’essuya une nouvelle larme alors qu’il me regardait en fronçant les sourcils. Même Kipps s'était redressé pour me dévisager.


–Pourquoi tu t'excuses, Lucy? Tu n'as absolument rien fait de mal…


J’étais moi-même confuse de mes excuses. J’étais si fatigué… Mais j’essaya tout de même de m'expliquer boiteusement au travers larmes et sanglots.


–Vous avez tellement fait ce soir. Je vous mets en danger… Vous auriez pu être blessé. Et je ne me souviens même pas… Ma tête est une sorte de brume… Je devrais me souvenir de vous tous…


A ce stade, mes explications me semblaient satisfaisantes, mais ils me regardaient toujours tous les deux comme s’ils ne comprenaient pas un seul des mots qui sortait de ma bouche. Le silence se poursuivit un petit temps avant que Lockwood me tapote gentiment le bras.


–Rien de ce qui ces passé n’est ta faute, Luce, c'est la faute des Winkman et ça nous a fait plaisir de venir te sauver. C’est ce que font les amis…


–Pourquoi Lucy pleure? Qu’es que vous avez fait, les gars? 


Holly, les cheveux fraîchement lavés et vêtus impeccablement, entra dans la pièce en regardant notre étrange trio. 


–Rien, Lucy débloque. Elle nous fait une crise de culpabilité. 


Sans plus de cérémonie, il se laissa retomber vers l’arrière dans son fauteuil, une main dramatiquement posée sur ces yeux. 


–Allez vous laver, les gars, je m’occupe de Lucy. Aller, Lockwood, elle ne quittera pas Lockwood and co, arrête de faire cette tête, la situation n’as rien à voir avec le familier sous le magasin. Toi aussi, viens, Lucy, on va aller te nettoyer. 

 

J’étais confuse en écoutant les paroles de Holly. Elle parlait comme si j’avais déjà quitté l’agence par culpabilité. J’avisa le regard douloureux de Lockwood et le laissa m’aider à me relever. En silence, il me dirigea vers la salle de bain, Holly sur les talons. Continua ensuite son chemin vers la seconde salle de bain pour aller se doucher. Holly referma la porte derrière nous et s'assit sur la cuvette des toilettes et me mouilla une débarbouillette pour nettoyer mon visage et la plaie de mon cou. 


–Tu n’as pas à te sentir coupable, Lucy, rien de tout cela n’est de ta faute. 


–Oui, je sais bien, mais, quand même… 


–Il n’y a pas de mais, Lucy. Cessons de parler de ça, maintenant. Dis- moi plutôt comment tu te sens. As-tu de la douleur?  


–Mes côtes, un peu, mais ça va depuis que j’ai cessé de courir. J’ai froid et j’ai mal à la tête. J’ai l’impression d'évoluer dans un brouillard constant. Mais je crois que j’ai surtout besoin de sommeil. 


Holly sembla satisfaite de ma réponse et elle termina de m'aider avec ma toilette sommaire. 


–Je devrais pouvoir te retirer les bandages de tes pieds demain, tu pourras prendre un bain aussi long que tu voudras par la suite. Allons manger. 


En ouvrant la porte, nous vîmes un petit tas de vêtements que Lockwood avait dû descendre pour moi. Holly m’aida à enfiler le pyjama confortable, puis me dirigea vers la cuisine où George s’affairait à faire du pain grillé aux fromages. Je toucha à peine au mien, mais cela me réconforta d’être assise à la table et rejointe par les autres membres du groupe. Nous étions tous lessivé et fraîchement lavé, mais peu de paroles furent échangées autour du repas. Pourtant, le silence était confortable et rassurant. J’avais été surstimuler dernièrement et j'appréciais ce moment de normalité.  Lorsque le repas fut terminé dans un concert de bâillement, les uns et les autres prirent congé pour aller se coucher. Lockwood m’aida à monter les marches vers ma chambre et m’aida à m’installer dans la lumière naissante du soleil. J’étais déjà endormi lorsque ses pas descendirent les escaliers pour aller prendre son propre repos.



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