Convalescence

Chapitre 5 : Winkman

7927 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/03/2023 02:28

Je me réveilla patraque, pas fatigué, mais pas complètement bien non plus. C'était comme si tout était dilué dans le brouillard et j’avais la bouche sèche. Et pas vraiment de souvenir d’être venu me coucher. La seule bonne nouvelle, c’était que j’avais moins mal à la poitrine, comme si le fait de dormir autant avait retiré un lourd poid de ma poitrine, me permettant d’enfin respirer librement. Au loin, j’entendit le froissement d’un tissus et j’ouvrit lentement les yeux, ne faisant pas encore totalement confiance à mon corps. 


–Tu es réveillé, Lucy? Comment tu te sens? 


Holly était assise sur le sofa que Lockwood avait occupé à mon dernier réveil, une pile de vêtements en désordre et trois piles parfaitement pliées et triées. 


–Étonnement bien. Un peu patraque, mais ça va. 


Lentement, j’entrepris de me redresser, cherchant mes repères. 


–Tu as dormi environ douze heures. George est partie au archive, Kipps est chez lui et j’ai envoyé Lockwood nous réapprovisionner en fer.Il me rendait folle a faire les cents pas en agitant ça rapière dans tous les sens. Il devrait revenir dans la demi-heure. As-tu besoin de quelque chose?


J'hésitais. C’était tout Holly, ça. Gentillesse et prévenance. Mais je m’y étais un peu habitué alors je m’obligea à laisser tomber ma frustration avant de répondre, esquissant un petit sourire désolé.


–J’ai faim et très soif. Si tu pouvais m’aider à me rendre à la cuisine, je t’en serais très reconnaissante. 


Holly répondit à mon sourire désolé par un franc sourire, heureuse de ne pas être purement et simplement rejetée,  avant de s’approcher pour m'aider. 


–Ne t’en fais pas, Lucy, tu es sur la bonne voie de guérison, hier, ton pansement était presque propre, je vais changer celui-ci lorsque tu vas avoir manger un peu. Je sais à quel point c'est difficile pour toi de dépendre des autres. 


J’aurais pu grincer des dents- et j’en eu bien envie- mais, si j’oubliais ma propre frustration, je devais bien avouer que ces paroles étaient juste gentilles, sans sous-entendu quelconque. 


–Viens, je vais te conduire à la salle de bain. Le temps que tu te rafraichisse, je vais aller te préparer du thé et des oeufs. Tu devrais garder les vêtements que tu portes, par contre. Il se peut qu’il soit souillé en changeant le pansement. Je t’aiderais à te changer après, si tu veux. 


Je hochait la tête en me préparant aux vertiges et à la douleur que les levés me faisaient normalement ressentir et me montra satisfaite lorsque Holly me hissa sur mes pieds. Je n'étais pas encore très stable, mais me tenir debout était beaucoup moins douloureux et, malgré ma tête qui tournait un peu, je pu faire quelques pas au travers la pièce avec une aide minimale de Holly. Elle me laissa dans la salle de bain pour aller à la cuisine et je pu constaté que mes propres choses avaient été descendu de ma chambre et mes anti-douleur avait été déposé bien en évidence sur le côté de l’évier avec un verre d’eau. J'hésitais, mais finit par les prendre. J’allais mieux, mais le tiraillement de mes côtes irradiait toujours le long de ma poitrine à chaque respiration. 


Une fois mes dents brossées, j’entrepris de coiffer mes cheveux, mais c’était plus facile à dire qu’à faire. Chaque fois que je levais trop les bras, une douleur aiguë anéantissait mes efforts. 


–Attends, Lucy, tu veux que je t’aide? Ton petit déjeuner est servi, viens avec moi, je peux te coiffer pendant que tu mange. 


J'hésitais. Je détestait l’idée de laisser la parfaite Holly coiffé mes cheveux, juste d’y penser, ça me rendait nerveuse, mais un regard dans le miroir me convainquit qu’il valait mieux une artistique coiffure parfaitement composé et un peu trop chic que le lit d’oiseau entremêler qui se trouvait sur ma tête. 


J’aquissa et nous nous dirigeâmes vers la cuisine où Holly m'installa devant une assiette d'œuf, de pain grillé et un thé bien chaud qui me firent bien vite envie. Holly profita que j’aie la bouche pleine pour entreprendre de démêler mes cheveux. Étonnement, je trouva le silence et le mouvement doux de la brosse dans mes cheveux assez réconfortant. Ce n’était pas quelque chose à laquelle j’étais habitué, mais, finalement, je ne m’en plaignais pas. Ces mouvement était assuré et confiant, bien que je ne comprit pas ce qu’elle faisait à mes cheveux, les tortillants et les entrecroisants au sommet de ma tête. 


Lorsque j’eu terminé de manger et Holly de me coiffer, elle me tendit un petit miroir de poche pour que je puisse voir le résultat et je ne pu qu'approuver la tresse élaboré qui partait du sommet de ma tête pour descendre jusqu’à mes épaules pour dégager mon visage en laissant quelques mèches vaguement bouclé l’encadré. C’était une jolie coiffure, plus sophistiqué que je n’avais jamais sû faire, mais elle avait ce côté fonctionnel que j’affectionna immédiatement. Avec un sourire, je remit le miroir à Holly.


–Wow, jolie coiffure, tu devrais me montrer comment faire, ça pourrait être pratique. Non, en fait, même si tu me montrait, je n’arriverais sans doute pas à faire plus qu’un fouilli de cheveux emmêlés.


Holly éclata d’un petit rire en allant chercher la trousse de premier soin. 


–C’est plus difficile à faire sur soi-même, surtout, mais je n’est rien contre te l'enseigner, où simplement te coiffer si tu me le demande. Si tu tressais tes cheveux plus souvent, tu pourrais les laisser pousser sans qu’ils ne te dérangent quand tu combats les visiteurs. 


Elle sortit le nécessaire pour nettoyer la plaie et changer le pansement et je fronçais le nez. Je savais que ça risquait de faire mal. Malgré tout, je fis ce qu’elle demanda et retira le chandail à capuche de Lockwood avant de relever le t-shirt pour dévoiler le gâchis bleu verdâtre de mes côtes. Elle s’activa autour de la plaie avec douceur et compétence, le silence entrecoupé que de courte directive. 


–Lockwood, tu peux aller chercher un nouveau chandail à Lucy, dans la pile de la bibliothèque, s’il te plait?


Je sursautai et me retourna vers la porte où Lockwood nous observait avec un petit sourire en coin. Il devait y être depuis un certain temps à le voir avachi avec satisfaction contre le cadre de porte. 


–Lucy, arrête de gigoter, s’il te plait. 


Ramené à l'ordre, je me rassis et attendis le retour de Lockwood qui me ramena un chandail et alla se servir un thé. 


–Elle va bien, Lockwood, tu peux te détendre. Comme je te le disais, je vais rester avec Lucy, ce soir, va te défouler sur des fantômes, ça te fera du bien. 


Je sifflais en regardant Lockwood avec de grands yeux. Il était rare d’entendre Holly utiliser ce ton de voix, impatient sans être irrespectueux. Surtout lorsqu’elle parlait avec Lockwood. Holly se justifia ensuite, sans cesser de s’affairer sur mes côtes.


–Je crois que Lockwood a peur qu’on se crêpe le chignon, si on reste toutes les deux.


Je roulais des yeux sans pouvoir m’en empêcher.


–On ne va pas s’entre-tuer, Lockwood, tu vois, nous avons survécu toutes les deux à une demi-heure. Mais, tu sais, Holly, tu n'es pas obligé de t’occuper de moi, je me sens mieux. 


Leurs deux regards se tournèrent vers moi avec scepticisme. Je soupirais en sachant d’avance que ce combat était perdu. 


–C’est bon, j’abandonne. 


Lockwood sourit largement avant de s'asseoir à table à côté de moi. 


–Je suis heureux de voir que vous vous entendez-mieux, toutes les deux. Jolie coiffure, Luce, tu devrais te coiffer comme ça plus souvent. 


Je sentis mes joues rougirent sous le compliment, puis la porte d'entrée s’ouvrit et George et Kipps.


C'était une chose d’élaborer un plan pour un travail. C'était une autre chose de regarder les autres élaborer un plan pour un travail alors que j’étais assigné à domicile. Ce n'était pas le cas le plus excitant du monde. Un faible type 2 ou un type 1 assez fort, mais je suivais la conversation d’un air morose, seulement entrecoupé par un tapotement de main réconfortant sur mon épaule de lockwood et quelques mots lâchés ici et là lorsque l’on me demandais directement mon opinion. 


Holly était la seule à s'activer en cuisine dans le but de confectionner quelque chose, sans doute un gâteau. Moi, j’étais assise un peu en retrait, essayant de gérer ma frustration de devoir rester en retrait.


–Tu peux me passer le bol derrière toi, lucy? 


Sans répondre, je me leva et contourna la table pour le lui apporter avant de tourner les talons, elle me surprit en me retenant,une main posée sur mon bras.


--Je fais un gâteau et du pain, tu veux m’aider?


--Je peux. Je ne me suis pas activée en cuisine depuis longtemps, par contre.


Elle me sourit et je suivit ces directives en pesant, mesurant et brassant les ingrédients avec attention, délaissant les paroles des garçons à la table pour me concentrer sur ma tâche. En fait, je me surpris à trouver cela apaisant, retrouvant les mouvements basiques que j'adorais tellement, enfant, lorsque je me trouvais entouré de mon ancienne équipe à doser et à fabriquer des bombes de sels. 


Holly me prit le bol de préparation à gâteau pour le verser dans un moule et l'enfourner. Comme je restais à côté à attendre, elle entreprit de me montrer la délicate confection du pain et je me surprit à bien aimer pétrir la pâte tout en échangeant un minimum de paroles. Mon humeur s'était visiblement améliorée au moment où j’avais commencé à m'occuper les mains. Les mouvements répétés et automatiques finirent de m’apaiser et je compris finalement pourquoi Holly s’activait en cuisine lorsque la tension montait.


Affairé, j'étais de meilleure humeur, laissant même glisser quelque commentaire personnel sur l’affaire en cours qui était discuter derrière moi. Jusqu’à ce que vint le temps pour les garçons d’emballer leur matériel. Par habitude, et un certain malaise, je les accompagna jusqu’à la porte et les regarda, dépitée, épauler leur matériel, puis franchir la porte. Mais sans la franchire moi-même. 


Et j’y resta un certain temps après qu’ils eurent disparu.


--Es-ce qu’il y a quelque chose que tu voudrais faire, lucy?


J'hésitais. La morosité était revenue au galop et j’avais juste envie d’emballer mon matériel et d’aller voir si je pouvais leur être utile. 


–Je pourrais huiler les chaînes pour me rendre utile, je suppose. 


Le regard que Holly me lança me fit bouillir intérieurement. 


–Le médecin a spécifiquement dit que tu ne devais rien soulever de lourd. Et rester loin du matériel de chasse aux fantômes. Pour soigner ton choc post-traumatique. Ne me regarde pas comme ça, Lucy, ce n'est pas mon idée, je ne fais que m'assurer que tu guérisses le plus vite possible pour pouvoir reprendre le boulot rapidement et sécuritairement. Ce qui signifie, entre autres parties, de suivre les recommandations du médecin. Sais- tu décorer un gâteau? Les garçons disent que tu es douée en dessin et tu fais de jolies choses sur le tissu à penser, peut-être que ça pourrais t’occuper les mains. 


Je ronchonna un moment, puis ferma la porte d'entrée un peu trop rudement. Si je devais me coltiner Holly toute la soirée, autant faire quelque chose et aller me coucher toute suite ne me tentait pas plus que ça. 


Arrivé à la cuisine, holly mit l’eau à bouillir pour le thé et entreprit de sortir deux tabliers du placard que je ne savais même pas que nous possédions. Pendant que j’en enfilais un, Holly farfouilla dans les armoires en hauteur jusqu’à dénicher un petit livre sur les gâteaux. En silence, nous nous mirent au travail pour confectionner un délicieux glaçage, ce qui finit par me dérider un peu. 


Je me rendis finalement compte que j’étais assez douée avec une poche à douille et du glaçage. Avec le livre, j’appris à faire différent point de bordure et je perdit rapidement la notion du temps. Holly me montra à utiliser un clou pour faire des fleurs en glaçage en le faisant glisser entre mes doigts. c’était agréable d’apprendre autre chose que des coups de rapière et je me surpris à trouver que Holly faisait une bonne enseignante, patiente et posée, précise dans ces instructions et sachant me ramené à l’ordre lorsque la frustration prenait le pas sur mon apprentissage.


 Finalement, le gâteau au chocolat se vit offrir un glaçage au cacao artistiquement agrémenté d’une double bordure rose et d’une multitude de boutons de rose et de fleur en tous genres, plus ou moins bien détaillés. J’étais passablement fière de moi d’avoir créer une jolie pièce de mes mains et étonnement reconnaissante à Holly de m'enseigner quelque chose de nouveau. 


–Tu peux me passer le sucre glace, s’il te plait? Je vais refaire du glaçage pour que tu puisses continuer à t'exercer à faire des fleurs. 


Je repoussais le sac dans sa direction et il bascula accidentellement, éclaboussant la si toujours élégante Holly. Je restait figée un bref instant avant d’éclater de rire derrière ma main pour ne pas la vexer. Elle regarda un bref moment le gâchis blanc étaller partout sur elle et sur la table avant de froncer le nez avec un élégant dédain. D’un geste qui me pris par surprise, elle prit le torchon couvert de sucre glace et l’envoya dans ma direction, où il m’atteignit dans un nuage de sucre glace. Je répliquai avec une seconde poignée de sucre en rigolant avec un sourir espiègle.


–Tu ne sais pas qu’on ne doit pas engager un combat de sucre glace avec la plus jeune de sept filles?


Je reçus ensuite un projectil de reste de glaçage de la grosseurs d’une balle de tennis et restait figée un bref instant en regardant Holly, stupéfaite.


–Je suis aussi la plus jeune, Lucy. 


J’avoue que la suite fut un mélange puéril de bombe de sucre glace et de reste de glaçage. Le reste de pâte à gâteau fut aussi mis à contribution, à un moment donné. Je fini par demander grâce avant de m'effondrer sur le carrelage de la cuisine, le souffle coupé d’avoir trop rigolé avec des côtes en mauvais état. Holly vint théâtralement s'effondrer à côté de moi en rigolant comme je ne l'avais jamais entendu rigoler. C’est cheveux noir était strier de blanc et ces vêtements parfaitement ajusté et assortie, était un ama nuageux de glaçage vert, rose et cacao agrémenté de sucre glace. 


–Je savais que je n’aurais pas dû vous laisser seule, toutes les deux…


Nous avons sursauté si fort au son de la voix inattendue de Lockwood que nous somme resté figée toutes les deux avant de nous regarder puis d’éclater d’un fou rire à la fois gêné et un peu nerveux, mêler d’une étrange complicité. 


–MA CUISINE!


Sans se départir de son hilarité, Holly se leva et alla partir la bouilloir pour préparer du thé avant d’aller sortir un assortiment de torchon élégamment plié. 


–Aucun dégât permanent n’a été recensé et, en prime, il y a un magnifique gâteau. 


Chacun agrippa un torchon et ils commencèrent à nous briefer sur le travail tout en nettoyant la cuisine. J’aurais pu être fâché d’avoir été laissé derrière, mais Holly avait raison. Plus vite je me remettais et plus vite je pourrais retourner sur le terrain au lieu de rester derrière. Sans compter que je leur servis avec une certaine fierté un délicieux morceau de gâteau au chocolat décoré de mes premières fleurs en sucre. 


***



Comme le médecin l’avait demandé, je fis quelques visites de routine au cours du mois, pour évaluer mes blessures physiques et psychologiques. J’aurais bien sauté ces rendez-vous barbants et souvent invasifs, mais Lockwood avait été formel. Si je ne m’y présentais pas, il ne me reprendrait pas sur le terrain avant qu’il ne soit sûr que j’étais entièrement guéri. Aussi bien dire que je passerais le reste de ma vie derrière un bureau à faire de la paperasse. 


Au début, j’étais rempli d’espoir, j’avais moins mal et je n'avais fait qu’une petite crise de panique soudaine lorsque, seule avec Kipps, il m’avait surpris en échappant une boîte de chaîne dans l’escalier en faisant un peu de ménage. Le bruit s'était répercuté dans toute la maison et je m’étais réveillé en panique. Malheureusement, le médecin était formel: pas de rapière ni de stress avant quatre à six semaines. Au minimum. 


J’ai eu beau vociférer, menacé et même supplier, cela ne changea rien à mon sort et les jours ont passé dans un ton platonique où mon humeur d’assigné à domicile sous supervision n’alla qu’en descendant en spirale. J’eu un léger sursis de mauvaise humeur lorsque le médecin, à mon rendez-vous de quatre semaines, convoqua aussi mon employeur, en la personne de Lockwood, pour discuter de mon dossier. Ils convinrent ensemble que je puisse reprendre l’activité physique faible à modéré et une surveillance ponctuelle au lieu de constante. C’était peu, mais je devais bien m’en contenter. 


Il m’était tristement toujours interdit de toucher une rapière avant deux semaines - si je tolérait l’activité modérée sans la moindre trace de douleur. Je ne prenais plus d’anti-douleur depuis un moment, mais j’avais parfois besoin d’un bain chaud pour détendre les muscles de mon dos qui se contractent parfois là où j’avais violemment percuté la baignoire. 


J’entreprit donc de reprendre l'entraînement à la rapière, mais sans la rapière. J’aurais cru que ce serait facile et ennuyeux, mais mon corps n’avait pas forcé depuis plus d’un mois et les positions de bases, celles que je prenais instinctivement, ainsi que les plus basiques des enchaînement, mirent mon corps au supplice, me découragent presque dès la première journée. 


Cela s'était avéré presque plus démoralisant que de laisser les autres partirent chasser le fantôme sans moi. Manier la rapière exigeait de maintenir des positions gainantes, puis enchainer allongé en hauteur, parade et mouvement vers la droite et la gauche. Même sans résistance ennemi ni le poid d’une rapière pour alourdir mon mouvement, mon corps était au supplice de sorte que, pour la première fois depuis que j’avais cessé mes anti-douleur, je dû en reprendre une dose après une séance d'entraînement de quinze minutes où je fini en sueur et furieuse. 


Face à ma mauvaise humeur, Lockwood avait décrété que je n’avais plus le droit d’approcher la salle d'entraînement dédiée à l’escrime sans supervision. Au fil de la semaine, il m’aida à reprendre possession de certains des plus basiques mouvements sans pousser mon corps au point de rupture. Tous les soirs, je finissait coucher dans mon lit du grenier, que j’avais insisté pour retrouver le plus rapidement possible, courbaturé et démoralisé. De plus, même si j’avais été dispensé de surveillance constante, il y avait toujours quelqu’un qui trouvait une raison de rester à Portland Row. Paperasse en retard, ménage, fatigue… Toute raison était bonne. Jusqu’à ce qu’un cas les appels tous. Sauf moi. 


J’avais pris l'habitude de rester derrière, mais c’était encore pire cette fois parce que je n’arrivais pas à me faire à l’idée qu’ils auraient eu besoin de moi. la description laisser penser à un fantasme, un visiteur redoutable par sa difficulté à être repéré par la vision, ma capacité de l'ouïe les auraient gardés beaucoup plus en sécurité et c'est pourquoi Lockwood avait eu le bon goût de réquisitionner tout le monde. Sauf moi.  


Comme il savait que j’allais être de mauvaise humeur, ils m’on laissé décanter dans ma chambre, ne venant que me dire leur heure de départ. Furieuse, j’avais même sauté le dîner. Holly m’en avait laissé une assiette au réfrigérateur, mais je n’avais pas faim. Après une dernière dispute sur le fait que je ne devais pas toucher une rapière, ni même m'approcher de la salle d'entraînement, je les regardai partir du haut des escaliers. 


J’étais assise dans la bibliothèque lorsque j’entendis cogner à la porte. Heureusement, j’étais toujours vêtu d’un large pull et d’un pantalon un peu usée que j’utilisais pour flâner dans la maison. Par réflexe, je me leva et me dirigea vers la porte. ce devait être les garçons… Mais pourquoi sonner? Si eux auraient pu oublier leur clée, Holly ne s’y aurait pas fait prendre… Sans compter que quelqu’un avait dû barré la porte puisque j’avais vérifié après leur départ, juste pour me rassurer. 


Intrigué, j'ai jeté un œil à l’horloge. Beaucoup trop tôt pour qu’ils aient eu le temps de s’occuper d’un fantasme, même à eux tous… Peut-être que c’était le fait d’être seule de nuit à Portland row depuis…Depuis toujours, en fait. En y réfléchissant, je n'étais jamais restée seule à Portland Row de ma vie. De jours, de soir, oui, mais toute une nuit…Jamais… Peut-être que c’était pour cela que j'hésitais, un drôle de sentiment dans le ventre. Même chose en avisant la rapière dans le porte parapluie. Je ne pouvais la tenir correctement, mais je me surpris à la prendre quand même en main avant de débarrasser la porte de ses serrures.


J’ouvrit la porte sur une jeune femme qui devait être agé d’environ une vingtaine d’année qui regarda avec un éclat étrange la rapière dans ma main. 


–Je suis désolée de vous déranger à cette heure, mademoiselle. Je… j’aurais besoin d’aide pour… Enfin, j’ai un problème de fantôme, vous voyez? puis-je entrer? 


J'hésitais à lui dire de revenir demain où d'appeler Holly dans la matinée. C’était ce que j’aurais dû faire, mais c’était une cliente. Une cliente qui semblait terrifiée par-dessus le marché. Sans compter que Lockwood acceptait les clients à toute heure du jour et de la nuit, alors, je n'étais pas trop à l’aise de la refuser sous prétexte que j’étais seul. 


–Oui, oui, bien entendu, venez, ne restez pas sous la pluie. Vous prendrez bien un thé?


–Avec plaisir, mademoiselle Carlyle. vous savez, je vous trouve fort courageuse de passer la nuit seule dans une si grande maison. 


Je la laissa entrer avant de refermer la porte et de glisser la rapière dans le porte parapluie, puis la dirigea vers le salon. Je frissonna et fronça les sourcils avant de demander, sans une certaine forme d’hésitation.


–Nous nous connaissons? Désolé, mais je ne crois pas m’avoir présenté.  


et comment sait-elle que je suis seule à la maison? Mais je garda mes réflexions pour moi car, d’une voix désinvolte, elle s’approcha du manteau de cheminée, là où se trouvait quelque unes des photos que nous gardions de nous. 


–Oh, vous savez, Mademoiselle carlyle, vous êtes assez connu dans le milieu. Même si vous ne faites pas trop de vague médiatique, votre sensibilité et vos talents pour l’écoute et le toucher sont assez rares pour que vôtre nom ne ressorte pas pour qui tend l’oreille. 


Je n’aimais pas trop la tournure que prenait la conversation et j’étais mal à l’aise. Je regardais l’horloge sur le mur, espérant que les autres arrivaient pour terminer l’entrevue avec notre cliente. Voyant sans doute que j’étais un peu figée, la jeune femme me sourie. 


–vous ne m’aviez pas offert un thé, Mademoiselle Carlyle? 


Je hocha la tête, soudain heureuse d’avoir une raison de quitter la pièce. Je me rendis en cuisine et mit la bouilloire en marche. les mouvements familiers me calmèrent un peu, aussi ais-je été d’autant plus surprise lorsque je sentis une présence dans mon dos et un chiffon s'écraser contre ma bouche et mon nez. Je commença par paniqué, mais me rendit rapidement compte que je pouvais respirer au travers le chiffon. Après ma première goulée d'air, je sentis ma tête devenir toute légère. Mon corps se détendit et ma vision se troubla, c’était presque comme une paralysie spectrale, engourdissant, limitant.


Une paralysie spectrale. c’était mauvais, ça… Je recommençais à me débattre avec une vigueur renouvelée. c’était ce qu’il fallait faire lors d’une paralysie spectrale, obliger son corps à se mouvoir, à bouger, peu importe ce que dit le cerveau. ce n'était pas exactement pareil, mais assez proche pour que les réflexes prennent le dessus. J'essayais d’abord de faire lâcher prise à mon adversaire, mais la femme, bien que d’aparence frêler, semblait forte et déterminer. Bien qu'ayant combattu des visiteurs depuis mes neuf ans, je me rendait compte qu’un humain était bien différent à combattre. 


Avec l’énergie du desespoire, je ramena mes pieds contres ma poitrine, destabilisant la femme qui fut surprise de ce voir retrouver avec tout mon poid de cette manière, et posa mes talon contre le comptoir de cuisine sur lequel je préparais le thé, avant de pousser très fort vers l’arrière. la femme recula en tituban et en jurant avant que son dos ne percute la table de cuisine. Avec un cri rageur, elle me poussa sur le côté et je tomba de la table avec un cri de douleur. Mes côtes avaient percuté la chaise, mais je n'étais pas la seule qui semblait un peu sonné. En me relevant lentement, une main sur le point douloureux de ma poitrine qui irradiait dans le reste de mon corps, je vit, avec une forme d’horreur cotonneux, la femme tiré un couteau du bloc de cuisine. 


–Sale gosse, Julius te veux en vie, mais il va t’avoir comme je vais t’attraper. 


Mon sang se figea dans mes veines et l’horreur dû se lire sur mon visage puisque la femme lâcha un rire reptilien. Julius… Comme dans Julius Winkman. L’homme qui avait juré la mort de Lockwood and co pour l’avoir envoyé en prison. 


–Ah, mais je vois que tu es bien connaissante. ça m'étonne que tu ne sois pas déjà dans les vapes, mais j’ai autre chose de plus puissant en stock. Tu es déjà bien blessé et laissé derrière par tes collègues. J’ai attendu assez patiemment le moment où je t’aurais pour moi toute seule. Si tu te rends sans combattre, je te jure que tu ne sentiras rien, ces justes une petit pique, gamine. 


Je ne crus pas que je pouvais pâlir d’avantage, mais je sentis le sang quitter mon visage en la voyant sortir une seringue de sa poche. Pour une raison évidente, j’avais aucune envie de savoir ce qu’elle contenait. D’un autre côté, j’étais sans arme et je crois que mes côtes fragiles venait peut-être de ce fracturé à nouveau, si je me fillais à la douleur qui me comprimait la poitrine. En gros, j’avais peu d'options.


–Qu’es que ce cinglé de Winkman me veux? 


Et la première de ces options, c’était d'étirer le temps dans l’espoir que le reste de Lockwood and co. reviennent à la maison pour me donner un coup de main. 


–Au début, il voulait te tuer. Vous tuer tous. Puis, au fil du temps, il a lu de nombreux articles de vous, les si talentueux Lockwood and co. Si vôtre mention est bien faible la plupart du temps, on peut facilement sentir les éloges de vôtre talent. Le toucher et l'ouïe. Sentir les émotions d’un fantôme, comprendre et évaluer la puissance d’un objet et ces échos psychiques. Décrire un objet avec exactitude. Nommer une source avec précision.


Je retint un juron. Une femme venu me tuer, était une chose. Me laisser kidnapper en était une autre. Je laissa la femme parlé en cherchant une porte de sortie. Normalement, j’aurais tourné les talons, pour rejoindre la porte d'entrée, mais mes côtés ne me laissaient aucun répit. J’aurais dû tourner le dos à une femme armé d’un couteau et d’une sereingue sans avoir la certitude que je pourrais faire trois pas, le tout sans arme…Les rapières de rechange était dans le porte parapluie de l’entré et les autres, au sous-sol… Aussi bien dire à des kilomètres d’être utile. 


–Mais cela pose quand même un problème, après tout, Lockwood and co, est réputé pour veiller les uns sur les autres. Julius a donc eu une brillante idée. Pourquoi ne pas organiser une vente aux enchères toute spéciale pour vous. Ne vous en faites pas, ce n’est pas un petit plan élaboré au coin de la table, il prépare son coup depuis longtemps, dans un silence total. Tout est déjà organisé à l’étape près. Vous quitterez Londres dès ce soir, ma chère, félicitation.  


J’avais obligé mes oreilles à cessé d’écouter ce que la femme disait car cela me paralysait d’effroit. Au fond de mon ventre, je sentis une chaleur familière. Une crise de panique. je la sentais toute proche, enflans au rythme frénétique des battements de mon cœur. Alors, sans laisser le temps à mon corps de me faire défaut, je sautai près du comptoir et m’empara de la poêle à frire préférée de George et tourna les talons en direction de la porte d'entrée. 


La femme dû d’abord s’attendre à ce que j’essaie de l’attaqué de front, puisque je réussi à tituber jusqu’au corridor de l’entré avant de sentir le métale froid d’un couteau s’enfoncé dans la chair de mon bras. envahie par une vague de nausée causée par la douleur, je sentis des mains m'agripper et mon dos percuta durement le mur, renversant une panoplie de truc en tout genre qui était accroché au mur un instant plus tôt. Désespéré, je lança la poele a frire aussi fort que possible et elle percuta la femme sur le côté de la tête alors qu’elle s’efondrait sur le sol. 


Le silence revint dans Portland Row, seulement lézardé par les couinements désespérés qui parvenaient à mes oreilles. Je découvris avec stupeur que les couinements plaintifs sortaient de ma poitrine. Mes jambes tremblaient tellement que je ne savais pas comment je fis pour rester debout. Mes mains tremblaient tellement que la poêle tomba par terre. J’étais figé, proche d’une crise de panique. J’étais seule et il y avait une kidnappeuse inconsciente sur le sol que je venais de fracasser avec une poêle à frire. 


Un rire vaguement hystérique fit trembler douloureusement ma poitrine. Je devais sortir d’ici. Immédiatement. J’obligea mes jambes à faire quelques pas, la main tendue vers la poignée de porte. 


Pas vers l’avant. Ils t’attendent. 


Je sursauta. Le crâne ne m’avais pas parlé depuis ma convalescence et c’était mieux comme ça, je trouvais. J’étais d’assez mauvaise humeur sans converser avec lui. 

Mais une toute petite part de moi lui faisait confiance pour préserver ma vie. 


cours, petite idiote!


Alors je courut. je tourna les talons, ramassa la rapière du porte parapluie  et mes jambes n’arrêtèrent plus, pas même lorsque j'atteins la porte de la cuisine qui menait au le jardin et que j’entendit la porte d'entrée s’ouvrir et des voix grave d’homme jurée en découvrant leur collègue inconsciente. Une fois dans le jardin, je dû escalader le mur de pierre sans m’en souvenir, puisque j'atteignis la rue sans ralentir. Outre le bruit de ma respiration sifflante, la rue était presque totalement silencieuse, jusqu’à ce que j’entende des voix dans le noir. Mon cœur se mit à cogner plus fort alors que mes jambes semblaient vouloir s’emmêler l’une dans l’autre comme des spaghettis trop cuits. Des gens se trouvaient quelque part au-delà du coin de la rue… À cette heure, ce devait être des agents, des gens armés qui pourrait m’apporter leur aide. 


Je négociais le tournant de la rue bordée d’un mur de pierre qui m’empêchait de voir au-delà. Le temps que je me remette du virage à angle droit, puis que je cherche les auteurs du murmures qui s’élevait dans le noir, je resta figée une fraction de seconde. Sous le lampadaire fantôme, au bout de la rue, se trouvait bien un groupe de jeunes gens avec des sacs de matériel, arrêtés pour prendre une brève pause, sans doute pour discuter entre eux. Puis, un coup de vent éparpilla mes cheveux et le manteau noir de l’un des jeunes gens claqua dans la lumière verte. 


Mon souffle se coinça dans ma gorge et les yeux me piquèrent. Lockwood. Ils étaient au bout de la rue, mais sans me voir puisque, d’une part, je me tenais loin d’eux dans un noir presque complet et, de l’autre, car ils se trouvaient baigner dans une lumière anti-fantôme qui annéantissait leur vision nocturne. J’obligea mon corps à se remettre en marche. Plus que quelques mètres. J’aurais voulu hurler, attirer leur attention, mais mon souffle avait du mal à passer dans ma gorge et mon souffle se bloquait dans ma poitrine blessée. Je n’avais plus qu’une seule chance. Courir vers eux. 


Et c'est ce que je fis. En quelque sorte. En fait, je ne m’étais pas encore engagé dans la rue que de puissante main se refermèrent sur mes épaules et sur ma bouche pour m’empêcher de crier avant de me tirer à l’ombre du muret. Terrifier, j’empoigna ma rapière à deux mains et l’enfonça à côté de mon corps, vers l’arrière, à l’aveuglette. Je sut aussitôt que j’avais touché un endroit très douloureux puisque l’homme qui m'avait entraîné à l'abri du muret grogna et me rejeta sur le côté où je percutai l’angle de pierre avant de m'effondrer sur le trottoir crasseux. Au moment où je me hissais sur mes pieds, un violent coup entre mes omoplates me fit basculer vers l’avant et un poids considérable m’empêcha de me redresser. Il y eut la douleur d’une aiguille plantée dans mon cou, puis je sentis immédiatement l’engourdissement gagné mon corps sous les murmures furieux et indignés. 


Et, ironie du sort, tout cela à quelques mètres seulement de mes amis. 


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POV Lockwood


Lockwood n’était pas très heureux du déroulement de leur travail du soir. Premièrement, il avait dû laisser Lucy toute seule à Portland Row. Il ne croyait pas vraiment qu’elle risquait de s'évanouir ou de faire une crise de panique, il n’était pas aveugle, il savait parfaitement qu’elle n’en avait pas refait depuis presque un mois et c’était arrivé seulement une ou deux fois à Portland Row. Il savait qu’elle était en sécurité. Mais il n’arrivait pas à s’enlever de la tête ce soir-là, lorsqu’elle avait été ramenée de l’hôpital et qu’elle s'était effondrée dans ces bras. Malgré deux longues années à travailler ensemble, c’était la seconde fois seulement qu’il la voyait s’effondrer et, la première fois, c’était au magasin d’Aikmer. 


Et elle était partie ensuite. La situation était, certes, différente, mais il trouvait cela préoccupant. Il était passé près de perdre Lucy et George une multitude de fois et, chaque fois, il se sentait responsable. C’était lui le grand patron de Lockwood and co. Lui qui avait repoussé toute tentative d’avoir un superviseur avec eux. La plupart du temps, il assumait ce choix, était fier de Lockwood and co. Fier de leur cheminement et de leur travail. Fier des amis qui était devenu sa famille.


Et, de rare fois, comme ce soir, il se demandait s’il ne mettait pas la vie de ces amis en danger avec ces convictions. 


Ensuite, son mécontentement se tournait vers leur travail en soi. De fait, ils avaient bien travaillé en équipe, comme rarement ensemble, mais le travail s'était montré plus complexe que prévu. Il n’y avait pas qu’un fantasme. Il y en avait trois. Ils avaient eu l’air de trois aveugle tâtonnant dans un lieu inconnu. Seul George, avec son ouïe, avait réussi à les guider plus ou moins. Un aurait été gérable, deux, à la limite. Mais trois, George ne pouvait pas se diviser, alors il braillait des ordres à droite et à gauche en espérant que personne ne seraient touchée. 


Ça a vaguement fonctionné, en effet. Ils n’ont pas été touchés, mais c’était loin d’être un travail satisfaisant. Puis, ils ont constaté qu’il n’y avait plus de taxis de nuit disponible avant un temps indéterminé, alors ils ont dû se résoudre à marcher. Ils n’étaient plus qu’à un coin de rue de la maison lorsque Holly avait décidé d’arrêter chez Arif pour acheter les petits beignet préférés de Lucy. Lockwood était pressé de rentrer autant par la fatigue que par l'intérêt de savoir si Lucy avait passer une bonne soirée, mais des beignets lui remontera le morale, sans compter qu’il était très rare que Arif soit ouvert à des heures aussi indus, sans doute avait-il été pris par sa paperasse et n’avait pu rentré chez lui avant le couvre-feu. 


Une fois armés de leur petit goûter, ils ont épaulés leur sac et reprit leur chemin, lasse de leur travail difficile. Lockwood marchait en tête lorsque, en tournant le coin de la rue, il se prit les pieds dans quelque chose qui fit un bruissement métallique. Il se rattrapa, en jurant, au muret de pierre, avant de faire quelque pas maladroit pour se retourner et voir de quoi il s’agissait. George qui marchait derrière lui s’y prit les pieds aussi, mais tomba lourdement au sol. Kipps les regarda s'étaler et sortit une lampe de la pochette de sa ceinture pour éclairer l’objet. 


–Une rapière… Étrange objet à retrouver sur le trottoir.


Il lui administra un petit coup de pied pour la tasser du chemin et éviter de se prendre les pieds dedans. Sitôt fait, Lockwood fronça les sourcils et tendit la main vers Kipps qui allait ranger sa torche. 


–Attends un instant, Kipps. 


Il prit la lumière et la dirigea à nouveau vers la rapière pour la détailler. Il alla même jusqu’à se pencher pour prendre en main la garde travaillée qui lui était étonnement étrangère. 


–On dirait la tienne, Lockwood… Celle que tu gardes dans le porte parapluie. Regarde, il y a même l’égratignure que j’avais faite en essayant d'ouvrir la porte d'entrée, tu sais, lorsque la lame a mordu le bois. Il avait fallu toi, moi et Lucy pour réussir à la dégager.


George, tout en parlant, s'était penché par-dessus l’épaule de Lockwood pour détailler l'arme et appuyer son point. 


–Mais comment, diable, s'est-elle retrouvée au beau milieu du trottoir? Elle était dans le porte parapluie ce matin…


–Il aurait fallu que quelqu’un l’amène jusque-ici… 


Il y eut un bref moment de silence angoissé alors que tous se regardaient, mais personne ne semblait vouloir traduire la pensée commune. Puis, un vent passa et agita les branches d’un arbre. Comme dans un même mouvement, les sacs furent abandonnés à même le trottoir, et le groupe de quatre détala jusqu’au 35 Portland Row, rapière aux poings. 


La porte était visiblement entrouverte. Le cœur de Lockwood cognait dans sa poitrine assez fort pour qu’il ait peur que les autres l’entende au travers sa poitrine. Ils découvrirent, dans le couloir de l'entrée, un fouilli indescriptible et un peu de sang sur le tapis. Aucune lueur de mort, mais il y avait eu un sérieux combat qui s'était déroulé dans l'entrée. Il retint George d’une main sur sa poitrine et il se figea, la bouche ouverte dans un cri avorté. Le silence de la résidence était total. 


Sur leur garde, même s’ils avaient déjà compris que la résidence était totalement vide, Ils parcoururent le salon, puis la cuisine, suivant les traces de sang qui tâchaient ici et là murs et tapis. Puis, dans la cuisine, ils trouvèrent un couteau taché de sang et une flaque plus importante ainsi qu’un bordel sans nom, avant d'aviser la porte qui donnait sur le jardin, ouverte aussi. 


Dans une ultime supplique, Lockwood et George se ruèrent à l’extérieur, espérant trouver leur amie, même blessée, mais la trouvaille de la rapière sur le chemin leur avait déjà mis la puce à l’oreille. Cela n’empêcha pas Lockwood d’envoyer Kipps et Holly fouiller le reste de la maison. Lui-même, suivi de George, se dirigeait vers le sous-sol.


–Mais c'est quoi ce bordel? Locky?


Blême, Lockwood tourna les talons et s’élança vers l'entrée pour y trouver Flos qui le dévisageait. Pourtant, elle ne le regardait pas, mais plutôt vers George qui le suivait. Dans leur dos, Kipps et Holly s'étaient arrêtés dans l’escalier. Flos cligna des yeux quelque instant, avant que son regard brille de compréhension. 


–Locky? Où est Carlyle?


Les portes furent fermées et barricadées. Le thé fut servi. 


Flos ajouta une cuillère de sucre, puis une autre, en silence. Ils la regardèrent en comptant mentalement jusqu’à sa sixième, puis elle brisa le silence.


--J’ai entendu des rumeurs, ce soir. On parlait d’une vente aux enchères importante, du jamais vue. Que des enchérisseurs venus de loin, aucun de londre n’était autorisé. Tu me connais, locky, j’ai commencé par ignorer la rumeur, mais l'excitation est montée rapidement, comme rarement vue dans le coin. On parlait d’abord d’un moyen sûr pour lire les sources. La personne qui détient ce moyen peut alors faire des affaires incroyables, ne jamais se faire avoir.Un avantage certain. Trop beau pour être vrai, à mon avis. Puis des gens ont été engagés par nul autre que Winkman. Des personnes avec une certaine réputation. Des kidnappeurs, pas des voleurs. Ça ne faisait pas de sens déjà, mais, alors que je passais près du magasin d'antiquité, j’ai vu quelqu’un entrer avec une pile de dossier et un logo étonnant. Celui du DERCOP. Ça me tournait la tête et j’ai décidé de venir te voir, Locky. Et voilà que Carlyle a disparu, les deux affaires sont clairement liées.


Flos prit du café alors que tous essaient d'analyser les paroles partager. Lockwood était livide et tenait le manche de sa rapière serrer dans son poing. Kipps semblait prêt à se battre, Holly sur le point de vomir. George essuya nerveusement ces lunettes.


--Tu crois que ce machin qui peut lire les sources qui va être l'élément vedette de l'exceptionnelle vente aux enchères qui aura lieu demain -il regarda l'horloge- ce soir, plutôt, ces lucy? 


Flos acquiesça en silence. Un grand BANG tonitruant fit sursauter tout le monde et ils tournèrent la tête vers Holly qui venait de se lever un frappant la table de ces poings serrés.


-On ne peut pas vendre un humain comme on vend un objet! Lucy…


Kipps mit sa main sur son bras d’un geste apaisant. Lockwood, silencieux jusqu’alors, leva la main dans sa direction pour la calmer, son étonnant sourire arrogant sur le visage.


--Ne vous en faites pas, Lucy ne sera pas vendu comme un objet. On va la sortir de là. Flos, où va se dérouler la vente.


Flos le détailla du regard, se renversa dans sa chaise en croisant les bras, un sourire mystérieux aux lèvres.


--J’espérais que tu dirais ça, Locky.



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