Life is Strange: Between World (Arc Lost) SAISON 2

Life is Strange : Between World (Arc Lost)|Episode #03 |

Tu n’es que poussière

Une étrange sensation parcourait le corps de Kaleb, de désagréables frissons glissaient le long de son dos, accompagnés de sueurs froides. Quelque chose émanait de ce garçon, mais quoi ?

- « Comment est-ce que tu connais mon nom ?

-Tu veux rire ? Tu es le héros de la ville ! Celui qui a sauvé la demoiselle en détresse ! Tout le monde connaît ton nom.

-Qu’est-ce que tu voulais à Chloé ?

-Rien. C’est elle qui m’est rentrée dedans.

-Il a raison Kaleb, allez, on s’en va. » Elle tirait sur la manche de son ami.

- « Attends, j’en ai pas…

-Veuillez m’excusez mais j’ai rattrapage de Physique. J’espère qu’on se reverra vite. »

En partant, le jeune homme offrit à Chloé un sourire carnassier qu’elle essaya d’ignorer. Une fois le garçon passé, elle se retourna vers Kaleb : « Qu’est-ce qui t’a pris ?

-Ce type est louche.

-Il a un physique… atypique c’est vrai. Mais c’était pas la peine d’utiliser le Frost pour ça ! J’aurais très bien pu m’en sortir toute seule, j’ai pas besoin d’un chaperon ! » Kaleb ne semblait pas écouter les explications de Chloé.

- « Merci pour votre aide Mark. A bientôt ! » Le professeur Jefferson se contenta d’un signe de tête. Kaleb prit Chloé par la main et la traina à l’intérieur de Blackwell jusque dans les toilettes. « Ça me rappelle de bons souvenirs » blagua Chloé. Kaleb vérifia chaque cabine pour s’assurer qu’il n’y avait personne.

- « Pourquoi tu m’as amenée ici ?

-J’ai parlé à Jefferson et j’ai appris quelque chose d’assez intéressant.

-Vraiment ? Dis-moi.

-Je lui ai expliqué que je travaillais avec la police sur l’affaire Rachel Amber et qu’une piste nous avait menés jusqu’à lui. Je suis volontairement resté flou puisqu’évidemment je sais pas du tout pourquoi son nom était sur la liste.

-Abrège !

-Bref, on a discuté une bonne demi-heure. Au début il semblait stressé donc…

-Tu crois qu’il cache quelque chose ?

-J’en sais rien. Je l’ai un peu pris au dépourvu en disant qu’il était soupçonné dans une affaire de disparition, ça a peut-être joué.

-Ça me dit toujours pas ce que t’as appris de si IN-CROY-ABLE.

-J’y viens. Si je suis intervenu avec le Frost tout à l’heure, c’est à cause de ce que Jefferson m’a expliqué sur ce mec.

-Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

-Il s’appelle Nôa. Son père a rendu sa mère complètement tarée. Elle lui a jeté de l’huile bouillante au visage quand il était petit, c’est ça qu’il cache avec sa mèche.

-Putain… C’est horrible.

-C’est pas fini. Après ça, sa mère s’est suicidée et il a été élevé par son père qui le battait régulièrement. Ce n’est que quelques années plus tard que les services sociaux l’ont sorti de cette merde. Il a ensuite été adopté par une famille ici à Arcadia Bay.

-L’histoire a au moins le mérite de bien se finir. Mais je vois pas du tout où tu veux en venir Kaleb, justement, ce garçon a besoin d’aide, pas qu’on lui fasse peur avec des pouvoirs surnaturels !

-Chloé ! Une enfance pareille, ça laisse forcément de traces là-dedans ! » Kaleb tapota rapidement son crâne avec le doigt.

- « Et alors ? Il est traumatisé, c’est ça que tu veux dire ?

-Ce que je veux dire, c’est qu’en venant ici, il s’est épris de Rachel. Il la suivait partout, elle se plaignait aux professeurs et spécialement à Jefferson. Il laissait des lettres dans son casier, la suivait dans les couloirs parfois même jusque chez elle après les cours, il lui envoyait plusieurs messages tous les jours et l’appelait chaque soir au moins trois fois.

-C’est du harcèlement ! Pourquoi elle m’en a jamais parlé ? En plus ça voudrait dire que…

-Ce Nôa est probablement responsable de la disparition de Rachel.

-Il faut l’arrêter tout de suite ! On appelle les flics ! On retourne le chercher ! On…

-Chloé ! » La jeune femme revint à elle. « Excuse-moi. Je t’écoute. 

-Regarde-moi. » Kaleb s’approcha de Chloé, pris ses mains dans les siennes et serra. « On va élucider cette affaire ensemble, d’accord ?

-Oui… Hum, excuse-moi, j’ai besoin d’air.

-Allons-y.

-Non Kaleb, j’ai besoin d’air… seule.

-Oh ! Bon… Très bien, à plus tard.

-Salut. » Chloé sortit des toilettes avec les larmes aux yeux. « Moi aussi je t’aime… » chuchota Kaleb après le départ de son amie.

Animée par la colère et la tristesse, Chloé ne savait pas vraiment où aller. Chez elle ? Sa mère la prendrait à parti pour savoir ce qui clochait. A la décharge ? C’est le premier endroit où Kaleb irait chercher. Elle décida alors de se rendre à la mer, la chaleur estivale, le bruit des vagues et le vent léger la séduisaient plus que tout autre chose. Sur la route, elle vida la moitié d’un paquet de cigarettes. Les voitures, les gens, tout l’exaspérait, elle ne rêvait que de solitude. « J’ai l’impression de faire un bon de trois semaines en arrière… Ô douce solitude… » pensa-t-elle. Une fois arrivée à la plage, elle ôta ses chaussures et les abandonna au bas des escaliers menant au sable. Il était chaud. Elle airait sans but, allant ici et là. Le vent caressait son visage et faisait onduler ses cheveux arc-en-ciel. Elle s’arrêta au bord de mer, laissant les vagues aller et venir à ses pieds. Elle alluma une nouvelle cigarette et ferma les yeux… Au gré du souffle du zéphire et du chant de l’océan, Chloé se noya dans ses pensées…

« Tu m’as cachée tellement de choses Rachel… Depuis que tu es partie, j’ai de moins en moins l’impression de t’avoir réellement connue. Tu disparais sans laisser de trace et me laisse seule avec ma vieille amie Solitude. Par chance j’ai rencontré Kaleb. Bon sang Kaleb… Qu’est-ce que je ferais sans lui ? Il est devenu indispensable à ma vie et pourtant j’ai l’impression d’aller vite avec lui, trop vite. Et ce Nôa ? Pourquoi tu ne m’en as jamais parlé ? J’aurais pu t’aider, on était meilleures amies nan ? Ou peut-être que Jefferson et les autres faisaient de meilleurs confidents. C’est étrange… En le voyant pour la première fois, lorsque j’ai croisé son regard, je n’ai vu ni folie ni haine. Seulement de la bonté. Peut-être que je suis trop naïve, ou j’accorde trop facilement ma confiance ? T’en penses quoi toi ? Hein, Rachel ? J’aimerais tellement que tu sois là, avec moi… Avec nous… Tu me manques tellement. »

Une voix vint extirper Chloé de ses rêves : « Tu penses à Rachel pas vrai ? » C’était Nôa, il s’était invité aux côtés de Chloé, il regardait la mer.

- « Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu m’as…

-Je t’ai suivie. » Chloé commençait à s’énerver.

- « Maintenant que t’as eu Rachel tu vas t’en prendre à moi c’est ça !

-Je ne m’en serai jamais pris à Rachel.

-Alors c’est quoi toutes ces histoires de harcèlement ?

-Des mensonges. Je ne sais pas qui t’a raconté tout ça mais c’est totalement faux.

-Nos sources sont fiables, on sait que…

-Je l’aimais ! J’étais fou amoureux de Rachel.

-Pourquoi est-ce que tu parles d’elle au passé ?

-Tu n’es pas… Simple réflexe.

-Alors tu n’as vraiment rien à voir avec sa disparition ?

-Non. Je n’aurais jamais osé lui faire du mal. Pour être honnête, même si elle était secrète, notre relation était sur la bonne voie.

-C’est-à-dire ?

-Disons simplement que j’appréciais sa présence et elle la mienne et ça nous suffisait. Un peu comme Kaleb et toi. Maintenant, pourquoi elle ne t’a jamais parlé de moi ? Certainement parce que je suis le garçon qu’il ne faut pas côtoyer à Arcadia Bay. Il faut avouer que cette marque sur mon visage ne donne pas forcément envie de venir vers moi… » Nôa sourit toujours avec le même air animal. Chloé frissonna. Il reprit : « Pardonne-moi, je te fais peur ? J’arrêterai de sourire en te regardant.

-Non ! Elle posa sa main sur son épaule. Désolée… Je vais être honnête à mon tour. Cette marque sur ton visage, tu devrais l’exhiber.

-Quoi ?

-Ouais. C’est elle qui t’a forgé, qui fait de toi qui tu es. Elle te rend différent du reste du monde.

-Rachel ne mentait pas, tu es vraiment une personne exceptionnelle.

-Merci » Chloé sourit, le visage de Nôa s’obscurcit tout à coup :

- « J’admets d’ores et déjà entretenir quelques regrets…

-Quoi ?

-Mais rien ne m’empêchera de la ramener. »

Nôa claqua des doigts et en un instant, Chloé disparut en poussière, soufflée par la brise :

- « Comme l’univers, tu naquis du néant mais ne finiras que poussière… »

Nôa se retourna et quitta la plage.