Entre les mondes
Evidemment, Luke s’était précipité derrière Silyen. Il était passablement secoué par les images aperçues dans le monde noir, mais par rapport à l’Egal, ce n’était rien. Ce dernier semblait faire une crise, Luke n’avait pas d’autres mots. Lorsqu’il l’avait regardé, ses étranges yeux dorés étaient écarquillés face à quelque chose que lui seul semblait voir. A travers le lien, Luke avait ressenti un malström d’émotions si puissant qu’il en avait gémi de douleur. Et puis l’Egal s’était mis à pleurer. Pleurer. Luke n’aurait jamais cru cela possible venant de Sil. A quoi avait-il été confronté? Comment pouvait-ce être pire que ce que lui-même avait vu?
Mais il s’aperçut qu’il avait un souci bien plus urgent lorsqu’il fut dehors.
Le ciel, clair lorsqu’ils avaient franchi la porte tout à l’heure, était devenu noir.
Soudain, un éclair fendit les nuages et tomba juste à côté du manoir. Le tonnerre gronda si fort que Luke crut à une explosion. Puis les éclairs commencèrent à s'abattre les uns après les autres. Une pluie diluvienne s’abattit, se transforma en énormes grêlons. Le jeune homme jura, se protégea tant bien que mal et sprinta jusqu’aux arbres. Mais ils n’offraient qu’une maigre protection. Leurs feuilles vertes étaient en train de se désintégrer, leur tronc viraient au noir, comme s’ils étaient en train de mourir. Ce n’était pas le pire. Des insectes et petits animaux sauvages surgissaient de partout, paniqués, cherchant à fuir les bois, passant à tout allure à côté de Luke. Une souris tenta même de lui escalader le pied alors qu’il s’était arrêté, tentant de comprendre ce qu’il se passait. Soudain, des bruits sourds retentirent tout autour. On aurait dit que des choses tombaient du ciel. Horrifié, Luke comprit quand un moineau faillit le percuter et tomba juste à côté de lui, mort.
Rien de tout cela n’était naturel.
Silyen.
Si Luke ne stoppait pas l’Egal, ce dernier allait ravager le manoir et peut-être ce qu’il se trouvait au-delà. Il songea à la destruction de l’Aile Est par cette Egale à moitié folle, la tante de Silyen. Avec son pouvoir, de quoi était capable l’Egal en comparaison? Malade d’inquiétude, Luke reparti en courant.
A défaut de mieux, il remonta la piste des animaux qui fuyaient. Ce ne fut qu’une fois qu’il fut quasiment arrivé à l’enceinte qu’il le vit.
L’Egal avait les bras étendu en croix, la tête renversée, les yeux révulsé et les cheveux flottant dans le maelström qu’il avait créé. Sa peau projetait une aura lumineuse qui l’enveloppait tout entier, comme lorsqu’il avait réparé l’enceinte de Far Carr. Mais ce qui choqua réellement Luke, c’est qu’il n’était pas sur la terre. Il lévitait à deux mètres du sol.
Luke n’eut pas le temps de réfléchir davantage. Le vent était maintenant si violent qu’il devait lutter de toutes ses forces pour ne pas être emporté. Il se pencha en avant, ancrant ses pieds au sol, à moitié aveuglé par les grêlons et manqua d’être assommé par une branche.
– SILYEN! hurla-t-il.
Mais l’Egal ne semblait pas l’entendre. Il ne bougeait pas, laissant toujours libre court à son Don.
Luke mis ses mains en porte-voix:
– SILYEN! ARRÊTE!
Il jura. ça ne servait à rien. Sil semblait en transe et ne l’entendait pas. Quant à lui, il avait toujours plus de mal à lutter contre les rafales de vent. Il finit par s’adosser à un arbre et à s’y accrocher aussi fort qu’il le pouvait. Comme dans l’aile est de Kyneston, il sentait une pression immense monter. L’explosion allait tout détruire, lui y compris s’il avait le malheur de rester dans les parages, réalisa-t-il, horrifié. Qu’est-ce qu’il pouvait faire? Fallait-il s’enfuir et aller le plus loin possible avant qu’il ne soit trop tard? Mais avait-il encore le temps? La tempête couvrait maintenant l’horizon. Il secoua la tête, évitant de peu un gros rocher qui lui aurait démoli l’épaule. Réfléchis. Réfléchis, Luke. Si seulement Abi avait été ici. Elle aurait su quoi faire.
– SIL!!! essaya-t-il encore vainement.
C’est alors qu’il eut une idée.
Il n’avait pas le Don mais il avait autre chose. Il remonta sa chemise et plaqua la main sur son ventre. Les semelles toujours plaquées contre le tronc d’arbre, il dut se mettre à genoux, s’arcboutant pour ne pas décoller. Il sentit l’écorce commencer à s’effriter, mais se força à inspirer. Il leva les yeux vers Silyen, les yeux quasiment clos à cause des grêlons et pensa à lui de toutes ses forces.
L’Egal ne réagit toujours pas.
Alors Luke ferma les yeux, se remémorant les moments qu’ils avaient passé sur la plage, après le départ du Roi Merveilleux, leur premier baiser dans le couloir, puis les autres et enfin la nuit qu’ils avaient passé ensemble. Il essaya de se souvenir de tout cela avec précision.
« Reviens», murmura-t-il.
Il ne sut jamais si c’étaient ces mots, le fait qu’il touche le lien ou ses souvenirs qui avaient joué. Toujours est-il que la tempête cessa d’un coup. Les grêlons, le vent, les éclairs, l’orage tout disparut comme dissipé par un souffle de vent. N’osant encore y croire, Luke releva prudemment la tête et vit que Silyen, qui avait ouvert les yeux, redescendait lentement sur la terre, l’air à moitié évanoui.
Il avait réussi!
Il courut vers l’Egal et le rattrapa avant qu’il ne s’effondre sur le sol. Ce dernier essaya de se débattre mais il ne semblait plus avoir de force. Luke le serra contre lui.
– C’est bien toi? Tu es vivant? marmonna Sil.
Luke émit un bruit à mi-chemin entre le rire et les larmes.
– Qu’est-ce que tu racontes? Bien sûr que je suis vivant.
Sil semblait aussi fragile qu’un oiseau en cet instant. Sa peau était si pâle et ses cheveux détrempés par la pluie dégoulinaient sur le col de Luke.
– Qu’est-ce qui s’est passé?
En voilà une bonne question.
– Tu t’es précipité de hors et je t’ai trouvé là, à deux mètres du sol, en train de faire naître une tempête. Enfin, tempête… le mot est peut-être faible.
Silyen sembla se réveiller tout à fait. Il s’écarta de lui en fronçant les sourcils, passa une main dans ses cheveux et inspecta les environs, découvrant les oiseaux et tous les animaux morts jonchant le sol, les arbres réduits en poussière. Il tressaillit:
– Je ne me souviens que de quelques bribes. J’ai plus hérité des Parva et de tante Euterpe que je ne le croyais, avoua-t-il en tentant un de ses fameux sourires ironiques, sans succès. Et puis je t’ai senti, toi. J’ai essayé de faire en sorte que mon Don ne s’en prenne pas à toi.
Voilà pourquoi il n’avait pas succombé, réalisa Luke à retardement, avec un frisson.
– J’ai lévité, tu dis? reprit l’Egal.
Luke répondit d’un hochement de tête, puis il reprit Sil contre lui alors que ce dernier vacillait dangereusement. Il remarqua que l’Egal fixait ses bras avec un air bizarre. Il suivit son regard et fit la grimace lorsqu’il remarqua qu’il était couvert de bleus et de plaies. Les grêlons. Les branches. Les animaux. Tout ça.
– Ce ne sont que des égratignures, ne t’inquiète pas.
– Pas question, Hadley. Je vais te soigner.
– Dès que tu te reposé un peu. Tu adores vraiment dépasser tes limites, hein? Comment peux-tu encore être en vie?
– Ha, ha, très drôle. Surtout venant de toi.
Luke soupira intérieurement de soulagement. Il semblait avoir retrouvé l’ancien Silyen et son humour mordant. Il le prit par le bras et l’entraîna vers le manoir.
Luke se dirigea vers l’un des nombreux salons - le principal évoquant le désagréable moment de tout à l’heure - et installa l’Egal sur un canapé. Ce dernier avait à peine posé la tête sur un coussin qu’il était profondément endormi.
– ça commence à devenir une habitude, murmura Luke pour lui-même en s’installant sur le canapé d’en face.
Ses bras commençaient à lui faire un mal de chien, maintenant que le feu de l’action était passé. Il chercha du désinfectant dans tout le manoir mais finit par renoncer, découragé. Il prit du savon et en étala sur ses plaies en grimaçant. Puis il rinça le tout. Ce serait mieux que rien.
Il faisait déjà nuit dehors. Avaient-ils réellement passé autant de temps dans le monde noir? Luke avait l’impression qu’ils n’y étaient restés qu’une heure au maximum. Il frissonna soudain, saisi d’un horrible doute. Si le temps s’écoulait différent entre cet univers et le leur, qui sait combien de jours avaient en réalité passé ici? Luke avait vu cela dans le film Interstellar: Un groupe partait dans l’espace à la recherche d’autres mondes habitables et sur l’une des planètes, chaque minutes correspondait à plusieurs années terriennes. Luke se secoua. Il n’était pas un film de science-fiction. Mais pour en avoir le coeur net, il alla chercher son téléphone portable et envoya un message à Abi pour lui demander si elle allait bien. Il reçut la réponse quasi-instantanément. « Oui, et toi? Tu as retrouvé ton ami de Millmoor? Maman se fait du soucis. »
Luke laissa échapper un soupir de soulagement. Si Silyen et lui avaient réellement passé plus d’un jour dans l’univers noir, Abi n’aurait jamais écrit un message pareil. Il tapa une réponse vague. Il était conscient que l’excuse de l’ami de Millmoor ne tiendrait pas éternellement et qu’il allait bien devoir revenir vers sa famille un jour ou l’autre. Il jeta un coup d’oeil vers Silyen et se dit que pour l’instant, il avait d’autres priorités.
Mâchant la dernière bouchée de son sandwich, il se remémora la phrase de l’Egal: « Tu es vivant? » Il devait certainement l’avoir vu mort dans l’univers noir. Si c’était cette vision qui avait déclenché l’apocalypse de tout à l’heure, Luke n’osait deviner ce que cela voulait dire. Sil tenait donc à lui à ce point là? Rien que d’y penser, le jeune homme eut froid, puis très chaud. Jamais personne ne s’était autant intéressé à lui. Il y avait bien eu quelques filles à l’école, mais à l’époque, il n’avait pas encore la musculature et l’assurance qu’il avait développé à Millmoor. Et puis à Manchester, c’était surtout Abi qui faisait tourner les têtes. Il jeta à nouveau un coup d’oeil à Silyen, s’attardant sur les minuscules taches de rousseur qui lui constellaient le nez.
Et lui-même, que ressentait-il? Il avait eu le pressentiment qu’il allait voir mourir l’Egal dans le monde noir et c’était pour ça qu’il avait trouvé la force de s’arracher aux illusion, de se balancer dans le vide pour agripper le montant de la porte, à laquelle Sil s’agrippait toujours. Il essaya d’imaginer ce qui se serait passé si tout à l’heure vers le mur d’enceinte, si l’Egal était allé au bout de ses forces et était mort d’épuisement. A cette seule pensée, ses entrailles se nouèrent.
Il n’eut pas l’impression d’avoir dormi et pourtant, il se réveilla ébloui par les rayons de soleil qui s’infiltraient dans le salon. Il grogna, s’étira, jeta un coup d’oeil à côté.
Le fauteuil de Silyen était vide.
Luke se leva en essayant d’ignorer ses écorchures, qui le brûlaient encore, et alla se débarbouiller mais lorsqu’il arriva à la cuisine, il ne vit personne. Bizarre. Il se servi un bol de céréales, mangea lentement, espérant que l’Egal pointe le bout de son nez, puis décida de partir à sa recherche. Autant dire qu’il y avait du pain sur la planche: le manoir était vaste.
Il se rendit d’abord aux écuries mais à part une forte odeur de crottin et trois chevaux piaffant dans leur enclôt, il ne trouva rien. Il se demanda comment l’Egal prenait soin de ses bêtes mais ça devait être grâce au Don, évidemment. La bibliothèque située vers l’entrée était tout aussi déserte. Il sillonna ensuite les vestibules, salons, salles de bain, salles de réception, dont beaucoup ressemblaient à des pièces fantôme, avec les draps blancs qui recouvraient tous les meubles. Toujours rien. Puis il ouvrit la porte de ce qui ressemblait à une chambre à coucher et fit un bond en arrière. Au milieu de la pièce, dans l’espace entre les grandes fenêtres donnant sur le parc et un lit à baldaquin aux montants en bois torsadé se trouvait une porte.
Elle ressemblait comme deux gouttes d’eau aux portes que Sil ouvrait sur les mondes.
Qu’est-ce que ça voulait dire?
L’Egal était-il reparti dans cet univers sans avertir?
Non. Il n’aurait jamais fait ça, tenta de se rassurer Luke. Pas après l’expérience d’hier.
Il posa la main sur la poignée, hésita.
Rien ne lui garantissait qu’il n’y avait pas des bêtes féroces juste derrière. Ou alors une atmosphère empoisonnée qui l’asphyxierait. Mais Sil n’aurait sûrement pas créé une porte donnant sur un monde pareil non? De toute façon, il n’y avait qu’un moyen de savoir.
Il actionna la poignée.
Un immense ciel bleu apparut. Il se pencha par-dessus le seuil autant qu’il osa mais il n’arriva pas à voir de terre à cause d’un tapis de nuage loin en contrebas.
– SILYEN! hurla-t-il.
Son cri se perdit dans le vide.
Soudain, le jeune homme écarquilla les yeux. Puis il secoua la tête. Il avait sûrement rêvé. Il avait cru voir une silhouette ailée au loin, qui avait ensuite plongé dans la mer de nuages.
Mieux valait refermer cette porte.
C’est à ce moment là qu’il repensa au lien. Bien sûr! C’était le meilleur moyen de localiser Silyen, en espérant que celui-ci se trouve encore dans les parages. Luke passa la main sous son T-shirt et l’appuya contre son ventre, comme la veille. Si l’Egal pouvait ressentir sa présence de cette manière, il devait peut-être le pouvoir aussi.
Il ferma les yeux, essayant de visualiser un fil doré, comme lorsqu’il se trouvait dans son Selbst-Welt. Puis il pensa intensément à l’Egal. Rien ne se passa. En regardant son ventre, si désespérément normal, il eut un moment de désespoir. Il réessaya, en vain.
Ce fut finalement un son qui lui apporta sa réponse. Des notes de violon, si lointaines qu’on les entendait à peine. Luke se redressa et ouvrit la fenêtre. Pas de doute, la musique venait de l’avant du manoir, de… Le jeune homme se rua hors de la chambre et se hâta jusqu’au salon principal. Là, il ouvrit la baie vitrée, alla sur le balcon et sourit de satisfaction. Il avait vu juste. Sil se trouvait dans la petite cabane perchée dans l’arbre, reliée au balcon par la passerelle de verre. La musique était magnifique, on aurait dit une cascade de notes tourbillonnant dans le vent et sans être un expert, Luke se dit que le morceau ne devait être accessible qu’aux virtuoses.
– SILYEN! cria-t-il, peu enthousiaste à l’idée de tester la passerelle en verre, qui semblait assez glissante.
Mais sa voix était couverte par la mélodie. Soupirant, Luke se résolut à poser un pied sur la passerelle, puis les deux mains, et il rampa centimètre par centimètre jusqu’en haut, en faisant attention de garder le regard braqué sur la cabane. Il ne pensait pas avoir le vertige, mais mieux valait éviter les risques inutiles.
Enfin, il parvint à la plate-forme en bois qui soutenait la cabane. Le morceau avait pris une autre tournure, moins harmonique, et le violon émettait des sons stridents. Luke essuya ses paumes sur son jean, clignant des yeux en raison du soleil qui l’aveuglait, et frappa à la porte.
– SIL!
Le son du violon s’arrêta et l’Egal apparut, sourcils froncés, des cernes sous les yeux.
– J’espérais que tu renoncerais à cause de la passerelle, mais ça aurait été mal te connaître, n’est-ce pas?
– Quoi? s’exclama Luke, abasourdi. Tu savais que j’étais là? Tu m’as entendu mais tu m’as ignoré? J’aurais pu tomber!
Silyen haussa les épaules en marmonnant:
– Je t’aurais rattrapé bien sûr. (Levant les mains, il ajouta.) Je te montres, si tu veux. Tu permets?
– Quoi? bafouilla Luke. Mais il n’eut pas le temps d’en dire plus car il sentit ses pieds décoller du sol et cria de frayeur, ne sachant pas ce qui lui arrivait.
Il agita les bras pour redescendre mais son geste eut plutôt l’effet inverse et il se retrouva bientôt à planer à deux mètres au-dessus de la cabane.
– Qu’est-ce que tu… s’exclama-t-il avant de crier à nouveau, alors qu’il effectuait comme un saut dans le vide et plongeait vers le sol, avant de remonter en chandelle. Arrête ça tout de suite! hurla-t-il à Silyen.
– Tu n’as jamais rêvé de voler? répliqua ce dernier d’un ton moqueur.
Puis il le fit doucement avancer jusqu’à ce que ses pieds touchent à nouveau la plate-forme, où Luke s’écroula en tremblant.
– Préviens-moi la prochaine fois avant de faire un truc pareil.
– C’est ce que j’ai fait non?
Luke soupira ostensiblement.
– Bon. J’aurais deux ou trois choses à t’expliquer sur la notion d’autorisation. En attendant, la prochaine fois, avertis-moi avant de disparaître comme ça.
Sil le regarda d’un air perplexe.
– Tu t’inquiètes encore pour moi? Dans ce cas, rassure-toi. Je n’étais pas loin, comme tu peux le voir, et nous n’avons pas besoin d’être collés l’un à l’autre.
– Non, répondit patiemment Luke. Par contre, je préfère savoir où tu trouves après des expériences comme celles d’hier.
– Très bien. Et maintenant, si tu pouvais me laisser… J’ai besoin de réfléchir.
– Réfléchir à quoi? Tu sais, je pense qu’on devrait plutôt parler de ce qui s’est passé hier justement. ça te ferait du bien.
Silyen leva les yeux au ciel.
– C’est précisément la raison pour laquelle j’ai besoin de réfléchir.
Luke tenta de protester mais l’Egal était déjà rentré dans la cabane et avait fermé la porte à clé. Le jeune homme se força à ravaler sa colère en se promettant d’avoir une bonne discussion avec Silyen dès qu’il sortirait de sa foutue cabane.