Le Cercle de la Louve
Aux environs de Salem Center, d’épais flocons se déversaient précipitamment. Et la situation était pire au domaine annexe où d’énormes congères s’accumulaient fraîchement tout autour du ranch et des dépendances. Cependant, dans le bâtiment, la tempête n’occupait l’esprit de pratiquement personne. Charles Xavier tint un rassemblement impromptu en réunissant tous les élèves du domaine dans le salon et conduit la session de façon télépathique, étant donné que tout le monde souffrait encore d’une « laryngite provoquée par Cercle de la Louve ». Il apprît pour la cérémonie d’union entre Rahne et Dani et félicita chaleureusement les deux filles pour leur mariage. Le professeur désira également en savoir plus sur cette cérémonie, ce « Cercle Lupin » que Rahne avait dirigé la nuit précédente.
-C’est extraordinaire, commenta-t-il. Il semble que tu aies réellement la capacité d’invoquer et manipuler de l’énergie psionique. Dire que nous n’en avions pas la moindre idée.
-Après, je ne suis pas comme Illy : je ne peux pas prononcer des sortilèges ou des trucs dans le genre, répondit timidement la jeune Écossaise. C’est juste que depuis quelques jours, j’avais l'impression que tout le monde était beaucoup plus triste que d’habitude et… j’ai simplement fait sortir cette peine de leurs corps. C’est tout.
-Et de ce que j’ai constaté, tu t’en es très bien sortie, lui dit Xavier. Tu as décidément d’énormes pouvoirs en toi ; des pouvoirs dont nous ne soupçonnions pas l’existence.
Rahne, face au compliment de son directeur, se retint de se tortiller de joie sur sa chaise.
-Une fois, Illy m’a dit que j’étais la louve de thérapie de l’école et depuis, j’essaye de m’y tenir, expliqua-t-elle. J’ai le sentiment que c’est mon rôle.
-Et tu l’occupes à merveille, concéda Xavier en toute sincérité.
Durant cette « conversation », le mutant effectua discrètement un rapide scanner de l’esprit d’Amara et fut très soulagé en constatant que, même si la jeune élève était toujours en proie à une dépression, les symptômes avaient considérablement régressé et son état mental subissait une amélioration. Elle n’était dorénavant plus en danger.
Tout le monde avait évidemment compris que Sam et Amara, très attirés l’un par l’autre, se rapprochaient. Énormément.
Les élèves décidèrent de consacrer le reste de l’après-midi à se rassembler autour de la cheminée du salon, à regarder des vieux films. Scott s’était porté volontaire pour cuisiner et s’activa dans la cuisine pour préparer le dîner.
En dépit du mal de gorge et de la relative baisse d’énergie que tous les élèves avaient éprouvé le matin-même, le rituel du Cercle de Rahne semblait avoir eu un effet salutaire pour tout le monde. Tous les élèves semblaient beaucoup plus apaisés et, après qu'il eut profité de l’opportunité pour discuter longuement avec chacun pour ensuite constater avec satisfaction qu’il n’y avait plus de problème à régler, Xavier se retira dans le bureau de Hank afin de discuter du programme pour le semestre à venir avec lui et Moira.
Tandis que les élèves se mirent à fouiller une pile de DVD à la recherche de films pour composer leur marathon, Roberto posa les yeux sur Rahne et Dani, toutes blotties l’une contre l’autre sous une épaisse couverture au bout du canapé, près de la cheminée.
-Je vous avoue que j’suis assez surpris de vous voir là, toutes les deux, admit-il. J’pensais que vous en profiteriez pour avoir votre journée rien qu’à vous, genre une petite lune de miel.
-Arrête, Roberto, lança Dani. Rahne et moi, on dort ensemble depuis le premier jour.
-Le troisième, en fait, la corrigea la rousse.
-Puis on est en vacances. On a envie de traîner avec vous. Et rien ne nous empêche de nous isoler une heure ou deux si on en a envie.
-Par contre, j’espère que ça dérange personne de nous entendre nous embrasser parce qu’à partir de maintenant, va falloir beaucoup plus nous supporter, avertit Rahne.
Roberto haussa les épaules :
-Y a pas de souci. En plus, c’est comme si vous étiez mariées maintenant.
-On est mariées, déclara Rahne d’un ton formel. Il n’y a pas de « c’est comme si ».
-Et on est surtout heureux de voir que tu te sens mieux, Amara, ajouta Dani.
-Merci, répondit la concernée en fixant le sol mais en affichant un sourire heureux.
Malgré sa beauté éclatante, la jeune blonde n’avait jamais été du genre à attirer l’attention sur elle, devenant, au contraire, très intimidée lorsque quelqu'un faisait vraiment attention à elle.
-Ça te dirait qu’on aille monter un peu, demain ? lui demanda gentiment la jeune brune.
-Ce serait génial, avec plaisir, répondit Amara en hochant la tête. Merci.
-Tu sais, c'est pas pour faire ma fouineuse, mais… n’hésite pas à nous le dire si on peut faire quelque chose pour toi, lui dit Dani. On sait tous que les vacances peuvent quelquefois être assez merdiques et que ces derniers temps, c’était très dur pour toi.
-Ce qui me ferait plaisir, ce serait que vous ne changiez rien, répondit Amara. Vous avez tous été si gentils avec moi… et je sais que ça ne se voit pas trop mais, sincèrement, je sens que ce qui m’attend, ce sera l’une des meilleures choses à m’être jamais arrivée.
-Nous aussi, Amara, on le sent, lui assura Sam.
-Et puis tu sais que si jamais tu sens à un moment que ça ne va pas, il te suffit d’appeler l’un de nous, d’accord ? insista Dani.
-Je pousserai un hurlement pour que ma meute vienne m’aider. Je hurlerai de toutes mes forces, promit Amara avec un sourire.
Roberto s’adressa ensuite à Dani :
-Et toi ? Tu te sens comment ? Tu es toujours la blessée de la meute ou est-ce que tu te sens d’attaque à être de nouveau notre alpha ?
-Ça va beaucoup mieux, Roberto. Merci, fit Dani avant de serrer fermement la main de sa compagne sous la couette. Ma louve de thérapie s’assure que je reste en un seul morceau. Et elle fait du super boulot.
* * *
Jean Grey fit son retour au domaine annexe au moment où la tempête atteignait son apogée. Heureusement, sa forme d’oiseau de feu l’avait empêchée de se retrouver trempée en la protégeant de l'eau glacée des flocons. Toutefois, traverser des vents violents et une lourde chute de neige s’était révélé plus éprouvant qu’elle l’avait imaginé. Elle ouvrit cependant la porte d’entrée et réorganisa ses habits en un simple chemisier, un pantalon, une paire de pantoufles et son manteau de chandail gris préféré à l’aide de ses pouvoirs télékinésiques.
Consciente qu’elle ne pouvait pas passer devant le bureau de Hank sans faire de rapport, elle toqua à la porte et entra. Hank, Charles, Sean et Moira y étaient réunis, tous assis autour du bureau du mutant à fourrure bleue, et reportèrent leurs regards sur la jeune rousse.
-Salut ! Pardon de débarquer comme ça, s'exclama-t-elle, le souffle un peu coupé. Je voulais simplement que vous sachiez que nous sommes rentrées, que tout le monde va bien et que nous vous avons amené un nouvel élève, Charles. Illy est à l’infirmerie avec lui, elle attend des nouvelles mais elle m’a dit qu’elle rentrerait tout de suite après. Je reviendrai tout vous expliquer en détails dans cinq minutes. Il y a quelque chose dont je dois m’occuper de toute urgence avant. Mais promis, je reviens tout de suite.
Sans attendre de réponse, Jean repartit en courant puis s’arrêta, arrivée à la cuisine, pour saluer Scott en l’enlaçant fermement et le criblant de baisers.
-Bonjour, dit ce dernier en l’embrassant en retour. Tout s’est bien passé ?
-Oui, tout s’est bien déroulé, et tout le monde va bien, lui assura Jean. Où sont les autres ?
-Où est Amara tu veux dire ? la reprit Scott en affichant un sourire. Elle va bien. Tout le monde est dans le salon ; ils s’apprêtent à faire un marathon de films.
-Oh, apparemment, je ne suis plus la seule à pouvoir lire dans les pensées dans cette famille, plaisanta Jean. Alors, c’est toi qui fais la cuisine ce soir ?
-Oui. Aujourd’hui, nous avons au menu uniquement des plats à cuire au four, déclara Scott, toujours le sourire aux lèvres. Ce soir, c’est tourte au poulet avec gratin de pommes de terre, haricots verts en cocotte, et tartes aux pommes et à la citrouille en dessert.
-C’est génial. Tu es mon héros, lui dit Jean avant de l’embrasser à nouveau puis de le relâcher. Tu as de la farine partout sur le nez.
-Ah bon ?
Le jeune homme porta aussitôt sa main au visage.
-Je t’interdis de l’enlever, l’interpela sa fiancée par-dessus son épaule tandis que celle-ci se dirigeait vers le salon. T’es trop mignon avec.
En voyant Jean arriver, Amara se leva immédiatement du canapé et se précipita dans ses bras. Alors que la rousse l’enlaçait de toutes ses forces, elle fit la même chose que Xavier plus tôt dans la journée en procédant à un scanner télépathique de basse échelle afin d’être certaine que la jeune élève se sentait mieux.
-Va m’attendre dans la bibliothèque, lui chuchota-t-elle à l’oreille. Il faut qu’on ait une petite discussion en privé. Je te rejoins dans une minute.
Amara la lâcha et s’éloigna. Jean se tourna ensuite vers Roberto.
-Illy n’est pas encore rentrée, lui expliqua-t-elle. Elle est restée au campus pour prendre des nouvelles du nouveau mutant qu’on a amené avec nous. Et à mon avis, elle va passer faire un petit coucou à son frère avant de rentrer. Mais elle ne devrait pas tarder.
-Je te remercie, Jean, répondit Roberto, sincèrement reconnaissant qu'elle le tienne au courant.
Jean considéra ensuite la pile de jaquettes de films éparpillées sur la table basse :
-Alors, vous vous faîtes une soirée dédiée aux nanars, si je comprends bien ?
-C’est pas des nanars, rétorqua le jeune brun. C’est dédié à Humphrey Bogart.
-Vous allez sérieusement vous mater du Humphrey Bogart toute la nuit ?
-Exactement, affirma Roberto.
-Dis, Roberto, tu sais qui c’est au moins ? Humphrey Bogart ?
-Sam Spade, Philip Marlowe, Rick Blaine…, récita fièrement le jeune homme.
-Ok, ok, rit Jean en levant la main. Gardez-moi du popcorn.
La mutante pénétra ensuite dans la bibliothèque et ferma les portes derrière elle. Elle prit place sur une chaise et Amara s’assit directement en face d’elle.
-Oui, j’ai lu dans ton esprit, commença Jean sans aucun préambule. Je voulais seulement m’assurer que tu allais vraiment bien.
-Il n’y a pas de souci, répondit la jeune blonde d'un ton sincère.
-Tu m’as vraiment l’air de te sentir beaucoup mieux. Encore plus que lorsqu’on s’est vues ce matin.
Amara sourit timidement :
-Oui, j’ai passé une super journée.
Jean lui prit les mains :
-Je sais que ces derniers jours ont été très difficiles pour toi et je n’ose pas imaginer à quel point ta famille et ton chez toi te manquent…, dit-elle doucement. Mais je veux que tu me promettes que si jamais tu commences à de nouveau te sentir aussi mal, tu viendras me voir sans attendre. Je pourrai t’aider.
-Je te le promets.
-Je ne veux plus jamais te revoir dans cet état. Personne ne veut qu’il t’arrive quelque chose. Ni maintenant, ni jamais. Tu comptes pour tout le monde, ici. Ta santé compte pour tout le monde.
-Je sais. Et je vous remercie. C’est vrai que votre soutien me fait du bien, admit Amara. Mais je pense sincèrement que maintenant le plus dur est passé.
-Oh ? Qu’est-ce qui a changé ? C’est grâce aux hurlements que tout le monde a poussé cette nuit ?
-Ça m’a aidée, oui. Mais j’ai aussi réalisé quelque chose.
-Ah oui ?
-Je n’ai plus de famille, déclara Amara en poussant un profond soupir. Mais Rahne m’a rappelée que j’appartiens à une meute.
Elle sourit, quelque peu gênée.
-Et cette meute, reprit-elle, elle m’accepte… elle m’aime… et elle a besoin de moi. Et… je ne pensais pas ressentir ça un jour. La sensation qu’on a besoin de moi, je veux dire. Ça surprend, mais ça fait du bien. C’est… quelque chose sur lequel je peux m’appuyer.
Pensive, Jean acquiesca d’approbation :
-Ouais. Quand Scott et moi avons demandé au professeur McCoy si nous pouvions rester ici, nous n’étions pas sûrs que soit une bonne chose pour l’école. Mais maintenant que nous sommes là… en fait… ça fait du bien de réaliser qu’on a trouvé sa place quelque part, pas vrai ?
Elle donna ensuite une brève étreinte à Amara.
-Ok ! Va retrouver ton petit-copain et le reste de ta meute, lui dit-elle. Il faut que je fasse mon rapport aux professeurs. Et rappelle-toi ce que je t’ai dit, Amara : si tu as besoin d’aide, tu hurles.
La jeune élève sourit :
-J’ai promis à Dani que je hurlerais à m’en exploser les poumons.
-C’est tout ce que j’avais besoin d’entendre, répondit Jean en souriant. On se voit au dîner !
* * *
Illyana fit son retour au bâtiment annexe quelques minutes après Jean. Elle se rendit immédiatement dans le bureau, remarqua que sa coéquipière s’y trouvait déjà, toqua, s’y glissa et ferma les portes derrière elle.
-Salut. Désolée, je suis en retard, dit-elle en prenant place sur la dernière chaise de libre. J’imagine que Jean vous a tout expliqué ?
-Oui, en effet, acquiesça Hank. Il semble que votre première mission à vous trois soit un succès.
-Euh, faut croire, répondit Illyana d’un air énigmatique. Mais j’ai du nouveau à vous annoncer. On a trouvé comment s’appelle ce petit garçon. Il s’appelle Sandeep. Mais les infirmières en charge veulent le garder quelques jours en observation. Quand nous l’avons trouvé, il souffrait d’une insolation extrême. Le personnel de l’infirmerie va faire en sorte qu’il soit constamment surveillé jusqu’à ce qu’on soit sûr qu’il soit hors de danger.
Charles Xavier fronça les sourcils :
-Quelque chose te tracasse, Illy. Je t’en prie, dis-nous ce qui te travaille.
La jeune femme retroussa ses lèvres un moment, en pleine réflexion.
-Professeur… le mutant que nous avons trouvé… il est vraiment puissant. Mais il n’a que cinq ans.
-Continue.
-Vous avez déjà accueilli des élèves aussi jeunes ? Actuellement, il n’y a personne à l’école qui ait le même âge que Sandeep.
-C’est vrai, nos plus jeunes élèves ont douze ans, confirma le directeur.
-Professeur… nous l’avons pris avec nous, et je pense que nous avons bien fait. J’ai décidé que le laisser là-bas n’était pas une option. S’il était resté dans cet endroit, il n’aurait pas survécu.
-J’en suis tout à fait certain aussi.
-Mais en prenant cette décision, je vous ai injustement imposé un enfant à charge dont vous devrez vous occuper. Sandeep n’a pas encore l’âge d’être élève. Il a besoin d’être nourri et guidé, ça, c’est sûr, mais l’Institut n’est pas adapté pour lui. Il faudra qu’il attende quelques années avant d’intégrer une classe avec d’autres élèves. Mais je ne pouvais pas le laisser mourir, professeur. C’était impossible…
-Tu as pris la bonne décision, Illyana, lui assura Xavier.
-J’ai fait le choix d’amener Sandeep ici. Ça veut dire qu’en fin de compte, c’est moi qui suis responsable de son bien-être. Et je sais ce que vous allez dire : je suis trop jeune et je n’ai pas assez d’expérience pour devenir tout d’un coup mère à plein-temps. C’est vrai. Ce serait pas juste de ma part de tout lâcher pour essayer d'endosser ce rôle. Mais on peut dire que je vous ai imposé une situation où vous devrez vous en occuper et décider ce qui est le mieux pour lui. Je ne suis peut-être pas en mesure d’être sa tutrice, mais quoique vous décidiez, je souhaite assumer autant de responsabilité à son égard que possible.
Xavier réfléchit longuement à ce que venait de lui dire la jeune blonde.
-Je sens que tu es persuadée d’avoir créé un lien avec lui, Illyana. Mais ce n’est qu’une illusion, ce lien n’existe pas.
-Non. Mais la responsabilité, elle, elle est vraie.
-Et elle ne te concerne pas, déclara fermement Xavier.
-Dans ce cas… est-ce que vous m’autorisez à ce que je sois en partie responsable de lui ? suggéra Illyana. Si vous décidez qu’il est dans l’intérêt de Sandeep qu’il reste à l’école, en tout cas.
-Charles, si je peux me permettre, les interrompit Jean. Ce qu’Illy veut dire, c’est qu’elle n’est pas en mesure de faire le nécessaire mais qu’elle le voudrait. L’un de nous doit le faire. Pour parler franchement, il faut que Sandeep ait des parents adoptifs, au moins jusqu’à ce qu’il puisse intégrer l’école à plein temps avec d’autres élèves. J’aimerais parler à Scott de la possibilité que nous devenions ses parents… ou, du moins, ses tuteurs.
-Jean, ce n’est pas non plus de ton ressort, souligna Xavier.
-Non, je sais. Mais la seule autre option qui s’offre à nous, c’est de le ramener, l’abandonner à nouveau dans ce désert où nous l’avons trouvé pour le laisser à son sort. Je refuse même de songer à cette idée. Vous non plus, d’ailleurs.
Elle poussa un profond soupir avant de sourire chaleureusement à Xavier.
-J’avais quel âge quand vous m’avez amenée au manoir pour la première fois ? le questionna-t-elle. Sept ans, peut-être ? Presque huit, non ? Vous vous souvenez comment j’ai mis votre vie, et le manoir, sans dessus dessous les années qui ont suivi ? Vous pouvez me rappeler combien de fois ? Moi, non. Il y a des moments où la vie nous impose une situation où il faut simplement faire ce qu’il faut et se soucier du reste plus tard. Illy est trop jeune pour assumer une telle responsabilité. Scott et moi, non. Et puis, tant que Hank permettra à Sandeep de rester ici, on pour l’élever et le protéger, on dispose déjà de tout ce qu'il faut. Aucun de nous ne s’attendait à tomber sur un enfant aussi jeune pour cette mission, mais ses propres parents l’ont abandonné. Vous connaissez quelqu’un qui serait prêt à vous aider de bon cœur et à prendre soin d’un mutant de cet âge-là avec des pouvoirs de cette envergure ? Que vous le vouliez ou non, il n’y a qu’ici que nous trouverons des adultes susceptibles d’en avoir quelque chose à faire de sa survie.
Xavier plongea en pleine réflexion durant un long moment :
-Tu crois que tu pourrais convaincre Scott d’adopter cet enfant ?
-Tous les deux, on essaye déjà d’en avoir un. J’aimerais que vous m’autorisiez à le convaincre qu’il y a déjà un petit garçon qui a besoin de nous. J’ai assez de place dans mon cœur pour un enfant qui n’a plus de famille. J’ai appris ça de l’homme qui a eu suffisamment de compassion pour m’adopter, quand personne d’autre ne voulait de moi, ajouta-t-elle avec un sourire.
-Je vois, fit Xavier, réfléchissant toujours longuement. Il savait qu’il lui était impossible de contrer un tel argument. Henry, je suppose que tu as ton mot à dire là-dessus.
Ce dernier émit un petit rire :
-La toute première chose que Jean et Scott voulaient savoir lorsque nous en étions encore à négocier les conditions pour leur entrée dans le corps enseignant était si j’étais capable d’accepter un bébé qui braillerait sous mon toit dès la première année de leur fonction. Bien que j’avais des réserves, j’ai accepté. Je me suis dit que garder Scott et Jean parmi nous valait facilement la peine de faire des concessions, dont celle d’accepter un enfant d’âge préscolaire qui occuperait le même espace que nos élèves. Je ne vois pas pourquoi ça n’impliquerait pas Sandeep. Ce petit est ici, et il a besoin de nous. Illy nous a posé un dilemme, c’est sûr, mais elle ne pouvait pas faire autrement. Je suis convaincu qu’à sa place, j’aurais agi de la même manière. Nous devons nous rappeler que cet endroit n’est pas uniquement dédié à l’enseignement des élèves. Pour beaucoup, l’Institut Xavier est leur seul foyer.
-Charles, intervint Moira. Comme tout le monde ici, vous n’êtes pas sans savoir que Sean et moi n’avons jamais pu avoir d’enfants à nous. Je ne dis pas que cela nous attriste grandement, mais c’est vrai que c’est un manque à combler dans notre vie. Ce garçon va avoir besoin de parrains. Sean et moi, nous serions heureux d’assumer ce rôle.
Xavier hocha la tête.
-Très bien, finit-il par dire. Il semble qu’il y ait des choses dont il faut discuter. Jean, tu peux aller parler de tout ça à Scott pour savoir ce qu’il en pense. Quant à toi Illyana, il y a finalement quelque chose que tu pourrais peut-être faire.
-Bien sûr, répondit la jeune blonde, attentive à ce que son directeur s’apprêtait à lui demander.
-Rassembler ta meute de loups pour un nouveau Cercle, déclara Xavier en souriant. J’aimerais que tu leur demandes s’ils seraient prêts à tolérer un tout jeune louveteau parmi vous ainsi que, selon toute vraisemblance, à s’adonner fréquemment au babysitting.