Orphelins et Enfants Trouvés

Chapitre 4

1534 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 26/09/2021 17:57

-Warren. Merci d’avoir pris mon appel.

Moira MacTaggert était assise à son bureau, l’écran vidéo de son ordinateur discrètement détourné de sorte qu’il ne soit pas visible depuis la porte du bureau.

-À votre service, docteur, lui répondit Warren Worthington III depuis l’écran en affichant un sourire sur son visage toujours juvénile. Alors, vous avez finalement un moment de libre ?

-Oui, et trouver un peu de temps pour souffler est moins facile que ce qu’on pourrait croire, avoua le docteur MacTaggert. Illyana est clouée au lit à cause d’un rhume, les autres filles font un tour à cheval et les garçons s’occupent de réparer les clôtures des enclos.

-Des chevaux et des enclos ? À vous entendre, on vous croirait au Nouveau Mexique, plaisanta Warren. Vous êtes sûre de bien vous trouver au nord de New-York ?

-Sûre et certaine, dit le docteur MacTaggert en souriant. L’énorme tempête de neige qu’ils annoncent en atteste... en espérant qu’il n’y ait rien d’autre qui nous tombe dessus.

-Mmh mmh. J’imagine que si vous m’appelez, c’est que vous n’avez toujours pas de nouvelles de Xavier.

-En effet.

-Cela fait six semaines, c’est ça ?

-Presque sept.

Warren poussa un lourd soupir :

-Ça ne se présente pas bien, n’est-ce pas ?

-Non, dit le docteur MacTaggert, la voix de plus en plus tendue. Je sais.

-Est-ce qu’il y a quelque chose que je puisse faire ?

-Franchement Warren, j’aimerais le savoir, avoua le docteur MacTaggert. Je suis au bout du rouleau. Je suis incapable de tout gérer toute seule et j’en suis consciente. Je suis généticienne, pas professeure, pas conseillère, pas même une foutue infirmière scolaire. Il n’y a rien dans mes compétences qui puisse être d’une quelconque utilité pour ces jeunes.

Warren secoua la tête en signe d’impuissance :

-Et qu’est-ce que vous attendez de moi, Moira ? Chaque fois qu’on me fait part d’un problème, la seule chose que je sois en mesure de faire, c’est envoyer de l’argent. Mais je pense que je ne vous apprends rien.

-Warren, je suis complètement dépassée… j’ai besoin de vous ! Qu’est-ce que je dois faire ?

-Pour ce qui est de l’école, il y a toujours des solutions. Nous avons la possibilité d’engager plus de personnel et de professeurs...

-Aucun d’eux n’aura déjà fréquenté des élèves avec des super-pouvoirs.

-Je vous l’accorde, mais même un professeur dénué de ce type d’expérience, ce serait déjà mieux que rien. Je ne suis pas non plus pour ce genre d'approche. Mais n’oubliez pas que nous pouvons toujours recourir à la solution de dernier recours : on arrête tout, on ferme l’école et on renvoie les élèves chez eux.

-La plupart d’entre eux n’ont nulle part où aller, protesta le docteur MacTaggert. Je suis allée chercher Amara hier, à l’ambassade. Sa mutation a accidentellement causé la mort de son père et elle n’a aucun contrôle là-dessus. Elle a eu de la chance : elle a réussi à s’enfuir de son pays et à s’en sortir vivante. Je peux faire des tests pour découvrir ce qui déclenche ses pouvoirs, mais cela me prendrait beaucoup de temps. Sans compter que je dois continuer à m’occuper de cinq autres élèves parallèlement à tout ça.

-Écoutez, je comprends que vous vous trouviez dans une situation insoutenable et que ça ne peut pas durer indéfiniment. Mais tôt ou tard, vous devrez prendre des décisions qui seront difficiles, Moira.

-Je le sais.

-J’ai conscience que votre fonction se limitait simplement à effectuer le suivi génétique de ces jeunes et à transmettre les résultats à Charles et à son équipe. Tout le monde a disparu, vous n’y êtes pour rien. Je comprends que vous soyez désespérée. Après tout, vous connaissez Illy depuis longtemps, de même pour Rahne. Vous n’êtes simplement pas faites pour assumer ce genre de rôle : vous connaissez bien ces jeunes ; ils font partie de votre vie et vous, de la leur. Les décisions que vous prendrez auront un impact radical sur leur avenir.

-Je ne pense qu’à ça du matin au soir, avoua le docteur MacTaggert. Je refuse de les imaginer entre les mains de quelqu’un comme Emma Frost ou Magneto simplement parce que la seule personne capable de les aider a disparu.

-Laissez-moi vous suggérer une idée : la semaine prochaine, Candy et moi prenons l’avion. Si d’ici là, Charles et les X-Men ne sont toujours pas revenus, je ferai ce qu’il faut pour que le manoir soit hors limites. De cette façon, vous aurez un fardeau en moins. Pour ce qui est du domaine annexe... la décision vous appartient. Si vous souhaitez plus d’équipements, plus de personnels enseignants et administratifs ou d’autres choses, je prendrai tout à ma charge. Je financerai tout ce que vous jugerez bon d’appliquer. Vous pouvez même envisager de vous retirer tout en laissant l’école ouverte à du nouveau personnel, si c’est ce que vous souhaitez ; ou bien de fermer totalement l’établissement. Mais je ne peux pas décider à votre place, Moira. Dans tous les cas, c’est à vous que revient cette décision. Donc, d’ici à ce que j’arrive, il vous faut choisir la direction à prendre.

-Je vois.

-Je sais que ça se présente mal. Mais vous savez, à l’époque où j’étais chez les X-Men, je me suis retrouvé aspiré dans plus de mondes alternatifs et de dimensions secrètes que je n’arrive à m’en souvenir. Et oui, parfois, trouver un moyen de rentrer nous prenait une éternité. Mais on a toujours réussi à s’en sortir... toujours.

-Vous dites ça pour essayer de me remonter le moral, Warren, dit le docteur MacTaggert en affichant un sourire morose.

-Je vous dis simplement la vérité. Et laissez-moi vous dire autre chose : au début, Charles était tout seul. Il n’y avait que lui et cinq gamins complètement perturbés. J’en faisais partie. Et je vais être honnête avec vous : à l’époque, il était complètement perdu.

-J’ai du mal à vous croire, mon cher Warren.

-Je suis sérieux, Moira. Il a pris ses marques. Et au fil du temps, il s’est amélioré, encore et encore. Mais au début... ce n’était vraiment pas ça. Pourtant, il ne bénéficiait d’aucun des dispositifs qui sont aujourd’hui à la disposition des X-Men. Vous savez ce qui faisait la différence ? Il tenait à nous. Malgré toutes les erreurs qu’il a pu commettre, tous les soirs, nous allions nous coucher en sachant qu’il y avait quelqu’un dans ce monde qui se souciait de notre sort, de savoir si nous étions vivants ou morts, malades ou bien portants, ou si nous étions heureux ou déprimés. C’était tout ce qui nous importait. Tous les professeurs, tous les conseillers, tous les entraîneurs et toutes les machines au monde sont incapables de remplacer cette unique chose. Je suis sûr que si vous posez la question à vos élèves, ils vous diront la même chose. Peu importe pour eux que vous n’ayez pas toutes les réponses aux questions ou que vous n’envisagiez pas toutes les possibilités, ce n’est pas ce qu’ils recherchent. Ce qui leur permet de dormir la nuit sur leurs deux oreilles, c’est de savoir que vous êtes là pour eux. Tout le reste... ce n’est pas aussi important.

Le docteur MacTaggert se pencha sur le dossier de sa chaise en secouant la tête, et sourit à l’écran.

-Ça... c’est du discours, Warren.

-Ouais, bon, j’arrête ma tirade maintenant, concéda Warren avec un gloussement. Quoi qu'il en soit, je vous tiendrai au courant dès que j'aurai les détails du voyage. Mais attendez-vous à nous voir arriver, Candy et moi, soit mardi, soit mercredi de la semaine prochaine.

-Warren ? Je vous remercie. Merci de m’avoir offert votre aide, de m’avoir écoutée. Merci pour tout. J’en avais besoin.

-Hé, quand on est un X-Men, on l’est pour toujours. Prenez soin de vous, Moira. À très bientôt.

-Vous aussi. Merci de m’avoir accordé de votre temps.

Une fois l’appel coupé, Moira MacTaggert joignit les mains sous son menton, perdue dans de sombres pensées. Sans le savoir, juste derrière la porte de son bureau, Illyana Rasputin avait entendu toute la conversation. L’air affligé, la jeune mutante traversa le couloir sur la pointe des pieds en évitant de faire grincer le plancher. Une fois qu’elle eut atteint sans encombre l’autre bout du bâtiment, elle monta les escaliers pour se réfugier dans sa chambre.

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