L'Obscurial
AUDREY
Ses mots furent rapidement emportés par le vent mais je les avais saisi au vol avec l'avidité d'un Niffleur.
Porpentina Goldstein.
Je laissais Norbert savourer ce nom encore un instant avant de reprendre mes questions. Il regardait loin d'horizon. Je voyais sur ses lèvres un sourire triste qu'il essayait de cacher. Ses cheveux volaient dans tous les sens, son long manteau flottait derrière lui mais tout son corps était figé pour essayer de dissimuler ses sentiments qu'il me dévoilait de façon encore plus explicite en ne rien faisant. Je décidais que finalement je me garderais des surprises concernant Mademoiselle Goldstein.
- Alors cet Obscurial, tu ne m'en as pas dit grand chose ?
Il avait tressaillit lorsque j'avais commencé à parler mais ses épaules s'étaient tout de suite détendue au mot « Obscurial ». Au fur et à mesure qu'il parlait je le voyais reprendre sa contenance habituelle.
- Je n'aie jamais vu un Obscurial comme celui-ci. Il est d'une puissance inimaginable. Il s'appelle Croyance. C'est un garçon mais il doit être âgé d'une bonne vingtaine d'années. Je n'aurais jamais cru cela possible. Il a été adopté par une famille d’accueil anti-sorcier et sa mère adoptive le détestait. Elle le battait. Grindelwald a essayé de se servir de lui. Il détruisait tout sur son passage mais il semblait tout de même apte à nous écouter. Il cherchait simplement de l'aide mais Grindelwald s'est servi de lui et cela l'a fait devenir fou de rage. Le MACUSA l'a ensuite presque entièrement détruit.
- C'est un miracle qu'il est survécu jusqu'à aujourd'hui. Nous devons à tout prix l'aider. Il a bien assez souffert.
Norbert acquiesçait avec des signes de tête vifs à chacun de mes mots. Sa touffe de cheveux qui vibrait avec sa tête me fit sourire mais au fond de moi je me demandais si on avait vraiment une chance avec cet Obscurial, il restait tout de même assez probable que le MACUSA y soit aller trop fort pour qu'il puisse résister.
« Hey, regarde. » Norbert me montrait la ligne d'horizon de laquelle commençait à émerger une énorme masse sous le soleil couchant. Je fis, autour de mes yeux, des jumelles avec mes mains. Par les trous que cela laissait je parvenais à voir tout un tas de bâtiments, tous plus grand les uns que les autres. Cette ville était toute entière les bras tendus vers le ciel. Plus on s'approchait plus il semblait qu'effectivement ces édifices montaient jusqu'aux nuages (s'il y en avait eu).
Le port duquel on s'approchait grouillait de monde de même que toutes les rues que l'on parvenait à voir. Dans cette ville tout le monde semblait pressé et ceux qui ne l'étaient pas avaient la tête toute tournée vers la tête de ces géants d'acier et de béton qui bordaient les avenues. Le monde était gris, les gens aussi mais de-ci de-là une tâche de couleur venait égayer ce tableau mouvant. Une publicité ou un excentrique. Je croyais avoir déjà vu des grandes villes mais New York était si différente de Londres que je croyais découvrir le monde urbain de nouveau.
Norbert me regardait en riant mais je voyais les lumières de la ville briller dans ses yeux. Il était tout aussi impatient que moi. Dans une heure la ville serait sûrement recouverte par un ciel étoilé, ce n'est pas ce soir que l'on pourra commencer notre chasse ou notre visite de New York. Mes mains étaient serrées de toutes mes forces autour de la balustrade lorsque l'on sentit le bateau s'amarrer. J'avais à la fois envie plus que tout de courir dans les rues mais, même s'ils avaient tout réparé, je sentais aussi la catastrophe qui avait eu lieu si peu de temps auparavant, 48 heures pour être précise. La magie flottait dans l'air comme une fragrance palpable et venait agacer mes narines.
Norbert me prit la main et nous nous dirigeâmes, suivant la foule, vers le quai. La ville paraissait de plus en plus immense, comme sans fin aussi bien devant moi qu'au dessus de ma tête. Arrivée au pont inférieur je décidais de sauter directement sur le quai. Norbert n'eut même pas le temps de m'en empêcher. J’atterris les deux pieds en même temps à quelques centimètres du bord. J'étais enfin arrivée à New York. Norbert me rejoignit en courant, les sourcils froncés mais devant mon grand sourire il sourit aussi. D'un même mouvement nous levâmes la tête pour tenter de voir le faîte de ces bâtiments qui peu à peu s'illuminaient.