L'Obscurial
NORBERT
Je regardais Audrey depuis un petit moment. Elle avait l'air d'avoir l'esprit ailleurs. Cela ne lui arrivait pas souvent. Soudain elle tourna la tête vers moi avec un large sourire.
- Au fait je ne t'aie pas demandé, tout c'est bien passé avec les crabes de feu ?
- Oui à peine étaient-ils sortis de leurs œufs qu'ils étaient déjà de solide gaillard.
En me disant cela elle releva sa manche droite jusqu'au coude découvrant une brûlure sévère à peine soignée. Sa peau était craquelée et rougie sur toute la longueur de son avant-bras, en quelques endroits elle avait l'aspect du charbon. J'étais affolé de la voir comme ça mais elle continuait de me regarder avec le même sourire comme si cette brûlure n'avait rien de douloureux.
- Ne t'inquiètes pas je me soigne bien. Il n'en restera bientôt plus une trace.
Je poussais un profond soupire. Heureusement que j'avais toujours une trousse de premiers secours sur moi. Je couvrais sa blessure d'une bonne couche de crème que j'avais spécialement préparé pour les brûlures puis d'un geste expert je lui enroulais le bras du poignet au coude dans un bandage. Pendant que je m'occupais d'elle je la voyais scruter les moldus qui auraient en effet pu s'étonner de la quantité de choses que je sortais de ma si petite trousse.
- Une brûlure ça se soigne avec un bandage la laisser à l'air libre ne va pas aider. Tu devrais faire plus attention.
- Toi aussi. Il y a plein de moldus partout sur ce bateau, il suffirait d'un rien pour que l'un d'entre eux te surprenne. De nous deux c'est donc toi le plus imprudent.
- Occupes-toi donc de toi.
A vrai dire j'étais assez troublé. Je ne voyais rien au point de ne pas remarquer une telle blessure. Elle aurait mérité un véritable père et non pas un chercheur un peu fou pour l'élever. Elle aurait eu besoin d'une mère aussi, les Augureys sont certes très sympathique mais ils ne peuvent pas tout faire. Peut-être après avoir réglé cette affaire d'Obscurial, on pourrait se poser un peu à New-York.
- Comment s'appelle-t-elle ?
- Qui ça « elle » ?
- La femme que tu as rencontré pendant ton voyage.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- Je ne sais pas. Quelque chose dans ton attitude, dans la façon dont tu regardes l'horizon.
- Je suis simplement impatient de débuter notre nouvelle aventure.
- Tu sais aussi bien que moi que partir à la chasse à l'Obscurial tient plus d'un suicide que d'une aventure. Et normalement lorsque l'on s’appète à faire quelque chose de vraiment dangereux tu fronces toujours les sourcils quand tu penses que je ne te regardes pas, alors que là tes yeux pétillent.
- Mes yeux « pétillent » ?
- J'ai lu ça dans un livre. Je ne voyais pas à quoi pouvaient ressembler des yeux qui pétillent mais maintenant je comprends. Tes yeux sont aussi pétillants que des œufs de serpencendre. Alors comment s'appelle-t-elle ?
Elle continuait de me fixer. Son regard intense avait plus de pouvoir encore que le Véritasérum alors même qu'elle n'était qu'une petite fille. Une toute petite fillette que j'engageais dans ma chasse à l'Obscurial sans aucun remords. Mais je savais que la question du remord ne se posait plus pour deux raisons très simples. Premièrement Audrey ne m'aurait jamais laissé aller seul dans une quête aussi dangereuse. Deuxièmement je n'aurais pas été capable de le faire sans elle, il fallait bien que je le reconnaisse et ma dernière tentative d'aventure seul l'avait bien montré. J'avais besoin d'elle.
- Elle s'appelle Porpentina. Porpentina Goldstein.