Bell de Bilgewater

Chapitre 83 : Partie 5 - Chapitre 13

4369 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 11/08/2024 16:21

     Un rayon de soleil matinal vint réchauffer le visage de Bell, qui s’éveilla doucement. Lorsqu’elle se retourna dans le lit, elle tomba nez à nez avec Ileae, qui dormait encore paisiblement. Elle observa son visage, sentant son corps bouger au rythme de sa respiration, la lumière faisait ressortir le rouge de ses cheveux, qui détonnait avec le ton blafard de sa peau. Elle était magnifique. Bell posa son regard sur les lèvres de la vastaya, qui un peu plus d’un jour auparavant avaient effleuré les siennes. Elle repensa à la douceur au contact, et à la sensation indescriptible qu’elle avait ressenti dans son cœur.

         Gênée, elle se détourna, pour sortir du lit. Clapper à leur pied, ronflait bruyamment sur le drap qui les couvrait. Cynthia, n’était pas dans son lit, devant certainement déjà attendre en bas. Elle contourna le lit, et s’assit près de la zaunienne.

 - Ileae, murmura-t-elle, il faut se réveiller.

         Cette dernière marmonna quelques mots incompréhensibles, et se tourna vers Bell, peinant à ouvrir les yeux. La yordle se pencha vers elle, et déposa un baiser sur sa joue, ce qui fit apparaître un grand sourire sur son visage.

         La navigatrice s’habilla rapidement, après un léger brin de toilette, suivie par une Ileae encore dans le cirage. Clapper avait aussi besoin d’un brin de nettoyage, ce que Bell n’avait pas fait depuis leur départ de Piltover. L’animal, couvert d’écailles par endroits, et de fourrure en d’autres, était bien plus doux que ne l’imaginaient les gens, mais aucun n’était aussi docile que Clapper. Outre leur apparence pour beaucoup repoussante, peu de gens accordaient d’attention à des animaux aussi sauvages et presque impossible à apprivoiser.

         Enfin prêtes, les deux jeunes filles descendirent dans la salle principale de l’auberge, qui était presque déserte en ce milieu de matinée. Seules trois personnes attendaient, assis à une table, Cynthia habituée à se lever tôt, Amara évidemment, mais aussi Holly, toujours son air glacial sur le visage.

 - Bonjour tout le monde, lança Bell, bien dormi ?

 - Oh ça oui, soupira Cynthia.

 - Le confort vous manquait, sourit Amara, même moi j’apprécie mes quelques passages dans les villes.

 - Vous nous accompagnez commandante ?

         Cette dernière acquiesça sans un mot. Elle ne faisait pas confiance à leur guide shurimien, et surveillait de près ses actions, prête à protéger ses compagnons sans hésitation.

 - Bien suivez-moi, sourit le shurimien, notre contact est une prêtresse du nord de la cité, dans un quartier que vous trouverez je pense très intéressant !

         Le groupe emboîta le pas de leur guide, pénétrant la rue. Immédiatement, la chaleur extérieure vint se poser sur eux telle une chape de plomb. L’auberge, construite dans une pierre locale, conservait le frais à l’intérieur si bien qu’ils en avaient presque oublié la température qui les attendait dehors.

 - Si vous voulez bien me suivre, sourit Amara.

         Le shurimien s’enveloppa dans sa cape, laissant les voyageurs le suivre au travers des rues déjà bondées de la périphérie. Autour d’eux, la chaleur ne semblait pas le moins du monde incommoder les habitants, qui vaquaient à leurs occupations. Un détail vint frapper la yordle alors qu’ils déambulaient dans la cité, de grandes toiles de tissu étaient tendues entre de nombreux bâtiments, offrant une ombre bienvenue aux promeneurs en contrebas. Les couleurs et formes des pare-soleil resplendissaient au-dessus de leurs têtes, cependant, une seule pensée traversa l’esprit de Bell et de son compagnon Clapper lorsqu’ils échangèrent un regard.

         Et si on sautait de toile en toile ?

         Un bruit vint interrompre les pensées du duo, des pas en rythme avec des cliquetis métalliques. Amara fit s’écarter la troupe qui le suivait sur le bord de la grande rue, avant qu’un groupe n’apparaisse à leurs yeux, fendant la foule. Alignées en trois colonnes, une série de créature humanoïdes avançait, impassible, forçant les passants à libérer le passage. Leur corps semblait composé de sable, qui se mouvait par magie sous une armure dorée.

         Un frisson parcourut le dos de Bell, et au regard inquiet de son amie vastaya, devina qu’elles ressentaient la même chose. Malgré le fait qu’elles n’eurent rien à se reprocher, toutes deux sentaient en elle un poids lourds peser, une pression, comme si elles étaient traquées.

         La peur d’être traquée, comme avec les des gangs de Zaun, pensa la yordle, combien de temps sera nécessaire pour s’en défaire… Clapper sentit l’inquiétude de sa maîtresse, et grimpa à son épaule, frottant son museau contre son cou. Bell sourit, et reprit le chemin derrière ses compagnons.

 - La ville est bien gardée, commenta Holly.

 - Effectivement commandante, sourit le shurimien. La capitale a beau être bien protégée, rien n’empêche les ennemis de l’empire de s’immiscer en son sein pour y porter atteinte.

 - Et qui sont lesdits ennemis ?

 - Noxus, même si ces derniers sont concentrés sur l’archipel d’Ionia depuis de nombreuses années, et dans une moindre mesure Piltover. Cependant, l’empereur transfiguré a pour ennemi son ancien esclave devenu mage, Xerath.

 - Je n’ai pas l’impression de voir un pays en guerre, remarqua la piltovienne.

 - Non en effet, le traître se terre quelque part, il contrôle l’ouest de l’empire et a fait de Nerimazeth sa capitale. Personne ne souhaite voir une nouvelle grande guerre déchirer le pays, après les rébellions d’Icathia, la guerre contre le néant, ou les luttes fratricides entre transfigurés, le peuple cherche simplement à vivre.

 - Que font donc les deux camps ?

 - L’empereur reconstruit, affirmant sa dominance nouvelle, tandis que Xerath gère ses terres d’une main de fer.

 - Et les gens acceptent tout ça ? intervint Bell. Ne devraient-ils pas s’y opposer ?

 - Le peuple de Shurima est composé de gens simples jeune fille, sourit le mercenaire, comme je l’ai dit ils cherchent simplement un refuge et de quoi s’épanouir. Que crois-tu qu’ils feraient si les deux frères venaient à s’affronter ?

 - Je ne sais pas.

 - Ils partiraient dans les dunes, fondant de nouvelles villes loin du tumulte des combats ou bien vivant en itinérance, comme ils l’ont toujours fait auparavant. Comment les habitants de ton archipel voient-ils les choses ?

         Bell prit le temps de réfléchir quelques secondes. Dans le fond, leurs deux peuples avaient énormément en commun.

- La mer est notre maison autant que notre refuge, dit-elle. Malgré ses dangers, elle accueille toujours ceux qui en ont le besoin. Cependant, lorsque certains s’imaginent pouvoir abuser de leur puissance, le destin finit toujours par les rattraper.

 - Et ce destin reçoit parfois un petit coup de pouce de certains, en attestent vos actions à Zaun, sourit Amara.

         Bell lui jeta un regard méfiant, ne sachant pas trop de quoi le shurimien était au courant.

 - Votre cheffe Anna m’a parlé de certaines de vos aventures, je dois avouer que toi et ta compagne vastaya avez fait preuve d’une grande ténacité, Madame la baronne.

         Ileae rougit en entendant le qualificatif que lui avait donné le mercenaire. Compagne, ça sonne bien, pensa-t-elle.

 - Anna a un don inné pour la narration, sourit la yordle, d’autant plus lorsqu’elle a bu.

         Tandis qu’elles bavardaient avec le shurimien, qu’Holly gardait bien en vue, le groupe s’approchait du centre de la cité. Les rues étaient de plus en plus bondées, aidées par l’heure qui avançait vers les périodes les plus agitées de la journée.

         Au croisement d’une rue, Bell put apercevoir ce qui séparait le centre de la périphérie. Devant elle, se dressait une gigantesque muraille intérieure, haute de presque vingt mètres. Majestueuse, la fortification de pierre du désert était finement ouvragée, ornées de statues impressionnantes, sublimées par des motifs fins et élégants. Amara esquissa un sourire satisfaisant en voyant l’expression béate des jeunes voyageuses, et les invita à pénétrer.

         De l’autre côté, la vue était tout aussi saisissante, laissant le groupe sans voix. Les bâtiments étaient encore plus hauts que les autres quartiers, les façades époustouflantes de détails, et les rues pavées couvertes par de magnifiques étoffes colorées finirent de convaincre les touristes. La capitale était le joyau de l’empire. Au-dessus de leurs têtes, l’énorme disque d’or flottait en l’air, Bell eut un frisson dans le dos en imaginant les dégâts que pourrait engendrer la chute d’un objet faisant presque la taille d’une ville.

         Le mercenaire prit l’initiative de leur faire découvrir quelques quartiers intéressants. Partout, de nombreux shurimiens profitaient de l’ombre pour faire des achats dans les boutiques dont les étals colorés attiraient l’œil. Les habitants du centre se distinguaient par les habits dont ils étaient vêtus, tous plus beaux les uns que les autres, ainsi que les bijoux et parures brillantes dont ils semblaient fiers. Plusieurs étals justement présentaient le travail méticuleux de bijoutiers de tout l’empire. Ici contrairement à Piltover, la mode était moins aux cristaux qu’à de complexes ensembles de métal et chaînes fins et ciselés en de précis motifs.

 - C’est si différent de chez moi, souffla Ileae.

 - Et encore, si tu voyais les parures impériales, sourit Amara.

 - Les shurimiens ne semblent pas friands de pierres précieuses.

 - Dans les traditions locales, les pierres ornementales sont rarement bien vues, on leur préfère un travail méticuleux d’alliages divers. Ils voient d’un mauvais œil les piltoviens qui s’approprient les pierres pour les exploiter.

 - Quand on voit d’où vient la technologie hextech, railla la vastaya, on les comprend.

 - Certes, celles-ci au moins ont un réel pouvoir. La plupart des pierres précieuses qu’achètent ces gens n’ont rien de plus que leur beauté.

 - Vous ne croyez pas en la lithothérapie ?

 - La quoi ? Demanda Bell perdue.

 - C’est un courant de pensée qui affirme que les pierres précieuses auraient le pouvoir de soigner, expliqua Holly.

 - Et ce n’est pas ce sur quoi se base Johan pour ses travaux ?

         La yordle repensa au professeur Grimbel de Piltover, qui les avait accueillis. Ce dernier, médecin joaillier, menait des recherches sur les propriétés magiques de certains cristaux.

 - Les roches qu’il étudie sont des pierres runiques pas de simples cailloux avec une jolie couleur. Des minéraux rarissimes perfectionnés par des mages depuis des siècles ou plus, expliqua la vastaya, leur pouvoir sont avérés.

 - Les aristocrates de la cité ne laisseraient pas les foules avoir accès à de tels objets pour leur bon plaisir, railla Holly. Les pierres vendues sur les marchés sont de jolies babioles pour ceux qui ont de l’argent à perdre.

 - Les joyaux dotés d’un véritable intérêt sont strictement conservés pour des usages militaires ou industriels, compléta Ileae, ils seraient dangereux entre les mains de personnes mal avisées ou intentionnées.

 - Et les gens sont au courant de ça ? S’indigna la yordle.

 - Oui et non, d’ailleurs s’ils avaient connaissance des provenances ils refuseraient d’en acheter, dit Holly.

         Les jeunes filles lancèrent un regard d’incompréhension à la piltovienne.

 - La plupart des pierres sont extraites dans les provinces reculées de régions comme Shurima ou Ionia, expliqua Amara. Dans le meilleur des cas les empires ou clans détruisent simplement la région petit à petit, et dans le pire ils le font par l’esclavage, notamment d’enfants et de prisonniers de guerre.

 - Sans oublier que certaines pierres ont vu leur production quasi monopolisée par des groupes terroristes, compléta la commandante. J’ai participé à plusieurs démantèlements de réseaux de vente, mais bien souvent les affaires sont étouffées par les clans piltoviens qui trempent dedans.

 - Je… je crois que je vais cesser d’acheter des bijoux, déglutit Cynthia.

 - Chez nous les parures en os sont fraîchement chassées en mer, sourit fièrement Bell.

         Après cette pesante conversation, le groupe continua de pérégriner dans les riches avenues de la cité, se frayant un chemin au travers de la foule. Le shurimiens les mena à une des plus belles places de la ville, et sourit en voyant le regard admiratif de ses camarades.

         Ils se trouvaient au sein d’un gigantesque cercle formé par les plus beaux bâtiments qu’ils aient vu jusqu’alors, chacun étant richement orné et décoré, tandis qu’en leur base de somptueuses boutiques vendaient des marchandises provenant de tout Runeterra. Leur position était à vrai dire dans l’alignement de l’improbable escalier qui menait sous le Disque Solaire, et un abasourdissant palais de l’autre côté, reliés par la somptueuse avenue qui traversait la place. Partout autour, de riches shurimiens allaient et venaient, tandis que des gardes aux armures d’apparat époustouflantes surveillaient les alentours.

         Finalement, leurs ventres vinrent interrompre leur découverte, les forçant à observer d’un peu plus près les étals alimentaires. Les filles jetèrent leur dévolu sur un stand de légumes grillés, s’offrant en dessert quelques fruits exotiques d’une boutique proposant des produits des jungles d’Ixtal, dont les couleurs et odeurs chatoyantes firent l’effet d’un appât.

         À mesure que l’après-midi se déroulait, le groupe se dirigea de plus en plus vers l’est de la cité. Curieuse, la yordle s’avança vers un des bâtiments en pierre, contre lequel était appuyé un très grand échafaudage en bois. Elle vit deux hommes, assis sur les planches, qui travaillaient en discutant bruyamment. Les deux tenaient en leurs mains un marteau et un burin, avec lequel ils frappaient la pierre, donnant la forme souhaité au matériau. En quelques minutes, des motifs apparurent sur la roche, sous les yeux exaltés de la yordle.

 - Il y a des tailleurs de pierre partout à Bilgewater, sourit-elle à Ileae qui se tenait à côté. J’ai toujours admiré leur travail.

 - Tu me les montreras ?

 - Je te ferais visiter tout l’archipel de la Flamme Bleue si tu le demandes, répondit-elle en saisissant la main de la scientifique.

         Son amie rougit, tenant la petite main de la yordle au creux de la sienne. Amara, souriant, guida ses touristes au travers du dédale qu’était cette partie de la cité. À mesure qu’ils progressaient vers l’est, l’activité se faisait plus rare, et la ville plus calme. Le soleil agressif commençait à tomber, irradiant les bâtiments de rayons orangés.

         Au détour d’un quartier d’habitation, le shurimien invita le groupe à pénétrer une petite échoppe, à la devanture simple. Une petite cloche tinta sur le pas de la porte, avertissant le propriétaire de la venue de clients.

 - J’arrive ! Lança une voix depuis l’arrière-boutique.

         Le magasin empestait l’odeur d’encens mélangés, provenant des étagères et étals colorés. Un peu partout, des bocaux d’onguents, de produits divers, des potions et breuvages qui pour certains évoquaient plus un dégout au vu de leur couleur. Cynthia, de loin la plus expérimentée en objets liés au soin, vagabonda entre les étagères, laissant ses yeux curieux se promener sur les produits qu’elle reconnaissait en partie.

         Une vieille femme sortit de l’arrière-boutique, habillée de belles étoffes ocres, un air renfrogné sur le visage. Ce dernier changea pour un haussement de sourcil et une expression curieuse lorsqu’elle vit les clients en boutique.

 - Tiens, c’est le petit Amara, sourit-elle, qu’est-ce que tu m’amènes là ? Une vastaya, une yordle, et toi, dit-elle en pointant Holly du nez, tu as l’air ennuyeuse, donc piltovienne.

         Une grimace manqua de perturber l’impassible visage de la commandante, mais se contenta de la fixer.

 - En taille comme en âge, vous m’êtes inférieure, taquina le shurimien, mais vos talents eux sont inestimables. Nous aurions besoin d’une auscultation pour ma jeune amie.

         La vieille se fit plus sérieuse, tandis qu’elle jaugeait Bell, gênée d’être le centre de l’attention.

 - Divination ? Recherche de malédiction ? Diagnostique santé ?

 - Nous ne savons pas trop, expliqua Ileae, nous pensons à une probable malédiction, ou à un éveil anormal de pouvoirs.

 - Très bien, jetez un œil à la boutique le temps que je prépare le rituel.

         Le groupe acquiesça, puis se détourna de la vendeuse qui disparut derrière le rideau.

 - Tu es sûre de toi ? murmura la piltovienne à Bell.

 - Pas tellement, mais si elle peut m’aider alors je pense que ça vaut le détour.

         Quelques minutes plus tard, la femme reparut, cette fois drapée dans une tenue que le groupe avait pu apercevoir dans les rues, portées par des hommes et femmes. Amara leur avait parlé des ordres qui comptaient de nombreux prêtres et mages sur tout le continent.

         La femme invita le groupe à pénétrer dans la salle derrière le rideau. Plongée dans la pénombre, la pièce était emplie d’objets mystiques, et d’une odeur d’encens très forte. Bell fut invitée à s’asseoir à une table au centre, face à la prêtresse, tandis que les autres eurent droit à des chaises un peu plus loin.

 - Parles, dit simplement l’ancienne en plongeant son regard dans celui de la yordle.

 - Je m’appelle Bell, je viens de Bilgewater. Je ne connais pas mes parents, mais je sais que ma mère était mage. Depuis toute petite je fais des rêves, et j’avais un petit potentiel magique.

 - As-tu constaté des choses ayant changées ?

 - Mes pouvoirs ont grandis, mes capacités sont devenues hors de contrôle, si bien que je redoute la moindre utilisation. Eux, comme mes rêves provoquent en moi des émotions que je ne peux réprimer.

 - Ces rêves, qu’avaient-ils de spécial ? Que ressens-tu lorsque tu les vois ?

 - J’ai toujours eu l’impression qu’ils ne venaient pas de moi. Je me sens comme contrainte, forcée. Je ressens une grande frustration, une rage et une colère dévorantes, un appel insatiable de liberté et de voyage, une envie de contrôler et manipuler autrui, mais aussi une peur, maladive, d’être seule.

 - Ta mère, possédait-elle des pouvoirs identiques aux tiens ?

 - D’après ce que j’en sais, elle avait quelques capacités liés au déplacement, d’où j’aurais tiré ma première aptitude.

 - Y-a-t-il eu un élément que tu penses être déclencheur de tout ça ?

 - Mes pouvoirs, mes rêves, comme mes émotions, ont commencé à changer après…

         Bell resta silencieuse, gênée.

 - Un baron à Zaun a fait sur elle des expériences, lança Ileae depuis son siège, il semblait en savoir sur elle, et sa famille.

         La vieille acquiesça, et reporta son regard sur la jeune yordle. Elle lui fit signe de tendre ses mains sur la table, posant les siennes dessus. Bell sentit la peau fripée de la prêtresse se poser sur sa fourrure fine, et une chaleur réconfortante qui la rassura.

 - Je vais commencer, tu n’as rien à faire, nous allons voir si je suis capable de déterminer ce qui t’affecte, dit-elle en souriant.

         Bell ferma les yeux, suivant l’exemple de la vieille. Cette dernière entonna un chant, calme et serein. Les secondes passèrent, puis les minutes. La yordle sentit en elle une chaleur, dans son cœur, profonde, qui s’accentua de plus en plus. Sans qu’elle n’en comprenne la raison, un sentiment de rejet grandit, pourquoi cette femme faisait-elle ça ? Et si elle cherchait à lui nuire ? La colère grimpa, elle tenta de la contenir, mais une petite voir lui demandait de se méfier, d’arrêter immédiatement ce rituel.

         Elle lutta, ne comprenant même pas pourquoi elle était désormais tant en colère qu’elle souhaita hurler de rage. Une main vint se poser sur ton épaule, touchant son cou. Une main familière, chaude, et douce.

         Ileae.

         La présence de son amie, qui s’inquiétait, l’aida à apaiser un peu le tourbillon qui envahissait son cœur.

         Une éternité s’écoula, avant qu’on ne la secoue pour la tirer de sa transe. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle était toujours assise, mais la vieille femme n’était plus en face d’elle.

 - Que s’est-il passé ? demanda-t-elle inquiète.

         Ileae sourit, et posa sa main sur la joue de la yordle.

 - C’est terminé, mais tu es restée assise, absente. La prêtresse nous a dit de te laisser tranquille le temps que tu te calmes.

         Cette dernière pénétra la pièce, et vint s’asseoir devant la jeune fille.

 - Tu peux être assurée petite, il ne s’agit pas d’une malédiction. Cependant, je ne peux te garantir que ce soit sans danger pour toi, en tout cas ce n’est pas normal.

 - C’est tout !? S’exclama la yordle. Il doit bien y avoir quelque chose ?

 - Quelque chose est à l’œuvre en effet, mais c’est au-delà de mes compétences. Gardes tes amis très proches de toi, leur présence t’aide et t’aidera sans aucun doute.

 - Je vois, je vous remercie, sourit tristement Bell. Combien dois-je vous payer ?

 - Pas besoin, je pense que ton amie là-bas me rapportera bien assez, dit-elle en désignant Cynthia qui remplissait ses bras d’articles à acheter.

         La yordle remercia chaudement son interlocutrice, avant de sortir accompagnée du groupe.

 - On n’est pas plus avancés, dit Holly. Mais elle confirme que tu as besoin de compagnie, alors pas question de t’isoler jeune fille.

         Le groupe resta silencieux, attendant Amara qui discuta durant de longues minutes avec la vendeuse. Une fois celui-ci revenu, il guida à nouveau la bande au travers de la cité, où ils retrouvèrent leurs compagnons en début de soirée.

 

***


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