Bell de Bilgewater

Chapitre 82 : Partie 5 - Chapitre 12

4992 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 11/08/2024 16:18

     Un soleil de plomb frappait le tissu dans lequel Bell était emmitouflée. Autour d’elle, les vents du désert charriaient les sables et apportaient un peu de fraîcheur. Par-delà les dunes, la jeune fille pouvait apercevoir Disque Solaire, dont l’éclat doré resplendissait. D’après Mora, leur arrivée était prévue pour le lendemain, et laisserait quelques jours au groupe pour se reposer le temps que la caravane se réorganise pour la seconde partie de leur périple.

 - Bell tu m’écoutes ?

 - Oui pardon, tressaillit la yordle

 - Tu m’as l’air ailleurs, sourit Nâmis. Quelque chose te tracasse ?

         La jeune navigatrice resta silencieuse. La veille, elle avait passé la soirée avec Ileae sous les étoiles, à discuter, cependant des tas de questions la taraudaient. Ileae lui avait-elle parlé sous l’influence de l’alcool, ou était-elle réellement sincère ?

Le vieux shurimien n’était pas la première personne à qui elle souhaitait parler de cela, mais il restait le plus sage de ses compères.

 - Dis Nâmis, qu’arrive-t-il à nous mercenaires lorsque nous tombons amoureux ?

 - Mmh ?

         Le sage leva un sourcil interrogatif, regardant la yordle, puis esquissa un sourire.

 - Certains comme le vieux Jäl que tu as remplacé arrivent à rencontrer quelqu’un à terre, qu’ils voient régulièrement, et à l’instar de notre camarade, quittent les planches pour la pierre d’un foyer. D’autres se refusent à toute relation, ayant comme seule compagnie la mer.

 - Et… c’est tout ?

 - Oh non, sourit la shurimien. Certains plus chanceux croisent leur âme sœur au cours de leur périple et voyagent ensemble, comme ton amie Cynthia.

         Au cours de leur premier voyage depuis Bilgewater, leur trio s’était rapproché de plusieurs jeunes marins. Jay, simple mousse, avait noué de solides liens avec plusieurs d’entre eux, mais la mage aux cheveux roses elle s’était fortement rapprochée de l’un deux. Lorsque ce dernier avait été lourdement blessé, elle avait passé les mois d’attente à Piltover à son chevet.

 - Oui elle m’a dit qu’elle et Alid s’étaient fiancés au cours des derniers mois.

 - Heureux ceux qui partagent autant la destination que le périple.

- Mais ne risque-t-on pas de mettre l’autre en danger ?

 - Excellente remarque ! Cependant, tu affrontes déjà le monde avec tes amis, rien ne t’empêche de le faire avec ton âme sœur, à l’instar de nos confrères caravaniers.

         Bell jeta un œil vers la tête du Skallashi. Mora et sa compagne tenaient ensemble les rênes, l’un contre l’autre. La yordle s’imagina à leur place, avec à ses côtés Ileae, sa tête contre le bras de la vastaya.

 - Qu’en est-il de toi jeune fille ?

 - Oh moi rien du tout, rougit Bell.

 - Je vois, tu y vas à ton rythme.

         Malgré l’esprit distrait de son apprentie, le sage continua de lui enseigner diverses choses. Il aborda pour cette fois d’autres régions moins concernées par leur périple, telles que l’archipel d’Ionia.

         D’après lui, il s’agissait d’une des plus belles terres de tout Runeterra. Il était situé tout au nord de Bilgewater, et abritait des terres riches en magie, ainsi que des espèces très différentes. Comme toujours, les vastayas intriguaient la jeune yordle, tous n’étaient pas des hybrides de reptile comme Ileae, mais tous partageaient des caractéristiques d’autres espèces.

         Je me demande si Ileae et moi pourrons y aller ensemble, pensa-t-elle.

         Habitués au rythme du désert, le groupe n’eut pas le temps de voir la journée passer. Comme chaque jour, le camp fut dressé à l’abri des vents du désert, les repas préparés durant la soirée tandis que Bell s’entraînait avec Anna. Ileae quant à elle, continuait à suivre les enseignements d’Holly. La commandante piltovienne était dure, et prodiguait à la scientifique un programme digne des forces armées dont elle avait la charge. Malgré cela, elle suivait rigoureusement les directives, selon la militaire, le groupe aurait besoin de toutes les forces nécessaires en cas de défense contre des ennemis tels que les Kmiros, ou les individus suspects comme Amara, dont elle se méfiait.

         Ce dernier, restant loin lorsqu’il ne devait pas patrouiller, observait tout cela avec attention. Sa démarche était assurée et discrète, il glissait avec aisance et grâce, en silence sur le sable chaud. Sa démarche rappelait à Ileae celle de sa mentor, qui l’avait formée à Zaun.

         Le soleil couché, la petite troupe se retrouva au coin du feu, cherchant un peu de chaleur face à la nuit désertique s’annonçant.

 - Alors, quel est votre programme à la capitale ? Demanda Anna souriante. Nous aurons quelques jours de libres.

 - J’aimerai m’acheter une tenue traditionnelle, dit Cynthia. Et toi Bell ?

         La yordle réfléchit quelques secondes, tentant de résister aux images de la vastaya en robe qui défilaient dans sa tête.

 - Je pense aller voir des mages, je pense que ceux de la capitale pourront m’aider.

 - J’espère que tu seras accompagnée, grimaça Holly.

 - On restera ensemble, répondit Ileae en posant la main sur la sienne.

 - Ne vous faites pas capturer par un mage fou un seigneur de guerre ou je ne sais quel malade, railla Cynthia. Ou au moins attendez que je sois avec vous !

         Anna planta un coup de coude à la jeune mage, qui éclata de rire avec Bell.

 - Cette fois, commença la freljordienne avec un sourire mauvais, au moindre signe de danger on fonce dans le tas.

         La jeune fille avait encore en tête l’image de leur lieutenant, se jetant comme une bête sur la créature qui les avait attaqués en pleine mer quelques mois auparavant. L’idée de voir la montagne de muscle qu’était la freljordienne se battre contre des humains laissait présager un très mauvais moment pour ces derniers.

         De loin, un des caravaniers indiqua au groupe que le repas était près. Une partie se leva, tâchant de ramener un bol pour les autres.

 - Je t’en prends un, dit Ileae.

         Elle se pencha, déposa un baiser sur la joue de la yordle, avant de se lever et de se diriger d’un pas léger vers le repas. Bell resta assise, le visage rouge et sans voix.

 - Eh bien, sourit Cynthia, il s’est passé quelque chose ?

         La jeune fille marmonna quelques mots en rougissant de plus belle.

         Leurs amis revinrent avec les restes du ragoût de la veille, et la soirée continua son cours. Chacun avait son programme pour la capitale, Reiner écumerait les boutiques de médecine, Anna et Holly les armureries et forges, Nâmis retrouverait de vieilles connaissances. Clapper qui restait aux côtés de sa maîtresse sentait leur arrivée proche, et se réjouissait de pouvoir rester à terre un moment.

         Comme tous les soirs, tous trouvèrent leur tente, ainsi que le sommeil, excepté Bell. D’une part, l’anxiété et l’appréhension quant à l’arrivée dans une grande ville la perturbait. D’une autre, comme chaque soir elle redoutait le moment où elle fermerait les yeux, de peur de retrouver les visions et cauchemars qui ne la quittaient pas.

         Fidèle à son habitude, elle regarda lentement passer les heures, tentant de chercher le sommeil dans un carnet, entre deux brouillons et notas, espérant que vider sa tête sur papier aiderait.

         Finalement, elle opta pour une balade nocturne. Elle émergea de sa tente dans la fraîche nuit shurimienne, frissonnant face à la légère brise du désert. Au-dessus d’elle, le ciel étoilé illuminait les dunes environnantes, l’atmosphère idéale pour une promenade.

         Elle grimpa sur un tas de rochers, profitant de la vue pour observer les alentours. Comme la plupart du temps, le calme plat du désert n’était perturbé que par les patrouilles de mercenaires chargés de garder le camp de nuit. Ces derniers, discrets, glissaient sur le sable en silence.

         Une douce mélodie parvint aux oreilles de la jeune fille, qui en devina la provenance. Un doux son de cordes frottées résonnait, ce qui n’avait plus rien à voir avec ce que la jeune fille avait entendu les précédents jours. En réalité, Amara possédait et maîtrisait plusieurs instruments différents, ce qui l’impressionnait.

Elle sauta agilement de rocher en rocher, tel un félin, et se hissa sans un bruit en haut d’un autre amoncellement. Comme à ses habitudes, le mercenaire se trouvait assis en tailleur, tourné vers le désert. Bell le devina concentré sur son jeu, malgré le fait que ce dernier fut de dos, elle voulut se poser non de lui, mais la musique s’interrompit.

 - Pardon je ne voulais pas déranger, continue, dit-elle en rougissant.

         L’homme lui sourit, puis reprit. La jeune fille appréciait entendre son comparse jouer, d’ordinaire la musique ne semblait pas autant l’atteindre, mais le shurimien semblait insuffler quelque chose à la sienne.

 - Du mal à dormir ? Lança-t-il. Quelque chose ne va pas ?

 - Oui en quelque sorte.

 - As-tu pris le temps de concerter tes amis pour demain ?

 - Pour rendre visite à tes connaissances ? Je ne compte pas leur demander l’autorisation, sourit-elle. C’est à moi de prendre cette décision.

         Amara sourit, tandis qu’il réglait son instrument. Celui qu’il tenait entre les mains était très singulier, d’une grande forme ovale traversée par des cordes, le shurimien le maintenant légèrement penché sur le côté. Sur le dessous de l’objet se trouvait une manivelle, tandis qu’il maintenait le tout dans ses bras par le flanc, ou se trouvaient des touches qu’il pressa les unes après les autres.

 - Tu en as déjà vu ? Demanda-t-il voyant le regard curieux de la jeune fille.

 - C’est une vielle à roue exact ? J’en ai eu l’aperçu dans certaines auberges de Bilgewater. J’ai entendu dire que c’était très dur à apprendre.

 - En effet. J’ai pris pas mal d’années pour la maîtriser, mais les vielles se marient à merveille avec ma magie.

 - En quoi consiste tes pouvoirs ? Si ce n’est pas trop indiscret.

         L’homme sourit, posant son instrument sur le côté.

 - Ma magie est une forme d’évocation, enfin un de ses dérivés. Je peux insuffler un peu de mon énergie dans mes mélodies, et ainsi influencer ceux qui l’entendent.

 - L’évocation est vue soit comme une sous magie, soit comme l’apanage des manipulateurs, commenta la yordle.

 - Nos talents sont souvent mal vus, mais entre de bonnes mains ils peuvent contribuer à aider les âmes sur notre route.

         Bell tiqua lorsque le shurimien avait précisé qu’il parlait autant de lui que d’elle. Nos talents ? Se demanda-t-elle.

 - C’est ce que tu as utilisé contre les Kmiros ? Ils comprennent le concept de musique ?

 - Précisément ! Enfin ils ressentent les vibrations et sont sensibles à ma magie, en revanche je ne saurais dire s’ils éprouvent quelque chose en m’entendant jouer.

         La yordle fixa les dunes au loin. L’idée d’insectes géants mélomanes l’aurait bien fait sourire, si ces derniers n’avaient pas attaqué mortellement plusieurs de leurs camarades.

 - L’application la plus intéressante est cependant sur nous autres humanoïdes, ajouta Amara. Je peux provoquer toutes sortes d’émotions, les soulager comme les exacerber, mais je peux surtout plonger mes auditeurs les plus consentants en transe.

 - Ce qui doit être utile pour les gens venus méditer dans le sable, sourit Bell.

 - Pas que, soupira Amara en étouffant un rire. Je peux aussi forcer les gens dans une introspection, les mettre face à ce qu’ils évitent.

 - Des gens ont vraiment envie de faire ça ?

 - Oui, affronter ses peurs en soi est moins dangereux et contraignant que de les provoquer en vrai.

 - Je n’ai pas peur, enfin pas de ce qu’il y a en moi.

 - Tu crains pour les autres c’est ça ?

La yordle hocha la tête silencieusement, laissant son regard trainer sur le sable du désert.

 - Tu redoutes le fait que tes amis soient blessés, tu te soucies bien peu de toi-même tant que les autres vont bien. Toi tu as vu pire tu sais que tu t’en sortiras, mais tu détestes voir tes proches souffrir, à tel point que tu as peur de leur en parler.

         Bell soupira, et tourna la tête pour cacher une expression triste.

 - Je te propose mon aide, compte tenu de ta situation c’est le moins dangereux.

 - Qu’est-ce que tu en sais ?

 - Ce que tu as en toi gagnes du terrain n’est-ce pas ? Tu as eu beau lutter ça te dévore, ça te change. Chaque utilisation de ta magie te fait perdre pieds alors tu as cessé de l’utiliser, et pourtant ça continue petit à petit. J’ai raison ?

         Une fois encore la jeune navigatrice resta silencieuse.

 - J’irai voir tes connaissances demain, finit par dire Bell. Je veux en savoir plus, et je veux que les autres viennent, peut-être qu’à plus on saura quoi faire.

         Amara sourit, et acquiesça.

 - Un petit morceau avant d’aller dormir ?

         La yordle accepta avec joie, laissant la mélodie du shurimien apaiser ses songes.

 

*

 

         Bell plissa les yeux, utilisant sa main pour tenter les cacher de la lumière. Le soleil, alors haut dans le ciel, frappait le convoi de toute sa force, et ses rayons se reflétaient sur le qui leur faisait face. Malgré les lunettes offertes par la scientifique, l’astre malmenait ses pauvres yeux.

         Devant eux se dressait le fameux Disque Solaire, un gigantesque cercle d’or qui planait à la verticale au-dessus du sol, d’un diamètre de plusieurs centaines de mètres. En dessous, une cité tout aussi imposante de dressait, enchevêtrement de milliers de bâtiments imposants disposés en rues que la yordle avait hâte de parcourir. La ville était plus haute que le désert aux alentours, mais surtout elle était entourée d’un gigantesque ravin parfaitement circulaire, large de plus de cent mètres, traversé par des ponts régulièrement disposés. Plus bas sur les flancs de la base de la capitale, d’énormes bouches déversaient des torrents qui chutaient au fond dans un bruit agréable.

 - La capitale est la Source du fleuve Mère de la Vie, lança Mora qui conduisait leur Skallashi. Vous en suivrez un bras vers Targon.

 - Targon est une région montagneuse, remarqua Bell, comment se fait-il que l’eau aille dans cette direction ?

 - Tiens c’est vrai ça.

 - C’est une excellente remarque, sourit Nâmis qui assis à ses côtés. En réalité les sols de Targon sont parsemés de cavités complexes, et la Mère plonge dans les sols lorsque ce dernier commence à s’élever.

 - Donc c’est un fleuve souterrain à partir d’un moment. C’est un peu comme Zaun ?

 - En quelque sorte, mais en plus naturel et plus complexe, comme si des vers géants les avaient creusées.

 - On ira en visiter ?

 - Certaines cavités sont accessibles, sourit le sage, et parfois habitées.

         Bell esquissa un grand sourire, l’idée de découvrir encore plus de paysages l’enchantait. Pour l’heure, elle avait hâte de parcourir les rues de la capitale shurimienne.

         À mesure qu’ils franchissaient les dernières dunes les séparant de la cité, le convoi rencontra de plus en plus de monde. Des caravanes elles aussi venues faire une halte en ville, des itinérants des mercenaires et des explorateurs sillonnaient les sables en contrebas. Mora leur avait expliqué que de très nombreuses personnes arpentaient de désert, qui était pour une bonne partie de leur population leur principal lieu de travail, et de vie.

         Aux abords du ravins, le sol muai des sables désertiques à une pierre taillée et précisément disposée. Des piliers eux aussi en pierre, se dressaient un peu partout, certainement allumés la nuit pour éclairer les voyageurs. Le convoi s’engagea sur un des énormes ponts en pierre qui surplombaient l’immense douve. La taille des ouvrages rappelait ceux qu’ils avaient pu emprunter à Piltover, cependant même si la largeur des ravines de la cité du progrès était comparable, ici le groupe pouvait observer le fond de la douve, où plutôt le deviner. Les eaux du fleuve se jetaient avec force en bas, couvrant la rivière au fond d’une brume qui remontait rafraîchir les passants.

 - Impressionnant n’est-ce pas ? Lança Mora.

 - Très impressionnant, souffla Bell. Ça me rappelle Piltover.

         La similarité des ouvrages s’arrêtait cependant à leur imposante taille, car ici l’œuvre était à la pierre, plus pure, en gros bloc finement ouvragés. Ces ponts, contrairement aux édifices métalliques de Piltover, étaient bien plus massifs, et les précédaient certainement de nombreux siècles

         Sous les ordres du maître en tête, le convoi traversa deux immenses portes, dont les battants en bois étaient si grands qu’ils devaient au moins demander vingt personnes au moindre mouvement, étaient maintenus par des murs aussi époustouflant que le reste. Si la douve ne dissuadait pas une quelconque invasion, les murailles s’en chargeraient sans mal.

         Sous les yeux de la jeune fille, les premières rues de la capitale se dessinèrent petit à petit. Clapper, sur le côté, s’était dressé sur ses pattes, à l’affût.

 - Toi aussi tu as hâte de te dégourdir les jambes, sourit Bell en lui gratouillant le cou.

         L’animal fit joyeusement claquer sa mâchoire, scrutant autour d’eux.

         En contrebas, dominés par les très haut Skallashis, des passants allaient et venaient en tous sens. Ce qui frappa la navigatrice, fut que contrairement à Nashramae la population était très largement moins cosmopolite, ce qui selon Nâmis s’expliquait par les faits que peu d’étrangers faisaient le déplacement vers la capitale en comparaison de la cité des marchés, et le quartier dans lequel ils se trouvaient était plus axé sur l’itinérance que le tourisme ou le commerce.

         Le convoi finit par s’arrêter dans un ensemble de bâtiments destinés à l’accueil des Skallashis très similaires à ceux de Nashramae, et à l’instar de cette dernière, l’atmosphère qui y régnait était tout aussi vive que professionnelle. Des marchands échangeaient avec des artisans et éleveurs, tandis que les marchandises étaient transportées un peu partout. Les itinérants se mirent au travail dès leur arrivée, Victor vint alors trouver Bell et son groupe qui s’était rassemblé.

 - J’espère que vous avez apprécié cette première partie du voyage, sourit le maître caravanier.

 - Oui ! Répondirent en cœur les mercenaires.

 - Excellent ! On se charge de la suite, on ira en effectif réduit, seulement six Skallashis sur ce voyage. Nous serons prêts dès demain mais vous comptiez rester quelques jours, prévenez-moi dès que vous voudrez partir.

 - Merci Victor, sourit Nâmis qui déposa sa main sur l’épaule de l’itinérant. Ton aide comme ta compagnie nous sont précieuses.

 - Haha c’est réciproque vieux frère.

         Ce dernier rit bruyamment en s’éloignant.

         Le groupe emboîta le pas du sage, qui fort de ses contacts, connaissait une auberge et ses tenanciers, en périphérie du cœur de la cité. Ce dernier avait pris le temps de dresser de petits plans de repérage qu’il distribua à ses compagnons, il avait pris soin de noter les monuments et éléments particuliers qui aideraient ses amis à se retrouver en ville s’ils venaient à se perdre. En réalité, la reconstruction de la capitale et le retour de son empereur étant récent, Nâmis et Anna étaient les seuls à avoir déjà mis les pieds ici.

         Sur le chemin, Ileae ne cessait de s’extasier devant tout ce qu’elle voyait. Les bâtiments étaient ici bien plus grands qu’à Nashramae, dans leur pierre du désert, massifs, très ouvragés nonobstant. Le style shurimien, plus brut qu’à Piltover, resplendissait de toute sa majesté au cœur d’une ville aussi gigantesque qu’active. Le blanc cassé des pierres sublimant le vert pâle de celles utilisées pour les toitures, et les quelques boiseries rares parsemaient le tout, ajoutant des couleurs aux tissus des rideaux.

         Tout ici était une version plus grande, plus impressionnante de Nashramae, les échoppes, les auberges, les habitations, et la foule. Au détour d’une ruelle, le vieux sage les guida vers un petit bâtiment, à l’abri des regards. Il ouvrit la porte pour inviter ses compagnons à entrer, et sous leurs yeux, se dévoila la grande salle d’une auberge à la décoration… bilgewatienne !?

 - Désolé nous sommes complets braves gens, tonna une voix féminine.

 - J’en doute fort, rétorqua le sage en souriant.

         Une femme, assez âgée, sortit de l’arrière-boutique en trombe. À en juger par son expression, le groupe devina que son caractère devait être aussi trempé que sa voix était forte.

 - Ça alors Nâmis !? Vieux briscard tu pourrais écrire avant de débarquer. Ça fait combien de temps, plusieurs années au moins ?

 - Oh tu sais moi et l’écriture c’est compliqué, j’essaie toujours d’apprendre !

 - Me prends pas pour une buse, tu es le tas d’os le plus cultivé de tout le continent. Alors qu’est-ce qu’il vous faut, tu m’as amené des petits nouveaux !

         La vieille femme distribua accolades et poignées de main avec un grand sourire, et un visage rayonnant.

 - Ici nous avons Cynthia, mage qui étudie auprès de Reiner que tu avais vu à ses débuts, ainsi qu’Ileae de Zaun, et Mademoiselle Holly Bertillon de Piltover. Mes amis je vous présente Ashvea, une vieille amie.

 - Et la petite chose là ?

 - Voici Bell nôtre future navigatrice, Jäl a pris sa retraite et est resté à terre avec sa femme.

 - Et tu devrais faire de même tiens, railla l’aubergiste. Enfin bon, qu’est-ce qu’il vous faut ?

 - De quoi coucher, manger pour quelques jours, et des renseignements.

 - J’ai une chambre pour les trois jeunes, mais avec un lit double, une pour la piltovienne et madame muscle lits séparés, et un cagibi pour le petit Reiner. Et dire que je t’ai connu tu étais haut comme ça, ne t’inquiètes pas tu auras un lit. Toi Nâmis tu dors dans le miens, tu n’as pas tellement le choix.

         Reiner, d’ordinaire bougon, se détourna en rougissant. Anna quant à elle sourit et bomba le torse en entendant la vieille parler d’elle. Cette dernière offrit une tournée à son équipage, laissant à la lieutenante le loisir de leur parler du programme. Personne n’ayant d’affaires urgentes en ville, le départ serait prévu pour dans deux jours, afin de laisser le temps aux caravaniers de se reposer. En réalité, Bell le voyait, le groupe était fatigué, et avait hâte de reprendre la route pour arriver rapidement à Targon. Peu avant le coucher du soleil, la vieille aubergiste guida les membres du groupe vers leurs chambres.

Comme toujours, la yordle partageait sa chambre avec ses jeunes compagnons de routes. Cette dernière était à l’instar du reste de l’auberge, dans un style particulier, de décorations en bois, de meubles épais, rappelant Bilgewater aux insulaires.

 - Je vous laisse le lit double, sourit Cynthia avec un sourire en coin.

         Ileae rougit de concert avec la jeune navigatrice. Clapper lui semblait être le plus enthousiaste du groupe quant à ses retrouvailles avec le confort, il sauta de l’épaule de sa maîtresse pour se précipiter sur le lit, où il sautilla avec joie, faisant apparaître un sourire sur le visage des trois voyageuses.

 - J’espère que vous avez des idées pour la journée de demain, lança-t-elle en déballant quelques affaires, parce que moi aucune.

 - Tu ne veux pas acheter de nouvelles tenues ? questionna Bell.

 - Pas tellement.

 - Pour tout vous dire j’ai un objectif, avoua la yordle, et j’aurais besoin de vous.

         Elle s’assit, n’osant pas regarder ses amies dans les yeux. Ces dernières comprirent à son ton que le sujet était important, et portèrent toute leur attention à leur camarade.

 - Amara m’a proposé les services d’une mage soigneuse qui pourrait m’aider avec ma magie, je voudrais que vous m’accompagniez.

         La mage et la vastaya se regardèrent et poussèrent un soupir ensemble, avant de s’asseoir aux côtés de leur amie.

 - Evidemment que l’on viendra ! Tu ne penses pas qu’on te laisserait tomber quand même.

 - Je te lâche plus maintenant, dit Ileae en l’enlaçant, si tu as besoin de nous alors on t’aidera sans hésiter.

 - Tu n’as pas à t’inquiéter, continua Cynthia, tout ira très bien.

         La gorge serrée, Bell ne put remercier ses amies, et se contenta de leur rendre leur étreinte.

 

***


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