Bell de Bilgewater

Chapitre 69 : Partie 4 - Chapitre 33

4795 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/01/2023 18:04

           Chapitre 33

 

         Il fallut encore quelques jours à Ileae pour se remettre sur pieds, ne pouvant parcourir librement Zaun, Bell se retrouva seule lors de ses escapades. Elle rejoint chaque jour le groupe d’enfants de la mine abandonnée, profitant de les voir avant qu’elle ne quitte la cité.

         Bien entendu, ils savaient tous ce qu’elle avait fait, et plaisantait du fait qu’elle soit maintenant Baronne d’un gang. Ileae n’était pas apte à venir les voir, elle choisit de guider le groupe au sein de la Décharge. Nahia, de prime abord contre l’idée, avait laissé faire. Elle voyait en ces enfants de jeunes zauniens prometteurs, et capables de garder le secret.

         Klem restait inconsciente, plongée dans un coma profond. Son état était relativement stable, mais il faudrait sûrement des semaines pour qu’elle se réveille enfin, et des mois pour retrouver une forme minime.

         Le blocus étant levé, Bell reçut une lettre, qu’elle lut en compagnie d’Ileae. En haut, ses amis l’attendaient avec impatience, soulagés de la savoir en vie. L’expédition avait été délayée de plusieurs semaines, espérant sauver leur navigatrice coincée en Zaun, mais avait fini par partir, Jay avec eux. Les travaux sur le Somua n’étaient pas du tout terminés, retard dû à la guerre civile.

         En lisant les mots écrits par ses amis, Bell ne put s’empêcher de sentir les larmes lui monter aux yeux. Ils lui manquaient terriblement, elle avait hâte de retrouver Clapper, son petit rat des quais, qui lui aussi devait attendre.

         Bell et Ileae purent passer leur dernière nuit ensemble, dans leur appartement zaunien. Un dernier repas préparé à la Décharge, qu’elles passèrent en compagnie de Nahia, et de Vira passée pour l’occasion.

         Le lendemain sur la grand-place, une grande partie des presque trois-cents habitants vinrent saluer une dernière fois les deux jeunes filles. Aucun n’oublierait l’aide apportée par la scientifique et son amie yordle, dans ce qui était pour eux un paradis caché sous l’enfer.

 - Tu vas nous manquer, sourit Nahia en s’approchant de Bell. Ça aura été un plaisir immense de vous recevoir toutes les deux.

 - Je reviendrais vous rendre visite ! Je vous dois énormément, sans vous je ne sais pas ce qu’il serait advenu de nous.

         La cheffe serra la navigatrice dans ses bras, cette dernière ne put à nouveau pas s’empêcher de verser quelques larmes. Elles étaient restées trois mois et demi dans Zaun, dont l’immense majorité au sein de la Décharge.

         Elle offrit à Bell une lame, un Khopesh, flambant neuf, forgé par un des artisans. D’un métal bleu presque noir, l’arme était sertie d’une gemme rouge, finement taillée. Un cristal d’Ileae, sourit Bell.

         La foule leur offrit une ovation, qui noua la gorge des deux jeunes filles, triste de quitter la cavité.

         Elles se tournèrent, et rejoignirent Holly, qui attendait avec son escouade.

         Ils équipèrent leur respirateur une ultime fois, empruntèrent un des élévateurs. Discrètement, elles s’engagèrent dans les rues, fondant au travers du Gris, très épais aujourd’hui.

         Certains ascenseurs hurlants avaient été détruits par les Ratels lors des combats, mais d’autres subsistaient. Le groupe passa une barricade, désormais vestige de combats acharnés, et s’éleva, dans le vacarme assourdissant, mais réconfortant, de l’engin.

 

***

 

         Le bruit de leur pas foulant le pavé s’éleva, dans ce quartier zaunien qui jouxtait les abords de Piltover. Face à elles, un des énormes ponts de pierre et de métal qui faisait frontière entre les deux villes s’élevait. Partout autour, l’environnement portait les stigmates d’affrontements : chaussée et murs abîmés, traces de lutte, d’explosions et de coups de feu.

         Sur le pont, une barricade s’élevait. Elle semblait étrangement travaillée, pensée, construite pour être aussi efficace qu’imposante.

         Typiquement Piltovien, ricana Bell seule.

         Holly s’avança avec ses compagnons, s’adressant aux pacifieurs qui gardaient le pont. Ces derniers, cachés derrière des masques, les laissèrent passer. Pas si différents des zauniens dans le fond.

         Ils passèrent la barricade, avant de s’engager dans les rues. Leur chemin les mena à une grande avenue, jouxtant une des ravines de Zaun. De loin, Bell put apercevoir un groupe, qui attendait.

         L’équipage du Somua.

         Des dizaines de marins attendaient, regardant tout droit partout pour voir enfin leur camarade. Clapper, qui se reposait dans les bras de Cynthia, lâcha un glapissement, avant d’en sauter. Il se précipita au travers de la foule.

         Tel un boulet de canon, il se jeta sur Bell, qui avait couru vers lui aussi.

 - Clapper tu n’as rien ! dit-elle la gorge serrée. J’étais si inquiète, ils se sont bien occupés de toi ?

         Le petit rat des quais fit claquer sa grande mâchoire, la fixant de ses yeux perçants. Il grimpa sur son épaule, s’enfouissant au creux de son cou.

         Le groupe approcha, comme une vague dans la rue. Ils étaient presque tous venus, Morgan et Anna, Cynthia, Reiner le médecin, l’effrayant Jenkins, et tous les membres n’étant pas parti avec l’expédition en Ixtal.

         Le premier attrapa Bell de ses bras et la souleva de terre, il la serra si fort qu’elle en eut le souffle coupé, comme si elle risquait de disparaître.

 - Tu nous est revenue, enfin, dit-il soulagé.

         L’espace d’un instant, la jeune fille cru voir perler une larme au coin du visage souriant de Morgan.

 - Je suis en grande forme capitaine ! affirma-t-elle en tentant de revenir au sol.

         Le capitaine la déposa, et ce fut au tour de Cynthia de se jeter sur elle. Elle fondit en larmes, soulagée de retrouver enfin son amie d’enfance.

 - Regarde-toi, tu as changé, dit-elle en la regardant plus en détail. Ta peau et ta fourrure… tu m’expliquera tout ça en détails !

         Anna Wajäard, la freljordienne qui l’avait formée au combat, posa son énorme main sur la tête de la minuscule yordle. La montagne de muscle qu’était la seconde du capitaine n’eut pas à décrocher un mot, Bell lut dans ses yeux le soulagement, et un peu de tristesse.

         À côté, Ileae retrouvait Maria Wajäard, et son mari Johan, soulagés eux-aussi de voir revenir leur amie sauve. Holly quant à elle faisait déjà le rapport de sa mission à la sœur d’Anna, tandis que le médecin-joaillier inspectait la vastaya, qu’il aurait à soigner.

         Le soleil commençait à tomber, sur les toits de la cité lumineuse. L’effervescence piltovienne n’avait pas changée d’un iota, les hommes et femmes toujours pressés arpentaient les rues, habillés d’élégantes tenues. Si l’on ne regardait pas de trop près, ni l’atmosphère ni l’environnement ne trahissaient l’envergure du conflit qui s’était déroulé au cours des trois derniers mois.

         Le manoir était inchangé, toujours aussi beau, abritant les travailleurs du professeur Grimbel derrière ses somptueuses façades. Pour fêter le retour de leur navigatrice, ce qui restait de l’équipage était invité à festoyer dans l’immense salle de repas, auxquels se joignirent les travailleurs du manoir.

         À leur table, entre deux pintes de bière, les proches de Bell et Ileae écoutaient attentivement leurs aventures vécues au cours des semaines passées.

         La yordle leur conta leur capture, les expériences, sa peau devenue rosâtre et ses yeux presque bleus. Leur évasion, la découverte de la Décharge, des Ratels et de la guerre. Elle parla des missions, de Nahia Klem et Venos. Elle leur avoua sa magie, ses pouvoirs, et comment une bande de gamins d’une mine abandonnée l’avait aidée.

         Ileae leur détailla les opérations, ses inventions et bricolage, et même leur cuisine ! Elles dévoilèrent leur tatouage, ce qui fit siffler d’admiration leur audience. Bell leur narra l’infiltration dans le bastion scientifique, les goules, les morts.

         Enfin, elle leur décrit leur dernier combat, les blessures, et son duel contre Vildoric Mesrine, Baron des Ratels. Holly, qui ne faisait qu’écouter, expliqua les préceptes du gang, et comment la jeune fille avait mis à sa botte ses pontes.

 - Tu es une baronne de la chimie, bafouilla Johan bouche bée.

         Un silence de surprise pesait sur la table, personne ne semblait se remettre des histoires, et plus particulièrement de la dernière partie.

 - Je vais devoir tester tes aptitudes en combat, sourit Anna, j’ai comme l’impression que tu as fait quelques progrès.

         Bell la regarda d’un air de défi, ce qui fit sourire la freljordienne.

         La soirée continua, la fête battit son plein, jusqu’à une heure tardive. Épuisée, la yordle finit par s’éclipser discrètement.

         Les couloirs, baignant dans une douce lumière jaune, et la décoration piltovienne détendirent Bell. Elle était enfin de retour, auprès de ses amis. Par la fenêtre, elle regarda de loin une colonne de fumée qui s’élevait d’une des ravines menant à Zaun. Ils vont me manquer.

         La porte de sa chambre s’ouvrit, sur cette odeur de propre qui lui avait manqué. Tout était à sa place, les seules parties de la chambre qui semblaient témoigner d’une vie étaient celles de Cynthia.

         En s’approchant de son bureau, Bell écarquilla les yeux de surprise. Sur le meuble était posé un vêtement, soigneusement plié.

         Mon écharpe ! Si elle est ici alors…

         Elle aurait besoin de poser quelques questions au capitaine Morgan.

 

***

 

         Comme attendu, les premiers jours à Piltover furent plutôt calmes. Bell était principalement au repos, retrouvant ses habitudes au sein de la jumelle lumineuse. Les rues dehors étaient presque inchangées, à l’exception d’une présence importante de pacifieurs armés.

         La jeune fille commença par retrouver les falaises qui bordaient l’océan, le vent qui charriait l’air marin sur le visage duveteux de la navigatrice. À ses côtés, Clapper ne lâchait pas sa maîtresse d’une semelle, ravi de retrouver sa place au creux de son cou.

         Comme convenu, le Navire marchand qui les mènerait à Nashramae pour qu’ils empruntent une caravane serait prêt dans les jours suivants, laissant à l’équipage le soin de préparer convenablement leur voyage.

         Leur convoi serait composé d’Anna, seconde du capitaine, de Reiner le médecin et Cynthia qui continuait sa formation, de Nâmis l’ancien, et évidemment de Bell. Morgan ainsi que le reste de l’équipage resteraient à attendre la fin des réparations du Somua, avant de les rejoindre à Targon en contournant le continent shurimien par le sud.

         Bell parvint à convaincre ce dernier de l’accompagner lors de sa rencontre avec le doyen de l’académie, et Heimerdinger, le professeur dont on lui avait tant parlé. Dans un même temps, elle déplora l’absence d’Ileae. Son amie depuis son retour, avait petit à petit repris du poil de la bête, et passait du temps un peu partout, mais toujours loin du manoir, et de Bell.

 

         Sur le chemin de l’académie, Morgan semblait aussi jovial qu’à son habitude. Sa moustache cachait à peine l’immense sourire qui ne le quittait jamais. Il parlait de l’ennui qu’il ressentait dans cette ville, coincé tandis que son bâtiment avait besoin de réparations.

         Pour un homme de Bilgewater, voir son navire dans un tel état faisait le même effet que celui de voir un proche blessé.

 - Capitaine, j’ai une question, lâcha Bell.

 - Je t’écoute !

 - Dans Zaun, j’ai vu beaucoup de choses. Les Ratels ont été attaqués, par quelque chose, ou quelqu’un d’inconnu.

         Le sourire de l’homme s’assombrit.

 - Toujours des lieux appartenant à nos ennemis. Hier, j’ai retrouvé mon écharpe sur mon bureau. Elle était restée chez Krenn après ma capture.

 - …

 - Je veux savoir si oui ou non vous êtes responsables de ces attaques.

         Le capitaine s’arrêta, au milieu de la rue, et s’accroupit. Sa mine était sombre, et son sourire disparu.

 - Écoute Bell. Un savant fou avait capturé un membre de mon équipage, je ne pouvais pas rester sans rien faire.

 - Vous avez envoyé Jenkins.

 - J’ai fait ce qui était en mon pouvoir pour te sortir de là, Jenkins était le seul à pouvoir passer. Malheureusement tu restais introuvable…

 - Ces hommes et femmes ont été massacrées, dit Bell les dents serrées, dans d’atroces souffrances. Je ne veux pas qu’on fasse ça pour moi.

         Le visage du capitaine s’assombrit, couvert d’un voile de honte.

 - Mais merci… d’avoir au moins tenté de me sauver.

         La yordle sauta au cou de son supérieur, le serrant dans ses bras.

         Le sourire du capitaine revint, de même que sa bonne humeur, alors qu’ils s’engageaient sur le pont menant à l’académie.

         Face à eux, les imposants bâtiments surplombaient la majorité de la ville, sur leur île à quelques dizaines de mètres de l’embouchure du canal artificiel. Comme toujours, des centaines de personnes, étudiants professeurs et visiteurs, se bousculaient un peu partout, allant et venant entre les différentes sections de l’académie.

         Leur rendez-vous se trouvait tout en haut de la tour la plus haute, au sommet de laquelle siégeait le doyen. Un élévateur, bien plus silencieux que ceux menant à Zaun, les transporta devant une grande porte, que le capitaine poussa.

 - Jeune Bell ! Te voici enfin entre donc.

         Derrière son bureau, le vieil Horace Hekins s’était levé pour accueillir ses invités. À ses côtés, une autre personne attendait. Il était petit, à peine aussi grand que Bell, il arborait une tenue piltovienne plutôt sobre, ressemblant à celles portés par certains scientifiques. Une épaisse fourrure jaune se dressait sur sa tête, contrastant avec le blanc de celle de son visage. Une très épaisse moustache barrait son visage, faisant ressortir deux yeux d’un bleu perçant.

 - Ma jeune amie, je te présente le professeur Heimerdinger, qui siège au conseil de Piltover.

         Le scientifique s’avança, serrant la main de la jeune fille, puis de son capitaine avec un grand sourire. Le doyen les invita à s’asseoir sur les fauteuils entourant son bureau.

 - C’est un honneur, bafouilla Bell.

 - Pour moi aussi ! répondit-il. Alors, dis-moi d’où tu nous viens, je ne crois pas t’avoir déjà vu ici ou à Bandle.

 - Je suis de Bilgewater.

 - Une mercenaire ? J’ai croisé un de nos pairs qui voyageait sur les mers, il avait lui aussi une superbe moustache, et portait une relique parlante comme chapeau.

 - Vous êtes un des premiers yordles que je rencontre, j’avais demandé une entrevue pour en savoir plus sur notre espèce…

 - N’y a-t-il pas de nombreux yordles sur l’archipel ? demanda Heimerdinger avec un regard interrogateur.

 - Si, acquiesça Bell, mais j’ai entendu dire que les nôtres avaient la capacité de changer leur apparence.

         Morgan leva un sourcil, curieux. En face, le visage d’Horace s’assombrit.

 - Et maintenant que tu voyages, tu souhaites en savoir plus. Tes parents ne t’ont rien dit ?

 - Ses parents ont disparus, elle est orpheline, rétorqua Morgan.

 - Oh je vois… toutes mes excuses jeune fille. En effet, les yordles sont des êtres magiques, nous pouvons camoufler notre apparence, au point même de nous faire passer pour humains.

 - J’ai déjà eu de nombreuses informations sur notre espèce grâce à une de vos connaissances cachée à Zaun. Notre langue, les portails menant à Bandle, pourquoi on nous pense si peu nombreux.

         Les deux anciens se regardèrent dans les yeux, cherchant de qui il pouvait s’agir.

 - Je pense que le nom de Nahia pourra vous rafraîchir la mémoire, continua Bell. Elle, comme notre ennemi Krenn, m’ont mis sur une piste très intéressante. Vous saviez que la bibliothèque renfermait un registre datant de l’époque de l’ancienne Zaun ? Il réunit les noms de nombreux savants de l’époque.

         Autour d’elle, ni les deux piltoviens, ni le capitaine, ne voyaient où la jeune fille voulait en venir. De son côté, Bell se concentra, tout en parlant. Autour du doyen, une quantité incroyable de flux s’amassaient, collés à même la peau de l’homme.

 - Ce qu’il y a d’amusant, dit-elle en souriant, c’est que vos deux noms y étaient inscrits en toutes lettres. Celui de notre professeur ci-présent ne m’étonne guère, mais qu’est-ce que le vôtre faisait-il dans cet ouvrage vieux de plusieurs siècles ?

 - Ma famille est ancienne, sourit le doyen, elle vivait dans la région il y a longtemps.

 - C’est une possibilité, sourit Bell. Ou peut-être est-ce un autre mensonge.

         La vieil homme était confiant, ce qui ne semblait pas être le cas de son collègue. Heimerdinger jetait un regard inquiet à son collègue, tandis que Morgan avait l’air confus. Son visage affichait une drôle d’expression, comme s’il était perdu, mais comprenant des choses dans un même temps.

 - Vos paroles ne sont que des mensonges, affirma la jeune yordle d’une voix convaincue, il en va de même pour votre apparence. Les mots du professeur Heimerdinger un peu plus tôt me l’ont confirmé.

         La jeune fille leva la main, doucement, la pointant sur le vieil homme. Avant que le capitaine ou le conseiller eurent le temps de réagir, de fins rubans violets jaillirent d’elle. Les mains à leurs extrémités déchirèrent les sorts qui collaient à la peau du doyen.

         L’homme rapetissa, dans une lumière orange, disparaissant derrière le haut bureau.

 - Je vois… dit-il. Tu es bien plus perspicace que tu en as l’air.

         Une petite masse touffue sortir de derrière le meuble, l’escaladant avant de se placer debout sur le bois. À la place du doyen, se trouvait maintenant un yordle.

 - Depuis toutes ces années… marmonna Morgan, vous nous avez menti !?

 - Des centaines de yordles se cachent, comme moi, soupira-t-il. Votre navigatrice a vu juste.

 - Ce que vous faites de votre apparence ne m’intéresse pas, lâcha Bell d’un ton sec. Je veux des réponses à mes questions.

         Elle fouilla dans sa sacoche, et déposa un croquis sur la table. Il s’agissait d’une copie qu’elle avait réalisée après avoir trouvé l’original dans les laboratoires de Zaun. À la vue du dessin, le regard du doyen se fit plus sombre.

 - Tu sais de qui il s’agit ? demanda le vieil homme.

 - Oui. Son nom est Îola Colfer, dit Bell d’une voix chevrotante. C’est ma mère.

         Les yeux du capitaine, et d’Heimerdinger, s’écarquillèrent.

 - Tu… tu es leur fille, bredouilla ce dernier. Mais oui j’aurai du le voir.

 - Maintenant, dites-moi tout ce que vous savez sur mes parents.

         Le yordle se tortilla sur son bureau, gêné.

 - Il s’agit de très anciennes connaissances, dit Heimerdinger. Horace que se passe-t-il ?

 - Votre collègue ne vous a pas expliqué qui nous sommes et ce que nous faisons ? demande Morgan avec un sourire.

 - Il ne fait pas partie de l’Ordre de l’Ambre, prétexta le doyen.

 - Nous aurons une grande discussion à avoir, affirma le professeur d’un ton ferme en jetant un regard noir dans les yeux.

         Le vieil académicien se tourna vers Bell, la fixant dans les yeux.

 - Tes parents, étaient de très anciens yordles, les plus vieux que nous ayons pu connaître. Les siècles ont défilé pour eux, ils étaient un couple de savants, chercheur et mage. Lors de la catastrophe des Îles Bénies ils ont commencé à se faire plus distants.

 - Que leur-est-il arrivé ?

 - Petit à petit je les ai de moins en moins vu, j’ai pu prendre contact avec ceux les ayant croisés. Ils sont réapparus pour te déposer à Bilgewater, puis on ne les a plus jamais revus.

 - Pourquoi personne n’est capable de me parler d’eux ? Papy, le capitaine, Nâmis, et Baldassare… Même leur nom !

 - Ils utilisaient la même magie que moi pour se cacher, mais y ont ajouté un effet amnésique. Ils voulaient à tout prix nous protéger, et te protéger toi.

 - J’y crois pas…

         Bell était furieuse. Même si les mensonges de doyen étaient

 - Et pourquoi Targon ?

 - Tes parents ont toujours eu une affinité avec cette région, leurs recherches, et celles portant sur la Brume Noire sont deux objectifs qui concordent.

 - Qu’est-ce que mes parents avaient avoir avec la Ruine ?

 - Pour l’instant on pense qu’ils s’y intéressaient.

 - Vous enquêtez sur la Brume ? intervint Heimerdinger. C’est bien trop dangereux ! Je suis formellement contre !

 - Cette information n’aurait pas dû sortir de nos cercles.

 - Quels cercles ? s’emporta le scientifique. Je n’aime pas que Piltover soit impliquée dans des évènements sans que le conseil soit au courant !

 - Le conseil refuserait tout ce qui ne leur apporte pas de pouvoir, ricana Morgan. Ces recherches concernent des évènements qui dépassent celle d’un simple conseiller.

         Le professeur fronça les sourcils, appréciant très peu d’être rabaissé par un mercenaire. Le doyen calma la discussion, indiquant à son camarade qu’il lui expliquerait tout en temps voulu.

 - Vous ne savez vraiment rien de plus ? demanda Bell acerbe.

 - Non, cette fois c’est la vérité, sourit Horace. Le reste, tu devras le découvrir par toi-même.

         Bell se tassa dans son fauteuil, frustrée de ne pas en savoir plus.

 - Tu as de l’aide dans ta quête, continua le vieil homme. La commandante Bertillon m’a fait part de son rapport, elle vous accompagnera.

 - Comment ? lâchèrent Bell et Morgan en chœur.

 - Vous pourriez en avoir besoin.

 - Je ne suis pas très friand des ajouts de dernière minutes, marmonna le capitaine. Vous auriez pu m’en parler.

 - L’information n’est pas son fort, railla Bell, mais j’ai confiance en Holly.

         Le capitaine acquiesça. Au moins, cette fois sa navigatrice aurait une protection auprès d’elle.

         Bell et Morgan prirent congé, satisfait des informations obtenues, laissant le doyen à ses conversations avec le conseiller yordle.

 

 - Belle performance, sourit le capitaine une fois qu’ils furent de retour dans les rues piltoviennes.

         La jeune fille sourit. Elle avait eu raison de suivre son intuition.

 - Tu as gagné en assurance, remarqua-t-il. Je ne t’avais jamais vu tenir tête à quelqu’un de la sorte. Digne d’une grande Baronne !

         Elle accueillit le commentaire avec un sourire en coin. Elle avait trouvé une chose très importante, plus que tout ce qu’elle avait pu apprendre jusqu’ici.

         Elle avait désormais un nom.

 

***

 

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