Bell de Bilgewater

Chapitre 60 : Partie 4 - Chapitre 24

4154 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/01/2023 17:56

           Chapitre 24

 

         Ayant toujours envie de rester quelque peu isolées, Bell choisit de conduire son amie au complexe minier dans lequel elle avait passé quelques temps avant leur opération des derniers jours. Équipées de leur respirateur, les deux jeunes filles remontèrent en Zaun, le Gris était un peu plus épais aujourd’hui.

         L’atmosphère était pesante, et les rues agitées. Les passants regardaient autour d’eux avec crainte, avançant vers leurs objectifs sans s’attarder. De nombreuses patrouilles de Ratels parcouraient les rues. Selon Ileae, il y avait fort à parier que le gang ai renforcé ses recherches et sa répression après avoir vu l’un de leurs meneurs capturé par un groupe inconnu.

         Même l’ancien district ouvrier où se trouvait la mine, d’ordinaire assez calme, semblait en proie à une pression inhabituelle. Les jeunes filles durent sur le chemin passer par des toits, passages, escalader les bâtiments et conduites pour ne pas se faire remarquer.

         Bell observa son amie qui marchait devant, cette dernière avait tellement changé.

         Je me demande si elle a remarqué à quel point ces dernières semaines l’ont changée, pensa-t-elle.

         Outre le gain d’assurance, la démarche de la vastaya évoluait, plus assurée, elle glissait dans le lourd air zaunien comme une brise légère. Ses cheveux rouge comme le feu, qu’elle laissait auparavant négligemment voler, étaient soigneusement coiffés.

         Klem a eu beaucoup d’influence sur elle, comprit Bell, et c’est pour le mieux.

         Ileae découvrit l’énorme réseau de bâtiments dont lui avait parlé la yordle, avec un souffle d’admiration. Elle avait entendu parler de cette mine, abandonnée faute de rentabilité, laissant une majeure partie du district plonger dans la pauvreté.

         Bell mena son amie au travers du complexe, tandis que cette dernière s’arrêtait pour scruter les machines et systèmes qui meublaient l’endroit. En silence, elle cherchait à comprendre leur fonctionnement, le visage souriant, jetant son regard un peu partout, pour ne rien rater. La vastaya rappela à Bell ses premiers moments à Piltover, et Zaun.

         Elles finirent par arriver dans la salle principale, où trônaient des réseaux de fours, de tamis, et de tapis qui autrefois devaient excaver des tonnes de roche.

 - C’est gigantesque, souffla Ileae, comment un tel site a pu finir à l’abandon.

 - Ça j’en sais rien, admit la yordle.

         La visite continua, la scientifique était ravie de pouvoir visiter une telle installation, son côté chercheuse prenant le dessus comme un enfant au milieu d’un festival piltovien. Ileae finit d’observer quelques machines, avant de se tourner vers son amie, un sourire malicieux sur les lèvres.

 - Que dirais-tu d’une petite course ?

 - Une course d’obstacle ? demanda Bell surprise. Je connais bien le complexe, ça serait injuste.

         Un petit air de défi sur le visage de la vastaya finit par convaincre Bell. Elles choisirent le départ, et l’arrivée, avant de se mettre en place.

         Au top, la yordle réagit au quart de tour, s’élançant sans hésiter. Leur trajectoire traverserait le complexe en longueur, puis monterait pour le retraverser par les hauteurs.

         Bell, comme elle l’avait dit à son amie, connaissait presque par cœur une grande partie de l’édifice, et avait un avantage non négligeable. Durant les premières minutes, elle n’eut qu’à courir en utilisant sa mémoire pour trouver des raccourcis, tandis que la scientifique devait improviser un chemin.

         Arrivée dans les machineries, l’écart confortable qu’avait pu créer la yordle s’amincit, derrière elle la vastaya courait, rapide et élégante. Bell se concentra sur sa course, augmentant sa cadence.

         La jeune fille courrait, si vite qu’elle avait à peine le temps d’identifier les pièces par lesquelles elle passait. Elle sautait, rampait, courait entre les machines, dans les couloirs en ruine.

         À l’autre bout du complexe, elle arrivait au point où elle devrait grimper jusqu’aux conduites qui surplombaient le complexe. Elle identifia une série de conduites qui lui semblèrent assez solide, et entama son ascension.

         Quelques secondes après elle, Ileae s’approcha d’une autre conduite, et suivit son amie vers le plafond. La vastaya n’eut aucun mal à grimper, au moins aussi agilement que Bell, qui se demandait si elle ne pourrait pas la rattraper.

         Avec quelques secondes d’avance, la yordle finit en haut. Plusieurs dizaines de mètres sous elle, l’ensemble de bâtiments s’étendait, silencieux, abandonné. Sans attendre plus, elle se précipita sur un des tuyaux.

         Sous ses foulées, rapides, le réseau métallique craquait, pliait. Bell commença quelque peu à douter de la solidité de l’ensemble. Dès lors que le tuyau lui parut trop fragile, elle s’arrêtait pour sauter vers un autre, espérant ne pas provoquer leur chute.

         Derrière, la vastaya ne se laissait pas distancer, elle réduisait petit à petit l’écart. La démarche de son amie était très différente de d’habitude, elle courrait sur quatre membres, utilisant ses bras pour se mouvoir à la manière d’un reptile. Jamais Bell n’avait vu son amie aussi proche de l’origine de son hybridation.

         Au milieu de leur parcours, des bruits résonnèrent dans tout le complexe. Sous les pas des deux jeunes filles, plusieurs conduites se détachèrent, manquant de les entrainer dans une chute vertigineuse.

         Les conduites sont en train de céder, paniqua la yordle, on doit s’en aller au plus vite.

         À présent, la course ne séparait plus les deux adversaires, elles les opposaient toutes les deux à une chute certaine.

         Devant faire plus attention, la yordle fut forcée de ralentir, prenant soin de choisir les passages qui lui semblèrent les plus sûrs. À cette occasion, Ileae parvint à la rattraper, sautant de plateforme en plateforme, avec une agilité déconcertante.

         Bell en voyant son amie la distancer se sentit vexée. Au diable la sécurité, elle souhaitait gagner. Elle oublia les précautions, et tâcha de compenser l’écart qui se creusait. Finalement, elle dut se résoudre à utiliser ses pouvoirs.

         Après tout, elle a l’avantage de son espèce, se dit-elle, libre à moi d’utiliser le miens.

         Tout en courant, en sautant, elle fit appel à sa magie, et sauta. Un Pas, puis un autre, elle se téléportait de conduite en conduite, de plus en plus vite. Le métal tremblait à chacun de ses passages, si bien que plusieurs réseaux s’écroulèrent dans un fracas violent en contrebas.

         La descente fut très mouvementée, la structure fragilisée lâchait de bruyantes plaintes au passage des deux filles, qui pourtant ne craignaient pas la chute, trop concentrées.

         À ses côtés, la vastaya virevoltait entre les prises, descendant avec une agilité gracieuse les obstacles les séparant du sol. Elle n’était qu’à peine essoufflée, sûre d’elle.

         Magnifique. Elle est magnifique.

         Bell vida son esprit, tentant de se concentrer sur le parcours. Après tant d’efforts, les premiers pieds à fouler le sol de la grande salle furent ceux d’Ileae, rapidement suivis par ceux de Bell, à a peine quelques secondes d’intervalle.

 

***

 

 - Vous pourriez faire attention, lança une petite voix, vous pourriez blesser quelqu’un !

 - Vous allez casser notre territoire ! s’indigna une autre.

         Ileae se tourna dans la direction de laquelle provenaient les reproches, et découvrit avec surprise un groupe d’enfants qui s’approchait.

 - Oh mais c’est la yordle ! lança l’un deux.

         Bell salua les enfants en souriant, retrouvant celui avec qui elle avait parlé magie la dernière fois. Le groupe les mena vers leur cachette, proposant aux deux filles de se reposer.

 - Pourquoi vous faisiez la course ? demanda une petite.

 - Eh bien… pour savoir qui est la plus rapide j’imagine ?

 - Et qui a gagné ?

 - T’es bête c’est Bell, elle a de la magie.

 - Oui mais l’autre elle a des écailles, rétorqua un gamin. J’suis sûr elle cache des trucs.

         Ileae rougit en comprenant que les enfants parlaient d’elle. Elle avait beau être à l’aise avec les enfants, elle ne connaissait pas ceux-ci.

 - Elle m’a battue, admit Bell. De peu mais elle m’a battue !

 - Waouh elle est fortiche alors.

 - Je vous l’avais dit, murmurèrent les enfants.

 - Alors tu as pu faire plus de magie ? demanda le petit mage en s’approchant.

 - Pas vraiment, j’ai un peu peur de l’utiliser.

 - Faut pas avoir peur, sinon tu sauras rien faire. Et ta petite amie elle sait faire de la magie ?

 - Ma quoi ?

         Ileae rougit de son côté, et engagea la conversation avec un des grands présents.

 - On t’avait dit que l’espèce ça importe peu, sourit une fille.

 - Pas la peine de mentir, on est pas bête.

 - Mais je euh… non vous ne comprenez pas.

         La yordle détourna rapidement la conversation, préférant parler des enfants. Ces derniers vivaient leur petite vie. Ils avaient eu vent de l’opération de la Décharge et de la capture de Krenn, via leur ami. Celui qui leur avait montré le passage ferroviaire abandonné.

         Tous déplorent la guerre, certains ayant même un proche ou une connaissance ayant été envoyé combattre pour les Ratels.

 - Ton père a été capturé ? demanda Ileae surprise.

 - Oui, dit une petite fille. Ils ont emmené mon père, disant que s’il n’y allait pas, ils nous feraient du mal…

 - Il va bien…?

 - On passe régulièrement demander des nouvelles en haut, lança un des grands.

 - C’est courageux, admit Bell. Quelles sont les nouvelles ?

 - Vous n’allez jamais en surface ?

 - On s’en approche mais sans plus, expliqua la vastaya. On est… recherchées.

         Les enfants acquiescèrent, comprenant la situation.

 - Au début, les Ratels avaient formé des barrages, ça n’a pas plu à Piltover, qui a envoyé des pacifieurs. Ils ont été reçus par des balles et des cocktails incendiaires. Ensuite, ils ont déchaussé les rues, démonté tout ce qu’ils pouvaient, et dressé des barricades.

 - Ils ont pris le contrôle des points de passage, formant un blocus, ajouta Ileae, Klem nous en avait parlé, et on était passé voir.

 - Exact, continua le garçon. Après ça, Piltover a continué de tenter des assauts, certains violents, d’autres plus discrets, mais rien n’y faisait. Ça a été une vraie boucherie. Les escarmouches continuent, mais les Ratels tiennent d’un bloc. Piltover ne fera pas tomber le gang.

 - Il faut qu’on remonte… soupira Bell.

 - C’est pour ça que vous avez capturé le professeur piltovien ? demanda le petit mage.

 - C’est une des raisons, continua Ileae. Il nous a fait du mal, et a tué mes parents.

         Un lourd silence s’installa, pesant sur les zauniens. Une petite se leva, et s’assit près d’elle. Elle serra la vastaya dans ses bras, sans dire un mot.

 

***

 

         Durant les jours suivants, les jeunes filles acceptèrent volontiers de revenir dans le complexe. Cette fois, pas question de course dangereuse, les enfants leur proposèrent des activités bien plus pertinentes, l’une d’elle étant un grand classique pour la vastaya : le cache-cache.

         Pour les petits zauniens, ce jeu était une affaire sérieuse, une affaire d’état. Ileae et Bell se prêtèrent au jeu, comme elles avaient pu le faire dans l’orphelinat du fiancé de Vira. La vastaya était d’ailleurs ravie de pouvoir retrouver des moments qui lui rappelaient sa vie d’il y a quelques mois.

         Le petit mage s’était pris de passion pour le professorat, parlant avec Bell durant de longues heures de magie. Il se renseignait autant qu’il pouvait, espérant aider la yordle à maîtriser ses pouvoirs.

 - Et si… l’explosion en soit n’était pas ton pouvoir ? dit Ileae en réfléchissant.

 - Qu’est-ce que tu veux dire ? demanda le garçon curieux.

 - Et si il s’agissait d’un problème d’intensité ? Regarde toi par exemple, tu peux chauffer un objet, et aller jusqu’à le faire fondre.

 - Et donc, si Bell y allait moins fort, elle pourrait faire autre chose que de tout casser ! conclut-t-il. Vas-y essaie !

         Bell hésitante, se plaça face à un morceau de tuyau. Elle se concentra, visualisant les flux autour d’elle. Elle posa ses mains sur l’objet, et commanda aux volutes magiques de pénétrer le tuyau.

         Cette fois, elle tenta de retenir le plus possible sa magie, et seuls quelques ondes obéirent. L’opération lui demanda plusieurs minutes de concentration, épuisantes.

         Sous les yeux de son petit public, des lignes semblables à des éclairs parcoururent l’objet, qui de désagrégea en une poudre métallique aux pieds de la yordle. Cette dernière n’eut pas le temps de tenter de comprendre, qu’un voile noir s’abattit sur ses yeux.

 

         Ileae se précipita pour rattraper son amie avant qu’elle ne s’écroule au sol. Elle l’allongea, inconsciente, au sol. Inquiète, elle tenta de la ranimer sans paniquer. Après de longues minutes, Bell finit par ouvrir les yeux.

 - Que… que s’est-il passé ?

 - Alors, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle, lança le petit mage.

 - Commence par celle que tu veux, maugréa la yordle.

 - La bonne nouvelle c’est que tu as utilisé ta magie. La mauvaise c’est que t’as quand même tout cassé.

 - Et tu t’es évanouie, ajouta Ileae. Ce n’est peut-être pas la meilleure utilisation de tes pouvoirs.

 - Attends une seconde, commenta le garçon, tu as vu où sont partis les flux avant de perdre connaissance ?

 - Dans le sol… je crois, soupira Bell sans trop comprendre.

 - Et tu m’avais dit que vous vous étiez interrogé sur le fonctionnement de ta téléportation.

 - Je vois où tu veux en venir, ajouta la vastaya. Bell se décomposerait comme le tuyau, pour se recomposer ailleurs.

 - Entre autres.

         L’hypothèse colla à Bell un frisson dans le dos. De bout en bout, son pouvoir consisterait donc à détruire ?

 

         Sur le chemin du retour, Bell pressentit une présence, comme si elles étaient suivies. Elle et Ileae tentèrent de se faufiler par des passages plus techniques, empruntant des tunnels désaffectés, quasi inaccessibles pour certains.

         Alors qu’elles approchaient de l’élévateur, qui leur permettrait de descendre vers la Décharge, Ileae se stoppa net. Elle se plaça face à une ruelle, de laquelle sortit un personne.

 - Bonsoir, dit Klem, qui marchait doucement.

         La vastaya se détendit en reconnaissant leur camarade.

 - Alors nous sommes maintenant surveillées, railla Bell. De mieux en mieux.

 - Je comprends ta méfiance, mais ce n’est pas le cas. Je voulais vous parler. Me laissez-vous vous accompagner ?

         Les jeunes filles acceptèrent. Les derniers jours avaient pour elles été calmes, loin des autres.

 - Comment avancent tes projets Ileae ?

 - Pas trop mal, j’ai des prototypes intéressants, que j’aimerais faire tester.

 - Tu me laisserais passer voir ? demanda Bell curieuse.

 - Tu voudrais vraiment !? s’enjoua la scientifique. Ça me ferait plaisir !

 - Tout le monde est assez curieux en ce qui concerne tes travaux, admit Klem. Tu as apporté beaucoup à la Décharge.

         Ileae rougit. Pour elle, elle n’avait fait qu’aider un peu. La zaunienne cependant savait que la jeune fille avait offert bien plus que ce qu’elle imaginait. Énergie, cultures optimisée, même leur air et leur eau étaient de meilleure qualité grâce aux filtres et machines installées et réparées.

 - J’ai entendu dire que vous n’étiez pas allé voir Krenn depuis votre retour. Je croyais que vous mourriez d’envie de l’interroger ?

         Les jeunes filles restèrent silencieuses, se regardant furtivement. Aucune n’avait encore eu le courage de confronter le piltovien. L’une avait perdu ses parents, l’autre avait subi des expérimentations, menant à de sévères perturbations.

 - Vous devriez le faire, ajouta Klem. C’est important.

 - Oui, acquiescèrent les deux.

 - Vous avez quelque chose à nous dire ? commenta la yordle.

 - Oui, deux choses. La première, vous avez dû le voir, la capture du professeur a eu des répercussions dans les différents districts. D’une part, les gangs rivaux sont de plus en plus enclins à se rebeller, il se peut qu’une guerre interne à Zaun éclate d’ici peu. Le souci, est la paranoïa grandissante des Ratels. Ils sont acculés, faisant face aux pacifieurs, et perdant le soutien des zauniens, ils retourneraient sans hésiter leurs armes contre les habitants.

 - Je vois… soit on approche d’une fin potentielle, soit d’une escalade de la violence…

 - Exactement.

 - Il y a autre chose ? demanda Bell.

 - En effet. Un autre acteur semble se manifester dans ce conflit.

 - Une intervention extérieure ?

 - Aucun moyen de le savoir, expliqua Klem. Des endroits ont été attaqués, jamais chez les Ratels. Sans lien apparent, les occupants sont systématiquement massacrés. Mais même le gang se pose des questions. Personne ne sait rien.

         La nouvelle glaça le sang des deux filles. Si une nouvelle force venait s’ajouter à la balance, il se pourrait que la situation empire. D’autant plus comptant la violence que Klem semblait décrire.

         Leur conversation fut interrompue par leur arrivée à l’élévateur, caché pour celui-ci dans un ancien conduit d’aération. Le vacarme que produisait l’ascenseur ne permettait pas de réellement parler lors d’un trajet.

         Ileae ayant quelques affaires à récupérer dans son atelier, elle laissa Klem avec la yordle, qu’elle retrouverait dans un moment. La zaunienne raccompagna Bell jusqu’à leur logement.

 - Toi aussi, ils te doivent pas mal, commenta Klem en désignant le reste de la petite ville souterraine.

 - J’en doute, je n’ai pas eu l’utilité d’Ileae pour ces gens.

 - Tu as libéré un certain nombre de leurs proches des Ratels, tu nous a dessiné des cartes très utiles, tu participe aux travaux. Tu fais aussi partie de la Décharge.

         Bell ne sut pas quoi répondre. Elle doutait d’avoir eu l’impact que lui prêtait la zaunienne, mais était heureuse tout de même. Elle avait apprécié participer à la vie de la cavité, ce petit paradis caché sous l’enfer de Zaun.

 - Reconnais-tu ceci ? demanda Klem en soulevant sa manche.

         Elle dévoila son avant-bras, celui n’était pas modifié. Un tatouage, finement dessiné, sertissait sa peau : un demi-rouage sertissant une pointe, parcouru de petites branches feuillures, encerclant un vortex en son centre.

 - Venos et Nahia ont le même, remarqua Bell. Et j’ai vu d’autres gens avec.

 - Il est le symbole de la Décharge. C’est la seule marque d’appartenance que j’ai pu accepter, moi qui vise la liberté la plus totale. C’est un symbole, auquel n’importe lequel de nos camarades peut prétendre.

 - Le rouage pour Piltover, les branches et le vortex pour Bandle, et la pointe pour Zaun, énuméra Bell qui admirait l’œuvre. C’est astucieux.

 - Nahia pense que vous le mériteriez, toi et Ileae. Si vous acceptez.

 - Que… vous êtes sûrs !? s’étonna Bell. On est juste de passage vous savez…

 - De même que moi, pourtant on reste attaché à la famille d’ici. Tu n’es pas obligé d’accepter évidemment.

 - Je… je vais y réfléchir, dit Bell. Les tatouages sont une tradition à Bilgewater, et j’en parlerai à Ileae. Je suis honorée d’une telle proposition.

         Klem sourit, plus qu’à l’accoutumée. C’est la première fois que la yordle la voyait si bavarde et souriante.

         La zaunienne prit congé, souhaitant à Bell une excellente soirée. Elle rappela à la jeune fille qu’elle devrait aller voir Krenn, un jour ou l’autre. Elle devait profiter de pouvoir poser ses questions avant que l’occasion de lui échappe.

 

***

 

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