Bell de Bilgewater
Chapitre 22
Au petit matin, alors que la plupart des habitants dormaient encore, un petit groupe traversait la ville. Sans un mots, drapés d’amples capes, cachant des sacs à dos, quatre piltoviens, une zaunienne et une bilgewatienne suivaient un petit garçon.
Les rues, dont le silence n’était troublé que par les quelques travailleurs déjà levés, reposaient dans le calme et le Gris, qui flottait au sol.
Le jeune zaunien mena le groupe sur un bâtiment à l’abandon, creusé dans l’un des flancs de la cavité. Après avoir déplacé quelques planches relativement mal fixées, il désigna un petit passage.
Tous s’engouffrèrent par l’embrasure de ce qui semblait être une galerie technique, délabrée. De câbles et des tuyaux couraient sur les parois et le plafond du couloir, une vision courante dans Zaun.
De par sa petite taille, Bell était la seule à être à l’aise.
Ils débarquèrent dans un tunnel, sombre. Le sergent donna l’ordre d’allumer les torches, dévoilant devant eux quatre rails en piteux états. Les deux voient partaient de chaque côté du tunnel.
Le garçon silencieux les guida dans une des deux direction, durant de nombreuses minutes. Leur pas, respirations, et le bruit des gouttes d’eau contre la pierre rythmaient leur marche.
Finalement, le zaunien arrêta le cortège d’un bref signe de la mail. Devant eux, un trou béant s’était formé, engloutissant les rails. La voie reprenaient de l’autre côté, à une douzaine de mètres plus loin.
Bell s’approcha du fossé, essayant de regarder dans le fond. Tout ce qu’il vit, fut un noir total, que même sa torche ne semblait dissiper. Elle sentait comme un courant d’air s’élevant du fond, comme une légère brise.
Un frisson lui parcourut le dos.
Mieux valait ne pas savoir ce qui se trouvait au fond.
- Bien, lança Aster. C’est à nous de jouer.
Il déposa les deux lourds sac au sol, inspectant une dernière fois l’équipement qu’ils avaient préparé la veille. Il en tendit un à Ileae, qui l’enfila, ainsi qu’un second à Bell.
Après avoir enfilé son sac, elle se plaça face au précipice. Elle savait ce qu’elle avait à faire.
Elle se concentra, faisant rapidement apparaître ses flux.
Dommage qu’ils ne puissent pas les voir… pensa-t-elle.
Elle s’élança, foulant rapidement le sol de ses pieds. Au bord du gouffre, elle fléchit ses jambes, et sauta aussi loin que possible. Elle fixa le sol de l’autre côté. Pendant une fraction de seconde, qui lui sembla durer une éternité, elle resta au-dessus du vide, attendant que sa magie fasse effet. Priant, pour qu’elle s’active.
Une voix se glissa dans sa tête.
Cette voix.
Que serais-tu… sans moi ?
La seconde suivante, la yordle sentit son cœur se serrer, se soulever. Elle venait d’amorcer sa chute.
Elle était toujours au-dessus du vide.
Un frisson la parcourut à nouveau. Elle n’était pas encore de l’autre côté. Combien de temps s’était écoulé ? Une seconde ? Deux ? Trois même ? Le courant d’air et le trou semblaient prêts à la happer, à l’entraîner dans les profondeurs.
Rien !
Les flux, toujours invisibles aux yeux des autres, finirent par s’agiter. Quittant le corps de la yordle, ils s’agglutinèrent sur le sol de l’autre côté du précipice. La yordle sentit le picotement habituel, et disparut.
Sous le regard patient de ses camarades, elle reparu de l’autre côté, toujours en mouvement. Elle manqua de chuter.
Qu’est-ce qu’il m’arrive ?
- Ça va ? lança Aster de l’autre côté.
- Oui ! oui. Répondit-elle hâtivement.
- Ileae c’est à toi, dit-il à l’intéressée qui se préparait.
Bell ne savait pas ce que son amie avait en tête. Elle était passée grâce à son pouvoir, mais se demandait quel gadget elle utiliserait pour passer. Elle s’était trompée.
Au lieu de cela, la vastaya, un câble en acier noué aux hanches, se planta en amont du précipice à son tour, et comme Bell, s’élança. Arrivée au bord, elle se projeta, si vite et si fort, qu’elle sauta toute la longueur du trou, atterrissant avec agilité aux côtés de son amie.
Bell resta bouche bée, tandis que la vastaya déposa le sac. Sans poser plus de question, elle fit de même. La scientifique sortit un outil de sa sacoche, et le posa contre les clous aux pieds du trépied. Le pistolet projetait des rivets dans le sol, fixant leur moyen de transport dans la dalle.
- C’est bon sergent ! lança Ileae en attachant le câble dans un mécanisme.
De l’autre côté, les piltoviens avaient fait de même, et se préparaient maintenant à s’accrocher à la tyrolienne. Un à un, chaque membre de l’escouade s’élança au-dessus du vide, pour glisser doucement jusqu’aux jeunes filles.
- Merci petit, dit Aster en posant sa main sur l’épaule du garçon. Tu es un bon petit gars.
Il s’élança à son tour, rejoignant le groupe.
Plus loin dans le tunnel, ils finirent par arriver dans une sorte de gare, où devaient à une ancienne époque transiter des matériaux. L’atelier, de bonne taille, devait dut un temps accueillir un grand nombre d’artisans.
Une porte menant au bâtiment se tenait devant eux, une énorme porte en fer, verrouillée évidemment. Ileae s’en approcha, et s’agenouilla devant la serrure, fermée et impossible à crocheter.
Elle sortit un petit objet de son sac, fabriqué par ses soins. Elle appuya sur l’extrémité, et une flamme d’un rouge intense jaillit dans la bouche de cet appareil à la forme de crayon. Elle découpa soigneusement le cadre de la serrure, qui tomba, et démis le mécanisme avec une pince.
- Impressionnant, commenta Aster. Il nous faudrait des trucs comme ça au boulot.
Ileae sourit en reculant. Elle avait l’occasion de montrer l’étendue de ses capacités, et comptait continuer ainsi.
Les hommes tentèrent de faire bouger la porte, mais cette dernière s’avéra bien trop lourde, probablement coincée par des décennies d’usure.
Ileae sortit un autre outil de son sac, ou plutôt deux identiques, semblables à des poignées. À l’aide de son pistolet à clous elle les planta dans la porte sur le côté, afin de pouvoir la saisir.
Sous le regard souriant des piltoviens, elle empoigna les deux arceaux installés, posa son pied au mur pour se donner un point d’appui. Elle tira de toutes ses forces, poussant avec sa jambe contre le mur. La porte émit un grincement, puis sous la grimace de la vastaya, s’ouvrit d’un coup, manquant de la renverser.
L’escouade entière acquiesça de la tête, impressionnée. Bell, comme les autres, découvrait les aptitudes physiques hors norme de son amie.
- Tous les vastayas sont comme ça ? glissa Bell discrètement. T’es fortiche quand même.
- Aucune idée, rougit Ileae, mais notre famille oui, force endurance et agilité.
Bell siffla d’admiration.
- Intelligente, forte, et jolie, c’est quoi la prochaine étape ?
La vastaya rougit de plus belle, détournant le regard.
Aster leur fit un signe de la main, et ils pénétrèrent les sous-sol du bâtiment.
***
Comme attendu de sous-sols, l’endroit était désert, la majeure partie des pièces étant des débarras ou zone de stockage. Au moins, ce bâtiment ne semblait contenir aucune expérience sur des êtres vivants, aucune cellule remplie de gens capturés.
Arrivés dans les étages supérieurs, l’atmosphère se fit relativement différente. L’édifice abritait de grandes salles avec des machines, sur lesquelles quelques zauniens travaillaient. Ils étaient assez peu pour ne pas remarquer le groupe discret, et ne semblaient pas armés.
- En groupes de deux, murmura le Sergent, on trouve la cible, prévient les autres, on la capture, et on revient au point de départ. Chacun une aile du bâtiment. C’est parti.
Ileae délivra à tous un des petits appareils servant à communiquer. Le groupe se mit d’accord sur les séquences à adopter en cas de danger, si la cible était repérée, et quelques autres consignes.
Alors qu’ils s’apprêtaient à se séparer, deux zauniens firent irruption dans leur pièce. Une expression de peur déforma leur visage, mais avant qu’ils n’aient eu le temps de fuir ou de crier, deux des hommes d’Aster avaient dégainé et tiré. Inconscients, ils s’écroulèrent en silence.
- Cachez ces deux-là, ils ne doivent pas donner l’alerte.
Le groupe se sépara, Bell restait aux côtés de son amie vastaya. Afin d’être plus discrètes, tant qu’elles parcouraient la partie ateliers, elles empruntèrent les conduites au plafond sur lesquelles elles grimpèrent.
Durant de longues minutes, elles eurent à parcourir de nombreuses salles, la plupart étant pleines d’outils et de plans de travail mécaniques, sur lesquels des scientifiques et des artisans s’affairaient. Selon la vastaya, il s’agissait d’un des points de fabrication de modifications de combat.
Dans l’enceinte, peu de gardes étaient visibles, patrouillant pour vérifier le bon déroulement du travail. Les scientifiques semblaient méfiants, voire apeurés au passage des soldats du gang. L’entrée quant à elle était surveillée par de nombreux soldats lourdement armés.
C’est autant une prison qu’un labo, pensa la yordle.
Plus loin, elles pénétrèrent une partie plus présentable de l’édifice. Des tapis, de belles boiseries et de beaux meubles décoraient les couloirs. Cet aménagement ressemblait trait pour trait à des intérieurs qu’elles avaient déjà vus.
Krenn, pensèrent-elles de concert.
Elles continuèrent à fureter, visitant petit à petit les bureaux. Dans l’un deux, elles trouvèrent quelques documents posés sur une table, soigneusement rangés. Ces derniers étaient estampillés d’un sceau qu’aucune n’avait jamais vu.
Bell s’approcha pour feuilleter. Il s’agissait d’un rapport faisant mention d’expériences, notamment sur… la Brume noire ! Bell dévora les paragraphes… il y est fait mention de tests, visant à… soigner les patients de la Ruine ?
- Tu crois qu’ils cherchent un remède eux aussi ?
- Oui mais… ils parlent non pas d’un stade avancé… commenta la vastaya, mais pire apparemment. Je ne pensais pas qu’il y avait pire que les goules…
- Pardon les quoi ?
Ileae plongea son regard dans celui de la yordle.
- Les patients infectés mutent très rapidement, expliqua-t-elle, s’ils survivent. Ils deviennent des sortes d’êtres informes…
- Je vois… dans ce rapport il est dit que les infections ont fonctionné…
- Oh non…
- Quoi ? demanda la yordle inquiète.
- Tu crois qu’ils infectent des gens, pour tenter de les soigner derrière ?
- J’en sais rien, admit Bell. De ce qu’on m’a dit sur Krenn et ce qu’on en a vu, ça semblerait cohérent avec ses méthodes.
Ileae en avait la certitude. Le professeur était à l’origine de l’infection de ses parents. Il les avait fait tuer.
Bell s’approcha, et posa sa main sur le bras de son amie, souriant tristement. Elle savait ce qu’elle avait en tête.
Des bruits de pas et des voix parvinrent du couloir, quelqu’un approchait. Sans plus attendre, les deux jeunes filles grimpèrent sur la conduite, tentant de se cacher. Deux personnes pénétrèrent la pièce.
- …je ne suis même pas sûre que l’on puisse produire assez, le boss sera mécontent, dit-l’un en attrapant des dossiers.
- Je sais bien, mais ces travaux ne sont qu’un des projets, et n’est même pas prioritaire, répondit l’autre en mettant de l’ordre sur le bureau.
- Cette histoire ça sent mauvais.
- Tu crois ?
- Tu as déjà vu le boss céder avant ?
- Non, t’as raison.
- Je le sens pas ce Krenn, il faudrait qu’il disparaisse.
- Dis pas ça, si on t’entend on risquerait gros.
- Pas faux.
- Allez finissons ça, sinon il va encore s’énerver.
Les deux zauniens finirent de ranger le bureau, plaçant méticuleusement tous les éléments dans les étagères, avant de quitter la pièce.
Bell et Ileae purent redescendre doucement. Ainsi, ce bureau était bien celui de Krenn, et il serait bientôt de retour semblerait-il. Elles retournèrent dans le couloir, avant de se diriger à l’entrée de celui-ci, et de se poster sur les tuyaux au plafond. D’ici, elles pouvaient surveiller l’arrivée du professeur.
- Je vais appeler les autres, dit Ileae en sortant le petit appareil de communication de sa sacoche.
- Attends l’interrompit Bell.
Ileae fixa son amie, confuse, tandis que cette dernière scrutant un des meubles.
- Quoi ?
- Il y a une autre pièce.
- Comment ça ? On a visité toutes les portes.
- Si regarde, insista la yordle. La derrière. La taille des pièces ne concordait pas. Soit il y a un vide, soit une pièce cachée.
Le meuble en bois contre le mur, une imposante vitrine en bois dans lesquelles étaient exposées divers objets, probablement inventés par le professeur. Un creux se dessinait derrière, détail qui n’était visible que par-dessus…
Après avoir vérifié que les couloirs adjacents étaient déserts, Bell se posta à l’angle pour surveiller toute venue, tandis qu’Ileae bougeait le meuble.
- Alors ? chuchota la yordle.
- Une porte, blindée et verrouillée, répondit Ileae. Je l’ouvre.
Quelque cliquetis, et un claquement sourd indiquèrent à la guetteuse que son amie avait crocheté ladite porte. Elle la fit coulisser, et devina qu’elle avait dû y pénétrer. Un cri étouffé lui parvint.
- Ileae est-ce que ça va ?
Elle ne reçut aucune réponse.
- Ileae réponds, qu’y a-t-il à l’intérieur ?
Elle quitta son poste, pensant son amie en danger. Celle-ci était debout, les mains sur la bouche, et fixait le fond de la pièce.
Le pièce en question était une cellule, décidément une habitude chez Krenn. Au fond de cette dernière, une forme était attachée au mur. Il s’agissait d’une personne.
Vira.
- Oh mon dieu… lâcha Ileae la gorge serrée.
Sans attendre, elle se précipita vers sa sœur, presque inconsciente. Elle crocheta rapidement les chaînes à ses pieds, qu’elle aurait pu briser au vu de sa force, avant d’asseoir la prisonnière.
La majordome vastaya avait le regard dans le vide, mais reprit petit à petit ses esprits en voyant qu’elle avait de la visite. Elle murmura quelques mots.
- Ileae..? C’est toi ? Je suis si désolée…
- On va te sortir de là, répondit l’intéressée la gorge serrée. Viens on s’en va.
Le trio sortit de la cellule. Par chance, personne ne s’était pointé, elles bénéficiaient de l’effet de surprise. Elles replacèrent le lourd meuble, espérant que personne ne vienne vérifier la pièce secrète.
- Conduit là au point d’évacuation, dit Bell à son amie, et surveille la sortie, j’attends les autres et on te rejoint après avoir capturé Krenn.
Ileae acquiesça, remerciant la yordle d’un sourire triste, avant d’aider sa sœur encore faible à grimper sur les conduites.
***
De longues minutes s’égrenèrent, sans qu’aucun bruit différant du travail des ateliers ne perturbe le calme du couloir.
Comme prévu, Krenn rejoignit son bureau. Immédiatement, la yordle reconnut l’homme. Nonchalant, il était comme toujours drapé de sa blouse, les cheveux hirsutes, un grand sourire confiant sur le visage. De loin, il inspirait la confiance, la sympathie. Pourtant, Bell savait, et ce qu’elle ressentait était loin de la sympathie. Elle ressentait de la colère, de l’incompréhension.
Et du dégoût.
Après une brève attente, quelques bruits sur la conduite indiquèrent à la jeune fille qu’elle avait de la visite. Le sergent Aster se plaça à ses côtés, observant autour.
- Où sont les autres ? demanda Bell surprise.
- Ils sont occupés, répondit simplement le piltovien. C’est ce bureau ?
- Exact.
- Alors c’est parti.
Les deux brandirent leur pistolet à écrous, vérifiant les munitions. Ils descendirent, s’approchèrent de la porte, et s’introduisent dans la pièce.
Sans frapper.
Surpris, le scientifique réagit au quart de tour, saisissant une planchette à dessin posée sur son bureau, se protégeant des tirs du sergent. Il répliqua en balançant un objet sur le duo, qui explosa en une vive lumière.
Il profita de l’aveuglement de ses adversaires pour foncer vers la porte, et s’enfuir. Bell réagit au quart de tour. Elle s’élança vers le scientifique, sauta, et instinctivement, accéda à sa magie. Elle disparut dans l’habituelle gerbe d’étincelles, avant de réapparaitre près de Krenn.
Grâce à son élan, elle assena un coup de genou en plein dans le visage du piltovien, qui s’écroula sur le coup.
- C’est… expéditif, commenta Aster qui se frottait les yeux.
- Oui j’ai… pas trop réfléchi, admit Bell.
Le sergent ligota rapidement Krenn, qu’il plaça sur son épaule. Il lui serait difficile de transporter un tel poids mort sur le dos le long des conduites, mais il avait vu pire dans sa carrière.
- Au fait où es la jeune vastaya ?
- Elle… a dû s’absenter.
Aster leva un sourcil dubitatif, mais ne posa pas plus de questions. Sur le chemin menant à la sortie, Bell était de plus en plus curieuse de savoir où étaient passés les membres de l’escouade Êta.
- Ils ont une mission à accomplir, répondait le sergent.
- Laquelle ? Nous avons Krenn, il ne reste qu’à partir !
L’homme refusait d’en dire plus, mais Bell insista lourdement, pressentant que la réponse ne lui plairait pas. Elle n’aimait pas que l’on lui cache des choses.
- Cette installation participe directement à alimenter les Ratels en armement, nous allons la détruire, finit-t-il par lâcher.
- Vous comptez faire sauter l’ensemble ?
- Exact.
- Vous ne pouvez pas ! s’offusqua Bell. Les gens ici ne sont pas des combattants, la plupart sont des prisonniers, ils sont forcés de travailler ici !
- La finalité est la même, rétorqua Aster. Ils produisent des armes.
- Et vous acceptez de les tuer sans ciller ?
- Ce sont mes ordres, admit-t-il. J’ai confiance en ma commandante.
- Pour quelqu’un qui disait ne pas vouloir s’impliquer, je trouve ça assez gros comme implication, rétorqua Bell. C’est barbare.
- C’est une guerre civile. Attends les autres ici, je vais déposer Krenn au point d’extraction.
Le sergent emporta leur cible, toujours le long des conduites. Bell était révoltée, elle refusait de laisser tuer ces gens. Elle avait vu de nombreux zauniens être capturés par le gang, et forcés à travailler, quelles que soient le travail, ouvrier artisans et scientifiques.
- De quoi discutiez-vous ? demanda une voix.
Bell sursauta, manquant de laisser échapper un cri de surprise. Elle poussa un soupir de soulagement en voyant son amie vastaya assise à côté.
- Le sergent va tout faire sauter, répondit la yordle avec un air triste.
- Cela tuerait tout le monde, il pourrait au moins faire évacuer. Ce sont des civils.
- Ce sont les armes qui sont la cible.
- Je vois, dit Ileae pensive.
- Je refuse de prendre part à ça… murmura Bell.
Ileae bondit sur ses pieds, s’apprêtant à repartir. À l’opposé du point d’extraction.
- Qu’est-ce que tu fais ? murmura la yordle.
- Je vais empêcher ça. C’est pas comme ça que ce conflit prendra fin.
Bell n’essaya pas de la retenir. Les deux filles étaient sur la même longueur d’onde.
Quelques minutes plus tard, elles fut rejoint par le reste de l’escouade, qui s’était délesté du contenu de leur sacoches. Certainement les explosifs… déduit-t-elle.
Après quelques brefs mots échangés, les quatre se mirent en route vers leur point de sortie. Ils passèrent la tyrolienne dans le sens inverse, et retrouvèrent Aster qui patientait, Krenn inconscient au sol.
Après quelques minutes, les rejoint, accompagnée de Vira. Bell expliqua qu’elles avaient retrouvé sa sœur dans une cellule près du bureau du professeur, elle avait été capturée en même temps qu’elles par le piltovien, mais n’avait pas eu la chance de pouvoir fuir deux mois auparavant.
Sans poser plus de questions, le groupe se dirigea vers la sortie.
Une fois dans les rues environnantes, Aster sortit un détonateur du sac, qu’il pressa sans hésiter. Cependant, aucune détonation, aucune vibration ne se fit sentir.
Surpris, il réfléchit une seconde. Ce fut le regard défiant de Bell qui l’aida à comprendre.
- C’est toi, dit-il d’un ton menaçant. Je ne sais pas ce que tu as fait, mais tu as fait échouer cette mission !
- Notre mission était de trouver Krenn, rétorqua la yordle sur l’homme qui haussait la voix. C’est fait, et nous avons même retrouvé Vira. Opération terminée.
- Cette cible était certainement un point important de ce conflit, grogna l’homme en s’approchant d’elle, quoi que tu aies fait ça n’a fait qu’en retarder la fin ! Tu n’as pas obéi aux ordres.
- Elle n’a rien fait du tout, affirma Ileae qui soutenait sa sœur. C’est moi qui ai trafiqué chacune des bombes avant de vous rejoindre.
Le sergent était furieux. Non seulement elles s’opposaient aux ordres, mais elles avaient fait échouer leur second objectif.
Bell sentait son sang bouillir dans ses veines. Hors d’elle, elle fit inconsciemment appel à ses pouvoirs. Les flux du militaire dansaient ardemment autour de lui, et comme avec Holly, des bras tentaculaires apparurent dans le dos de Bell. Personne ne put les voir, les ces derniers enserrèrent leur emprise sur les flux de l’homme.
- Je n’ai aucun ordre à recevoir de vous, continua Bell en défiant le sergent du regard. Mes ordres ne viennent que de mon capitaine, vous n’êtes qu’un soldat.
La jeune fille, plantée devant cet homme qui faisait plus du double de sa taille, soutint son regard. Ses mots dirigèrent les bras invisibles qui s’en prenaient à lui, ses flux se calmèrent, et se teintèrent d’une couleur bleu violet.
- Tu verras ça avec la commandante, répondit-il d’une voix plus calme en détournant le regard.
Ils devaient maintenant repartir, le plus vite et le plus loin possible du district. Pour le moment la disparition du ponte était encore secrète. Bell aida son amie à porter sa sœur, mal en point.
- Décidément tu sais trouver les mots justes, murmura Ileae en souriant.
- J’ai été aidée… répondit la yordle. Bien joué au fait. J’espère qu’il se trompe en disant qu’on a prolongé le conflit…
- Je n’ai pas entièrement désactivé les bombes, lui souffla la vastaya. J’ai diminué leur charge, et saboté les machines. Les ateliers sont hors d’usage, et personne n’a été tué. C’est moi qui avait confectionné les bombes, je les croyais destinées à d’autres projets cependant…
Bell resta bouche bée. La jeune scientifique avait eu le temps d’accomplir un objectif qui n’était même pas le leur, toute en sauvant des vies. Ileae lui répondit par un sourire radieux. Aujourd’hui sonnait une grande victoire, face aux Ratels du Puisard.
***