Bell de Bilgewater

Chapitre 57 : Partie 4 - Chapitre 21

4890 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/01/2023 17:53

           Chapitre 21

 

         La lumière des disques de la Décharge pointèrent sur le visage des deux jeunes filles, malgré le fait qu’elles soient déjà éveillées. Un jour commençait, le jour qu’elles attendaient. Trois avaient passés depuis que Klem leur avait annoncé la traque du professeur Krenn, elles étaient restées dans un état d’appréhension, se préparant avec inquiétude pour l’opération.

         Tout en discutant, les deux se levèrent et prirent le temps de se préparer. D’abord elles auraient besoin de vêtements neutres, pour passer inaperçu dans Zaun. Leur mission se déroulant sur plusieurs jours, elles n’auraient pas besoin d’énormément d’affaires.

         Chacune prit un sac, dans laquelle elles placèrent des vêtements, protections armes et objets divers. Bell prit tout de même un carnet et de quoi dessiner, tandis qu’Ileae préféra des outils.

         Dehors l’heure était encore au sommeil pour les membres de la Décharge, les rues étaient silencieuses. Sur la place principale, l’escouade Êta au complet, ainsi qu’Holly les attendaient. La commandante s’approcha d’elles.

 - Bonjour Holly ! lança Ileae.

         Elle les salua d’un mouvement de la tête, et de son visage impassible.

 - Aster vous donnera les consigne sur le chemin, ils sont déjà prêts.

 - Bien reçu, dit simplement Bell.

 - Mais vous ne venez pas ?

 - J’ai à faire, répondit la piltovienne en faisant non de la tête. Je vous laisse entre de bonnes mains.

         Ileae la regarda, dubitative.

 - Ils seraient capables de se débrouiller sans nous, remarqua Bell, pourquoi notre présence ?

 - Je comprends ta méfiance, répondit Holly d’une voix qui se voulait douce. Mais je sais que vous êtes à la recherche de Krenn. Vos compétences leur seront utiles.

         Bell restait dubitative, il y a quelques jours la commandante avant tenté de la forcer à rester cachée, avant de lui mettre une râclée, et voilà qu’elle l’envoyait sur le terrain.

         La commandante prit congé, faisant signe à son escouade qu’ils pouvaient y aller. Les jeunes filles rejoignirent les piltoviens et prirent le chemin d’un élévateur.

         Leur destination était un district très densément peuplé, un des points névralgiques de la périphérie des territoires Ratels. La raison de leur faible nombre venait du fait que le quartier, bien que bondé, était sous haute surveillance.

         Dans les rues, de très nombreux passants allaient et venaient entre les ateliers, boutiques, le lieu regorgeait de vie, malgré la présence d’un nuage de Gris épais au sol. Vêtus de vêtements discrets et couvrants, ainsi que de respirateurs, les membres de l’escouade les menèrent de longues minutes au travers des rues, évitant soigneusement les patrouilles de Ratels. Peu de contrôles avaient lieu, mais la présence de Bell, et sa petite taille pourraient les faire paraître suspects aux yeux de leurs ennemis.

         Les membres de l’escouade Êta ouvraient la marche, tandis que le sergent Everett Aster restait proche des jeunes filles. Il était calme, mais contrairement à sa commandante, bien plus expressif. Ileae avait déjà pu voir les escouades des forces de régulation, mais toujours équipés de leurs armures légères, et leurs casques. Il y avait en réalité trois hommes pour une femme, tous semblaient originaire de contrées lointaines, confirmant leur réputation.

         Après s’être enfoncés dans une rue menant à une partie excentrée du district, le groupe s’approcha d’un édifice. Une immense bâtiment, comme tant d’autres accroché à la paroi de la ravine.

         Un des piltoviens appuya sur un bouton, et après une bref échange dans un interphone, la porte s’ouvrit.

         Bell et Ileae suivirent l’escouade sans un mot, soulagée de quitter la rue et le regard méfiant de zauniens. Un petit ascenseur les mena jusqu’à une porte en bois.

 - Messieurs, dit un homme qui ouvrit la porte, et mesdames. Bienvenue.

         Le sergent le salua d’un mouvement de la tête, avant d’entrer. Sans un mot, une femme les mena jusqu’à une pièce dans laquelle elle ouvrit une trappe au plafond. Une échelle se déplia, et mena le groupe à une sorte d’appartement creusé dans la paroi. Des vitres laissaient une vue sur le district entier.

 - Merci, dit Aster à la femme. On vous rendra les clefs à la fin.

         Bell s’approcha de la vitre pour regarder dehors, si on pouvait parler ainsi d’une grotte. Ils étaient situés dans une immense cavité, qui devait faire au bas mot dix fois la taille de la Décharge. Un district gigantesque s’étendait sous eux, lumineux.

         Il y en a des milliers, se dit Bell, enfermés dans la fumée, sous terre.

         Le district était presque une ville à part entière, un des plus gros de Zaun. Elle pouvait voir en son centre une grande place, avec des commerces, de beaux immeubles. Autour des habitations, et dans certains quartiers, des usines, crachant une épaisse fumée grise.

         Tout lui paraissait si petit, de là où elle était.

 - Très bien ! lança Aster. Voici le briefing. Nous sommes dans le district Eredia, un des rares ayant un nom sympa. Nous savons que quelque part se cache le professeur Krenn, nous devons le débusquer et le capturer.

         Il se planta devant la baie vitrée, scrutant le district qui s’étendait en contrebas.

 - Ce couple nous accueille au cœur du territoire Ratel, ce sont des alliés, ajouta-t-il. Vous ne saurez ni leur nom ni leur affiliation, ni même leur métier, ça vaut mieux. Par équipe de deux, nous écumerons le district en récoltant des informations, et nous localiserons Krenn.

         Il se tourna vers Bell, plantant un regard sérieux dans celui de la jeune fille.

 - Toi tu travailleras en solo, on a besoin de toi pour dresser une carte du district rapidement, nous on renseignera ce qu’on en apprend ou on en sait déjà.

 - Je vois. Vous êtes déjà venus ici ? demanda Bell.

 - Une ou deux fois, mais nos missions étaient déjà planifiées. Ensuite, continua-t-il, une fois la cible repérée, nous aviserons sa capture. Pour rester discrets, on nous a fourni du nouveau matériel.

         Le sergent se pencha sur un de leurs sacs, et en sorti une arme. Il manipula l’imposant pistolet, avant de le montrer aux autres.

 - Pistolet fabriqué par Ileae ci-présente, non léthal, silencieux. Il tire de gros écrous que l’on trouve partout, on vise la tête. Risque de mort : faible, mais on ne neutralise que si l’on touche la tête.

         Il chargea l’arme rapidement, la pointa contre un mur, et tira. Un écrou d’un diamètre de cinq centimètres cogna ce dernier violement, avant de tomber au sol. Seul un bruit discret avait été amis par l’arme.

 - Les prototypes d’armes incapacitantes n’étaient pas prêts, dit Ileae en rougissant, je n’ai pas pu les terminer, il faudra faire avec les pistolets à écrous.

 - Aucun problème, sourit Aster. Toi tu connais ton rôle, Klem t’a formée. Nous n’avons que peu de temps, alors voici à tous un double de la clef. N’oubliez pas, restez discrets.

         Les soldats saluèrent, et se dirigèrent vers la porte.

 - Soyez prudentes, lança Aster. Vous pouvez travailler ensemble ou séparément.

 - Vous nous laissez comme ça ? demanda Bell curieuse.

 - Si Holly vous a placé avec nous, c’est pas pour qu’on vous garde, rétorqua l’homme. Elle considère que vous êtes autonomes.

         Sur ces mots, il descendit l’échelle les menant dans l’appartement. Ileae se dirigea vers un sac, attrapa quelques affaires et vint aux côtés de Bell.

 - Tiens, dit-elle, un carnet et des crayons, tu en aura besoin.

 - J’imagine que tu vas te débrouiller ? demanda la yordle avec un sourire triste.

         Ileae lui caressa le visage avec sa main.

 - J’ai besoin d’une discrétion totale, c’est pas contre toi mais tu es une yordle, recherchée, ça se remarque, surtout dans les endroits où je vais aller.

 - Fais attention à toi.

         La vastaya acquiesça, avant de se diriger à son tour dehors.

 

***

 

         Bell commença tout d’abord par observer le district au travers de la vitre. De leur cache, elle pouvait déjà avoir un aperçu global de l’endroit. Elle ouvrit son carnet pour esquisser un petit croquis, noter quelques endroits qu’elle jugeait curieux. Elle enfila un ample vêtement à capuche, attrapa son respirateur, et se dirigea dehors.

         Avant de passer le cadre de la porte, elle aperçut dans le couloir une forme. Un enfant la regardait fixement, caché derrière la rambarde d’un escalier. Lorsqu’elle le vit, ce dernier se leva précipitamment, et s’enfuit.

         Étrange.

         Elle retrouva les rues de Zaun, dont elle commençait à avoir l’habitude désormais. Pour la plupart des gens normaux, le nuage de Gris flottant au sol n’était guère pas plus gênant qu’une flaque d’eau, leur arrivant aux chevilles. Pour Bell, ce dernier atteignait ses genoux. Elle n’aimait pas tellement le Gris, étouffant et omniprésent. Des volutes plus légères flottaient au-dessus d’elle, et des nuages s’amoncelaient sur le plafond de la cavité.

         Bell repéra rapidement quelques bâtiments sur lesquels il lui serait facile de grimper, des conduites chemtech qui couraient partout, des façades désorganisées. Elle devait forcément prendre de la hauteur si elle souhaitait bouger librement.

         En quelques gestes, elle grimpa agilement sur les toits, sous le regard de quelques curieux en dessous. Elle s’élança sur les toits de métal, grimpant ou descendant sur les différents édifices du district, laissant la ville défiler sous ses pieds tandis qu’elle la dévorait des yeux.

         Des immeubles d’habitations, des ateliers, des bars, des usines, de nombreuses choses couraient sous son regard. Régulièrement, elle faisait des pauses pour dessiner des rues, noter ce qu’elle avait vu, dans son petit carnet. D’en haut, rien n’échappait à son œil alerte, et elle n’avait pas peur des patrouilles qui grouillaient dans les avenues.

         De toit en toit, de saut en saut, même en utilisant son pouvoir, la jeune fille courait, un peu plus vite à chaque pas. Le complexe minier des enfants avait beau être grand, il n’était rien en comparaison d’Eredia, et surtout il était vide.

         Les lumières, le bruit, les gens, l’atmosphère lui rappela Bilgewater, et les mémoires refaisant surface lui firent l’effet de coup de poignard.

         Elle n’aimait pas être triste, elle préférait laisser ça derrière. La vitesse, lui procurait un sentiment inégalable de quiétude. Elle allait vite, loin, fuyant ses pensées moroses. Grisée par la vitesse.

         Elle était libre.

 

         Ne s’arrêtant que pour noter et dessiner, elle se concentrait autant sur le plaisir qu’elle éprouvait à parcourir le district, que sur son objectif. Elle finit a course sur le toit d’un bâtiment lumineux bardé de néons. Tellement lumineux qu’elle en avait mal aux yeux. Elle s’arrêta, et s’assit sur le rebord d’un toit.

         Là, une vingtaine de mètres au-dessus des gens, elle dessina.

         Cela n’avait rien de pertinent pour sa tâche, mais au diable sa mission, elle pouvait bien s’octroyer une pause ? Elle avait déjà passé la journée à scruter la ville depuis les toits, elle voulait se reposer.

         Les dizaines de personnes en contrebas l’intriguaient. L’endroit était rempli de zauniens très différents de d’habitudes. Certains étaient étrangement habillés, la plupart buvaient, discutaient et riaient, sous les lumières et la musique puissante qui englobaient le quartier.

         La guerre leur semble si lointaine, pensa la yordle. Des gens combattent en haut, ici ils font la fête.

         Elle dessina quelques étranges personnages, souvent lourdement modifiés. Quelques-uns arboraient des modifications esthétiques, d’autres pratiques, elle pouvait facilement deviner le parcours et le travail de certains.

         C’est alors qu’elle remarqua une personne. Sans aucune modification.

         Une vastaya.

         Bell, intriguée, reconnut son amie. Elle était assise sur un tabouret, accoudée à une table. À ses côtés, une jeune femme à la carrure fine, en partie modifiée elle aussi. Ileae semblait souriante, très souriante. Elle souriant, et semblait investie dans la conversation avec cette inconnue.

         La femme la dévorait du regard, rapprochant petit à petit sa main de celle de la vastaya.

         Bell sentit un poids sur son cœur, tandis que le battement de ce dernier accélérait.

Pourquoi je regarde ? pesta-t-elle en détournant le regard, cela ne me concerne pas. Et puis elle fait ce qu’elle veut.

         Elle se leva rapidement, se tournant à l’opposé du bar. Elle souffla un grand coup, et s’élança dans sa course.

 

***

 

         Le soir venu, l’escouade Êta, Bell et Ileae se retrouvèrent, tard, dans leur planque. Les piltoviens avaient réussi à glaner quelques informations, tentant de trouver quelques contacts prompts à les renseigner sur les infrastructures Ratels. Leur présence bien qu’indéniable était sujet tabou pour les habitants, qui sous une atmosphère globale détendue, continuaient à subir l’oppression du gang : enrôlements, contrôles, réquisitions.

         Ileae pour sa part était parvenue à trouver quelques personnes capable de la renseigner, mais aurait besoin de temps supplémentaire. Bell esquissa une moue lorsque son amie vastaya parla de ces dits informateurs, et de contacts.

         Elle est bien plus à l’aise maintenant. Non je suis pas jalouse, débattait-elle dans sa tête, mais quand même.

         Bell avait passé une petite heure à plancher sur la feuille d’une grande table, dressant un rapide plan du district. Elle renseignait ce qu’elle et les autres avaient remarqués, les lieux susceptibles de renfermer quelque chose.

         Au centre se situait un important édifice, luxueux, sur les flancs un ancien laboratoire était renfermé, tandis que dans un des quartiers commerçants, un lieu semblait régulièrement accueillir les patrouilles du gang. Les piltoviens seraient chargés de surveiller le premier et le dernier, Bell le second, et Ileae continuerait à se renseigner.

         La nuit venue, les participants à l’opération purent échanger, autour d’une petite collation. Le sergent, en plus d’être un excellent combattant, était un homme très cultivé. Originaire de Noxus, il avait combattu dans les terres jouxtant l’empire et celles des tribus de Freljord. Bell se plaisait à imaginer qu’il ait pu croiser des membres de la famille d’Anna, son mentor.

         Son histoire était la même que d’autres membres des escouades, des hommes et femmes ayant voulu voyager, ou fuir leur pays, finalement intéressés par le défi que représentait l’équipe d’Holly. Tous admiraient leur commandante, leurs paroles respiraient le respect envers cette bien étrange femme.

         Ils se montrèrent curieux du parcours de la scientifique, ainsi que du voyage de la jeune yordle. Leur commandante s’intéressait de près à elle. Elle leur parla de son aventure, avoir quitté Bilgewater avec pour mission d’aller en Targon et Ixtal trouver de quoi combattre la brume noire, la Ruine, des Îles Obscures. Elle leur parla de ses parents, de ses amis, et de son Papy.

         Tous lui manquaient.

         Atrocement.

 

***

 

         Bell compléta la majeure partie de sa carte du district, alternant entre les demandes du sergent Aster d’éclaircir certaines zones, et la surveillance de l’atelier sur un flanc de la cavité.

         Il lui était impossible d’approcher l’édifice, clôturé partout par d’énormes barrières. Il lui faudrait utiliser son pouvoir pour passer, mais être repérée pourrait faire échouer toute leur opération. Aucune entrée n’était possible, excepté par la porte principale. De temps en temps, un groupe de zauniens, armés et modifiés, passaient par la grande grille, accompagnés d’un chariot recouvert d’une bâche.

         J’espère que les autres trouveront plus de choses que moi…

         Elle continua sa visite de la ville, déjà trois jours qu’ils étaient ici, à enquêter dans la plus grande discrétion, mais excepté la présence évidente de Ratels, rien ne leur permettait de réellement attester de la présence de leur cible.

 

         Le soir venu, l’heure était une nouvelle fois au débriefing. Chacun ajouta aux notes les derniers éléments. Ileae manquait à l’appel, elle était déjà rentrée tard les deux soirs précédents.

 

         BLAM

 

 - JE L’AI ! s’écria la vastaya en manquant de déchausser la trappe par laquelle elle venait de passer. ON LE TIENS !

         L’escouade bondit sur ses pieds, tendant un siège à la jeune scientifique essoufflée.

 - J’ai pu avoir des informations, réussit-elle à articuler en tentant de retrouver son souffle. Krenn est bien ici, dans l’atelier à l’ouest du district.

         Le cœur de Bell rata un battement. Il était là, sous son nez.

 - En es-tu sûre ? demanda le sergent. Nous n’avons pas le droit à l’erreur.

 - Oui, c’est un Ratel ivre qui a délivré l’information.

 - Très bien, il faut trouver le moyen de pénétrer l’édifice. On sait qu’il est intégralement clôturé, et si un ponte comme Krenn s’y trouve, surveillé. Bell, c’est ton secteur, des éléments intéressants ?

 - Eh bien… il y a régulièrement des approvisionnements qui transitent par l’entrée principale, c’est la seule qui existe.

 - Ça ne nous facilite pas la tâche… Ce bâtiment est isolé, impossible de pénétrer par une paroi, ou un édifice voisin.

         Les piltoviens échangèrent quelques mots, réfléchissant à un moyen de pénétrer l’enceinte de l’atelier. Aucune voie garantissant la discrétion ne semblait possible.

         Des bruits de pas leur parvinrent, quelqu’un pénétra la pièce par la trappe. Immédiatement, les trois soldats bondirent sur leur pieds, dégainant leurs armes, se préparant à attaquer.

         Une petite tête pointa au travers de l’embrasure, celle d’un jeune garçon, qui tenait dans ses bras un oiseau en peluche.

 - Doucement, c’est le fils de nos hôtes.

         Bell reconnut le petit qu’elle avait vu s’enfuir dans les escaliers le premier jour. Elle ne l’avait pas recroisé ensuite, probablement trop discret.

 - Tu ne devrais pas être ici, dit gentiment le sergent en s’agenouillant près de lui. C’est dangereux.

 - C’est pas dangereux, rétorqua le gamin. Pas toi.

 - Pas moi ?

         L’enfant pointa un doigt vers Bell, la fixant du regard.

 - Elle, elle est dangereuse.

 - Tu la connais ? demanda Aster confus.

 - Oui, répondit le garçon en serrant contre lui sa peluche. C’est la jolie fille qui fait exploser des objets.

         La yordle ne comprenait pas, elle n’avait pas parlé à ce garçon, et personne n’était au courant de son aventure dans le complexe minier, et de ce pouvoir… personne sauf… Elle jeta un regard confus à Ileae, qui paraissait aussi perdue qu’elle.

 - Les autres m’ont parlé de toi, lança-t-il à l’intéressée, ils m’ont dit que tu étais bizarre, mais gentille.

 - Ce sont les enfants de la mine qui t’ont dit ça ? Comment tu les connais ?

 - Ils ne viennent pas de la mine t’es bête, rétorqua-t-il, ils habitent ailleurs comme moi, dans tout Zaun. C’est notre terrain à nous.

         Bell poussa un soupir de soulagement. Manifestement, le groupe d’enfants de la mine était plus grand que ce qu’elle imaginait, et bien plus étendu.

         Un vrai petit gang ! se dit-elle en souriant intérieurement.

 - Maintenant tu devrais repartir petit, ajouta Aster. Ce n’est pas un endroit pour les jeunes gens.

 - Je vous ai écouté. Je sais comment entrer là où vous voulez aller, dit le gamin en plantant son regard dans celui du piltovien. Mais pas toi, t’es trop lourd.

         Le sergent resta bouche bée, regardant le petit se diriger vers la grande table. Il grima sur une chaise, et se pencha sur le quartier autour du bâtiment où serait caché le professeur Krenn.

 - Ici, montra-t-il du doigt. Il y a une ancienne voie de train abandonnée.

 - Comment se fait-il qu’on ait vu personne l’utiliser ? demanda Ileae en s’approchant.

 - Bah parce qu’elle est abandonnée, rétorqua le petit zaunien en soupirant. Pour une scientifique t’es pas très fûtée.

         Ce fut au tour de la vastaya de rester sans voix.

 - Elle est inutilisable, il y a un gros trou qui mène aux Grandes Profondeurs, c’est pour ça que les gens normaux peuvent pas passer.

 - Les Grandes Profondeurs ?

 - C’est un réseau de cavernes très en dessous de Zaun, expliqua Aster. Très difficiles d’accès, et il y règne une puissance destructrice qu’il ne vaut mieux pas déranger. La Décharge fait partie de cette zone profonde.

 - C’est donc comme ça que vous nous avez trouvées, murmura Ileae. Il y a d’autres installations shurimiennes ?

 - Probablement, mais c’est très dangereux. Mais revenons à notre affaire. Dis-moi bonhomme, qui peut y passer si nous on ne peut pas ?

 - Elle, répondit-il en pointant Bell du doigt. Elle peut se téléporter.

 - On peut alors installer un câble et passer au-dessus du trou, commenta un des piltoviens. Et ça sera une voie de sortie parfaite.

 - Tu saurais nous y conduire demain ? demanda Aster au garçon.

 - Oui, mais je le fais pour elle, dit-il en pointant Bell. Elle est gentille, toi je te connais pas.

         Sur ces mots, le petit sauta de sa chaise, serrant toujours sa peluche contre lui, et quitta la pièce par la trappe, sous le regard médusé des piltoviens.

         Les piltoviens sortirent d’un des grands deux trépieds et un grand câble. Habitués des opérations, ils avaient prévu tous les équipements qui auraient pu les intéresser avant de partir.

 - Je ne pourrais pas installer ça seule, dit Bell en regardant l’attirail. J’aurai besoin d’aide.

 - On ne pourra pas t’accompagner si j’en crois le gamin, il faudra te débrouiller pour.

 - Moi je peux l’aider, dit Ileae.

 - Et comment ? demanda Aster curieux.

 - Vous verrez, dit-elle avec un sourire. D’autant qu’il s’agit de mon matériel, je sais comment l’installer pour qu’on passe sans souci.

         Bell poussa un soupir de soulagement. Sa petite taille ne lui permettait pas de porter tout ce dont ils auraient besoin de l’autre côté, et faire des allers retours en portant du matériel était bien plus éreintant.

         Ils échangèrent quelques mots, puis chacun se plaça dans son sac de couchage, comme tous les soirs ces derniers jours. Contrairement à leurs habitudes depuis deux mois, les deux ne dormaient plus ensemble. Gênées par la présence des autres, elles n’osaient plus être aussi proches, ou discuter.

         Bien que Bell ne fît plus les horribles cauchemars qui l’avait perturbée après leur évasion de chez Krenn, la présence de la vastaya lui manquait.

 

***

 

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