Bell de Bilgewater

Chapitre 55 : Partie 4 - Chapitre 19

4400 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/01/2023 17:51

           Chapitre 19

 

         D’ordinaire, Bell restait assez discrète lorsqu’elle sortait en Zaun, évitant de se faire remarquer. Pas qu’elle ait envie de se cacher, mais elle préférait passer inaperçu, question d’habitude. Les récents évènements, le fait d’avoir littéralement un gang composé de centaines de zauniens à sa recherche, et même son espèce, avait trop tendance à la mettre en avant à son goût..

         Depuis l’arrivée de l’escouade d’Holly à la Décharge, cette dernière avait tendance à ne pas voir d’un bon œil les vagabondages de la jeune fille.

         Cette fois, elle revenait tardivement de l’usine, et c’est cette même Holly qu’elle croisa sur la place centrale, assise sur un parapet. La grande femme se leva, laissant aller ses longs cheveux violets, et s’approcha de la jeune fille. Sa démarche, élégante, laissait transparaître une légère touche d’agacement. Nahia, à ses côtés, l’accompagnait.

 - Tu peux me dire ce que tu faisais ? lança-t-ail d’une voix tout aussi froide. On te cherchait.

 - Zaun, répondit simplement Bell.

 - Tu devrais éviter de te promener, seule qui plus est. Je préfèrerai que tu restes dans l’enceinte de la Décharge.

         Un air d’incompréhension naquit sur le visage de la jeune fille, qui ne savait quoi répondre à la piltovienne.

 - C’est dangereux là-haut, continua la commandante. Je crois que tu en as déjà fait les frais.

 - Je… je ne crois pas à avoir besoin de demander la permission à qui que ce soit, bafouilla la yordle en regardant Nahia. Je ne vais pas rester enfermée ici ?

 - Pour ta sécurité, cela vaudrait mieux.

         Bell lança un regard d’incompréhension à la cheffe, qui détourna le regard, légèrement gênée. Elle aussi semblait s’inquiéter, mais ne parvenait pas à trouve les mots pour lui demander de rester cachée.

 - Mais je suis utile, j’aide aux missions, tenta-t-elle de dire pour se justifier.

 - Mon escouade peut aisément s’y substituer, contra Holly.

 - Et la cartographie ? Personne ne le ferait sans moi, argumenta Bell en cherchant du soutien auprès de la cheffe.

         Cette dernière ne put qu’approuver ses dires. Les cartes de la jeune navigatrice étaient un avantage certain pour la Décharge, qui se devait de connaître au mieux le terrain pour rester dans le secret.

 - Tu as largement de quoi t’occuper. À partir de demain tu resteras ici.

         Bell sentit un sentiment de colère monter en elle. Elle avait passé des semaines enfermée, torturée, et venait à peine de retrouver la sensation de liberté qu’elle avait perdue.

 - Je refuse, dit-elle fermement.

 - Ma mission est de te protéger, ce n’est pas…

 - Je refuse, répéta plus durement la jeune fille. Vous n’avez aucun ordre à me donner.

         L’expression froide et d’ordinaire si parfait de la commandante se teinta d’une nuance de surprise, discrète.

 - Zaun est un endroit dangereux, continua-t-elle, tu dois…

 - Je ne dois rien à personne, s’indigna Bell. Je suis libre, jusqu’à preuve du contraire je ferais ce que je veux.

         La commandante était légèrement déconcertée, il était rare que quiconque s’oppose à elle, elle avait pour habitude de faire assez d’effet sur les gens pour se faire obéir. La jeune yordle semblait intransigeante, comme si Holly avait touché un point sensible.

 - Tu dois comprendre qu’on essaie de te protéger, dit Nahia en tentant de détendre la conversation. Il y a une guerre civile, et tu es activement recherchée.

 - Alors ils ne me trouveront pas, rétorqua Bell. Je commence à mieux connaître la plupart de district que beaucoup ici, alors que je suis nouvelle.

 - Tu resteras ici, affirma Holly d’une voix sèche, je ne peux pas me permettre de les laisser te capturer à nouveau. C’est parce que personne n’a pris ta sécurité au sérieux que tu as fini dans les geôles de Krenn.

         Bell se sentait mal, en proie à la colère, et l’incompréhension. Inconsciemment, elle fit appel à sa concentration, et commença à observer les flux de la commandante. Ces derniers étaient à son image, ils étaient incolores, calmes, et contrairement aux autres, ils ne vibraient pas.

         Tout en cette femme respirait le contrôle. Cependant, lorsque la jeune fille lui tenait tête, elle pouvait distinguer du mouvement.

         Je peux..?

 - Les Ratels sont de plus en plus agités. Ma décision est prise, et Nahia s’accorde sur ce point, tu dois rester ici.

         Sur le côté, Bell distingua les flux de la cheffe. Plus agités, elle comprit qu’elle était en proie à des hésitations, ne sachant dans le fond si elle approuvait ou non les directives de la commandante.

- En te promenant dans les districts tu es en danger.

 - Danger ? ricana Bell. Je suis Bilgewatienne, je ne sais même pas ce que ça veut dire.

         Face à la désinvolture de la jeune fille, un fin rictus de désapprobation figea le visage de la commandante. Ses flux furent parcourus de légère vibrations.

         Elle se concentra, tandis que la femme continuait à tenter de lui imposer son autorité. Petit à petit, elle n’écouta qu’à demi-mot ce qu’elle racontait. En fait, elle réfléchissait, des tas de pensées lui traversaient l’esprit, à toute vitesse, des tas de mots, de réponses. Pour chacune d’elle, elle sentait instinctivement un résultat positif ou négatif sur son interlocutrice.

         Au détour d’une phrase de la piltovienne, les mots semblèrent s’aligner d’un seul coup, comme une évidence. Une autre voix résonna dans sa tête, une voix qu’elle avait déjà entendue. Qui lui souffla un mot.

         Manipule.

- Sauf votre respect, se rebiffa Bell, je m’en fiche. Je n’ai aucun ordre à recevoir de vous ou qui que ce soit d’autre, ici ou même à Piltover. Nahia m’a garanti que je serais libre.

         Au moment où elle prononça ses mots, des sortes de rubans violets semblèrent sortir du sol. Ces apparitions, visibles uniquement de la jeune yordle, semblèrent s’immiscer dans les flux de la commandante.

         Cette dernière ne bougea pas d’un iota, comme si tout ce que la yordle voyait n’était pas réel. Les mains rubans plièrent les flux de la piltovienne, qui pour toute réaction ne fit qu’esquisser un léger rictus.

         Sur le côté, les flux de la cheffe eux avaient changés, ils étaient colorés d’une teinte violette. Cette dernière regardait maintenant Bell avec un sourire d’approbation.

 - Nous vous ni Krenn ne parviendrez à me garder captive, continua la jeune fille avec un sourire provocateur, quoi que vous fassiez, je parviendrais toujours à m’enfuir.

         Holly semblait déstabilisée, ce qui devait être rare pour elle. Personne n’osait lui résister, le peu en ayant la force se trouvaient généralement contraint par un petit chantage, ou des pressions de la part de ses forces.

         Il y a quelque chose d’anormal, se dit-elle. Dès lors qu’elle tentait de contre-argumenter ce que sa protégée disait, son esprit semblait changer d’idée, ou même se perdre dans d’autres pensées.

         Après quelques minutes de réflexion, elle finit par céder. Elle voyait que rien ne ferait changer d’avis cette petite rebelle, qui semblait avoir aussi convaincu Nahia.

         Je me demande s’ils sont tous comme ça à Bilgewater, pensa-t-elle en soupirant.

 - Très bien. Je veux bien lâcher l’affaire, à condition que je m’assure que tu sache te protéger.

 - C’est une provocation en duel ? demanda Bell surprise.

 - En quelque sorte.

 

***

 

         Dans la salle d’entraînement, quelques spectateurs s’asseyaient sur les bancs, toujours curieux de voir un affrontement. Tous avait quelques connaissances sur les forces de régulation de Piltover, et certains même avaient eu vent de celle de leur commandante.

         Son adversaire se préparait elle aussi, enfilant des protections adaptées à sa petite taille. De nombreuses pensées se bousculaient dans sa tête, mais elle ne concernaient pas le combat qu’elle allait mener.

         Elle a changé d’avis, analysa-t-elle, c’est moi qui ai fait ça ?

         Ses pouvoirs étaient étranges, elle se sentait différente, comme si elle parvenait à mieux saisir ses propres capacités. Ces dernières l’effrayaient, elle ne partageait pas la curiosité de son amie Ileae, ou de sa professeure de magie à l’académie piltovienne.

         Et il y avait cette voix.

         Un bruit sec la tira de ses pensées. Holly, au centre de la salle, avait fait claquer le bout de son arme d’entraînement sur le tapis, signifiant qu’elle était prête. Un long bâton de combat à la main, elle regardait la jeune yordle d’un air aussi froid qu’à l’accoutumée.

         Bell se plaça face à elle. Elle avait déjà eu à affronter quelqu’un en duel ici même, mais cette fois il ne s’agissait pas de Nahia. Elle ignorait tout de son adversaire, et n’avait jamais pu l’observer. De fait, elle choisit de prendre deux dagues, prudente.

 - Les règles ? demanda la cheffe en se plaçant sur le côté.

 - K-O, premier sang versé, ou abandon, lâcha Holly sans détourner le regard.

         Holly était sereine, elle avait face à elle une adversaire qu’elle avait pu scruter attentivement. Elle avait choisi un bâton de combat, simple et efficace, elle pariait sur le fait que la yordle n’avait jamais eu à affronter de combattant équipé de ce genre d’arme. D’un autre côté, cette dernière avait fait l’erreur de prendre ses armes de prédilection : les dagues. En optant pour la sécurité, Bell s’était fortement désavantagé sans le savoir.

          Un léger sourire naquit au coin des lèvres de la commandante, qui fixait toujours la yordle.

         Bell frissonna.

 

CLAP

 

         Le signal lancé par Nahia annonça le début des hostilités. Sans attendre une seconde, la commandante se mit en mouvement.

         Fondant sur Bell, elle abattit son arme d’un mouvement élégant, forçant cette dernière à esquiver. Sous l’effet de la surprise, elle ne vit pas le second coup arriver. Holly pivota sur elle, et assena une violente attaque avec l’autre extrémité du bâton.     Touchée à l’épaule, Bell surmonta la douleur pour tenter de frapper. Malheureusement pour elle, la commandante avait déjà quitté sa position.

         Cette dernière tournait autour de son adversaire, préparant ses assauts. Elle attaqua, plaçant des coups que Bell peinait à esquiver, attaqua encore, et encore, sans relâche.

         Une éreintante danse s’engagea, les deux femmes échangeaient et esquivaient leurs coups, dans une chorégraphie qui serait mortelle si elles avaient entre leurs mains de véritables lames.

         Malgré la taille et la ténacité de Bell, la commandante prit petit à petit le dessus. Elle était rapide, agile, maîtrisait parfaitement son arme. Elle avait aussi pour elle le fait qu’elle eut le temps d’observer Bell, et d’assimiler son style aux dagues.

         Les coups pleuvaient, petit à petit, touchaient de plus en plus leur objectif. La yordle luttait contre les signaux douloureux qu’envoyaient son corps, mais malgré tous ses efforts, elle ne parvint qu’à toucher Holly qu’à trois reprises, superficielles.

         Les minutes d’égrenèrent, de même que l’énergie des deux femmes. La piltovienne dominait désormais Bell, la forçant à se plier à ses mouvements. Implacable, et infatigable en apparence, elle ne semblait cependant pas profiter des occasions pourtant évidentes d’achever ce duel.

         Holly la testait, elle en était convaincue.

         Son cœur battait la chamade, le sang battait dans ses veines, vibrant en rythme. Elle serra les dents, et entreprit de rassembler ses ultimes forces.

         Elle engagea une dernière danse avec son adversaire, plus rapide encore, plus féroce. Elle espérait mettre à nu une faille dans la défense de la piltovienne, dont le visage d’ordinaire froid était barré d’un sourire.

         La yordle tournoyait telle une tornade, glissant autour d’Holly comme portée par le vent.

         La commandante frappa. Bell vacilla.

         Un coup que la yordle n’avait pas vu venir l’avait cueillie, faisant exploser une violente douleur dans son flanc. Elle se répandit dans tout le côté de son corps comme une vague de feu, manquant de lui faire perdre connaissance.

         Elle tint bon, resta crampée sur ses pieds, face à la piltovienne.

         Holly se redressa.

 - J’abandonne, lâcha-t-elle en retrouvant sa froide expression.

 

         Le corps de Bell sembla se relâcher d‘un seul coup, comme soulagé. Face à elle, la commandante empoigna son bâton et quitta le tapis pour se diriger vers les bancs. Elle détacha ses longs cheveux violets, en silence, sous le regard médusé des quelques zauniens ayant formé un public.

         Après quelques secondes de stupeur, la yordle se dirigea à ses tours vers le bord de la salle. Elle fixa la piltovienne avec un air interrogateur, souhaitant des réponses.

 - J’ai vu ce que je souhaitais voir, lâcha-t-elle froidement. Tu es apte à sortir.

 - Vous… vous êtes sûre !?

 - Oui.

         La commandante, ramassa ses affaires, et fixa la jeune fille.

 - Continues à t’entraîner, tu as un potentiel.

         Elle se détourna, marchant d’un pas élégant vers la porte de sortie. Le sergent Aster, qui avait assisté au duel de sa supérieure, jeta un regard brillant à Bell, faisant un signe d’approbation de ses mains, pouces en l’air.

         Je crois qu’il ne doit pas souvent l’entendre donner des compliments, se dit la yordle.

         D’un côté, l’abandon d’Holly signifiait qu’elle avait gagné. Elle était libre de sortir à volonté. Malgré cela, elle ne se sentit pas bien. Elle ressentait une profonde frustration, elle n’était pas parvenue à vaincre la commandante.

         Pire, elle s’était fait mener, de bout en bout. Elle n’avait pas eu l’ombre d’une chance face à la piltovienne.

         Elle était frustrée, elle se sentait déçue.

         Et son corps lui faisait un mal de chien.

 

***

 

         Discrète, Bell regagna ses appartements. Ce dont elle avait le plus besoin après un tel affrontement, c’était certainement d’une bonne douche suivie de repos.

         La soirée n’étant qu’à ses débuts, Ileae n’était pas encore rentrée. La yordle eut un soupir de déception lorsqu’elle constata que l’appartement était vide, elle voulait lui parler…

         Elle profita de sa solitude pour se déshabiller dans la grande chambre, attrapant une tenue plus simple pour rester chez soi. Elle avait une faim d’enfer, d’habitude, elle et son amie mangeaient soit dans le réfectoire de la Décharge, accessible à tous, soit des plats rapides achetés en Zaun et consommés sur place où dans leur appartement.

         Elle pénétra la salle d’eau, posant sa tenue sur un meuble à côté. Une fois de plus, l’eau chaude ruissela sur sa peau, sa fourrure. Elle regarda longuement son poil, court et doux.

         Rose.

         Elle se sentait différente. Était différente.

         Son corps était recouvert d’hématomes. Bien qu’étant organisé avec des armes d’entraînement, l’affrontement avec la commandante avait laissé quelques traces. Douloureuses.

         La couleur de sa fourrure lui sembla encore différente, teintée d’un léger aspect grisâtre. Et en effet, plus aucune trace de sa cicatrice. D’ordinaire, la plupart des gens de seraient réjoui de la cicatrisation de leur peau, retrouvant un aspect lisse. Mais pas Bell.

         Pas pour cette cicatrice.

         Elle se remémora son premier voyage en mer, qui l’avait amené à Piltover. Ils avaient été attaqués par un des monstres les plus redoutés des océans, la Matriarche des Hyyathans. Le Somua était encore en réparation au port, depuis plusieurs mois, tandis que plusieurs membres de l’équipage avaient été blessés.

         L’un des camarades de son meilleur ami, Alid, était toujours entre la vie et la mort. Bell quant à elle avait eu le ventre perforé d’un morceau de bois, sauvée par les dons de guérisseuse de son amie d’enfance Cynthia.

         Je lui en doit une belle, à elle et sa magie d’aquamancienne…

         Pourtant, aucune trace ne subsistait sur son corps, comme si rien ne s’était jamais passé.

         La jeune fille sortit de la douche, et continua de s’observer dans le miroir de la salle d’eau. Elle était toujours elle-même dans le fond. Moins d’un mètre, de très grandes oreilles velues, une courte fourrure sur le corps, et de longs cheveux.

         Je rêve où ils tendent vers le bleu ?

         Bell, nue, entreprit de coiffer ses cheveux. Elle était inquiète, son corps changeait, et elle n’avait encore aucune réponse quant à ces différences.

         Derrière elle, la porte s’ouvrit.

 

***

 

         Ileae était sur le chemin du retour, lorsqu’elle croisa Holly. Elle avait passé plusieurs heures à parler avec Nahia, Klem, et des artisans du clan des Poinçonneurs à négocier.

         La commandante fit un petit signe de la main en rejoignant la vastaya d’un pas vif, la même expression froide sur le visage. Elle semblait cependant plus… fatiguée, et habillée d’une tenue inhabituelle, comme si elle sortait d’un affrontement.

 - Bonsoir Ileae.

 - Bonsoir mademoiselle Bertillon ! salua l’intéressée. Comment allez-vous ?

 - Remarquablement bien, et toi ?

 - Pareil, je viens de parler avec des artisans Poinçonneurs, ils vont m’aider sur mes travaux ! Ils ont des intérêts à m’aider, je compte me pencher sur la fabrication de leurs armes.

 - Tu fabriques des armes ? demanda Holly intriguée.

 - Pas encore, jusqu’ici quelques gadgets, rien de bien particulier. Mais j’aimerai tenter l’armurerie. Qui sait, peut-être pourrais-je coupler ma technologie cristalline à une arme.

         La commandante regarda dans le vide, pensive. Était-ce réellement la direction que souhaitait prendre la jeune scientifique ? Les armes et la guerre ?

 - J’aimerai qu’elles soient non léthales, ajouta Ileae comme si elle avait entendu les inquiétudes de sa camarade.

 - Pourquoi spécifiquement non léthales ?

 - Je veux que mes objets servent les cités, pas qu’elles ôtent la vie de leurs habitants.

 - C’est assez noble, surtout venant de quelqu’un qui veut fabriquer des armes.

 - Je sais.

 - Tu n’as pas peur que d’autres utilisent tes travaux à mauvais escient ?

 - Comment ça ?

         Holly resta pensive quelques secondes, cherchant comment aborder le sujet. La technologie de cette jeune fille était similaire à l’Hextech, des cristaux magiques. Mais les siens différaient par leur méthode de fabrication plus éthique, et leur puissance largement inférieure.

         Elle avait vu comment, une technologie révolutionnaire avait menée à des machines mortelles, des pseudos-accidents explosifs, des armes. L’Hextech avait fait du bien à Piltover, mais aussi énormément de mal à Zaun, qui pour y répondre avait développé sa Chemtech, basée sur la chimie.

         Entre le génocide des Brackerns, nécessaire à l’obtention des cristaux, et les conséquences de leur mauvaise utilisation, la liste des problèmes était longue.

 - Certains essaieront de s’approprier ton invention, expliqua Holly, s’ils considèrent qu’elle représente un intérêt pour eux. La mettre entre les mains de n’importe quel clan, quand bien même eût-il été un allié, pourrait s’avérer catastrophique.

 - Vous avez raison, soupira Ileae. Mes cristaux ne quitteront ni la Décharge, ni les laboratoires de monsieur Grimbel si rien n’est fait pour limiter leur utilisation.

 - C’est sage, acquiesça la commandante. Et penses-tu que Johan se contentera de la garder dans ses labos ?

 - Je lui fait confiance, à lui et à Maria. Et vous ?

         Holly connaissait le couple depuis longtemps. Le scientifique loufoque en la personne de Johan Grimbel était un homme bien, et sa femme, Maria Wajäard, était une armatrice à la renommée grimpante et une femme de principes.

 - Je serais ravie de pouvoir tester vos prototypes, dit Holly.

 - Vraiment !? s’écria Ileae. Vous feriez ça ?

         Holly laissa apparaître un début de sourire au coin de ses lèvres. Un sourire sincère.

 - Avec grand plaisir !

         Ileae tapa dans ses mains de joie, comme une enfant à qui l’on venait d’offrir un cadeau. Elle salua la piltovienne, avant de se diriger d’un pas guilleret vers ses appartements.

 

***

 

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