Bell de Bilgewater

Chapitre 53 : Partie 4 - Chapitre 17

4279 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/01/2023 17:48

           Chapitre 17

 

         Une épaisse neige recouvrait le plateau, ralentissant ses mouvements, elle avait du mal à lutter, enfoncée jusqu’à la taille dans la poudreuse blanche.

         Un froid glacial, poussé par un vent violent, mordait le visage de la jeune fille. Malgré la fourrure qu’elle arborait, il lui piquait la peau, sans répit.

 - Bell par ici !

         Une voix l’appelait, proche. Une voix inconnue.

         Au loin, une autre personne peinait à avancer. Elle lui faisait signe de la suivre. Bell accéléra le rythme, passant au travers de la neige. Pour s’aider, elle utilisa les sillons tracé par l’autre personne.

 - Plus vite, faut pas trainer !

         L’autre se retourna. Elle était aussi très petite, probablement un peu plus que Bell. Enveloppée dans une combinaison bleue, la jeune fille ne put rien distinguer d’elle. Yordle.

 

ROOOOOAAAAAR

 

         Un rugissement brilla les tympans de la jeune fille. Inattendu, bestial, et si puissant qu’il paralysa Bell sur place. Le cri provoqua chez elle un frisson, et une peur soudaine. Tout son corps lui criait de fuir à toute jambes.

         De grands bruits lui parvinrent, de l’autre bout du plateau. Une choses, énorme, se mouvait rapidement. Quatre pattes, identifia Bell, et des griffes. D’énormes serres.

 - BELL COURS ! cria l’autre.

         Sans se retourner, la yordle la suivit sans se retourner, s’élançant dans la neige. Derrière, d’autres bruits lui parvenaient. Elle comprit non sans mal que la créature les pourchassait. Immense, se dit-elle. Enragée.

         Elle n’osait pas se retourner, et courrait malgré la gêne de l’épaisse poudreuse. Elles allaient moins vite que la bête, mais d’un signe de la main, l’autre lui indiqua une grotte dans laquelle se réfugier.

         Elles s’y précipitèrent. L’entrée, trop étroite pour la bête, leur permit de lui échapper. Les bruits de crocs et de serres, puissants, s’abattant sur les parois, leur indiquèrent que la bête aurait du mal à passer, à leur plus grand soulagement.

         Elles s’éloignèrent du danger, dont les rugissements puissants parcouraient la cavité, faisant même trembler les murs. L’autre sortit une petite lampe de sa sacoche, qu’elle alluma, et le noir les enveloppa.

 

**

 

         Elle ouvrit les yeux, mais ne put rien voir, elle était dans un noir complet. Haletante, elle se redressa, en regardants autour d’elle, totalement désorientée.

         Après quelques minutes, sa respiration commença à se calmer. Ses yeux commencèrent à s’habituer à la pénombre. Petit à petit, elle distingua l’environnement autour d’elle.

         L’appartement.

         Elle était assise, sur son lit. Notre lit.

         À ses côtés, elle entendait une respiration, douce. Ileae était emmitouflée dans la couverture, elle dormait à points fermés.

         Bell sourit en la voyant. Elle observa quelques minutes son visage, fin. Elle est jolie, se dit-elle. Elle rougit, secouant sa tête comme pour chasser ces pensées. Il faisait encore nuit noire, et elle avait besoin de repos.

         Elle s’allongea, aux côtés de la vastaya. Timidement, elle attrapa sa main, dont le dos était couvert d’écailles bleu, irisées. Dans son sommeil, Ileae serra la main qui s’était glissée dans la sienne. Elles sont douces, pensa Bell. Elle ferma les yeux, cherchant le sommeil.

         Bercée par la respiration de la scientifique, elle s’endormit rapidement.

 

***

 

         Avec l’arrivée des piltoviens au sein de la Décharge, l’atmosphère, autant que le quotidien de certains, changea légèrement. Certains voyaient d’un mauvais œil l’intrusion de ces habitants de la surface dans leur havre de paix. Leur rejet des piltoviens se faisait sentir, et ce malgré le fait que l’escouade Êta soit composée, comme pour les autres, de membres issus de tout Runeterra.

         Bell se sentait coupable, envers la commandante. Par le fait qu’elle, et Ileae, aient choisi de rester un peu plus, elle forçait Holly, chargée de la ramener, de rester avec elle.

         C’est elle qui vit ses habitudes le plus changées. Après l’attaque contre les Ratels, et le soulèvement des Poinçonneurs, de nombreux bruits couraient les rues de Zaun, ajoutant ainsi la percée de piltoviens au travers du blocus. Les Ratels, au bord de la paranoïa, intensifiaient leur contrôle sur les districts, et leurs recherches.

         La commandante arpentait discrètement la ville basse, avec ses hommes. Même elle, après quelques jours, finit par apporter un peu d’aide à la Décharge. La présence d’un groupe entrainé et connaissant leur environnement facilité les missions, au grand désespoir de la jeune yordle, qui n’avait presque plus l’occasion de participer à des sorties.

         Régulièrement, elle s’isolait, avant de rejoindre un des élévateurs pour s’aventurer dans Zaun. Elle n’avait pas envie de rester dans un trou. Elle voulait voir encore plus. Être libre.

         Plusieurs fois, elle avait pu croiser d’autres yordles, mais avait rarement l’occasion de discuter avec. Presque à chaque fois, les Ratels n’étaient pas loin. Ils me cherchent, comprenait-elle, je mettrais ces gens en danger…

         Alors qu’elle poussait la porte d’une boutique étrange, elle tomba sur l’un d’eux. Un yordle mâle, à la fourrure longue et épaisse, qui avait l’air très vieux.

 - Bonjour mademoiselle ! lança-t-il. Une yordle c’est assez rare, tu cherches quelque chose ?

 - Je ne fais que visiter, répondit-elle. Je ne vous dérangerais pas longtemps.

         Le vieux yordle s’assit à son comptoir, un sourire aux lèvres.

 - Tu ressembles à cette jeune fille que les Ratels recherchent avec acharnement, dit-t-il. Tu dois être au courant, s’il s’agit bien de toi.

         Le cœur de Bell rata un battement, et elle sentit sa gorge se serrer. Va-t-il me dénoncer ? pensa-t-elle inquiète.

 - Ne t’inquiètes pas, continua-t-il en riant, je n’ai pas pour intention de les faire venir. Ils n’apportent que violence et problèmes. Mais dis-moi-en plus sur toi.

         La jeune fille s’exécuta, encore méfiante. Jusqu’ici elle n’avait rencontré que peu de ses semblables, et jamais aucun ne lui avait paru hostile envers elle.

 - Vous seriez en danger. Que feraient-il s’ils savaient que vous me connaissez ?

 - Les gens du coin me connaissent, rétorqua le commerçant. Ne va pas croire que nous serions prêts à nous dénoncer les uns les autres. J’entends cependant des rumeurs sur une des nôtres, traquée par ce gang, qui ne serait pas d’ici.

 - Vous êtes d’ici vous ?

 - Je viens de Bandle, j’ai voyagé dans Runeterra et j’aime bien cette ville.

         La jeune fille tressauta à l’évocation du nom de la cité de son espèce, cachée entre leur monde et un autre plan d’existence.

 - Vous sauriez m’emmener à Bandle ? demanda-t-elle prestement. Vous parlez yordle ?

         Avec un grands sourire, le vieillard entonna un petit air, dans une langue qu’elle trouva très légèrement familière. Une partie de sa mémoire s’activé, profonde et presque nouvelle pour elle. Je… j’ai déjà entendu cet air… comprit-elle.

 - C’est magnifique, dit-elle lorsqu’il eut terminé.

 - C’est une vieille comptine pour nos enfants, narrant l’histoire d’une jeune magicienne coincée dans une clairière éternelle ayant quitté son havre pour parcourir le monde en quête d’amusement. Et je ne connais aucun portail de Bandle proche d’ici.

 - Je pense l’avoir déjà entendu… ce chant…

 - Peut-être tes parents te l’ont-chanté durant tes jeunes années ?

         Ce que lui dit le commerçant la fit réfléchir. Ces mémoires qui ressurgissaient, des images, une voix, des sons… insaisissables…

 - Je suis à leur recherche… dit-elle. C’est pour cela qu’il me faut aller à Bandle, demander à tous les nôtres s’ils les connaissent. Il étaient deux, probablement mage ou scientifiques, des chercheurs, qui ont voyagé partout.

 - Très peu de yordles voyagent en vérité, encore plus hors de Bandle, répondit-t-il en réfléchissant longuement. D’autant que la plupart se cachent.

 - Vous avez des idées ? Des souvenirs ? insista Bell.

 - Hélas non, admit le vieil homme. Je vais demander aux autres.

 - Vous connaissez beaucoup de yordles ?

 - En Zaun, une vingtaine, mais tu auras probablement plus de chance en haut. Il y en a un, très puissant à l’Académie de Piltover.

 - Le professeur Heimerdinger ? demanda Bell. Il n’est pas là…

 - Oh je l’avais oublié, dit-il en souriant, ça fait deux. En tout cas je vais me renseigner, si j’ai des informations, où puis-je te trouver ?

         Bell resta silencieuse quelques secondes. Elle savait qu’elle ne devait pas révéler la position de la Décharge.

 - Je viendrais vous trouver.

 - Je vois, toujours en mouvement ?

 - J’essaie, répondit la jeune fille en souriant.

         Le vieux yordle offrit à Bell un petit sac contenant des friandises, en souriant. Manifestement, il semblait heureux d’avoir un peu de compagnie. Bell prit congé, s’enfonçant dans les rues zauniennes.

 

***

 

         Le district où elle se trouvait était très calme. Il s’agissait d’une cavité anciennement axée autour d’une usine, aujourd’hui désaffectée. Le Gris, très épais dans les rues, et le manque de travail, avaient incité les habitants à migrer vers d’autres quartiers, plus attrayants.

         Curieuse, la jeune Bell avait eu pour idée de visiter l’endroit. Les bâtiments étaient austères, mais légèrement plus uniformes que dans les autres districts. La yordle, qui commençait à connaître une bonne partie des souterrains de la cité, avait quelques idées sur l’histoire du district.

         Les informations qu’elle rassembla corroborèrent ses intuitions. Il s’agissait à la base d’une cavité ancienne, qui avait vu la découverte d’un gisement. Un gang fantoche, formé par deux clans Piltoviens, avait colonisé l’endroit. Rapidement, une énorme infrastructure s’était construite, et le district autour avec elle.

         L’architecture du coin était l’héritage de son histoire singulière. Édifié rapidement, le district avait eu le soutien officieux de Piltover, une véritable communauté ouvrière, qui avec la fermeture de l’usine et l’abandon de ses soutiens, avait dépérit.

         Bell appréciait se promener dans ces rues. Le plaisir était évidemment nuancé par le fait qu’elle devait porter un respirateur, évoluer dans les volutes étouffantes de Gris, et éviter les troupes des Ratels, mais elle appréciait toujours autant sa liberté.

         Elle se plaisait à essayer d’imaginer le district à sa grande époque. Elle rêvait les nombreux habitants parcourant les rues, les façades illuminées par la vie et l’activité. Elle entendait le bruit de l’usine, de la mine. Elle sentait les odeurs des commerces, entendait les bruits des artisans.

         Ce dont elle rêvait secrètement, c’était de pouvoir voyager au travers du temps, et de vivre ce qu’étaient ces endroits à d’autres époques. Elle voulait voir ce qu’était l’atmosphère de l’endroit alors que l’activité et la vie battaient leur plein.

         L’usine dépassait tout ce qu’elle avait vu jusqu’alors. Énorme, imposante, mais surtout, silencieuse. Un gigantesque complexe industriel, abandonné, tombant petit à petit en morceaux.

         Ne résistant pas à l’appel, elle s’infiltra facilement, en escaladant avec agilité les réseaux qui parcouraient le district. Elle espérait que le lieu ne serait pas surveillé, mais il semblait que le lieu ait été totalement laissé à l’abandon, oublié par tous.

         Elle découvrit des infrastructures énormes, de gigantesques machines de forage et d’extraction reposaient dans une salle au sein de la paroi, silencieuses. Je me demande si elles fonctionneraient, se dit-elle curieuse.

         D’autres machines, avec des tapis, parcouraient l’édifice. Il y a des années, elles devaient amener des tonnes de roche vers d’autres machines, chargées de faire fondre, de trier les éléments qui la composait. Je me demande si les piltos sont au courant que toute leur ville est basée sur l’exploitation de Zaun.

         Piltover repose sur Zaun, autant métaphoriquement que littéralement. L’idée fit sourire Bell, qui continua son exploration.

 

         Même si certains endroits en Zaun étaient relativement calmes, aucun ne l’était autant que l’usine. Elle était totalement déserte, imperturbable, et froide. Le lendemain, Bell eut encore plus envie d’y rester, selon elle, il lui faudrait encore plusieurs jours pour en faire le tour, succinctement.

         À mesure qu’elle connaissait de mieux en mieux l’édifice, elle commença à le parcourir de plus en plus vite, de plus en plus aisément. Dans Zaun, elle devait faire sans cesse attention où elle allait, à ceux qui la voyaient, ici elle était tranquille.

         Petit à petit, elle s’autorisé à courir, escalader, encore plus loin, plus vite, plus haut. Elle allait et venait partout, grimpant sans effort sur les tuyaux, se balançant de machine en machine. L’usine devint son terrain de jeu, son parcours.

         Outre l’entrainement que cela lui procurait, elle retrouva un sentiment qu’elle pensait perdu. Celui de la liberté.

         Depuis qu’elle était à Zaun, jamais elle n’avait pu être aussi libre.

 

         Une idée émergea, un petite idée. Si personne ne venait ici, elle pouvait sans ménagement faire appel à ses pouvoirs, et exercer quelque chose qu’elle n’avait jusqu’alors jamais fait : entraîner sa magie.

         Elle faisait très souvent appel à son Pas, lui permettant de se transporter instantanément quelque part dans son champs de vision, par instinct, ou dans des situations d’urgence. Elle voulait en connaître les limites. Ses limites.

         Tandis qu’elle courait sur des tapis, elle s’évertua à maintenir un état de concentration lui permettant de faire appel à ses pouvoirs rapidement. D’ordinaire, elle avait besoin de longues secondes de concentration, où elle forçait le calme dans sa tête, avant de faire son Pas.

         Réussir à visualiser ses flux tout en marchant fut déjà difficile, mais au bout de deux jours, elle parvint à les garder en visuel tout en courant. Bon, si je vais tout droit, et que je ne change pas de vitesse, se disait-elle, je peux sauter rapidement. Je dois aller tout droit et très vite donc.

         Une chance pour elle fut que les anneaux à son oreille, offerts par Anna et son amie Cynthia, relâchaient l’énergie qu’ils avaient emmagasiné, en des flux dansants autour de la jeune yordle.

         Elle s’élança pour son premiers Pas en étant concentrée durant une course. Elle parvint après deux essais, et reparut sur un tapis un peu plus loin. Le Pas conservant son inertie, Bell allait toujours aussi vite que lors de sa disparition.

         Après sa réapparition, elle avait cependant omis un détail. Elle avait oublié de courir.

         Projetée à une certaine vitesse, elle s’étala de tout son long sur le tapis, manquant de chuter au sol quelques mètres plus bas.

 - C’est aussi ridicule que douloureux, dit-elle à voix haute.

         Un bruit parvint à ses oreilles, dans un coin de l’immense salle d’extraction. Elle regarde autour d’elle, se demandant si elle n’avait pas entraîné la chute d’un objet.

         Elle se releva, et tenta de réitérer l’exploit. Cette fois, elle parvint à continuer sa course, maladroitement. Quelques essais finirent par l’aider à se maintenir à chaque apparition, et bientôt, elle parvint à courir et sauter sans aucun souci.

         Lorsqu’elle maîtrisa totalement sa technique, elle cria de joie. Elle était capable d’utiliser son pouvoir, presque à volonté, et sans finir étalée au sol. Chaque fois, les cristaux dans ses anneaux, fabriqués par Ileae, s’illuminaient légèrement lorsqu’elle se concentrait, avant de s’éteindre une fois au repos.

         Depuis qu’elle venait s’entraîner, elle entendant souvent des bruits dans l’édifice, souvent d’objets chutant. Elle espérant que sa présence n’accélère pas la décrépitude du complexe industriel, priant pour qu’il ne s’effondre pas sur elle à tout instant.

         En une journée, elle enchaîna des dizaines de sauts, faisant dédormais presque partie intégrante de sa manière de se mouvoir. Plus elle utilisait son Pas, plus elle était capable d’y faire appel naturellement. Même ses anneaux finirent par cesser de l’aider, probablement vidés en attendant qu’ils se rechargent.

 

         Au détour d’une salle, dans une partie encore inexplorée de l’usine, elle trouva des pièces plus petites, ne renfermant pas des machines. Cette partie était une sorte de base vie, contenant les bureaux, les salles communes des travailleurs. Le réfectoire et les cuisines, à l’abandon, lui firent froid dans le dos.

         Les bâtiments abandonnés, privés de leur activité, avaient vu les gens partir. Comme la vie quittant le corps d’un gigantesque être, désormais endormi, probablement à jamais. Comme chaque fois qu’elle visitait un lieu abandonné, la curiosité de Bell était teintée d’une forme de tristesse.

         Un bruit métallique la surprit, au bout d’un couloir, derrière elle. Elle n’avait rien touché, et veillait à ne pas sauter dans des espaces réduits pour éviter de détériorer l’endroit.

         Elle se dirigea vers le bruit, curieuse. Avant qu’elle n’atteigne l’angle, des bruits précipités de pas retentirent.

         Plusieurs personnes, parvint-elle à identifier. Ils courent.

         Elle s’élança derrière, prudente. Peut-être les Ratels avaient-il fini par la trouver ? Alors qu’elle pensait pouvoir aisément rattraper ce qu’elle croyait être un intrus, elle ne parvint même pas à l’apercevoir. Qui qu’ils soient, ils sont diablement rapides.

         Elle traversa l’usine, suivant ces inconnus grâce aux bruits qui résonnaient sur leur passage.

         Sans le savoir ils s’engouffraient dans une partie de l’édifice que Bell connaissait presque par cœur. Elle s’arrêta une seconde, le temps de réfléchir. Elle sauta sur une machine, grimpant à toute vitesse vers les réseaux de tuyaux qui pendaient à une douzaine de mètres au-dessus du sol.

         Elle courut, sachant que si elle faisait un faux pas, la chute s’avèrerait très douloureuse. Heureusement, elle parvint au bout sans encombre.

         Dans les faits, il s’agissait d’un raccourci. Les inconnus seraient forcés de passer par le couloir en dessous d’elle. Elle désescalada sans effort, et atterrit dans ledit couloir, désert. Après plusieurs minutes, personne ne vint.

         Ils devaient forcément passer par ici, pensa-t-elle sans comprendre.

         Les bruits s’étaient tus. Elle parcourut la distance qui la séparait de l’endroit où elle avait emprunté son raccourci une fois, puis deux, puis encore une autre.

         Impossible, pensait-elle inquiète, je connais chaque couloir chaque salle de cette partie…

         Elle inspecta tout ce qu’elle put, pensant avoir raté quelque chose. Après de longues minutes, elle remarqua un détail. Un pan de mur, dont les couleurs semblaient étranges, comme s’il avait tourné sur lui-même. La peinture, victime d‘infiltrations d’eau, était marquée de longues lignes qui descendaient. Des lignes plus anciennes sur ce pan, étaient disposées à l’horizontale.

         Bell s’approcha, et cogna la plaque de métal de son doigt.

         Bingo, ça sonne creux.

         Elle entreprit de déchausser la plaque, qu’elle devinait être un pan détachable du mur. Après de longues minutes de lutte, cette dernière cessa de lui résister, et Bell vit apparaître devant ses yeux un petit tunnel.

         Petit pour un humain, ou tout autre être du même gabarit, il put cependant accueillir la yordle.

Qui aurait cru que mesurer quatre-vingts centimètres me serait finalement utile un jour ?

         Elle parcourut un réseau de petits tunnels, semblant traverser les murs de l’usine entre les grandes salles. Un bon nombre de réseaux les parcouraient, à l’époque où ces derniers étaient mus par la chem-technologie zaunienne.

         Après plusieurs minutes, elle finit par distinguer des sons, plus particulièrement des voix. Elle se dirigea vers ces dernières, en silence.

 

***

 

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