Bell de Bilgewater
Chapitre 15
Comme prévu, les jours suivant la rencontre avec le chef des Poinçonneurs, Ezra Triguard, des ingénieurs furent reçus à la Décharge. Stupéfait par la présence d’un lieu tenu secret, ils ne purent cependant pas savoir où ils étaient précisément. Leurs connaissances et expérience, couplés à l’inventivité d’Ileae, permit d’apporter quelques améliorations intéressantes aux technologies présentes dans la cavité. La jeune vastaya, d’abord peu considérée du fait qu’elle soit vue comme une piltovienne, malgré sa naissance dans la cité basse, eut rapidement une réputation parmi les Poinçonneurs.
En échange, la Décharge et ses membres permirent au gang de mieux sécuriser leur district, et d’obtenir les approvisionnements nécessaires à leur survie. Coupés du reste la cité par les Ratels, ils finiraient par plier face au blocus.
Au cours de ses rares sorties, Bell put observer l’évolution des mentalités au sein des différents districts. Les plus proches des Ratels craignaient maintenant une insurrection, parlant de forces piltoviennes infiltrées. Partout, les contrôles s’intensifiaient, rendus quasi systématiques de par la paranoïa. Nombre de zauniens étaient enrôlés de force dans leurs rangs pour tenir tête à Piltover, sans que l’on sache exactement ce qu’il se passait sur les fronts.
De nombreuses rumeurs commençaient à courir dans le Gris, parlant de capture Ratels, d’expériences sur les habitants, utilisés et transformés en monstres, de gangs cachés prêts à frapper au cœur du gang de Vildoric.
Face à tout cela, Bell continuait de diversifier ses activités. Elle sortait de temps en temps de la Décharge, passant après-coup des heures à dessiner des plans. Elle continuait à lire un maximum d’ouvrages sortis des archives, à s’entraîner physiquement, à aider où elle pouvait. Sans qu’elle n’ait le temps de le voir, les jours passaient, elle se sentait désormais bien plus proche de ses camarades d’infortune, attendant sagement de trouver une voir qui lui permettrait de retrouver ses amis.
Dans tout cela, une personne occupait ses pensées, une personne dont elle était devenue proche : Ileae. La jeune yordle, malgré ses nombreuses occupations, luttait contre son esprit qui était dirigé vers cette seule personne. Elle avait fait part de son incompréhension à Nahia, disant qu’elle avait des amis, proches, des mentors, un grand-père, mais aucun d’entre eux ne prenait une telle place dans ses pensées. La cheffe s’était contentée de sourire en silence.
Cette dernière d’ailleurs, avait promis un affrontement à sa jeune apprentie, dont le but serait de constater l’avancée de sa maîtrise du Khopesh.
La jeune fille pénétra la salle d’entraînement, légèrement anxieuse. Elle avait passé, ces dernières semaines, de très nombreuses heures à manier cette lame, mais n’avait pas l’impression de pouvoir tenir tête à la cheffe.
Elle se vêtit d’une tenue adéquate, enfila des protections, et rejoint le tapis. Ce duel, tous les coups seraient permis, pas de retenue.
Face à la jeune Bell, se tenait l’autre yordle. Les deux femmes, se toisèrent, tandis qu’un petit public se forme sur les bancs de la salle. Chacune salua son adversaire en s’inclinant, avant de se mettre en garde. Pour leur exercice, elles étaient équipées de khopesh métalliques, entourés d’une couche de mousse chimique, évitant les blessures graves. La cheffe lui faisait face, campée solidement sur ses jambes, tenant face à elle l’énorme lame qui faisait deux fois sa taille.
Au cours de ses exercices, Bell avait rapidement compris qu’elle n’aurait pas immédiatement la force de manier une telle arme, contrairement à Nahia. Elle plaça la grande lame sur son épaule, et fléchit sur ses jambes, presque accroupie.
Ainsi positionnée, elle était prête à s’élancer vers son opposante. Contre la force et l’expérience de Nahia, elle préfèrerait user d’agilité et de vitesse.
Cette dernière esquissa un sourire, et s’élança dans une charge rapide, marquant le lancement des hostilités. Arrivée jusqu’à la jeune fille, elle lança sa lame rapidement, légèrement vers le haut.
Bell voyant le coup arriver, se jeta en avant, esquivant l’attaque en passant dessus. Elle tenta immédiatement de riposter, mais la cheffe se laissa emporter par le propre poids de son arme, esquivant non sans mal. Elle atterrit doucement, avant de se précipiter à nouveau sur la jeune combattante. Elle attaqua sans relâche, tout en parvenant à esquiver les ripostes lancées par la jeune fille en difficulté.
Ne se laissant pas abattre, Bell étudia le style de son adversaire, bien plus agressif et nerveux que lors de leur premiers affrontements. Elle est pleine de surprise, pensa-t-elle en souriant. Elle voyait comment la cheffe parvenait à utiliser son arme et ses avantages sans aucun problème, ne laissant que peu d’ouvertures.
Pendant qu’elle tentait de réfléchir à une stratégie, Nahia elle aussi s’acclimatait de son adversaire. Bell en pleine réflexion, constata une ouverture dans sa garde. Lorsque son khopesh touchait le sol, la cheffe se trouvait légèrement déséquilibrée. La jeune fille tenta alors de la frapper à ce moment précis.
Elle n'en n’eut pas le temps.
Immédiatement après sa dernière attaque, Nahia utilisa toute la force de ses bras pour s’agripper au manche de son arme, et à l’aide de son genou, frapper violemment Bell en pleine charge.
Sonnée, la jeune fille vacilla en arrière, sans toutefois lâcher son arme. Quelques murmures s’élevèrent dans la foule, c’était la première fois qu’une des deux duellistes touchait son adversaire.
Nahia reprit son équilibre, et se remit en garde.
La jeune fille devrait changer sa stratégie. Elle s’élança, préférant lancer de petites attaques, plus rapides, mais ne créant pas de failles dans sa défense. Pour chaque attaque de la cheffe, Bell para, esquiva, en tentant elle aussi d’atteindre cette dernière.
Utilise ta tête… se dit-elle, elle doit bien avoir un point faible.
Les minutes s’égrenèrent, doucement. Le bruit du métal couplé au gel, frappant le sol, ricochant contre une autre lame, résonnait dans la salle, sous le regard des spectateurs. Plus les coups pleuvaient, plus les parades et esquivent se faisaient moins vigoureux. Quelques coups atteignirent leur but, plus souvent pour le plus grand malheur de Bell. Chacun d’entre eux fatiguaient un peu plus les deux femmes.
Utilise ta tête Bell ! se répéta-t-elle.
L’endurance devenant de plus en plus un problème, la jeune yordle commença à douter. Pouvait-elle seulement gagner cet affrontement ?
Nahia ne lui laissa pas le temps de réfléchir. Elle continua à l’attaquer, sans ciller. La sueur sur son front, et les quelques grimaces qu’elle arborait lorsqu’elle frappait ou parait, rassurèrent tout de même Bell. J’ai une chance, se dit-elle.
Elle ignora les nombreuses douleurs que son corps ressentait, se concentrant sur sa gestuelle.
Et si..?
Elle abandonna la force, pour tout miser sur l’agilité. Les attaques reprirent. Elle se rasséréna, et s’engagea dans la danse. Plutôt que de chercher une ouverture, elle se concentra sur ses propres mouvements. Cherchant à corriger ses erreurs, elle choisit de rester au plus près de son adversaire.
Déstabilisée, Nahia eut plus de mal à porter ses attaques. La jeune fille contra, esquiva, sans aucun mal, devenant quasiment insaisissable. Face à l’expérience de la combattante émérite, Bell opposait une résistance farouche, orchestrant une véritable danse. Elle virevoltait.
Elle profita de l’ascendant pris, pour frapper. Après une esquive proche, elle enfonça son poing dans le ventre de Nahia, qui eut le souffle coupé. Sans lui laisser le temps de réagir, elle saisit son Khopesh, et l’envoya frapper de toutes ses forces.
Nahia reçut le coup en plein torse, et sans pouvoir parer, se vit envoyer quelques mètres plus loin, hors combat.
Bell avait gagné.
***
Nahia se releva doucement, sonnée par le coup porté. Au milieu de la salle silencieuse, Bell se tenait debout. Cette dernière mit un temps à réaliser ce qu’il venait de se passer. Elle se précipita vers la cheffe encore oscillante pour l’aider.
- Désolée cheffe, bredouilla-t-elle. Je me suis laissé emporter.
La public venu assister au duel se dissipa, discutant tandis qu’ils quittaient la salle. Malgré la défaite de leur meneuse, ils étaient heureux de constater que même après plusieurs siècles, leur petite cheffe était toujours apte à se battre.
- Tu as fait de sacrés progrès, remarqua-t-elle. Je suis ravie d’avoir eu une élève aussi douée avec un khopesh.
- Oh non je… j’ai gagné par chance, l’effet de surprise.
- La surprise a joué c’est vrai, admit la cheffe, mais dans un combat réel elle est autant une arme que ta lame. D’où te viennent de tels mouvements d’ailleurs ?
- Je vous ai beaucoup observée. Le style de combat me rappelle un groupe de guerriers de Bilgewater, très imposants, qui se battent avec des épées aussi grandes qu’eux.
- Si elles sont si grandes je doute que l’une de nous deux arrive à en soulever une.
Bell réfléchit un instant. Considérant la taille d’Anna, ces lourds épées devaient bien faire trois fois celle de la jeune yordle. Déjà qu’une lame humaine standard pouvait lui servir de lance, elle n’osait même pas imaginer plus encore.
Les deux yordles retirèrent les protections qui les recouvraient, avant de déposer leurs armes sur un râtelier. Bell appréciait beaucoup cette larme. Grâce à elle, elle se sentait motivée par l’idée de tester d’autres formes de combat.
CHEFFE ! CHEFFE !
Une voix sur fit entendre de l’extérieur, appelant. Un des hommes de Nahia pénétra la pièce, à bout de souffle. Elle accourut vers lui, ne comprenant pas ce qu’il lui valait d’avoir couru la chercher.
- Nous avons… nous… une brèche… la sécurité.
- Assis-toi reprends ton souffle, répondit-elle. Dis-moi ce qu’il se passe.
L’homme s’assit, et pris quelques secondes pour recouvrer une respiration presque normale.
- Il y a eu une brèche dans la sécurité, on a un gros souci.
Nahia s’assit aussi, demandant ainsi plus de détails. Bell croisa son regard inquiet. Les ratels..? pensa-t-elle.
Nahia termina de s’essuyer le visage, humide après le duel qu’elles venaient de mener, avant de saisir a gourde pour se désaltérer.
- Un groupe de piltoviens a réussi à percer le blocus Ratel, personne ne sait comment. Leur surveillance reste pourtant incontournable. Ils sont passés sans être repérés, le gang l’ignore encore.
- Ce sont les affaires des Ratels, dit Nahia confuse. En quoi cela nous concerne-t-il ?
- Attendez une seconde, intervint Bell. Comment peut-on être au courant, mais pas les Ratels ?
- Et on sait où ils sont, et ce qu’ils cherchent ? demanda Nahia entre deux gorgées d’eau.
- Oui. Ils sont dans votre bureau cheffe. Ils vous cherchent.
Nahia manqua de s’étouffer, recrachant l’eau qu’elle avait dans la bouche, avant de fixer son camarade d’un regard stupéfait. L’expression sur le visage du messager lui laissa comprendre qu’il ne s’agissait pas du tout d’une blague.
Elle se rhabilla rapidement, et s’élança vers le bâtiment principal de la cavité, suivie par Bell et le messager encore essoufflé. La surprise avait laissé place à une inquiétude, mélangée à une expression de détermination.
- Comment ? demanda-t-elle simplement en marchant.
- On ne sait pas trop ils refusent de parler tant que vous n’êtes pas présente, s’excusa l’homme.
C’était la première fois qu’ils avaient affaire à une intrusion dans la Décharge. En plusieurs décennies.
***
D’un pas pressé, le trio pénétra le bâtiment principal, parcourant les derniers mètres les séparant de la grande salle, sans un mot. L’atmosphère pensant sur le groupe était lourde, chacun craignait désormais pour la sécurité de la Décharge.
Autour de la gigantesque table, de nombreuses personnes étaient réunies. Armées. Les zauniens de la Décharge, tendus, entouraient un groupe d’inconnus. Malgré le grand nombre de personnes présentes, un quasi-silence régnait, seulement rompu par quelques chuchotements discrets. Le groupe d’infiltrés se composait en majorité d’hommes, trois d’entre eux. Une des individus se détachait des autres par son air intimidant.
Une très grande femme.
- Cheffe, dit Venos à la yordle qui pénétra la pièce. Ils refusent de parler si vous n’êtes pas présente.
- Ils n’ont pas dit un mot depuis leur arrivée ?
- En dehors de leur demande de vous voir, non aucun.
Le trio s’approcha, découvrant plus précisément les intrus. Bell eut du mal à les apercevoir, autour d’elle, tout le monde faisait au minimum le double de sa taille.
Les trois hommes semblaient ordinaires, trop même considérant leur provenance de Piltover. Ils étaient dans des tenues sobres, très proche de ce que portaient les zauniens. Ils n’arboraient strictement aucune modification, pas même la moindre chose pouvant indiquer une technologie corporelle.
À leurs côtés, la grande femme tranchait avec son groupe. Bien que sa tenue ne l’atteste pas, elle était la meneuse dudit groupe. Elle se tenait droite, toisant du regard les zauniens autour, qu’elle dépassait au minimum d’une tête. Ses vêtements serrés mettaient en valeur sa taille, ses longues jambes, et sa carrure fine et élancée.
Bell ne distingua pas immédiatement son visage, mais elle put clairement voir ses cheveux, attachés en une coiffure serrée, mais imposante.
Violets.
- Messieurs, commença Nahia. Mesdames. Je pense que nous avons beaucoup à nous dire.
Le groupe se tourna vers la cheffe, d’un bloc. Un léger air surpris se dessina sur les visages masculins, découvrant la yordle. La meneuse, montra un visage froid. Un discret haussement de sourcil l’anima, perturbant l’habituelle impassibilité de son expression.
Le cœur de Bell sauta un battement, elle arrêta de respirer un instant. Elle connaissait ce visage, et avait déjà croisé ces hommes.
Un éclat de voix brisa le calme qui régnait dans la salle, surprenant autant zauniens que piltoviens. Ileae, de qui provenait le cri, traversa les quelques mètres la séparant des intrus. Avant que quiconque ne puisse réagir, elle fut sur eux, plus particulièrement sur la femme.
Elle sauta à son cou. Et l’enlaça.
- Holly ! cria Bell à son tour en les rejoignant.
Ses pensées se bousculaient dans sa tête. Elle ne savait même plus à quoi elle pensait en réalité. La commandante sembla presque esquisser un sourire, et la jeune yordle eut presque l’impression de lire un certain soulagement dans son regard.
Nahia s’était arrêtée, partagée comme ses compères entre la surprise, et le soulagement. Ses deux amies connaissaient les intrus, une partie de leur inquiétude se faisait déjà un peu moins lourde.
La commandante rendit maladroitement son étreinte à Ileae, qui désormais était au bord des larmes, ne pouvant pas articuler un mot. Elle l’écarta doucement, avant de se planter face à la cheffe.
- Je me présente, dit-elle d’une voix posée. Holly Bertillon, commandante des forces de régulation de Piltover. Et voici les membres de l’escouade êta.
- Sergent Everett Aster, salua le premier.
Les trois autres saluèrent respectueusement, ce qui aida à un peu plus apaiser l’atmosphère.
- Je suis Nahia, cheffe de cette population.
- Fondatrice de la Décharge, compléta Holly, j’ai entendu parler de vous, ravie de pouvoir enfin vous rencontrer.
La cheffe tiqua lorsqu’elle comprit que la grande femme en savait plus sur elle. Qui sait ce qu’elle a pu apprendre sur nous, pensa-t-elle, les petites semblent bien la connaître.
Elle indiqua à ses camarade de les laisser discuter, voir Ileae se jeter au cou des intrus suffisait à la convaincre de discuter calmement avant de les enfermer s’ils représentaient un danger pour eux. Les invitant à s’asseoir, elle entama la conversation avec la commandante.
- Tout d’abord, j’aimerai savoir comment vous êtes arrivés ici.
- Nous sommes descendus, répondit simplement Holly. Rien de plus.
- Votre simple présence ici démontre un problème de sécurité, lâcha Nahia d’une voix dure. Vous comprenez que j’ai besoin d’en savoir plus.
Entre les deux femmes, l’atmosphère était électrique. Une tension palpable étouffait les quelques personnes restées dans la pièce. À la grande surprise de Bell et Ileae, c’est la commandante qui céda, et très rapidement.
- Nous avons fini par trouver un moyen de passer le blocus Ratel, finit-elle par expliquer. Ils nous a fallu plusieurs semaines comme vous avez pu le constater.
- Comment avez-vous réussi ? demanda la vastaya en bafouillant. On cherche à remonter, sans succès.
- Vous voir saines et sauve est un grand soulagement, et déjà un excellent début. Malheureusement, nous avons encore quelques problèmes.
Face à l’expression froide de la femme, ce n’est pas le soulagement que Bell lut sur ses traits. En réalité, comme à son habitude, elle ne lisait rien du tout.
- On va pouvoir remonter alors ? insista Ileae.
Un léger air contraint brisa la carapace de la commandante. Elle regarda la jeune fille dans les yeux.
- C’était un voyage à sens unique. Nous sommes coincés, pour le moment. Nous avons cependant une opportunité de remontée dans quelques jours
Ileae détourna le regard, soupirant. La déception se mêlait à l’excitation des retrouvailles.
- Cela ne me dit en rien comment vous nous avez trouvé, intervint Nahia.
La commandante soupira, et se tourna vers elle.
- J’ai mes sources, et un excellent service de renseignements. Je ne révèlerai rien à ce propos.
Un lourd silence s’installa sur le groupe. La tension ne descendait pas, et aucune des deux femmes ne souhaitait laisser l’ascendant à l’autre.
- Très bien, soupira Nahia après d’interminables secondes. Qu’est-ce qu’une tête des hautes instances du dessus vient faire ici en ce cas ?
- Je suis ici pour m’assurer de la sécurité de ces deux-là, répondit-elle en désignant Ileae et Bell de la main. Et tenter de les ramener.
- Et on se porte plutôt bien ! dit Ileae avec un grand sourire.
Holly toisa les jeunes filles du regard. Ileae lui sembla immédiatement changée, non pas physiquement, mais elle la trouva plus sûre d’elle, différente. Évidemment, elle remarqua immédiatement les changements chez Bell. La jeune yordle avait vu sa fourrure passer d’un blanc pur à une teinte rosâtre, et la couleur de ses yeux tendaient petit à petit vers le bleu.
- Accepteriez-vous que mon médecin les examine ? demanda-t-elle à Nahia.
La cheffe réfléchit un instant. Plusieurs semaines de captivité dans les geôles de Krenn pourraient avoir eu des effets sur elles, se dit-elle. La yordle n’avait pas connu Bell avant ses changements, mais se doutait qu’un médecin de Piltover pourrait peut-être les aider.
- Tu leur fait confiance ? demanda-t-elle à l’intention de la jeune fille.
Ce fut au tour de Bell de réfléchir. Elle regarda un instant la commandante, se remémorant les quelques évènements passés il y a un peu plus de deux mois. Lors d’une attaque des Ratels, lui étant encore inconnus à l’époque, Holly et ses hommes l’avaient sauvée in extremis.
Dès lors, l’élégante femme avait veillé de loin à sa sécurité, se montrant inquiète à plusieurs reprises. Bell s’en voulait presque d’avoir été aussi imprudente.
Si j’avais fait plus attention, elle ne serait pas ici.
Elle pouvait compter sur la militaire. Au moins le souhaitait-elle, car elle désirait rentrer et retrouver ses amis. Elle se tourna à nouveau vers Nahia, répondant avec fermeté à sa question.
- Oui. Absolument.
***