Bell de Bilgewater
Chapitre 12
Bell se sentait flotter, comme dans un cocon, elle avait chaud. Elle ne voyait ni n’entendait quoi que ce soit, en définitive elle se sentait presque apaisée. C’est ici que je vais mourir. Pardonne moi Papy. Elle tentait de bouger, mais aucun de ses membres ne répondait.
Une sensation se fit sentir sur son bras, une pression, comme si quelque chose l’agrippait. Si elle le pouvait, elle serait étonnée.
Elle se sentit soudainement tirée, son corps répondant comme une poupée de chiffon. Elle sentit la pression du plasma disparaître d’un coup, extraite de la canalisation.
Elle s’affala sur la personne qui l’avait attrapée, incapable d’ordonner à ses muscles de bouger. Une main lui arracha rapidement son masque, l’air pénétra à nouveau ses narines, redonnant petit à petit vie à son corps.
- C’est certes l’air de Zaun, mais ça fait quand même du bien, dit une voix qu’elle trouva magnifique.
Bell recouvrait petit à petit la vue, les rues de Zaun se dessinaient autour d’elle à mesure que les images qui lui parvenaient étaient plus nettes. Elle finit par remarquer qu’elle était allongée par terre, la tête sur les genoux d’Ileae, qui lui caressait les cheveux. La vastaya avait l’air soulagée, mais surtout, dégoulinante de plasma.
- Je dois sortir Nahia de là, ne bouge pas tout de suite.
La scientifique se dirigea vers la canalisation, et attendit quelques minutes. Pendant ce temps Bell tenta de retrouver ses esprits. Elles étaient parvenues à finalement sortir de la canalisation dans une ruelle secondaire du district, déserte.
Ileae finit par voir arriver la cheffe, qu’elle attrapa pour l’extraire du plasma de la même manière que Bell. Nahia atterrit sur ses pieds, pleinement consciente.
- C’était serré, dit-elle en retirant son respirateur. Mais ça a fonctionné bravo jeune fille.
Ileae sourit doucement, tandis qu’elle s’approchait de Bell pour la relever.
- Je vous ai mise en danger, admit-elle.
- Sans toi… on serait coincée, souffla Bell en tentant de reprendre ses esprits.
- Elle a raison, acquiesça la cheffe. Nous devons vite retrouver les autres et nous mettre à l’abri, le district ne tardera pas à grouiller de Ratels.
Nahia prit les devant, guidant ses protégées vers le lieu de rassemblement. Sur le chemin, elles furent repérées par un groupe, qui accourut. Leurs alliés, partis à leur recherche après le retour de Klem, avaient compris qu’elles passeraient certainement par une des passerelles de tuyaux.
Ces derniers leur donnèrent des recharges pour leurs respirateurs. Bell put enfin retrouver le soulagement de respirer un air sain. Le Gris zaunien pesait jusqu’alors sur ses poumons, et rendait sa respiration difficile en plus de lui picoter la gorge.
Le reste des groupes s’étaient rassemblés dans un bâtiment très anodin plus loin dans le district, se servant de la devanture d’une boutique comme couverture. Des dizaines de personnes étaient cachées dans l’immense cave de l’édifice, les membres de la Décharge se chargeant de distribuer des soins.
- Vous êtes revenues ! soupira Klem. Je commençais à m’inquiéter. Vous êtes mal en points.
Un médecin accourut vers le trio, sortant des produits et des bandages de sa sacoche. Sous l’effet de l’adrénaline, Bell avait complètement oublié la douleur du plasma dans les tuyaux. Elle constata que sa fourrure, humide, était réduite, son court poil attaqué, de même que sa peau qui était parsemée de marque de brulure. Derrière elle, ses deux amies étaient dans le même état.
- On va avoir besoin de repos, lança Ileae, exténuée. Et de retirer tout ce plasma, je suinte.
- Je prends le premier tout à la douche ! dit Bell.
- Pourquoi toi d’abord ? C’est pas juste !
- Sinon il y a assez de place pour deux tu sais, rétorqua Bell avec un sourire malicieux.
Ileae manqua de s’étouffer dans un hoquet, devenant aussi rouge que sa chevelure. Klem derrière pouffa avec la cheffe, amusée, et rassurée de les voir plaisanter dans une telle situation.
Un petit groupe s’approcha d’elles. Une jeune fille se saisit des mains de la vastaya en la remerciant, en larme. Bell fut touchée par le soulagement qu’elle ressentait, après tout elle savait mieux que quiconque ce que les Ratels infligeaient à leurs prisonniers.
- Cette fille… murmura Ileae à la yordle. On l’avait soignée il y a quelques jours. Depuis elle travaillait avec nous sur les machines.
- C’est pour elle que…?
- Ces gens là-bas, continua-t-elle en montrant un groupe, étaient de ceux qui m’ont aidé à changer les systèmes d’irrigation. Ceux-ci font partie des équipes de ravitaillement.
- Je vois.
- Pour une fois, c’est moi qui les ai aidés… j’ai enfin pu leur rendre la pareille.
Bell posa sa main sur le bras de la vastaya, en lui souriant. Malgré la situation et les dangers auxquelles elles avaient échappées, la jeune scientifique semblait fière, et heureuse.
- Cheffe ! lança un des membres de la Décharge participant à l’opération. Nous avons un problème.
- Qu’y-a-t-il ?
- Plusieurs évadés souffrent d’infections liées aux expériences, il semblerait qu’ils aient été retenus depuis plusieurs semaines.
- A-t-on idée d’où ils viennent ?
- Non, la plupart sont très mal en point, expliqua l’homme. Certains étaient vagabonds, d’autres n’ont aucun souvenir d’avant leur capture.
Ileae serra les poings. Les Ratels utilisaient bel et bien des habitants comme sujets d’expériences, tout comme à la clinique de Krenn.
- On devrait les aider, dit-elle.
- Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, rétorqua Nahia. On ne sait pas s’ils sont dignes de confiance. Combien sont-ils ?
- Environ une cinquantaine je dirais, estima leur camarade. Mais la petite a raison, c’est notre devoir de les aider.
Nahia soupira longuement. Un tel afflux de nouveaux habitants pourraient perturber le fonctionnement de la Décharge, mais au moins seraient-ils en sécurité.
- Très bien. Fais passer le mot aux autres demandez à ces évadés quels sont ceux qui souhaitent notre aide. Donnez-leur aussi peu d’information que possible, mais dites leur bien qu’ils ne pourront pas remonter de sitôt, avec la situation actuelle…
Leur camarades sourit, et salua la cheffe. Bell regarda à nouveau son amie vastaya, qui souriait. Elle s’investit tellement… se dit-elle. Après tout normal pour une zaunienne comme elle.
Un homme se détacha d’un groupe de zauniens leur étant inconnu. Il dégageait une certaine prestance, habillé d’élégants vêtements zauniens, il s’approcha de Nahia en souriant.
- Vous devez être Nahia, la meneuse des opérations.
- En effet, acquiesça-t-elle méfiante. Et vous êtes ?
- Je suis Ezra Triguard, chef des Poinçonneurs, mais vous pouvez m’appeler Ezra. Je tiens à vous remercier pour nous avoir secouru moi et mes camarades.
- Vous êtes du district des Armuriers ? intervint Ileae. Les fabricants d’armes ?
- C’est exact.
- Qu’est-ce qui vous a valu une attaque des Ratels ?
- Nous avons quelques… différents, admit-il. Il ont tenté de prendre le contrôle de mes usines et territoires. J’ai parlé avec votre seconde, dame Klem, vous semblez être un petit groupe, vous luttez contre les Ratels ?
- Pas exactement, expliqua Nahia. Nous cherchions à sauver des amis.
- Je vois, je n’en demanderai pas plus alors. Vous devriez faire attention, nos chers insurgés vont chercher à savoir plus sur vous. Faites attention.
- Vous aussi serez en danger, intervint Ileae. Votre évasion vous place en opposition à leurs gangs.
- Le futur s’annonce difficile en effet. Mais nous ne faisons pas que dans la manufacture d’armes, dit-il en souriant. Peut-être pourrions-nous travailler ensemble dans le futur.
Nahia réfléchit un instant. Elle ne souhaitait pas parler de la Décharge, la moindre information pourrait les trahir. Cependant, elle savait qu’ils risqueraient d’avoir besoin d’aide dans le futur.
- On verra, finit-elle par lâcher.
L’homme s’approcha de Bell, toujours aux côtés de son amie vastaya. Elle n’avait pas dit un mot depuis le début de leur conversation, préférant les laisser discuter entre zauniens.
- Toi, dit-il. Tu es celle qui a insisté auprès de cette Klem pour nous évader.
- C’est… exact.
L’homme était grand, il faisait certainement trois fois la taille de la jeune yordle. Même à côté d’Ileae il paraissait impressionnant, la dépassant de deux têtes. Il s’agenouilla, et tendit une main vers la jeune fille.
- Grâce à toi, mes camarades et moi-même sommes hors de danger pour l’instant, merci infiniment. Je t’en dois une.
Bell plongea son regard dans celui du chef. Elle vit dans ses yeux la sincérité, et dans son sourire un remerciement. Elle plongea sa petite main velue dans la sienne, la serrant avec ferveur. Satisfait, il se releva, salua ses deux amies, et retourna auprès des siens.
- Nous devons quitter le district avant qu’il ne soit bouclé, lança Klem en les rejoignant.
La cheffe acquiesça. Elles réunirent les quelques membres de la décharge en présence, et quittèrent la cache un peu après les Poinçonneurs.
***
Quelques rues embrumées et bruits d’élévateurs plus tard, les évadés purent profiter de la sécurité loin en dessous de Zaun. Au soulagement des membres de retour s’ajoutait la surprise des nouveaux arrivants. Certains avaient en effet pu entendre quelques rumeurs sur un tel refuge tenu secret, et ne s’attendaient pas à avoir été secourus par ce qui restait une légende locale.
Les participants à l’évasion n’eurent que très peu de temps pour se reposer, immédiatement Nahia mobilisa nombre de zauniens pour accueillir les nouveaux arrivants. Des logements avaient besoin d’être préparés et répartis, et il serait nécessaire dans un premier temps de les aider à subvenir à leurs besoins.
Leur retour fut tout de même accueilli par les résidents comme une victoire, une fête se devait d’être préparée, qui serait donnée trois jours plus tard. Bell, qui avait vu la Fête du Progrès de Piltover, se montra curieuse et enjouée à l’idée de voir les zauniens en action.
Après le raid chez les Ratels, elles avaient continué d’apporter leur aide pour accueillir les réfugiés jusque tard dans la nuit. Les jours qui suivirent furent d’abord passés à aider les réfugiés à s’installer, puis aux préparations des festivités.
Après une nuit de repos bien méritée, Bell et Ileae purent se lever tranquillement, en sécurité. La lumière de l’astre magique brillait par les fenêtres, illuminant maintenant des habitants plus nombreux à la Décharge.
- Je crois que je n’ai jamais eu autant de courbatures, se plaignit Ileae en s’habillant.
- Même pour moi c’est douloureux, admit Bell. Ça passera rapidement tu verras.
Le duo sortir enfin dans la rue, préparé à affronter une nouvelle journée dans les profondeurs de Zaun. Il était cependant difficile de parler de journée, après leurs efforts de la veille, elles avaient en réalité dormi jusqu’en fin d’après-midi.
- Il est déjà si tard ?
- Il semblerait, marmonna la yordle. Je crois qu’on a loupé les préparatifs pour ce soir.
Ileae haussa les épaules. Autour d’elles l’agitation donnait un air différent aux rues de la Décharge, des décorations de couleurs, lumineuses, étaient accrochées un peu partout. Les zauniens allaient et venaient en direction de la place principale, les bras chargés à l’aller, et vides au retour.
L’effervescence battait encore plus son plein à mesure qu’elles se rapprochaient du cœur de la cavité. Le centre avait été aménagé, de grandes tables en son centre, autour d’un énorme cercle de pierre. Tout autour, de nombreux stands avaient été bricolés, et d’innombrables décorations parsemaient les airs, brillantes.
- Ça va être un grand moment ! lança Nahia qui s’approcha. Vous avez bien dormi ?
- Je n’ai pas vu la nuit passer… marmonna Bell. Je ne dirais pas non à quelques heures de plus.
La cheffe sourit, elle aussi se sentait épuisée, mais tout comme les autres, elle était galvanisée par l’atmosphère.
- On ne devrait pas continuer de travailler plutôt que de faire la fête ? demanda Ileae.
- Ce serait exact, cependant je pense que nous avons tous mérité un moment de tranquillité.
- Mais, les réfugiés ont encore de nombreux besoins, et les installations…
La cheffe attrapa les mains des deux jeunes filles, avant de les attirer vers une des tables de la place.
- Ces dernières semaines ont été pesantes pour Zaun, expliqua-t-elle. Nos amis ont été capturés puis libérés, nous aurons probablement les Ratels sur nous, et nous avons de nombreux réfugiés, ce qui nous demande beaucoup de travail. Cette fête, continua-t-elle, doit nous faire oublier, nous rassembler, et nous préparer à ce qui viendra.
- Mais, la Décharge peut accueillir tous ces gens ? demanda Bell inquiète.
- Évidemment, sourit la cheffe. La Décharge est grande, nous devrons cependant revoir nos installations agricoles, nos purificateurs et aérations. En attendant, n’y pensez plus et allez-vous asseoir, nous allons bientôt commencer !
Les jeunes filles n’eurent pas le temps d’ajouter un mot que la cheffe s’immisça dans la foule qui commençait à s’amasser sur la place. Les zauniens installés aux stands commencèrent à sortir leurs ustensiles, et de nombreuses odeurs finirent par se promener entre les fêtards. Des membres distribuaient des boissons, alcoolisées ou non, et des amuse-gueule.
Dans le cercle de pierre, un groupe prit place. Bell avait pu croiser certains d’entre eux, ils étaient sensiblement tous doué de dons magique. Sous les yeux des zauniens, les mages commencèrent à danser, suivant la musique jouée par un autre groupe sur le côté. Bell, qui s’attendait à quelque chose de magique, se concentra sur les mages, espérant voir leurs flux. Après quelque seconde d’attention, elle put en effet distinguer les ondulations qui dansaient avec eux, accompagnant leurs mouvements. Ils devirent rapidement plus agités, vibrant frénétiquement.
Aux danses des mages s’ajoutèrent d’un coup les éléments. Chacun d’entre eux connaissait une forme de magie élémentaire, ils mêlèrent l’eau, le feu, la terre, la lumière, et même l’air à leurs pas. Dans une harmonie pure, ils pliaient ces derniers à leur volonté, faisant onduler les flux et la matière en tous sens. Bell qui n’avait encore jamais vu quelque chose d’aussi gracieux émaner de la magie, fut éblouie par la chorégraphie des zauniens. Autour d’eux, la foule observait, frappant en rythme dans leurs mains lorsque le rythme s’accéléra.
- Tiens, tu dois avoir faim.
Bell sursauta. Elle était tellement concentrée sur la danse, qu’elle n’avait pas vu Ileae s’en aller. La vastaya était revenue avec des bouteilles et une collation d’un des stands.
- Ils appelle ça des galettes, tu connais ?
- Oui, répondit Bell, elles ont été créées à Bilgewater tu savais ?
La vastaya la regarda avec curiosité, avant de croquer dans sa part.
- Tu nous a ramené à boire !
- Oui ! sourit la scientifique. Attention ces deux-ci sont alcoolisées, contrairement à celles-ci.
- Tu bois !?
La vastaya rougit subitement.
- Je n’ai bu qu’une seule fois… admit-elle.
- Je vois, moi deux ou trois, sourit Bell. Tu es sûre de toi ?
- On est coincées dans une cavité loin sous Zaun, on a été capturées, torturées. On a rencontré de nouveaux amis, attaqué un Baron de la Chimie, libéré des camarades. On peut bien tenter ça ?
Bell réfléchit un instant. Elle n’avait que très peu touché à l’alcool, étant pourtant courant à Bilgewater. Boire ne la dérangerait pas en soit, mais elle souhaitait garder cette expérience pour une moment moins… entouré.
- C’est magnifique, commenta la yordle en regardant les danseurs.
- Tu sais danser ?
- Absolument pas… pourquoi tu veux m’inviter ?
Ileae rougit à nouveau, se concentrant sur sa galette. Bell sourit en la regardant, elle appréciait regarder la vastaya, cela l’apaisait.
Les danses s’enchainèrent à un rythme effréné, la musique retentissait dans la cavité, accompagnant le repas des zauniens. Les artistes finirent par cesser de danser, quittant la scène sous les applaudissements de la foule. Un grand feu coloré, né des mains des mages, prit leur place dans le cercle, éclairant la fête plongée dans la nuit.
- Mesdemoiselles, dit une voix à côté.
La cheffe s’assit face aux jeunes filles. Elle aussi avait dans les mains une bouteille et une galette.
- Comment se passe votre soirée ?
- Superbe ! répondit Ileae. Ça manque d’inventions qui explosent et d’expériences mais ça fait l’affaire.
La cheffe sourit en mordant dans sa collation.
- Que va-t-il se passer maintenant ? demande Bell, soudain sérieuse.
- Eh bien, dit Nahia après avoir avalé sa bouchée. La situation va être complexe, notre sauvetage aura probablement pour effet de mettre les Ratels sur leurs garde.
- Ils vont chercher les responsables.
- Précisément. De plus, trouver une voie de passage vers Piltover sera plus difficile.
La mine d’Ileae se fit plus sombre. Elle savait cependant ce qu’entrainerait leurs actions, et avait agi en connaissance de cause.
- Comment peut-on se rendre utile ? demanda-t-elle.
- Vous en faites déjà beaucoup, admit la cheffe. Rien ne vous oblige à participer.
- On ne va pas s’inviter sans participer ! lança Bell.
- Vous l’avez dit tout à l’heure, vos machines auront besoin de réparations et de changements. Je peux vous aider à ça ce sont mes compétences.
Nahia regarda les deux filles. Entre la scientifique vastaya, et l’intrigante jeune yordle, elle avait ici un des duos les plus improbablement intéressants qu’elle ait pu voir depuis de nombreuses années.
- J’aimerai vraiment tenter de synthétiser mes cristaux, continua Ileae. Ils sont bien plus stables, propres, et discrets que l’Hextech, vous pouvez me croire.
- Mes contacts m’en ont parlé, dit la cheffe. Nous tirons notre énergie de la géothermie, mais elle fluctue étrangement ce qui entraîne quelques soucis comme tu as pu le voir. Es-tu sûre de ce que tu proposes ?
Bell porta les mains à son oreille, et devant les yeux de la zaunienne, posa quelque chose sur la table.
- Ces deux anneaux ont un cristal coulé en leur sein, expliqua-t-elle. Ils sont d’une grande aide.
- Et ils sont rudimentaires, commenta Ileae. Ils ne sont que de petites batteries, là ou de meilleurs versions, plus grosses, pourraient être une source d’énergie pérenne !
Nahia soupira. Devant le regard de la scientifique, brillant de supplications, elle ne put que céder.
- Tu verras avec Venos ce que tu peux faire.
Ileae faillit bondir de joie. Elle souriait, et tapait dans ses mains comme une enfant à qui l’on venait de faire un cadeau.
- Il est probable que l’on noue des liens avec des gangs des districts, finit par dire Nahia. Nous aurons probablement besoin de nous opposer aux Ratels. Je suis désolée, vous êtes coincée en plein dans une guerre civile.
- Rester quelque temps de plus ne nous fera pas de mal, sourit Bell. Après tout j’ai encore quelques questions sans réponses.
La cheffe regarda la jeune fille, qui frottait sa fourrure avec un regard inquiet.
- Rien de nouveau depuis votre évasion ?
- Hélas rien… soupira Bell. Le blanc ne reviendra pas je le crains.
- Une idée de ce qui a provoqué ces changements ?
- Je crois que Krenn a utilisé du Shimmer, intervint Ileae. La couleur concorde.
- Mais je n’ai eu aucun des effets comparables aux infectés, marmonna Bell. J’ai eu mal mais je ne me souviens plus du reste…
- Tu es peut-être immunisée ?
- Les seuls effets sont la couleur ? demanda Nahia. C’est un peu léger pour tirer des conclusions.
- En fait il y a autre chose… admit la jeune yordle.
La cheffe et la scientifique se tournèrent vers elle, intriguées.
- J’ai eu des sortes de visions, expliqua-t-elle. Cela m’arrivait avant, mais c’est bien plus fréquent, et ça arrive même lorsque je ne dors pas. Comme lors de notre affrontement hier…
- Tu veux dire contre l’infecté chez les Ratels ?
- Exact.
Les deux prirent quelques secondes pour réfléchir. Dans le feu de l’action, elles n’avaient pas pu prêter attention à tout ce qu’il se passait.
- Tu es restée immobile, comme absente, expliqua la vastaya. D’un coup le Ratel a été paralysé… ou plutôt comme s’il avait été ligoté, par des liens invisibles. Ensuite il s’est tourné vers toi et a tenté de te charger.
- Ce n’est pas ce que j’ai vu… admit Bell. J’ai vu la scène différemment, mais ce que j’ai observé n’est pas arrivé. C’est comme si… je percevais une présence... Sans que je sache si cette chose soit avec ou contre moi.
Ni Nahia ni Ileae ne parvenait à saisir ce que la jeune fille tentait d’expliquer.
- Je pense que tu as surtout besoin de repos, dit Nahia. Klem tâchera de trouver des gens capables de se pencher sur la question. En attendant je pense que tu devrais jeter un œil à nos archives, si cela t’intéresse.
Bell acquiesça en souriant. Elle espérait trouver quelques réponses, elle irait les chercher elle-même, jusque chez les Ratels s’il le fallait.
***