Bell de Bilgewater

Chapitre 40 : Partie 4 - Chapitre 4

3683 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/01/2023 17:23

           Chapitre 4

 

         Le froid contact du fer s’étendait le long de son bras, mais elle se délectait de ce trône sur lequel elle se trouvait. Bell songea à trouver l’artisan responsable de cette magnifique, mais se ravisa, après tout son prédécesseur devait probablement l’avoir tué pour quelque obscure raison.

         Elle fut sortie de ses pensées par la vue d’une foule devant elle. En effet, une cinquantaine d’hommes et de femmes se trouvaient devant elle, en contrebas. Elle regarda avec satisfait, souriant, sous les éclats de voix de ces zauniens, lourdement modifiés, masqués pour beaucoup. BELL ! BELL ! BELL !

 - Regardes-les, ils scandent ton nom.

         Une voix étrange parvenait aux oreilles de la yordle. Elle ne parvint pas à saisir d’où elle provenait, où même de qui elle provenait, ne semblant pas être androgyne, mais bien au contraire un mélange entre une voix féminine et masculine.

         Elle regarda doucement aux alentours, appréciant les appels délirant d’une foule l’acclamant. Un homme se leva, sa tenue semblait attester de son importance au sein du groupe. Il scandait plus fort que les autres. Entre deux cris, il débitait un discours que Bell ne parvenait qu’à saisir partiellement. Ce dernier semblait encenser sa victoire, et louer les changements qu’elle apporterait au groupe.

         Au grands signes souriants de l’homme, la yordle répondit en se levant, répondant en brandissant son poing serré. La foule devint plus bruyante encore, et Bell entreprit de les observer plus attentivement. Elle connaissait ces hommes, les avait déjà vu… elle vit soudain le professeur Krenn au fond, scandant en cœur avec les autres.

 - Ils te sont dévoués, tu as mérité leur foi, continua l’étrange voix.

         Bell observa plus attentivement la salle, à la recherche de la mystérieuse voix. À côté de son énorme fauteuil, des chaînes trainaient. Ces dernières, que la jeune fille tenait en fait dans sa main gauche, étaient reliées à un collier.

         La personne portant ce collier n’était autre qu’Ileae.

 

         La vastaya se tenait allongée contre le trône, les mains enfermées par de lourdes menottes, tandis que le lourd collier d’acier lui enserrait le cou. Elle regardait Bell stupéfaite, et la jeune fille pu lire dans les yeux de son ami, une détresse, ainsi qu’une peur, non une terreur profonde.

 - Elle aussi est à toi, souffla la voix. Elle a besoin de toi, de notre emprise.

         Bell, dont la panique commençait à grandir, continua de regarder autour d’elle. C’est elle qui avait fait ça, tout ça était dû à elle.

         Elle se tourna finalement vers son trône, un énorme fauteuil d’acier finement ciselé, des motifs complexes étaient dessinés un peu partout, mélangeant divers types de métaux plus ou moins rares, et évidemment des couches de verre.

         Elle finit par remarquer, qui s’étendait derrière l’objet, une sorte de main difforme. Elle flottait, reliée à un bras violet, semblable à un tentacule. Le bras d’éther n’était pas le seul, un autre se trouvait de l’autre côté, deux autres entouraient progressivement son amie vastaya, enchaînée. La jeune fille se tourna vers la foule, remarquant alors d’autres bras, au-dessus des zauniens, qui semblaient s’agiter. Des marionnettes, se dit Bell, ce sont des marionnettes.

         Les mains, invisibles aux personnes présentes dans la salle, tiraient des fils presque imperceptibles, les forçant à se mouvoir selon leurs désirs. Ils sont contrôlés, je dois les aider, se dit la yordle. Elle chercha le point de départ de ces bras, tandis que deux d’entre eux commençaient à s’attaquer à Ileae, qui entra en transe en gémissant de douleur. Vite, vite, vite, paniqua Bell. Elle suivit du regard les tentacules, au travers de la salle, qui finirent par l’amener à… elle-même !?

         Elle s’approcha du trône, sa respiration s’affolant, pour se regarder dans une des pièces de verre réfléchissant de l’objet. À sa grande stupéfaction, les bras partaient tous d’elle, semblant émerger de son propre dos. Non, non, non, non, c’est pas possible.

 - Je suis là pour t’aider, souffla la voix. Laisse-moi prendre le contrôle !

         Elle se retourna vers la foule, elle ne comprenait plus ce qu’il lui arrivait, elle devait se sortir de là, et aider Ileae.

         Dans un éclair lumineux, une forme apparut, volant au-dessus des zauniens. Un être humanoïde, dont la taille dépassait tout ce que la yordle avait pu voir. L’être n’était que très peu discernable dans sa forme éthérée, dont la couleur oscillait entre diverses nuances de bleu, et un violet profond. Cet être est… magnifique, souffla la yordle, tandis que les tentacules passèrent désormais sous le contrôle de l’être.

 - Vois ce que tu es. Ce que NOUS sommes.

         La créature projeta ses bras sur Bell, qui vit s’élancer sur elle des dizaines de mains éthérées.

 

**

 

         Une forte lumière tira Bell de son sommeil, qui émergea en panique, se redressant sur son lit. Le souffle court, elle regarda frénétiquement aux alentours, mais elle était simplement dans la même chambre zaunienne que la veille.

         Ileae regarda son amie réveillée, en sueur et visiblement paniquée. Elle avait tiré les rideaux, laissant pénétrer une lumière presque naturelle émise par le disque de la caverne.

 - Est-ce que… tout va bien..? demanda la vastaya inquiète.

 - Je… je ne sais pas trop.

         Ileae s’avança vers son amie, qui peinait à reprendre son souffle. Elle s’assit à ses côtés.

 - Tu as fait des cauchemars toi aussi, je t’ai entendue parler dans ton sommeil.

 - Je pensais que la douche avait réussi à faire partir toutes ces pensées, souffla la yordle. Mais dès que j’ai fermé les yeux, je n’ai cessé de penser… à hier.

         Ileae réfléchit, elle aussi voyait son esprit remplit des souvenirs de la veille. Leur fuite, les zauniens, les expériences, la faim, la peur, le garde, ses parents.

La mort.

 - Quand j’étais petite, lorsque je faisais des cauchemars à répétition, Papy me laissait dormir avec lui.

 - Cela t’aidait à te calmer ? demanda Ileae.

 - Je ne pensais plus aux mauvaises choses.

 - Tu veux… dormir avec moi ?

         Bell regarda son amie, qui avait le regard perdu dans le vide. Elle savait que son amie proposait cela pour l’aider, mais elle pouvait clairement lire sur son visage une grande tristesse. Elle a besoin de soutien c’est certain, comprit la yordle.

 - Tu es sûre de ce que tu demandes ? demanda-t-elle.

         Soudainement, Ileae écarquilla les yeux, comme si elle avait saisi le sens possible à sa proposition. Elle devint aussi rouge que ses cheveux, et tenta de bafouiller une explication.

 - Je… euh… non tu vois c’est parce que tu dors pas bien… et puis il s’est passé beaucoup de choses…

 - Ne t’inquiètes pas ! dit Bell en riant. J’accepte avec plaisir.

         Ileae rentra la tête dans ses épaules, continuant à marmonner sans que Bell ne puisse comprendre. Cette dernière se leva de son lit, en quête de vêtements. Elle se plaça devant un miroir, et entreprit de se changer.

         Ileae, d’abord surprise que la yordle se déshabille sans gêne devant elle, rougit de plus belle et cacha son visage dans ses mains. Finalement, elle laissa un petit regard passer au travers de ses doigts, après tout elle l’avait déjà observée lorsqu’elle lui avait prodigué des soins après leur retour de l’orphelinat. Cela remonte déjà à si longtemps…

         La yordle avait toujours cette intrigante fourrure sur le corps, très fine et courte, devenue rose pâle depuis peu. Ses grandes oreilles velues s’agitaient tandis que la jeune fille chantonnait en s’habillant. Les yordles sont si petits… se dit Ileae. La plupart des gens portaient sur eux un regard intrigué, les trouvant étranges, différents, mais ce n’était pas le cas de la vastaya.

         Elle la trouva jolie.

 

***

 

         Ileae, autant que Bell, était ravie de retrouver des vêtements décents, ravie de quitter les fripes qu’elles portaient dans les cellules de Krenn. Sa salopette lui manquait, mais elle aurait rapidement fait de trouver de quoi s’en confectionner une nouvelle. Après tout nous sommes en Zaun, se dit Ileae en souriant, je suis chez moi.

         Les jeunes filles sortirent de leur logement, verrouillant derrière elles. Lorsqu’Ileae pensait être chez elle, elle n’avait pas tellement tort, contrairement à la veille, la grotte était en proie à une agitation digne de la ville souterraine.

         L’ensemble mi shurimien-mi zaunien débordait de vie, de nombreuses personnes se promenaient dans les rues, allant et venant entre des boutiques qui avaient ouvertes leurs devantures, et installé leurs étals.

         Etonnement, ce n’est pas réellement Zaun que Bell se figurait en regardant autour d’elle, mais Bilgewater. Contrairement aux rues situées au-dessus de leurs têtes, celles-ci étaient propres, et l’atmosphère y était bien plus sereine, presque… heureuse !

 - On ne dirait pas tellement Zaun finalement, commenta Ileae.

 - C’est exactement ce à quoi je pensais, répondit la yordle. Et ici on peut se promener sans respirateur.

 - Et cette lumière est intrigante…

         Ileae se baladait plus en regardant le plafond de la cavité que son chemin, et manqua plusieurs fois de percuter des passants. Par ailleurs, il sembla aux jeunes filles que beaucoup d’habitants de la Décharge étaient handicapés, ou modifiés. Nombre d’entre eux voyaient une partie de leur corps manquer, parfois remplacé par une modification chemtech de Zaun. Pourtant, le désespoir si présent dans les Tréfonds ne semblait pas l’être ici-bas.

 

         Elles arrivèrent finalement à l’édifice central, surplombant une place où de nombreuses personnes discutaient entre les étals. Plusieurs centaines de personnes semblent vivre ici, réfléchit Ileae.

 - Comment tous ces gens subviennent ils aux besoins d’une telle communauté, demanda la vastaya à son amie.

 - S’ils vivent dans le plus grand secret, dit Bell pensive, ils doivent produire la majorité de leurs ressources.

 - Ils doivent avoir une logistique folle.

         Bell acquiesça, Nahia serait plus à même de les éclairer sur le sujet. Elle avait d’ailleurs tellement de choses à lui demander.

 

         Dans la grand-salle, la cheffe discutait avec un homme près de la grande table. En voyant le duo entrer, elle eut un grand sourire et leur indiqua de la rejoindre.

 - Merci Venos, dit-elle à l’homme, on se verra plus tard. Bonjours vous deux !

 - Bonjour madame ! lancèrent en chœur les jeunes filles.

 - J’espère que votre nid vous plait !

 - Il est parfait, dit Bell. Merci à vous c’est très gentil.

         La cheffe sourit, et les invita à la suivre dehors, elle espérait que marcher permettrait de délier un peu plus les langues.

 - Par ailleurs… commença Ileae, nous ne savons pas pourquoi vous nous avez sauvées.

 - Klem m’a dit que vous vous étiez échappées seules, nous vous offrons seulement un refuge.

 - Quand pourrons nous partir ?

         La cheffe soupira, continuant à marcher dans la rue agitée. Elle s’arrêta acheter quelques fruits à une marchande avec qui elle échangea quelques mots souriants. Elle offrit aux jeunes filles quelques baies rouge sang.

 - Vous n’êtes pas prisonnières, si telle est ta question, dit-elle. Vous êtes totalement libres, tout ce que je demande est une grande discrétion, personne ne souhaite que Zaun sache que nous sommes ici.

 - Cela ne nous dit rien de vos motivations, ajouta Bell.

 - D’accord, d’accord… soupira Nahia. J’étais curieuse, j’ai entendu dire qu’une yordle était poursuivie dans Piltover, et avait été capturée. Si vous ne souhaitez pas rester vous pouvez toujours affronter à vous deux les forces des Ratels, vous êtes reposées maintenant.

         Bell rougit, malgré la méfiance évidente dont elle devait faire preuve, elle se montrait bien trop incorrecte, et ne voulait surtout pas froisser son hôte. Ileae, qui avait elle aussi réalisé la situation, était encore plus rouge.

 - Pardonnez notre méfiance… s’excusa la jeune yordle.

         Nahia leva la main, leur faisant comprendre qu’elle ne leur en tint pas rigueur.

 - Pour l’instant, vous êtes acceptées ici le temps de trouver un moyen de rejoindre les vôtres, peut-être voudriez-vous en savoir plus ?

         Bell et Ileae acquiescèrent de concert, la vastaya ayant soudain troqué son teint pivoine pour une expression de curiosité, les yeux brillants.

 - Vous êtes ici sur mon domaine, la Décharge, expliqua Nahia. C’est une terre d’accueil vieille de plusieurs siècles, probablement un ancien temple d’un ordre de Shurima disparu.

 - Ceci explique le style et la relique au plafond, dit Ileae pensive.

 - Exactement ! Cette dernière n’est pas la seule, elles nous offrent une lumière similaire à celle d’un soleil, les autres étant plus petites, situées dans des cavités annexes. C’est ce qui nous permet de produire des fruits, légumes, nous avons même fait descendre quelques animaux d’élevage.

         Bell et Ileae faillirent s’arrêter brusquement, les yeux écarquillés. Ils ont fait descendre jusqu’ici des animaux, et les élèvent !? pensèrent-elles en même temps.

 - Vous pouvez donc subvenir aux besoins des gens ici ? demanda Ileae.

 - C’est ça. L’eau provient de sources zauniennes, mais est filtrée par la profondeur du lieu, nous n’avons donc pas à craindre la pollution.

         Le trio continua à déambuler dans les rues, au milieu de passants qui travaillaient, discutais, ou parcouraient simplement les avenues. Jamais les filles n’auraient cru possible qu’un tel endroit puisse exister. Elles finirent par revenir devant le bâtiment principal, qu’elles finirent par considérer comme un ancien temple.

 - À propos de pollution, demanda la vastaya, comment faites-vous pour l’air ?

         La question fit sourire Nahia, elle savait pertinemment que la jeune zaunienne finirait par poser ces questions.

 - Nous avons des aérations qui nous relient à Zaun, expliqua-t-elle, tout comme les élévateurs. Des machines filtrent l’air qui entre, tout simplement. Par ailleurs, nous serions ravis si tu acceptais de jeter un œil, elles se font vieilles et les mains de l’apprentie de monsieur Grimbel nous serait profitable.

 - Je peux !? Attendez… vous savez qui je suis ?

 - Bien évidemment.

         Les jeunes filles suivirent la cheffe jusqu’à la grand-salle, où elle les invita à s’asseoir. Bell put trouver un siège adapté à sa taille, ce qui était d’une rareté d’habitude. Évidemment, la cheffe est une yordle.

 - Tous ces gens vivent ici donc, lança Bell. Pourquoi la Décharge ? C’est bien propre comparé à Zaun.

 - Il y a de très nombreuses années, j’ai trouvé cet endroit, expliqua Nahia. Avec quelques amis nous avons pu l’explorer, et s’y installer, personne n’avait entendu parler de ces cavités trop profondes. Des guerres ravageaient la Zaun de Shurima, nous avons accueilli les réfugiés, qui souvent repartaient dans l’empire.

 - Vous… avez connu l’empire !? s’exclamèrent les jeunes filles.

 - Oui, ricana la cheffe, je ne suis pas jeune c’est certain. Enfin, l’empire a chuté, Zaun a changée, Piltover est née, et ma ville a mutée. L’époque changeait, mais pas les gens, d’autres habitants avaient besoin d’aide, mais nous ne pouvons pas recueillir tout le monde.

 - Les habitants des jumelles ne semblent pas connaître l’existence de cet endroit, commenta Ileae.

 - Tu as tout à fait raison, des rumeurs circulent. Il y aurait dans notre ville, un endroit caché, qui ne se révèlerait qu’aux gens tombés au plus bas. Qui n’accueillerait que ceux qui ont tout perdu, étés abandonnés, ceux qui ne sont rien, les déchets.

 - J’ai déjà entendu des rumeurs identiques… elles parlaient donc de cet endroit…

 - Peut-être, dit Nahia. Cependant nous ne sommes pas seuls, un jeune homme a créé son propre paradis quelque part avec sa bande, les Feux Volants. Nous accueillons les laissés-pour-compte, nous les soignons, et les laissons maître de leur vie, avec un choix : rester et participer à une vie tranquille mais secrète, ou remonter tenter leur chance aux Jumelles.

 - Ont-ils plus de chances en remontant à Zaun ou même Piltover ? demanda Bell.

 - Les jumelles sont impitoyables, et elles ne pardonnent pas. Pour vivre heureux, vivons cachés, beaucoup font le choix de rester.

 - Et… vous savez combien de temps nous devrons rester..?

         Nahia soupira. Elle savait que les jeunes filles ne pensaient pas à mal, et qu’elles souhaitaient juste rentrer à Piltover. Elle se rapprocha de la table, et réorganisa quelques plans, représentant grossièrement quelques-uns des différents districts de Zaun.

 - Comme Klem vous l’a dit, les Ratels du Puisard ont pris lancé une insurrection dans une grande partie de Zaun, et formé un blocus entre les districts, et entre les villes jumelles. Malheureusement, en plus de leurs objectifs ils semblent vous chercher, ce qui complique les choses.

 - Je ne comprends pas ce qu’ils me veulent… soupira Bell. Et pourquoi le professeur Krenn cherche à me capturer…

 - J’espérais que tu m’en dirais plus, avoua Nahia. Nous ne savons pas ce qu’ils préparent. Honnêtement, trouver une faille dans leur dispositif prendra plusieurs jours, et si nous n’en trouvons aucune, il nous faudra en créer. La clef sera la patience.

         Bell était atterrée, elle ne pensait qu’à remonter, retrouver ses amis. Que devient Clapper, j’espère que Cynthia le nourrit… pensa-t-elle. Son petit compagnon, le plus mignon des rats des quais, lui manquait cruellement. Nul doute qu’il aurait adoré l’endroit.

         En voyant les visages décomposés des deux jeunes filles, Nahia se sentit peinée. Elle était impuissante pour l’instant, elle espérait trouver une solution.

 - Je sais que ces nouvelles ne sont pas des plus réjouissantes, s’excusa la cheffe. Que diriez-vous de faire un tour à Zaun pour vous changer les idées ?

         Bell acquiesça, elle accepterait volontiers de se penser à autre chose et une visite de la ville dans laquelle elle devrait passer quelques temps s’imposait.

 

***

 

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