Bell de Bilgewater

Chapitre 37 : Partie 3 - Chapitre 24

4004 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 26/08/2021 01:11

           Chapitre 24

         Le lendemain, sortir du lit fut une terrible épreuve pour Bell. Chamboulée des événements de la veille, elle savait qu’aujourd’hui encore serait une journée chargée en émotion.

         Elle s’habilla, se lava prestement, non sans avoir constaté que Cynthia avait déjà disparue, probablement avec Reiner à étudier, ou au chevet d’Alid, toujours inconscient après leur affrontement en mer.

         Elle sortit dans le couloir du manoir, qui avait retrouvé une atmosphère de travail soutenu identique à celle de ces derniers jours. Et dire que ce sera de nouveau la fête pendant encore trois soirs, se dit la yordle. Elle se dirigea en direction de l’entrée de l’édifice, saluant au passage les occupants.

         Dans le hall d’entrée, elle fut très heureuse de voir Vira, qui se tenait très droite comme à son habitude, ainsi que sa sœur, enfin hors de sa chambre. Cette dernière avait retrouvé une meilleure mine, sa salopette de cuir, et portait un Clapper tout heureux dans ses bras. Un magnifique sourire vint recouvrir son visage lorsqu’elle vit Bell, tandis que Clapper accouru vers elle en piaillant de joie.

         La jeune vastaya la salua en souriant, non sans rougir un peu quand Bell précisa qu’elle avait meilleure mine que lorsqu’elle était passée dans sa chambre. Vira quant à elle restait impassible, assez froide ne répondant que vaguement à la salutation de la yordle, et ne prit même pas la peine de la regarder avant de se mettre en route.

 - Du coup, on va à la clinique du professeur Krenn c’est bien ça ?

         Pour toute réponse, l’intendante lui rendit un silence glacial, continuant de marcher d’un pas soutenu.

 - La clinique est un peu loin, finit par dire Ileae, mais c’est le meilleur endroit pour les infectés par la Ruine.

 - J’ai rencontré plusieurs fois le docteur Krenn, à l’académie.

         Vira lança un petit regard à Bell, qui ne dit mot, de peur de faire quelque chose qui pourrait contrarier l’intendante.

 - J’ai un peu lu quelques éléments que le doyen m’a fourni sur la Ruine, ajouta Ileae. Certains semblent concorder avec le fait qu’une forme moins grave et légèrement différente aurait des liens avec les cristaux synthétiques du marché noir…

 - On arrive, l’interrompit sèchement Vira. Montons.

         Elles avaient marché de longues minutes, jusqu’à rejoindre un des grands ascenseurs hurlants qui descendaient à Zaun. Assez similaire à celui qu’elles avaient emprunté lorsque de leur voyage vers l’orphelinat d’où venait Dom, ce n’était clairement cependant pas le même. Avec un peu d’appréhension, Bell prit place dans la cabine aux côtés des deux vastayas.

         Le voyage fut lui aussi très similaire à celui de la dernière fois, ils descendaient rapidement vers Zaun, s’enfonçant dans un Gris largement moins épais cependant. Pour autant, l’atmosphère dans la cabine y était plus que glaciale, Vira devait être tellement atteinte par la situation de leurs parents qu’elle ne dit pas un mot du trajet, de même que les jeunes filles avec elle.

         Le hurlement de la cabine accompagnait les pensées de Bell, qui ne faisait même pas elle-même attention à ce qu’il se passait dans sa tête. Elle se laissait divaguer sans grande conviction, suivant son regard qui descendait le long des cavernes zauniennes qui commençaient à apparaître.

         Leur descente fut plus courte cette fois, la clinique se trouvant à mi-chemin entre les hauts quartiers de Zaun et le bas Piltover, partie la plus courte. La partie médiane était plus importante, et constituait une part forte des populations ayant un niveau de vie décent. Plus bas s’étendaient des zones que Bell espérait ne jamais visiter, à savoir les Tréfonds, constituant la partie majeure de la cité souterraine.

         L’ascenseur ralentit sa progression, calmant le hurlement des câbles en métal, pour venir se poser contre un ponton d’accueil en métal austère. Comme à sa dernière visite, Bell se demandait comment les zauniens avaient pu créer une aussi vaste ville dans les flancs de ravines profondes de plusieurs centaines de mètres.

 - Par ici. Lâcha Vira en avançant.

         Les trois jeunes femmes traversèrent un pont, absolument gigantesque, qui reliait en réalité les deux parois de la ravine. Un gigantesque ouvrage de métal grinçant, avec une rue pavée posée en son centre, similaire à des dizaines, voire centaines d’autres dans Zaun. De l’autre côté du pont, une personne semblait attendre. Elle se dirigea vers le trio, et s’arrêta devant Vira.

         Les deux femmes se toisèrent du regard, la vastaya ne semblait décidemment pas apprécier la personne qui venait de les rejoindre, mais au moins le fait qu’elles semblaient se connaître rassura Bell. Après de très, trop longues secondes, elle finit par s’écarter un peu.

 - Par ici, dit-elle en tendant le bras.

 - Je connais le chemin Klem, lâcha sèchement Vira.

 - Je vous escorte simplement, rétorqua l’intéressée.

         Dans cette atmosphère glaciale, les trois jeunes femmes reprirent leur marche, tandis que l’inconnue, qui ne semblait pas tellement en être une au vu du regard que lui lançait Vira, leur emboîtait le pas.

         Cette femme qui s’était jointe à elles, avait une apparence très zaunienne. Des vêtements rapiécés qui semblaient avoir vécu mille vies, une longue cape sur le dos, avec une capuche, et des modifications. Lorsque ladite Klem retira cette dernière, Bell put apercevoir de plus près les éléments qu’elle arborait. La moitié de son visage, et jusqu’une partie de la tête étaient remplacées, ainsi que son bras droit et sa jambe. Elle avait aussi une peau très mate, ainsi que des yeux et des cheveux entièrement noirs.

         Tandis que les deux sœurs avançaient devant, progressant le long de la ravine, la zaunienne entreprit de discuter avec la yordle, sans élever la voix.

 - Ainsi, tu es Bell c’est ça ?

 - Vous me connaissez ? demanda-t-elle méfiante.

 - On… Vira m’a parlé de toi. Tu es une yordle.

 - Oui, en effet.

 - C’est très intéressant.

 - Si vous le dites.

         De loin, la yordle pouvait commencer à apercevoir un grand bâtiment, et espérait sincèrement qu’il s’agirait de leur point d’arrivée. Elle se sentait très mal à l’aise, et souhaitait juste se retrouver en sécurité, avec des gens qu’elle connaissait, comme Ileae, sa sœur, ou le professeur Krenn.

 - Tu ne viens pas souvent à Zaun, dit Klem.

 - Non en effet.

 - C’est un endroit très dangereux.

 - À qui le dis-tu.

 - Les yordles, ça intéresse.

 - Je ne sais pas, je suis habituée maintenant.

 - Tu devrais faire plus attention à qui tu côtoies.

 - Merci du conseil.

         L’énorme bâtisse, qui semblait s’enfoncer directement dans la roche, était probablement une sorte d’idée de manoir. Il n’était pas en hauteur, seulement sur trois étages, mais bien plus en largeur. Bell se demandait jusqu’où ce dernier pouvait s’enfoncer. Les rues sales autour étaient désertes, et un peu de Gris flottait au sol. L’entièreté des fenêtres étaient bardées de barres de fer semblant extrêmement solides, et l’édifice avait définitivement l’air d’être… un genre d’hôpital.

         Klem prit les devant, et s’avança vers une gigantesque porte sur deux battants. Elle s’approcha du bord, face à un mur, dans lequel s’ouvrit une petite trappe. Un bras mécanique, avec en son bout une sorte de gros œil vert s’approcha de son visage, avant d’émettre des sons. Il s’agissait en réalité d’un dispositif de vérification, qui discutait avec la zaunienne dans un dialecte que la yordle ne comprenait pas.

         Après que l’œil eut semblé satisfait, il se retira derrière sa trappe, et un bruit parvint de la grande porte. Au milieu d’un des deux battants, une porte d’une taille bien plus raisonnable s’ouvrit, pour laisser entrer les invités.

 

***

 

         L’intérieur de la clinique ne ressemblait pas à ce que Bell se figurait d’un bâtiment remplissant une telle fonction. Le hall d’entrée semblait presque à l’abandon, tout y était poussiéreux, sale. Les vitres étaient opaques, et seule une lumière tamisée perçait jusque dans la pièce. Klem guida les invités au travers de différents couloirs, tellement longs, qu’ils semblaient interminables. Rapidement, l’idée d’une activité bien plus semblable à celle d’un institut de recherche se fit sentir, avec des zauniens en blouse blanche qui allaient et venaient entre différentes pièces sur les côtés.

         D’une manière assez similaire à celle des ateliers du professeur Grimbel, des tas de pièces étaient remplies de machines, et de tables recouvertes d’objets d’études. Ces salles fourmillaient des chercheurs qui se penchaient sur les expériences et outils, en griffonnant des choses. La plupart arboraient des modifications, et la grande majorité, des masques à gaz.

 - Où sont les infectés ? finit par demander Bell.

 - La plupart sont dans la partie arrière du bâtiment, expliqua Klem, qui s’enfonce dans la paroi de la ravine. Cela évite qu’ils s’échappent, étant donné que le la plupart… ne sont pas conscients de leur état. Mais seuls de très rares chercheurs ont le droit d’y pénétrer. Je n’y ai jamais mis les pieds.

         Bell acquiesça, pensive. Il était normal de garder en sécurité les atteints de la Ruine, ceux-ci pouvaient représenter un danger pour les autres, et pour eux-mêmes.

         Le petit groupe se dirigea vers un des flancs de l’édifice, et s’arrêta devant une grande porte à laquelle la zaunienne frappa. Des bruits de pas résonnèrent, et le professeur Krenn finit par leur ouvrir.

 - Mes amis ! lança le professeur tout sourire. Vous voilà enfin, je vous attendais ! Avez-vous fait bon voyage ?

 - Rien d’inhabituel, dit timidement Ileae.

 - Oh mais ces deux jeunes femmes doivent mourir d’impatience, lâcha le professeur, Klem peux-tu les amener jusqu’à l’entrée de la zone deux ?

 - Tout de suite monsieur.

         La zaunienne s’approcha de la grande porte qu’elle rouvrit, et invita les vastayas à la suivre. Tandis qu’elles sortaient, Bell pu remarquer fugacement un tatouage sur l’intérieur du bras de la femme, un rameau et un rouage brisé.

         Le bureau à l’intérieur, était en totale opposition avec le reste de la clinique. Propre, tout en bois et velours, le mobilier et la décoration y étaient impeccable. Le professeur feuilletait machinalement des documents sur sa table, avant de les poser un peu plus loin.

 - Alors jeune Bell ! Dit-il en souriant, comment trouves-tu Zaun ? On y descend rarement quand on a la chance d’habiter là-haut.

 - C’est très différent, admit-elle, mais je n’en sais rien, il faudrait que j’en visite plus.

         Le scientifique était assis derrière son grand bureau, et griffonnait tandis qu’il parlait à la yordle. Pour un habitué de Zaun, il n’arborait aucune modification ce qui était très étonnant, il semblait grand maigrichon, avec une tignasse grise en bataille. Son air désinvolte tranchait avec l’attitude des habitants qu’elle avait pu voir dehors, et ressemblait plus au comportement des artistocrates Piltoviens.

 - Vous ne devriez pas être en haut plutôt ? osa Bell en regardant nonchalamment des ouvrages d’une bibliothèque.

 - Pour étudier efficacement, il faut être sur le terrain, au plus proche des problèmes, pour être pertinent dans ses expériences.

 - On m’a dit que vous étiez en conflit avec le gratin scientifique de la haute.

 - Beaucoup de jaloux, qui par manque d’ambition m’ont érigé en bouc émissaire, rétorqua-t-il. Aujourd’hui c’est moi qui suis au cœur des recherches, et qui me salit les mains pour remédier aux problèmes.

         Bell avait en tête ce qu’elle savait sur la création des cristaux interdits de démium, et souhaitait savoir à quel point le professeur avait exercé des responsabilités dans leur création.

 - Pourtant leurs dires ont bien un fond quelconque ?

 - Si tu fais référence aux cristaux jeune fille, répondit-il en souriant, oui c’est un des éléments qui a donné lieu à ma disgrâce. Mais je n’ai rien inventé, les techniques ont été développées par d’autres, je ne suis que celui qui a accepté de les mettre en œuvre.

 - En dépit des effets sur les sujets ?

 - On n’a rien sans rien, la science a toujours avancé au profit des uns, au détriment des autres, Piltover ne réside-t-elle pas sur la plus grosse expérience jamais réalisée ? Tandis qu’elle est assise sur une Zaun oppressée, forcée à vivre dans les décombres de leurs expériences.

         En un sens, la création de la cité même reposait sur ces gigantesques écluses qui avaient coûté la vie à des milliers de gens.

 - Ne crois pas que je reste coincé ici, j’y ai mes intérêts, et j’approche une grandeur bien supérieure à tout ce que ces hypocrites pourraient imaginer.

 - Vous êtes mieux à Zaun ?

 - Les zauniens sont bien plus ouvert d’esprit, moins coincés. Tu serais étonnée de voir toute l’ingéniosité dont regorge cette cité, si vaste.

         Le professeur avait comme des étoiles qui brillaient dans les yeux lorsqu’il parlait de Zaun, à croire qu’il avait trouvé la ville de ses rêves.

 - Les gens ici sont… brillants, continua-t-il. Ils sont capables d’une inventivité inouïe, tout ça avec les restes des déchets balancés par ces bouffis au-dessus. Ils n’ont pas besoin de laboratoires dernier cri de clans, d’outils avancés, d’argent à ne plus savoir qu’en faire. Ils ont à la place une capacité bien supérieure à innover, improviser. On parle de Piltover comme la cité du progrès, mais tu n’as pas idée du nombre de choses qui proviennent de sa jumelle au-dessous.

 - Pourquoi personne ne le sait dehors ?

 - Tu plaisantes, tout le monde le sait, y compris dans Piltover. De grands esprits sortent des académies, mais les génies eux, viennent d’en bas. Johan Grimbel, est né à Zaun, et ton amie, la jeune vastaya, est zaunienne aussi.

 - C’est pour ça que les auditions des clans sont ouvertes au zauniens ?

 - Exactement ! Sans ces petits prodiges, les clans perdraient leur avancement petit à petit, ils ont besoin de Zaun.

 - Je n’aurais jamais soupçonné autant de choses de cette ville…

 - Et c’est là tout le génie des clans. Ils prennent les talents au sein de la cité rivale, la force à rester dans son état de misère, pour y faire naître les talents et les en extraire. C’est presque de l’alchimie, et pendant ce temps ils font passer la Sombre pour une ville de dégénérés aux yeux de tout Runeterra ! La situation est à leur total avantage, mais si fragile en même temps.

         Quelqu’un frappa à la porte, et Klem pénétra le bureau, interrompant le discours si enjoué du professeur qui en était presque monté sur son bureau tant il semblait passionné.

 - Tu tombes à pic, dit-il en retrouvant son flegme habituel. Pourquoi ne ferais-tu pas visiter les installations à notre invitée, qu’elle s’y sente plus à son aise. J’ai encore un peu de travail, on se retrouve plus tard !

         La zaunienne acquiesça sans dire un mot, et invita la jeune fille à la suivre dans le couloir.

 

***

 

         Une fois la lourde porte du bureau fermée, le regard de la zaunienne changea du tout au tout, passant de désintérêt à une sorte de curieux mélange entre panique et détermination. Elle attrapa le poignet de la yordle, et commença à la tirer à sa suite, traversant le couloir d’un pas vif.

 - Suis moi. Lâcha-t-elle sèchement.

         Très confuse, Bell mit un temps à réagir normalement, et ne comprenait pas pourquoi elle était si pressée. Klem augmenta la cadence de sa marche petit à petit, tandis que les visages, pour beaucoup masqués, se tournaient vers les deux jeunes femmes.

         Alors qu’elles pénétraient une sorte de cour dans laquelle étaient entreposées des tas de caisses, Bell finit par nettement voir le tatouage que Klem arborait. Lassée de ce petit jeu, la yordle se dégagea de l’emprise de la zaunienne, qui se stoppa net, se retournant vers la jeune fille.

 - Dépêche-toi il faut sortir. Dit-elle.

 - Je ne comprends pas… marmonna Bell.

 - Pas le temps, viens.

         La zaunienne tenta de se rapprocher de Bell pour à nouveau lui saisir le bras, mais cette dernière recula de quelques pas. Elle fut réellement soulagée lorsque soudain, derrière elle, elle entendit la voix de Vira qui l’appelait.

         La vastaya appela encore Bell, et contrairement à plus tôt dans la journée, sa voix n’était plus sèche et désagréable. À la place, elle était tremblante et hésitante. Lorsque Bell se retourna, s’était pour apercevoir son amie, entourée de deux chercheurs masqués, en larmes.

 - Bell, je… je suis désolée…

         Tout autour d’eux, des chercheurs étaient postés aux fenêtres et portes, toutes ouvertes. Tous silencieux derrière leurs masques, ils fixaient la yordle, puis se mirent à avancer doucement. Vira sanglotait derrière, s’excusant et s’excusant encore.

 - Merde. Jura Klem derrière.

         Bell était perdue, une dizaine, une vingtaine, non une trentaine de scientifiques avaient pénétré la cour, et encerclaient la yordle. La zaunienne derrière elle semblait elle aussi très inquiète. Deux des scientifiques se saisirent de la vastaya, et la tirèrent hors de la cour, tandis qu’elle continuait à pleurer en se débattant.

 - Je suis désolée, sanglotait-elle, c’est pour mes parents…

         Les pensées s’enchaînaient à une vitesse folle dans la tête de la yordle, qui paniquait et ne savait plus quoi faire.

 - Je reviendrais vous chercher, lâcha Klem, avant de disparaître derrière des caisses comme une ombre,

         Autour de la yordle, un nombre bien trop important de scientifiques l’encerclait, certains ôtant doucement leurs blouses. Les corps dont de très nombreuses parties avaient été remplacés par des machines, ne semblaient plus être ceux de scientifiques, tandis que Bell lisait avec effroi la détermination dans leurs yeux. Cette fois, ils étaient plus, ils étaient chez eux, et armés.

         Beaucoup d’entre eux avaient dégainé des matraques, mais alors que Bell pensait qu’elle pourrait vendre chèrement sa peau, leurs armes se mirent à crépiter, et des arcs électriques violets jaillirent le long de ces dernières.

         Sans plus attendre, le premier se jeta sur la jeune fille, muni de son arme, bientôt suivi d’un autre de ses collègues, et d’encore un autre. Cette fois, ils avaient retenu la leçon, et ils ne commettraient plus l’erreur de sous-estimer leur toute petite ennemie. Comme à son habitude, Bell refusa de sortir sa dague, se refusant à tuer pour sauver sa peau.

         En quelques minutes seulement, l’issue de l’affrontement ne fit plus aucun doute, les coups de matraque électriques avaient engourdi l’entièreté du corps de la yordle, elle était acculée par des dizaines d’inconnus surarmés, elle n’avait même pas réussi à en désarmer un seul.

         Elle tenta de résister du mieux qu’elle pouvait, utilisant à son profit sa taille et son agilité, se représentant chaque zaunien comme une Anna, comme si ce n’était qu’un entrainement, mais rien n’y fit. Les coups continuèrent de pleuvoir tandis que ses mouvements ralentissaient irrémédiablement. Petit à petit elle s’épuisait, ses forces la quittaient tandis que sa vue se brouillait. Toute brave qu’elle était, elle finit par céder, et s’écroula à terre, inconsciente.

 

*** *** ***


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